Heureux les simples d'esprit | ft. Ellaria Sand
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Heureux les simples d'esprit
Lancehélion, an 299, lune 5, semaine 3
Ellaria Sand & Wayra Wyl
Je me souviens du mariage du Prince Rhaegar et de la Princesse Elia. Je n’y étais pas, mais je m’en rappelle un peu. Surtout des caravanes dorniennes qui sont passées par l’intérieur des terres et donc par Wyl, plutôt que de prendre la mer. Les toiles chamarrées, les cadeaux, les marchands… Ils circulaient tous comme un énorme mille pattes, à serpenter dans les chemins caillouteux avec précaution. Ceux de bonne humeur chantait, quelques fois, et leur voix rebondissait sur le flanc des montagnes jusqu’à Wyl. Ceux qui n’étaient pas prudents, eux, tombaient dans les crevasses.
***
D’un oeil désabusé, Wayra observait le mariage. Ou plutôt, les mariés. L’épouse, avec sa belle peau olivâtre, ses boucles brunes voluptueuses et son corps charnu, caché par le simple voile blanc de sa robe cousue pour l’occasion. Le mari, noueux et pâle arborant les cheveux tantôt blancs, tantôt blonds, dévoilant son identité avant même que l’on sache son nom. Il avait pourtant pris garde à ce qu’on l’identifie bien. Le dragon Targaryen était brodé de fils sanguinolents sur sa poitrine. La Wyl n’avait aucun sens de l’esthétique, mais le froncement de nez peu appréciateur de son frère Wasen lui apprit que l’accoutrement était vulgaire.
Rarement avait été vu un couple si mal assorti. Pourtant, voilà qu’ils assistaient à une union entre Martell et Targaryen. Encore. Et comme toutes les autres, elle finirait mal. Wayra n’avait aucun doute à ce sujet.
Arianne semblait jubiler. Rayonnante, elle papillonnait de conversation à conversation, traînant le Prince Viserys dans son sillage comme une enfant narguerait les autres avec sa nouvelle poupée. Enfin, elle était mariée. La Princesse de Dorne était un être superficiel et égocentrique. Du moins, c’était ce que Wayra avait entendu. Peut-être était-elle aimée du peuple, la Wyl n’aurait su le dire. Comprenait-elle au moins les raisons de son union ? Savait-elle pourquoi un Targaryen avait été choisi ? La brune l’ignorait, elle. Comme toujours, les jeux de politique la dépassaient aussi, elle n’avait pas saisi pourquoi Doran Martell s’était-il penché sur un dragon. Rhaegar Targaryen n’avait-il pas humilié sa soeur ? Pour l’esprit simple de la vipère, le calcul était simple et un tel acte aurait récolté vengeance et non pas alliance.
Agacée, elle fit mine de se diriger vers sa cousine Whissan, avant de se décourager. Elle n’avait pas envie de parler et Lancehélion la mettait de mauvaise humeur. Les grandes villes n’étaient pas faites pour elle. Et les gens qu’elles renfermaient étaient pires.
Tous les gens de sa famille, aussi décriée était-elle, étaient parvenus à tenir la face, badinait à qui mieux-mieux, certains avec plus d’aisance que d’autres. Leur mère arrivait en première position avec sa verve et sa capacité à déblatérer sur tout et n’importe quoi. Elle était suivie de Wasen qui, bien que peu à son aise au milieu des foules, donnait tout ce qu’il avait pour tisser des liens amicaux, multipliant les tentatives désespérantes. Quant aux jumeaux, ils avaient choisi la facilité à s’accrochant à leur cousin Gerold.
Warden, qu’elle avait perdu durant un moment, fut retrouvé au buffet, attablé, une dizaine de personnes à ses côtés, mangeant, parlant et buvant, étincelant de son charisme bonhomme l’assemblée.
Finalement, peut-être finirait-elle par rejoindre lady Wyl, qui avait visiblement du mal à se dépatouiller avec ses interlocuteurs.
Mais pas tout de suite.
« Prends ça, » soupira Wasen qui c’était détaché de son groupe. « Tu fais peine à voir. »
Son cadet lui tendit une coupe de vin à la robe vermeil. Elle ne fit pas mine de l’observer pour s’assurer de sa qualité et l’avala d’une traite. Il était bon. Le blond roula des yeux.
« Tu ne pourrais pas essayer de sourire ? D’avoir l’air un peu heureuse ? C’est une fête… »
Ce fut au tour de son aînée de rouler des yeux.
« J’essaie vraiment dur. Tu ne remarques pas ? »
Il haussa les sourcils avant de tourner les talons, sans un mot de plus. Wayra, elle, se resservit en vin.
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Ellaria Sand ∞ Wayra Wyl
Heureux les simples d'espritLes festivités données en l’honneur des jeunes mariés venaient tout juste de commencer. Ellaria, au bras d’Oberyn, ses deux plus jeunes filles les accompagnant, attendait son tour pour féliciter comme il se le devait le couple uni devant ces Sept qu’elle-même ne priait pas. Ils passèrent dans les premiers grâce au statut d’oncle qu’était Oberyn pour la mariée. Ellaria félicita chaleureusement son père Doran, qui visiblement souffrait pour l’instant un peu moins que les autres jours. Puis elle se décala pour prendre Arianne dans ses bras et lui souffler quelques derniers conseils de sa connaissance pour sa lune de miel, ce qui fit pouffer l’héritière de Dorne dans la noire chevelure de l’amante de coeur de la Vipère Rouge. Elle se détacha des bras d’Arianne, non sans lui avoir encore envoyé un petit clin d’œil complice puis se tourna vers le frère du Roi. Ellaria peinait à le regarder dans les yeux. Etait-ce en raison de ses iris si peu courantes ? Ou de la lueur étrange qui brillait tout au fond de ses yeux ? La bâtarde de Lord Harmen Uller se contenta d’imiter Oberyn dans ses félicitations à son égard ; simples, courtes et formelles. Puis ils cédèrent la place au reste des invités et se dirigèrent vers le buffet.
Rejoints par le reste des Aspics des Sables, ils se prirent de quoi se restaurer, accompagnant leur repas d’une coupe d’un excellent vin épicé de Dorne puis allèrent s’asseoir à la grande et longue table d’honneur. En n’importe quel autre endroit que Dorne et Lancehélion, cela aurait fait jaser, qu’un homme du rang d’Oberyn s’affiche publiquement avec sa compagne née bâtarde et ses enfants portant le patronyme des bâtards de Dorne. Mais ici, personne si ce n’étaient les étrangers de la Principauté, ne s’en offusqua, considérant Ellaria presque comme la véritable épouse du frère de leur dirigeant, et les Aspics comme de vraies Martell.
Tous discutaient gaiement, riant et saluant de grands gestes mêlés d’éclats de voix, de rires et de sourires, ceux de leur connaissance. A travers tout ce monde, Ellaria retrouvait avec grand bonheur beaucoup de ses amis de Dorne, comme sa meilleure amie Whissan Wyl, venue avec ses cousins et cousines, son père et son demi-frère, Harmen et Ulwyck Uller mais aussi son amie Ynys Ferboys, depuis devenue Allyrion en épousant Lord Ryon de la Grâcedieu. Mais à force de papoter, elle se rendit compte qu’elle avait la gorge sèche et que sa coupe était vide. Elle se leva mais Oberyn la retint par la main, lui demandant où elle allait :
J’ai soif et ma coupe est vide. Veux-tu que je te ramène quelque chose ?
Il acquiesça à sa proposition, lui tendant son assiette vide et Ellaria demanda à sa première fille qu’elle eut d’Oberyn, Elia, de l’accompagner au buffet. Mère et fille s’y rendirent donc en même temps qu’un homme aux cheveux blonds qui leur faisaient dos, tourna les talons pour s’en retourner vers ses amis ou sa famille. Ellaria n’entendit pas sa voix mais plutôt celle d’une femme qui lui répondait. Lorsqu’il partit, la dornienne vit qui lui avait répondu et ne put retenir un petit sourire amusé en voyant son visage qui ne reflétait rien d’autre qu’un ennui vraiment flagrant.
Dîtes-moi si je me trompe Lady Wayra, lança-t-elle en la reconnaissant pour être la cousine de sa meilleure amie Whissan, mais j’ai l’impression qu’en ce moment, vous souhaiteriez être n’importe où sauf ici !
Elle tendit sa coupe vide à un serviteur qui se chargea de la remplir tandis qu’Elia observait sa mère parler avec la Wyl par-dessus son épaule, en attendant que l’assiette de son père soit prête.
Ne vous inquiétez pas, reprit Ellaria, tout sourire, je ne me sentirais pas blessée si j’ai raison.
Rejoints par le reste des Aspics des Sables, ils se prirent de quoi se restaurer, accompagnant leur repas d’une coupe d’un excellent vin épicé de Dorne puis allèrent s’asseoir à la grande et longue table d’honneur. En n’importe quel autre endroit que Dorne et Lancehélion, cela aurait fait jaser, qu’un homme du rang d’Oberyn s’affiche publiquement avec sa compagne née bâtarde et ses enfants portant le patronyme des bâtards de Dorne. Mais ici, personne si ce n’étaient les étrangers de la Principauté, ne s’en offusqua, considérant Ellaria presque comme la véritable épouse du frère de leur dirigeant, et les Aspics comme de vraies Martell.
Tous discutaient gaiement, riant et saluant de grands gestes mêlés d’éclats de voix, de rires et de sourires, ceux de leur connaissance. A travers tout ce monde, Ellaria retrouvait avec grand bonheur beaucoup de ses amis de Dorne, comme sa meilleure amie Whissan Wyl, venue avec ses cousins et cousines, son père et son demi-frère, Harmen et Ulwyck Uller mais aussi son amie Ynys Ferboys, depuis devenue Allyrion en épousant Lord Ryon de la Grâcedieu. Mais à force de papoter, elle se rendit compte qu’elle avait la gorge sèche et que sa coupe était vide. Elle se leva mais Oberyn la retint par la main, lui demandant où elle allait :
J’ai soif et ma coupe est vide. Veux-tu que je te ramène quelque chose ?
Il acquiesça à sa proposition, lui tendant son assiette vide et Ellaria demanda à sa première fille qu’elle eut d’Oberyn, Elia, de l’accompagner au buffet. Mère et fille s’y rendirent donc en même temps qu’un homme aux cheveux blonds qui leur faisaient dos, tourna les talons pour s’en retourner vers ses amis ou sa famille. Ellaria n’entendit pas sa voix mais plutôt celle d’une femme qui lui répondait. Lorsqu’il partit, la dornienne vit qui lui avait répondu et ne put retenir un petit sourire amusé en voyant son visage qui ne reflétait rien d’autre qu’un ennui vraiment flagrant.
Dîtes-moi si je me trompe Lady Wayra, lança-t-elle en la reconnaissant pour être la cousine de sa meilleure amie Whissan, mais j’ai l’impression qu’en ce moment, vous souhaiteriez être n’importe où sauf ici !
Elle tendit sa coupe vide à un serviteur qui se chargea de la remplir tandis qu’Elia observait sa mère parler avec la Wyl par-dessus son épaule, en attendant que l’assiette de son père soit prête.
Ne vous inquiétez pas, reprit Ellaria, tout sourire, je ne me sentirais pas blessée si j’ai raison.
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Heureux les simples d'esprit
Lancehélion, an 299, lune 5, semaine 3
Ellaria Sand & Wayra Wyl
Lancehélion m’a toujours répugnée. Avec ses rues trop grandes et trop étroites, trop propres et trop sales. Avec ses habitants trop bruyants et trop discrets, trop sournois et trop naïfs. Je ne m’y sens pas bien et même le soleil d’ici est plus vicieux que celui des Montagnes Rouges. Je ne suis jamais plus heureuse que retranchée dans les Montagnes Rouges, à observer le crépuscule bleu baigner de teintes étranges les crêtes sanguinolentes. Le silence y est naturel, percé simplement par le murmure d’une rivière lointaine ou le cri d’un animal sauvage. Il y est réconfortant.
Ici, le moindre son est une menace. Et le silence laisse présager bien pire.
Me demande pourquoi des gens y vivent encore. Mais je pense que ce sont ces gens le cœur des villes. Suis bien contente qu’ils y soient, finalement.
*
Lancehélion brillait furieusement, bien que Wayra ne puisse pas réellement discerner d’où provenait exactement cet étincellement flamboyant. Il était simplement suspendu suspicieusement là, à la lisière de sa vision, ne servant qu’à étourdir, à déstabiliser et à remplir d’un mauvais pressentiment mesquin. Elle n’avait rien à faire dans ce palais dégoulinant de rêves étranges. Cet empressement indistinct lui donnait la chair de poule. Son malaise pouvait s’expliquer par des dizaines de raisons. Certaines qu’elle pouvait nommer. D’autres, non. De toutes les personnes qui s’étalaient devant elle, comme une multitude de papillons chamarrés, elle ne faisait confiance à personne.
Eloignée sous une tonnelle ombragée, la brune se tenait bien droite, ses pieds plantés dans le marbre blanc dur. Une odeur diffuse de narghilé lui caressait les narines et ce parfum réconfortant le détendit un peu. Le brouhaha de la fête lui parvenait de façon lointaine, comme si un mur invisible la séparait des autres invités. Sans le vouloir, ses oreilles percevaient de-ci, de-là, quelques bribes de conversations futiles et sans aucun sens. Non loin d’elle, d’autres invités timides, agacés ou simplement en retrait jugeaient les autres, abrités par l’ombre des palmiers et des voilages transparents. Le soleil découpait des tâches lumineuses sur leurs visages bruns, éclairant parfois leurs yeux d’un éclat hypocrite. Tous semblaient être des gens affreux, mais aucun n’était aussi terrible que la Wyl.
Son frère ayant disparu dans la foule comme un mauvais souvenir, son regard se posa instinctivement sur le profil découpé de son géniteur, toujours attablé. Comme d’habitude, son charisme mystérieux avait attiré autour de lui une floppée d’inconnus qui l’écoutait deviser sur la philosophie, l’économie et le vin. Chacun de ses mots était accompagné d’un grand geste, d’un éclat de voix, d’un ton chaleureux. En face de lui, cependant, un autre homme se disputait l’attention. Essos, pensa-t-elle. Il n’était pas dornien. Et entre les deux personnalités, un sentiment diffus de discorde baignait. De loin, elle entendait l’étranger se vanter des esclaves qu’il possédait et elle savait que cela ne ferait que profondément agacer son père. Elle pouvait la voir, la colère, ronger sournoisement Warden de l’intérieur, le poussant jusqu’à ses friables limites. Sa fille le connaissait depuis toujours et elle pouvait l’observer dans ses yeux, la sévérité de sa fureur voilée, mais tranchante comme une dague. C’était un éblouissement sinistre, très profond, mais existant bel et bien.
Il ne tarderait pas à tailler en morceau l’essosi. Restait à savoir si cela se ferait littéralement ou figurativement. L’attention toujours tournée vers son père, ses yeux violets se fixèrent sur le flegme amusé d’Ellaria Sand. La meilleure amie de sa cousine Whissan et l’amante du Prince Oberyn. Les deux jeunes femmes ne s’étaient croisées qu’à de rares occasions et les paroles qu’elles s’étaient échangées étaient plus rares encore. Trop fourbe, trop intelligente pour elle, Wayra se sentait empotée à ses côtés et ne pouvait s’empêcher de se cacher derrière un masque de défiance brutale et rustre.
« Vous ne vous trompez jamais, lady Ellaria, » répondit-elle après avoir avalé sa deuxième coupe de vin. « Et c’est bien ce qui me fait peur. Ou qui me rassure. Je ne suis pas encore décidée sur le sujet. »
Derrière la Sand, une de ses filles l’épiait. Elle était encore jeune et elle ressemblait à un adolescent. Si elle devait avoir à peu près l’âge de Wynn, elle ne lui ressemblait en rien.
« Je sais que vous ne vous vexerez pas. Après tout, vous êtes amie avec Whissan. Ça en dit beaucoup sur vous. »
Lady Wyl pouvait se révéler être une créature bien maladroite, tant dans ses gestes qu’en ses paroles. D’abord amusés par cette grande femme naïve, ses interlocuteurs se trouvaient bien souvent froissés ou offensés par un malheureux mot déplacé. Mais Wayra n’était pas celle pour juger. Après tout, elle n’était pas bien meilleure à ce jeu-là. Elle était même pire puisqu’elle ne tenterait jamais de se rattraper.
« Qu’est-ce que vous en pensez, vous, de tout ça, hein ? » demanda-t-elle en mordillant le rebord de sa coupe.
Du regard, elle engloba toute la foire devant elles.
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Ellaria Sand ∞ Wayra Wyl
Heureux les simples d'espritEllaria dut se rapprocher de Wayra pour l’entendre correctement par-dessus les discussions forts, éclats de rire et autres notes de musique qui remplissaient la pièce. Ne s’étant resservit que de salades, elle donna son assiette à Elia en lui demandant de la lui emmener pour elle. Sa première fille l’interrogea du regard avant de comprendre que sa mère désirait s’entretenir un moment avec la cousine de sa meilleure amie. Elle finit par hocher la tête et par s’en retourner à la table d’honneur sans sa mère, ce qui déclencherait inévitablement l’étonnement de son amant.
Oh cela m’arrive Lady Wayra, fit-elle en retour. Je ne suis pas infaillible ni est la science infuse. Mais je sais reconnaître un visage ennuyé lorsque j’en vois un. Ma fille Elia, que vous avez rapidement entr’aperçu, n’aime pas non plus ce genre de grand rassemblement. Votre expression était presque la même.
Près du buffet, se trouvant sur une petite estrade surélevée du reste de la pièce, l’on avait une excellente vue sur la globailté des gens présents ce soir. En cet instant, tous se pressaient vers l’endroit où elles se trouvaient. Ce ne sera que bien plus tard dans la soirée, que de petits groupes se formeront ça et là et que l’atmosphère de cet endroit en redeviendra respirable. Mais pour l’heure, une véritable cohue régnait autour d’elles. Ellaria dû se pousser tout contre Wayra pour laisser passer tout un groupe de serviteurs venant certainement approvisionner les assiettes de la famille royale, vu leur livrée, leur sérieux et leur air pressé.
Excusez-moi, dit-elle après s’être mise sur sa droite en la bousculant par mégarde. Vous disiez ? Oh oui…Non n’ayez crainte je ne vous en tiendrais pas rigueur. J’aime de loin la franchise à une politesse déguisée. N’ayez pas peur de me parler ouvertement ma Dame, et pas uniquement parce que je porte votre cousine en très haute estime dans mon coeur.
Et visiblement, la bâtarde de Lord Harmen Uller ne s’était pas trompé sur Wayra Wyl et son ennui notoire car sa question et surtout, le ton employé, ne trompait pas. Elle ne se plaisait pas ici. La Sand suivi son regard, observant de leur place la foule bruyante devant elles et elle dut se pencher légèrement vers la Wyl pour que celle-ci puisse entendre sa réponse :
Nous accueillons la famille royale ; notre Princesse épouse un Prince Targaryen. J’aurais été bien étonnée d’assister à un mariage et à des festivités plus calmes si vous voulez mon avis. Je suis pourtant habituée à ce genre de mondanités qu’affectionnent les Ouestriens, mais de vous à moi, je préfère de loin celles qui me permettent de parler sans courir le risque de ne plus avoir de voix le lendemain ! répondit-elle, rieuse.
Elle posa doucement le bout de ses longs doigts fins sur l’avant-bras gauche de Wayra, en lui désignant d’un petit signe de tête un coin, à l’opposé de la pièce et donc du buffet, qui semblait bien plus tranquille et qui permettait bien mieux la discussion que leur emplacement actuel :
Regardez Lady Wayra. Et si nous nous y rendions avant que d’autres en ait l’idée ? Nous sommes en plein passage ici ; nous pourrions mieux discuter là-bas, si vous en avez envie bien sûr. Je ne voudrais pas vous imposer ma compagnie, mais quelle amie serais-je pour Lady Whissan et quelle hôte, toute bâtarde que je suis, si je ne m’assurais pas que sa cousine se plaise à Lancehélion ?
Oh cela m’arrive Lady Wayra, fit-elle en retour. Je ne suis pas infaillible ni est la science infuse. Mais je sais reconnaître un visage ennuyé lorsque j’en vois un. Ma fille Elia, que vous avez rapidement entr’aperçu, n’aime pas non plus ce genre de grand rassemblement. Votre expression était presque la même.
Près du buffet, se trouvant sur une petite estrade surélevée du reste de la pièce, l’on avait une excellente vue sur la globailté des gens présents ce soir. En cet instant, tous se pressaient vers l’endroit où elles se trouvaient. Ce ne sera que bien plus tard dans la soirée, que de petits groupes se formeront ça et là et que l’atmosphère de cet endroit en redeviendra respirable. Mais pour l’heure, une véritable cohue régnait autour d’elles. Ellaria dû se pousser tout contre Wayra pour laisser passer tout un groupe de serviteurs venant certainement approvisionner les assiettes de la famille royale, vu leur livrée, leur sérieux et leur air pressé.
Excusez-moi, dit-elle après s’être mise sur sa droite en la bousculant par mégarde. Vous disiez ? Oh oui…Non n’ayez crainte je ne vous en tiendrais pas rigueur. J’aime de loin la franchise à une politesse déguisée. N’ayez pas peur de me parler ouvertement ma Dame, et pas uniquement parce que je porte votre cousine en très haute estime dans mon coeur.
Et visiblement, la bâtarde de Lord Harmen Uller ne s’était pas trompé sur Wayra Wyl et son ennui notoire car sa question et surtout, le ton employé, ne trompait pas. Elle ne se plaisait pas ici. La Sand suivi son regard, observant de leur place la foule bruyante devant elles et elle dut se pencher légèrement vers la Wyl pour que celle-ci puisse entendre sa réponse :
Nous accueillons la famille royale ; notre Princesse épouse un Prince Targaryen. J’aurais été bien étonnée d’assister à un mariage et à des festivités plus calmes si vous voulez mon avis. Je suis pourtant habituée à ce genre de mondanités qu’affectionnent les Ouestriens, mais de vous à moi, je préfère de loin celles qui me permettent de parler sans courir le risque de ne plus avoir de voix le lendemain ! répondit-elle, rieuse.
Elle posa doucement le bout de ses longs doigts fins sur l’avant-bras gauche de Wayra, en lui désignant d’un petit signe de tête un coin, à l’opposé de la pièce et donc du buffet, qui semblait bien plus tranquille et qui permettait bien mieux la discussion que leur emplacement actuel :
Regardez Lady Wayra. Et si nous nous y rendions avant que d’autres en ait l’idée ? Nous sommes en plein passage ici ; nous pourrions mieux discuter là-bas, si vous en avez envie bien sûr. Je ne voudrais pas vous imposer ma compagnie, mais quelle amie serais-je pour Lady Whissan et quelle hôte, toute bâtarde que je suis, si je ne m’assurais pas que sa cousine se plaise à Lancehélion ?
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Lancehélion, an 299, lune 5, semaine 3
Ellaria Sand & Wayra Wyl
Ellaria Sand est venue à Wyl, aujourd’hui. Elle reste pour quelques temps. C’est une amie de Whissan, apparemment. Elles ont pourtant l’air bien différentes. Ma cousine est une grande gigue maladroite, nerveuse et ingénue. La Sand est toute autre. Cela se voit au premier coup d’œil. Elle est dangereuse, mais pas comme nous. J’ai entendu des choses sur elle, avant son arrivée. Une femme sournoise et pernicieuse, opportuniste et amoureuse. Tout et rien. Sais bien que la réputation ne fait pas tout. Mais j’ai appris à m’y fier. Père se montre charmant et chaleureux avec elle. Pas facile de voir sous son masque, il faut bien le connaître. Et je le connais bien. Il ne l’aime pas. Alors, je ne l’approche pas trop. Oui, elle est dangereuse. Mais elle s’entend bien avec Whissan. Qui est-elle, finalement ?
*
La Sand se glissa vers elle comme un aspic sur le sable. Sur ses talons, sa fille se cachait dans son ombre. Une mère et sa petite. Le tableau aurait pu être charmant. L’enfant récupéra les couverts de sa génitrice avant de disparaître sur l’ordre muet d’Ellaria. Durant quelques secondes, Wayra la suivit des yeux alors qu’elle zigzaguait parmi les convives, les robes flamboyantes et les voilages transparents. Puis, la foule l’avala définitivement.
La musique, légère, mais dérangeante, fit légèrement hausser le ton à l’amante du Prince Oberyn. La brune haussa imperceptiblement les sourcils. Après tout, elle était connue par sa mine renfrognée. Et si la pauvre petite Elia était comme elle, cela n’irait pas en s’arrangeant. Chaque rassemblement serait une torture et chaque conversation serait futile. Peut-être pourrait-elle échapper à tout cela, plus tard. Devenir capitaine d’un bateau et explorer les mers. Se transformer en marchande itinérante et s’aventurer à travers Westeros. Elle avait encore le temps. Wayra, elle, non.
Ses pérégrinations mentales furent interrompues par une petite troupe de domestiques pressés qui ne se gênèrent pas le moins du monde pour les bousculer. Les bras chargés de victuailles, ils s’en allèrent à grands pas, aussi vite qu’ils étaient apparus. On ne faisait pas attendre la famille princière. De savoir que des dorniens se pliaient en quatre pour les Targaryens la rendait furieuse.
« Faites attention ! » aboya-t-elle.
Mais ils étaient déjà loin. La Sand se redressa, un peu confuse, mais reprit le fil de la conversation comme si de rien n’était. Wayra, elle, scrutait, au loin, la tablée princière où les mets qui avaient manqué de leur finir dessus étaient désormais servis à coup de grandes révérences. Malgré la distance, ses yeux perçants distinguaient nettement le visage bouffi d’orgueil de Viserys. Un prince, lui ? Il n’était que l’ombre d’un dragon. D’ailleurs, sa famille n’avait plus rien des sauriens que de l’emblème qu’ils arboraient si fièrement. Des dégénérés. Voilà ce qu’ils étaient. De voir l’un d’entre eux se pavaner parmi eux comme un paon à qui on aurait coupé les plumes la laissait aigrie.
Lady Ellaria voulait de la franchise ? Elle risquait d’en avoir. Tant pis si elle pépiait après auprès de son amant. Les Wyl n’étaient pas connu pour apprécier la famille royale. Etonnamment, les chuchotements de la Sand lui apprirent qu’elle non plus ne se plaisait guère ici. La fille du Roi Sauvage ne put empêcher son visage de se teindre de surprise. Jamais elle n’avait vu la bâtarde mal habillée, l’air maussade ou déstabilisée. Elle aimait ce genre de réception où elle paradait au bras d’Oberyn et où les gens s’aplatissaient devant elle. Du moins, c’était ce que Wayra croyait jusqu’alors. A moins qu’elle n’ait délibérément choisi de se mettre à son niveau pour s’attirer sa sympathie. Elle n’en savait rien et vraiment elle n’en avait cure.
Docile, elle se laissa guider loin du buffet après s’être resservie en vin et l'avoir vidé d'une traite. La petite alcôve, à flanc de mur, accueillait des coussins recouverts de satin aux broderies complexes et un vin d'Essos sucré dont l’odeur s’était déjà faite sentir auparavant. La carafe de verre, semblable à une multitude de petites mosaïques colorées était déjà pleine d'alcool, préparée par les anciens propriétaires. Le parfum entêtant du suc, de la mélasse et d’essences de fruits empreignait les vêtements et les peaux. Elle se saisit d'une coupe ayant déjà servi et se servit allègrement. Elle soupira, la gorge nettoyée. D'ordinaire, elle préférait les rasades sèches, aux saveurs abruptes, mais enfin, elle se satisferait de cela aujourd'hui. Elle tendit un autre verre abandonné à la Sand.
« Pour ne plus entendre tout ça. Vous ne parviendrez pas à me faire aimer cette ville et ces gens. »
Déjà, il lui semblait que son esprit agité se calmait et que le brouhaha se transformait en bruit de fond.
« Qu’en pensez-vous ? » répéta-t-elle. « De Viserys. »
Elle avait entendu les pires rumeurs à son sujet. Les voyageurs ayant choisi de voyager par les Montagnes Rouges pour se rendre au mariage s’arrêtaient parfois à Wyl. Peu de temps, certes, mais juste assez pour que les langues se délient un peu. Ou plutôt, ne se délient pas. Et c’était cela qui laissait présager le pire. L'hypocrisie, les tons mielleux… La crainte. Les Martell avaient laissé pénétrer un loup à demi fou à Dorne et tous devraient en assumer les conséquences. Le temps où les Wyl torturaient les Targaryen étaient plus simple. L’ennemi, clairement identifié. Aujourd’hui, tout était un concours de faux-semblants et d’alliances douteuses. Et Wayra ne pouvait plus éliminer les adversaires d’autrefois qui n’étaient pourtant pas encore des amis.
Ses yeux mauves tombèrent sur ceux si noirs d’Ellaria. Elle qui était proche d’Oberyn et d’Arianne, elle savait. Et les Wyl avaient besoin de connaître les nuisibles.
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La cousine de Whissan semblait vraiment de bien mauvaise humeur, nota Ellaria. A l’ennui se conjuguait aussi un agacement palpable. Tout, un regard qui ne lui plaisait pas, une voix trop haut perchée, semblait l’énerver au plus haut point. Lorsqu’une petite troupe de domestiques passa près d’elles en les bousculant un peu trop, même au goût d’Ellaria, si elle choisit de laisser faire et de rester silencieuse, ce ne fut pas le cas de la Wyl, qui leur cria dessus sans ménagement. Ellaria devait reconnaître qu’au fond, elle avait raison de leur dire quelque chose mais cela ne faisait qu’une preuve de plus que la Sand allait devoir s’y prendre avec beaucoup de tacte si elle ne voulait pas faire elle, le sujet d’un énième agacement pour la Wyl.
Tandis qu’elle parlait, tentant de se montrer aimable et polie, elle remarqua que l’attention de son interlocutrice semblait se porter ailleurs. L’amante de cœur du Prince Oberyn suivit ce regard, ses yeux trouvant, parmi la foule, le regard sombre d’Oberyn qui la scrutait depuis son siège, attablé nonchalamment à la table d’honneur et entouré des Aspics. Mais elle se doutait que Wayra scrutait, elle, un homme bien différent d’un Dornien. Viserys Targaryen. Elle ne le voyait pas très bien, de là où elle se trouvait mais peut-être que Wayra, elle, le voyait plus nettement qu’elle ? Toujours est-il qu’elle se laissa finalement emporter jusqu’à un petit recoin plus isolé et tranquille de la grande salle où elles se laissèrent aller toutes deux sur des coussins moelleux. Ceux qui s’y trouvaient juste avant leur arrivée avaient laissé une carafe de verre remplie d’un alcool parfumé ainsi que quelques coupes vides ayant déjà servies. Wayra semblait avoir la faculté de boire de l’alcool comme on buvait de l’eau ! Ellaria supportait bien l’alcool aussi, mais elle était plus de celles qui sirotaient leurs verres tranquillement plutôt que de les vider d’une traite. Mais après s’être confortablement installées sur les coussins, Ellaria comprit que cette tendance à boire était pour la jeune femme un moyen comme un autre de faire passer le temps, temps qui semblait lui être difficilement supportable vu son aveu au sujet de Lancehélion.
Lancehélion ne peut pas plaire à tout le monde. Même entre Dorniens, nous avons nos préférences. Wyl a ses charmes, je vous l’accorde mais avez-vous déjà pu vous rendre aux Jardins Aquatiques Lady Wayra ? Cet endroit est si paisible et si agréable que je suis sûre qu’il vous plairait également, dit-elle avec un aimable sourire.
Et lorsqu’elle reprit la parole, la cousine de Whissan lui parut légèrement apaisée. Par les paroles que venaient d’avoir la Sand ou par l’alcool ? Ellaria penchait pour cette dernière mais ne lui en tint pas rigueur :
Objectivement, je pense que c’est un honneur pour notre Prince que de voir sa fille et héritière épouser le frère du Roi, bien que nous sachions très bien, vous et moi, qu’aucun Martell n’a oublié à quel point ce nom a été odieusement bafoué par notre Souverain envers notre si douce Princesse Elia, commença-t-elle avait de se rapprocher un peu plus de Wayra tout en baissant le ton, afin que les oreilles indiscrètes qui les entouraient ne puissent pas entendre la suite de sa réponse : Mais subjectivement, je n’apprécie pas cette union. La Princesse Arianne aurait dû plutôt épouser un noble jeune homme de Dorne plutôt que…celui-ci, dit-elle en tournant son regard sombre vers la lointaine silhouette du marié. Entre nous, quelque chose chez lui ne me plaît pas. Je ne saurais vous dire quoi ou pourquoi je ressens cela…Mais j’en ai froid dans le dos à chaque fois que son regard croise le mien, aussi court ce laps de temps soit-il. Et vous ?
Tandis qu’elle parlait, tentant de se montrer aimable et polie, elle remarqua que l’attention de son interlocutrice semblait se porter ailleurs. L’amante de cœur du Prince Oberyn suivit ce regard, ses yeux trouvant, parmi la foule, le regard sombre d’Oberyn qui la scrutait depuis son siège, attablé nonchalamment à la table d’honneur et entouré des Aspics. Mais elle se doutait que Wayra scrutait, elle, un homme bien différent d’un Dornien. Viserys Targaryen. Elle ne le voyait pas très bien, de là où elle se trouvait mais peut-être que Wayra, elle, le voyait plus nettement qu’elle ? Toujours est-il qu’elle se laissa finalement emporter jusqu’à un petit recoin plus isolé et tranquille de la grande salle où elles se laissèrent aller toutes deux sur des coussins moelleux. Ceux qui s’y trouvaient juste avant leur arrivée avaient laissé une carafe de verre remplie d’un alcool parfumé ainsi que quelques coupes vides ayant déjà servies. Wayra semblait avoir la faculté de boire de l’alcool comme on buvait de l’eau ! Ellaria supportait bien l’alcool aussi, mais elle était plus de celles qui sirotaient leurs verres tranquillement plutôt que de les vider d’une traite. Mais après s’être confortablement installées sur les coussins, Ellaria comprit que cette tendance à boire était pour la jeune femme un moyen comme un autre de faire passer le temps, temps qui semblait lui être difficilement supportable vu son aveu au sujet de Lancehélion.
Lancehélion ne peut pas plaire à tout le monde. Même entre Dorniens, nous avons nos préférences. Wyl a ses charmes, je vous l’accorde mais avez-vous déjà pu vous rendre aux Jardins Aquatiques Lady Wayra ? Cet endroit est si paisible et si agréable que je suis sûre qu’il vous plairait également, dit-elle avec un aimable sourire.
Et lorsqu’elle reprit la parole, la cousine de Whissan lui parut légèrement apaisée. Par les paroles que venaient d’avoir la Sand ou par l’alcool ? Ellaria penchait pour cette dernière mais ne lui en tint pas rigueur :
Objectivement, je pense que c’est un honneur pour notre Prince que de voir sa fille et héritière épouser le frère du Roi, bien que nous sachions très bien, vous et moi, qu’aucun Martell n’a oublié à quel point ce nom a été odieusement bafoué par notre Souverain envers notre si douce Princesse Elia, commença-t-elle avait de se rapprocher un peu plus de Wayra tout en baissant le ton, afin que les oreilles indiscrètes qui les entouraient ne puissent pas entendre la suite de sa réponse : Mais subjectivement, je n’apprécie pas cette union. La Princesse Arianne aurait dû plutôt épouser un noble jeune homme de Dorne plutôt que…celui-ci, dit-elle en tournant son regard sombre vers la lointaine silhouette du marié. Entre nous, quelque chose chez lui ne me plaît pas. Je ne saurais vous dire quoi ou pourquoi je ressens cela…Mais j’en ai froid dans le dos à chaque fois que son regard croise le mien, aussi court ce laps de temps soit-il. Et vous ?
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Heureux les simples d'esprit
Lancehélion, an 299, lune 5, semaine 3
Ellaria Sand & Wayra Wyl
Il paraît que les mains droites étaient restées pendues là jusqu’à ce que les vautours aient tout mangé. Sous le soleil, la peau s’était ridée et avait vilainement noirci jusqu’à ressembler à une enveloppe de cuir tanné. Les oiseaux ont grignoté chaque bout de chair jusqu’à ce que les os de disloquent et tombent dans la poussière, écrasés par les pieds et les sabots, oubliés de tous. Petite, l’histoire de la première guerre Dornienne et des amputés de l’Orage me fascinait. Je jouais à l’endroit présumé où l’on avait accroché les membres comme les souvenirs d’un triomphe. J’avais l’espoir de trouver enseveli là un pouce où un majeur que j’aurais pu garder comme un trophée.
Aujourd’hui, l’idée me paraît répugnante.
*
L’alcool faisait son oeuvre. Wayra se détendait et ses oreilles bourdonnaient agréablement. Enfin, elle n’entendait plus les conversations vides de sens que les invités se forçaient à vomir. La Wyl était de ceux qui changeaient, après quelques verres. La surprise relevait de l’humeur dans laquelle elle serait. La plupart du temps, elle s’animait et parlait fort, brisait quelques verres en titubant et finissait, entre deux rires, par vomir dans l’arrière-cour des tavernes poussiéreuses des Montagnes Rouges. Quelques fois pourtant, la personnalité ombrageuse de la jeune femme refaisait surface et elle préférait s’isoler en maugréant des paroles qu’elle-même ne comprenait pas. Généralement, elle ne se souvenait pas de ces heures de troubles et se réveillait le lendemain d’une humeur massacrante.
Par chance et assez étonnamment, aujourd’hui, elle se laissait finalement aller à l’ambiance festive. La mine agréable et presque familière d’Ellaria jouait peut-être dans la balance. De loin, même la figure désagréable de Viserys lui paraissait désormais plus pathétique qu’énervante. Dans quelques verres, ses grands airs pourraient même lui arracher quelques moqueries.
La mention des Jardins Aquatiques la laissa de marbre, malgré la gentille politesse de la bâtarde. Il était de notoriété commune que Doran Martell invitait des enfants - ses favoris - à séjourner dans ce palais quelques temps. Une tradition que Wayra avait toujours trouvé étrange. Evidemment, les Wyl n’étant pas la famille au blason le plus doré de Dorne, ni elle, ni ses frères et soeurs n’avaient arpentés les couloirs de la résidence secondaire des Martell. Un de ses ancêtres y aurait-il seulement été ? Elle en doutait fortement. Après tout, la vipère noire était faite pour garder la frontière et protéger les jeux innocents des nobles, non pas participer à leur baignade et à leurs cache-cache. Elle n’en éprouvait d’ailleurs aucune rancoeur, ces choses-là n’étaient pas faites pour elle.
« Non, » répondit-elle, laconique. « Qu’aurais-je eu à y faire ? »
Mais enfin, les conversations de surface s’apaisèrent. Le prince Targaryen - puisqu’il était à l’honneur, après tout - revint sur le devant de la scène. Wayra ne dissimula aucunement la grimace ironique qui tira ses lèvres d’un mauvais rictus lorsqu’Ellaria commença à enrober ses mots à coups d’honneur. Rien ne comptait avant le « mais ». Mais pour la forme, la Sand s’évertuait de tirer le bon, si peu qu’il est existé dans cette situation. Une mauvaise habitude que la brune taxait d’hypocrite et qui avait pris racine chez bons nombres de nobles et bourgeois. N’assumaient-ils donc pas ce qu’ils pensaient vraiment ?
L’amante du prince Oberyn se rapprocha d’elle et reprit, sur le ton de la confidence, la présentation de ses impressions. Voilà qui lui plaisait mieux. L’oreille tendue, le nez dans son verre, la fille du Roi Sauvage écoutant en acquiesçant inconsciemment.
« On se rappelle tous comment a fini le dernier mariage d’une Martell et d’un Targaryen… » grinça la jeune femme. « Pourquoi réitérer l’expérience ? Vraiment, je vous le demande, pourquoi ? »
Qu’avaient les Martell à y gagner ? Et Dorne ? Comment pouvaient-ils passer un coup d’éponge sur l’affront de Rhaegar Targaryen en mariant son frère à demi-fou à l’héritière de Doran Martell ? On disait le Prince doté d’une intelligence hors du commun. Un fait que Wayra ne s’était jamais hasardée à questionner. Encore aujourd’hui, elle ne remettait rien en question. Mais elle avait beau réfléchir, la finalité d’un tel mariage ne se révélait pas à elle. Mais la Sand en savait plus qu’elle, cela était certain.
Elle hocha une dernière fois la tête et dans le même temps, abattit sa coupe sur la table, pour signaler qu’elle partageait son opinion.
« Tout cela finira mal, » asséna-t-elle en haussant les épaules avant de se resservir en vin. « Je meurs d’envie de voir toutes les vestes se retourner. »
Fidèle à elle-même, la Wyl ne craignait jamais d’assumer ses opinions. En revanche, le festival d’hommes et de femmes qui se précipitaient pour entrer dans les bonnes grâces du couple princier lui donnait la nausée. Car il ne faisait aucun doute que lorsqu’une catastrophe aurait lieu - car elle aurait lieu, cela était certain - ils seraient les premiers à s’outrer et à condamner le fautif.
« Je suis ravie, ravie que nous partagions le même avis ! »
Enfin, un large sourire s’étala sur son visage et elle resservit la bâtarde, bien que sa coupe soit déjà pleine. Le vin se répandit sur la table dans une cascade mauve. Sans s’excuser et pas le moins du monde dérangée, Wayra trinqua. Finalement, elles n’étaient peut-être pas si différentes et cette simple similitude suffit à gommer la méfiance qu’avait insufflée la circonspection muette du Roi Sauvage à sa fille.
Ses yeux parcoururent l’assemblée, à la recherche d’une tête brune bien connue.
« Où est Whissan ? » demanda-t-elle de sa voix qui portait.
La pauvre bête devait se terrer dans un coin en attendant que l’orage passe.
DRACARYS