Last day of the year ft Azilys

Alyx s’était bien remise de son accouchement, elle avait encore quelques faiblesses physiques mais le moins qu’on puisse dire c’était que cela avait été complètement différent de la première fois. Si la douleur avait été insoutenable encore une fois, elle n’avait pas perdue autant de sang, elle n’avait pas ressenti cette envie de s’évanouir, elle était restée consciente du début à la fin.  Tout aurait pu être parfait, jusqu’au moment où le mestre annonça le sexe du nourrisson qui venait de naître. Une fille. Elle avait besoin d’un fils, pas d’une fille. La Dent d’Or, les Lefford avaient besoin d’un héritier. Mais les Sept semblaient jouer contre eux encore une fois, mettant au monde une petite fille. Heureusement pour la jeune mère, son enfant avait sur le sommet du crâne un léger duvet brun, héritage des Lefford. Ses yeux étaient clairs mais il était encore trop tôt pour dire s’il prendrait le bleu ou le vert. Mais elle n’en restait pas moins que c’était une petite fille. Comment allait réagir son père en apprenant la nouvelle ? Aucun corbeau ne s’était envolé pour Lestival, les deux Lefford étaient probablement sur la route du retour et ne devrait pas tarder à franchir les murs de la Dent d’Or. Et Alyx redoutait ce moment, ne pas connaître la réaction de son paternel sur le sujet la terrifiait au plus haut point. Elle se consolait avec le fait que sa tante serait probablement ravie de cette nouvelle et se ruerait sur l’enfant pour le prendre dans ses bras.

Une servante avait aidé la jeune femme à se déplacer jusqu’à un fauteuil prêt d’une cheminée où elle pouvait profiter d’un feu crépitant venant réchauffer la pièce et apporter un peu d’apaisement à l’héritière des Lefford. Elle avait recouvert le bas du corps de sa maîtresse par une couverture épaisse. Elle n’avait pas vu sa fille en ce jour, mais cela ne la dérangeait pas, elle n’avait pas cette fibre maternelle, pourtant elle appréciait ce petit bébé qui était sortie de son ventre et qu’elle avait baptisée Erena quelques jours après la naissance. Mais désormais elle prenait un peu de temps pour elle, pour se reposer, reprendre des forces et laisser le temps à son corps de retrouver sa silhouette d’antan. Son ventre était encore rond, signe que l’accouchement était récent, il dégonflerait au fils des semaines, si elle faisait attention à ce qu’elle mangeait et à ses activités plus physique qui pouvait entretenir son corps. Elle reprendrait probablement bientôt la danse afin de retrouver ses marques et ne pas paraître ridicule lors de sa prochaine sortie diplomatique. Pour l’équitation c’était différent, avec la neige et les sols gelés il était compliqué de pouvoir chevaucher de longues heures comme elle avait pu le faire durant l’été. Les chevaux n’appréciaient également que moyennement de sortir avec des températures si froides et des sols si durs. Alors elle devait s’adapter, adapter son quotidien au climat, à son environnement et à ses besoins.

Une servante vint à tirer la jolie brune de ses pensées, lui annonçant que lady Serrett désirait la voir. La Lefford lui ordonna de laisser passer son amie. Azilys était arrivée à la Dent d’Or avant son accouchement et l’avait accompagné pour cette fin de grossesse. Elle était venue avec ses jumeaux qui avait bien grandit, bien loin des nourrissons qu’elle avait pu voir deux années plus tôt. Le petit Albion était un enfant plein de vie et sa sœur était bien plus discrète. Mais ce n’était pas des enfants désagréable et turbulent, il recevait l’éducation des Serrett et seraient tous deux de fiers paons le moment venu.  Alyx accueillit donc son amie avec un léger sourire. Elle se redressa de son assise avec lenteur pour faire face à la Dame de Montargent.
« Comment vas-tu en cette dernière journée de cette année ? »

Tout en examinant une lettre de son mestre, Azilys porta un regard à ses jumeaux qui s'amusaient calmement à l'autre bout de la pièce. Se voyage lui avait permis de passer beaucoup de temps avec eux et elle avait apprécié cela, même si c'était surtout leur nourrice qui s'occupait d'eux. Au début, elle ne pensait emmener qu'Alyzéa, voulant tester avec Alyx les dire de son mestre, de savoir si elle entendait vraiment rien. Bien sûr, cela aurait pu se faire à Montargent, mais elle n'aurait pas supporté le regard désapprobateur de son époux. Il n'acceptait pas cette différence, pourtant depuis sa naissance, ils avaient été mis au courant de ce fait, de ce risque et à présent, ils découvraient enfin ce que seraient les impacts sur la vie de leur enfant. Heureusement, la petite avait Albion, ils étaient unis, comme Azilys l'avait été avec sa sœur. C'est pourquoi, il lui fut impossible d'emmener Alyzéa sans la présence de son frère, sachant bien ce que ça faisait d'être séparé de son double. Il fut donc décidé que le paon d'argent partirait avec les aînés, tandis qu'Humfrey resterait à Montargent avec la dernière-née. Azilys s'était très vite remis de son accouchement, mais elle avait tout de même attendu quelques semaines avant de se rendre à la Dent d'Or.

Voyant que sa mère les regardait, Albion vint à lui faire un grand sourire ce qui poussa Azilys à les rejoindre. S'approchant doucement, cela lui fit un pincement au cœur de remarquer que sa fille s’aperçut de son approche au dernier moment, quand elle put la voir. De plus en plus, le verdict du mestre semblait réel et pouvait expliquer que la petite ne parlait pas. Se mettant à genoux, elle vint à tendre de ses bras pour qu'Alyzéa s'y installe et elle interrogea son fils, sur leurs jeux, lui pouvait répondre et la comprendre, mais les grands yeux bleus de sa fille la dévisageaient et lui déchirait, au final, le cœur. Ce fut son frère qui vint à sa rescousse, ce fut lui qui arriva à rentrer en communication avec sa sœur sans rien dire, rien que par des gestes. Là, Azilys réalisa qu'elle ne connaissait pas ses enfants, en tout cas, pas aussi bien qu'elle aurait pu le croire, mais c'était le prix pour être un bon seigneur. Elle remplissait son rôle de mère en les protégeant, en faisant en sorte qu'ils ne manquent de rien, qu'ils soient heureux. Embrassant le haut de la tête de sa fille, elle la reposa finalement et annonça à la nourrice qu'elle allait rendre visite à son amie. Oui, d'un coup, elle avait besoin de s'éloigner de cette scène, de cette conclusion qui venait de se nicher dans son esprit.

Parcourant les couloirs de la dent d'Or, elle s'arrêta quelques secondes à une fenêtre. La neige semblait prendre le contrôle, bien plus qu'à Montargent, au final. Azilys pouvait paraître sans crainte, mais elle craignait l'hiver, car c'était sa place de protéger ses terres, puis en hiver, ses hommes pourraient plus difficilement se rendre à ses mines. Azilys, c'était donc préparer à ses neiges qui arrivaient et elle espérait qu'un Humfrey ne fasse pas d'erreur durant son absence. Finalement, voyant une servante arriver vers elle, Azilys vint lui dire qu'elle souhaitait voir la fille du seigneur. Celle-ci la laissa rentrer et un sourire se dessina sur son visage. Alyx était bien installé auprès d'une cheminée.

« Comment vas-tu en cette dernière journée de cette année ? »

Restant debout, elle se rapprocha seulement du feu qui crépitait de la cheminée et vint à mettre en avant ses mains pour y ressentir la chaleur.

- Je suis heureuse de la voir se terminer en ta compagnie !

Il y a encore un an, elle vivait dans la bulle idyllique. Oui, elle se retrouvait heureuse en famille, auprès de son époux. Comment avait-elle pu se laisser aller aux sentiments ? Cette question vint à présent souvent s'imposer à son esprit, mais elle n'y trouve pas de réponse, hormis qu'elle devait faire en sorte que cela n'arrive plus, qu'Humfrey ne la rend pas de nouveau faible. Le feu, vint à lui rappeler l'image de la neige à la dent d'or et là, elle demanda : 

- Tu te souviens de ton dernier hiver ? J’essaie pour ma part, mais cela me paraît bien flou.

Cette question n'était pas anodine, car l'arrivée de l'hiver venait avec un autre sujet. L'hiver venait du Nord et il y avait une personne de son passé installé là-bas, une personne qu'elle voudrait oublier sans vraiment parvenir à le faire. D'un coup, elle laissa échapper ses pensées...

- Il y a quelques lunes, j'ai reçu une missive de la garde de nuit. Je pensais que cela venait de Tybolt, après deux ans et demi de silence, il aurait pu se dévoiler, mais il s'agissait du Lord commandant. J'ai donc cru qu'il m'annonçait la mort de mon frère, mais non, il voulait des renforts contre les sauvageons. Après une légère pause, elle vint à se retourner pour observer le visage de son amie. Le renfort que je pourrais lui envoyer au mur serait Humfrey, s'il gère mal Montargent en mon absence. Malheureusement, mes enfants sont encore jeunes, ils ne se souviendront pas de lui et seraient bien capables de l’idolâtrer.

La réponse de sa meilleure amie fit sourire Alyx, il était vrai que pour elle aussi, il n’y avait pas meilleure compagnie que le paon d’argent pour changer d’année et passer en l’an 302. Son époux était de bonne compagnie mais elle ne pouvait avoir les mêmes conversations qu’avec Azilys. Les deux femmes se comprenaient et avaient le même esprit aiguisé. Ce qui était loin d’être le cas pour Daven, il n’était certes pas un simple d’esprit mais il ne voyait pas les choses sous le même angle. Il les voyait avec un regard de guerrier, de chevalier et non pas avec les yeux d’un personnage politique. Une erreur pour un émissaire mais sa nomination était une erreur aux yeux de l’héritière de la Dent d’Or. Mais elle ne disait rien car c’était leur Lord Suzerain qui avait pris cette décision et ils ne pouvaient rien refuser au Vieux Lion.

La question d’Azilys força Alyx à réfléchir, à se souvenir. Mais elle avait été trop jeune. Elle n’était pas une enfant de l’été mais presque. Il était fort probablement que le dernier hiver soit en lien avec la mort de sa mère, mais elle ne pouvait l’affirmer ou l’infirmer. Elle se souvenait de cet évènement marquant dans sa vie de petite fille mais se rappeler de reste quand une telle chose était parvenue était compliqué pour l’esprit d’un enfant. La jeune femme secoua la tête à la négative.
« Je n’ai aucune souvenir, j’étais probablement trop jeune pour remarquer quoique ce soit. Je vais probablement découvrir ce qu’est vraiment l’hiver cette année. Comme ceux qu’on nomme les enfants de l’été. »

Mais l’hiver n’apportait pas que le froid et la neige à Westeros. Il y avait les vieilles histoires qui ressortaient, des histoires effrayantes sur des légendes oubliées et menaçant le monde des hommes. Etait-ce bien sérieux ? Alyx en doutait, pour elle le Mur au Nord de leur continent n’était là que pour protéger le monde civilisé du monde sauvage, d’un monde où aucun château ne se construit, ou la loi du plus fort règne, ou celui n’ayant pas le physique pour se nourrir et vivre finit par mourir. Les corbeaux reçus par la garde de nuit demandaient des renforts. Certains envoyaient des prisonniers, d’autres des vivres ou des armes et certains pensant que ce n’était rien d’important, ignorait simplement la lettre du Lord Commandant. Mais pour Azilys la garde de nuit avait désormais une autre signification. Elle était le refuge d’un homme lui ayant voler sa vengeance, un homme lâche ayant fui.
« C’est un risque oui, bien que je doute fortement de cela. S’ils deviennent de fiers paons à ton image, il n’y a aucune raison qu’ils idolâtrent un idiot, que ce soit leur géniteur ou non. L’absence d’un parent n’entraîne pas forcément une idolatration. Et tout dépend de ce que tu leur dis à propos de leur père. Loin de moi l’idée de t’encourager sur cette voie bien sur…mais…si un jour ta patiente atteint ses limites… »

Un léger sourire amusé étirait les lèvres d’Alyx. Elle n’encourageait nullement son amie à envoyer son époux au Mur, même si elle trouvait Humfrey idiot il possédait quelques qualités indéniables. Il aimait ses enfants et souhaitait protéger sa famille. Deux qualités qu’elle ne pouvait pas lui retirer malgré toute l’antipathie qu’elle lui portait.
« Sinon, comment tu t’en sors avec Alyzea ? »

Il était rare qu'elle évoque Tybolt. C'était le sujet épineux qui faisait toujours mal, elle avait beau avoir entamé une nouvelle étape de sa vie, elle n'oublierait jamais ce qu'il lui avait fait et surtout qu'elle n'avait pas obtenu vengeance pour ses actions. Le mur, l'hiver, rien que ces mots venaient à lui faire penser à son frère, même le froid ne l'avait pas tué, il semblait immortel encore plus depuis qu'il était hors de porter. Finalement, elle évoqua l'idée d'y envoyer son époux, après tout, lui aussi se retrouvait plein d'honneur, cette place lui conviendrait totalement, mais s'imaginer qu'il deviendrait un héros pour ses enfants serait insupportable. Il fallait bien mieux qu'ils voient de leurs yeux ce qu'était leur père et malheureusement pour elle, c'était un père aimant, et non un père comme avait été Albéric avec ses enfants.

« C’est un risque oui, bien que je doute fortement de cela. S’ils deviennent de fiers paons à ton image, il n’y a aucune raison qu’ils idolâtrent un idiot, que ce soit leur géniteur ou non. L’absence d’un parent n’entraîne pas forcément une idolatration. Et tout dépend de ce que tu leur dis à propos de leur père. Loin de moi l’idée de t’encourager sur cette voie bien sur…mais…si un jour ta patiente atteint ses limites… »

Répondant au sourire de son amie, son regard était empli de malice. Même si elle n'irait sûrement jamais jusque-là, cela lui faisait simplement du bien de l'envisager. Venait s'installer en fin de son amie, Alyx vint à lui poser une question qui lui permettrait de venir à parler du service qu'elle aimerait obtenir de sa part : 

« Sinon, comment tu t’en sors avec Alyzea ? »

C'était la première fois qu'elle allait le dire à voix haute, en même temps, il lui était impossible d'évoquer ceci avec Humfrey. Si depuis sa fausse-couche, dont il ignorait l'existence, ils s'étaient éloignés, Alyzéa les divisait encore plus.

- Elle marche de mieux en mieux. C'est une enfant souriante, calme...quand je... Elle n'entendra sûrement jamais, n'apprendra pas à parler, enfin, c'est ce que dit mon Mestre. Humfrey l'a très mal pris, mais je pense qu'il dit vrai, cela expliquerait qu'Albion paraisse si en avance contrairement à elle.

Oui, pour finir, elle avait dit la vérité sans tourner autour du pot. C'était déjà assez difficile de l'avouer, même si elle avait été préparée dès l'accouchement que sa fille soit différente. Au moins, la fille d'Alyx semblait être une enfant en pleine forme et elle en était heureuse pour elle, mais après tout, elle-même avait deux enfants en bonne santé, mais c'était comme ci, l'état d'Alyzéa surpassait tout le reste.

- Il est étrange de se dire que notre suzerain méprise son héritier de par sa différence, alors que moi, c'est la différence de ma fille qui m'a fait sentir être mère. Albion est celui qui répondra à toutes mes aspirations, qui se devra d'être le seigneur de Montargent, Luciana sera une véritable femme de l'Ouest, et même si j'aspire au bonheur de tous mes enfants, je le souhaite encore plus pour Alyzéa. Je n'arrive même pas à imaginer un futur pour elle a part rester l'ombre de son frère, pourtant, je veux qu'elle brille comme tous les paons se doivent de le faire ! 

Se redressant légèrement, elle croisa le regard de son amie, une part d'elle ne voulait pas l'embêter surtout qu'elle venait d'être mère et c'était lui imposer des risques de voir son enfant différent, mais à la fois, elle savait que dans le cas inverse, elle aiderait Alyx sans la moindre hésitation : 

- J'aurais pu venir ici sans les jumeaux, mais j'avais dans l'idée qu'une fois que tu serais remise de ton accouchement, on pourrait tester si Alyzéa ne peut véritablement pas nous entendre...je ne pouvais demander ce service qu'à toi !

Alyx hocha la tête doucement. Reconnaître et avouer que son enfant était différent étaient compliqué. Et certaines différences plus visibles que d’autres. Alyzea avait la chance que son petit problème ne se voie pas au premier regard car ne n’était pas physique à proprement parler. C’était probablement plus aisé à accepter ainsi. Mais certains parents ne l’acceptaient jamais. Visiblement Humfrey faisait partie de ses parents qui refusaient de se rendre à l’évidence. Azilys semblait mieux le prendre, elle semblait même plus proche de sa fille que d’Albion bien que l’héritière de la Dent d’Or sentait que son amie aimait profondément chacun de ses enfants. Ce genre de problème était pourtant réellement handicapant dans le monde dans lequel elles vivaient. La Lefford le reconnaissait, elle pouvait se faire un jugement hâtif à cause d’une différence de ce genre. Mais connaissant l’enfant depuis sa naissance, l’avis de la jeune femme était relativement bienveillant envers la petite. Elle n’était toujours pas friande de la compagnie des jeunes enfants, elle passait elle-même très peu de temps avec sa propre fille, mais elle ne les fuyait pas et les accueillait avec autant de bienveillance dont elle était capable.
« Il est parfois compliqué pour certains parents de se rendre à l’évidence. Je suis quasiment sur que Daven réagirait comme Humfrey. »

Alyx sentait tout l’amour de son amie pour sa fille et tout son désir de la protéger de la dure loi qui régnait en dehors des murs de Montargent. Ce sentiment de protection, elle pouvait le comprendre. Erena avait le sang des Lefford et la jeune mère ne tolérerait pas que quelqu’un ne touche à un seul cheveu de sa fille. Elle était peut-être dénuée d’instinct maternelle mais pas du sens du mot famille. Elle protégerait son enfant envers contre tout, non par pure amour mais parce qu’elle portait le nom des Lefford.
« Nous sommes tous différents face aux différences des enfants. Alyzea ne présente aucune difformité physique, son problème est bien plus discret que le fils de Lord Tywin. Beaucoup de parents méprisent l’enfant difforme, personne ne veut un nain dans sa famille. L’image que cela donne n’est pas glorifiante. Lord Tywin a probablement vue une ombre et une faiblesse pour les Lannister lors de la naissance de Tyrion. Et nous connaissons notre suzerain, quand il se sent menacé, il ne fait pas dans sentimentalisme. Les hommes n’ont de toute façon pas le même rapport que nous avec les enfants. »

Bien que dans son propre cas, Daven était bien plus aimant et protecteur qu’elle sur Erena. Mais cela lui allait très bien, elle pouvait se consacrer à d’autres choses plus importante à ses yeux comme la gestion de la Dent d’Or en l’absence de son père. Bien que le mestre et les intendants fassent leur devoir correctement, Alyx préférait garder un œil dessus. Depuis une semaine, la jeune femme était bien moins présente dans la gestion mais dès qu’elle se sentirait plus en forme, elle reprendrait les choses en main et ferait en sorte que tout soit en ordre avant que son père ne rentre de Lestival.
Alyx répondit avec un léger sourire à son amie.
« Ça ne me dérange absolument pas, tu as bien fait. Et je suis sure que mon mestre pourra également confirmer tes doutes. Humfrey remettrait-il en doute la parole de deux mestres et la mienne ? »

Les Lefford n’avaient rien à gagner à déclarer qu’Alyzea ne pouvait pas entendre et que par conséquent qu’elle serait aphasique. Leur neutralité pouvait jouer en leur faveur à ce sujet pour convaincre l’époux du paon d’argent.

Il n'était chose si aisé de demander de l'aide, mais elle savait qu'elle pouvait le faire auprès d'Alyx. Elle lui vouait une confiance entière et savait que si le verdict de son mestre se révélait véridique, elle serait présente pour la soutenir et l'aider à trouver des pistes pour donner une vie qu'une Serrett méritait, malgré le handicap qui sera le sien. Humfrey n'était sûrement pas encore prêt à envisager une vie différente pour Alyzéa, mais Azilys, elle avait besoin de savoir, mais surtout de prévoir, elle avait besoin de suivre une ligne directive, de ne pas laisser sa fille de côté par la simple raison qu'elle était différente et ne se retrouverait pas dans l'éducation de son frère et sa soeur.

« Ça ne me dérange absolument pas, tu as bien fait. Et je suis sure que mon mestre pourra également confirmer tes doutes. Humfrey remettrait-il en doute la parole de deux mestres et la mienne ? »

Un soulagement l'avait parcouru, même si elle savait qu'Alyx ne lui aurait rien refusé. Quand son amie vint à évoquer Humfrey et le faite de ne pas remettre en doute, les paroles de plusieurs personnes, elle leva les yeux au ciel. Comme souvent, elle venait à voir une comparaison en tête et ne put s'empêcher de la souffler à sa soeur de coeur :

- Un coq n'entend pas souvent raison, quand le jour se lève, il viendra toujours a sortir son cri strident bien inutile ! Mais oui, je vais avoir l'espoir qu'il ne reste pas buter à ce sujet surtout si d'autres rejoignent l'avis de mon mestre ! Se levant, elle alla ouvrir la porte et arrêta une servante : Dites à ma nourrice que je souhaite voir dame Alyzéa ! 

Elle laissa la porte entre ouverte, en l'attente de sa nourrice et vint se réinstaller face à son amie. Devoir tester son enfant lui procurait des noeuds d'estomac, comme si, tout le destin de sa fille se jouait en cet instant, alors que les dés s'étaient joués au jour de sa naissance. En l'attente de l'arrivée, elle vint à interroger son amie, à propos du nouveau père des lieux :

- Dis-moi, comment s'en sort ton lion avec la paternité ?

Azilys se souvenait très bien de l'effet de la fausse-couche sur Daven, il ne serait en rien étonnant qu'il soit un père protecteur envers sa fille unique, mais elle préférait l'apprendre de la bouche de la Lefford. Finalement, la porte vint à s'ouvrir et ce fut son fils qui apparut le premier, il avança directement vers sa mère et fit une révérence bien loin d'être parfaite pour Alyx, tout en la saluant. Azilys commençait déjà son éducation, malgré son jeune âge, il se devait de briller comme un Paon. En arrière-plan, se trouvait la nourrice qui tenait Alyzéa dans ses bras. Se levant, elle alla prendre sa fille et annonça :

- Nous tenons à être seule avec Alyzéa. Voyant le regard de son fils changer, elle lui annonça : Vous pouvez aller jouer avec votre nourrice, je vous accorde même un petit temps pour courir si vous le souhaitez.

Elle remarqua bien son hésitation, son regard insistant posé sur sa jumelle. Azilys pouvait le comprendre, elle savait ce qu'était vivre avec son double et comment il était difficile de s'en séparer, mais elle ne pouvait pas tester Alyzéa avec Albion dans la même pièce, son fils savait communiquer avec sa soeur sans dire un mot et cela fausserait tout. La nourrice vint à lui prendre la main et il se décida, sans dire mot, de la suivre. Finalement, elle posa sa fille au sol, celle-ci observait la pièce qu'elle n'avait jamais vue auparavant, le regard d'Azilys, lui se plongea dans celui d'Alyx : 

- Qu'est-ce qu'on peut faire pour tester son ouïe ?

Il était vrai que les coqs pouvaient se montrer entêtés et irréfléchis. On pouvait passer de nuit avec une torche pour illuminer le chemin, ce dernier pouvait se réveiller et se mettre à chanter alors que le soleil n’était pas encore levé. Alyx poussa un léger soupire, elle remettait cela entre les mains des Sept pour faire entendre raison au père de la fillette et ne pas rester aveugle à une évidence. Azilys demanda donc à ce qu’on lui amène son enfant afin que la Lefford puisse constater de ce détail qui serait surement un handicap tout du long de la vie de l’enfant. La petite Alyzéa devrait avoir le soutien de ses parents dans cette épreuve que la vie et les dieux lui infligeraient quotidiennement. Elle ne pourrait en ressortir que plus forte face au monde, mais si son père ne la soutenait pas et n’acceptait pas… Alyx avait du mal à le concevoir. Quand elle voyait la relation avec son propre père, elle ne pouvait pas comprendre. Si la jeune femme avait besoin du soutien du seigneur de la Dent d’Or, elle savait qu’elle l’aurait. Qu’il soit déçue, fière ou autre sentiment à son encontre, il ne l’a laisserait pas seule face à son sort car il en était de son devoir de père, devoir qu’il avait toujours honoré de la meilleure façon qu’il soit.
« Et bien prions pour que les Sept lui montre le chemin de la raison. »

En attendant que l’enfant n’arrive, Azilys lui demanda comment Daven s’en sortait avec Erena. Le lion agissait exactement comme elle s’y était attendue, protecteur et aimant envers son enfant. Il n’était pas déçu que ce soit une petite fille, il semblait fier d’être la père de cette enfant. Il l’a considéré surement comme une lionne, Alyx devrait rapidement éteindre ses ardeurs d’en faire une Lannister. Elle était pour l’heure son héritière, une Lefford avec ses cheveux bruns et ses yeux verts. Elle ressemblait bien trop à sa mère physiquement pour être considéré comme une Lannister par le reste de la région et c’était un soulagement.
« Mieux que moi avec la maternité. Il agit comme je pouvais m’y attendre. Je pourrais presque dire qu’il est amoureux d’elle tellement il la couve du regard. Il risque de vouloir m’en faire une petite lionne, ce qui est hors de question, mais pour le moment je n’ai guère la force de m’y atteler. »

Elle se fatiguait vite depuis son accouchement. Son corps reprenait des proportions plus gracieuse mais l’accouchement lui avait demandé beaucoup d’énergie et après dix lunes à porter son enfant, ce dernier réclamait du repos avant de reprendre un rythme normal. Cela n’arrangeait pas Alyx qui devait tenir la Dent d’Or en l’absence de son père. Il serait déçu d’avoir une petite fille alors elle voulait lui éviter la déception d’avoir mal gérer leur fief en son absence. Le mestre n’était pas forcément d’accord à ce que l’héritière des Lefford se replonge dans les affaires seigneuriales mais elle était implacable. Elle acceptait déjà de faire de trop nombreuses pauses à son gout, alors il ne pouvait l’empêcher de faire son devoir.

Les jumeaux arrivèrent, Albion plein d’énergie s’approcha de sa mère et quand il vit Alyx, il fit une révérence maladroite mais que la jeune femme ne lui tint pas rigueur du fait de son jeune âge. Elle lui répondit avec un léger mouvement de tête. Azilys alla prendre sa fille dans ses bras et demanda à son fils de les laisser. La Lefford vit bien que cela n’enchantait pas le garçon d’être séparé de sa sœur. La relation qui les unissait était particulière. Elle savait que son amie en avait eu une semblable avec Aliénor quand elle était encore parmi eux. Le garçon finit par sortir avec l’autorisation d’aller se dégourdir les jambes, laissant les deux femmes seules avec la petite. Azilys posa sa fille par terre qui regardait les lieux avec ses grands yeux bleus tandis que sa mère demandait à son amie comme elle pourrait faire. Un léger sourire étira les lèvres de la Lefford, qui repoussa ses couvertures pour se lever. Elle garda cependant un châle en laine sur ses épaules qu’elle resserra autour d’elle.
« Iago ! » Appela-t-elle

Le lynx des fumées qui dormait au coin du feu, releva la tête pour observer sa maîtresse sans comprendre pourquoi elle l’appelait.
« Viens ici ! »

Paresseusement, le félin se leva pour s’approcher d’Alyx. Il aurait préféré rester dormir au coin du feu plutôt que de se lever. La jeune femme glissa ses doigts dans le pelage dru et épais de son lynx. Il avait grandi et avait une taille d’adulte quasiment. Il n’avait plus rien avoir avec le petit bébé faible qu’elle avait récupéré dans le Bief. Il s’était toujours montré reconnaissant envers elle pour l’avoir sauvé de son triste sort, il n’avait jamais eu une action dangereuse envers elle, c’était même plutôt l’inverse. Il se montrait méfiant des étrangers qui rencontraient Alyx.
« Couche-toi là… » Lui chuchota-t-elle.

Elle appuya légèrement sur le flanc du gros chat et ce dernier se vautra à ses pieds en ronronnant laissant Alyx pousser un soupir d’exaspération. Elle le caressa rapidement et releva la tête vers Azilys.
« Je te propose que j’essaie de converser son attention avec Iago et tu te mets derrière et essaie d’attirer son attention en l’appelant ? Je veillerais à ce qu’il reste calme et qu’elle s’en approche pas trop. »

Si la fillette était curieuse du lynx au poil noir et rayure blanche, Alyx réussirait à attirer son attention. Elle veillerait à ce que l’animal ne fasse rien à l’enfant, mais vu la flegme qu’avait l’animal aujourd’hui, elle doutait qu’Alyzéa attira l’intérêt du félin mais elle préférait rester prudente. Il pouvait avoir une réaction non voulu et cela signerait son arrêt de mort car tel était la condition pour la jeune femme de le garder à ses côtés. Qu’il ne montre aucun signe d’agressivité à son encontre. Et Alyx étendait cela aux invités de passage à la Dent d’Or.

Pour son nom, pour son sang, pour son fief, Azilys se battait. C'était la raison qui la poussait à vouloir être certaine de l'état de santé de sa fille, elle avait besoin de se projeter et de se préparer à ce qui serait la vie de son enfant et surtout les impacts que cela pourrait avoir sur la maison Serrett. Le seigneur aimait ses enfants d'un amour fort, même si en soit, elle n'était pas la femme qui passait le plus de temps avec eux, elle restait leur mère et ils représentaient l'avenir de Montargent. Se trouvant derrière sa petite fille, Azilys recommandait l'aide de sa soeur de coeur. Comment réussir à tester son ouïe, oui le paon d'argent n'avait pas forcément d'idée pour le faire. Il était certains qu'elle avait repéré à plusieurs reprises que sa fille n'avait pas de réaction, mais d'autres fois, elle réagissait et sans l'expliquer pourquoi, quand elle le faisait, cela donnait toujours le sourire à sa mère, il y avait tant de sentiments rien que dans son regard. Jamais, elle ne pourrait faire d'Alyzéa une manipulatrice vue tout ce qui ressortait de ses yeux.

« Iago ! Viens ici ! »

À son arrivée, elle n'avait pas remarqué la présence de l'animal, qui avait bien grandi depuis la première fois qu'elle l'avait vu. Comment l'oublier alors qu'il s'agissait du moment ou elle s'était uni à Humfrey. La petite ne remarqua pas de suite l'animal, juste au moment où le lynx de fumée s'approcha d'Alyx.

« Couche-toi là… »

Alyzéa n'eut pas le réflexe de s'approcher directement, pour le plus grand soulagement d'Azilys. Elle ne saurait pas l'expliquer, mais même si elle savait que son amie avait un contrôle sur l'animal, il restait un animal qui pouvait être imprévisible donc un danger pour sa fille. 

« Je te propose que j’essaie de converser son attention avec Iago et tu te mets derrière et essaie d’attirer son attention en l’appelant ? Je veillerais à ce qu’il reste calme et qu’elle s’en approche pas trop. »

Son regard passa de sa fille, qui ne quittait pas l'animal des yeux et de l'animal. Elle ne pouvait pas voir l'expression de visage de son enfant, mais elle la connaissait assez pour savoir que celle-ci devait s'émerveiller devant Iago, sans oser l'approcher. Soufflant un coup, elle répondit :

- D'accord !

Là, elle recula de quelques pas, pour se retrouver à une certaine distance. Sa fille avait osé s'approcher davantage vers Alyx, mais en gardant une distance prudence avec l'animal. Ce fut à ce moment-là que la Serrett décida d'agir : 

- Alyzéa... Alyzéa regardez vers moi... Sans même s'en remarquer, sa voix devenait de plus en plus suppliante qu'elle puisse l'entendre. S'il vous plaît, Alyzéa...

Mais rien, l'enfant n'eut aucune réaction vers elle, même quand, elle décida de frapper des mains assez fortement, Alyzéa resta concentré que sur l'animal. Là, elle réalisa qu'entre une possibilité et la véritable vérité, il y avait une grande différence. Même, si elle n'allait pas pleurer, des larmes vinrent à se nicher dans ses yeux. Elle s'approcha rapidement de sa fille pour la rejoindre et celle-ci fut prise d'un sursaut quand Azilys vint à se mettre à sa hauteur. Puis la surprise fut remplacée par un grand sourire joyeux, Alyzéa vint à montrer Iago à sa mère, elle semblait heureuse. 

- Elle ne doit même pas connaître le nom qui est le sien. Serrant davantage sa fille contre elle. Qu'est-ce qu'elle va devenir ? 

Azilys accepta sa proposition, la petite fille semblait intrigué par le félin mais restait à une distante raisonnable, méfiante. Le félin était devenu impressionnant en taille, presque à taille adulte. Iago n’était heureusement pas trop intéressé par l’enfant, préférant ronronner bruyamment sous les caresses de sa maîtresse qui maintenant l’attention d’Alyzéa sur le lynx. Elle continua même quand son amie commença à appeler sa fille, cherchant à attirer son attention. La petite Serrett resta concentré sur l’animal, ne bougeant pas d’un iota. Ses yeux bleus restant rivé sur le pelage sombre du lynx. Alyx sentait à la voix de son amie, qu’elle espérait encore vainement une réaction de son enfant, de déjouer les dieux et de rejeter l’évidence même si elle semblait l’avoir accepté. Certains disaient que l’espoir faisait vivre mais en réalité il donnait de fausse espérance et la chute derrière n’en devenait que plus rude. La Lefford se mit dans une bulle, afin de ne pas laisser ses sentiments envers Azilys l’atteindre car cela lui serrait le cœur de voir son amie ainsi. Alors elle resta hermétique continuant de veiller à ce que l’enfant reste concentré sur le lynx.

La dame de Montargent frappa dans ses mains de façon forte pour attirer l’attention de sa fille. Alyzéa ne broncha pas, ce fut Iago qui sursauta face à ce bruit soudain. Le lynx se redressa et Alyx le força rapidement à se remettre dans sa position coucher afin d’éviter tout accident. Mais désormais c’était une évidence. Alyzea n’entendait rien, ni le son de la voix de sa mère, ni claquement, peut-être ne sentait-elle les vibrations mais c’était encore trop tôt pour le savoir et visiblement l’enfant ne faisait pas attention à ce genre de détail car quand sa mère s’approcha, elle sursauta quand cette dernière arriva à sa hauteur et apparu dans son champ de vision. Mais étant encore insouciante et innocente, la petite sourit en désignant l’animal heureuse.

La constatation était accablante, Alyx n’avait pas de mot pour réconforter son amie. Elle n’avait jamais été douée pour ce genre de chose. Elle était plus à l’aise à la remotiver, à lui donner une vision pour l’avenir.
« Elle finira par le connaître. Ne pas entendre n’est pas une fin en soit, cela n’enlève rien sa vivacité d’esprit et son intelligence. Elle le verra écrit et apprendra à lire, à écrire. Elle finira par connaître son prénom à défaut de pouvoir l’entendre un jour. »

La petite Serrett avait au moins l’avantage de ne pas avoir quelque chose de physique. Elle pouvait aisément passer pour une dame tout à fait normale.
« Tu trouveras des moyens pour communiquer avec elle, et je suis sure qu’elle deviendra ce que tu as envie qu’elle devienne. Si tu désires qu’elle reste aux côtés d’Albion à Montargent pour l’aider, le conseiller et le soutenir car tu as pas peur que le monde la rejette, elle le deviendra. Si son destin est d’épouser un héritier ou un seigneur elle l’épousera car c’est une Serrett, et qu’elle portera fièrement ton nom. Sourde ou non. Ne baisse pas les bras. Tu sais désormais ce don elle souffre et tu peux agir en conséquence. Cela t’offre une infinité de possibilité pour son avenir de le savoir réellement. »

L'espoir était toujours resté nicher dans son coeur, il ne s'était jamais éteint jusqu'à ce moment fatidique. Le mestre avait raison, il n'y avait plus aucun doute, Azilys en avait fait l'expérience de ses yeux, sa fille ainée n'entendrait jamais. Un petit instant, elle eut l'impression d'être emportée dans une crevasse, mais très vite, le Paon d'argent s'était ressaisi et pour ce faire, elle s'était précipité sur Alyzéa, ayant ressenti ce besoin de l'avoir contre elle, de créer un lien que le temps ne pourrait pas défaire. Là, il paraissait évident qu'Azilys agissait comme une mère, cet instinct maternel qu'elle ne pensait pas avoir réellement beaucoup développer, venait de lui exploser au visage. Ils étaient ses enfants, et comme elle l'avait fait pour Aliénor et Lucian, elles les protégeraient n'importe serait le prix à payer.

L'espoir fut remplacé par le doute. Qu'allait devenir son enfant ? Azilys n'arrivait pas à savoir, tout cela s'échappait de son contrôle et elle détestait ce sentiment. Alyzéa, elle, semblait heureuse, son sourire lui rappelait tellement celui de sa jumelle. Deux âmes innocentes.

« Elle finira par le connaître. Ne pas entendre n’est pas une fin en soit, cela n’enlève rien sa vivacité d’esprit et son intelligence. Elle le verra écrit et apprendra à lire, à écrire. Elle finira par connaître son prénom à défaut de pouvoir l’entendre un jour. »

Plongeant son regard dans celui de sa soeur de coeur, ses paroles lui permettaient de diminuer ses doutes. Oui, à présent, elle espérait que sa fille serait intelligente et qu'elle arrive à communiquer différemment.

« Tu trouveras des moyens pour communiquer avec elle, et je suis sure qu’elle deviendra ce que tu as envie qu’elle devienne. Si tu désires qu’elle reste aux côtés d’Albion à Montargent pour l’aider, le conseiller et le soutenir car tu as pas peur que le monde la rejette, elle le deviendra. Si son destin est d’épouser un héritier ou un seigneur elle l’épousera car c’est une Serrett, et qu’elle portera fièrement ton nom. Sourde ou non. Ne baisse pas les bras. Tu sais désormais ce don elle souffre et tu peux agir en conséquence. Cela t’offre une infinité de possibilité pour son avenir de le savoir réellement. »

Un sourire vint éclairer son visage, toujours sous l'emprise de l'inquiétude. Venant attraper la main de son amie, elle la serra dans la sienne et lui souffla : 

- Comme toujours, tu as raison !

Il n'y avait qu'Alyx qui arrivait à la remettre sur pied et reprendre du poil de la bête. Oui, elle était sa force intérieure, celle qui la poussait toujours à aller plus loin et à ne pas baisser les bras. Sans elle, Azilys était incapable de concevoir ce qu'aurait pu être sa vie. Elle avait perdu Aliénor qui lui apportait sa douceur et son calme, mais Alyx lui apportait la force et le courage. Finalement, elle vint à ajouter en lâchant la main de la Lefford : 

- Quand je la vois avec Albion, elle semble être une fillette normale, leur lien me paraît si fort. Cela me fait penser à ma soeur et moi. J'ignore de quoi sera fait l'avenir d'Alyzéa, mais je me fais la promesse d'en parler avec mes enfants, je ne veux pas qu'ils vivent ce que j'ai vécu.

Elle était devenue une meurtrière pour le bien de sa soeur, mettant fin à la vie de son père, certes déjà très affaibli par la maladie, mais encore capable de donner des ordres. Pourtant, elle n'avait jamais ressenti aucun regret à ce geste, même si elle avait compris à présent, que derrière son masque de froideur, son père l'avait modelé à son image depuis son plus jeune âge. En tout cas, avant toute décision pour les jumeaux, elle verrait avec eux, car elle sequ'était de vivre avec une personne qui partageait son âme. Baissant les yeux vers son enfant, elle lui caresse ses cheveux et avoua d'une voix lointaine :

- Je n'ai pas osé te l'écrire par lettre et j'en ai jamais parlé. Il n'y a que mon Mestre et ma suivante qui sont au courant. Luciana aurait dû avoir un jumeau. Je l'ai perdu au début de ma grossesse. Elle sera seule alors qu'ils étaient deux.

Une confidence qui semblait sortir de nulle part, mais qui semblait avoir besoin de sortir à ce moment précis. Elle ne se cachait rien et ce secret devait être dévoilé.

Les mots de l’héritière de la Dent d’Or avait su trouver leur chemin dans le cœur du paon d’argent et lui avait redonné force et confiance. La relation des deux amies étaient fortes en partie grâce à cela, elles savaient quels mots utilisés pour l’autre. Quand il y avait besoin de réconfort, de retrouver de la vigueur et de la prestance et quand elles mettaient leur esprit en commun pour comploter. Elles étaient redoutables. Elles n’étaient pas jumelles, Alyx ne remplacerait jamais Alienor mais elle avait une complicité avec Azilys qui était à toute épreuve depuis plusieurs années. Alors sentir la Serrett reprendre un peu de prestance, fit sourire la nouvelle mère.
« Je suis sûr que tu réussiras ce que tu désires avec eux et qu’ils seront redoutables le temps venu. »

La jeune femme se rassit dans son fauteuil, recouvrant ses épaules du plaid qu’elle avait délaissé quelques minutes plutôt pour aider son amie à savoir si Alyzéa pouvait entendre ou non. Iago se redressa, sentant que sa maîtresse ne lui accordait plus d’attention. Il se leva et retourna près de l’âtre mollement, mais gardant ses yeux rivés vers les femmes présentes dans la pièce, veillant de loin à ce que rien ne vienne s’en prendre à Alyx.

La révélation de son amie laissant la Lefford sans voix. Elle resta un instant interdit, assimilant l’information. Elle ignorait qu’il était possible de perdre un enfant sans perdre les deux. Leur expérience en terme de perte était complètement différente. La brune avait failli y laisser sa vie lors de sa première grossesse et son amie n’avait visiblement pas trop souffert de la perte du jumeau de sa petite dernière.
« Je suis navrée de l’apprendre. Comment est-ce possible ? Ton mestre a une explication à cela ? »

Sans parler du fait que son ami semblait fait pour ne donner naissance qu’à des jumeaux. Mettre un seul enfant au monde était déjà suffisamment éprouvant mais alors deux…Alyx n’osait l’imaginer et priait les Sept que cela ne lui arrive jamais. Heureusement pour elle, du côté de Daven il n’y avait pas de jumeaux, et de son côté à elle non plus. Cela réduisait fortement les chances de grossesses gémellaires.
« Tu penses que Lucianna ressentira un manque ou une absence de ce frère qu’elle n’a pas eu ? »

Le lien entre les jumeaux était fort, mais dans le cas de la fille de son amie, est-ce que les choses étaient similaires ? La petite ne grandirait pas en compagnie de sa moitié. Mais certains choses dépassaient la logique de l’entendement.

Le sentiment de la perte, elle le connaissait bien. Ce sentiment qui semblait la suivre depuis si longtemps qu'elle pouvait se souvenir. Comment aimer tout en sachant qu'il était si facile d'en souffrir et surtout de perdre l'être aimé ?! Azilys pensait avoir réussi à mettre des barrières à son coeur, mais malgré ce qui pouvait se dire de sa personne, elle était capable d'amour et il se révélait qu'elle aimait ses enfants, même si elle avait longtemps réussi à se le cacher à elle-même. Était-ce pour cela qu'elle n'avait rien révéler de sa fausse-couche ? Certes, elle n'oubliait la souffrance, cette impression que son corps se retournait contre elle, mais pourquoi cacher cette dernière perte ? Simplement, dans son esprit, ceci était arrivé, car elle s'était attachée à son époux et tout comme, elle se laissait aller au sentiment envers un homme, elle venait à en souffrir. Azilys était décidée à ne plus se laisser prendre par ce piège et elle avait réussi à éloigner Humfrey d'elle. Luciana fut son arme pour l'achever, prétendant qu'elle ne s'était rapproché de lui, que pour concevoir un nouvel enfant et qu'il avait été plus plaisant de le faire, en jouant avec lui. Un mensonge pour sûr, mais un mensonge pour se protéger de toute future souffrance. Un fait dont elle ressenti le besoin d'en parler à Alyx. Elle avait beau ne jamais en parler, pensant même avoir évincé cet épisode de sa vie, il semblait que sa fausse-couche soit toujours bel et bien présente dans son esprit.

« Je suis navrée de l’apprendre. Comment est-ce possible ? Ton mestre a une explication à cela ? »

Pour dire vrai, lors de sa fausse-couche, elle n'avait guère échangé avec son mestre, lui faisant simplement jurer de ne jamais rien révéler de ce qu'il venait d'arriver. Ce fut qu'au moment de voir qu'elle montrait toujours les signes d'une grossesse, qu'il tenta de lui expliquer ce qui était arriver. Azilys n'avait pas forcément tout compris, mais elle tenta d'expliquer ce qu'elle avait saisi à son amie : 

- Il m'a parlé de poche, qu'à certains accouchements des jumeaux sont dans le même, mais qu'il pouvait y avoir une poche aussi pour chaque enfant. Il pense que je n'ai perdu qu'une de ces poches et l'autre, malgré tout ce qui se passait dans mon corps est resté en place... J'avoue que je n'ai pas tout compris, tout ce que je sais, c'est que je pensais avoir perdu l'enfant et alors que je n'avais pas de nouveau partagé la couche avec mon époux, mon corps continuait à changer.

Si la venue des jumeaux avait lié davantage les époux avec le temps, la naissance de Luciana n'avait fait que les éloigner. Elle était encore bien petite et Azilys savait qu'elle la retrouverait bien grandie à son retour, mais Luciana était entre de bonne-main.

« Tu penses que Luciana ressentira un manque ou une absence de ce frère qu’elle n’a pas eu ? »

Ce lien si précieux d'un être qui a tout partagé avec soi, depuis la conception. Un lien qu'Azilys pouvait comprendre, comme le fait, d'en ressentir le manque. D'un souffle, son regard se posa sur son ainée, toujours aussi souriante, qui semblait savourer de se trouver dans les bras de sa mère. Lui souriant à son tour, elle répondit : 

- J'espère que non. De toute manière, Humfrey l'ignore et pour que cela reste ainsi, Luciana devra l'ignorer aussi. Si un manque, elle ressent, malheureusement, elle ne pourra jamais le comprendre, mais Luciana est une Serrett...

Arrêtant sa phrase, son regard se leva envers son amie. La force de leurs familles, elles le gardaient bien en elle. Autant Alyx qu'Azilys avaient traversés des épreuves, mais jamais elles n'avaient été vaincus. 

- N'importe les épreuves qu'on a traversées, on a toujours réussi à la surmonter, à être des survivantes. Nos filles seront de la même trempe que nous. Azilys mettrait toute en œuvre pour que cela soit le cas avec ses filles. Si les fils sont les héritiers des terres et du nom, ce sont nos filles, nos véritables héritières, celle à qui on pourra enseigner toutes les ficelles de comment survivre dans un monde gouverné par les hommes. 

La Lefford et la Serrett avaient leurs héritières, peut-être pas de leur fief, mais en tout cas, des héritières qui seraient à l'image de leurs mères.

Alyx écouta son amie expliquer ce qui s’était passé. Visiblement ce genre d’évènement était possible mais pas courant. L’héritière de la Dent d’Or n’était même pas au courant qu’il était possible de perdre un enfant et pas l’autre quand des jumeaux se faisaient attendre. Mais cela avait été le cas pour Azilys. Cela avait dû être plus que perturbant de voir son corps continuer de prendre les formes liées à la grossesse tout en pensant avoir perdu son enfant. Peut-être que c’était un miracle, un signe de la mère. La petite Lucianna était peut-être dans la bonne grâce des Sept et dans ce monde ce n’était pas négociable. Car ils se détournaient si facilement de vous, et retrouver leur bénédiction n’était pas chose aisé. Ils punissaient plus qu’ils ne bénissaient. Cruels mais cela rappelait aux hommes qu’ils n’étaient pas si puissants qu’ils le pensaient. Cela permettait d’apprendre l’humilité à certains.
« Un cadeau des sept que Lucianna se soit accroché et ait pu continuer à sa développer. »

Humfrey ignorait tout et vu le caractère de l’homme, la relation du couple c’était probablement mieux ainsi. Alyx ne savait pas ce qu’elle ferait si elle était concernée par ce genre d’évènement. Probablement Alysanne serait la première au courant, Leo finirait probablement par l’être également, la jeune femme n’arrivait pas à garder le moindre secret à son père dès qu’un de ses regards suspicieux la traversait. Mais ce qui concernait Daven, il était possible qu’elle conserve le secret et elle savait que ce ne serait pas Alysanne qui irait lui dire et Leo lui laissait gérer ses affaires de couple du moment qu’ils honoraient leur devoir conjugal afin de fournir un héritier à leur famille afin de sauver le nom des Lefford. Même si le mariage matrilinéaire permettait à une femme de conservait son nom, la fragilité de la situation dans ce monde d’homme n’était pas des plus idéale pour une maison, il fallait un héritier mâle pour assoir l’autorité et enlever tout risque de précarité sur l’avenir de la famille.
« Il est vrai mais les hommes apportent la stabilité. Nous, nous serons constamment menacées par nos ennemis que nous devrons écraser sans pitié pour garder notre statut car nous sommes des femmes. Si je donnerais toutes les armes à Erena pour se défendre dans ce monde et être aussi redoutable que doit l’être une Lefford, je ne lui souhaite pas de connaître ma situation. Je préfère qu’elle soit l’épouse d’un seigneur plutôt que seigneur elle-même. Je préfère faire en sorte d’enseigner à mon fils à se méfier des dames de ce monde, car elles seront bien plus sans pitié qu’un homme pour défendre ses intérêts. »

Alyx désirait un fils pour protéger sa lignée, pour protéger sa famille et pour pouvoir ôter ce point de ses épaules et de celle d’Erena qui n’était qu’un nourrisson de quelques jours. Elle ne voulait pas qu’Erena ait la même vie, qu’elle devienne une jeune femme devant survivre et se battre pour garder ce qui est sien. Alyx désirait que sa première née devienne la force d’un seigneur, qu’elle devienne celle qui guidera son époux et lui donnera satisfaction tout en restant respectée et crainte. Et l’héritière de la Dent d’Or ferait tout pour y parvenir.

Elle observait sa fille sourire, un sourire si semblable àcelui de sa jumelle, ce qui voulait dire le sien, même si cela était plus rare de sa part. Si innocente, elle ne semblait même pas réaliser qu'elle était différente et Azilys ne savait même pas comment elle pourrait lui expliquer. Sa discussion avec Tyrion lui revint à l'esprit, il mit un certain temps à découvrir sa différence et elle s'était qu'à sa place de parent, elle aurait agi autrement, mais dans son sac, son enfant n'entendait pas. À la fois, elle avait envie d'apporter le meilleur pour son enfant, de demander à son mestre de se renseigner auprès de la citadelle pour améliorer sa vie, et à la fois, comme tout Serrett, elle n'avait pas envie que l'état de sa fille se sache. Azilys allait devoir choisir entre le bonheur de son enfant et la réputation de sa maison. Finalement, elle vint à dire à son amie que même si l'héritier de ses terres restait son fils, ses véritables héritières de ce qu'elle était, allait être ses filles. À la différence d'Alyx, Azilys n'avait pas été destiné à sa naissance à être seigneur de sa maison, son père l'avait élevé pour être une femme qui manie bien ses cartes dans l'ombre de son frère, sauf que les dieux semblaient l'avoir destiné à ce rôle.

« Il est vrai mais les hommes apportent la stabilité. Nous, nous serons constamment menacées par nos ennemis que nous devrons écraser sans pitié pour garder notre statut car nous sommes des femmes. Si je donnerais toutes les armes à Erena pour se défendre dans ce monde et être aussi redoutable que doit l’être une Lefford, je ne lui souhaite pas de connaître ma situation. Je préfère qu’elle soit l’épouse d’un seigneur plutôt que seigneur elle-même.  Je préfère faire en sorte d’enseigner à mon fils à se méfier des dames de ce monde, car elles seront bien plus sans pitié qu’un homme pour défendre ses intérêts. »

Elle se reconnaissait dans ses paroles. Tant de sacrifice devait être fait, tant de rôle à porter et de combat à mener. Ce n'était pas une vie calme, et même si Azilys s'était habituée à être sous la lumière, au lieu d'agir dans l'ombre, il y avait bien des hommes qui remettait en doute ses décisions simplement parce qu'elle était née femme. 

- Et un jour, tu auras ton héritier, je ne prie pas souvent, mais je prierais la mère d'en haut pour qu'elle te bénisse de cet enfant. 

Et là, une voix bien particulière lui vint à l'esprit, celle de son père. À la naissance de Lucian, elle l'avait entendu dire que pour plus de sécurité, il valait mieux avoir deux fils. Azilys ne comprenait pas encore à cet âge ce que cela voulait dire, mais elle réalisait qu'à présent que son père avait eu deux fils, mais que cela n'avait pas empêcher à une de ses filles à être seigneur. Personne ne pouvait savoir ce que la suite vous présageait. Penser à son père, lui fit penser à la possibilité d'union et là d'un sourire, elle vint à annoncer :

- Quand cela arrivera, on pourra envisager de lier nos deux maisons, Albion est mon héritier et il aura besoin d'une femme éduquée à notre image à ses côtés. Puisse notre amitié être lié par le sang à la prochaine génération. 

Un mariage parfait de son point de vue, mais leurs enfants étaient encore bien jeunes et elle avait mit fin au jour de son père, pour empêcher un mariage arranger pour sa soeur. Là, pour le coup, elle se refusait d'agir comme lui. 

- Nous pouvons garder cette idée en tête et voir si tu as un fils, comment s'entendent Albion et Erena. 

Oui, elle voulait voir son fils être heureux, un mariage plus ressemblant à celui d'Alyx que le sien.

Alyx espérait sincèrement qu’un jour les Sept lui accorderait ce plaisir. Après lui avoir ravi son premier fils, ils lui avaient données une fille. Alors elle priait que sa prochaine grossesse donne naissance à un garçon. Tout irait mieux ensuite, tout serait plus facile. L’héritière de la Dent d’Or pourrait penser à autre chose. Elle pourrait penser à l’avenir de sa maison sans pression car il serait assuré par cet élément. Mais ce n’était pas pour tout de suite. La jeune femme refusait d’enchaîner les grossesses et devoir supporter des enfants proches en âge. Tant qu’Erena ne serait pas un minimum autonome, la Lefford, ne prendrait pas le risque d’une nouvelle grossesse. De plus avec l’hiver qui battait son plein et semblait s’éterniser d’après les plus âgés, avoir des enfants en cette période n’était pas forcément très prudent.
« Nous l’espérons tous. Mais pas pour tout de suite, je ne désire pas enchaîner les grossesses, peu importe les envies de mon lion de mari. Ce n’est pas agréable d’être aussi énorme qu’une vache et je préfère attendre qu’Erena soit suffisamment grande pour comprendre ce qu’il se passe. Peut-être dans deux ou trois ans. »

Mais pas avant. Il y avait tant à faire avant. Se remettre de l’accouchement, reprendre son rôle d’héritière qu’elle avait délaissé ses dernières semaines avec la fin de sa grossesse. Et continuer son apprentissage de futur seigneur de la Dent d’Or aux côtés de son père car elle n’avait jamais fini d’apprendre toutes les subtilités diplomatiques. Elle était jeune, inexpérimentée malgré ses qualités pour la politique que personne ne contestait. Elle refusait être le synonyme de la chute de sa maison alors elle apprenait patiemment aux côtés de son père, tentant de le rendre fière. Mais ce n’était pas une chose facile avec le seigneur de la Dent d’Or qui était toujours plus exigent avec sa fille unique. Déjà qu’elle devrait affronter la déception de ce dernier de voir que la descendante de sa fille se soldait par une fille et non un fils comme espérait et promis. Alors autant regagner la fierté et la confiance avant de penser à faire une nouvelle grossesse.

La proposition d’Azilys éveilla une flamme dans le regard d’Alyx. Unir leurs deux maisons était une excellente idée. Erena ne manquerait de rien à Montargent, les Serrett étaient pas l’une des plus grandes maisons de l’Ouest mais ils faisaient partis des plus riches. Erena apportait le prestige à cette union, enrichirait davantage la maison des paons et les deux amis verraient leur enfant unis sous les Sept et leur sang mêlé honorant leur profonde amitié.
« Je n’en serais que dès plus ravie de pouvoir unir nos deux maisons. Nous saurons en plus à qui nous confions notre enfant, pas de mauvaise surprise ! »

Alyx était clairement pour, fallait-il encore convaincre le chef de famille. Si Azilys pouvait choisir comme bon lui semblait, ce n’était pas le cas pour la Lefford qui devait avoir l’accord de son père pour l’union. Le seigneur de la Dent d’Or connaissait l’amitié unissant les deux femmes, il savait que les Serrett étaient une maison honorable et riche, mais est-ce que cela le satisferait d’un point de vue politique ? Cela la jeune mère n’en savait rien, elle tiendrait son argumentaire avec soin pour tenter de le convaincre.
« Oui gardons cela, et prions que je sache convaincre mon père d’accepter. Car tant qu’il est le seigneur des Lefford, je ne peux pas décider à sa place sur ce point. Mais je lui soumettrais l’idée soit en sûr et je ferais tout ce que je pourrais pour le convaincre. »

Mais pour cela il fallait un fils avant de pouvoir amener la possible alliance devant le seigneur de la Dent d’Or. Un avenir qui s’annonçait peut-être radieux pour les deux familles et qui ne pourrait que ravir les deux femmes et amies. La journée se termina autour de discussion diverses et variés, laissant les sourires et les traits d’esprits envahir la pièce gaiement.