The past cannot be changed but the future is yet in our power.
Invité
On ne se débarrasse jamais du passé. C'est un boulet que l'on est condamné à traîner dans son sillage. Il peut être source de joie, de fierté ou de honte. Parfois on l'accepte, parfois on le renie. Mais son existence reste immuable et sa véracité ne saurait être démentie. Aegon a trop longtemps accepté d'être son prisonnier. Il a donné trop de pouvoir à ses erreurs et à ses doutes. Il leur a offert son futur. Leur futur. Le jeune Dragon pourrait s'accommoder du poids de ses fautes si seulement ces dernières n'avaient pas accablé ses proches. En songeant au bien du royaume, il a négligé le bonheur des siens. Son altruisme s'est mué en égoïsme. Quelle ironie...
Mais les erreurs existent pour être réparées. Elles sont une prodigieuse source d'expérience et de maturité. Et si on ne peut gommer le passé, on peut toujours modeler le futur. Le prince regarde maintenant en direction de l'avenir. Et il ne le fera pas seul. Ses pas rythment les échos de ce couloir qu'il a trop de fois arpenté. Ils le rapprochent de cette porte qui masque encore l'intimité de ses appartements. Les dernières secondes sont bien trop longues. Et tandis que les têtes s'inclinent sur son passage et que le respect affiché cache les vraies opinions, Aegon ne pense qu'à ceux qu'il va retrouver. Il pénètre enfin dans les quartiers que sa famille s'est appropriés et laisse son regard voguer vers les différentes sources de son optimisme. La première adopte les traits d'un bébé qui incarne à la perfection les promesses de l'avenir. L'ancien héritier se penche sur le berceau et son doigt s'égare délicatement sur la joue d'Aemon. La seconde, Jaelyx, est lovée autours de la frêle silhouette. Il protège son frère et illustre le lien puissant qui les unit déjà. Aegon lui décoche un sourire affectueux avant de balader son regard sur le reste des appartements. Qu'a-t'il pu détruire cette fois-ci ? Garder un dragon enfermé n'est pas la meilleure des idées, c'est évident. De toutes les options, c'était la plus raisonnable. Si la naissance d'Aemon a été annoncée à travers tout le royaume, l'existence du dragon doit demeurer secrète. Cette solution dictée par la prudence reste pourtant temporaire. Il va grandir. Et si le prince se fie à la taille des crânes qui ornent la salle du trône de Port-Réal, les appartements finiront tôt ou tard par devenir trop exigus. On ne peut pas refuser la liberté à une telle créature. Ce n'est d'ailleurs pas dans les intentions d'Aegon. Il va falloir prendre une décision. Mais cette fois, il ne la prendra pas seul.
Il ne faut pas longtemps au jeune prince pour rejoindre le balcon. Il marque un temps d'arrêt lorsqu'il découvre la silhouette de son épouse accoudée à la rambarde. Cela fait maintenant presque quatre ans qu'ils se connaissent mais elle garde la faculté de le subjuguer. Elle sublime la beauté. Elle donne un sens à l'amour. Le Targaryen ne cessera jamais de l'aimer. C'est peut-être la seule chose dont il puisse être absolument sûr. Il se glisse derrière elle et enveloppe ses bras autours de sa taille avant de poser son menton dans le creux de son cou. Il s'abandonne à son parfum et au simple contact de leurs corps. Que serait-il devenu sans elle ? Que serait-il devenu sans son amour ? Il mesure amplement la chance qu'il a et la reconnaissance qu'il doit lui témoigner. Il l'a privée de la couronne qui aurait dû, un jour, venir se poser sur sa tête. Il l'a négligée au profit de R'hllor. Il a renié les dieux qu'elle vénère avec tant de dévotion. Il l'a écartée de ses décisions. Et pourtant elle est toujours là, à ses côtés. Combien d'hommes peuvent se vanter d'avoir une épouse comme Margaery ? Elle a fait de lui l'élu de son coeur. De tous les titres qu'il a pu porter, c'est incontestablement celui-ci dont il est le plus fier. Et, aussi, celui dont il s'est montré le moins digne. Les choses vont changer. Elles doivent changer.
Le jeune Dragon ne brise pas de suite le silence. Les mots, autrefois, n'étaient pas nécessaires pour que le couple se comprenne. Leur réconciliation a marqué le début d'un renouveau mais elle n'occulte pas encore entièrement les ombres du passé. Il possède déjà le coeur de la Rose mais à présent il entend reconquérir sa pleine confiance et toute son estime. L'amour est une base solide, puissante. Une fondation sur laquelle il entend rebâtir le temple de leur bonheur. « Les Cole nous ont encore invités à leur table. Ou alors ils se sont une nouvelle fois invités à la nôtre ! Je ne suis jamais bien sûr de la formulation... » Aegon apprécie les nouveaux protecteurs de Lestival. Il ne remet pas vraiment en doute le choix de son père sur cette nomination. Mais toutes les cohabitations sont appelées à être pesantes. Un foyer ne peut pas vraiment être qualifié ainsi s'il doit être partagé. Il retourne doucement Margaery contre lui et l'observe de son regard tendre. Sa main dégage doucement une mèche de cheveux de ses traits délicats puis se perd le long de sa joue. « J'ai poliment refusé ! » précise-t-il avec un sourire mutin au coin des lèvres. Il a d'autres projets pour cette soirée. Leurs lèvres se rencontrent à nouveau. L'ancien héritier redevient peu à peu sérieux tandis qu'il se perd dans le regard de sa belle et se noie dans la contemplation. Il sait que Lestival n'est pas un écrin convenable pour une femme comme elle. La résidence d'été de la Maison Targaryen incarna longtemps un refuge mais à présent elle devient une prison. Il ne laissera pas sa Rose y faner. « Qu'est-ce que tu veux vraiment Margaery ? » Elle ne sera jamais la Reine des Sept Couronnes. Il l'a privée de ce privilège. Mais elle régnera tout de même sur leur futur. C'est ensemble qu'ils bâtiront l'avenir. Il le jure sur R'hllor. « Nous avons fait notre temps à Lestival. Ça, c'est une évidence qui devient chaque jour un peu plus pesante. Alors nous rendons-nous à la capitale pour y présenter notre enfant ou pour y demeurer ? » La question est bien trop simple par rapport à la situation réelle. Il faudra convaincre Rhaegar et regagner ses faveurs. Peut-être même son affection. Aegon ne peut plus obtenir ce qu'il souhaite avec autant d'aisance qu'auparavant. Il lui faudra demander avant d'exiger. Mais il fera ce qu'il faut pour Margaery puisse vivre la vie qu'elle souhaite et, surtout, qu'elle mérite. Un nouveau sourire fait son apparition sur le visage du Targaryen. « Mais s'il-te-plaît, ne me dis pas que tu souhaites emporter ta grand-mère dans nos malles. J'ai l'impression qu'elle rêve de me donner la fessée... » À chaque fois que la vénérable Tyrell pose le regard sur lui, le prince à l'impression qu'elle imagine d'étranges procédés de torture. Sans Margaery, Olenna serait d'ailleurs probablement déjà passée à l'action. Le jeune Dragon ponctue sa plaisanterie d'un nouveau baiser et, sans quitter l'étreinte des bras de la Rose, attend que cette dernière lui présente ses aspirations.
queen of nothing
THE FUTURE IS YET IN OUR POWER. JWhen our lives are knocked off course, we imagine everything in them is lost. But it is only the start of something new and good. As long as there is life, there is happiness. There is a great deal. A great deal still to come. Elle avait regardé Aemon s'endormir comme elle le faisait chaque jour depuis sa naissance. Il n'y avait pas de plus belle vision, à ses yeux, que celle de son fils dont les traits prenaient, chaque jour un peu plus, ceux de son père. Si Gaemon avait tenu d'elle dans ses mèches brunes et ses yeux en amande, Aemon était le portrait craché d'Aegon bien qu'il posséda, d'après tante Janna, le même nez que Loras quand il était enfant. Cela n'importait pas pour la jeune femme qui trouvait, en son fils, la personnification de la perfection. Ses petits yeux s'ouvraient sur des iris indigo, encore bleuté par son jeune âge mais présentant déjà une tendance à virer au lilas. Les quelques cheveux qui parsemaient son crâne ressemblait à des fils d'argent et sa peau rosée rougissaient au moindre pleurs. Et des pleurs, il n'y en avait pas beaucoup: Margaery passait le plus clair de son temps auprès de lui, recueillant les conseils de sa mère et de tante Janna mais aussi, plus incongrue, de Lord Cole qui se rappelait souvent, avec nostalgie, de l'arrivée de Melara ou de celle de ses fils. Garlan n'était pas non plus avare de conseil et de compliment sur son royal neveu et il restait souvent près d'elle quand Aegon s'absentait, l'amusant d'histoire sur Mina ou petit Loras. Bien entourée, elle profitait d'une parenthèse de bonheur après l'ennui palpable qui avait été le sien ces dernières lunes. Pourtant, aujourd'hui, les choses étaient différentes. Elle sentait, au fond d'elle même, grandir l'agacement, l'envie de changer d'air et de lieu. Si elle n'en disait rien, elle passait son temps libre à relire les lettres du Roi, songeant à son retour à la cour et l'imminence de ce jour venait accentuer son impatience. Aemon s'était endormi rapidement, une fois nourri et reposé dans le berceau qui trônait près du lit parental. Elle eut un soupire las, accompagné d'un sourire bien malgré elle, en voyant Jaelyx voleter maladroitement jusqu'au berceau qu'il grimpa avec l'agilité de l'habitude. La créature s'était montrée très proche de son gros ventre, mais ce n'était rien en comparaison de ce qu'il se passait désormais. Lové contre le bébé, le dragonet dardait, sur Margaery, son regard hypnotisant comme s'il la défiait de le retirer du berceau et, voyant qu'elle ne semblait pas chercher à le contrarier, ferma les yeux tout en collant sa tête à celle d'Aemon. Capricieuse créature ! songea-t-elle en se demandant si elle n'avait pas hérité, avec Jaelyx, d'un deuxième bébé bien moins sage et conciliant. SAcahnt que cela ne servirait à rien de les séparer, elle quitta le berceau dans un bruissement de tissus, s'attardant sur le paysage à la fenêtre. Le soleil se couchait sur les jardins de Lestival offrant aux rares feuilles sur les buissons des couleurs mordorées rappelant le trop bref automne qui avait séparé le Long Eté de l'hiver présent. Attrapant son châle elle ouvrit les portes qui menait au balcon. Hautjardin lui manquait avec ses milliers de fleurs et sa perpétuelle bonne humeur. Port-Réal lui manquait, avec ses couchers de soleil sur la Néra et la roseraie qu'Aegon avait fait ériger pour elle. Elle resta ainsi un moment avant de sentir la chaleur d'une présence derrière elle. Nulle peur ne s'empara alors de sa personne: il ne pouvait s'agir que d'Aegon. La naissance de Jaelyx leur avait fait revoir leurs habitudes et ni ses dames, ni même sa camériste, ne pouvaient désormais entrer dans la pièce sans son autorisation préalables. Elle jouissait ainsi d'un calme exceptionnel, profitant de soirée à lire et à dorloter Aemon quand elle ne se trouvait pas auprès de son mari avec les Cole. Ces derniers se retrouvent au coeur des mots qu'Aegon a pour elle. Une invitation bien coutumière et appréciable: Lord Cole était encore bien l'un des derniers à ne pas médire sur les choix de son mari. Leur présence, à lui et à sa famille, avait été très apprécié par la Rose des roses lorsque la noblesse westerosi avait déserté le château après le tournoi. « La situation ne doit être évidente pour personne. » chuchota-t-elle contre ses lèvres, consciente que pour Tylan Cole, les choses n'était pas des plus simple. Bien que pardonné et revenu dans les grâces de la Couronne, il se trouvait en plein coeur d'un conflit familial que le dépassait. Nommer l'homme protecteur de Lestival alors même que l'ancien héritier du trône s'y trouvait était, pour Margaery, une décision politique lourde de sens tant pour le royaume que pour son propre fils. Elle comprenait donc qu'il n'était pas simple pour cette famille de se sentir totalement chez eux tant qu'ils s'y trouveraient. Bien sur, cela ne les empêchaient pas d'être des hôtes de qualité et Margaery avait une affection particulière pour la fille aînée, Melara, chez qui elle décelait un potentiel exceptionnel. Elle admirait sa loyauté envers les siens et la débrouillardise dont elle avait fait preuve pour parvenir jusqu'au Roi et obtenir le pardon pour sa maison. « Mais j'imagine qu'il doit être malgré tout heureux de pouvoir passer un peu de temps seul avec sa famille. » soupira-t-elle. Eux non plus ne se sentaient pas chez eux. Bien qu'ils bénéficiaient d'appartements confortables, de la gentillesse des Cole, de la présence des quelques Tyrell pour leur tenir compagnie et des soins d'un mestre pour elle et leur enfant, ils ne seraient toujours que des invités dans ce château qui n'était pas le leur. Aux baisers succédait une question. Simple en apparence mais tellement complexe à la fois. « Que puis-je désirer si ce n'est la bonne santé d'Aemon et notre bonne fortune ? » lui dit-elle d'un air las. Elle ignorait encore quel serait leur avenir. Bien que calculatrice, l'ancienne Tyrell savait qu'il y avait bien trop de choses à prendre en compte pour avoir une idée claire de ce qui leur était possible, ou non. Elle ignorait ce qui les attendait à Port-Réal, comment le Roi les recevrait, comment il réagirait à la présence d'Aegon. Ses lettres étaient pleines de la déception de ce père qui s'était senti trahi par la décision inexpliquée d'un fils en qui il avait placé tous ses espoirs. « Nous n'aurions pas Jaelyx ... Je te dirais que Port-Réal était notre meilleure option mais ... » Le bébé dragon n'était pas très grand et restait fragile. Ses besoins grandissaient de jour en jour et bientôt, il faudrait songer à le sortir pour qu'il puisse voler convenablement. Aegon en avait parlé un jour, et l'idée ne la quittait plus depuis. « La Cour est peuplé de bien plus de complot et d'envieux que tout Westeros réunis. Jaelyx est trop petit pour y rester. Nous nous mettrions en danger et nous mettrions Aemon en danger. » et cela lui était insupportable. Partagée entre ce que son ambition désirait et ce que sa raison lui dictait, elle craignait le choix qui se présentaient à eux. « Que dis-tu ... D'y aller et d'aviser sur place ? Nous ignorons encore ce que le Roi décidera et il pourrait très bien nous obliger à rester. Tout comme il pourrait nous bannir dans le Nord ou même à Dorne. » Elle en frissonnait d'avance: que cela soit Winterfell ou Lancehélion, ils seraient de nouveau une charge et le dragon attiserait les convoitises. Non, ce n'était pas envisageable ... Elle rit à la remarque sur sa grand-mère. Il était vrai qu'Olenna Tyrell n'avait guère apprécié de voir sa petite fille réduite à mendier l'autorisation de rester à Lestival, tout comme elle devait sans doute regretter d'avoir encourager ce mariage maintenant que la Couronne devenait un souvenir lointain. Mais la Reine des Epines n'avaient pas sa langue dans sa poche et, n'hésitant pas à se montrer piquante, prince ou non. « Daena m'a annoncé une merveilleuse nouvelle. La Mère l'a gratifié d'un nouvel enfant et je pense que bonne-maman voudra sans doute retourner à Hautjardin dès que possible pour être auprès d'elle. » précisa-t-elle avec un sourire. La doyenne n'avait pas encore prit sa décision et MArgaery aurait apprécié être soutenue dans l'épreuve qui s'annonçait. Mais mieux valait ne pas trop envahir le Donjon Rouge de Tyrell afin de ne pas froisser le Roi ... « En parlant de cela ... Il y a quelque chose que je dois t'avouer. » commença-t-elle, penaude. |
┗ THE PRINCESS ROSE ┛
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Margaery résume parfaitement la situation lorsqu'elle avance que la situation à Lestival est compliquée pour tout le monde. La cohabitation pèse probablement autant sur les épaules des Cole que sur celles du couple princier. Les sourires et la patience parviennent encore à dissiper les tensions qui se créeront inévitablement avec le temps mais les choses ne peuvent pas rester ainsi indéfiniment. Ils en sont tous conscients. Le jeune homme hoche la tête et confirme à son épouse que leur vision des choses est similaire. L'invitation de Tylan était sûrement motivée par le désir de respecter les règles de bienséance et il trouvera un réconfort certain à l'idée de pouvoir passer du temps avec les siens. Le Dragon laisse dériver son regard en direction du berceau qui veille sur le sommeil du fruit de son amour pour sa Rose. « Nul banquet ne saurait en effet rivaliser avec la douceur des moments passés en famille... » approuve-t-il d'un air quelque peu absent. Il joint son soupir à celui de la splendide créature qui trône dans ses bras et lui confère à nouveau toute l'attention qu'elle mérite. La cohabitation avec les Cole est un sujet récurrent, une preuve que la vie du couple au sein de la résidence d'été de la famille royale n'a rien de bien trépidante malgré l'arrivée d'Aemon. Mais l'avenir nourrit aussi nombre de leurs conversations. Des conversations qui ne délivrent que rarement un verdict satisfaisant. Au final, et comme le dit Margaery, le futur est devenu bien trop malléable pour être convenablement anticipé. Aegon refuse pourtant de se laisser une nouvelle fois écraser par les doutes et les craintes. « Aemon mérite plus qu'une bonne santé et nous, nous devons revendiquer davantage que la clémence du destin ! » Le Targaryen n'est peut-être plus l'héritier mais il reste le fils du roi. Il est le gage, avec Margaery, de l'alliance entre les Dragons et les Roses. Il ne sait pas exactement ce qui les attend à Port-Réal mais s'il s'y rend, c'est pour présenter ses excuses au roi et Aemon à la cour. Pas pour supplier. Ce n'est pas dans sa nature. Il ne quittera pas le Donjon Rouge sans avoir auparavant obtenu de solides assurance quant à l'avenir des siens. « Si je n'arrive pas à retrouver les faveurs du roi, je solliciterai la bienveillance du père. Le premier voudra sauvegarder l'avenir de sa lignée et le second, assurer son bonheur. Je refuse de croire qu'il puisse en être autrement ! » Il rejoint toutefois son épouse : demeurer à la capitale et s'y exposer trop longuement n'est pas la plus avisée des solutions. « Nous trouverons une solution ! » promet-il. À présent, comme autrefois, il se sent capable d'affronter les pires aléas de la vie pour peu que ce soit aux côtés de Margaery. Et de leurs fils. Les yeux du prince dérivent à nouveau en direction de l'écrin boisé abritant le nourrisson et le dragon. « Nous l'avons toujours fait ! » conclue-t-il en se remémorant les épreuves difficiles que leur couple a déjà traversées. Il gratifie ensuite sa moitié d'un sourire mutin et lui délivre après quelques instants la nature de sa nouvelle réflexion. « Mais par curiosité... Tu préférerais le sable ou la neige ? » Son sourire s'accentue un bref instant et un nouveau baiser vient ponctuer sa plaisanterie. Il espère qu'ils n'auront pas à choisir entre l'un et l'autre.
La gravité de la discussion se dissipe peu à peu dans les plaisanteries et le désir d'aborder des thèmes plus légers. Aegon joint son rire à celui de sa Rose après avoir évoqué la Reine des Épines. Un surnom parfaitement adapté à Olenna. S'il est soulagé d'apprendre que l'aînée souhaite se rendre au plus vite à Hautjardin, il se réjouit davantage de la raison qui motive son départ. Daena a donc eu un enfant. Un sourire apparaît à nouveau sur le visage du Targaryen. Oui, c'est une merveilleuse nouvelle ! Et même si le prince a esquissé une légère grimace à l'évocation de la Mère, il se réjouit sincèrement pour les heureux parents.« Je suis content pour ton frère et elle. Pense à les assurer l'un et l'autre de ma sympathie dans ton prochain courrier, veux-tu ? » lui demande-t-il avant de se perdre dans la contemplation de ce merveilleux visage qui lui fait face. Il s'est toujours noyé trop aisément dans la douceur du regard de son épouse. « Il serait malavisé de faire un détour par Hautjardin avant de nous rendre à la cour mais nous les visiterons dès que nous en aurons l'occasion ! » promet-il. Ils trouveront le temps d'adresser leurs félicitations de vive voix au couple suzerain du Bief. Les liens familiaux, à l'instar de ceux qui régissent l'amitié, doivent être entretenus. Et s'il est indéniable que la politique joue un rôle dans tout ceci, les sentiments personnels intercèdent également en faveur d'une visite à Hautjardin. « Espérons simplement qu'ils se montreront bons joueurs lorsqu'ils remarqueront que la beauté d'Aemon éclipse celle de leur enfant ! » Il semblerait que la plupart des parents n'arrivent pas à se montrer objectifs lorsqu'il s'agit de leurs enfants. Aegon sait maintenant que c'est une vérité absolue. Et il est loin d'en avoir honte. Toutefois l'ombre qui s'installe sur la conversation lorsque Margaery lui annonce qu'elle a quelque chose à lui avouer chasse bien vite le sourire qui accompagnait sa dernière remarque. Le prince plisse les yeux et laisse la curiosité et l'appréhension se livrer bataille dans les abysses de ses pensées. Il essaie de la rassurer d'un regard conciliant, de lui rappeler qu'il ne peut guère la juger pour ses actions alors que les siennes ont souvent été lourdes de conséquences. « Les erreurs sont aisément pardonnables lorsqu'elles sont commises sous le sceau des bonnes intentions. Quoi que tu aies à m'avouer, fais-le avec l'assurance que je saurai me montrer compréhensif ! » Il espère que la nature des révélations de son épouse ne viendront pas ébranler sa détermination sur la question. Mais il connaît assez sa femme pour savoir que l'air penaud qu'elle arbore n'augure de rien de bon. « Qu'as-tu donc bien pu faire ? »
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THE FUTURE IS YET IN OUR POWER. JWhen our lives are knocked off course, we imagine everything in them is lost. But it is only the start of something new and good. As long as there is life, there is happiness. There is a great deal. A great deal still to come. Elle eut un léger sursaut nerveux à ses paroles, à peine un rire, sourire crispé alors que le mot de famille la heurte de plein fouet. Tous deux étaient si loin de leurs familles. Targaryen à Port-Réal, Tyrell à Hautjardin et eux ? Perdu au milieu de nul part, prisonniers d'un palais orageois, doux exil des têtes couronnées. La solitude était pesante et même si l'arrivée des désormais grâciés, avait allégé l'ambiance, Lord Tylan n'était pas son père, ni même son beau-père. Les lettres qu'elle envoyait veiller à s'assurer des pensées du Roi, père trahi, blessé dans son égo, blessé dans ses ambitions. Avec la renonciation d'Aegon, il perdait son héritier, sa sécurité. Tout reposait désormais sur le petit Aerion. Et si Margaery avait mal vécu ce nouveau faits, arguant, râlant, criant que placer un tel poids sur les épaules d'un bébé était du délire, elle n'osait à présent imaginer l'angoisse que devait vivre le Roi. Aerion était si petit, l'hiver était là, les complots entouraient la Cour et le destin funeste du jeune Robin Arryn avait de quoi glacer le sang de n'importe quel parent. « Ne regrettes-tu pas ? La Cour, la présence de ta soeur et de ton père ... » Elle ignorait si tout cela lui manquait, en fin de compte. Il y avait quelque chose d'exaltant dans le fait d'être une personne influente, respectée. Dans le fait d'être une princesse, un modèle pour d'autres femmes, adorée et enviée à travers les Sept Couronnes. Cependant, elle devait reconnaitre que Lestival avait eut des avantages. Elle n'aurait peut être pas été aussi sereine pour son accouchement si elle s'était trouvée à la Cour, le Donjon Rouge portant encore dans son coeur les stigmates de l'absence de Gaemon. Surprise d'une telle ambition dans les mots et le regard de son aimé, elle lui demanda « Et que voudrais-tu revendiquer ? Peyredragon sera offert à ton frère comme le veux la tradition et ton père a donné Lestival à Lord Cole. En dehors des ruines de Vieille-Pierre, reste-t-il un endroit où nous établir sans dépendre de quiconque ? » Cette idée était fort déplaisante. Seraient-ils à jamais condamné à errer de château en château, soumis au bon vouloir des seigneurs qui les accueilleraient ? Avec Jaelyx cela lui paraissait impossible et dangereux. Et même sans le dragon, la générosité n'était jamais gratuite. Ils n'avaient plus d'influence, plus d'avenir. Qu'en tireraient la noblesse ? Certes, ils étaient appréciés: elle avait reçut bien des lettres, bien des gages d'amitiés à Lestival, mais les choix d'Aegon avaient suscité une vague de question. A une époque où on commençait à chuchoter sur l'état de santé du Roi, voir son héritier prendre une décision si radicale et surprenante amenait le doute sur l'ensemble de leur maison. La discussion qu'elle avait eut avec sa grand-mère n'en était qu'une preuve supplémentaire: tous lui demandait des nouvelles du prince et de sa santé et la jeune femme y voyait la crainte d'une éventuelle folie. A chaque naissance d'un Targaryen les dieux lancent une pièce. Tous redoutaient cet adage et le fantôme du règne d'Aerys II était toujours présent dans les esprits de ceux qui étaient assez âgés pour s'en souvenir. Margaery, elle n'était qu'une enfant quand tout cela avait eut lieu mais elle gardait en tête les récits, crus et sincère, de sa grand-mère et ceux, plus plats et acceptable, de son père. Elle poussa un soupir, posant sa tête sur l'épaule de son époux. « J'espère que notre voyage sera concluant. Il ne me plait guère de te savoir en froid avec les tiens. » Elle détestait lire la déception dans les lettres de son beau-père presqu'autant qu'elle détestait ce pseudo tabou qui s'était installé autour de son nom. La Rose savait que son mari correspondait avec sa soeur, Rhaenys, et bien que Margaery ne la porte guère dans son coeur depuis leur dernière entrevue, elle devait admettre que le voir garder un lien avec les siens la rassurait. Bien qu'elle ne douta pas que sa mésaffection à l'égard du Dragon Ensoleillé soit réciproque, elle savait combien cette dernière aimait son petit frère et l'idée qu'Aegon ait au moins, à Port-Réal, un soutien indéfectible lui réchauffait le coeur. Rhaenys ne les laisserait pas tomber, elle en était certaine. Elle n'abandonnerait pas son petit frère à une vie d'exil et de solitude. Galvanisée par les mots de son mari, Margaery retrouvait foi en l'avenir quand il lui posa une question. La réaction de la jeune femme n'attendit pas, tapant le bras de son aimé du plat de sa main, elle le gratifia d'un « Idiot ! » ponctué de rire. Dans une conversation si sérieuse, les plaisanteries d'Aegon lui réchauffait le coeur et cette complicité, jusqu'à peu disparue, lui faisait du bien. Elle retrouvait l'homme dont elle était tombée amoureuse, l'homme qu'elle avait épousé. « A bien y réfléchir ... Ni l'un, ni l'autre ! Les lettres de Lady Sansa ne me donne aucune envie de découvrir Winterfell plus que nécessaire. Et je doute que les nordiens soient ravis de t'y croiser. Quand à Dorne ... Tous n'ont pas la générosité de Lady Ellaria. Je crains que ce soit moi qu'ils refusent. » finit-elle par répondre, prenant un large sourire après avoir réfléchit à la question. Du Nord, elle ne connaissait que les rumeurs sur ces terres froides et enneigées même en été, sur ses habitants rudes et à la mine sévère s'imposant un mode de vie austère. Ses échanges épistolaires avec l'aînée des filles Stark lui avait montré que le Nord pouvait cacher quelques jolies perles. Mais elle grelottait déjà à Lestival alors Winterfell ... Dorne, c'était une autre histoire. Sa région natale, le Bief, avait de tout temps été en conflit avec le Royaume de sable jusqu'à l'intervention d'Aegon le Conquérant. Et même après cela ... Les guerres entre Hautjardin et Lancehélion n'avaient jamais réellement cesser: les Tyrell bien trop heureux de prendre les armes au nom du Roi pour s'aventurer au delà des Marches. On aurait pu croire que les années auraient pacifié les relations, mais l'animosité des siens envers la Vipère Rouge prouvait bien que les rancoeurs étaient tenaces. L'héritier du Bief estropié par un prince Martell était une bonne raison de se méfier mais la jeune fille voulait croire que les choses pouvaient se calmer. Elle avait été fort bien reçu à Lancehélion, lors du mariage princier et ses relations avec la Concubine du Prince Oberyn étaient excellentes. Mais Dorne ne se limitait pas aux Martell et il faudrait du temps avant que les deux royaumes voisins se pardonnent l'un l'autre. Il était toutefois des nouvelles plus réjouissante et l'une d'elles étaient l'arrivée future d'un nouveau membre à la maison Tyrell. L'amitié qui liait Daena et Margaery datait de bien des années et, malgré le deuil de son propre enfant, elle s'était extasiée devant le petit Mattis lors de son séjour à Hautjardin. Elle voulait croire qu'Aegon appréciait la nouvelle suzeraine Tyrell autant qu'elle et, offrant un nouveau sourire, répondit « C'est promis ! J'espère que ce sera une fille ! Mais quoi qu'il en soit ... J'espère vivement qu'Aemon aura un camarade de jeu digne de ce nom. Avec le départ de Lady Melara pour Noirport, je doute qu'il y ait beaucoup d'enfant par ici dans les années à venir. » Combien de bébés étaient nés durant cette lune ? Combien survivraient à l'hiver ? Elle espérait que son fils n'ait pas à grandir seul. Bien sur, l'idée de lui donner, rapidement, un frère ou une soeur la traversait, mais elle était encore fatiguée de son accouchement et l'idée n'avait pas été abordé au sein du couple. Si leur situation ne s'améliorait pas, elle ignorait si un second enfant serait une bonne idée. Mais imaginer Aemon seul lui brisait le coeur. Elle voulait que son fils ait tout ce dont il avait besoin. Secouant la tête en nuée de boucles brune, elle rectifiait ses dires précédent sur un potentiel voyage dans sa contrée natale. « Oh je ne pensais pas à cela, je me disais juste que ma famille serait heureuse de nous accueillir si ... Nous devions quitter Port-Réal. » Ses yeux se perdirent loin de ceux du prince. Elle ne parvenait à s'ôter de l'esprit les mots de Rhaegar Targaryen à propos de son fils. Que cela soit avant son départ de Lestival, ou dans les lettres qu'ils avaient échangés, le Roi ne se montrait guère tendre envers son fils et Margaery craignait que tout ce temps passé loin de la Cour n'ait endurci le coeur du monarque. S'il semblait ouvert à la réconciliation, au pardon, la Rose redoutait encore le pire.« Je me prépare à toute éventualité. Nous ignorons ce qui nous attend là bas. » ajouta-t-elle d'une petite voix, trahissant la peur qui encerclait son coeur. Plus que le Roi, comment la Cour réagirait à leur retour ? Elle n'était pas naïve au point de croire que tous les attendaient. Il y aurait sans doute des chuchotements sur leurs passages, peut être même des rires ou des ragots. Mais leur avenir dépendait de ce voyage. Qu'importe qu'ils aient tardé ou non, ils apportaient avec eux, le plus merveilleux des cadeau. Aemon. Leur fils. L'enfant que même Rhaegar Targaryen espérait voir comme l'opportunité de la réconciliation au sein de la maison au dragon tricéphale. Elle ne pu cacher sa mimique moqueuse. « Comment pourrait-il en être autrement ? Mère ne cesse de chanter ses louanges et moi j'ai la certitude que c'est le plus beau bébé du monde ! » Elle ne cessait de le dire. Dès l'instant où elle avait tenu son fils dans ses bras, elle en était tombée amoureuse. Si elle avait eut un coup de foudre pour Aegon, cela n'était rien en comparaison de l'amour inconditionnel qu'elle portait à son enfant, ne le quittant jamais bien que tante Janna ait fait appelé une nourrice. Décidée à le nourrir elle-même, Margaery avait protesté mais elle avait rapidement comprit qu'elle n'aurait gain de cause: elle était jeune et ne produisait pas assez de lait pour son enfant. Une nourrice expérimentée était le meilleur moyen de garder Aemon en bonne santé. Toutefois, elle passait des heures à le contempler. Lançant un regard plein de défi, la Rose interrogea le prince « En douterais-tu ? » Son ton taquin révélait sa malice et elle lui offrit, en guise de récompense, un baiser. S'appuyant contre la rambarde, elle ajouta « Quoi qu'il en soit, Daena l'a d'ors et déjà surnommé la Rose Écaillée. Cela lui va bien, ne trouves-tu pas ? Mère dit qu'il a le nez typiquement Tyrell. » Elle pouffa dans sa manche, doutant sérieusement qu'Aemon ait quoi que ce soit de très Tyrell. Bien que sa tante approuve, Olenna était d'accord avec elle: Aemon tenait de son père à n'en point douter. Une bonne nouvelle pour montrer au monde que leur couple se portait bien. Elle savait que ses mots auraient un impact sur l'humeur joviale de la conversation, mais elle ne parvenait plus à se taire. Depuis plusieurs jours, elle cherchait un moyen d'annoncer cela sans réussir à trouver la manière d'amener la chose. Ce soir était le moment idéal. Crispée, la jeune fille cala nerveusement une mèche derrière son oreille.« J'espère que tu seras toujours aussi optimiste après ce que j'ai à te dire. » Son regard évitait celui de son mari. Bien qu'elle ait toujours eut plaisir à se laisse hypnotiser par ses orbes lavandes, elle détestait l'idée d'y lire la déception. Cherchant ses mots, elle finit par commencer par l'évidence « Je sais que nous avions convenu de garder l'existence de Jaelyx secrète. Et jusqu'ici, nous nous en sommes plutôt bien sortis même si mes cousines se demandent pourquoi notre chambre leur ai interdite et que j'ai entendu certains domestiques parler de nourriture disparaissant comme par magie. » Il fallait bien nourrir Jaelyx tout en gardant son existence secrète. Ce n'était pas une mince à faire car le dragon semblait grandir en même temps que son appétit et Margaery redoutait le jour où on les verrait subtiliser des denrées dans les cuisines. Poussant un sourire, elle poursuivit. « Mais j'avais besoin d'un avis éclairé sur la suite des évènements. Et il est possible que Bonne-Maman soit désormais dans la confidence. » Nouveau sourire forcé de la part de la princesse qui tentait d'user de son charme -sans trop y croire- pour faire passer la pilule plus rapidement. Olenna avait toujours un avis très juste et elle ne pouvait essuyer ses propositions, conseils et reproches sans la tenir au courant de la situation. S'empressant de reprendre la parole, elle n'attendit pas pour dire « Ne te fâches pas, mon amour. Elle semblait ne point y croire. Et le fait qu'elle n'y ait nullement fait allusion depuis prouve qu'elle comprend l'importance de taire cette information. » Sa grand-mère n'était pas stupide. Une telle information était un pouvoir et un danger et elle savait l'affection qu'Olenna avait pour elle. Les jeux de politiques avaient amené la doyenne Tyrell à la marier à l'amour de sa vie, non par romantisme mais bien par ambition. Une reine Tyrell était bien mieux qu'une suzeraine Targaryen à Hautjardin. Maintenant que la Couronne était hors de portée, la sécurité de sa petite fille était une chose des plus capitale. Le ton de Margaery se fit moins hésitant, plus sérieux. « Cependant, elle a mit le doigt sur quelque chose qui me turlupine. Sais-tu si d'autres oeufs ont éclos ? Il me semble que ton père en a offert deux autres en plus du tien ? » demanda-t-elle, bien qu'elle connaisse déjà la réponse. |
┗ THE PRINCESS ROSE ┛
Invité
Il observe son épouse avec, dans les yeux, cet éclat qui sublime l'amour qu'il lui porte. S'il regrette la Cour ? S'il regrette la présence de son père et de sa soeur ? Les regrets sont devenus une habitude, une composante inaltérable de sa vie d'homme et ce, dès l'instant où il a appris la mort de Gaemon. Les lunes s'écoulant, il a compris qu'ils ne parviendrait jamais à s'en débarrasser. Il s'est abandonné à leur influence. Il leur a sacrifié son avenir. Leur avenir. Le prince caresse tendrement la joue de Margaery et se noie un instant dans les captivantes abysses de son regard. Elle est l'ennemie naturelle du chagrin et du remord. S'il avait décidé de se réfugier dans l'écrin de ses bras et non dans l'abîme de la solitude, les choses seraient probablement différentes en cet instant. « Il y a bien des choses que je regrette... » élude-t-il. « Mais le passé est hors de notre portée et en parler ne le rendra pas plus acceptable ! » Il accueille la tête de la Rose sur son épaule et enveloppe ses bras autours de sa silhouette. Il savoure ce contact qui, il le sait, ne perdra jamais de sa saveur malgré le poids des années ou de la routine. Par R'hllor, ce qu'il peut l'aimer ! Que serait-il devenu sans elle ? Le prince garde le silence andis que son regard se balade sans réel but sur l'horizon nacré de couleurs chatoyantes. La voix de sa Rose vient lui rappeler que leur situation est compliquée et que l'indépendance de leur avenir est fortement compromise. Il abonde évidemment dans son sens. La perspective d'être entretenus par la Couronne ou toute autre famille noble s'accommodant de leur présence n'a rien de réjouissante. Cette situation leur rappellerait jours après jours ce qu'ils étaient et ce qu'ils ont perdu par sa faute. Il pourrait peut-être s'en accommoder si seulement cette situation n'impactait pas les siens. Il trouvera une solution, cette solution qui tarde encore à se dessiner. « Je refuse de vivre comme un parasite. Quelle que soit la place qui est désormais la nôtre dans ce monde, je te jure qu'elle sera digne d'un prince et d'une princesse des Sept Royaumes ! Nous allons la trouver ! » promet-il en saisissant délicatement la tête de son épouse entre ses mains pour qu'elle puisse mesurer, dans son regard, cette détermination qui imprègne également ses mots. « Ou nous ferons ce qui est nécessaire pour l'obtenir ! » Il tient à ce qu'elle mesure parfaitement ce qu'une telle déclaration peut impliquer. Aegon n'est plus seulement un époux qui s'est juré de faire le bonheur de son épouse. C'est aussi un père qui fera ce qui est nécessaire pour assurer à Aemon un avenir digne de ce nom. Mais il n'est pas venu rejoindre sa Rose pour évoquer les plus sombres perspectives du futur mais bien pour raviver leur foi commune en l'avenir. Sa plaisanterie détend aisément la situation et le prince s'amuse de la réaction de sa moitié. Un large sourire répond à la tape de Margaery et il se met à rire lorsqu'elle lui formule sa réponse. « Oh, tu sais, je suis presque sûr que l'on peut trouver au moins un nordien qui ne rêve pas de m'étrangler ! Et puis je suis certain que même les dorniens ne seraient pas capables de résister bien longtemps à ton charme, Tyrell ou pas ! » avance-t-il avant de grimacer. « Ce qui me fait penser qu'effectivement, Dorne est une bien mauvaise destination pour un mari qui souhaite veiller jalousement sur son épouse... » Il lui décoche un clin d'oeil complice. Lorsque son rire s'évade, son sourire persiste. Qu'importe la destination, finalement, tant qu'elle est à ses côtés.
La discussion dérive sur l'heureuse nouvelle qui égaie le Bief et qui ravit tant la Rose. Aegon partage volontiers la joie de son épouse sur le sujet. Il ne sera jamais aussi proche de Daena qu'elle peut l'être mais il a très vite accordé son affection à la nouvelle suzeraine des terres natales de sa femme. Il songe un instant aux raisons qui l'ont poussé à se rapprocher de l'amie de sa femme. Leur amitié est née du bon sens puis a évolué avec sincérité. Il s'en félicite. Et pourtant il fait une petite moue ennuyée lorsque Margaery lui annonce qu'elle espère que leur fils trouvera un camarade de jeu avec lequel s'épanouir. « Tu oublies Jaelyx ? » s'offusque-t-il faussement avant d'approuver d'un signe de la tête de son épouse. « Mais il faudra effectivement lui trouver un camarade de jeu qui ne risque pas de le dévorer... » Cette inquiétude était bien réelle les jours qui ont suivi la naissance d'Aemon. Le dragon ne représente pas réellement une menace pour un adulte mais pour un bébé, les choses sont bien différentes. Mais le couple s'est vite rendu compte que le dragon n'allait pas incarner une menace pour leur enfant. La créature protège l'enfant avec une ferveur qui pourrait presque rendre jaloux l'ancien héritier. C'est pour cette raison qu'il se permet à présent d'en plaisanter avec son épouse. Le fait est qu'ils sont bien conscients de l'importance d'une amitié forgée très jeune. Les sentiments au sein de la noblesse, même s'ils sont réels, sont également politiques. Les amis de l'enfance deviennent les alliés de l'âge adulte. Les choses sont ainsi et le couple en est parfaitement conscient. Ils prendront en compte cette réalité lorsque le temps sera venu pour Aemon de nouer ses premiers liens. Il est vrai que grandir aux côtés de l'héritier du Bief serait une bonne chose pour leur fils. À moins que ce ne soit l'inverse. Margaery se défend toutefois d'avoir évoqué ce désir à travers sa dernière remarque. Elle lui confirme au passage que sa famille serait ravie de les accueillir. Elle fuit son regard et il raffermit tendrement son étreinte avec l'espoir de chasser les inquiétudes qu'elle ne tarde pas non plus à raviver. Le prince sait que les promesses ne suffiront pas à les atténuer. Il faut attendre et voir. Les plaisanteries viennent chasser ces tourments légitimes comme s'il suffisait d'évoquer leur enfant pour répudier les ombres de l'existence. Il admire l'aplomb et la passion qui imprègne les remarques de son épouse dès l'instant où il est question d'Aemon. Personne n'oserait le lui reprocher tant la beauté du nouveau-né est évidente. Le sourire du Targaryen s'accentue lorsque son épouse le met au défi d'émettre le moindre doute sur le sujet. Il lève deux paumes apaisantes, parfaitement conscient qu'il y a certains sujets sur lesquels il ne vaut mieux pas plaisanter. Et puis il abonde entièrement dans le sens de sa Rose. Le fruit de leurs entrailles est une merveille de perfection. « Comment pourrais-je douter de la beauté de notre enfant quand j'ai sous les yeux l'écrin qui l'a porté ? » Il appuie sa remarque d'un regard affectueux avant de glisser son doigt sur ce nez qu'elle partage, selon sa mère, avec leur enfant. « En tout cas je vois que Daena ne manque pas d'idées pour ce qui est des surnoms ! Je t'avoue que j'ai un peu de peine à m'imaginer une rose écaillée mais je suis pratiquement sûr que cela vaut mieux qu'un Dragon Épineux ! » s'amuse-t-il. Oui, ce surnom lui plaît bien. Aegon n'a jamais vraiment songé à la façon dont les autres pourraient appeler son fils alors qu'il a lui-même encore de la peine à réaliser son existence quand bien même il le tient dans ses propres bras.
Encore bercé par la légèreté de l'instant et les regards qu'il tourne régulièrement vers le berceau de son fils, Aegon est loin de mesurer l'importance de ce que son épouse s'apprête à lui dire. Il accueille sa confession avec une surprise bien légitime avant de se passer une main sur le visage, marquant par là l'inquiétude qu'elle a réussi à réveiller. L'ancien héritier se détourne de Margaery et fait quelques pas dans la direction opposée. « Il est... possible... qu'elle soit dans la confidence ?! » Le Targaryen observe son épouse avec dureté puis préfère détourner le regard en hochant la tête de gauche à droite pour exprimer son incompréhension. Il sait qu'elle ne pensait pas à mal et qu'elle n'a pas agi par imprudence. Et, en retour, elle est bien consciente que la colère qu'il ressent en cet instant est bien légitime. Ce n'est pas un hasard si elle lui demande de ne pas s'énerver. « Margaery ! » Plus que dans les mots, c'est dans le ton qu'il emploie en prononçant son prénom qu'il exprime sa désapprobation. Il a besoin d'un instant pour digérer l'information mais son épouse poursuit en lui demandant ce que sont devenus les autres oeufs. La question est malheureusement excellente... Elle force le prince a se détourner de son ressenti au profit de sa propre curiosité. Il hausse les épaules. « Si l'oeuf de Viserys a éclos, tu te doutes bien qu'il n'a pas jugé utile de nous faire parvenir l'information ! » lui fait-il remarquer sur un ton plus froid qu'il l'aurait souhaité. Le prince lâche un soupir tandis qu'il se force au calme. « Je n'ai pas non plus de nouvelles de ma tante à ce sujet et j'imagine qu'elle me répondrait honnêtement si je lui posais la question. Même si, ce faisant, elle comprendrait que ma curiosité n'a rien d'un simple hasard ! » Il suppose que tout propriétaire de dragon ferait preuve de la même prudence qu'eux. Au final il est bien difficile de dire quel oeuf à éclos ou même s'ils en existent d'autres que ceux qui ont été ramenés d'Essos par Jorah Mormont. Aegon n'avait jamais envisagé l'existence d'autres de ces créatures. Les questionnements d'Olenna sont plus que légitimes. La maladresse de Margaery aura au moins eu un avantage... Mais il ne peut répondre à ses interrogations autrement que par des suppositions. Il faudra qu'il enquête à ce sujet, c'est évident. Mais pour l'heure il a de la peine à se distancer du ressenti né suite à l'annonce de son épouse. « Je ne doute pas de l'intégrité d'Olenna lorsqu'il est question de sa famille mais je n'oublie pas non plus que tu n'es pas la seule Rose sur laquelle elle veille ! Jusqu'à quand gardera-t-elle le secret ? Et lorsque le temps sera venu, pour elle, de rejoindre tes dieux, ne se confiera-t-elle pas à Willos ? » Le Targaryen voit mal la Reine des Épines prendre ce risque. À sa place, il souhaiterait que le souverain du Bief soit informé du danger que pourrait un jour représenter Jaelyx. Olenna préférera-t-elle Margaery au reste des siens ? Il n'en sait rien. Et il ne peut rien faire d'autre que de se ranger derrière les certitudes de son épouse. Il ne peut pas davantage ignorer une autre évidence : l'existence de Jaelyx ne pourra pas être cachée encore longtemps. Un soupir de plus franchit l'obstacles de ses lèvres tandis que la raison l'emporte sur l'irritation. « Bon et bien quoi qu'il en soit j'imagine qu'il serait assez malvenu de la faire assassiner pour nous assurer de son silence, n'est-ce pas ? » Il lui adresse un pâle sourire pour lui signifier qu'il plaisante. « Si tu lui accordes ta confiance, je vais lui octroyer la mienne ! Mais promets-moi de ne plus jamais évoquer des choses aussi délicates avec tes proches sans m'avoir auparavant consulté ! Et puisque nous en parlons, je compte également apprendre la nouvelle à Rhany lorsque nous retournerons à Port-Réal ! Je suppose que tu ne tenteras pas de m'en dissuader compte tenu des circonstances ? » Il n'a pas besoin d'énumérer les raisons qui le poussent à vouloir se confier à son aînée. Cela fait déjà quelques jours que l'idée lui trotte derrière la tête car il serait tout simplement incapable de lui cacher quoi que ce soit. Il devrait déployer des efforts constants et il sait que les remords, cette fois, seraient bien trop incisifs. Le faux pas de son épouse permet au prince d'avancer l'idée avec plus d'aisance. En fait il est presque soulagé de voir que la Rose est également capable de commettre des erreurs. Finalement, la main du prince vient se refermer autours de celle de sa princesse. Il ne se sent pas légitime lorsqu'il s'agit de lui faire des reproches. Il a sûrement perdu ce droit lorsqu'il l'a abandonnée pour répondre à l'appel de R'hllor ou quand il l'a évincée de son choix de renoncer à la couronne. Elle a déjà enduré beaucoup de choses. Par sa faute. Son pouce se balade sur le dos de la paume de la Rose pour l'assurer qu'il sera capable de digérer la nouvelle et qu'il lui faut simplement un peu de temps. Cette soirée ne se déroule peut-être pas exactement comme il l'aurait souhaité mais elle leur offre au moins l'opportunité d'échanger sur des choses auxquels ils ne peuvent échapper. La sincérité n'est pas toujours agréable mais elle demeure nécessaire au sein d'un couple qui entend perdurer. « Il faudra aussi que l'on parle du baptême de notre fils, Margy... »
queen of nothing
THE FUTURE IS YET IN OUR POWER. When our lives are knocked off course, we imagine everything in them is lost. But it is only the start of something new and good. As long as there is life, there is happiness. There is a great deal. A great deal still to come. Depuis combien de temps n'avait-ils pas eut un moment à eux ? Bien qu'ils paraissent isolés, si loin de la cour, ils n'avaient passé que peu de temps ensemble depuis l'arrivée des Cole. Aegon avait prit à coeur d'assister Tylan Cole dans sa nouvelle prise de fonction, cherchant peut être par la même à trouver sa propre place. Quand à elle, entre sa grossesse et la curiosité de ses dames de compagnie, elle n'avait eut le temps de s'ennuyer que déjà arrivaient Olenna et Alerie Tyrell. Avec la naissance d'Aemon, leurs projets de départ pour Port-Réal et l'arrivée de Garlan, ils n'avaient pas passé une soirée en tête a tête depuis bien longtemps. Et il y avait des sujets qu'ils ne pouvaient aborder qu'en privé. « Je l'espère. Je n'aime pas non plus cette sensation de vivre en dépendant du bon vouloir de tel ou tel seigneur. Lord Cole est d'une grande générosité mais nous ne pouvons épuiser sa patience davantage. » Au delà du fait de vivre au dépend d'une famille, les Cole se préparaient à de grands changements avec le mariage prochain de leur fille aînée. Tout comme eux aimaient pouvoir se retrouver seuls, elle pouvait comprendre qu'après les épreuves vécues, la famille orageoise espère un peu d'intimité avant de se séparer de l'un de ses membres surtout quand, à peine revenu en grâce, ils se voyaient devenir un centre d'intérêt de discussion mondaine. De plus, Margaery s'agaçait de l'incertitude de leur avenir et elle avait vécu à Lestival trop de contrariété pour parvenir à s'y projeter au delà de leur départ pour Port-Réal. « Je te fais confiance sur ça. Tu connais mieux ton père que moi. J'ai gardé le contact, j'ai ouvert à la rencontre, je t'ai donné un fils maintenant, c'est à toi de jouer ta carte, Aegon. Pour nous, pour ta famille. » lui dit-elle, sa tête toujours posé sur l'épaule de son époux. Elle ne pouvait rien faire de plus et elle espérait sincèrement que le prince trouverait les mots pour expliquer son choix à son père, pour lui faire comprendre que malgré tout l'affection demeurait de la même manière qu'ils avaient eut une sérieuse discussion quelques lunes auparavant. Les choses devaient être dites, la plaie devait se refermer. Elle eut un léger sourire alors qu'il évoquait le Nord. Il était vrai que sa visite désastreuse avait eut un effet certains sur l'opinion que le Nord avait de lui. « J'imagine que tu penses à Robb Stark ? Il est clair que je le vois mal de clouer au pilori des nordiens. Toutefois, nous aurions tort de sous-estimer la colère qui gronde: ne vivons pas dans le passé, mais n'ignorons pas le présent. As-tu eu de ses nouvelles récemment ? » demanda la jeune femme en s'écartant légèrement pour scruter le visage de son mari. Elle savait combien Robb était cher au coeur d'Aegon, combien leur passé commun avait permit de nouer des liens aussi puissant que ceux du sang. Le départ du jeune loup avait été difficile pour lui même si au cours des lunes suivantes, il avait été fort occupé. Un frère, c'était ainsi qu'il le qualifiait. Et pour avoir perdu Loras, Margaery savait combien cela pouvait être douloureux bien que, contrairement au chevalier des fleurs, Robb soit toujours en vie. Pouffant de rire, elle se délecta de l'étreinte de ses bras, appréciant la marque d'affection qu'il lui communiquait. Depuis leur réconciliation, les choses se passaient bien mieux entre eux mais Margaery devait admettre se sentir bien plus à l'aise depuis qu'elle ne ressemblait plus à un éléphant. Laissant sa main venir caresser la joue du dragon, elle lui offrit un baiser alors que l'aventurière se glissait dans ses cheveux d'or argenté. « Nul Dornien, pas même la Vipère Rouge, ne pourrait détacher mes yeux de toi, mon aimé. J'ai fais le serment d'être tienne bien avant que l'on nous unisse devant les hommes et les dieux. » lui dit-elle une fois ses lèvres détaché de celle du jeune homme. Elle l'aimait depuis le premier regard, depuis sa présentation officielle dans la salle du trône au cours de sa première visite à Port-Réal. Même si Olenna ne lui avait intimé de le séduire, elle se serait laisser prendre au jeu, hypnotisée ses beaux yeux lavandes et son sourire charmeur. Et même si les décisions qu'il avait pu prendre ces derniers temps l'avait mise dans une grande colère, elle ne pouvait cesser de l'aimer, cesser de ressentir cette fierté à être son épouse. Pouffant de rire, elle acquiesça: au moins sur ce point ils étaient d'accord, Aemon ne pouvait rester éternellement seul et une situation plus stable serait également bénéfique à leur fils. Elle ajouta néanmoins « Jaelyx ne restera pas éternellement un bébé dragon et je t'accorde que je préférerais voir Aemon rester entier et jouer avec des enfants de son âge. Cependant, tu n'as pas tort ... Nous devons prendre en compte le dragon pour notre sécurité à tous, et pour lui permettre de grandir. » Même si ses besoin étaient pour le moment restreint, il fallait songer à l'après. Jaelyx grandissait vite. Très vite. Et elle n'était pas sur qu'ils puissent dissimuler sa présence très longtemps quand bien même ils iraient s'enfermer dans la forteresse de Peyredragon. « Un lieu ou il pourra se dégourdir les ailes sans crainte. Si tant est qu'il accepte de se séparer d'Aemon quelques minutes. » Ajouta-t-elle tout en désignant de la tête, le berceau du petit prince que le dragonnet fréquentait sans scrupule. Elle ne savait rien des besoins qu'une telle créature pouvait avoir, mais si elle se fiait à ce qu'elle savait d'Alester, Jaelyx ne tarderait pas à vouloir sortir. Lui revenait également en tête les souvenirs des leçons de Willos, ses histoires sur les habitants ailés de Fossedragon et ses hypothèses quand à la raison de leur taille, à chaque génération, plus petites que le célèbre Balerion. Toutefois, le sujet revint rapidement à Aemon que Daena avait déjà surnommé d'une manière à la fois étrange et romantique. Elle s'amusa de voir la réflexion d'Aegon sur son visage et, caressant sa joue, annonça « Qu'importe les surnoms, mon amour. Notre fils est l'incarnation de notre union, de nos deux maisons et je suis sure qu'on écrira des ballades en son honneur. » Ils n'avaient pas choisit son prénom au hasard. Pour sa part, Margaery avait été bercée, depuis son plus jeune âge, par les aventures du chevalier-dragon, ses exploits et son altruisme. Si pour ses frères, il était le symbole du chevalier parfait et de l'esprit que devait avoir un noble, pour Margaery les choses étaient différentes. C'était sur la part du mythe, légende de l'amour impossible que la fillette soupirait d'envie, s'interrogeant sur les amours du chevalier avec sa jeune soeur Naerys, épouse de leur aîné Aegon IV. Et plus on lui comptait combien le Roi méritait son surnom d'Aegon d'Indigne, plus elle en admirait la figure du cadet qui collectionnait les qualités autant que les aventures dans les contrées westerosi. Margaery soupira. Elle s'attendait à ce que la nouvelle ne lui plaise pas mais elle connaissait bien sa grand-mère et avait préféré que la nouvelle vienne d'elle plutôt que de la laisser investiguer dans tout Lestival afin de comprendre ce qui clochait dans le tableau. Elle avait assez des questions d'Alla sur le sujet. La conversation n'avait pas tourné à leur avantage et dans une volonté de protéger celui qu'elle aimait, elle ne pouvait laisser dire qu'il était inconstant voir dérangé. Elle savait que sa décision était en lien avec Jaelyx, elle ne comprenait pas encore comment, mais elle voulait montrer que les dernières lunes ne les avait pas affaiblis autant que cela. Finalement, la jeune femme reprit sa place contre la balustrade, croisant les bras sur son châle pour se protéger du vent froid qui lui glaçait les os. « Je me suis longuement demandé si tout ceci était une bonne idée, mais ma grand-mère connait la noblesse mieux que personne: combien de règne a-t-elle vu naitre et mourir ? Elle était même promise à un prince Targaryen ! » Avant d'être abandonnée pour un palefrenier, mais cette partie de l'histoire n'était pas la plus intéressante au vu de son propos. La reine des épines ne cachait jamais ses pensées mais s'était toujours montré loyale aux siens. Si elle ignorait les relations qu'entretenaient Olenna et Luthor Tyrell, elle savait qu'ils avaient partager une certaine tendresse et la vieille dame n'avait aucune honte à parler des exploits charnels de son défunt époux. Quelques soit l'histoire, Olenna trouvait toujours une solution, une manière de tirer une révérence rapide et digne, de s'en sortir avec les honneurs. Et c'était précisément ce dont ils avaient besoin à l'heure actuelle. « Peu importe ce qu'elle peut t'inspirer, ai confiance en moi, mon amour. Jamais ma grand-mère ne fera quoi que ce soit qui pourrait nous nuire. Et ainsi nous pourrons bénéficier de ses conseils sans avoir à cacher notre grand secret. » Et des conseils, ils en auraient besoin avant d'aller à Port-Réal: quelle attitude adopter ? Que dire ou surtout ne pas dire ? Quel était le positionnement des Tyrell ? Olenna était une mine de renseignement dont Margaery comptait bien user. Elle comprenait cependant que, plus que la révélation de l'existence de Jaelyx à la doyenne de Hautjardin, c'était le fait qu'ils ne se soient pas concerté pour prendre cette décision qui le dérangeait. Mais Aegon était loin d'être une oie blanche et il savait trouver les mots pour lui faire mal quand il le désirait. « Tu sembles voir les miens comme des ennemis ... » lui dit-elle alors qu'il abordait le sujet de Willos. Elle n'avait pas envisagé le fait que son époux puisse vouloir dissimuler l'information à son frère aîné: Willos s'était toujours montré conciliant à leur égard, renonçant à ses propres noces, pourtant prestigieuses, pour leur permettre de se marier. « Si les doutes que j'ai évoqué au sujet des oeufs se révèlent exacts, Willos sera au courant bien avant que bonne-maman ne rencontre l'Etranger ... Tu semble oublier combien il a été déçu après l'ordalie de ton oncle, il en était très proche. » dit-elle d'une mine sombre. Elle avait beau l'aimer, le faire passer, lui et leur enfant, avant toute chose, elle ne pouvait renier sa famille et ses origines. Elle aimait ses frères, Willos autant que Garlan qui avait, lui, immédiatement répondu à son appel en les rejoignant à Lestival. Où qu'elle soit, elle savait que ses frères répondraient toujours présent, viendraient toujours à son secours. La perte de Loras avait été un drame pour chacun d'entre eux, resserrant encore plus leurs liens fraternels. Cette remarque la décevait autant qu'elle la rendait triste: aucun de ses frères n'avaient mérité pareille réaction quand elle même se taisait face à la relation très proche qu'entretenait Aegon avec sa soeur, Rhaenys. Mais Margaery s'inquiétait, Willos n'avait pas cacher sa déception après le procès du dragon de l'Est et, si elle était le prince exilé, et rancunière de surcroit, elle n'aurait sans doute aucun scrupule à mettre Hautjardin à feu et à sang. Cette idée la glaçait. « J'imagine cependant qu'on ne peut questionner ta tante si directement, mais si son oeuf avait éclos, elle en aurait forcément parlé à quelqu'un, non ? Nous avons bien du mal à cacher Jaelux ... Avec le décès de Lord Nerbosc, peut être ton père-a-t-il apprit quelque chose ? » La princesse Daenerys était une énigme pour la bieffoise. Aux antipodes de sa nièce, Rhaenys, la princesse argentée était timide, réservée et discrète. Fiancée à Willos avant de finalement épouser Brynden Nerbosc, elle donnait une impression de fragilité et de rêverie. Margaery poursuivit « Quand à Viserys ... » Comment aurait-elle pu croire avoir pareille pensée sur celui qui avait été si longtemps son ami ? Le procès avait surpris plus d'une personne et malgré la foi inébranlable de la jeune princesse, elle ne parvenait à croire en la culpabilité de celui qu'elle considérait être un prince éclairé et incompris. « J'espère sincèrement que ton oeuf est le seul à avoir éclos. Tu connais la devise de ta famille mieux que personne. Penses-tu vraiment que ton oncle a accepter son exil sans ressentir la moindre colère ? » La question était réthorique. Elle avait vu le prince d'assez près, elle le connaissait depuis bien plus longtemps qu'elle ne connaissait son époux. Rencontré au château de Villevieille, ils avaient eut de nombreuses conversations et échanges épistolaires jusqu'à ce qu'elle rencontre Aegon. Avant de faire la rencontre du prince héritier, elle s'était même demandé si cette amitié aurait pu devenir autre chose, une ambition commune, une amitié sincère se transformant en union pour un bénéfice commun. Aegon avait balayé tout cela dès le premier regard mais Margaery n'en demeura pas moins une amie sincère, allant jusqu'à avoir une conversation importante au plus tard de la nuit avec le prince nouvellement marié à la Princesse Arianne. Prise dans ses pensées, elle ne rit pas à la plaisanterie de son époux, lâchant un « Aegon ! » outré avant de taper le côté de son bras en guise de punition. Elle soupira cependant à sa remarque. L'amertume était toujours là, elle le sentait. « Il n'y a nul personne a qui j'ai besoin d'en parler. Je pense cependant que d'ici à notre arrivée à la Capitale ... Certains membres de notre convoi seront au courant: tu ne pourras pas dissimuler un bébé dragon dans nos effets sur une si longue route. Et puis, nous devons nous préparer: que cela soit demain ou quand Aemon sera capable de parler, l'existence de Jaelyx sera révélé. Au moins, nous avons encore la possibilité de choisir comment. » dit-elle d'un ton sérieux, se demandant comment il comptait s'y prendre. Jaelyx ne pouvait pas voler en journée, ni sur une aussi longue distance et se rendre régulièrement auprès de leurs affaires ne feraient qu'attirer les soupçons. Ne restait qu'à prétendre la fatigue de la princesse et de l'enfant pour avoir un carrosse à eux. Incapable de garder Jaelyx calme autant de temps, il faudrait qu'Aegon reste avec eux, renonçant à monter à cheval sur une grande partie du trajet, elle même renonçant à la compagnie de ses cousines. A moins qu'il n'ait décidé autrement. Elle savait qu'Olenna se tairait, elle n'était pas sur qu'il en soit de même pour les trois Tyrell. Mais le sujet qui fâchait était surtout le nom de Rhaenys, lancé dans la conversation comme les terribles représailles qu'elle méritait. Détournant son regard, elle répondit. « Pour ce qui est de ta soeur ... Libre à toi de faire ce qu'il te chante. Ce n'est pas comme si tu avais besoin de son aval. Et elle m'a bien fait comprendre que nous n'avions rien à nous dire. » Le tournoi avait été une période difficile pour la jeune femme: enceinte depuis peu, elle avait espéré se confier à sa belle soeur, pour une fois ouverte à partager un instant en sa compagnie. Le déjeuner avait été loin d'être concluant et, hormis lorsque la bienséance ou l'officiel l'y contraignait, elle n'avait plus reparler à sa belle soeur. Songeant que ses mots pourrait blesser le prince, surtout après les épreuves vécues par le dragon ensoleillé, elle ajouta « Je partage sa peine, Ae', je compatis sincèrement à la perte de son enfant. Mais pour tout ce qui concerne Rhaenys, j'ai décidé de ne plus m'en occuper. J'ai tenté plusieurs fois de l'approcher, de m'en faire aimer, de partager cette affection commune que nous avons pour toi. A présent, seul le bonheur d'Aemon m'importe et tant pis si ta soeur préfère répandre son venin dans son coin. » Bien qu'elle ait promis au Roi espérer une réconciliation avec la princesse à leur retour, assurant qu'Aemon serait l'opportunité qui resserrait les liens de la maison Targaryen, elle n'était pas prête à subir une nouvelle humiliation et attendait donc de voir quelle attitude Rhaenys adopterait avant de subir une nouvelle fois ses foudres. « Cependant ... Si mon avis compte encore sur ce sujet, je ne doute pas qu'elle gardera ton secret. Nous n'avons aucune amitié l'une pour l'autre, mais je ne suis pas stupide au point de nier l'affection qu'elle te porte. » Si elle devait trouver une qualité à la jeune femme, c'était bien cela: son sens de la famille, son amour pour son petit frère. Elle avait su mettre de côté ses ressentiments contre Margaery pour pousser Aegon à être heureux en amour, peut être pourrait elle réitérer l'expérience pour leur bien à tous ? Mais une chose était certaine, elle ne doutait pas de la loyauté de la princesse envers l'ancien héritier. Cependant, elle ajouta. « Mais par pitié, ne nous abandonne pas dans un coin du château comme tu as pu le faire à Lestival. Les réconciliations m'importe, mais tu as désormais une famille, un fils qui a besoin de toi. » Elle ne voulait pas se sentir exclue, reléguée au loin pendant qu'il retrouverait sa complicité passée avec sa soeur. Depuis leur confrontation, la princesse n'oubliait pas ses mots: elle n'était une Targaryen que par alliance, elle ne pouvait pas comprendre le sang du dragon. Une chose que Rhaenys, elle, pouvait saisir. Et cela la terrorisait d'imaginer qu'il puisse préféré la dragonne à elle. C'était pourtant loin d'être le seul sujet fâcheux. Et Aegon ne prit pas Quatre Chemins pour l'annoncer. « Pourquoi je sens que nous allons encore être en désaccord ? » dit-elle en lui lançant une oeillade suspicieuse. Ils avaient toujours soigneusement éviter le sujet: leur mariage avait été célébré au septuaire mais depuis, Aegon était revenu sur sa décision, prenant le parti de croire en un dieu qui était inconnu aux oreilles de Margaery. Le dieu de la Lumière. R'Hllor. Elle en avait entendu parlé, bien sur, mais elle ne connaissait rien de ce culte qu'elle évitait autant que possible. Tolérant, par amour pour lui, qu'il ne partage plus sa foi, ils respectaient mutuellement leur choix de religion, Margaery se rendant quotidiennement dans un petit septuaire aménagé dans une aile du palais. Quand à Aegon ... Et bien elle ignorait ce qu'il faisait, lui laissant pratiquer sa foi comme il l'entendait. « Tu sais combien il m'importe qu'Aemon soit béni par les Sept ... » lui dit-elle craignant ce qu'il allait lui demander. |
┗ THE PRINCESS ROSE ┛
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