FB - For you There's nothing in this world I wouldn't do (Robar)
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If the sky comes falling down, for you
There's nothing in this world I wouldn't do
Andar Royce & @Robar Royce
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Ses opales noires détaillaient le paysage qui défilait sous ses yeux. Le suzerain de Roches-Aux-Runes n’avait pas le cœur à faire la fête. Lors de la dernière lune, Robin Arryn avait été lâchement assassiné par des fer-nés. Ces sauvages n’avaient pas hésiter à faire couler le sang de l’héritier du Val. La région devenait à présent orpheline, au-delà de l’aspect diplomatique, le jeune Arryn était encore jeune, dans la force de l’âge, toute la vie devant lui. Nul besoin de dire que cette perte sombra sa mère dans une profonde tristesse. Perdre un enfant était une douleur constante qui ne vous quittait pas, même des années plus tard. L’on ne pouvait le comprendre qu’en le vivant. Seul le temps pouvait apaiser la souffrance, mais rien ni personne ne pouvait la faire disparaître. Dans une pareille situation, Andar n’avait nullement l’envie de se rendre à ce banquet réunissant le Roi et sa cour et le nouveau seigneur du Val, Harrold Hardyng. Ce dernier montait sur le trône après une tragédie et tout comme son prédécesseur, sa jeunesse pouvait être leur salut ou leur perte à tous. Le juvénile avait fort à faire entre la menace des fer-nés qui ne faisaient qu’accumuler provocations sur provocations. Une guerre ouverte semblait inévitable mais seuls les dieux savaient quand cela se déclenchera. Au fond de lui, Andar le savait, la paix était fragile, une denrée rare à laquelle Westeros n’avait pas droit, pas tant que les Hommes foulaient la terre. L’humanité n’apprenait guère de ses erreurs, il y aura toujours une raison de guerroyer ; pour les richesses, les conquêtes, l’honneur ou l’amour. Tout ce qui importait au Royce était de préserver les siens, faire en sorte que sa famille ne soit pas en difficulté inutilement. Alors, la meilleure solution était de ne pas montrer une quelconque forme d’hostilité au Roi. D’ailleurs, le Val n’avait pas reçu de visite royale depuis des lunes, voire des années. Certains se demandaient réellement pourquoi le Souverain se déplaçait aussi loin, peut-être était-ce pour mesurer les conséquences des attaques fer-nés ? Ou encore s’assurer de la loyauté du nouveau Seigneur du Val ?
Le Convoi des Royce arriva aux Portes de la Lune, imposantes qui n’étaient que l’entrée pour les Eyrié. Ce soir avait lieu un banquet en l’honneur du Roi et du nouveau Seigneur du Val. Toute la Cour du dragon s’était déplacée avec lui, jamais les Eyrié n’avaient été aussi frénétiques. Les festivités débutèrent dans une ambiance pesante où les apparences restaient sauves. Lorsque le Roi et sa fille firent leur entrée, les valois laissèrent entrevoir un non-enthousiasme auquel le Roi ne fut pas dupe. Tout comme l’indifférence entre sa fille et Robar, les deux époux avaient tout fait pour s’éviter soigneusement et ce durant toute la soirée.
Les convenances furent respectées, tous s’inclinèrent face au Roi des Sept Couronnes, tous ployèrent le genou face à lui, dont Andar Royce. Si l’on souhaitait festoyer, l’arrivée de Lysa Arryn vêtue de noir rappela à tous la terrible perte survenue. Une minute de silence fut décrétée par le Roi lui-même lors du repas afin de rendre hommage au fils Arryn. Le Roi était-il convaincu par tout cela ? Sûrement pas. La venue de Barristan Selmy auprès de Robar sonna le glas des festivités pour le cadet des Royce, une audience privée l’attendait dès demain matin.
La musique retentissait, les plats et boissons coulaient à flot, les cuisiniers ne connaitraient nul repos tant que les convives l’auraient décidé. Et ce fut le cas, jusqu’au petit matin. Le lendemain, la salle portait les stigmates de leur passage à tous. La fête n’avait que trop duré selon le seigneur de Roche-Aux-Runes qui n’avait qu’une hâte, s’éloigner du dragon. L’union compliquée entre Rhaenys et Robar n’était que la goutte d’eau. Ce mariage politique ne fonctionnait pas, un désastre auquel les deux jeunes mariés avaient participé. Aucun des deux ne s’était investi pour que cela fonctionne. Cette grossesse qui aurait pu les rapprocher mais qui brisa encore plus leur relation. Durant toute la durée de l’entretien entre son petit frère et le Roi, Andar faisait les cent pas dans ses appartements. Il ne savait à quoi s’attendre. Rhaegar allait-il punir son frère de ne pas avoir saluer sa fille ? Allait-il évoquer le geste de sa fille ? Tant de questions qui lui brûlaient les lèvres et lorsqu’il entendit les pas de son frère retentir derrière la porte, il l’ouvrit bien avant que ce dernier n’ait eu le temps de le faire. Il souffla, son visage inquiet tourné vers son cadet. « J’ai bien cru que cela ne finirait pas, entre donc. » Il invita le chevalier à entrer dans ses appartements, fermant soigneusement la porte au cas où des oreilles indiscrètes passeraient par-là. Lorsqu’on était entouré d’autant d’hommes politiques, il fallait faire preuve de prudence. « Quels ont été les tenants et aboutissants de cette entrevue ? Vous n’avez certainement pas évoqué des futilités telles que la pluie et le beau temps. » Disait-il dans un soupir, dans l’espoir de détendre l’atmosphère et espérer voir l’ombre d’un sourire sur le visage de son frère.
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@Andar Royce & Robar Royce
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Robar quitta les appartements royaux d'une humeur mitigée. Une part de lui était encore sous la surprise de l'entretien, qu'il s'attendait plus directifs et plus désagréable qu'il ne l'avait été en réalité. Saluant ser Barristan Selmy en quittant l'antichambre, il retrouva la fraicheur du couloir désormais éclairé par des torches. Les journées lui semblait chaque jour plus courtes, l'obscurité les quittait en plein milieu d'après-midi épuisant les esprits les plus tourmentés, déroutant les autres. Encore aux prises avec les récents échanges, Robar ne fut que légèrement troublé de faire faire désormais à la nuit. Les appartements du Roi étant cependant sombres, il n'en fut guère étonné. Il songea alors aux siens: sa convocation publique lors du banquet de la veille n'était pas passée inaperçue et, au regard de sa grand-mère Anya comme à celui d'Andar, il sut qu'il allait être interrogé dès sa sortie du rendez-vous. L'heure avancée lui fit prendre la route des appartements dédiés aux Royce, remettant à plus tard la discussion qu'il savait devoir à sa grand-mère. Depuis son retour de Port-Réal, il n'y avait qu'auprès d'Andar et de sa famille qu'il se sentait bien, qu'il se sentait chez lui. L'absence d'Ysilla lui pesait, mais il ne pouvait lui en vouloir de vivre sa vie de femme. Désormais, tous avaient des responsabilités, des enfants, des buts. Tous, sauf lui. Andar était désormais seigneur de Roches-aux-Runes, et semblait heureux en ménage avec Alys, père de trois enfants. Wayra avait consacré sa vie au Mur, renonçant à toute descendance, tout titre, toute fonction autre que celle du veilleur sur le mur, du protecteur des vivants. Ysilla aussi était mariée, mère d'un petit garçon. Et lui ? Epoux d'une femme dont il ne supportait la vue, condamné à ne jamais devenir père, à vivre une vie de déception et de frustration. Que n'aurait-il donné pour revenir au temps où Yohn était encore vivant, pour le prévenir, pour convaincre Andar de refuser l'offre de Rhaegar Targaryen, pour retenir Maddy.
Mais il n'avait pas le loisir d'avoir des regrets. Depuis son mariage avec Rhaenys, ses gestes étaient scrutés et s'il avait quitté le Donjon Rouge sans un regard pour celle qu'il haïssait désormais, le temps avait fait son oeuvre. La présence de Rhaenys, ici, aux portes de la Lune le plongeait dans une intense reflexion: il n'avait jamais dévoilé la raison de son départ, prenant sur lui les regards choqués voir outrés de certains bien-pensant songeant à quel piètre mari il était pour abandonner ainsi son épouse après le drame qui lui était arrivé. Mais maintenant qu'ils se trouvaient tous deux au même endroit, première fois depuis son départ, il se demandait si les regards n'étaient pas plus curieux, plus insistants. La princesse logeait près de son père dans la partie réservée à la famille royale, lui, avec les Royce et ne s'en était pas caché. Que faire alors ? Annoncer publiquement leur séparation, dévoiler les raisons l'ayant poussé à un tel choix afin d'obtenir la paix, au risque de subir les foudres du père trop aimant qu'était le Roi ? Ou se taire, faire comme si de rien n'était et tenter de renouer à l'image du couple parfait ? Son instinct de survie lui disait de pencher vers la seconde option et il ne manqua pas de l'écouter quand, face au Roi, il promit d'aller auprès de son épouse avant leur départ du Val.
Le temps de ces réflexions, Robar se trouvait déjà près de la porte des Royce. Un soldat portant les couleurs de la maison aux runes lui offrit un signe respectueux de la tête avant de lui ouvrir le passage. Il fut accueilli par un Andar des plus pressé et eut un sourire à l'idée que son aîné se soit fait du mouron dans son coin tout ce temps. « Crois moi, c'est une chance qu'il ne m'ait pas expédié en quelques minutes. » annonça-t-il dans un soupire, songeant aux premières paroles, glaciales, du dragon. C'était une chance qu'il se soit détendu face à l'honnêteté donc le chevalier du Val avait tenté de faire preuve. « Il était pas ravi de l'accueil. » expliqua-t-il, évoquant le banquet de la veille durant lequel les mines sombres de ses comparses Valois n'avaient pas manqué d'être mentionnées. Robar avait tenté de rattraper la choses, rappelant les circonstances particulières menant à un tel rassemblement: l'accession, certes, au titre de seigneur d'Harrold Hardyng, mais l'extinction de la maison Arryn, dont le pouvoir avait été absolu sur le Val pendant tant de siècles. L'apparition de la veuve Arryn n'avait pas non plus aider à décontracter les invités: toute de noir vêtue, la présence de Lysa et sa tenue rappelait à tous que c'était la mort d'un enfant qui leur permettait de festoyer de la sorte. Il eut un rire nerveux à la mention d'une discussion sur la météo et secoua la tête négativement. « Non. Sans grande surprise, c'était pour parler de Rhaenys... » Le sujet tant redouté par les Royce. Rhaenys et son acte impardonnable. Rhaenys qui avait vécue avec eux, qui avait partagé leur table, leur toit, leur vie jusqu'à ôter brutalement et sans explication celle de l'enfant qu'elle portait. Celle de son enfant. « J'étais surpris de la voir parader hier soir, mais j'ai pu en apprendre un peu plus sur ce qu'il s'est passé après mon départ du Donjon Rouge. Et je pense qu'il voulait connaitre mes intentions pour la suite. » expliqua-t-il, résumant brièvement l'entretien afin d'aider son frère à se détendre. Andar et son épouse, tout comme Ysilla à Rougefort, avaient toujours soutenu le choix de Robar de quitter le Donjon Rouge, Port-Réal et la Couronne pour rentrer dans le Val. Une décision impulsive mais s'expliquant par l'horreur que son épouse, et toute la Cour, lui inspirait. Il s'était attendu à des réactions de la part de ceux, présent lors de la confession de Rhaenys, mais il n'y avait rien eut. Ni punition, ni tentative de rapprochement. Et si Robar avait couru à Froideseaux pour y noyer sa peine, il demeurait un Royce. Et les Royce se souvenaient. Ne sachant par où commencer, il prit la liberté de s'assoir, le regard dans le vague, cherchant ses mots. « Il voudrait ... » commença le blond d'une voix rauque, accrochant de son regard azur, celui de son frère ainé. « ... Que j'arrive à lui pardonner. » Le mot était dit. Le pardon. Comment pouvait-il pardonner ? Se demanda-t-il. Elle ne semblait exprimer nul regret, nulle envie de se faire pardonner d'elle même. Il s'était même demandé si elle était à l'origine de sa convocation. « En fait, je crois que c'est la première fois que nous parlions vraiment. Il n'y avait pas d'ordre dans son discours mais il m'a tout de même annoncé qu'il ne demanderait pas l'annulation du mariage. » ajouta-t-il d'une voix lasse, encore surpris du ton de la conversation bien que troublé par l'autorité soudaine dont le Roi avait fait preuve alors qu'il allait le quitter, l'informant de sa décision.
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La patience n’était pas une vertu pour le Seigneur de Roches-Aux-Runes qui trépignait d’impatience de savoir les tenants et aboutissants. De toute évidence, l’entrevue entre son frère et le Roi devait avoir lieu. Au vu des circonstances compliquées, les deux hommes méritaient de se parler franchement. Andar craignait que Rhaegar ne prenne une décision hâtive : celle de suspendre leur mariage et ainsi l’alliance établie entre le Dragon et la maison Royce. Ce scénario paraissait le plus plausible tandis que l’homme faisait les cent pas dans ses appartements. Ces derniers étaient alors si petits à ses yeux, il s’y sentait étouffé, mal à l’aise tandis que l’avenir de sa famille se jouait à huit clos. L’accueil réservé au Roi n’avait pas été des plus chaleureux, nul doute que la méfiance du suzerain des Sept Couronnes était à son paroxysme. Le mariage raté ne rajoutait qu’une couche, scellant peut-être un divorce consommé entre les parties. A dire vrai, le Seigneur n’affichait plus le même optimisme depuis qu’il avait été mis au courant de l’acte infâme commis par Rhaenys. Lui aussi s’était marié par politique et aujourd’hui, il filait le parfait amour avec son épouse. Les dieux n’ignoraient pas que le chemin parcouru fut plein d’embûches. Ce même destin attendait son frère cadet, il ne lui souhaitait que d’être heureux en ménage et avoir aussi cette chance d’avoir des enfants. Malheureusement, la situation actuelle différait beaucoup de ses désirs, une douleur pour l’aîné. Ô grand jamais il n’aurait souhaité un tel malheur à son frère qu’il aimait tant. Le voir souffrir de la sorte n’était pas tenable. Qu’allait-il advenir de ce mariage ?
Les pas se faisaient plus pressants à mesure que les minutes s’écoulaient. Sa gorge se serrait tandis qu’il s’imaginait le pire. Des questions ne cessaient de fuser dans son esprit. Le Roi allait-il annoncer publiquement la rupture ? Allait-il au contraire encourager Robar à dialoguer avec cette épouse détestée ? Et surtout, que serait la réaction du chevalier ? Ecoutera-t-il les dires du Roi ou plutôt son cœur qu’il savait dévoué à une autre femme ? Nul besoin de dire que l’attente n’avait que trop duré. L’on pourrait presque deviner le tremblement de ses jambes à cause de la nervosité. Durant quelques secondes, l’aîné des Royce eut un vent de nostalgie. Le temps de l’innocence et de l’irresponsabilité était à mille lieux, comme s’il n’avait jamais existé. Désormais, tous portaient sur leurs épaules leurs devoirs. Tous étaient destinés à des vies différentes. Puis, il fut épris d’un élan de culpabilité. Si seulement il avait pu savoir que cette union serait un échec cuisant. Dans ce cas, beaucoup de mal aurait été évité. Le désastre n’aurait pas eu lieu. Après tout, il le savait depuis presque toujours, un dragon restait imprévisible. Aucun des membres de la famille ne dérogeait à la règle, à cette malédiction. Le mystère restait entier, ils étaient tous fous, déments, et tous ceux qui les côtoyaient n’en sortaient pas indemnes, à l’image de ce mariage.
Lorsque la porte s’ouvrit, le Seigneur s’empressa d’enquérir de la situation auprès du blond. Il ne pouvait tout simplement plus patienter davantage. Ses oreilles étaient prêtes à recevoir la moindre information concernant leur rendez-vous privé. La mine soucieuse de son cadet n’arrangeait rien, ne laissant rien présager de bon. Son premier aveu n’étonna guère Andar qui se contenta d’hausser un sourcil. Les Valois n’étaient pas prêts à recevoir une visite royale aussi vite, aussi rapidement après la disparition du seigneur de la région. Tous restaient profondément affectés par l’extinction de la Maison Arryn. Le cœur de tous n’était pas à la fête, une chose était sûre, cette morosité avait été remarquée par le Roi. Nul doute que ce dernier avait désormais une piètre image du Val. Cela ne sera pas bon pour la suite, la confiance s’effritait à mesure du temps, déjà que celle-ci n’était guère. Une situation politique dont ne souhaitait aucunement Andar. Malgré toute sa défiance envers le Roi, il n’oubliait pas que celui-ci l’avait gracié, lors du sac de Port-Réal orchestré par les Tully. Rhaegar avait su faire preuve de clémence, une dette à laquelle il était prisonnier. En tant qu’homme d’honneur, il ne pouvait se détourner de lui.
Au fur et à mesure des aveux de son cadet aux cheveux clairs, l’aîné se détendait, soupirant de soulagement. De toute évidence, le Seigneur des Sept Couronnes devait s’être levé de bon pied ce matin. Ainsi, son Altesse Royale désirait apaiser tout cela en prônant le dialogue et en pardonnant l’impardonnable. Au moins, il n’avait pas souhaité de punition, c’était déjà un bon point. Mais comment pouvait-on pardonner alors que cette femme avait ôté brusquement la vie de son enfant ? Les Royce n’oubliaient pas, ils se souvenaient, ne donnaient pas le pardon. Andar peinait à rester lucide quant à la question, pour lui, l’acte de Rhaenys restait innommable. Impensable de passer outre la rancune qui l’animait. Pour autant, devant son cadet, l’aîné restait mesuré, il devait garder son sang-froid, prendre du recul et réfléchir à grande échelle. Les intérêts politiques étaient trop importants pour se perdre dans des émotions aussi justifiées puissent-elles être. « Bien, c’est une bonne nouvelle qu’il n’ait pas réclamé de punition ou que sais-je. Le Roi est une personne tout à fait mesurée, il sait faire preuve de clémence envers nous, mais jusqu’à quand restera-t-il ainsi ? Cette famille n’est pas connue pour être prévisible. » Il évoquait bien entendu sa grâce accordée, dans sa voix, l'on pouvait aisément déceler un peu de peur, peur de perdre tout contrôle. Baissant les yeux pour rompre le contact visuel, il reprenait, d’une voix un peu moins assurée, tandis qu'il s'approchait de son cadet pour poser une main rassurante sur son épaule. « Serais-tu prêt à lui pardonner ? Crois-tu que votre mariage peut encore être sauvé ? »
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@Andar Royce & Robar Royce
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Jamais Robar n'aurait soupçonné la tournure que prendrait le rendez-vous fixé par le Roi. Il semblait comme encore bouleverser par le visage et l'attitude de Rhaegar Targaryen, tantôt rancunier, tantôt ouvert, puissant et vulnérable. Les derniers mots du dragon avait mit le jeune homme plus que mal à l'aise et il ne parvenait à s'ôter de l'esprit l'idée que, s'il ne prenait pas garde, il pourrait finir par y perdre sa tête. Croisant les bras sur son torse, Robar laissa échapper une grimace septique à la remarque de son frère aîné: certes, à une époque il avait ou faire preuve de retenue et de pardon ... Andar en était la preuve vivante puisque désormais seigneur de Roches-aux-Runes malgré l'armée dans laquelle il se trouvait durant la rebellions . Mais le blond n'était pas persuadé que si ce renversement avait lieu aujourd'hui, Rhaegar Targaryen se montre aussi bienveillant. L'homme qui affolait le coeur des femmes et inspirait la noblesse westerosi semblait s'en être allé. Il n'avait plus rien du fier prince éclairé, juste et fort que par le passé et le Valois ignorait qui, du temps ou du trône, avait eut raison de lui. Bien qu'il ne douta pas de la justice du Roi, Robar se demandait toutefois si justice il pouvait y avoir, lorsque Rhaenys était impliquée. Quelle avait été la raison du châtiment de l'ancien Grand Mestre ? Qu'avait fait Pycelle pour mériter d'avoir sa tête au bout d'une pique tandis que Rhaenys, assassinant leur fils, demeurait libre et impunie ? « Je ne peux pas te contredire sur ce point ... Je crois que je ne comprendrais jamais cet homme. Roi ou non au demeurant. » dit le chevalier en soupirant. Il avait pensé créer un lien avec son beau-père, en se montrant honnête et franc. Mais tout cela était-il réel ? N'était-ce pas une habile manoeuvre politique de la part du dragon afin de finir par le remettre en position de devoir retourner vers Rhaenys ?Tout se bousculait dans la tête de Robar. « Je crois cependant que la conversation de notre chère grand-mère et la fierté d'Harry l'ont toutefois convaincu de l'importance de sa visite ici. » ajouta-t-il en haussant les épaules. « Quand à ce que j'ai pu lui en dire, je crains qu'il n'en ai que faire. Je ne suis que le mari de sa fille après tout. » Et c'était bien là, la triste réalité de sa position? Dans un monde régie par une force masculine, il se faisait supplanter par sa femme, en toute circonstance. Sa parole n'aurait jamais la même importance que celle de Rhaenys et il n'y avait que dans le Val, et auprès de rares amis de régions frontalières, qu'il pouvait espérer exister par lui même. Peut être n'était-il pas trop tard pour rejoindre Waymar et la Garde de Nuit après tout ? Non ! Elle en serait bien trop heureuse !
Robar soupira et, regardant la bouteille de liqueur installée sur une petite console à quelques pas, décida de se servir un verre. La journée avait peut être été courte, il en avait besoin ! Robar n'était pas un adorateur de l'alcool: il gardait en tête le souvenir des soirées d'ivresse qu'Andar s'infligeait à son retour à Roches-aux-Runes après la guerre, cherchant à fuir, oublier les visions d'horreur imposées à son esprit dans la boisson. De fait, il avait toujours assimilé cela à la tristesse, au mal-être ... et surtout, il en connaissait les conséquences. Bien sur, il ne disait jamais non à un verre de vin de la Treille ou de Lys, mais il buvait avec parcimonie: fait suffisamment rare, chez un homme de son rang et de son âge, pour être mentionné. Pourtant, il avait besoin. Besoin de se donner le courage de revivre l'entretien pour en tirer les bonnes conclusions. « Je ne sais pas. » dit-il, las, tandis qu'il regardait le liquide ambré couler dans le verre, proposant à Andar de s'assoir dans le petit salon attenant pour discuter tranquille. Ils étaient seuls: Alys et les enfants devaient être dans les chambres ou à l'extérieur ... Et Maddy. Non. Ne pas penser à Maddy. Pas maintenant. « Y arriverais-tu ? Si tu découvrais qu'Alys avait fait du mal à Yorwick ? Si vous n'aviez pu passer au delà de ce qui existe entre Royce et Grafton ...? » Il savait que la perte du premier enfant de son frère avait été douloureux pour le coule mais les avait soudé. La cruauté du destin les avait rapproché, la douleur commune de la perte ... Tout ce qu'il n'avait pas eut avec Rhaenys. Comment aurait-il pu compatir à une peine dont elle était responsable ? Mais il ne parvenait à s'ôter de l'esprit les mots de Rhaegar. Le Roi avait parut aussi choqué que lui. Aussi blessé de la voir descendre de son piédestal... Que s'était-il passé ? Que pouvait-elle avoir dit ou fait pour justifier cela ? « Mais ... Vois-tu, le Roi semblait soutenir la princesse sans réserve. Un soutien qu'il ne lui apportait pas quand j'ai pris la route du Val en début d'année. » Robar fronça les sourcils, en pleine reflexion. « Mais il m'a réussi à m'arracher la promesse d'aller la voir. Alors ... » Il tentait de paraitre détaché, mais c'était difficile. Arriverait-il à rester aussi calme face à elle ?
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Andar Royce & @Robar Royce
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Le Roi n’était pas connu pour être un homme qui prenait des décisions hâtives. Du moins en apparence car Andar sentait que ce dernier fluctuait beaucoup dernièrement. Entre énervement, agacement, ouverture d’esprit et fermeture d’esprit, personne ne savait comment l’approcher. Cette instabilité émotionnelle le rendait totalement imprévisible, son cadet aurait pu subir son courroux tout comme sa clémence. Voilà pourquoi le Seigneur de Roches-Aux-Runes craignait l’issue de l’entrevue. S’il avait su lui accorder le pardon lors de sa prise de pouvoir, aurait-il un tel geste aujourd’hui, des années plus tard ? Nul ne le savait bien qu’il doutait grandement de sa capacité à faire preuve d’une quelconque gentillesse après s’être rendu dans le Val. L’accueil n’avait guère été satisfaisant, les cœurs étaient encore endeuillés par la disparition de son ancien suzerain. Le banquet fut gâché par de nombreux non-dits et l’arrivée de la veuve Arryn. Qu’allait-il advenir désormais ? Le Val gardera une bonne relation avec la Couronne ? Il semblait que le mariage de Rhaenys et Robar en était le dernier rempart. Rempart contre une potentielle guerre. Au-delà des sentiments, cette union demeurait politique, destinée à rapprocher deux familles et deux régions que tout opposaient. S’il était empli d’espoir lors de l’avènement du mariage, c’était tout autre désormais. Son cœur s’emplissait de méfiance à l’égard de la fratrie du dragon. Ces derniers restaient incompréhensibles et incompris. L’acte effarant de la princesse restait impuni à l’heure actuelle tout simplement parce que le Roi fermait les yeux. Peu de sujets du royaume pouvaient se targuer de survivre après une telle infamie. Tantôt généreux, tantôt dangereux, le Roi restait une énigme à laquelle personne n’avait la réponse. Un esprit complexe que le temps n’arrangeait pas. Passant sa main dans ses cheveux noirs, il souffla, la mine inquiète. « Je crains que malgré les efforts de notre grand-mère et d’Harry, sa confiance ne soit ébranlée envers le Val. » Une possibilité qu’il ne fallait pas négliger. S’il avait dit l’inverse à Robar, il pouvait probablement douter de leur loyauté à tous.
L’aîné des Royce pourrait presque s’arracher les cheveux en songeant aux décisions étranges des Targaryen. Leur instabilité était indiscutable et elle causait de nombreux dégâts. Dont Robar. Celui-ci se retrouvait pris entre deux feux, postés comme le coupable et non comme la victime. N’était-ce pas là le comble du ridicule ? Néanmoins, les dires du blond furent véridiques. Il n’était que le mari de la fille du Souverain. Le nom des Royce ne pouvait s’opposer à celui des Targaryen. Cette constatatin sonna telle une baffe. Si la situation venait à s’envenimer, qu’adviendra-t-il ? De toute évidence, Rhaenys resterait dans l’impunité. Alors, il fallait faire preuve de prudence et accepter les demandes, en dépit de tout. Plus facile à dire qu’à faire, c’était indéniable. Andar ne souhaitait que le bonheur de son frère, lui demander de se sacrifier était un crève-cœur.
Les deux hommes prenaient place dans le salon afin de s’asseoir convenablement. Cette conversation promettait d’être longue et intense. Un verre d’alcool permettait de leur donner le courage de parvenir à une décision. Ancien alcoolique, sa consommation restait anecdotique, les yeux de son épouse suffisaient à le raviser. Néanmoins, elle n’était pas là, et il en ressentait le besoin. Surtout face aux questions concernant sa femme. Si les rôles étaient inversés, parviendrait-il à pardonner celle-ci d’avoir tué l’enfant ? Sûrement pas. Sa douleur fut telle qu’encore aujourd’hui, évoquer le sujet restait compliqué. Instinctivement, il but une gorgée pour chasser cette souffrance, douce illusion. « Je l’ignore…Ce fut cette perte qui nous rapprocha. Si elle avait été responsable de cela, je ne pense pas pardonner. Je l’aurais éconduite immédiatement. » Disait-il en levant son regard sombre, nul doute, il ne pourrait passer outre sa haine. Les Sept n’ignoraient pas son côté rancunier, incapable de faire preuve d’empathie envers ceux et celles qui méritaient la pénitence. Comment le Roi pouvait-il rester de marbre ? Comment pouvait-il ne pas prendre de mesures envers sa fille ? En dépit de son affection, il devait être conscient de la gravité de la chose. Pourquoi ce revirement ? « Tu es un homme de parole, je sais que tu ne te défileras pas, malgré tout. » Fronçant les sourcils, il joignait ses mains, réfléchissant à la position du Roi des Sept Couronnes. « Qu’a-t-elle pu dire pour justifier son action ? Tout cela me paraît étrange, voire suspect, ou peut-être est-ce-dû aux gènes douteux de cette famille… » Répondait-il, las.
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@Andar Royce & Robar Royce
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Il savait que Yorwick était un sujet sensible pour Andar et le mentionner n'avait pas pour but de faire souffrir son frère. L'enfant était né juste après la mort de Lord Yohn, dans un contexte difficile que le rapatriement du corps, et le bouleversement de la maison Royce en raison d'un changement de seigneur, n'aidaient pas. Alys avait beau être une femme forte, le petit garçon était de constitution fragile et il n'avait supporté le voyage, retournant auprès des dieux quelques jours seulement après avoir vu le jour. En accueillant Andar, Alys et Ysilla, à Roches-aux-Runes, Robar avait tout de suite comprit que quelque chose n'allait pas. Apprendre la mort de son neveu l'avait attristé. Certes loins que les deux parents mais tout de même: Les Royce se souvenaient. Et jamais Yorwick ne serait oublié. « J'en suis au même stade de réflexion que toi. Mon exil à Froideseaux à endormi ma douleur, mais ... Je n'oublie pas que j'aurai du avoir un fils et que je n'aurai sans doute jamais de descendance. » soupira-t-il en se demandant comment les choses pourraient en être autrement. Il ne s'imaginait pas reprendre une vie conjugale normale avec Rhaenys: concevoir ce premier enfant avait déjà été lourd pour eux deux car bien que la princesse soit tout à fait agréable à regarder, il n'oubliait pas que ce n'était pas elle qu'il aurait désiré avoir dans ses bras. Ils accomplissaient un devoir et rien d'autre. Aujourd'hui, il n'était même pas certain de le pouvoir. Pourtant Robar adorait les enfants. Il avait une véritable tendresse pour ses neveux, qu'ils soient Royce ou Rougefort, mais il aurait aimer avoir ses propres enfants, leur apprendre à monter à cheval, à se battre ou à danser. Futur révolu à présent. Robar soupira. « Quand à l'éconduire ... Rhaenys est la fille du Roi. On ne répudie pas de la sorte une princesse, surtout dans la conjoncture actuelle. Je doute que Rhaegar Targaryen se montre aussi clément si j'annonçais officiellement me séparer d'elle ou exiger l'annulation du mariage. Ils ont tout fait pour étouffer l'affaire et je ne suis même pas certain que le propre frère de la princesse soit au courant. » Seul les Martell et le couple royal avait été présent lors de la confession. Et Robar se doutait que la colère qui animait le roi vis a vis de son ancien héritier avait tenu ce dernier loin des affaires de la famille, reclus dans son propre exil à Lestival. Il imaginait mal le prince Oberyn, ou sa concubine, dire un mot sur leur nièce adorée, portrait de la disparue reine Elia. Quand au Roi et à la Reine ... L'affection qu'ils avaient pour elle et le besoin de stabilité immédiat de la maison royal, avaient du passer au delà de la déception et de la colère. Ne restait plus que lui. Lui qui la haïssait tant. En dehors de sa fratrie, il n'avait mot à personne. Il ne voulait pas en parler, il voulait juste oublier la douleur qui lui déchirait la poitrine quand il songeait au gros ventre de Rhaenys qu'il avait rarement pu caresser à travers le fin tissus de sa chemise de lui. Assez toutefois pour sentir cet enfant, ce fils, bouger contre sa main. Il ne l'aurait peut être jamais aimé elle, mais au oins auraient-ils eu cet enfant en commun.
Robar eut un rire nerveux, passant une main dans les cheveux blonds qui lui tombaient devant le visage avant de répondre.« J'espère juste parvenir à ne pas l'étrangler en la voyant. » Il avait fait une promesse au Roi et, au moins, avait il le sentiment d'avoir un minimum de contrôle ici, dans le Val. Une fois de retour à Port-Réal, Rhaenys redeviendrait toute puissante et il n'était pas certain d'avoir la force de supporter son regard suffisant et son visage hautain. Il poursuivit, le regard dans le vague. « Sa présence hier au banquet à éclipser toute la joie que j'avais de voir Maddy. » Un rictus triste se dessina sur ses lèvres. Maddy. Maddy la belle. Andar savait ce qui l'unissait à la jeune femme: la rousse avait été l'une de ses maitresses bien avant qu'il ne soit promit à la princesse dragon. Et de toutes, elle avait toujours été sa favorite. Qu'importe leurs choix, leurs routes, ils se retrouvaient toujours. Maddy avait été mariée et mère alors qu'il devenait tout juste un homme et pourtant, elle était revenue à Roches-aux-Runes. Il avait été marié, elle avait disparue, et pourtant, hier encore, elle était dans cette salle de réception, magnifique dans sa robe, réchauffant son coeur meurtri. Il darda son regard bleu sur Andar, sérieux. « D'ailleurs ! Tu ne m'avais pas dit qu'elle était revenue à Roches-aux-Runes ! Elle est au service d'Alys ? » demanda-t-il. Le blond savait que son frère était également très proche de la jeune rousse: après tout, ils avaient presque le même âge ... Mais il s'était attendu à être au courant: au lieu de cela, Maddy réapparaissait soudainement dans sa vie au moment où jamais cela aurait pu être pire entre Rhaenys et lui. Etait-ce un signe des dieux ? Il soupira à nouveau, revenant au sujet de son épouse et des raisons qui auraient pousser la couronne à pardonner à la princesse assassine. « Je n'en sais rien. Sur ce point, il est demeuré muet comme une tombe. Et je ne me serai pas aventuré à l'interroger. Mais ... Crois moi Andar, il y a quelque chose de pas net derrière toute cette affaire. » Et Robar n'aimait pas ça. Il ne savait pas ce qui se cachait sous les décisions des Targaryen, mais une part de lui détestait ne pas être au courant. Qu'avait-elle pu dire ou faire pour s'attirer à nouveau les faveurs paternelles ? Pourquoi Rhaegar se montrait à la fois ferme et compréhensif envers eux deux ? Il fallait qu'il le découvre !
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(2.01)
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La perte d’un enfant demeurait une épreuve dont on ne se remettait jamais vraiment. Tout comme son frère, il portait ce deuil sur ses épaules. Ils se comprenaient tous les deux, traversant cette même souffrance qui ne les quittait jamais. Les Royce se souvenaient, les enfants morts trop tôt ne seraient jamais oubliés, le temps ne pouvait effacer de leur mémoire toute la peine engendrée. Seuls ceux vivaient cette douleur pouvait l’appréhender. Alys ne montrait rien depuis, mais il savait que les sourires n’étaient que des sourires de circonstance lorsqu’on évoquait Yorwick. Elle se voulait forte et elle l’était assurément. Mais personne n’était infaillible. Il se souvenait des nombreuses larmes qui avaient coulé, cela n’était nullement une marque de faiblesse car pleurer permettait d’extérioriser tout son mal-être. La fierté n’avait alors plus sa place. Plus quand la douleur atteignait de tels sommets. Néanmoins, sa situation s’était améliorée quand les dieux décidèrent de lui accorder des enfants, rompant alors la malédiction. Il souhaitait le même destin à son frère dont les mots laissaient entrevoir son désespoir. En cet instant, l’aîné des Royce eut la folle envie de lui délivrer la vérité concernant l’enfant que Maddy avait mis au monde. Il ne supportait pas de voir son jeune frère ainsi, en proie à une profonde souffrance, celle de ne plus avoir de descendance. Son mariage actuel ne laissait guère la place à une nouvelle progéniture. Pour cela, il faudrait que les deux époux entament le dialogue. Les mots aux bords des lèvres, Andar se ravisa de divulguer une telle information, le seigneur écouta alors sa raison tandis que son cœur lui criait l’inverse. Mentir ne lui convenait pas, il avait la désagréable sensation que tout cela lui retomberait dessus par la suite. Son frère lui pardonnera-t-il lorsqu’il sera au courant ? « Ne dis pas cela. Des miracles arrivent toujours au moment où on les attend le moins. » Il parlait évidemment de la naissance de Edmée et Lucas, un don du ciel lorsque tout semblait perdu, alors que lui-même s’était désespéré de ne point avoir d’héritiers. Cette grossesse était survenue contre toute attente, sans crier gare. Les miracles existaient toujours, Robar y avait le droit et il le savait que le bonheur l’attendait au bout du tunnel. Tendre avec ses neveux, il ferait un père exemplaire, si seulement tout cela était moins compliqué.
Epouser la fille du Roi l’obligeait à accomplir son devoir. Econduire Rhaenys ne serait pas sans conséquences. L’on n’éconduisait pas aisément une dragonne. La possibilité lui traversait l’esprit mais fut aussitôt balayée par la dure réalité. Echangeant un regard entendu avec son jeune frère, il ne pouvait qu’être en accord avec ses dires, Rhaegar ne serait pas aussi clément s’il annonçait son désir d’annuler le mariage. L’affaire avait été soigneusement étouffée, prouvant qu’il ne souhaitait pas que cette union se brise officiellement. Officieusement, le mal était déjà fait. « Pour l’heure, tu n’as pas d’autre choix que d’entamer le dialogue, en dépit de tes envies meurtrières. » Disait-il dans un sourire, lui aussi partageait sa colère envers celle qui avait dérobé le bonheur de son frère. Pourtant, lors des négociations avant leur mariage, la jeune princesse ne lui avait pas paru aussi instable. Peut-être qu’il ne la connaissait pas du tout et qu’elle avait affiché un tout autre visage pour cacher le véritable. Une chose était sûre, Andar n’accorderait plus sa confiance à cette dernière. Aucun mot ne pouvait rattraper son acte abject. Les Royce se souvenaient et cela ne passera jamais aux oubliettes.
Si certains comme Littlefinger savaient mentir comme ils respiraient, cette capacité n’était pas innée chez l’aîné des Royce. Le sujet de Maddy demeurait difficile, il avait la désagréable sensation de marcher sur des œufs dès l’or que l’on évoquait la rousse. Encore plus depuis qu’il était au courant de l’existence de son enfant dont Robar était le père. De nouveau, son regard se faisait fuyant, du moins plus qu’à l’accoutumée. Il n’ignorait plus ce qui liait les deux jeunes gens. Dans un monde plus juste, peut-être auraient-ils pu vivre cet amour aux yeux de tous. Malheureusement, tout n’était pas aussi simple. « Son retour est très récent, j’aurais dû t’en faire part, mais avec les derniers événements, je n’ai pas pu. En effet, elle l’aide beaucoup pour le petit Angus. Tu auras tout le loisir de lui parler à notre retour. » Tâchait-il de dire pour excuser son oubli involontaire du moins en apparence. Son épouse et Maddy s’entendaient à la perfection. Des confidentes, des amies proches. Heureusement pour lui, le sujet de la conversation déviait sur les raisons poussant le Roi à pardonner le geste de sa fille. Un père désirait toujours protéger ses enfants. Néanmoins, le changement de point de vue du Suzerain demeurait un mystère. Le geste de sa fille était un danger pour toute la famille Targaryen qui en sortirait affaiblie. Ainsi, avait-il caché tout cela seulement par instinct politique et paternel ? Le mystère restait entier, la famille du dragon était complexe, bien plus que n’importe quelle autre famille du continent. « Hmmm…tout cela n’est pas logique. Mais nous ne sommes pas en position de force pour l’interroger sur ce sujet…c'est frustrant. » Répondait-il, las.
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Robar sourit, d'ordinaire c'était lui l'optimiste de leur duo fraternel. Il se souvenait des années suivant le retour d'Andar à Roches-aux-Runes, de l'esprit presque brisé de cet aîné après avoir perdu ses mentors, amis, sa seconde famille. Il avait tout fait pour aider Andar à sourire à nouveau, pour le faire s'éloigner de ses démons d'ivresse, pour tenter de compenser, par ses traits d'humour, les pensées sombres qui l'habitaient. Mais, mieux que personne, c'était Alys qui était parvenue à rendre le gout de la vie à celui qui n'était alors qu'héritier. La naissance et la mort prématurée, de Yorwick les avait rapprochés et la naissance des trois enfants qui suivirent ne firent qu'aider le nouveau seigneur de Roches-aux-Runes à retrouver le sourire. Il connaissait l'affection d'Andar pour ses enfants ... Lui même adorait ses neveux, qu'ils portent le nom de Royce ou de Rougefort. Mais pour sa part, savoir qu'il n'aurait sans doute jamais de descendance l'attristait ... Allait-il finir comme feu le Sillure ? Oncle adoré mais homme solitaire ? Comme Ser Jorah Mormont, à jamais séparé d'une femme qui ne voulait pas de lui, incapable de jamais faire autre chose de son existence, incapable d'avoir un jour, une descendance ? Ou pire, finirait-il comme Walder Frey: tardif à engrosser de pauvre jouvencelle tout en maintenant l'Etranger à distance malgré un âge avancé. L'image le fit grimacer. « L'affaire qui nous occupe est au delà du miracle je le crains ... Il faudrait les anciens dieux et les nouveaux pour pouvoir arranger ce qui a été brisé entre nous. » Et ce n'était pas peu dire ! Bien qu'il se soit laissé apaiser par la présence et les mots de Rhaegar Targaryen, il gardait rancoeur et ignorait comment la rencontre pourrait bien tourné: à tous les coups, ils allaient devoir être séparé par la garde royale à force de se battre. Robar poussa un soupire. « On ne s'aimait déjà pas avant, ça va être difficile de réparer le peu de confiance qu'on avait l'un envers l'autre. Si jamais il y en a eut ... » Il savait que ses paroles étaient bien pessimistes, mais c'était l'exact reflet de la réalité: il ne parvenait à oublier qu'il n'avait obtenu la main de Rhaenys qu'à cause du sacrifice de son père, et l'évidence indifférence qu'ils avaient l'un pour l'autre n'avait pas aidé le jeune couple, alors fiancé, à créer des liens durables. S'il n'y avait eut de confiance et d'amitié, leur union devant les dieux n'en avait créer davantage, la seule chose que Robar trouva en faveur de son épouse étant sa grossesse, arrivée rapidement, qui leur permettait de ne plus avoir à accomplir leur devoir conjugal. L'ennui n'était pas de trouver Rhaenys attirante: un aveugle aurait remarqué sa beauté, mais de parvenir à occulter combien elle était horripilante. Il s'éloigna un peu du sujet Rhaenys pour faire part d'un de ces questionnements du banquet. « Tu as vu le Roi, non ? Il ne ressemble plus à l'homme qui assistait à tous ces mariages princiers ! J'ai même entendu certain dire qu'il suivait la même voie que son paternel avant lui. » dit-il avec une once d'inquiétude dans la voix. Il avait déjà remarqué que le Roi n'était plus le même à Lestival: mais il ne fréquentait pas l'homme plus que cela. En revanche, au banquet, cela avait été frappant et, plus encore, lorsqu'il l'avait vu de près pendant l'entretien. Des bruits de couloirs, des échanges entre soldats, Robar avait finit par entendre ces mots: le roi serait peut être malade ... Une maladie de l'esprit. Etait-ce pour cela qu'il faisait tant d'effort pour le réunir avec Rhaenys ? Avec la renonciation de son héritier et un nouveau prince en bas âge, peut être voulait-il s'assurer que sa princesse adorée ne subirait pas d'autre tâche sur sa réputation immaculée une fois qu'il ne serait plus là ?
Mais Andar prônait la diplomatie et Robar savait que son aîné avait raison: il n'aurait jamais gain de cause par la force avec elle et ignorait simplement ce qu'une discussion pouvait apporter de plus à l'état de leur relation. « Et je le regrette déjà, crois le bien. » se lamenta le blond tout en songeant au regard que lui avait lancer le Roi, aux paroles encourageante qu'il avait pu dire pour le conforter à choisir la voie de la discussion plutôt que celle du replis ... Il pesta toutefois. « Je me suis laissé avoir par les paroles du Roi. Après, peut être ai-je tort ... Mais je doute que Rhaenys soient devenue une sainte par l'action de notre simple séparation: elle était déjà comme ça avant notre mariage, je vois pas pourquoi ça aurait changé. » argumenta-t-il en croisant les bras sur son torse, bougon. Il ne voulait pas croire à la soudaine pitié de la princesse, à sa perfection idéalisée par un père dont les idées n'étaient visiblement plus au clair: si Rhaegar Targaryen décidait de jouer les aveugles avec sa fille, grand bien lui fasse, mais lui aurait besoin d'une explication et bien plus qu'une supplique lui demandant de faire preuve de foi. Rhaenys n'avait jamais gagné ce droit sur lui, et si un jour il s'était demandé si, enfin, ils ne pourraient pas s'entendre et s'allier pour le bien de leur enfant, cela s'était brisé en même temps que la vie de son fils. Il ne se contenterait pas de simples allusion, il avait besoin de comprendre pourquoi elle avait sacrifié la vie de leur enfant.
Les explications d'Andar firent hausser un sourcil interrogateur à son cadet: il s'étonnait toutefois du retour si soudain de Maddy. Elle était une amie de la famille, elle avait démontré son habileté à disparaitre et réapparaitre ainsi, sans raison aucune. Ou presque. Mais dans les premières semaines de ses fiançailles, il avait espéré la revoir, qu'elle revienne, qu'il lui dise que, qu'importe d'être marié à une princesse, il la voulait toujours, elle et son tempérament de feu. Mais elle n'était pas revenue. Pas jusqu'à maintenant. « Peut être oui ... Ou peut être est-ce un signe des dieux ? » osa-t-il demander en regardant Andar dans les yeux, cherchant l'approbation de son aîné. Il se redressa sur son siège, cherchant à préciser sa pensée. « Mon mariage qui éclate, Rhaenys préférant demeurer à Port-Réal et Maddy revenant à Roches-aux-Runes ... Andar, t'as-t-elle sembler ... Disposée à mon égard ? » demanda le blond, se demandant si, quelque part, on ne lui rendait pas Maddy après avoir tout perdu sans qu'il n'y ait de raison ... Robar hocha toutefois la tête à la dernière remarque de son frère: les choses n'étaient pas claire, il manquait une pièce du puzzle mais si Andar semblait vouloir en rester là, Robar, lui, voulait savoir. « Ça, je ne peux te contredire. Mais pendant que je vais rendre mes hommage à ma si charmante épouse ... Penses-tu pouvoir questionner notre grand-mère à ce sujet ? Elle semble proche du Roi, peut être elle, ou Harrold ... Pardon, Lord Harrold, sont au courant de quelque chose ? » demanda-t-il, persuadé qu'Anya devait savoir quelque chose. Et qu'est-ce que la Dame de Chênes-en-Fer pouvait refuser au sang de son sang ?
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(3.03)
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Faire preuve d’autant d’optimisme était une nouveauté à laquelle il fallait pourtant s’y habituer. Si ses anciens démons n’étaient plus, Andar savait que tout cela était encore fragile. Un rien pouvait le faire plonger de nouveau dans les abysses de l’alcool. S’il était aujourd’hui aussi confiant, cela n’était que dû au rôle joué par sa famille. Être entouré l’avait grandement aidé à surmonter les sombres pensées l’habitant après le sac de Port-Réal. D’ailleurs, jamais il n’avait comté à quiconque les horreurs vécues là-bas. Les mots ne suffisaient pas pour exprimer ce que ses yeux avaient vu. Il ne désirait pas non plus s’en souvenir par crainte d’en souffrir atrocement. Ce qui appartenait au passé devait le rester. Le soutien des siens fut primordial dans sa reconstruction et aujourd’hui il eut la désagréable sensation de faillir de nouveau. Un grand-frère ne devait-il pas protéger les plus petits ? Les rendre heureux ? De toute évidence, Robar ne respirait point l’épanouissement depuis son mariage avec la princesse du Dragon. Leur union naquit de circonstances tragiques et semblait en avoir le même chemin. Les mots de son cadet lui rappelèrent les affres subis par cette relation, le mensonge, la traitrise, la mort de cet enfant au destin pourtant si radieux. Rhaenys avait anéanti tous les espoirs du jeune Royce d’avoir une progéniture. Oncle adoré, nul ne pouvait nier sa fibre paternelle exceptionnelle. Il le savait, son cadet ferait un père digne et aimant. Les dieux s’acharnaient sur le pauvre bougre, privé du bonheur de devenir ce dont il aspirait. Face au pessimisme de son frère, l’aîné n’eut d’autre choix que de baisser les yeux, incapable de le réfuter. Il n’avait pas tort. Leur mariage n’avait pas été aussi heureux que le sien, réparer les peaux cassées semblait impensable. Ses épaules s’affaissèrent sous le poids de la culpabilité : celle de ne pouvoir lui révéler que ses espoirs n’étaient pas totalement anéantis. Un enfant, son enfant se trouvait non lon de lui. Une fille illégitime mais qui n’en demeurait pas moins sa progéniture. Les lèvres entrouvertes, les mots restèrent silencieux, tandis que le seigneur de Roches-aux-runes se maudissait intérieurement de détenir une telle information. Il aurait préféré ne rien savoir afin de ne pas se retrouver dans une telle position. Mentir n’était pas ce dans quoi il se complaisait contrairement à Littlefinger. Piètre comédien et menteur, il était aisé de deviner que quelque chose le tracassait. Un jour viendra où il devra avouer tout cela à son cadet. Et ce jour-ci risquait bien d’arriver promptement au vu de son agacement.
Changer de sujet amenuisa un peu la boule engendrée dans sa gorge, lui permettait également de relâcher la pression. Tous ses muscles crispés par le malaise, il acquiesçait, le Roi n’était plus celui connu à Port-Réal peu après sa prise de pouvoir. Rhaegar montrait certaines faiblesses et un visage i fatigué. « Il semble que même le Roi ne peut échapper aux affres du temps. » Soufflait-il dans un souffle tout aussi inquiet que son cadet. Savoir que le roi prenait la même voie que son aïeul n’était point une bonne nouvelle. « La démence semble atteindre chaque membre de cette famille. Il nous faut être prudents, les Targaryen sont imprévisibles. » C’était pourquoi la diplomatie demeurait la seule solution. Robar devait faire preuve de bonne volonté afin de ne pas s’attirer les fourbes du Roi. Si ce dernier perdait peu à peu ses repères, nul ne savait quelle décision il prendrait s’il constatait l’inverse. Pouvant faire preuve de clémence, l’ancien écuyer des Tully savait également que le Dragon pouvait aussi s’emporter et faire couler du sang par le feu. Aveuglé par sa fille, il semblait incapable de constater que la princesse avait tué volontairement. Comment pouvait-on fermer les yeux sur un acte aussi abject ? « Le Roi est aveuglé par son amour pour sa fille. Lui qui condamnait pourtant…Penses-tu que ce sont les prémices de sa folie ? » Faisait remarquer l’aîné qui avait remarqué aussi un changement de comportement du suzerain des sept couronnes. Loin du dragon éclatant des années plus tôt. Les ténèbres l’envahissaient à présent.
De nouveau, la culpabilité rongea son être, condamné à errer entre le devoir et son cœur qui lui criait de divulguer les raisons du retour de Maddy. Le souffle un peu court, le Seigneur savait pertinemment que la jeune femme était éprise de Robar, comme au premier jour. « Elle l’est sûrement, une discussion s’impose entre vous. Maddy a probablement beaucoup de choses à te dire. » Il avait ainsi réussit à ne pas trop en dire sans pour autant mentir. Tandis que son frère faisait les cent pas dans la pièce, Andar songeait à rencontrer sa grand-mère bientôt afin d’en savoir plus sur les attitudes suspectes du Roi. « Lady Anya sera bien plus disposée à me répondre. Notre suzerain a probablement d’autres occupations. » Dans sa voix l'on pouvait aisément y deviner une certaine déviance vis-à-vis du jeune Hardyng. L’arrogance d’Harrold rendait toute conversation compliquée, et puis la matriarche ne refusait pas de répondre à ces questions, ils étaient de la même famille, du même sang. Son expérience la rendait pertinente, bien plus que la jeunesse du nouveau Suzerain du Val. L’aîné des Royce ne le portait pas dans son cœur mais comme tous les seigneurs de la région, il lui avait juré fidélité et allégeance. Un engagement qu’il comptait tenir, en tant qu’homme de parole. Leur relation s’arrêtait là, ce qui était amplement suffisant.
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Cela lui faisait du bien de discuter avec Andar: sa présence lui avait manqué lorsqu'il était parti pour Froideseaux: la fraternité des hommes en garnison ne valait pas l'affection d'un frère. La question du seigneur de Roches-aux-Runes ne trouva guère de réponse dans l'esprit de Robar. Il avait beau avoir trouvé le Roi dans un état inquiétant: ses tremblements, ses changements soudain d'humeur, la boisson laissé à son intention par le Grand Mestre et non par un serviteur ... Tout cela menait le blond à se poser des questions. Cependant, il n'avait trouvé aucune réponse tout au long de l'entretien qu'il avait passé avec le souverain. « Je ne saurais dire. » avoua le Royce en haussant les épaules avec un air ennuyé. Il ne savait pas vers quoi cette histoire le menait, mais il n'aimait guère les tourments qui semblaient être siens depuis son départ de Port-Réal au début de l'année. Quand est-ce que les dieux et les rois trouveraient satisfaction ? Les mots d'Andar n'étaient guère plus joyeux, rappelant la folie inhérente à la maison des dragons qui rendaient leur propre vie dangereuse. « Cela ne sonne guère optimiste pour moi. Imagines-tu ? Je ne ferais guère de vieux os avec un beau-père roi perdant la tête et une épouse suivant peut être le même chemin. » Etait-ce la raison pour laquelle elle avait mit fin à sa grossesse ? La folie de sa famille ? Il se souvenait d'histoire au sujet du vieux roi fou ... Outre sa tendance à mettre à mort des seigneurs et leurs héritiers dans la salle du trône, il avait entendu parler de l'obsession qu'il avait à propos du sang du dragon, la pureté de la maison Targaryen. Etait-ce cela ? Une obsession qu'un homme avait légué à sa descendance ? Robar ne savait que penser: chaque idée, qui aurait pourtant du lui paraitre aberrante, semblait soudainement son chemin dans son esprit. Et il ne parvenait à s'en détacher. « Est-il trop tard pour devenir un chevalier errant et faire voeux de célibat ? » demanda-t-il, le rire dans la voix mais un rire jaune, nerveux, lointain.
Il laissa un oeil suspicieux se promener sur le visage de son frère, cherchant chez Andar, la trace de quelque chose qu'il n'avait pas voulu lui dire. Son frère demeura cependant muet au sujet de Maddy, ne disant que ce qu'il savait déjà: Maddy était revenu quelques semaines après son départ pour Froideseaux, et c'était à lui de s'entretenir avec elle. Il soupira. « Sans doute. Si elle arrête de fuir dès que j'approche, ce sera plus simple. Je l'ai croisé avant d'aller voir le Roi ... J'ai cru être un pestiféré ! » Il fallait dire qu'il y avait cru, lorsqu'il avait vu la manière avec laquelle elle le regardait durant le banquet, magnifique dans sa robe bleue avec ses boucles rousses soigneusement coiffées. Pourtant, dès qu'il avait tenté de la voir en privé, elle s'était dérobée à sa vue et lorsque dans la journée il avait essayé de l'approcher, elle avait prétexter être appelé par l'un des petits Royce pour prendre la poudre d'escampette. Oui, il fallait qu'il parle à Maddy ... Mais pour l'heure il devait régler des sujets plus brulant et pour ce qu'ils ne savaient pas, leur grand-mère était la mieux placée pour les informer. « Quand bien même elle ne saurait pas ... Je suis certain qu'elle aura aussi flairé quelque chose d'étrange. » conclut-il les sourcils froncé. Il n'aimait pas ça, il avait la sensation d'être pris dans un combat sur lequel il n'avait aucune prise. « Tout ça m'inquiète Andar. Je pensais que Froideseaux m'aiderait à calmer mon ressentiment mais j'ai l'impression de n'avoir fait que perdre des lunes au nord de la région. Tout ce que j'ai laissé en suspend ... Avec Rhaenys, avec le Roi, me revient à présent en pleine figure. » Le Royce ne parvenait à s'échapper de cette impression, de ce sentiment de n'avoir fait que retarder l'inévitable, de devoir demeurer victimes des décisions des autres. Un nouveau soupire s'échappa de ses lèvres, il n'aurait donc aucun repos ? Le regard dans le vague, Robar poursuivit. « C'était une erreur de penser que rentrer dans le Val me permettrait d'échapper à mon rôle d'époux. Rhaenys n'est pas la fille d'un noble quelconque. C'est une princesse. Je n'arriverai jamais à me défaire de mon devoir envers elle, je le crains. » L'entretien avec Rhaegar Targaryen lui avait imposé à l'esprit cette image: jamais le Roi ne déferait l'union, et il n'arriverait jamais a avoir gain de cause. Le seul moyen de s'en sortir était de parvenir à se faire de Rhaenys, une alliée, mais la rancoeur qu'il avait envers elle était encore tenace. Pourtant, seule elle pouvait justifier de son absence à la cour -puisque de toute évidence, elle n'avait aucune intention de revenir s'installer auprès de lui à Roches-aux-Runes, seule elle pouvait tempérer les attentes du Roi à l'égard de cette union qu'ils n'avaient ni l'un, ni l'autre désiré. Mais s'ils n'étaient pas parvenu à s'attirer sa sympathie auparavant, comment pouvait-il en être autrement alors même qu'elle était responsable de la mort de leur enfant. Robar ferma les yeux, prenant un instant de silence et de reflexion avant de se tourner a nouveau vers son aîné.« Andar ... » Sa voix était hésitante, plus humble, plus calme. « Même si le Roi m'impose de respecter mon serment envers sa fille, tu reste mon seigneur. Et j'ai une requête. » dit-il, annonçant d'ors et déjà la couleur de ce qu'il avait à ajouter. Il savait que le seigneur de Roches-aux-Runes ne lui refuserait sans doute pas sa demande, mais il avait besoin de son aval avant d'entreprendre quoi que ce soit. « Tout ceci ... En quelques heures j'ai été plus chamboulé par les nouvelles qu'on amené ce banquet que par les lunes qui ont suivi la mort de Père. J'ai ... J'ai besoin de changer d'air et le Val ne m'aide en rien à trouver le repos de l'esprit et le calme de la reflexion. » expliqua-t-il. Il se sentait pris au piège. Rhaenys, Rhaegar. Maddy. Son fils disparu. Depuis des lunes il ne pensait qu'à ça. A Froideseaux, ce fut la culpabilité de n'avoir pu accomplir son devoir de chevalier du Val en étant présent auprès du jeune seigneur qui l'avait emporté dans de terribles cauchemars ou, plus que Robin Arryn, c'était son propre enfant qui périssant. Echec dans son rôle de chevalier, échec dans son rôle de père, il ne parvenait à passer à autre chose bien u'il se soit largement enivré afin de s'empêcher de penser. « Quoi qu'il se passe avec Rhaenys ... Je ne retournerai pas dans l'immédiat à Port Réal. Mais rentrer à Roches-aux-Runes ... Avec Maddy et tout ça ... J'ai peur de ne faire que fuir mes responsabilités. » Il ne voulait pas revenir auprès de la rousse afin d'y noyer sa peine. Et puis ... Encore fallait-il qu'elle veuille de lui. Après tout, ne l'avait-elle pas quitté lorsqu'elle avait apprit pour ses fiançailles ? Bien que son mariage ne soit qu'une plaisanterie de mauvais gout, il pouvait aisément comprendre qu'une fille de son statut ne veuille être pointée du doigt comme étant la maitresse de l'époux d'une princesse. Il soupira, il fallait qu'il parte, qu'il s'éloigne. « Alors, j'aimerai que tu m'autorise à rejoindre Ysilla, à Villevieille. » finit-il par demander, regardant enfin son aîné dans les yeux. Ysilla avait quitté le Val depuis quelques temps, partant pour le Bief où Lord Horton était assuré qu'elle reçoive les meilleurs soins. Mais ce n'était pas pour rassurer Robar, loin de là. Si aucun mestre du Val n'était capable de soigner Ysilla, c'est que cela devait être bien plus grave qu'elle n'avait bien voulu le dire dans ses lettres. « Je m'inquiète de sa santé et de cette blessure qui nécessite le savoir des mestres de la Citadelle. Et puis, je pense que notre soeur, comme son époux, ne sera pas contre un peu de compagnie. »
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(4.05)
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There's nothing in this world I wouldn't do
Andar Royce & @Robar Royce
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La fraternité d’un frère lui avait terriblement manqué. Durant les moments difficiles, Andar avait toujours pu compter sur le soutien de son jeune frère mais aussi de sa sœur. La famille Royce était soudée, contrairement à celle des Dragons où des querelles ne cessaient d’envenimer les relations. Pour cela, il craignait que la santé mentale du Roi ne soit défaillante, voire totalement en lambeau. Où était donc passé le grand suzerain des Sept Couronnes ? Aujourd’hui, l’on n’avait droit qu’à un homme fatigué dont le regard s’était assombri par les années et l’usure du pouvoir. Afin de survivre et éviter les changements de comportement de ce dernier, il fallait demeurer prudent, le Seigneur de Roches-aux-runes avait la désagréable sensation de marcher sur des œufs. Rhaegar était si imprévisible que mêmes les plus stratèges ne pouvaient anticiper ses réactions. Face à lui, le chevalier Rouge ne ferait pas de vieux os, c’était évident. « Nous ferons en sorte de ne pas en arriver là. » Disait-il dans un soupir tandis que sa main venait caresser sa barbe naissante. Lui aussi n’ignorait pas l’histoire du Roi Fou. Cette maladie serait-elle héréditaire ? Il espérait que non bien que les premiers signes semblaient se dessiner. Face à la démence, nulle arme ne fonctionnait, outre que la fuite.
Geste qu’il tentait de faire lorsque la conversation évoquait Maddy, la servante ayant une place prépondérante dans la famille Royce. Elle en faisait d’ailleurs partie intégrante quad on savait l’affection qui la liait à chacun d’eux. L’aîné demeurait dans une position indélicate, tiraillé entre son envie de tout lui confesser et l’autre qui jugeait que ce n’était pas son rôle. Voir son frère dans un tel état le mettait mal à l’aise, attristé de ne pouvoir mettre fin à son calvaire. Mais qu’adviendrait-il lorsqu’il saura la vérité ? Son mariage avec Rhaenys ne disparaîtrait pas ainsi que ses engagements. L’on ne pouvait se défaire d’une telle responsabilité et encore moins avec la famille Targaryen. Les conséquences seraient désastreuses, surtout que le Roi ne semblait pas prêt à abandonner cette union. « Le flair d’Anya Vanbois ne rate jamais rien. Elle était aux côtés du Roi hier soir. » En première loge pour constater la folie naissante du Souverain des Sept couronnes. Il était persuadé que cette dernière en savait plus. La Dame de Fer possédait une sagesse que nul ne pouvait égaler. Ses yeux aiguisés reconnaissaient sans mal certaines choses, dont la démence. Un entretien en sa compagnie semblait obligatoire. Elle ne refuserait pas d’en dire plus à l’un de ses petits-fils.
Le regard du seigneur s’assombrissait. Les paroles du cadet étaient véridiques, l’on ne pouvait tourner le dos à une fratrie aussi puissante que celle des Dragons. Ce mariage chaotique, Robar ne pouvait plus s’y soumettre dès lors qu’il avait juré devant les Sept ce jour-là à Port-Réal. Tel était son devoir et la tare qui l’incombait. S’il avait su que tout cela prendrait une telle tournure, Andar aurait trouvé une solution pour refuser l’offre du Roi. Mais aurait-il pu ? Qui oserait refuser la main tendue du Roi sans engendrer son courroux ? Toute la région du Val aurait été touchée par cette décision. Finalement, ce mariage semblait inévitable. Il demeurait alors silencieux, écoutant le discours de son jeune frère, il ne pouvait que comprendre sa volonté de s’éloigner de la capitale, et encore moins à Roches-Aux-Runes. Pourtant, fuir ses responsabilités ne pouvait être la solution à long terme. Pour l’heure, le Seigneur ne s’y opposerait pas, surtout qu’Ysilla avait grand besoin de son soutien. « Bien entendu que je t’y autorise, Ysilla sera ravie de te voir. Tu lui transmettras mes salutations, je suis si désolé de ne pouvoir lui rendre visite, quel piètre grand frère je suis. » Le temps lui manquait terriblement. Mais une fois que tout serait plus calme, il comptait la voir, s’assurer de sa santé. « Robar…tu sais qu’un jour, il te faudra te confronter avec Maddy. » Rajoutait-il sagement, conscient que sa solution ne pouvait qu’être à court terme. Une discussion avec la rousse devait avoir lieu, absolument. C’était même vital pour qu’il parvienne à faire le tri dans son esprit et enfin avoir les réponses à ses questions. Andar espérait que leur dialogue aurait lieu bien avant mais il ne voulait pas pousser outre mesure son frère. S'il ressentait le besoin de s'éloigner de tout cela alors il ne pouvait le lui refuser. Il ne désirait que son bien-être, en dépit de la malchance de son union. Mais ainsi étaient les faits et son devoir envers la Princesse ne pouvait être ignoré.
(c) oxymort
- HRP:
- Pardonne mon retard, je pensais te répondre avant, mais la reprise du taff m'a crevée plus que je ne le pensais
D'ailleurs à ta réponse, on peut cloturer si tu veux ?
The Red Knight
If the sky comes falling down, for you
There's nothing in this world I wouldn't do
@Andar Royce & Robar Royce
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De toute évidence, Robar n'était pas le seul à avoir eut des doutes lors du banquet, et bien qu'il ait partagé son point de vue sur l'état du Roi à son frère, il lui semblait qu'Andar partageait cet avis avant même qu'ils ne se retrouvent. Cela n'était pas pour rassurer le blond qui voyait venir les ennuis, n'hésitant pas à se montrer des plus cynique lorsqu'il s'agissait de sa promesse d'aller voir Rhaenys. Car après tout, ce n'était pas parce que le père voulait la paix que la fille désirait la même chose. Rhaenys n'avait jamais été simple et il ne se souvenait pas d'un instant où ils se soient réellement entendu. Avant même la mort de leur enfant, le couple s'était disputé au sujet de la piètre performance de Robar à Lestival, ou du désir de Rhaenys de ne pas retourner dans le Val. Tout était sujet à dispute, désaccord. Comment aujourd'hui, après près d'une demi année sans se voir, pourraient-ils trouver un accord ? Et s'ils n'y parvenaient, quelles seraient les conséquences ? Est-ce que Rhaegar Targaryen se débarrasserait de lui comme d'un parasite dérangeant ou laisserait-il les choses ainsi, le couple séparé, sans plus de cérémonie ? « Je crains que face à la folie d'un roi, même toi, tu ne puisse rien faire pour moi. » soupira la jeune homme qui avait retrouvé son sérieux. « De toute façon, Rhaenys Targaryen ne peut me faire plus de mal qu'elle m'en a déjà fait. » conclu Robar en songeant aux derniers mots que la princesse avait eut pour eux, pour lui. Sa responsabilité dans la mort de l'enfant, son amour déçu mais réciproque pour son bouclier lige, son refus d'honorer leur mariage. La conversation n'avait que trop tardé.
Recevant la bénédiction de son aîné pour rejoindre leur soeur, en convalescence dans le Bief, Robar redressa la tête. Une bonne chose de faite ! Il prendrait la route dès que possible: de longues semaines de chevauchée l'attendait et l'hiver n'était pas clément avec les cavaliers. Bien sur, il se doutait qu'Andar aurait préféré qu'il règle ses affaires avant d'entreprendre un tel voyage, mais Robar avait besoin de l'avis d'Ysilla. Après tout, ses actes retombait sur sa fratrie entière: s'il courrouçait Rhaenys Targaryen, il doutait que les conséquences ne retombent que sur lui ... Et puis, il s'inquiétait bien trop pour elle: il ne l'avait revu depuis son passage à son retour de Port-Réal et il était persuadée que l'avoir près de lui l'aiderait à.y voir plus clair, que cela soit au sujet de son mariage comme du retour de Maddy. Malgré ce qu'avait dit Rhaegar Targaryen, Robar ne se voyait pas vivre à Port-Réal: il ne ferait jamais cette concession. Si les choses se déroulaient bien avec la dragonne, peut être consentirait-il à quelques séjour à la capitale, mais il ne se voyait pas s'y établir. Aussi, côtoyer Maddy allait redevenir un quotidien qu'il n'avait jamais envisagé ... Et comment ferait-il avec la délicieuse tentation qu'elle représentait, sans cesse sous son regard alors que ses serments le liait à une autre, lointaine et loin d'égaler l'affection qu'il lui portait ? « Cela sera fait. Mais ne t'en fais pas, Ysilla sait que tes obligations te gardent dans le Val. Je suis certain qu'à son retour, vous aurez l'occasion de vous voir. » répondit le blond en se relevant, prêt à retourner dans sa chambre pour se rafraichir avant de planifier quoi faire avec Rhaenys. Une fois de plus, il fut stoppé par des paroles. De sages paroles. Non, il ne pourrait éternellement éviter la conversation avec Maddy ... Mais celle ci viendrait en son temps. Lorsqu'il aurait fait table rase de ce qui l'opposait à son épouse, lorsque la situation serait plus claire pour tous. « Je sais ... Mais le jour où nous nous retrouverons, il n'y aura pas de retour en arrière possible. Alors je dois régler ça avant ... » dit-il avec un dernier regard pour Andar, plus grave qu'il ne l'avait jamais été.
(c) oxymort
┗ the red knight ┛
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