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Honor, amongst thieves | ft. Arren Sand & Whissan Wyl

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Honor, Amongst Thieves

302, lune 1, début de semaine 4



Arren Sand & Whissan Wyl & Wayra Wyl

Reçu une lettre du Prince Oberyn Martell. Je n’ai pas l’oeil pour grand chose, mais je sais reconnaitre les écritures. Pas la sienne, apparemment. Je ne crois pas l’avoir vue un jour.
Il est venu a Wyl, il y a quelques années. Je m’en souviens un peu. Bon vivant et étrangement sympathique, pour un Martell. Mais comme Père me l’a si souvent répété, la confiance, c’est le debut de la fin.
Sa missive me laisse confuse. Lorsque je l’ai montrée a Père, il n’a semble ni content, ni mécontent. Difficile de dire ce qu’il pense, ces temps-ci. Mais il m’a conseille d’accéder à sa demande. C’est un prince de Dorne, après tout. Peux pas dire que l’idée d’aller a Port-Real me réjouisse. Le plus loin je suis des villes, mieux je me porte. J’imagine que je n’ai pas vraiment le choix.



***


Les pierres roulaient sous les sabots des chevaux, rompus à l’exercice. Leurs longues jambes effilées glissaient avec une agilité incroyable sur le sable piégeur des chemins de chèvres. Abeyan, la jument rouge de Wayra, fermait la marche. Devant elle, les silhouettes sombres d’Arren et Whissan se découpaient dans le ciel pâle de l’aube. Les premiers doigts du soleil rampaient au-delà des sommets déchirés des Montagnes Rouges. Derrière eux, les dernières étoiles dans le ciel d’un bleu fade s’estompaient. La Wyl aimait cela. Le contraste des couleurs, les ombres paraissant gigantesques de ses deux compagnons, l’atmosphère si paisible qui baignait la nature encore endormie. Elle aurait aimé dessiner le paysage sur son journal de cuir noir, mais elle se ravisa. La lettre reçue la veille pesait trop sur son esprit et elle n’aimait pas croquer la tête troublée. De plus, elle n’était pas seule et se laisser aller aux confidences manuscrites en public n’était pas une idée qui lui plaisait. Son frère l’avait surprise plus d’une fois et s’en était moqué. Et Wayra détestait les sourires narquois.

Les Wyl étaient bien différents les uns des autres. Des personnages tantôt hauts au couleurs comme la tante Wydad, tantôt sinistres comme leur ancêtre commun Wyl de Wyl. Certains arrivaient même à conjuguer les deux, comme son père. Si elle ne savait guère situer sa cousine, son cousin et encore moins elle-même, elle savait que tous les trois partageaient un amour peu égalé pour les longs silences bercés par le réveil lent et calme de ces montagnes mutiques qu’ils affectionnaient tant. Au loin, gargouillait dangereusement la rivière qui portait leur nom, luisante et noire, reflétant le ciel de nuit qui tardait à mourir. La famille la plus au nord de Dorne n’était guère connue pour son imagination. Aussi s’étaient-ils accaparés l’appellation du cours d’eau pour leur fief et eux-même. À moins que cela ne soit l’inverse ? Wayra l’ignorait, comme beaucoup d’autres choses de ce monde. Et comme beaucoup d’autres choses, elle ne s’en formalisait nullement.

Ce matin-là, elle avait proposé à la lady de Wyl et à son demi-frère de venir avec elle. Une demande rare venant de la part d’une jeune femme connue pour préférer la solitude comme compagne lors de ses promenades matinales. Pourtant, quelques fois, elle appréciait les présences triées sur le volet de quelques élus. Et cette journée s’annonçait comme une journée faite de présences. Sa proposition avait été, comme d’habitude, un peu brusque, mais la paire connaissait leur cousine et ses humeurs maussades. Elle savait également que les demandes de Wayra n’étaient jamais gratuites. Était-ce par curiosité qu’Arren et Whissan avaient accepté de la suivre ? Ou bien par inquiétude ? Peut-être un peu des deux. Elle n’en avait aucune idée. Après tout, il lui était difficile de s’imaginer ce que pouvaient bien avoir dans la têtes les membres de sa propre famille. Il lui était plus facile de lire dans l’esprits de ceux venant de l’extérieur. Elle était crainte et sa mauvaise réputation pesait sur sa tête comme une couronne. Aussi, il ne faisait aucun doute que si elle avait demandé la même chose à des êtres humains n’arborant pas le nom de Wyl, les pauvres idiots auraient été rongés par l’angoisse. Et dans tout ça, elle ne se serait pas vraiment préoccupée de ce qu’ils pensaient d’elle. Alors que soudainement, cette question revêtissait une nouvelle importance et elle se demandait comment était son reflet, dans les yeux d’encre de la chef de famille et du bâtard.

Ses mains se resserrent sur les rennes de sa jument qui fit un écart, évitant de justesse une glissade de rocs le long de la parois abrupte du chemin. Arrête de réfléchir ! pensa-t-elle. C’est ce qui te fera tuer.

Enfin, ils arrivèrent au bord de la rivière sinueuse, ondulant comme un corps de femme, dans cette nature aride. Wayra sauta la première de sa selle et guida Abeyan jusqu’au bord pour la faire boire.

« Brave fille, » félicita-t-elle la jument dans un murmure. « Maintenant, va ! »

L’animal obéit et déguerpit au petit trot, ravie de se promener librement. Mais elle savait qu’au moindre sifflement, il lui faudrait revenir auprès de Wayra. Et elle le ferait joyeusement. Elle avait été dressée pour cela.

Un moment s’écoula sans que l’aînée de Warden ne pipe mot, ses yeux d’améthyste fixés sur les montagnes qui les entouraient. Elles étaient infestées de brigands, cela ne faisait aucun doute. Mais aucun n’aurait l’audace de s’en prendre à eux.

« J’ai reçu une missive hier, » finit-elle par déclarer.

Elle sortit d’une de ses poches la lettre au sceau brisé des Martell. Le soleil et la lance tranchés en deux semblait saigner sur le papier terne.

« Mon père a dit que je devrais y aller. »

Elle la fourra rudement dans la longue main fine de sa cousine avant de croiser les bras sur sa poitrine. Wayra ne savait pas vraiment si elle demandait un conseil, une autorisation ou un simple consentement de la part de Whissan et d’Arren. Mais cela ne l’empêcha pas de demander.  

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Honor amongst thieves

Wayra Wyl ⚕ Whissan Wyl ⚕ Arren Sand

Les mains vieillies par trop de soleil ôtèrent la selle qui venait à peine de frôler le dos de l’animal. Le tapis glissa sur le flanc du cheval comme une cape tombe des épaules d’un homme. Un tremblement parcourut son échine, comme s’il faisait preuve d’impertinence, car l’entier avait déjà compris qu’il ne travaillerait pas ce matin. D’un geste bourru son cavalier avait laissé tomber l’harnachement dans les bras d’un jeune palefrenier. Avec tout le soin que l’on peut accorder à un joyaux, le bâtard passait sa main sur le dos où le poids de la selle avait eût le temps de froisser le poil soyeux. Malgré la semi-obscurité de la nuit mourante, la robe alezane brillait comme un feu. Cinq autres hommes s’affairaient auprès de leurs montures, quand leur capitaine avait vu son programme soudainement changé. “Marko. Tu prends ma place pour ce matin.” Plus âgé que lui, l’homme à qui il s’adressait acquiesça en silence. Dans les écuries, on entendait que le cliquetis des sangles que l’on fermait, et la respiration profonde et impatiente des chevaux. Sans un mot pour le garçon qui était en train de bouchonner un poulain dont on terminait le débourrage, le Sand jeta la selle sur le dos gris et encore mince. Le bruit de sabots rapidement suivit d’une main posée sur son épaule l’avertit du départ de ses hommes avant que le vieux Marko n’ouvre la bouche. “Nous te ferons savoir ce qu’il en a été ce soir. Nous devrions être de retour avant la nuit tombée.” Les yeux gris du cavalier continuèrent pourtant à parler pour lui. Et Arren Sand comprenait ce que son ami lui disait. Aucun n’avait posé de question sur la requête inattendue de la lady. Car bien au-delà des interrogations que pouvaient soulever la venue de la jeune femme à la beauté vénéneuse, l’ombre du roi sauvage planait partout où sa descendance se montrait. Et personne dans les écuries n’entendait se dérober à la volonté de celui envers qui tous, ou presque, étaient redevables.

Les crètes menaçantes dardaient des silhouettes noires qui perçaient un ciel prenant peu à peu les couleurs de l’aube. Tout paraissait immobile, figé; ce n’était là qu’un mensonge. Car à l’image des lords qui les gouvernaient, les montagnes mentaient. Elles trompaient comme un prédateur trompe sa proie, comme un père conte à son enfant, comme la mort trompe chaque homme. A l’abri de leurs yeux, mais pas de leur connaissance, nombreux devaient être les contrebandiers empruntant les dangereux sentiers en profitant de la quiétude du matin. Comme des serpents dans un nid gorgé d’oisillons, les trois cavaliers avançaient presque avec indolence, car le seul danger pour eux, c’était la montagne elle-même. Entre les jambes du bâtard, le poulain se tordait, déboussolé dans ses jeunes repères par l’autorité de la main commandant à sa bouche. L’animal était timide, mais sa corpulence plus proche de celle d’une pouliche que digne d’un futur étalon lui donnait une agilité dont il n’avait manifestement pas conscience. Sans jamais s’emmêler, ses longues jambes sombres paraissaient frôler le sol, et malgré ses nombreuses hésitations, qui lui donnait l’air de sautiller sans cesse, le poulain n’avait pas trébuché une seule fois. La fille de Warden avait entouré sa soudaine envie d’avoir ses deux cousins auprès d’elle de tant de mystère que le Sand avait préféré consacrer son attention au jeune cheval gris plutôt que de rompre son mutisme. Le silence accouchait souvent de plus de réponses que mille questions. Et quelle que fut la nature de ce que leur cousine avait à leur dire, Arren Sand serait bien obligé de l’écouter. Il se trouvait si détaché des affres de la vie des autres que la venue même de Whissan l’avait laissé de marbre; de même que l’agitation d’un cheval, suivit du roulement de gravier dégringolant une pente derrière lui ne lui avait même pas fait tourner la tête. La descente vers la berge fut pénible, pour ne pas dire calamiteuse, pour la monture du brun. Roulant ses grands yeux, le poulain cendré refusait de faire un seul pas face à la pente. Tant et si bien que ce fut l’entêtement plus prononcé encore que le sien de son cavalier qui fit capituler le jeune coursier. Devant le refus de son cheval, Arren Sand avait laissé les deux ladies lui passer devant.  Et Wayra avait déjà mis pied à terre lorsque gris trempa sa bouche duveteuse dans les eaux de la Wyl. La joyeuse liberté de la jument de cette dernière donna des envies de jeux au poulain, mais la bride tenue fermement dans les mains de ce cavalier qui semblait décidé à ne pas délester son dos lui imposa le calme. De son sabot noir, il trancha la surface lisse de l’eau, et gratta un moment le sol vaseux du bord. Immobile, le bâtard le laissait découvrir cette eau qu’il ne connaissait pas, car le poulain n’avait jamais vu que l’eau mouvante et salée de la plage; on y faisait assidûment courir les jeunes chevaux, car cela renforçait leurs articulations et les préparaient à affronter l’effort que leur demanderait les chemins tortueux des Montagnes Rouges. “Qu’est-ce que ça dit?” La voix du Sand avait claqué comme un fouet, car il ne maquillait jamais son humeur désagréable. La science des mots lui était parfaitement étrangère. Comme beaucoup de ses hommes, mais comme très peu de Wyl, Arren ne savait ni lire ni écrire. Ses yeux noirs avaient furtivement surpris le geste brutal de Wayra donnant une missive à sa demi-soeur, mais il les avait rapidement détournés pour aller balayer les hauteurs qui les surplombaient de chaque côtés du fleuve. Une nuance dans la phrase de la brune l’avait troublé. Il ne prétendait certainement pas connaître le père de cette dernière mieux que n’importe qui, mais comme un cheval se trouve alarmé par le premier doute qu’il perçoit chez un cavalier de talent, le bâtard était perplexe face à la formulation choisie par sa cousine. Le roi sauvage en proie à l’hésitation, à l’incertitude? Voilà une chose qui n’était pas encore arrivée. Et comme un limier fidèle, des sentiments contradictoires naissaient de cette nouvelle dans l’esprit du Sand. Car à qui commande à une meute prend le risque de se faire mordre un jour.

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HONOR, AMONGST THIEVES

302 | lune 1 | début de semaine 4



La fournaise du désert ferait bientôt naître une pellicule de chaleur sur la surface rugueuse du sol rocheux, et, dans la pierre ocre, les ombres se détacheraient, rouges comme le sang. L'aube venait à peine de naître.
Plus tôt encore dans la matinée, elle avait été interrompue dans ses affaires par la venue de sa cousine, qu'elle attendait sans le savoir dans la paresse toute particulière qui avait, semblait-il ce jour là, décidé de brider ses devoirs seigneuriaux. Tout d'abord il y avait eu le regard au bleu inimitable de Wayra. Puis, cette voix, à nulle autre semblable. Une invitation abrupte mais reçue avec la plus grande et discrète des joies; l'ombrage était proscrit dans son coeur lorsqu'il s'agissait d'elle.
L'on avait sellé son cheval. Dans les derniers sursauts d'obscurité, trois cavaliers avaient dévalé la colline où siégeait la forteresse qui portait son nom. Le matin était beau. L'air frais. La silhouette de son farouche demi-frère était venue parfaire un tableau qui l'enchantait déjà, dans le secret de ses yeux baissés par la pudeur, dans l'ourlet de ses lèvres roses.

Les sabots de sa monture grattaient le sol d'un trot régulier dont la large cadence arrachait au sol des nuages de poussière qui s'éparpillaient à peine, et retombaient vite, faute de vent pour les porter. Le soleil se levait lentement dans un ciel d'Hiver trop clair, strié à l'horizon de minces nuages. Dans le silence paisible et le sentiment de liberté individuelle qui les accompagnaient tous trois, la brune s'estimait presque heureuse. Mais que ne possédait-elle pas, qui ne put la combler? Elle dépensait l'or sale du clan à longueur d'année en parures, en tissus, en plaisirs, habitait une forteresse terrible, portait un titre envié, ne s'obligeait jamais à rien à moins d'en avoir reçu l'ordre; elle avait des chevaux superbes qu'on lui préparait sans qu'elle n'ait eut à faire le moindre geste, ses caprices -elle en faisait si peu- avaient force de loi, et si sa famille, certes, la malmenait parfois, la brune s'était très tôt convaincue que rien de mauvais ne pourrait jamais en sortir, puisqu'ils ne souhaitaient que l'aider dans ce rôle qui lui seyait si mal. Whissan leva la tête. Elle avait dans les yeux une clarté sensuelle, un ardent besoin de curiosité innasouvie lorsque son regard pensait au bâtard, ou à l'ombre de sa cousine. Avec eux, elle se sentait plus proche d'elle-même. De cette nature profonde qu'elle étouffait tant bien que mal, tordait pour des apparences plus froides, plus impressionantes... Quelque chose lui faisait mal à l'intérieur de son corps. Un mélange de joie et de tristesse.

Se tordant comme des serpents de gravas, se cassant par endroit, le chemin les mena sur une plage de rocs, puis dans le sable humide qui accueillit voluptueusement les jambes des pur-sangs, engourdies par les routes de pierre. Imitant la fille de son oncle, la dornienne mit, à son tour, pied à terre.
En entendant l'eau tomber des jambes du poulain et le frôlement de sa marche fébrile dans le gave, elle retira ses bottes puis, remontant les larges pans de sa robe noire entre ses jambes, elle en coinça le tissus dans sa ceinture d'argent sombre pour s'en faire un pagne ainsi que sa mère le lui avait appris autrefois. Ses mollets dénudés, la Lady se surprit à apprécier encore le plaisir simple, puéril, de pouvoir librement piétinner dans l'eau, les rocailles et le sable chaud qui formaient la berge de la rivière, au côté de sa jument. La grise caractérielle avait gardé ses oreilles basses. La brune entendait son haleine rauque souffler sur son épaule, tolérante, mais impatiente lorsqu'elle lui permit finallement d'aller à sa guise. Sa belle tête fine tachée de jais trahissait encore son agacement lorsqu'elle s'éloigna d'un pas lent, patibulaire. Presque immédiatement, le destrier chercha à dépasser Abeyan sur la plage, pressée de faire de l'alezane un rempart entre elle et le poulain qui semblait la déranger.
Whissan avait senti le corps brûlant de l'animal à moitié frappé de soleil passer près d'elle avec le parfum des vagues molles qui léchaient ses chevilles. Le pur-sang était parti, elle goutait alors un étrange instant de solitude. Elle ne se rendait pas compte du temps qui passait.

"Ah?" s'enquit-elle dans un sursaut d'attention né de l'intervention soudaine de la jeune Wyl.

Réveillée des pensées qui depuis leur départ la tenait silencieuse, elle s'était tournée hâtivement vers Wayra avant de recevoir dans le creux de sa main qu'elle avait docilement relevé, une lettre. Elle balbutia quelque chose d’inintelligible, en continuant à laisser errer son regard hésitant et intrigué tantot sur Arren, tantot sur sa cousine, ou encore sur le dos nu du parchemin roulé. Pressée par l'attention pesant sur la mystérieuse missive, la Lady se décida à l'ouvrir. Tandis que ses doigts déroulaient le papier, s'attardant seulement un instant sur les reliefs familiers du cachet, elle se détourna, prétendant chercher une meilleure lumière pour la lecture, et ferma un instant ses paupières, comme pour s'encourager elle-même. Cette missive était un rayon de soleil génant qui la forçait à détourner les yeux du tableau qu'elle avait imaginé pour cette balade.

"Le Prince Oberyn veut que tu ailles à Port-Réal... Que tu le rejoignes." souffla-t-elle d'une voix faible, poussée à la parole par le ton sec et désagréable du Sand. "Il a besoin de toi, et des hommes de ton père, à la Capitale. " Ses yeux entamaient une seconde lecture, moins littérale, plus subjective."Il t'attend déjà." poursuivit-elle d'une voix plate. Et dans la soumission évidente de ses mots, l'âpreté d'une déception indéfénissable assombrissait sa voix.

Par dessus l'épaule farouche qu'elle présentait à ses parents, elle pouvait deviner l'attente maussade et fébrile d'une réponse qu'elle ignorait elle-même: la sienne. La Lady voilée, qui n’avait pas l’air de s’intéresser aux questions abstraites des raisons profondes qui motivaient les intentions du Prince, se souciait en revanche de l'impression qu'un tel convoi ferait au frère de ce dernier: le Prince Doran. Elle était Wyl, pour peu que cela lui importa en temps normal, et l'ombre d'une réprimande suffisait à lui retirer toute trace d'audace.

"Eh bien, t’es-tu décidée à quelque chose? Cela ne te ressembles pas de prévenir, ni de demander un avis." sourit-elle avec une douceur maternelle dont l'amusement ne se reflétait que peu dans l'éclat de ses yeux. "C'est pour ta sécurité que tu crains? Des soldats, c'est cela que tu désires? Je t'en accorde si tu me le demandes. "acheva-t-elle avec entrain, oubliant en un éclair menaçant d'amabilité les réticences qui avaient précédé sa dernière réponse; oubliant aussi que son expression craintive, timide et timorée, paraissant celle que prend un chien lorsque, de sa queue abaissée, il frappe la terre rapidement et sans bruit, que cette expression trahissait une faille qu'un Lord aurait du dissimuler à tout prix: elle était profondément contrariée du départ amorcée de sa cousine, et ne le souhaitait pas, quand bien même elle ne ferait jamais rien pour l'empécher d'accomplir la volonté du Prince, doublée de celle du Roi Sauvage, son oncle Warden.


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Honor, Amongst Thieves

302, lune 1, début de semaine 4



Arren Sand & Whissan Wyl & Wayra Wyl

« Ton choix. »

Les deux mots étaient simples à comprendre. Et pourtant si complexes. Car, le choix, Wayra ne l’avait jamais eu et aujourd’hui n’était pas le jour où cela changerait. D’ailleurs, jamais elle n’avait vécu les exigences de Warden comme des ordres. Simplement des étapes pour parvenir à quelque chose de plus grand qu’eux. Un mal pour un bien. Était-ce seulement un mal ? Non, car tout ce qu’elle faisait, elle le faisait à raison. A raison justifiée et bien fondée.
Dans le sourire avenant du père, l’aînée ne voyait que le reflet d’une nouvelle épreuve qu’il lui proposait. Qu’allait-elle faire ? Obéir à la défiance naturelle des Wyl et à leur confiance toute relative envers les Martell ou alors se soumettre à l’ordre d’Oberyn et accourir auprès de lui pour accomplir les basses-œuvres de cette princière tête ? Le Roi Sauvage n’avait pas eu besoin de prononcer son avis pour que sa fille ne le devine. Bien qu’elle ne comprît pas les raisons ni de la demande du frère de Doran, ni l’envie subite de son géniteur de la voir rejoindre la capitale pour cet homme pour lequel il n’avait qu’un maigre respect, elle acquiesça silencieusement.
Elle était née pour le servir. Elle avait été élevée pour ça. Et elle obéirait. Parce que cela n’était qu’un passage obligé dans l’esprit de son père. Parce que tout faisait parti de ce plan nébuleux et inconnu, préparé avec milles soins, auquel elle confiait sa vie sans crainte.

« J’irai. »



*



Dans la sérénité matinale illusoire, céramique friable peinte d’ocre et de blond, des Montagnes Rouges, les trois silhouettes souillaient la pureté sanguinolente du paysage de leurs grandes ombres bleutées et difformes. Plusieurs fois, Wayra s’était demandée si les hommes appartenaient réellement à cette nature sauvage qu’elle aimait tant. Et plusieurs fois, elle était arrivée à la même conclusion. Ces idées-là la dépassaient. Et il était certain que des êtres capables de poisser autant cette beauté tranquille de leurs rues pavées et bruyantes, de leurs châteaux gigantesques et grotesques, de leurs hurlements et de leurs rires gras brisant comme des clairons le silence harmonieux du monde, ne faisaient pas partis de ce giron mystérieux.

Pourtant, les trois comparses semblaient se fondre agréablement dans l’environnement familier. Probablement entourés de dizaines de paires d’yeux invisibles, ils étaient les acteurs principaux de cette nouvelle pièce qui se jouait et dont la montagne se plaisait si bien à être la scène. Tout ceci n’était qu’une tromperie, bien sûr. Mais le mirage était parfait. Dans un excès d’insouciance, la lady de Wyl se laissa même aller à quelques frivolités, s’autorisant à plonger ses grandes jambes osseuses dans l’eau fraîche qui scintillait dont la surface scintillait comme un drap de gemmes, ses pieds glissant comme des patins sur les galets noirs. La désinvolture et le flegme n’étaient pas des attributs dont on pouvait qualifier Wayra et d’ailleurs, elle avait longtemps regardé sa cousine comme une bête curieuse pour cela. Car bien que la nièce de feu lord Wyl ne comprenne ni ne connaisse les lubies indolentes de Whissan, l’habitude de ses excès de nonchalance faisait qu’elle les lui pardonnaient bien volontiers et les accueillait avec un agacement plus de formalité que de réel sentiment.

Arren accueillit la missive d’une voix sèche, témoin de l’humeur ombrageuse qui ne le quittait que rarement. La fille d’Amarei ne se préoccupait ni de son illettrisme, ni de son ton bilieux. Il n’avait pas besoin de savoir lire ou d’être bien disposé pour lui apporter son avis. Le bâtard était un homme de réalité sans fantaisie en qui elle avait placé sa confiance. Avec Whissan et quelques autres âmes damnées de la famille Wyl, ils faisaient partis des rares pouvant se vanter de l’assurance de leur relation avec la demie Dayne. Sans tous les apprécier, celle-ci les respectait pour leur capacité et leur loyauté. Quant aux autres, elle se préoccupait peu de ses sentiments à leur encontre. S’ils appartenaient à leur famille, c’était une raison suffisante pour les soutenir et les préserver. L’affection n’était pas un condition nécessaire. Et l’amour, lampe piteuse que l’on déplace pour trouver une ombre nouvelle, ne motivait en rien ses actions, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Son père l'avait d'ailleurs toujours mise en garde contre les accès d'émotions qui ne font rien d'autre qu'entraver le sang-froid et plongent bien souvent dans des marasmes impénétrables.

La tournure de phrase presque enfantine de Wayra la fâcha un instant. Comme son cousin bâtard, elle n’était pas une femme de mots et quelques fois - rarement - elle songeait à ce qu’elle avait prononcé plus tôt et se mordait les doigts en se flagellant de ce qu’elle aurait dû dire. Une faiblesse que tous ignorait et qu’elle tentait de gommer avec application.

Après des murmures chiffonnés, les yeux noirs de la Wyl glissèrent sur les lignes. Puis, sa voix blanche, sortant d’une bouche qui paraissait sans salive, énonça dans un résumé succinct le contenu de la lettre pour qu’Arren puisse enfin se mêler à l’étrange conversation.

La lady ne semblait guère enchanté par la nouvelle et se montrait bien moins enthousiaste que Warden. Une réaction presque attendue par la demie Dayne. L’inverse l’aurait étonné et plongé dans un état de confusion plus grand encore car cela aurait signifié que tous voyait quelque chose auquel elle était complètement aveugle. Et ce sentiment, elle le détestait. La moue mauvaise plâtrée sur le visage de sa cousine la rassurait presque.

Elle s’en débarrassa cependant bien vite pour revêtir une fausse bonne humeur indigeste qui fit s’évanouir l’invisible sourire des lèvres de la vipère. Car en plus de cette atmosphère lourde qu’elle faisait naître autour d’elle, sa surprise témoignait d’une vérité que Wayra n’arrivait pas à assumer. Elle doutait.

« Craindre ? Moi ? Allé, Whissan, tu me connais mieux que ça ! » s’irrita-t-elle en dardant sur elle un regard désabusé.

Non, c’était bien pire que ça.

« C’est juste que… » Elle hésitait et cela l’horripilait. « C’est juste que je ne sais pas, voilà ! »

Sans le dire, elle avait avoué sa faute, masquée par une censure de l’esprit presque inexistante. Elle n’était pas femme à tourner autour de pot, mais cette brusquerie soudaine la laissait interdite, comme si elle avait soudainement oublié ce qu’elle venait de dire.

« J’irai. Seule. Les hommes de mon père restent ici, » déclara-t-elle rapidement pour effacer ses précédentes paroles, répétant ce qu’elle avait plus tôt promis à son géniteur. « Sans poser de questions. Mais je me demande, c’est tout. La raison derrière tout ça, je veux dire. »

Il n’était pas inconnu ni pour Whissan ni pour Arren que Wayra était une personnalité méticuleuse, derrière ses airs sauvages. Et elle n’aimait guère plonger dans une situation dont elle ignorait tout. Auparavant, de savoir que son père contrôlait suffisait. Mais aujourd’hui, c’était de Port-Réal qu’il s’agissait et bien que la fille du Roi Sauvage ne soit pas née avec le plus vif des esprits, elle n’était pas non plus assez stupide pour se jeter dans la gueule béante du dragon à l’aveuglette. Le savoir était une arme comme les autres et pourtant, la brune ne savait rien. Et pour la première fois, elle ressentait ce vide comme un manque dangereux.

Et elle espérait que le bâtard et la lady l’aiderait à y voir plus clair. Voilà finalement, ce qu’elle souhaitait.   

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