La fable de la mésange et du chevalier | PV Mychel Rougefort

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La fable de la mésange et du chevalier.Mychel Rougefort & Talya TorrentL'Auberge du Carrefour, une table pour quatre valois.(Lune 6 - An 302)Nous chevauchions depuis bientôt une semaine quand un matin à l’aube mes jambes se mirent à me lancer avec violence. J’étais bonne cavalière, tout du moins Tryston me l’avait avoué, mais les événements de Corneilla m’avaient secoué et épuisé à la fois. À l’excitation, s’était liée l’horreur face à la mort devenue fascination morbide pour ce procès à venir. Oh, l’issu n’en serait forcément qu’évidente, mais il allait sans dire qu’assister à un procès en grande pompe était bien plus intéressant que quelques médiocres querelles de pêcheurs. Je demeurais encore perplexe de la nécessité de ce dernier, mais, après tout, peut-être le meurtrier était-il simplement la main d’un plus noble, ou encore était-ce une simple histoire de vengeance. Savoir, c’est avoir le pouvoir disait un homme du Val. Cette pensée m’arrachait une contrariété à l’idée de ne point assister à cet événement tandis qu’Herpivoie se dessinait dans notre dos, baignée par la lumière du soleil levant, la tour ronde de la bourgade fendant l’astre céleste en deux lueurs rassurantes. Père m’avait privé d’un plaisir simple, mais je n’étais après tout pas en voyage pour le plaisir, j’étais son émissaire et je me devais d’obéir à chaque nouvelle missive. À l’horizon, se distinguait la fumée blanche de la demeure bordant le Trident. Le froid, lui, toujours aussi bien installé que la veille, mordait mon visage peu réveillé. Nous partions toujours aux aurores, car les journées étaient courtes en hiver.
Je massais mon mollet, lentement, alors que celui-ci me fit l’effet d’une crampe foudroyante. Étouffant ce qui semblait être un cri de douleur, j’observais avec une mine inquiète l’un de deux soldats qui assuraient ma protection pour le voyage qui me mènerait bientôt jusqu’au Val. D’une voix lointaine, et contrariée par la désagréable sensation, j’appelais l’un d’eux à ma rescousse alors que je tenais fermement de ma main gauche, la bride qui maintenant l’allure de Raven, dont la démarche était devenue hésitante au fur à mesure que je perdais face à la morsure du muscle.

“Symond ? Pourrait-on s’arrêter quelques secondes ? Je dois boire un peu et détendre ma jambe.”

“L’dy Torrent, c’est pas faute de vous avoir conseillé de monter de façon… plus… enfin, vous voyez ? Vot’ robe elle vous serre la guibole jusqu’à l’étouffement-là !”

J’affichais une mine contrariée à son encontre. Non pas qu’il me vexait par ses paroles, j’aimais la franchise de mon escorte et nous nous étions entendu sur une relation plus cordiale que celle qu’imposait mon père, Alesandor Torrent. Après un petit soupir pour signifier au soldat qu’il avait gagné sans avoir à me gratifier en supplément d’un sempiternel “j’avais raison”, il démonta de son cheval pour venir m’aider à quitter la selle du mien. Raven demeura calme à l’approche de l’homme alors que je me tenais encore au cuir humide de la selle. Un miaulement contrarié s’échappait de la nacelle alors que le garde encore posté sur son destrier grommelait comme à son habitude.

“‘Va jamais se taire c’te foutue bête ?”
“Le jour où tu s’ras aimable Lyonel.”

Les laissant à leur joute verbale un peu vaine, je m’adossais à une roche sur le chemin - subissant la sensation glaciale de cette dernière, d’abord du plat de la main puis au travers des tissus - alors que le premier homme me tendit une bouteille déjà ouverte avant de la pousser contre la paume de main.

“Buvez-donc. Pis tendez vot’ jambe avant de la masser. J’vous aiderez bien, mais le seigner vot’ père m’y autoriserait pas. Je vais donc me tourner et si vous avez b’soin… ‘Fin, vous connaissez la chanson.”

Il avait l’air gêné, cela me fit sourire malgré l’instant, alors que je buvais à présent silencieusement l’eau, fraîche et abondante de la gourde de cuir. Étirer ma jambe fut une sacrée torture alors que j’étouffais un nouveau râle de mécontentement, insultant au passage - et ce bien gratuitement - l’homme qui m’avait proposé de la mettre dans cette position. Oui, c’était là la solution la plus adaptée, je le savais bien, mais, par les Sept, elle était la plus irritante de toutes.
Il fallut une dizaine de minutes environ avant que la crampe ne s’efface, ou plutôt que le froid ne me décide à me redresser pour me remettre à ma place initiale. Par souci de sûreté, Symond avait pris le soin de placer Raven à côté de sa monture et de les lier pour que je n’aie qu’à me gérer durant le restant du trajet.

“Nous ferons halte à l’auberge du carrefour.”

J’eus un frisson d’effroi en me rappelant des dents rouges de Masha Heddle, rongées par le jus de surelle depuis sûrement des centaines et des centaines de lunes. Mais je gardais un bon souvenir de cet endroit malgré tout. Symond m’aidait pour grimper sur la selle devenue fraîche et plus humide que lorsque je l’avais quitté, nous permettant de reprendre notre route. J’eus un hochement de tête pour faire repartir le cortège.

Le Trident traversé, nous arrivions à l’auberge pour l’heure du premier vrai repas de la journée. Et cela s’entendait. Par ce froid, la gaieté de l’été avait quitté les routes et la vie y demeurant encore n’appartenait qu’aux braves qui s’attelaient tantôt à voyager, tantôt à cultiver les maigres denrées qui survivent encore au froid. De la demeure aux briques blanches s’échappait une chaleur et une joie rassurante alors que nous passions par l’écurie pour y déposer nos trois amis échidnés. Ceci fait, nous prîmes le chemin de la grande salle principale avant de constater que nous étions peut-être presque en retard pour y trouver une place confortable et assez proche du foyer. En fait, nous n’avions même pas la certitude de pouvoir profiter d’un repas tant la salle gerbait d’âmes affamées. L’odeur des volailles rôtis nous firent malgré tout saliver, et l’idée d’en louper une cuisse n’était pas du tout appréciable. Pourtant, la grosse dame aux dents sales nous indiquait une table dans un coin un peu escarpé, pas le plus proche de la chaleur, mais pas non plus le plus frais, où se trouvait un seul homme assis, et la voix grasse de la gérante nous soufflant avec un petit rire sarcastique:

“C’t’un aut’ valois qui mange là-bas. Z’avez qu’à lui demander s’il veut prêter un peu de sa tab’ avec vous.”

Nous n’avions pas à l’évidence vraiment l’embarras de choix de toutes façons. Nous parvînmes à nous frayer un chemin jusqu’à cette table alors que, approchant de cette dernière, je me raclais la gorge, quelque peu intimidée à l’idée de parler à cet homme inconnu, de peut-être le déranger, de me retrouver face à un manant plus qu’à un valois - et encore bien d’autres suppositions sur lesquelles je ne m’étendrais pas - avant de nous annoncer, coincée entre les deux soldats sur le qui-vive.

“Messire, veuillez nous pardonner cette intrusion. Puis-je vous demander si ces places sont encore libres ? La tenancière nous a indiqué que nous pourrions probablement nous restaurer ici, en présence d’un valois, selon ses dires.”

Ma langue fourchait un peu alors que j’affichais un sourire un peu maladroit. Je ne savais même pas s’il avait entendu la moitié de ce que je souhaitais lui dire, mes paroles perdues dans le brouhaha du lieu et mon hésitation à lui retirer un peu de cet ultime calme qu’il possédait. J’attendais pourtant un quelconque signe de sa part.
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La fable de la mésange et du chevalier.

« Il est des lieux où souffle l'esprit. »



Talya & Mitch


Sinistres souvenirs dans une sinistre région. L'errance semblait la marquer de son sceau, ici les intrigants laissaient leur peuple s'écharper continuellement, à en retourner la terre grasse jamais endormie, jamais rassasiée du sang des vaincus. Par ici montaient ou descendaient les armées en quête de victoire, en quête de gloire ou de vengeance, les armées en déshérence à la recherche l'abri d'un cours d'eau ou le refuge de leur terre natale qu'elles avaient quittée. Les hommes de Mitch avaient rejoint le Val depuis plusieurs semaines, sitôt les funérailles effectuées et le frère aîné de Mychel, Jon, en sécurité, ils avaient été autorisées à rentrer pour profiter de leurs proches. Des contestations s'étaient élevées pour critiquer l'attitude solitaire du chef, certains craignaient pour la sécurité de leur leader. D'un regard sombre et d'un geste de main le Rougefort avait balayé les objections. Il avait eu besoin de la solitude du chef, quand bien même celui-ci fut jeune et miteux, chacun pouvait y aspirer. Sa méditation le fit naviguer dans ce pays herbeux, aux ruisseaux nombreux et bons, qui sépare et lie les régions toutes ensembles.
Chaque forteresse le dominait et il espérait avoir un jour la sienne. Ces places fortes poussèrent la réflexion dans sa jeune âme de militaire, encore en construction politiquement. Selon lui ces constructions imposantes pouvaient illustrer la faiblesse historique du Conflans dans l'histoire du continent, qui en faisait plus un théâtre qu'un acteur : ses grands nobles. Les féodaux ici, dans leur puissance et dans leur expression, tout généreux et bons, voire loyaux qu'ils fussent auraient été insupportables aux yeux de Mitch s'il avait été conflanais. Construire sur ces bases-là semblait compliquer, chaque vassal s'estimant lésé en défenses naturelles par les Sept obtenait historiquement des passe-droits pour maintenir son système propre au mépris de la cohérence du fonctionnement de la région et de son outil de défense. Enfin, cela c'était aussi ce qu'il retirait de ses lectures, peut-être que les Nerbosc parviendraient là où les Tully avaient échoué. Sa visite contemplative le mena ensuite à Darry et avant à Harrenhal où il ne s'éternisa pas tant la charge historique et émotionnelle était forte, ses yeux simplement se posèrent sur les murs effondrées qu'il s'en suffit pour le faire quitter les lieux. La nostalgie et l'admiration l'envahirent à la vue des ruines. Il jalousait les chanceux qui avaient pu suivre Aegon et se couvrir de gloire à ses côtés. Certes, il avait des dragons, mais tout de même, il n'avait pour seule possession que des îles caillouteuses et stériles, le Conquérant était l'exemple du petit, du proscrit qui s'élevait par son courage. Hélas ! cette époque était révolue. Un petit comme Mychel pouvait au mieux aspirer à commander un détachement de sa famille, des cavaliers, de l'infanterie. Attention malheureux ! Il ne fallait pas chambouler la hiérarchie régionale ni familiale. Il y avait une paire de nobles à caser auprès du suzerain pour ne mécontenter aucun traîne patins. Ensuite il y avait ses frères qui avaient réussi l'exploit de naître avant lui, et qui en toute logique, la nature s'attachant au mérite - et moi à l'ironie, songea Mitch ricaneur - aspiraient à une place plus prestigieuse. Sans doute que les miettes furent déjà trop d'honneur pour lui. Il ne resta pas non plus à Darry, il n'y entra pas et préféra la compagnie des villages alentours et des humbles qui y résidaient, pour aider leur parfois dure existence.
A la toute fin de sa retraite, son errance éperdue avait été profitable. De péripéties en retournements nocturnes, de journées à dormir sous la pluie à repas de racines, le destin avait décidé de nourrir son âme avide de prestige et de promesses de reconnaissance. Une véritable épée valyrienne ceignait à sa ceinture. La contemplation de cet objet extraordinaire avait été une source incommensurable de joie et de fierté,  la chance lui souriait : Il entrait dans la confrérie des veinards. Plus qu'une arme redoutable, ce serait son porte-bonheur, l'assurance que, rien était joué et qu'un jour il serait plus que ce qu'il était en l'instant. Il voguait sous la bruine froide du Conflans. Sous son humble et ample tissu marron qui recouvrait son corps et cachait son gambison aux couleurs des Rougefort, il vagabondait discrètement dans la région. Son capuchon parfois rabattu, non pas pour dissimuler son visage car après tout personne ne le connaissait, lui gardait la face au sec. Ce fut particulièrement appréciable car à Herpivoie-Ville au moment de traverser le Trident, il ne put loger dans une auberge faute de place pour son cheval et lui. Alors après un petit repas et avant que la nuit ne fut définitivement acquise, il s'en était allé à bride abattue La boue grasse éclaboussait et se collait au pelage de son destrier, à son long manteau, à son visage dans la pénombre. Peu à peu, les reliefs alentour mutaient en de simples silhouettes sombres sans points remarquables, sans aspérité. Seule une bâtisse en pierre blanche parvenait à accrocher son regard, elle était grise dans la nuit mais dénotait tout de même avec les limbes sombres l'enveloppant. Malheur ! le lieu semblait également fréquenté, que diable pouvait-il se passer pour forcer les Hommes à se déplacer ainsi ? Ser Rougefort s'était d'une certaine façon retiré, et le retour à la civilisation c'était le retour à la rumeur. Ce qu'il entendait venant du Val l'inquiétait autant qu'il soulevait son intérêt. Arrivé à l'auberge, le jeune valois donna quelques cerfs d'argent pour la dernière chambre et son cheval. La nuit fut bonne et le chevalier se leva assez tard, et à cause du bruit et des rayons de soleil qui traversaient sa fenêtre.
A son arrivée en bas, la salle fourmillait de badauds, de gens du coin et des gens venus de loin. L'on pouvait entendre des bruits étouffés de chopes rencontrant le bois de basse qualité d'une table à manger usée. Les piques et les couteaux grinçaient contre une écuelle. Le tenancier avait la tête à toute les tâches, quelques plats étaient encore sur le feu, du pain était sorti, des fûts de bière qui se vidaient et ne restaient alors pas longtemps. Les effluves d'alcool et les relents de cuisine grasse pouvait donner le tournis au réveil, mais une fois que l'on s'y habituait, on ne tournait pas de l'oeil. Et à terme, on trouvait même une certaine délicatesse dans l'odeur des volailles bientôt prêtes. En l'absence de fourreau adéquat et en présence de tant de monde, Mychel avait préféré envelopper son épée valyrienne dans un drap et le sangler dans son dos, avant de descendre de sa chambre. Seul le pommeau dépassait, pour pouvoir saisir l'arme et se défendre en cas de besoin. Il mangeait une sorte de purée de pois accompagnée de lard fumé et d'une carafe d'eau comme à son habitude, lorsqu'une femme et ce qui semblait être ses gardes approchèrent. Mitch l'écouta parler, ses yeux sombres ne trahissait aucune émotion particulière alors que son regard détaillait chacun des présumés valois. Il laissa un blanc après sa tirade hésitante, il souriait intérieurement car la gêne avait tendance à le charmer d'une façon ou d'une autre puis d'un signe de main, il les invita à s'asseoir sans dire un mot. Le chevalier  reprit son repas en silence, sachant deviner un moment de gêne à la table, d'autant qu'il n'avait pas cherché à l'éviter, il finit par prendre la parole sans quitter des yeux sa nourriture.
- Vous paraissez bien loin de Petitesoeur ma Dame. Vous êtes bien une Torrent ? Je suppose que vous êtes venue pour quelque chose de particulier, le mariage peut-être. Il fallait être représenté et puis... vous paraissez trop jeune pour être Lord Alesandor, dit le valois en levant des yeux rieurs et une moue taquine à son interlocutrice. Il espérait que son trait d'esprit allait être bien accueilli et qu'on allait pas le prendre pour un sinistre abruti incapable de distinguer un homme d'une femme. Vous êtes sa fille, non ? Il me semblait qu'il avait une fille d'à peu près mon âge... La route se passe bien pour vous ma Dame ? Vous rentrez chez nous ? Il leva la main pour que le tavernier vienne servir ses compatriotes. La volaille mijotée par le propriétaire semblait enfin prête. Vous reprenez la route après le repas je suppose ? S'il sied à vos gardes, peut-être pourrais-je faire un petit bout de chemin avec vous. Et pour anticiper leur méfiance légitime à mon égard, je vais me présenter tout de suite afin qu'on ne me prenne pas pour un bandit. Je m'appelle Mychel Rougefort, mais appelez moi Mitch ma Dame.

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La fable de la mésange et du chevalier.Mychel Rougefort & Talya TorrentL'Auberge du Carrefour, une table pour quatre valois.(Lune 6 - An 302)Les deux gardes ne se firent pas plus prier pour se laisser tomber lourdement sur les bancs qui composaient la tablée qui serait bientôt complète. Le premier, Symond, pris place en face de l’inconnu alors que le second se laissait tomber à côté du convive, de sorte à ce que la place restante et donc la mienne, se retrouve dans un étau de protection des plus salutaire. Je me sentais bien petite et risible face à tous ces hommes, grands, forts et aux allures plus que menaçantes pour une femme de ma naissance. Si j’avais une confiance aveugle envers les deux énergumènes qui composaient ma garde, la silence de notre ultime compagnon de pitance ne me rassurait guère. Fronçant les sourcils et affichant une grimace à ses paroles, Lyonel ne pu s’empêcher de déclarer à la fin de la présentation du jeune homme, me retirant les premiers mots que je souhaitais lui confier.

“T’es bien loin de chez toi aussi pour un Rougefort. Et bien seul.” Par souci de solidarité, il interrogeait son coéquipier d’une oeillade complice qui ne tardait pas à ajouter à la première tirade un petit “Et bien difficile à identifier aussi.”

Je ne pouvais que saluer leur méfiance qui était leur, mais tout le monde n’a pas l’obligation de voyager en compagnie d’une garde ou d’une quelconque escorte. J’étais une dame, du Val qui plus est, de ce fait, elle m’avait été imposée, mais je lui enviais sa situation. La liberté avait un goût plaisant pour quiconque s’en sentait privé. D’une main douce et rassurante, je déposais ma main contre le gant de cuir du soldat assis à ma droite avant de pencher la tête sur le côté et de déclarer calmement.

“Cessez. Nous nous sommes déjà rencontrés par le passé avec Mychel.”

Arquant le sourcil, il n’osait bouger pour que ma frêle main ne vole pas, balbutiant d’une voix contrariée et proche de l’incompréhension, lui qui était toujours prêt à défendre l’enfant confiée par son maître :

“Si vous le connaissez pourquoi vous ne nous l’avez pas dit L’dy Talya ?”

Je haussais les épaules alors que j’apportais un regard à mon assiette, me retenant de la dévorer en premier lieu et de lui donner quelques explications après avoir dégusté cette délicieuse poularde rôtie. Ce qui serait mon bon droit, mais loin d’être profitable pour le bon déroulement de cette rencontre. Quittant la délectable vision de mon repas, je portais mon attention sur le Rougefort avant d’afficher un sourire amusé.

“A notre dernière rencontre, je devais faire une tête de plus que lui, malgré qu’il soit l’aîné des deux. Néanmoins, pour ce qui est la taille, la tendance semble avoir jouée en sa faveur.”

Je fis signe à ma garde de commencer le repas alors que je me servais une belle coupe d’eau fraîche pour la porter à mes lèvres. Elle était aussi gelée que ne pouvait l’être l’eau du Trident, la douceur en plus. Il avait fait preuve de discernement en nommant un nom de ma lignée, je lui rendais donc son geste.

“Comment se porte le Lord Horton ? J’eus ouïe dire qu’il était grand-père à présent. Et vos frères ?”

Repliant les manches de la robe que je portais dont les immenses manches tombantes ne tarderaient pas à venir saucer le plat sans demander leur reste. J’attrapais la cuisse avec une fourchette alors que je me servais de mes doigts pour défaire la viande fumante et la porter à mes lèvres avant de laisser échapper un petit soupir d’aise à pouvoir enfin remplir mon ventre de quelque chose de plus consistant qu’une maigre potée de patates qui me tenait le ventre depuis la veille.

“Je suis effectivement Talya Torrent, unique fille de Alesandor et Elyanna. Je vous présente mes excuses pour ne pas vous avoir reconnu. Cela doit faire bien plus d’une dizaine d’années que nous ne nous sommes pas revus. Vous avez… gagné en force.”

Je ne savais la façon dont il fallait complimenter un homme qui ne cherchait pas à l’être. En grande pompe et durant des événements, cela me semblait totalement couler de source, mais à cet instant. J’affichais une petite moue, pas convaincue de ce que je venais de dire avant de détourner le regard, les joues sûrement fardées de rouge. Affamée plus qu’intimidée, j’ajoutais néanmoins.

“Nous faisons route pour la Porte de la Lune, j’ignore votre destination, mais voici la nôtre. Un homme de plus ne sera pas de trop avec les clans des montagnes je suppose. Et vous devez avoir bien des choses à raconter depuis notre dernière rencontre.”

La curiosité était un bien vilain défaut, la foi me l’avait bien largement enseigné et mes maîtres à penser aussi, mais il avait sûrement voyagé bien plus que je n’avais l’occasion de le faire. Et il valait mieux vivre des aventures par procuration que de toutes les ignorer. J'apparaissais la pupille brillante, mordant un nouveau morceau de volaille.
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« Il est des lieux où souffle l'esprit. »



Talya & Mitch


Les Valois étaient durs à aborder, abrupts des fois, fermés, à l'image de leurs côtes rocailleuses et de leurs grandes montagnes. De la caillasse et des monts froids qui enfermaient des fois une grande beauté, de la vie, si l'on se donnait la peine de la chercher. C'était un peuple fier, à part à Westeros, comme tous les autres sûrement. C'est ce que le Rougefort aimait chez les siens, ils étaient souvent taiseux, rudes, bruts de décoffrage, mais ils savaient offrir des choses. La garde qui accueillait lady Torrent correspondait à ce tempérament dont Mitch raffolait, des hommes humbles, qui aimaient sans doute servir correctement et se dévouer à quelqu'un de confiance. La scène alimenta ses yeux discrets, la jeune femme semblait avoir gagné un sincère respect voire une véritable affection de ses gardes. Souvent l'on estimait que les gardes se montraient courtois avec une jeune femme en ayant des arrières-pensées, Mitch était incapable de juger sur ce point là ; en revanche il était convaincu que le charme avait opéré, et que ses hommes étaient habités de sentiments bienveillants à son égard. Toute en douceur, à l'image de son geste de main, elle semblait avoir dompté des Valois, c'était à mettre à son crédit.

Vous vous rappelez de mon nom Talya, vous me flattez. Je ne pensais pas que vous me reconnaîtriez après toutes ces années. Après tout, tous les mioches se ressemblent aux yeux des jeunes filles ! Le chevalier ne parvenait pas à fixer le moment où ils s'étaient vus pour la dernière fois. Un événement joyeux sans doute, le chevalier parvenait à se remémorer la musique, les danses, les chamailleries entre enfants. Peut-être s'agissait-il de la naissance du petit Robert Arryn après plusieurs essais infructueux. Auquel cas, si ses souvenirs d'antan et les informations venant du Val étaient justes, le destin se montrait pour le moins ironique. Cruellement ironique. Un rasade d'eau vint rafraîchir son gosier, puis une miche de pain gorgée de sauce le remplit, ses compatriotes avaient l'air affamés. Pour eux aussi la route la route avait pu être fastidieuse et le pays les appelait. Bientôt ils seraient chez eux dans un vrai lit. Mychel observait leur discussion avec un sourire en coin.
- Elle dit vrai messire ! A l'époque je ne lui arrivais pas au cou, d'ailleurs c'est la raison pour laquelle je ne l'avais pas invité à danser, j'avais peur de la couvrir de gêne. Et aussi car j'avais peur de me ridiculiser, tant mes pas de danse sont gauches. J'espère que vous me pardonnerez ma couardise de l'époque ma Dame ! J'ai essayé d'y remédier en grandissant. Ravi que vous ayez remarqué mon changement de corpulence ma Dame, vous avez l’œil bien vif malgré la fatigue de la route. Il lui adressa une œillade taquine, c'était le genre de compliment qu'on lui adressait le plus facilement. Cette masse, c'est une chose qu'on remarque plus facilement que l'esprit, la générosité ou l'humour, je dois vivre avec !  Il rit chaleureusement à nouveau avant de reprendre. Quand à vous ma Dame, vous êtes devenue la femme ravissante et forte que vous promettiez d'être enfant. Il était sincère, quand il parlait de force, il parlait de celle de caractère. Il en fallait pour partir loin de chez soi, munie d'une garde réduite alors qu'on était une femme dans ce monde brutal et injuste.

L'évocation de son père n'était pas maladroite, il était normal de s'enquérir de la famille de son interlocuteur, néanmoins cela faillit le renfrogner. Une simple moue maussade se dessina sur son visage car il était inutile de faire culpabiliser Talya. Mais il est vrai que plus le temps passait et plus Mitch sentait que ses devoirs allaient à son nom plus qu'à son père. Pendant des années il avait cherché à le servir convenablement, à lui être utile mais force était de constater qu'il n'en avait pas été plus avancé. Il y avait toujours un frère qui passait devant lui, le jeune homme convenait qu'il y avait des règles et qu'il ne pouvait geindre comme un enfant capricieux. Il était normal que les plus vieux soient chargés des missions importantes, mais il paraissait désormais évident à Mychel que peu importe ses efforts, son avenir était bloqué. C'était une source de grande tristesse et d'amertume pour lui car il aimait son père, n'avait pas vraiment de grief contre lui, mais les deux étaient manifestement destinés à s'éloigner sous les assauts des carcans et des traditions. Être un éternel sous-fifre qu'on sort pour protéger un tel ou un tel, pour mener une troupe mineure au combat, ne lui conviendrait pas éternellement. Un sourire mélancolique se dessina. Je suppose que mon père va bien, je l'ai très peu vu à vrai dire ces dernières lunes ; entre mon voyage dans le Nord et mon départ pour Corneilla, ne suis-je resté dans le Val que quelques semaines tout au plus et encore y étais-je essentiellement pour combattre les incursions. Il doit être ravi de voir sa famille pérennisée ainsi, c'est quelque chose qui lui a toujours tenu à cœur. Un nouvel homme entre dans la famille avec le fils de mon frère Creighton. J'espère revoir le petit Zachery bientôt. Quand aux autres, et bien Jasper est probablement en train de suivre mon père à réfléchir politique, c'est l'apanage des aînés, les plus jeunes ont moins le sens de ces choses là d'après ce qu'on dit. Quand à Jon, la dernière fois que je l'ai vu il était auprès de lady Bracken, la pauvre a été bien malmenée durant le mariage à Corneilla. Par ma faute en plus. Et vous alors ? Votre père a laissé la main à votre frère, il a pris les rennes ? Vous servez d'émissaire pour être aussi loin de chez vous ?

Mitch porta un morceau de viande à la porte de ses dents. Elle s'ouvrit et se referma doucement. Ses crocs se plantèrent dans la chair avant qu'elle ne soit engloutie. Une fois le plat fini, il avait hâte de reprendre la route, Mange Coeur dans le dos pour se protéger des brigands, et une bonne compagnie pour chevaucher à ses côtés. Si j'ai des histoires à raconter... Certainement... J'ai beaucoup vagabondé récemment, seulement je ne suis pas sûr qu'elles méritent d'être contées. Elles ne valent pas grand chose ma Dame, elles ne font pas partie de celles que les bardes chanteront, j'en ai bien peur. Toutefois, si cela a le mérite de vous divertir, je me ferai un plaisir de tout vous raconter. Puis-je vous demander la raison de votre départ à la Porte-Sanglante ? C'est une escale avant de rentrer sur votre île ? Ou bien quelque chose de plus important vous y amène ? Il était plus hésitant, car il avait eu vent de rumeurs mais ne savait s'il devait y prêter foi. J'ai entendu de noires nouvelles venant de notre pays alors que je me trouvais entre Darry et Herpivoie. Avez vous entendu des choses similaires concernant... notre suzerain ? L'évocation de cet hypothétique malheur dessina une allure inquiète sur le visage de Mychel : il avait peu d'espoir pour l'avenir de Robyn et de son règne mais l'idée de voir le nom d'Arryn disparaître le plongeait dans un profond désarroi. Quand bien même son ami Hardyng hériterait.

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La fable de la mésange et du chevalier.Mychel Rougefort & Talya TorrentL'Auberge du Carrefour, une table pour quatre valois.(Lune 6 - An 302) Un rire gras s’échappait de la bouche barbouillée de sauce du garde se trouvant face à moi alors qu’il écoutait les souvenirs de notre dernière rencontre avec le Rougefort. D’un geste rapide mais certains, je lui offrais un coup de pied dans le genoux qui le fit taire, bien que son regard empli de jurons ne laissait rien prévoir de bon. A l’époque, je n’étais pas non plus une excellente danseuse, il est vrai, et, même en sachant cela, je me souvenais avoir était très vexée d’être l’une des seules demoiselles à ne pas avoir eu d’autre cavalier que son frère aîné. J’avais des préoccupations biens plus dérisoires en ces temps-là. Pourtant, ma vie n’avait rien de facile. Ma mère et mon frère s’en étaient tous deux allés pour le voyage sans retour depuis deux années et les hommes de ma famille demeuraient inconsolables en tout temps. Et moi, j’étais la précieuse princesse de l’île, il fallait déposer un oreiller à chaque pas que je faisais, chaque fois que ma gorge me piquait, mon père se ruinait en médecin de peur qu’une maladie n’emporte une nouvelle fois l’un des siens. Drôles de souvenirs qui se trouvaient maintenant de retour dans mon esprit.

“Je crois que je ne vous en veux plus à présent…” Je fis tout de même mine de réfléchir, au cas où je changerais d’avis, dix années plus tard. Ce qui ne manquait pas de faire sourire le garde à ma droite, se délectant de sa coupe alors que le spectacle lui offrait une lueur de malice dans le regard. Haussant les épaules, j’offrais la fin de ma réponse à la tablée “Mais je vais y réfléchir sur le trajet. Ce sera plus raisonnable.”

Mon visage s’était refermé lorsque le sien s’était emprunt d’une mélancolie qui me semblait douloureuse. Les formalités des retrouvailles n’avaient pas été des plus adaptés à ce que je pouvais comprendre maintenant. Je ne vivais pas mal la position de dernière de la fratrie, parc que j’étais une femme, peut-être, et que j’avais vu appris que mon avenir ne serait pas tout rose. Je m’en étais tout de même bien sorti dans mon malheur. Emissaire, femme de vingt ans qui n’avaient pas encore porter la vie. Non, je n’avais certainement pas à blâmer ma situation.

“Tryston est maintenant plus sur le devant de la scène que le Lord mon père, effectivement. Ce dernier est quelque peu souffrant et ne communique que très peu avec l’extérieur, ce qui rend son statut bien difficile. Quant à moi, je suis effectivement l’émissaire de ma maisonnée. Une situation riche et plus confortable qu’il n’y paraît pour une Dame de ma naissance. Ma garde rapprochée n’est pas mauvaise, bougonne mais pas insupportable. Lâchais-je dans un petit rire alors que les deux hommes qui la composait étaient en train de partir vers les écuries pour aller chercher nos montures et préparer déjà ce qui s’annonçait comme un départ. “La selle de ma jument me fait souffrir le martyr et mes robes ne sont certainement pas les plus adaptées à mon nouveau statut.”

Je m’étalais sur mes petits soucis mais c’était si rare qu’on m’interroge un minimum dessus que je ne pouvais que saisir l’opportunité qui se présentait à moi. Alors que je fouillais à l’intérieur de ma besace pour en saisir le paiement de notre repas, je fronçais les sourcils en remarquant que celle-ci était manquante. Oh, elle n’était pas perdue, j’avais juste été devancée. Néanmoins, cette position me permettait de récupérer la missive de mon père afin de la tendre au jeune homme qui se trouvait maintenant être le seul compagnon de ma fin de repas. Le temps qu’il puisse la lire, je m’atelais à défaire les petits bouts de viande se trouvant encore accrochés sur la carcasse, les plaçant dans un petit coffret de bois que je glissais dans ma besace.

“J’ai bien peur que ces rumeurs ne soient fondées. Mon père ne me demanderait pas de prendre la route si ce n’était pas nécessaire. Nous échangeons la plupart du temps par corbeau, et je lui avais fait part de mon envie de demeurait dans le Conflans jusqu’au terme du procès. S’il m’a intimé de partir, c’est que la nécessité s’y trouve.”

Je me redressais enfin, faisant le vide des miettes se trouvant sur ma cape dont je venais de replacer la broche pour que la morsure du froid ne me prenne pas au coeur lorsque je retournerais à l’extérieur. Je fis le premier pas pour sortir de la salle par une porte plus accessible que celle par laquelle nous étions rentrés, la foule dégueulant aux alentours de cette dernière, je n’avais guère envie de me prendre les pieds dans quelques bancs branlants, de recevoir par mégarde de la bière volante sur ma tenue. Poussant la chevillière, je fis signe à Mychel de me suivre pour que nous puissions regagner les écuries. Sur le trajet, car nous étions plus au calme et que la discussion serait entendue, tout du moins je l’espérais, par moins d’oreilles indiscrètes, j’annonçais d’une demie-voix.

“Je n’aimais guère Lysa. C’était une femme excessive et dont l’hystérie n’était plus à prouver… Petite déjà, je la trouvais effrayante. Néanmoins, je n’ose imaginer la douleur qui doit à présent étouffer son coeur. On dit qu’il n’y a pire perte pour une mère que celle de son enfant. Plus encore lorsque la mort n’est pas naturelle. Si elle était née homme, sûrement serait-elle déjà en train de poursuivre les tueurs de son doux Robin.”

Je mettais un pied devant l’autre alors qu’un miaulement s’échappait d’une grange non loin, m’indiquant que je ne me trompais pas de chemin, malgré ce petit détour de digestion que j’avais entrepris de faire en compagnie du valois.

“Le Val a perdu son dernier faucon. Quelle étrange situation. Notre nouveau suzerain ne porte pas le nom de cette noble lignée, ce qui fera sûrement saigner bon nombre de plumes. Qui sait combien de familles se désigneront plus légitimes de diriger à présent…”

Un frisson d’effroi me parcourait l’échine alors que j’entrais enfin dans l’écurie, y retrouvant Raven et sur son dos, la féline qui grognait, pas décidée à vouloir retourner dans sa cage de fortune qui était ouverte dans le box.

“C’qu’elle est féroce la garce !” fit remarquer Lyonel alors que Symond, lui, restait assis prêt de la cage, d’un air un peu pataud, en train de se fendre la poire de la situation. “Tu sais très bien qu’elle ira pas dans sa panière sans que la p’tite Torrent ne la nourrisse et ne l’y remette elle-même.”

Difficile de ne pas rire face à la clairvoyance dont faisait preuve le garde. J’approchais discrètement pour ne pas perturber l’échange. Plaçant mes bras sur le portillon du box, je m’adossais à ce dernier avant de hocher la tête en fixant la capricieuse chatte.

“Mera. Viens-là ma belle. Je t’ai pris de la poularde.”

D’un profond miaulement, elle sautait du dos de la jument pour rouler comme une bien heureuse dans le foin tandis que j’entrais dans la petite cellule. J’extirpais le coffret de sa cachette pour l’ouvrir et le déposer dans la cage du fauve au nom de dragon. Cette dernière entrait alors à l’intérieur, mangeant son repas sans se faire prier alors que Symond se redressait silencieusement pour refermer la petite porte et refaire la sangle pour enfermer la capricieuse demoiselle. Une bonne chose de faite.
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La fable de la mésange et du chevalier.

« Il est des lieux où souffle l'esprit. »



Talya & Mitch


Le chevalier allait faire une remarque de commodité au sujet des robes et des chevauchées et proposer de porter des braies bien plus convenables et agréables pour se mouvoir et faire du cheval lorsque l'émissaire des Torrent lui glissa une lettre sous les yeux. Mychel la lut avec gravité alors que Talya lui expliquait la situation. Ses craintes étaient confirmées, voilà que le Val commençait à s'embraser. Certes un ami était devenu suzerain et il valait mieux un jeune homme fort et dynamique plutôt que des êtres chétifs et maladifs symboles d'une dynastie déclinante. Cependant, c'était là la lecture court-termiste et l'intuition politique de Mitch semblait lui indiquer que c'était une bonne chose pour le moment, le prestige d'un vieux nom régnant était gage de légitimité et de stabilité. Il aurait suffi que le petit lord tienne quelques années de plus et fasse un enfant avant de rendre l'âme, un enfant robuste, et tout serait rentré dans l'ordre dans une décennie. Il faudrait probablement un siècle au Hardyng, un siècle de preuves et de luttes ouvertes ou secrètes pour affermir son pouvoir et pérenniser sa famille à la tête du Val. Par chance il était un Hardyng certes, mais son sang était également Arryn, et lord Jon l'envisageait sérieusement comme héritier avant que son fils ne naisse. Cela pouvait jouer pour lui. Mitch sortit en silence à la suite de la jeune dame, son air était grave. Le contraste entre la pénombre de l'auberge et la lueur du jour contracta les yeux du chevalier, qui se protégea quelques instants de son bras, le temps qu'ils s'acclimatent. Il reprit la marche jusqu'aux écuries, il avait de la chance, il était tombé sur une alliée politique, elle n'aimait pas Lysa... comme l'ensemble du Val sans doute.
- Effectivement, une chose que l'on ne peut pas retirer à cette dame, c'est son amour pour son fils. Le problème c'est qu'elle a n'a pas permis l'émergence des deux corps du suzerain. Son fils était certes son fils, mais il incarnait le Val et en le surprotégeant elle l'a affaibli et nous a affaibli nous. Le royaume nous a pris pour un peuple chétif derrière ses montagnes, dont on peut se passer, que l'on peut ignorer, que l'on peut attaquer. Il faut faire la lumière sur ce qui est responsable de sa mort. Si c'est lié aux raids incessants que nous subissons de la part des fer-nés, nouveau suzerain ou pas nous ne pouvons laisser les meurtriers impunis... Nous devrons répondre. Il marqua un temps et glissa un ton plus bas. Peu importe les moyens, mais il nous faudra répondre. Il en va de la crédibilité du nouveau suzerain. Il peut aller voir le Roi s'il veut rester dans les clous pour avoir une certaine légitimité auprès des grands du royaume mais de ce fait il est tributaire de la réponse et devra s'y plier ou désobéir. Ou bien il n'a cure que de l'aval des Valois et il prend les armes. Harrold est un bon ami et un bon gars, mais je ne sais ce que ses conseillers et lui décideront. Mitch tapa doucement le pommeau de son épée valyrienne accrochée dans son dos. J'espère juste que l'on ne se couchera pas.

Le jeune homme harnacha ses affaires à son destrier. Ses armes, ses effets personnels, quelques vivres et le nécessaire pour la vie en campagne, son brave compagnon supportait toutes les charges. Vous avez raison ma Dame, l'instabilité est à envisager, néanmoins notre nouveau suzerain a le soutien de certaines familles influentes de la région et ce alors même que Robert était suzerain. Plus que jamais nous sommes confrontés aux capacités d'un seul homme, ça passe ou ça casse. S'il est à la hauteur et qu'il ne se laisse pas manger alors les grandes familles feront ce qu'elles font de mieux dans l'Histoire, se taire et servir. S'il n'est pas à la hauteur et qu'il baisse les yeux, alors ce sera le retour des petits chefs. J'espère que l'on évitera cette hypothèse. Il finissait de sangler ses affaires lorsqu'il eut enfin la réponse sur la raison pour laquelle Talya était partie en mettant précieusement de la nourriture dans une boîte, un sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme. Hé bien, ce doit être une bête féroce pour vous forcer à devoir ruser pour l'enfermer ma Dame ! Mera est un diminutif ? Vous m'autorisez à chevaucher à vos côtés pour discuter durant le trajet pendant que vos hommes ouvrent et ferment la marche ? Je peux aussi faire partie de votre dispositif de sécurité et vous précéder, mais je sens que je passerais à côté de conversations fort intéressantes. Mitch attrapa la bride de son cheval et fit quelques mètres à pieds avant de se hisser sur son dos. Les abords étaient encore bruyants et les oreilles de Mitch tentaient d'intercepter des discussions, des bribes de phrases. Des ivrognes, des marchands rondelets habillés en pouilleux pour créer une illusion de pauvreté ; la mort du suzerain du Conflans était évidemment sur toutes les lèvres, mais celle du jeune Arryn alimentait aussi au-delà des montagnes. Certains parlaient des fer-nés comme responsables de la mort de Robyn, d'autres soulevaient à juste titre que les morts de suzerains se multipliaient ces temps-ci. Mitch retourna à sa compagnie et s'adressa aux gardes de Talya. Et vous les gars, vous avez toujours servi à Petitesoeur ou bien vous avez vécu de grandes aventures ? Vous m'avez l'air d'être de braves gaillards... vous vous seriez peut-être plu avec mes hommes et moi au Mur, si d'aventure nous prenions les armes dans cette vie, j'espère vous trouver à nos côtés. Mitch tourna la tête vers sa ravissante compatriote. Leur groupe avait une belle allure et il paraissait improbable à Mitch que l'on vienne leur chercher des noises durant le trajet. Les dernières parcelles du Conflans se feraient vite et ils seraient bientôt à l'abri à Porte-Sanglante. Hé bien ma Dame, nous sommes prêts à partir ? Leur aventure partagée commençait réellement.

Quelques paysans croisaient leur route, ils rentraient ou allaient aux champs, mais les allées et venues étaient plutôt clairsemées, le chemin de terre était en bonne état si bien que les petits Valois pouvaient se considérer comme les rois de la route. Ma Dame, qu'avez vous donc fait toutes ces années ? Je gage qu'être émissaire pour votre famille doit vous permettre de parcourir un peu le Sud, et rien ne doit faire plus plaisir que de découvrir un peu le monde. J'avais cru entendre que vous deviez être de la délégation valoise pour le tournoi de Lestival. Peut-être me trompe-je. Je devais y être avec lord Horton et son fils, toutefois les événements m'ont emmené vers une destination complètement opposée, mais croyez bien que j'aurais préféré voyager en votre charmante compagnie plutôt qu'à côtoyer les Sauvageons. Mais enfin c'est agréable de vous trouver sur les routes. Toutefois même si pour votre frère tout est tracé, vous me paraissez être cruciale pour la bonne survie de votre famille, aussi m'autorisez vous à être étonné que votre frère et votre père ne vous encombrent pas de prétendants et vous laissent parcourir les routes et prendre des risques ? Certes je me doute que vous devez être courtisée, mais les familles sont souvent assez pénibles, coercitives même dès que l'on effleure la sécurité et la survie de leur nom. Il avait foutu les pieds dans le plat avec des gros sabots, malgré des tournures de phrases qui se voulaient être plutôt douces. Il s'agissait d'un véritable questionnement, l'on disait dans le Val qu'un petit noble des îles avait une fille fort belle et pleine d'esprit, un atout inestimable pour une famille modeste qui se devait de protéger un joyau, et pourtant la voilà qui courait Westeros avec une maigre garde. Peu importe le rang des familles, elles cherchaient tous à s'élever et cela paraissait un grand risque pris par la famille Torrent.

DRACARYS

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La fable de la mésange et du chevalier.Mychel Rougefort & Talya TorrentL'Auberge du Carrefour, une table pour quatre valois.(Lune 6 - An 302) J’esquissais un sourire amusé à la remarque du chevalier qui se trouvait dans mon dos. Si la féline avait pu s’exprimer en des mots compréhensibles par les hommes, peut-être se serait-elle vantée de constamment effrayée ma garde de ses griffes acérées. Il est vrai qu’elle avait déjà marqué Lyonel, une fois, ou deux peut-être, et que sa joue s’était fardée de quelques cicatrices qui n’avaient guère tarder à rejoindre celles qu’il possédait déjà de par sa vie de protecteur et d’ancien bagarreur des îles. Non, je n’avais guère le garde le plus aimable et le plus sage du monde, mais mon père, Lord de son titre, ne payait guère ces derniers pour être de bons hommes, mais de bons guerriers s’assurant de ma protection. J’aidais d’ailleurs le bougon homme à attacher la caisse sur la selle de Raven avant de me tourner vers notre nouveau camarade de route.

“Meraxès, de son nom complet, si je puis dire. Il s’agit là d’une douce compagnie pour qui sait l’apprécier, mais il est vrai que mes gardes n’ont pas la douceur et le tact pour l’approcher.”

Symond levait les yeux au ciel alors que le renfrogné Lyonel s’extirpait du box en soupirant et jetant quelques remarques que je n’écoutais que bien peu. Ceci fait, je tirais la jument hors de son box alors que je penchais la tête quelque peu sur le côté, réfléchissant à ce que le chevalier de la maison Rougefort venait de me déclarer. Le Val se battrait pour son honneur, il allait sans dire. Mais je n’avais peut-être pas tant ma place dans ce genre de préoccupation. De par ma naissance, tout d’abord de femme, je n’avais que pour destin de donner des nouveaux chevaliers, seigneurs, et enfants à marier pour pérenniser le Val, ce qui était une bien difficile affaire lorsque l’on se penchait sur le passif de ma lignée. Oh, nous n’avions pas fait de choix répréhensif, cela serait bien trop simple, nous avions simplement suivi notre suzerain, et encore, nous… Je n’étais pas encore née. D’une petite mine hésitante, je me permis alors l’indélicatesse de répondre à Mychel :

“Je n’ai aucun mal à imaginer le Val se battre. Mais j’ai bien peur de maîtriser trop peu l’épée et d’être née du mauvais côté de l’humanité pour pouvoir aider en quoi que ce soit. Je ne possède pas plus de chevaliers que ces deux gardes et je n’ai de stratégies militaires assez étoffées pour pouvoir laver notre honneur. Mais, nul doute que de braves hommes de votre acabit sauront faire ce que je ne sais. Du reste, je serai ravie de voyager à vos côtés, mes hommes seront bien assez de deux pour protéger âmes qui vivent.”

J’affichais un sourire rêveur à cette pensée alors que je dissimulais une partie de mon visage en le portant en direction de la jument. Je flattais sa douce robe noire avant de me soustraire à la discussion, où j’estimais avoir perdu ma place, pour quelques instants du moins. Je connaissais les histoires de Symond et Lyonel, parce que leurs histoires étaient toujours bien plus riches et rebondissantes que les miennes, j’avais appris à leurs faire conter plutôt que de les assommer de discours sur les robes des dames, sur l’éducation que j’offrais à mon chat ou encore sur les divers potins que j’avais la chance d’entendre çà et là durant mes différents voyages.

“C’est pas que le Mur nous intéresse pas, Ser Rougefort, mais c’que la petite Dame là elle est plutôt frileuse d’rester au nord maint’nant. Vous savez, d’puis la mort du seigneur Loup et des mots qui se disent sur les Borrell…”

Symond finit par se taire. Il n’était pas là pour propager des choses et des idées qu’il ne partageait guère de toutes façons. Il fit mine de s’être perdu dans ses pensées alors qu’il grimpait enfin sur son cheval. Lyonel, quant à lui, ne s’était pas étendu en paroles, il n’allait pas faire de redite sur ce que je connaissais déjà.
Assise sur la selle de la demoiselle sombre, je mis plusieurs minutes à m’habituer à nouveau au tapotement du cuir contre le tissu de ma robe. La route était agréable, tout du moins pour un hiver. La poularde chaude dans mon estomac me réconfortait alors que je fermais les yeux par moments, sentant les embruns de la nature et des champs contre mes narines. La vie se lisait timidement le long des routes, et il n’y avait toujours de courageux que les paysans et de sots, quelques soulards qui profitaient de la chaleur de l’ivresse pour aller cuver dans les rues et les allées passantes. Le calme de la chevauchée était agréable, et, la discussion que lançait le chevalier promettait d’être plutôt divertissante. Difficile de faire taire le petit rire qui fuitait de mes lèvres sous ses paroles. Le mariage. Voilà bien un débat dont j’étais souvent mise de côté. Peut-être était-ce parce que mon père ne souhaitait voir sa fille s’en aller, peut-être parce qu’il était trop concerné aussi par celui de mon aîné qui était d’une importance bien plus capitale que le mien.
Je portais un regard amusé au chevalier avant de hausser les épaules et de déclarer d’une voix un peu intimidée malgré tout :

“Hé bien… J’ai eu la chance de voyager, et ce, quasiment par moi-même. Ce qui n’est pas libre d’accès à toutes les femmes qui naissent en ce monde. J’en suis chanceuse et je ne remercierais jamais assez mon père de m’avoir offert cette responsabilité. J’imagine néanmoins, que si les Sept avaient été plus cléments, il se serait empressé de proposer ce rôle à mon second frère. J’aimais mon frère, mais il m’est bien difficile de bouder ma liberté présente. Lestival était un évènement de toute beauté, je n’avais jamais vu pareil spectacle ! J’espère avoir à nouveau l’occasion de me retrouver en pareille situation. Et peut-être d’être la dame d’un bretteur ! Qui sait, une rose à la main, portant de belles couleurs.”

Mes joues se fardèrent de rouge alors que je m’excusais poliment de cette déclaration avant de toussoter de reprendre quelque peu en contenance.

“Je crois que mon père et mon frère sont bien plus préoccupés par les épousailles de ce dernier. Mon père, Alesandor, fait poser énormément d’attentes sur les épaules de mon aîné. Tryston est pressé de posséder une dame à ses côtés, et je crois qu’il est bien plus insistant à ce sujet que je ne le suis de trouver un époux.”

Je ralentissais un peu l’allure de la jument, prenant quelques secondes pour réfléchir, les yeux perdus dans le vague se trouvant derrière le chevalier du Val. Je grattais de mon ongle le cuir du harnais que je pinçais fortement sous la sensation désagréable de passer pour une demoiselle qui préférait demeurer vieille fille. Je lâchais l’intérieur de ma lèvre, que je mordais depuis déjà plusieurs minutes avant de détourner le regard, le vissant sur la route avant de souffler.

“Je ne suis pas vraiment courtisée vous savez. Ces dernières années, nous avons souffert de quelques rumeurs à notre encontre, que notre lignée était maudite, que nous n’aurions que des enfants voués à mourir, parce que ma mère et mon frère s’en sont allés peu de temps l’un après l’autre. Et, à présent que nos voisins sont accusés, je suis persuadée, à tort, cela n’arrange guère nos affaires. Je caresse malgré tout l’espoir d’un jour posséder une vie heureuse, modeste mais heureuse, avec époux et peut-être même des enfants, vigoureux de surcroît.”

Mon regard effleurait l’horizon alors que je soupirais. Qu’il était doux ce rêve de petite dame, mais plus le temps passait, et plus il s’éloignait de moi. Je secouais légèrement la tête pour revenir à mes esprits avant de scruter l’homme du coin de l’oeil et de souffler d’une voix taquine, un poil curieuse malgré tout.

“Corrigez-moi si je me trompe, Ser Rougefort, mais il me semble que personne ne se presse non plus pour vous voir trouver épouse. Me trompe-je toujours ? Pourtant, votre lignée à bien plus à gagner en multipliant les naissances d’héritiers plutôt que la mienne...”

Symond eut un léger fou rire, je le voyais à la façon dont il se dandinait sur sa selle. Si nous n’avions était que tous les trois, peut-être se serait-il laissait aller à me décocher un léger “bien dit”, mais il n’en fit rien.
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