Nul mot ne peut soulager la peine [Lanna]

Nul mot ne peut soulager la peine @Arys Manning & Lanna Cole

Havrenoir, An 303 Lune 1 Semaine 2

Très cher Ser Arys,

Soyez remercié pour vos encouragements. En effet, nous allons je pense en avoir bien besoin. Je profite de ce dernier jour à Havrenoir avant notre départ pour vous répondre. Si tout se passe bien, nous serons à Port-Réal courant de la dernière semaine de cette première Lune de l’an 303. J’espère pouvoir vous écrire à nouveau du cœur de Westeros. Oui je suis sûre moi aussi que notre souverain saura prêter une oreille attentive à nos besoins. Sa Majesté a été bonne et magnanime envers nous dès les premières démarches entamées alors par ma fille et mon défunt époux. Pourquoi en serait-il autrement à présent ?

Oh quel dommage. Je me faisais déjà presque une joie de revoir un visage amical à la capitale. Certes, je vais pouvoir revoir leurs Altesses royales, la Princesse Margaery ainsi que le Prince Aegon, tout comme mon amie de Myr et dame de compagnie de Sa Majesté la Reine Alyria. J’aurais aimé vous compter parmi ses retrouvailles qui redonnent quelque peu le sourire à mon cœur mais cela ne fait rien. Je comprends tout à fait que vos obligations vous retiennent chez vous, qui plus est lorsque cela concerne un enfant. Vous m’en voyez fort peinée d’apprendre que votre fils soit atteint de pareille faiblesse. Mon Maître, dans Sa grande bonté et sagesse, m’a béni en m’octroyant par trois fois des enfants en pleine santé et je n’ai cessé de Lui en rendre grâce. Il m’a été malheureusement donné de voir beaucoup de misère en Essos, là où je donnais de mon temps aux plus pauvres, à ceux qui n’ont rien et parmi lesquels je voyais beaucoup de mères – jeunes pour la plupart – ayant dans leurs bras des enfants chétifs et déjà accablés par la maladie. Cela est déjà difficilement supportable pour une personne extérieure ; je n’ose imaginer ce que cela doit être lorsqu’il s’agit de la vie et de la santé de son enfant. Je ne peux, pour l’heure, que vous envoyer à vous ainsi qu’à Lady Jyana, mes encouragements les plus sincères. Je prierai pour votre fils afin qu’il connaisse une croissance sans douleur et une bonne et belle vie, malgré cette infirmité qui l’accablera toute sa vie.

Je constate donc que nous verrons malgré tout quelques représentants de votre maison à Port-Réal ? Je suis heureuse de revoir votre père, Lord Corlys. Peut-être ne resterons-nous pas assez longtemps à la capitale pour avoir la joie de revoir Lady Zhoe mais en tout cas, je suis ravie d’apprendre les souhaits de votre jeune frère. Vous savez, dès que j’ai rencontré ce jeune homme, mon cœur de mère s’en est trouvé fort rassuré. Ser Godrid est d’une telle prévenance et empathie. Cela fera certainement plaisir à ma fille et je m’empresserais de le lui dire sitôt cette lettre partie vous rejoindre à Noirport. C’est avec joie que j’accepte la proposition de votre frère. Remerciez-le chaleureusement de ma part en attendant que je puisse le faire moi-même lorsque nous le retrouverons.

Je ne vous remercierai certainement jamais assez pour votre sollicitude dont vous et les vôtres faîtes preuve à notre égard. Soyez assuré que je ne l’oublierai pas. Jamais.

Que vos Dieux et mon Maître vous bénissent.

Votre amie,

Nul mot ne peut soulager la peine @Arys Manning & Lanna Cole

Port-Réal, An 303 Lune 2 Semaine 1

Très cher Ser Arys,

Cela m'a fait grand plaisir de revoir votre père en bonne santé à Port-Réal. Il nous a fait bon accueil et m'a effectivement bien remi votre lettre. Mais avant que je ne puisse la lire, nous avons passé de longues heures à discuter, un moment d'autant plus appréciable et apprécié de ma part puisque je sais Lord Corlys fort affairé avec ses responsabilités de conseiller de Sa Majesté. Il m'a confié avoir été gravement blessé à Winterfell et m'a à son tour transmis ses plus sincères condoléances pour le décès de mon époux. Votre père est un homme bon et je remercie le Maître de la Lumière de ne pas avoir pris toutes les bonnes âmes de ce monde, sans quoi il serait aujourd'hui bien triste pour ceux qui restent parmi les vivants.

Mais je m'égare mon cher ami et il me faut vous encourager, vous et votre épouse, face à l'infirmité de votre petit Addam. Cependant, cet enfant aura avec lui l'amour de ses parents. De cela, je n'en doute pas un seul instant. Il est vrai qu'il va - et vous aussi, dans un sens - vers des jours difficiles mais c'est un battant. Il est venu au monde plus tôt que prévu; cela ne peut que prouver son envie de démontrer au monde que malgré son handicap, il saura faire face et je sais qu'en tant que son père, vous l'y aiderez de votre mieux. Je rends grâce à mon Maître de vous avoir donné un fils si combattif et une fille en si bonne santé. Il me tarde de pouvoir les revoir tous deux!

Votre soeur et votre frère est arrivée la veille de ce jour où je vous écris ces lignes. J'ai bien sûr été très heureuse de les revoir tous deux mais j'ai préféré m'effacer pour laisser Ser Godric discuter à sa guise avec ma fille. Je suis et serai toujours là pour elle, cela va de soi. Mais il est bon aussi qu'elle parle et s'ouvre à d'autres personnes qu'aux membres de sa famille, surtout après une telle épreuve que celle de perdre son père. Je suis donc plutôt restée avec Lady Zhoe, qui m'avait effectivement l'air plutôt tendu mais nous avons, à nous deux, trouver de quoi la distraire et lui changer les idées jusqu'à son entrevue avec le Seigneur son père. Je l'ai assuré de mon oreille attentive si elle avait besoin de se confier à quelqu'un mais après la cérémonie donnée par Sa Majesté et la famille royale pour ceux tombés à Winterfell...Je vous avoue me sentir profondément vide après toutes ces émotions. Ce fut une belle et noble cérémonie. Je regrette que vous n'ayez pu y participer avec Lady Jyana, mais je suis reconnaissante à Lord Corlys, Ser Godric et Lady Zhoe de s'être tenus à nos côtés et de le faire encore aujourd'hui.

Nous devrions partir la semaine prochaine pour rentrer à Lestival. Mais dans l'intervalle, je serai heureuse de passer ces jours en compagnie des vôtres. Il semblerait toutefois que notre prochain voyage depuis Lestival sera pour Noirport? Nous n'avons pas encore arrêté de date précise de départ (nous n'y sommes même pas encore rentrées !) mais je pense que nous aurons bientôt le plaisir de converser de vive voix, vous et moi. En attendant, voudriez-vous bien saluer Lady Jyana de ma part et lui transmettre mes amitiés?

Soyez béni.

Votre amie,

Nul mot ne peut soulager la peine @Arys Manning & Lanna Cole

Lestival, An 303, Lune 3, Semaine 2, Premier Jour

Cher ami,

Je me permets de vous appeler ainsi. J’espère que vous pardonnerez et surtout accepterez cette familiarité car c’est ainsi que je vous vois. Vous m’aviez déjà fait bonne impression lors de notre première rencontre. Nos échanges actuels ne font que confirmer et renforcer ce sentiment que j’ai à votre égard ainsi qu’envers votre famille.

Soyez rassuré ; les vôtres ont été de fort plaisante compagnie à la capitale, que ce soit Lady Zhoe, Ser Godric ou le Seigneur votre père. J’ignorais qu’il avait lui-même tant souffert de la perte de son épouse. Il m’a bien sûr avoué brièvement connaître la douleur et le chagrin que je traverse, en tant qu’épouse mais sans aller plus loin dans le détail. Et comme je ne suis guère de nature curieuse et intrusive, je ne l’ai pas questionné davantage à ce sujet mais maintenant que je vous lis, je ne peux que mieux comprendre encore ce brave homme. Les circonstances de la perte de nos époux respectifs sont certes différentes mais la douleur, elle, n’en est pas moins identique. Lorsqu’on aime quelqu’un de la sorte, de façon si profonde et inconditionnelle, il nous est impossible d’envisager la vie sans cette personne. En cela, Lord Corlys et moi-même avons traversé la même peine et nous nous comprenons. J’espère de tout coeur que vous vivrez cela le plus tardivement possible, que ce soit vous ou Lady Jyana, qui semble effectivement être faite pour prendre votre nom de famille ! Ma Melara est de la même trempe. Cela inquiète mon coeur de mère car je sais qu’un jour, elle en souffrira cruellement. Mais d’un autre côté, comment ne pas me réjouir pour elle alors que je sais qu’elle rejoindra une bonne famille et qu’elle sera aimée de son époux ?

De notre côté, nous sommes rentrés à Lestival depuis plus d’une semaine à présent mais nous ne déballons pas totalement nos malles de voyage car j’ai cru comprendre que nous nous remettrons bientôt en route et cette fois, ce sera pour Noirport. Il est en effet temps que nos deux familles s’unissent devant vos Sept Dieux et cela me changera les idées et me sortira de cette torpeur qui m’envahit parfois. J’ai ainsi quelque chose devant moi, un événement sur lequel concentrer toutes mes pensées et cela tient toutes les autres, bien plus tristes, à distance. Nous partirons vraisemblablement courant de la prochaine Lune pour Noirport en faisant une halte en chemin à Bourgfaon, si la situation sur place le permet. J’ai également entendu les rumeurs dont vous parlez concernant le fief des Cafferen. J’ai appris hier que cela s’est produit il y a exactement une Lune de cela, pendant l’hommage que rendait la famille envers son défunt, feu Lord Arstan Cafferen. Un groupe de fanatique des Sept a fait irruption pendant la cérémonie et le tout jeune Seigneur Tavish Cafferen, que je connaissais bien, ainsi que son épouse Lady Shoren furent tués. Seule sa jeune sœur, Shyra, parvint à prendre la fuite. Mon sang s’est glacé lorsque j’ai entendu cela et je crois d’ailleurs qu’à ce moment où je vous écris, ces fanatiques sont toujours là-bas. Je prie mon Maître pour le salut de toutes ces pauvres âmes si froidement tuées ainsi que pour celle de la jeune Shyra. Je ne sais où elle se trouve mais j’espère qu’elle va bien.

Je vous ferai savoir la date exacte de notre départ prochainement ainsi qu’à votre père, que vous puissiez vous organiser de votre côté. Il me tarde de vous revoir mon cher ami, de revoir votre

épouse, vos enfants et tout le reste de votre famille, même si nous nous sommes pourtant quittés il y a peu de temps de cela. Melara et Godric ne sont pas encore officiellement unis devant vos Dieux que je vous considère déjà tous comme des membres de ma famille.

Dans l’attente de vous revoir, mes prières vont vers vous et vers Noirport.

Avec toute mon affection,