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[FB] Lames brisées ne sauraient plus mourir ¤ FT Harlon Botley

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[FB] Lames brisées ne sauraient plus mourir ¤ FT Harlon Botley


An 300 – Lune 1, semaine 3



Le chemin se déroulait lentement sous les cahots du véhicule. Défilaient alentour des falaises aux inégales hauteurs. Elles se suivaient en cordée. Les yeux de Thracy se perdaient dans les visages de roches froissées. Des changements de lumière animait tant de faces austères. Ou révélaient aux passants les vieux esprits qui les habitaient. Quoique intimidé, il goûtait ces nouveaux décors – en cette première fois que le serf voyageait hors de Pyk. Impressionné cependant, il ne le serait jamais autant que lorsqu'il avait découvert le fief des Greyjoy : ses tours carrées et ses massifs donjons fichés au sommet de leurs pics pierreux – une côte déchiquetée dont l'ombre étirait ses haillons prestigieux sur les environs. Malgré le bois vermoulu de la demeure et les lambeaux de lichen à ses flancs, elle luisait parfois au soleil. Tout Pyk respirait son pouvoir abrupt et le petit invalide avait dû faire son trou insignifiant au sein de ces géants escarpés.
Mais en ce jour, exceptionnellement et sur ordre, il changeait de place et était heureux du simple plaisir d'explorer. Il devait faire une course à Lordsport : ramener peaux de phoque et aromates à ses propriétaires. La première idée venue à l'esprit du garçon fut qu'il en profiterait pour apprécier le décor de l'île le long du trajet. Épuiser ses chemins, apprendre ses odeurs, questionner l'horizon. Lordsport l'intriguait - son ballet de navires, autour duquel fourmillaient les habitants de la bourgade. Ne pas revenir à Pyk ensuite ? Thracy n'y songeait même pas – on ferait tôt de le retrouver et que bigre deviendrait-il donc tout seul alors que Madame le traitait bien... Cette pérégrination serait une sage parenthèse. Il n’oubliait pas du reste que tout au long de celle-ci, en aucune façon il ne devrait donner raison de mécontentement. Prendre sa charge et la ramener sagement au château de Pyk suffirait.
Bien assis au fond du landau rafistolé qui lui servait de chaise roulante, le serf valdinguait au gré des cailloux, des crevasses et des racines à demi-enterrées dans la route escarpée. Mais il en avait l'habitude et s'en débrouillait. Thracy s'accrochait, contenant autant que possible ses bonds de poids-plume et les aléas de sa tête en tous sens. Il souriait et ses larges yeux curieux, grand ouverts, vous avalaient le monde. Des grappes d'humbles maisons pierreuses alternaient avec des espaces sur lesquels on étalait, tannait, séchait des peaux de phoques. Apparaissaient aussi des forges et quelques rares endroits herbus. Thracy avançait le menton et plissait des yeux comme pour fouiller tout ce qui se présentait à son attention. Bientôt, les drapeaux ornés de la seiche d'or des Greyjoy cédèrent la place à des blasons vert où nageaient des poissons d'argent. Ce devait être l'emblème des Botley – le serf avait saisi au détour d'une conversation que cette maison trônait sur Lordsport.
Enfin, les pointes des bateaux se découpèrent sur l'horizon au milieu d'un ciel brumeux. Peu à peu l'ensemble des bâtiments apparaissaient tels des spectres, vastes formes noires dans les entrailles desquelles s'agitaient des dizaines de silhouettes. C'était à se demander, entre les tous petits hommes et les gros navires, qui servait qui. Ces corps-charpente grimpaient, frottaient, portaient, se perdaient dans les innombrables cordages des vaisseaux. De temps en temps une lame de lumière glissait le long des puissants muscles à l'effort. Les pupilles de Thracy retombèrent ensuite sur l'eau – quelque peu capricieuse aujourd'hui. Le ressac portait son lot de sel et il en huma le parfum.
Arrivé à destination, le garçon se glissa le long du mur le plus proche et se mit à tout observer. L'effervescence de l'endroit lui rappelait – dans des proportions moindres et une atmosphère beaucoup plus ténébreuse – celle qu'il avait côtoyée dans les rues de Pentos. Hommes et femmes circulaient, parlaient, trimbalaient leurs chargements de produits marins. Ici et là : quelques disciples du Dieu-Noyé, des marins sur le départ ou le retour, quelques guerriers tressés dont les prouesses leur assuraient après la mort d'être servis par des sirènes... L'air frais soulevait les voix et les fracas des outils métalliques. Un peu plus loin paraissaient les flammes des forges. Le tout vivait sous l'égide d'un modeste château de pierre.


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Lames brisées ne sauraient plus mourir

An 300 – Lune 1, semaine 3

Toujours assis sur ce tonneau de fortune, l'estropié laissa son regard dériver au large de l'île, il pouvait passer des heures à observer les va-et-vient démontés des vagues. Il suivait ses courbes, ses falaises déchiquetées, et se perdait parfois dans cette étendue d'eau qui profitait d'une liberté jouissive. Cela avait toujours été pour lui étrangement apaisant et gratifiant dans une certaine mesure. Bien sûr, depuis son accident de boutre, il avait eu de grande difficulté à dépasser cette peur qui le clouait sur le sol. L'océan pouvait être dangereux, encore plus maintenant qu'il ne pouvait plus utiliser ses jambes. Sur terre, il s'émancipait de toute aide, mais dès qu'il s'immergeait dans l'onde de la mer, il restait dépendant d'un autre. Il n'était pas assez robuste pour nager seul, à son grand désarroi. C'est Leeven qui l'avait aidé, prenant son mal en patience, elle avait réussi à le rassurer et ainsi, lui insuffler sa propre volonté. Le Botley avait lutté contre ses instincts primaires, se protéger pour sa propre survit, mais pour les Fer-nés, c'était inconcevable de la craindre. Aucun îlien ne semblait être effrayé par l'océan, cela ne se pouvait pas. Un Fer-né sans eau, c'était comme un oiseau sans aile. Les flots étaient une partie intégrante de leurs êtres et de leurs religions. Le jeune Harlon repensait à toutes ses épreuves, à ce qu'il avait dû surmonter pour être là où il en était aujourd'hui. Bien sûr, il aurait tout donné pour reprendre son ancienne vie, juste pour redevenir l'homme qu'il était. Ah qu'est-ce-qu'il aurait aimer courir sur cette plage, enfoncer ses doigts de pied dans le sable et sauter si haut que la chute en serait douloureuse.

L'insulaire était si pensif qu'il n'avait même pas remarqué que ses yeux n'étaient plus dirigé vers l'océan, non, son regard bleu azure qui changeait au rythme de ses dangereuses humeurs se perdait dans cette foule de Fer-né. Ils les observaient sans réellement les voir, il passait de visage en visage. Il y avait de la vie tout autour de lui, mais Harlon n'était pas d'humeur à s'y engouffrer. Tout était si répétitif. Des pêcheurs à la peau tanné par le soleil reprisait leurs filets, tant dis que d'autres hurlaient à plein poumon pour attirer des clients potentiels. Toujours les mêmes histoires, toujours la même rengaine... Pourtant, il y avait quelques choses qui avait attiré son attention. Une chose qui n'allait pas avec le tableau du port. Un homme assis dans une espèce de brouette. Bien sûr, il avait fait attention aux rumeurs, un serf estropié venu de loin était dorénavant au service des Greyjoys. Un drôle de phénomène avait-il entendu dire.

Harlon se laissa glisser sur le sol et avança, ces jambes inertes le suivant de près. Un peu en arrière, dissimulé par des stands, il suivait le jeune homme. L'insulaire étudiait sa brouette en forme de chaise, cela ne devait pas être très pratique pensa-t-il. Il continuait de longer les rayons et s'arrêta au milieu du chemin. Il se frottait les mains, couvertes de poussière. Et ce n'est qu'après quelques instants qu'il prit conscience que ce jeune homme avait prit le même chemin que lui et qu'il arriverait bientôt à sa hauteur.
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An 300 – Lune 1, semaine 3



Thracy avait maintenant quitté son poste d'observation pour s'engager dans les rues, à la recherche des échoppes d'où il ramènerait les denrées pour Madame. Les routes, en vagues aussi joueuses et parfois traîtresses que les lames de l'océan, lui réservaient leur lot de montées et dévers, d'embûches et d'accalmies. À un rude passage bardé de pavés succéda une agréable pente le long d'un chemin de terre sèche, relativement plane. Après les efforts que le petit invalide venait de consacrer à porter son corps en avant, à bander les muscles de ses bras, à s'aider de ses pieds en pointe au sol afin d'assurer certains virages – la descente ne serait pas de refus ! Sourire aux lèvres, il lâcha la pression à ses roues et se laissa porter sans peine par le doux écoulement de la venelle. Nez en l'air, le serf profitait du vent sur sa gorge et observait le déroulé des enseignes. Poissons, forges, draps... Il ne savait pas lire mais les dessins gravés aux pancartes l'aidaient. Le garçon restait vigilant à ne pas succomber à toutes les idées, rêveries et contemplations qui le prenaient lorsqu'il décortiquait les décors des environs : demeurer aux aguets. Ses grands yeux s'en revenaient régulièrement à la route – et Thracy d'éviter tantôt un passant, tantôt un animal errant ou quelque véhicule.
À vive allure, une carriole s'en vit justement face à lui dans la venelle qu'il empruntait désormais. Ni le conducteur ni les animaux en pleine lancée ne semblaient prompts à s'arrêter et Thracy retint son souffle. Il se raidit. Carra les épaules. Les réflexes lui vinrent aussitôt : consultant les environs, il repéra immédiatement à sa gauche un pilier auquel il s'agrippa d'une main. Ni une ni deux, l'autre bras empoigna une de ses roues pour faire tournoyer son véhicule en un éclair. Crissement d'une roue au sol – sa voisine pirouettant en l'air. D'une courbe prononcée du dos et du bassin, le garçon assura son contrepoids presque en danseur. Le massif attelage venait d'être évité. Il allait son chemin dans un fracas ininterrompu à ses oreilles, tandis que le petit landau du serf retrouvait tous ses appuis à terre. Un peu de poussière virevolta autour du garçon dans le dérapage. Ses pieds freinèrent et le véhicule très léger ne fut pas long à lui obéir pour se retrouver enfin immobile. Le temps de récupérer. Le garçon poussa un bref soupir et passa une main à son front.

Thracy repartit. Bientôt, il découvrit avec étonnement, juste sur sa droite en plein milieu du chemin, un homme à terre. Presque immobile. Heureusement que le chauffard n'avait pas continué sur cette voie et préféré tourner avant ! L'adolescent haussa un sourcil et tenta de considérer l'individu le plus discrètement possible. Il ne paraissait pas ivre... Ses mains, qu'il frottait, semblaient avoir ramassé toute la saleté des rues sur une sacrée longueur ! On aurait dit, songea le serf, les siennes à la fin de la corvée de décrassement des cheminées. Mais le singulier personnage ne portait pas les haillons du dernier des gueux – il avait même l'air assez haut placé. Alors il devait avoir un problème ? Et qui pouvait-il être ? Thracy ne connaissait rien des habitants de Lordsport – c'était la première fois que ses propriétaires l'y envoyaient et il ne savait que le nom de la grande famille y tenant fief.
Le premier réflexe du garçon aurait été de demander s'il fallait quérir quelqu'un... cependant c'eût été inconvenant de la part d'un serf auprès d'un sieur manifestement bien supérieur. Et commençant désormais à connaître assez bien la mentalité Fer-Née, Thracy ne céda pas aux impulsions de son esprit de treize ans : il se pouvait qu'une telle marque en public soit perçue comme humiliante.
Soudain, l'infirme prit conscience qu'il n'avait pas bougé plusieurs secondes durant et que son regard risquait de s'être arrêté un peu trop longtemps sur l'homme. Craignant l'impolitesse, il baissa les yeux. Il reprit en main ses roues et poursuivit sa route. L'homme à terre avait arrêté ses pupilles sur Thracy – ou plutôt sur son landau rafistolé. Il ne sut trop comment réagir et, alors que sa chariote passait tout près du sieur, en réponse à son attention appuyée et quelque peu intimidante, il marqua une légère révérence accompagnée d'un sobre et discret :

« Messire... »


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An 300 – Lune 1, semaine 3

L'intriguant personnage était descendu dans les bas-fonds de l'île de Pyk. Le port, bondé comme à son habitude continuait à vivre sa petite vie tranquille, bercé par les cris perçants des pêcheurs et les odeurs putrides du poisson fraîchement pêché. C'était la même cacophonie habituelle, les mêmes rengaines et ritournelles. Un chaos si bien organisé que s'en était presque irréel. Et pendant ce temps, lui semblait virevolter entre les stands, l'esprit tranquille. Il ne paraissait même pas prêter attention aux regards qui s'attardaient sur sa drôle de chaise. Les habitants de Lordsport avaient l'habitude de vivre auprès de l'estropié qui rôdait dans les environs, sillonnant le sol, mais c'était la première fois qu'il en voyait un circuler de la sorte. L'inconnu attirait, ils tapaient le bras de leurs voisins et en désignant le dos du jeune homme qui ondulait, certains riaient, d'autres levaient les yeux aux ciels. Il était peu commun et qui d'autres pouvaient plus le remarquer que le Botley qui le fixait, intrigué.

Jamais Harlon n'aurait pensé voir une autre personne être aussi dans l'incapacité d'utiliser ses jambes, surtout pas sur cette île. Les Fer-nés étaient bien des choses, mais être tolérant pour les handicaps des autres n'étaient pas leurs forts. L'insulaire pouvait en témoigner, il était difficile d'être un infirme dans cette région. Rien n'était adapté et comment prouver qu'on est un bon Fer-né s'il est impossible de le démontrer ? Harlon en était persuadé, s'il était né dans cet état, jamais ses parents ne l'auraient gardé auprès d'eux. En réalité, ils avaient déjà assez de fils pour le : au cas où l'un meurt.

Mais il avait fallu d'une seule seconde d'inattention pour que ce jeune homme se retrouve face à lui, de près, il paraissait encore plus jeune. Harlon n'avait jamais été très loquace et avait bien trop de choses à faire pour se montrer polie. Bien entendu, il n'avait jamais rien à faire de particulier, mais lui prenait le droit d'être le Botley malpoli. Son regard s'attarda longtemps sur ce... il n'arrivait même pas à mettre un mot sur ce qu'il voyait. C'était une espèce de charrette. Voilà tout ce qu'il pouvait en dire. Une charrette plutôt moche. Toutefois, le serf dompté fit un mouvement de la tête qui attira son attention. Il le saluait, devinant qu'il était un noble. Ce qui le surprit, déformant alors son visage par l'incrédulité. C'était là un des points faibles d'Harlon, toutes ses émotions étaient visibles et pouvaient être facilement décryptables.

- Ça s'voit tant qu'ça ? Dit-il avec son ton aimable, mais gardant ce sourire en coin.

L'insulaire frotta ses mains, dispersant de la poussière autour de lui, mais gardant toujours un œil sur le jeune homme. Allait-il passer son chemin ? Ou plutôt, rouler son chemin ? Ou serait-il aussi curieux que lui ? Bien qu'assis par-terre, le serf ne devait pas réellement comprendre. Seul ses jambes attachées entre t-elles trahissaient sa condition.

- T'es donc ce fameux serf dont tout l'monde parle ?

Il n'avait jamais trop réfléchit à ce que signifiait être serf chez les fer-nés, ce que cela pouvait faire ressentir à être emmené loin de son foyer. Et finalement, avec son air goguenard, il continua sur sa lancée.

- T'as présence alimente les ragots ces temps-ci.

Le Botley avait suspendu cette phrase, comme-ci cela n'avait pas réellement d'importance, mais le jeune homme écoutait chaque potin du port, car cela l'occupait grandement !

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An 300 – Lune 1, semaine 3



L'homme parut étonné que Thracy eut deviné son statut. Pourtant, plusieurs choses en avaient donné l'intuition au garçon. Sa tenue. Et une force certaine que le serf décelait en ses yeux d'un bleu profond – à la fois prenants et chargés d'un voile de lassitude. Ou de rêveries peut-être. Nombre d'insulaires n'avaient que le dur acier dans la prunelle. À la question quelque peu amusée qu'il lui posa quant à sa noblesse décodée, Thracy ne put que répondre :

« J'sais pas... ça s'sent. »

Piètres paroles, mais il n'était pas très brillant pour le langage autre que celui des corps et des arts. Le petit invalide n'avait du reste bien souvent que son ressenti comme guide.
Alors que le sieur débarrassait ses mains d'une énième couche de poussière, Thracy allait poursuivre sa route lorsque, à sa surprise, il relança une bribe de conversation. En Essos et même sur les Îles de Fer, le garçon avait assez peu vu de seigneurs témoigner de ce genre de curiosité – même si celle-ci prenait un ton plaisantin – envers les humbles qui les servaient. Comment réagir aux remarques concernant des ragots à son sujet ? Demander lesquels de manière frontale serait sûrement impoli. Quant à sa réputation, Thracy ignorait qu'il en eut une, au dehors de la singularité que représentait un infirme en ces terres et dont beaucoup ne manquaient pas de se moquer. Un léger rouge lui monta aux joues et un discret sourire étira ses lèvres, tandis qu'il cherchait quoi dire. Il souffla :

« Oui Messire... J'm'appelle Thracy. Et... j'espère juste pas m'comporter de sorte à c'que ces rumeurs soient négatives. »

Sa voix timide s'éteignit. Oh de mauvais racontars, il devait en courir : le serf n'était pas dupe. Contre lui, ou même contre Messire et Dame Greyjoy, pour s'être entichés d'un éclopé... Il se rappelait de certains qui, en Essos, croyaient que les invalides incarnaient de mauvais présages, des colères des dieux, le signe d'un péché, la faiblesse personnifiée ou que savaient-ils encore... Heureusement, le garçon se souvenait tout autant des curieux qu'il avait su toucher, lorsqu'il dansait dans les rues pour un peu d'argent. Quelques gueux étaient devenus des compagnons temporaires et des citadins l'avaient même apprécié.
Ses yeux ambrés revinrent sur la silhouette du seigneur, qu'il observa. Il nota alors les sangles qui attachaient ses jambes. Ainsi, il devait souffrir d'une paralysie et trouver plus commode de les lier pour ramper. Ce ne furent pourtant ni la peine ni la stupeur ou la gêne qui vinrent en premier à Thracy, mais le partage tout spontané, presque enfantin, d'une déduction qui le rendit admiratif :

« Eh b'en vous d'vez être fort pour vous en aller partout juste à l'énergie des bras ! »

Ce n'était pas lui qui y parviendrait, avec son corps souple mais si effilé – corps-souffle, corps-roseau, ainsi que disaient des badauds. On compensait comme l'on pouvait. Lui, avec son petit siège si léger qu'il pouvait le manier de peu d'efforts, voire lui donner de l'élan du pied pour laisser ses mains libres d'attraper un pilier, d'assurer un appui, de danser, de jouer du couteau... Il considéra alors sa chance de pouvoir au moins mouvoir ses jambes – c'était du muscle qui lui manquait.
Nombre de questions au sujet du seigneur estropié frappèrent son esprit. Invalide de naissance ? Sans doute pas... Le serf avait compris qu'on ne les appréciait guère. S'il était né paralysé, le sieur aurait-il été abandonné ou exécuté ? Ou ses parents seraient des gens exceptionnels qui l'auraient conservé et aimé en cet état ? Thracy ignorait si cela arrivait. Lui-même avait été délaissé bébé par ses géniteurs ; ce que ne manquaient pas de rappeler naguère les nomades qui l'avaient recueilli, afin d'inspirer sa reconnaissance et sa soumission. Un éclopé, devenu agile de ses mains, c'était pratique à envoyer mendier et faire des tours en ville. Quant à ce sieur, quelle pouvait être son histoire ? Sans doute bardée d'accrocs et de semblables épines auxquelles la garçon se frottait. Qu'était la vie d'un noble infirme, surtout en une contrée où la puissance physique, la dureté et les exploits en mer vous sculptaient un homme ? Il entrevit des proches déçus, des regards décochés d'en haut, des luttes quotidiennes en ces îles peu hospitalières.


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Son regard se posait sur son corps meurtri, mais Harlon ne décelait aucun dégoût, seulement ce même voile de curiosité qu'il apercevait dans celui de son épouse. Tout deux semblaient se jauger, comme deux animaux cherchant si l'autre était un danger ou s'il pouvait passer son chemin sans crainte. C'était la première fois depuis son accident, depuis toujours en réalité, qu'il rencontrait une telle personne. Cela l'intriguait, l'inconnu avait-il vu le jour déjà endommagé ou était-ce dû à un banal accident comme lui ? Avait-il déjà goûté au plaisir de courir ou encore de nager ? Ou n'avait-il connu que cette charrette miteuse ? Il y avait tant de questions qui traversaient son esprit, c'était peut-être la première fois qu'il s'intéressait autant à une personne. Gardant toujours ce même air sérieux, Harlon continuait à fixer le jeune inconnu qui donna rapidement son prénom. Thracy. Drôle de nom pour un drôle de petit bonhomme. Toutefois, même s'il avait souhaité mettre un nom sur un visage, ce n'était pas le cas du Botley. Il était même très rare qu'il le donne de lui-même, peut-être parce que pour lui, les personnes allaient et venaient, ils n'étaient que de passage dans sa vie.

Croisant les bras sur son torse, Harlon haussa légèrement les épaules. Les rumeurs, dans un lieu aussi fréquenté, gonflaient aux rythmes de la houle. Rien ici ne pouvait être gardé sous silence, car les potins maintenaient le commerce à flot. Chacun allait avec le sien, crachant sur les affaires des autres et parfois, il arrivait que les informations fussent vraies. Comme pour ce drôle de serf qui se baladait sur un instrument étrange. Car il était là le mot qui revenait le plus dans les discours, le Tharcy provoquait un sentiment d'étrangeté. Peu de Fer-nés de Lordsport arrivaient à réellement détacher son regard sur lui, car il détonnait de trop avec le paysage abrupte de l'île et de l'image qu'ils se faisaient d'un homme.

- Elles sont rarement positives l'ami, dit-il presque désoler pour lui, surtout ici.

Il pouvait en témoigner. L'insulaire avait suffisamment alimenté les rumeurs pour des années. Entre les histoires liées à son accident, celle qui mettait en avant son manque de savoir faire et ce que cela avait provoqué sur son corps, il y avait beaucoup à dire. Mais tout avait repris depuis l'arrivée du Serf, des comparaisons qu'ils entendaient ici et là. Cependant, il n'était pas habitué à ce qu'on le complimente sur ses nouvelles capacités. Harlon arqua un sourcil en regardant ses bras et acquiesça d'un léger rictus sur ses lèvres, trahit par sa propre fierté.

- Comment t'es v'nu l'idée d'utiliser cette... charrette ? Questionna-t-il en montrant du nez son chariot.

Harlon n'était pas réellement un homme de parole et encore moins de question, mais son transport était bien trop... particulier pour rester muet. Il arqua un sourcil, fixant son regard bleuté dans le sien et continua sur sa lancée :

- Peu pratique chez les Greyjoys non ?

Le château de Pyk était un piège, entre les ponts faits de cordes et ceux fait de pierres. Le Botley devait souvent se restreindre à certaines zones et que dire des chemins de l'île qui pouvait être escarpés, trop dangereux pour celui qui ne faisait pas attention.

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Curieux moment que celui-ci, où ils se fixaient – l'un influent en ces terres, et l'autre petite pièce rapportée à la mosaïque. Thracy s'aperçut que c'était, pourtant, une des rares fois où il parlait à la même hauteur que le visage de quelqu'un d'autre. Il se trouvait si habitué à devoir lever la tête, à se tenir à niveau de torse, à ce qu'on lui parle en plongée. Malgré cette singulière redistribution des postures, le sieur restait sérieux et lui-même un peu timide.
À plus forte raison lorsque l'homme haussa les épaules, au sujet des rumeurs. D'où lui venait cet air las et son regard distant où l'ennui pulsait des ombres ? Sans doute du fait qu'il devait en pâtir également. Ici, un messire se battait, allait habiter la mer, enlever des choses, revenait triomphant. Il fallait être flottant, pas serpent. Pour faire bonne mesure et tant qu'à rester dans le bestiaire, Thracy se rappela des animaux auxquels on l'avait déjà associé çà et là. Des comparaisons qui, dans les bouches Fer-Nées, n'étaient guère un compliment mais que, avec le recul, l'enfant arrivait à trouver drôles. Chargées même d'un fond de vérité. Le souvenir lui arracha un début de rire qu'il retint dans sa main. Aussitôt après, il s'expliqua – car pouffer ainsi sans raison ne donnait rien qui vaille :

« Côté ragots, tenez, j'ai d'jà eu droit plus d'une fois au ''singe du Greyjoy''. » Pour tout acquiescement au constat désabusé du sieur quant aux médisances, il fit : « Oh b'en ça... »

C'était joli et attachant, pourtant, un bébé singe. Thracy en avait vu dans les cités les plus à l'Orient d'Essos. À six ans il s'était mis en tête d'en adopter un mais cela n'avait pas convaincu ses ''maîtres''. Aux Îles de Fer, les langues jacasses faisaient allusion à la raison première pour laquelle Theon l'avait mené sur son bateau : bon divertissement le temps du retour, avec ses roues, ses vieilles cartes à tours de magie, ses lames. Les marins s'étaient marrés. Heureusement, son propriétaire lui avait trouvé de nouvelles utilités pour le garder vivant ensuite. Le serf préférera taire d'autres propos moins amusants, plus crûs, plus sexuels même parfois, et évacuer le sujet des ragots probablement déplaisant à l'un comme à l'autre. D'autant que – réflexe humain – quand un anormal arrive où il y en a déjà un, cela relance les racontars jusqu'alors ronronnants, en fourbe animal qu'un rien réveille.

« Bon alors tout c'que j'ai à faire c'est d'pas les empirer. Pari tenu. » joua-t-il, léger.

L'intérêt du seigneur pour sa chariote lui tira un plissement de lèvres, tandis qu'il remonta le fil de mémoire. Ne se perdant pas en trop de détails comme cela lui arrivait parfois, il condensa :

« Ça s'est fait tout seul... Dans la caravane de mes maîtres, enfin... ceux qui m'ont récupéré quoi, y avait un bébé et son landau. Un jour l'bébé a su marcher, moi pas. Alors l'idée est v'nue de m'mettre au landau, que j'ai retapé. Il est léger, bien pour profiter d'une pente ou faire des figures. P'is c'est resté. » Lui, demeuré dans un véhicule d'enfançon – nouvelle image cocasse qui lui mit à l’œil un éclat mi-honteux mi-rieur. Que valait-il mieux entre le poupon et le singe ? « Et comme ça j'pouvais aller faire les numéros qu'y voulaient que j'fasse dans les rues, là où c'est... à peu près plat. »

Avec le temps coulé par-dessus ces années, Thracy ne savait trop dire s'il s'en souvenait comme de bons ou mauvais moments. Certains instants étaient si enivrants, si jouissifs – ceux du danseur, du magicien, de l'atypique adulé – et d'autres l'étaient beaucoup moins. Tels que le simple fait de tendre une main pour arracher monnaie ou recevoir aumône. Aussi préféra-t-il enchaîner :

« Oh chez Messire je m'débrouille. J'dors au rez de chaussée et c'est là aussi que s'passe le plus gros d'mon travail. Quand vraiment faut aller aux cuisines, j'fais un peu comme vous et puis arrivé à bon port j'm'assois sur un coffre. Puis pour aller en commissions, faut choisir les chemins moins raides. Beaucoup plus longs, c'que ça tourne ! Mais praticables au moins. » Puis d'humeur plus rieuse, plutôt que d'étirer une rasoire conversation ergothérapeutique – qui, peut-être, retournerait chez le noble une lame en plaie ? – il acheva : « En fait c'est athlétique ! Messire, y m'maintient en forme ! » rit-il. « Comme ça si ça s'trouve un jour... » Il laissa la phrase en suspend et reproduisit, par auto-dérision, l'exacte rictus de fierté qu'avait eu le sieur, mais lui : en avisant ses bras-brindille.
Sur ce, intrigué par les liens entre les nobles de ces îles, il s'aventura à : « Vous l'connaissez de longtemps, Messire Greyjoy ? »


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HRP.
[Et en rédigeant cette réponse je me rends compte que si Thracy avait vécu à Dorne, ça lui aurait sûrement plu de rencontrer (et pouvoir admirer) ta danseuse @Sydän [FB] Lames brisées ne sauraient plus mourir ¤ FT Harlon Botley 1411245795 ]
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