Love is always patient and kind [Alyx]

La Dent d'Or | An 302, lune 4, semaine 2

Alyx retint un sourire à la demande de sa tante. Elle ne voyait pas du tout Alysanne avoir une parole qui pourrait apporter du discrédite sur un Lefford. Elle était redoutable à sa manière. Moins piquante que l’héritière de la Dent d’Or mais pas moins dangereuse. La douceur de la sœur du seigneur des lieux n’était qu’une apparence qui permettait aux autres de baisser leur méfiance. Qui résisterait à son joli visage et ses beaux sourires ? Son charme envoutant, ses yeux bleus inaccessible ? Même le seigneur de Serena avait succombé…mais dans son cas cela semblait être réciproque. Fort heureusement pour lui. Mais Alyx ne craignait rien pour son escale à Hautjardin. Alysanne s’en sortirait très bien.
« Je ne l’ai pas vraiment côtoyé, les bieffoises sont trop maniérés pour moi. Mais je te fais confiance et je n’ai pas de doute sur tes capacités à rayonner. Tu es le soleil de notre famille. »

Chacun son rôle. La fille de la Dent d’Or n’était pas encore capable de rayonner comme le soleil des Lefford qu’était Alysanne. Elle devait encore grandir et apprendre de nombreuses choses sur ces points. Et cela, c’était Leo qui pourrait le lui apprendre.

Concernant le jeune héritier de Lord Caron, Alyx eut une légère grimace, elle espérait également que pour sa tante, l’enfant ne devienne pas comme elle. Si Leo ne se plaignait pas d’avoir une héritière avec du caractère, elle voyait parfois les regards désapprobateurs sur son comportement, comme tout du long des lunes où elle ne tombait pas enceinte alors que son devoir conjugale était effectué. Il n’était jamais tombé sur le fameux thé qui l’avait empêcher d’avoir des enfants mais son père n’était pas dupe pour autant. Il savait très bien qu’elle avait fait en sorte de ne pas s’encombrer d’un ventre rond durant toutes ses lunes. Et il n’allait pas tarder à avoir de nouveau ce genre de regard si elle ne retombait pas enceinte rapidement d’ici plusieurs lunes, afin de fournir à la Dent d’Or, enfin l’héritier mâle tant attendu. Mais la jeune femme n’était pas pressée de s’encombrer d’un nouveau ventre rond.
« Je l’espère pour toi également, mais je ne doute pas non plus que tu sauras faire en sorte qu’il ne devienne pas comme moi ! »

Les inquiétudes d’Alysanne firent lever les yeux aux ciels à Alyx qui poussa également un profond soupire d’exaspération avant qu’elle ne plante ses yeux verts mécontents dans ceux de sa tante. Elle refusait de la voir penser comme ça. Elle était suffisamment grande pour prendre soin d’elle-même.
« J’ai réussi à mettre au monde ma fille sans ta présence ni celle de père. Ne commence pas à penser comme ça ! Je te l’interdis formellement. Je sais me débrouiller pour moi-même, j’ai vingt et un ans. Je ne suis plus une enfant bien que je sais très bien que tu aimerais que je le demeure. Et si je dois me montrer insuportable pour que tu partes d’ici pour vivre ta vie et aller retrouver l’homme qui te fait papillonner des yeux, tu sais très bien que je serais très forte pour le faire. Ne me test pas sur ce terrain ma tante… Tu vas perdre ! »

Alyx connaissait parfaitement sa capacité à être invivable et insupportable. Daven en avait fait les frais. Elle évitait de faire cela avec son père et sa tante mais si elle y était forcée, elle n’aurait pas de scrupule à l’être. C’était dans son caractère d’être une peste. Sa réputation dans l’Ouest n’était pas faite de vent.

   

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☾☾ La trentenaire esquissa un nouveau sourire. Contrairement à Leo, elle était moins avare de compliments la concernant, une forme de reconnaissance qu'Alysanne savait apprécier à sa juste valeur.  « Et toi, bien trop gentille. Devrais-je m'inquiéter de tant de douceur de ta part ? » la taquina-t-elle d'une voix empreinte d'humour. Il était vrai que le tempérament piquant de sa nièce avait de quoi imposer respect et silence. Alyx pouvait être terrifiante si elle le voulait et Alysanne plaignait ceux qui auraient la mauvaise idée de se mettre en travers de son chemin. Elle était de cette génération de femme prête à exiger un respect qui lui était du, prête à défendre ses intérêts et ceux de sa famille, ce en quoi elle croyait, coute que coute. Alysanne l'admirait pour cela: si elle même avait réussit à imposer son autorité durant les absences de Leo, apprenant à se faire respecter par les gens de son frère. Elle avait cependant d'autres manières de faire mais ne doutait pas que le changement de seigneur ne dépayse aucunement les bannerets de Lefford, déjà habitués à la main ferme et exigeante de Leo. Elle reprit toutefois. « Sérieusement ... Les choses viendront en leurs temps. Tu es déjà une grande dame, tu as fais un mariage qui ravive nos liens avec les Lannister et ... Quoi qu'en dise ton père, tu es déjà mère. » Alyx était encore bien jeune et bien que Leo attende beaucoup de sa fille, Alysanne ne voulait pas que sa nièce gâche sa jeunesse en tentant de répondre aux exigences de son père. Elle aimait la voir partir et revenir, l'esprit plein de ses souvenirs de voyage, de ses récits de banquets, de fêtes et de rencontre. C'était dans son sourire qu'elle sentait qu'elle s'épanouissait. Alyx la surpasserait surement. Le soleil n'apportait pas qu'une douce chaleur lors des courtes journées d'hiver. Il était puissant, resplendissant, sans aucun égal, imposant ses humeurs aux mortels afin qu'ils puissent bénéficier de ses bienfaits. Elle deviendrait sans nul doute bien plus mémorable qu'elle même dans une futur prochain. Mais avant que ne s'abatte sur elle, le poids d'obligations seigneuriales, elle espérait qu'Alyx profiterai de chaque instant. La naissance d'Erena était une joie pour la maison Lefford qui voyait son nom se perpétuer à travers l'arrivée d'une nouvelle génération. Mais Alysanne connaissait son frère. Il avait beau aimer sincèrement sa fille, elle l'avait souvent entendu parler de l'importance de voir naitre un nouvel enfant mâle dans leur famille. Le particularité du mariage d'Alyx offrait à Erena, et à ses éventuels futurs frères et soeurs, le nom des seigneurs de la Dent d'Or mais il était évident que, pour Leo, le cas d'Alyx ne devait pas se produire à trop long terme. La naissance d'un héritier mâle semblait d'une importance capital pour Leo qu'Alysanne comprenait avec distance. « Tu as déjà beaucoup accomplie dans ton rôle d'émissaire. N'essaies pas de vieillir trop vite. Tu auras bien assez tôt fait de t'occuper de la Dent d'Or. » conclut-elle avec bienveillance.

Parler d'ailleurs détendait un peu la trentenaire qui partageait ses inquiétudes avec sa nièce. Elle regrettait presque d'avoir tant attendu pour parler de ses échanges épistolaires avec Alyx: la jeune femme était parvenue à lui faire oublier ses craintes en jouant habilement des mots. Laissant l'héritière lui arracher un nouveau rire, Alysanne concéda. « Personne n'est comme toi. Et tant mieux ! Mais malgré tout, tu me manqueras. Je t'aime comme une soeur et si l'absence de Leonella m'est parfois douloureuse la tienne me sera terrible. » assura-t-elle. Mais n'était-ce pas le lot de toutes les femmes ? Leonella avait quitté la Dent-d'Or et les siens pour épouser Lothar Frey et Alysanne ignorait quelle était la part de tristesse et de nostalgie que sa soeur avait ressentie dans les premiers temps de son mariage. Aujourd'hui, elle semblait parfaitement heureuse et épanouie dans le Conflans. Ses propres sentiments finiraient par se diluer par la nouvelle vie qui s'offrirait à elle et si son affection pour Alyx ne disparaitrait jamais, quitter son fief natale lui permettrait tout simplement de partager sa tendresse avec d'autre. Alyx avait raison, ce petit Erich avait sans doute besoin d'amour et cela, elle pouvait le lui apporter. Alyx n'était pas non plus sa fille, mais cela ne l'avait pas empêcher de l'aimer inconditionnellement. Toutefois, ses paroles, et doute, eurent raison de l'héritière que se mit à lui faire une menace que la trentenaire savait qu'elle ne manquerait pas de mettre à exécution. Avec un nouveau rire étouffé, Alysanne leva ses main, face vers la jeune fille, en signe de paix. « Bien ! Bien ! Je ne remettrais plus en doute ta capacité à effrayer ton monde. » fit-elle remarquer, concédant la victoire à sa nièce avant de rajouter, d'un ton nostalgique. « Dire qu'il n'y a pas si longtemps tu me courrais après pour avoir des gâteaux ... Tu es redoutable, mon Alyx. »

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AVATARS PAR Zuz'

La Dent d'Or | An 302, lune 4, semaine 2

La gentillesse chez la jeune Lefford cachait souvent bien des choses. Jamais Alyx n’était gentille par pure altruisme. Cela n’avait jamais été dans son caractère. La vérité blessante avait toujours été son arme de prédilection et si elle devenait mielleuse, c’était une couverture pour un dessin plus piquant derrière. Les sourires n’étaient qu’une façade dangereuse, ils étaient souvent narquois et mauvais, laissant d’inquiétant rictus apparaître sur son visage encore rond de la jeunesse qui était la sienne. Alors oui, si Alyx était gentille il fallait se méfier, un sourire amusé naquit d’ailleurs sur les lèvres de la jeune femme.
« Tu ne me connais que trop bien… »

Mais son caractère ne faisait pas d’elle une grande dame. En dépit de ce que pouvait penser Alysanne, elle n’avait rien accompli de particulier. Elle avait juste accepté le mariage que lui imposait son père avec Daven, elle lui avait au final offert son cœur tout en ouvrant ses cuisses afin d’apporter un héritier mâle qui s’étaient soldé par deux échecs : l’un était mort, l’autre était une fille. Douloureuse désillusion. Seule sa réputation lui permettait de tenir les rênes de sa vie face au monde extérieur. Elle avait encore tant à accomplir.
« Je n’ai rien accomplis, je n’ai jamais été l’émissaire de père. J’étais juste la femme d’un Lannister dans tous mes déplacements. Et au final…Daven a été nommé émissaire…Je n’ai jamais eu d’autres fonctions que mon statut d’héritière de la Dent d’Or. Et c’est probablement suffisant ainsi. »

Elle n’était mère que parce qu’Erena respirait. Mais elle n’en avait ni la fibre, ni le comportement. Et au final, cela lui convenait. Les pleurs du bébé l’insupportaient et les seuls moments où elle pouvait éventuellement apprécier la présence de son enfant, c’était quand elle était profondément endormie, emmailloté dans de multiple couverture afin qu’elle n’attrape pas froid avec l’hiver. Là, Alyx pouvait la regarder quelques minutes sans ressentir d’agacement ou d’émotions négatives à l’encontre du bambin. C’était ainsi, elle ne chercherait pas à faire changer le cours des choses, à forcer son cœur a aimé plus que tout cette enfant.

Alyx soupira légèrement. Alysanne avait du mal à couper le cordon, après trente ans à fouler le sol de la Dent d’Or, à vivre avec ses habitants, à voir sa nièce grandir, elle était devenue en quelque sorte dépendante de la vie qui était mené dans le fief des Lefford. Abandonné la sécurité de cette vie semblait la paralyser, la faisait douter, ne faisant qu’obscurcir son jugement et son esprit acéré derrière sa douceur apparente.
« Tu me manqueras également mais ce n’est pas parce que tu pars que nous devons couper les ponts. Les corbeaux seront forts utiles. »

Les mots de la jeune Lefford triomphèrent, la menace de celle-ci fonctionna et Alysanne s’avoua vaincue. Même au sein de sa propre famille, Alyx pouvait se montrer redoutable et piquante. La seule personne qui ne subirait jamais cela était son père. Leo avait trop d’emprise et connaissait trop bien sa fille pour la laisser prendre le dessus à l’aide de ses mots. Et la jeune femme ne s’y amusait pas non plus.
« Les temps ont changé. Heureusement pour moi…malheureusement pour toi… mais c’est ainsi. »


   

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☾☾ Si la trentenaire laissa un éclat de rire répondre au visage complice de l'héritière, elle ne put retenir un froncement de sourcil en l'entendant avoir un discours bien loin de ce à quoi elle l'avait habitué. Qu'était-ce donc que cela ? Toute forme d'humour ou de tendresse quitta l'aînée des Lefford tandis que les mots d'Alyx décrivait une réalité où elle devenait dépendante des hommes de la famille. Croisant les bras sur sa poitrine, fermée à une telle vision des choses, la brune secoua la tête, ne cachant pas son mécontentement. « Peut être pas du point de vue de ton père. Ni même du tien visiblement. Il n'en est pas de même pour le reste du monde. » Sa voix était bien plus froide qu'elle ne l'aurait souhaité, mais ces quelques mots lui avait donné l'impression d'une Alyx passive, victime de sa propre existence. Une vision qu'Alysanne refusait d'avoir. Sans doute n'était-ce rien pour la jeune héritière, mais sa tante avait une vision des choses différentes. Peut être biaisée par l'affection qu'elle lui portait et la fierté que sa cadette lui inspirait, mais son court séjour à Lestival l'avait conforté dans son idée: Alyx était prête à faire face au monde, au contraire d'autres femmes. Sa langue claque tandis que d'une voix sifflante, elle ajouta. « Supporter Daven est déjà un exploit. » Alysanne n'avait jamais caché son mésamour pour ce neveu qu'elle trouvait encombrant, beau-parleur et arrogant. Daven lui rappelait Myranda, l'abandon de sa propre mère pour rester auprès d'une fille aînée au détriment de la petite dernière. Sainte Myranda qui avait épousé un Lannister, sainte Myranda qui avait tissé un lien fort entre leur maison et celle de Castral Roc, donnant à leurs deux familles, trois enfants aux cheveux blonds. Si Leo lui avait laissé l'opportunité de donner son avis, elle se serait opposée au choix de Daven: elle ne voulait pas d'un homme qui risquerait de faire de l'ombre à Alyx. Mais le choix de Leo, tout comme celui de l'héritière, s'était passé de son opinion. Et voilà que le blond récoltait les lauriers ? Il n'en était pas question ! « Bien que nous autre, Lefford, ne soyons isolés tu es l'une des rares héritières des terres de l'Ouest et des Sept Couronnes. » Et elle était ravie qu'Alyx ait trouvé en Azilys Serrett une alliée et une amie sincère. La jeune femme, originaire de Montargent, semblait partager avec l'héritière de la Dent d'Or, bien plus qu'un simple statut social et sa présence, lorsqu'Alyx avait fait sa fausse couche, avait été fortement apprécié par la tante de la demoiselle. Alysanne soupira. « Tu n'es peut être pas l'émissaire de notre famille, mais c'est bien ton nom que mentionne les gens lorsqu'est évoqué La Dent d'Or, toi qui a laissé ton empreinte à Hautjardin comme ailleurs.. » Elle et non Daven. Elle ne pouvait en dire de même pour Leo qui, malgré sa sévérité, jouissait d'une jolie réputation en dehors des frontières de leurs terres. Mais cette réputation que la jeune femme avait pu se construire était, aux yeux d'Alysanne, bien différente de son statut d'héritière. Il était certain qu'elle pouvait se permettre plus de choses, puisqu'étant amené à diriger les terres familiales dans le futur, mais il était des paroles, des actes qui ne dépendait pas uniquement de caractéristiques innés. Alyx n'était pas Alyx parce qu'elle était l'héritière de la Dent d'Or. Elle était devenue Alyx en apprenant, écoutant, aiguisant ce sens de l'observation qui lui permettait d'avoir l'oeil et l'oreille partout. Mais puisque la jeune femme refusait de voir cela, Alysanne tenta une autre approche. « Nous ne sommes que des femmes, mais chaque pas est un accomplissement en soi. Pense à Erena. Pas en tant que mère, mais en tant que femme: nous ignorons bien la volonté des dieux, mais si elle doit être ton seul enfant, ce sera ton exemple qu'elle devrai suivre pour faire honneur à son nom, à sa maison et à nous tous. Leo était le seul garçon de notre fratrie. Myranda, Leonella ... Et peut être même moi si la Mère le veut, ont donné naissance à des Lannister et des Frey. Tu es la seule qui a pu poursuivre notre lignée, la seule capable de faire perdurer le nom de Lefford. » Alors certes, Daven y mettait sa petite contribution, mais penser au Lannister ne suffisait qu'à l'agacer davantage, chose qu'Alysanne ne voulait pas transmettre à sa nièce. Alyx savait que sa tante ne portait pas son époux dans son coeur ... Ce n'était pas la peine d'en rajouter. Ce qu'elle voulait, c'était redonner du poil de la bête à cette jeune femme habituellement déterminée et pleine d'assurance qui se laissait aller à une forme de lassitude qu'Alysanne ne lui connaissait pas. « Au diable ce que peut penser Leo ! Ce n'est pas Daven Lannister qui lui succèdera. » grogna-t-elle, persuadée que malgré l'empressement du seigneur Lefford à voir naitre un petit fils, il n'y avait aucune envie de supplanté son héritière dans sa décision de prendre son gendre comme émissaire. « Cependant, je suis surprise que tu te contente de cela. Être la fille d'un Lefford et l'épouse d'un Lannister ? Par les Sept Alyx, tu n'es pas une pouliche ! » Etait-ce réellement ainsi qu'elle se définissait ?

La situation se retournait totalement alors que l'héritière la mettait face à ses propres peurs: quitter La Dent d'Or était un risque au delà du simple désagrément de l'hiver. Il y avait l'inconnu de l'Orage, de Serena, de son soupirant, de cette relation épistolaire peut être idéalisée ? Tant de question, d'hypothèse qu'elle se refusait à mettre en mots, déjà parce qu'aux réactions de sa nièce, elle finirait étouffée dans ses fils de brodeuse avant d'en aborder la moitié, mais aussi par pudeur. Elle n'était de ce genre de femme à devoir étaler possession et rang, à se vanter de relations. C'était dans son silence qu'on mesurait son implication, dans la discrétion que demeurait ce à quoi elle tenait. Un sourire contrit s'afficha sur les lèvres de la trentenaire: face aux arguments d'Alyx, elle ne pouvait que reconnaitre sa défaite. Elle avait raison. Il fallait qu'elle parvienne à se détacher de Leo, d'Alyx, de ce château. « Certes, certes, mais ce voyage me semble si long. J'ai l'impression d'aller au bout du monde. Et puis, même si les Jumeaux ne sont pas loin, je n'ai jamais rendu visite à Leonella depuis qu'elle est mariée. » constata-t-elle avec une once de dépit dans la voix. Ce n'était pas tant un regret qu'une remarque. Si l'avenir offrait à son coeur ce qu'il désirait, combien de fois reverrait-elle Alyx ? Il était de ces familles qui, même avec la distance, parvenaient à se voir. Mais chez eux ... Reprenant un peu de son rire disparu, elle laissa ses lèvres esquissé un nouveau sourire en coin. « Mais compte sur moi pour donner du travail à ce vieux crouton de mestre ! Et puis rien n'est encore fait ! Peut être que tes lettres de menace à mon encontre le feront fuir ? » plaisanta la brune, songeant à une nuée de corbeaux envahissant son espace de travail pour des motifs futiles et pour le seul plaisir de lui mener la vie dure. Mais les derniers mots de l'héritière lui valut un regard mi assassin, mi amusé. « On verra si tu dis toujours cela quand viendra les vingt ans de ta fille ! Cela n'est pas pour me rajeunir très chère. » Il y avait une petite part de vrai dans ses mots: les années étaient toujours plus compliquée à accepter bien qu'elle n'en dise rien. Le temps passait vite, mais pas toujours pour le mieux, bien qu'elles n'aient, ni l'une, ni l'autre, trop à s'en plaindre pour le moment.

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La Dent d'Or | An 302, lune 4, semaine 2

Alyx secoua la tête négative. Elle se souvenait encore du regard dédaigneux et vexé de Mace Tyrell quand Tywin lui avait demandé d’agir pour lui. Mais n’étant pas émissaire, le sire de Hautjardin s’était sentie insulter par le lion d’avoir envoyé la femme d’un de ses neveux lui parler. Le monde avait conscience que la Lefford n’avait aucun titre officiel. Et persnne ne s’en était gêné. Si dans l’Ouest, elle était crainte pour sa langue piquante dans le Bief, elle n’était personne. Ce n’était bien évidemment plus le cas aujourd’hui, après son altercation avec la Rowan, Alyx avait montré qui elle était et qu’il ne valait mieux pas trop la chercher.
« Non, je peux t’assurer qu’au vu de certains comportements, le reste du monde avait bien conscience que je n’étais pas un émissaire. Sinon Mace Tyrell ne se serait pas enveloppé dans son attitude outrée quand Lord Tywin m’a demandé d’aller lui parler. Les gens retiennent ma langue piquante, pas mon rôle. Là est ma réputation dans l’Ouest et à Hautjardin. Dans le reste des Sept Couronnes, personne ne me connait. »

Alyx était pragmatique, elle n’avait rien pu faire face au Tyrell outrée. Elle n’avait aucun rôle…Alors elle s’était contentée d’un sourire poli alors que ses entrailles bouillonnaient de lui faire ravaler sa fierté mal placée. La Lefford connaissait sa place et quand elle se trouvait face à quelqu’un bien supérieur à elle, elle devait montrer pattes blanches même si cela lui coutait. Elle devait faire avec.
« Je dirais plutôt que me supporter est un exploit…peu d’hommes accepteraient de se faire mener par le bout du nez par leur femme de dix ans leur cadette… »

Elle avait conscience d’être parfois dure avec le lion, mais il devait comprendre où était sa place, lui faire ravaler ses ambitions. Car s’il était en roue libre, il était intenable, bouffi d’orgueil. Alors elle devait lui rappeler qu’il était lié à elle et que ce serait elle, la Dame de la Dent d’Or et qu’il ne serait que son époux, ne pouvant plus prétendre à quoique ce soit sur le Roc. Elle était peut-être qu’une femme, mais être une femme dans sa position était la chose la plus dure qui soit. Elle devait avoir la force d’un homme, l’autorité d’un homme. Elle devait laisser sa sensibilité féminine derrière elle et elle avait réussi. Bridant ses émotions qu’elle jugeait être des émotions pour les faibles. Rare étaient les fois où Alyx craquait. Elle devait se montrer forte.
« Je pense à Erena justement, je ne veux pas qu’elle soit dans ma position. Je refuse qu’elle soit mon héritière. Je veux qu’elle soit une femme qui ira épouser un héritier d’une famille de l’Ouest, qu’elle puisse être son soutien, sa conseillère. Je ne veux pas qu’elle est à hériter de la Dent d’Or, je ne veux pas qu’elle marche sur mes traces. Cela serait ma plus grande déception si c’était le cas. Il n’y a rien de pire que d’être dans cette position d’héritière, dernière d’une lignée. Sauver un nom, prendre le relais d’un homme à sa mort, se faire respecter dans un monde d’homme. Je ne souhaite cela à aucune jeune femme de Westeros. »

Même si elle ferait respecter et qu’elle n’hésitera pas à laisser sa langue piquer et faire des siennes, elle avait dû s’endurcir, et elle doutait sur sa capacité d’être capable d’aimer. Quand elle voyait Erena, rien ne faisait battre son cœur un peu plus fort. Elle n’était qu’indifférence face à l’enfant. Et cela à cause de son éducation, car elle devrait hériter de la Dent d’Or et se montrer à la hauteur des exigences de son père.
« Certes ce n’est pas Daven qui tiendra les rênes de la Dent d’Or, mais il tiendra les armées de la Dent d’Or, notre position est stratégique d’un point du vu commercial et militaire. Et malheureusement, je n’ai jamais reçu cette éducation. Daven est un soldat, un bon guerrier. Ce n’est pas pour rien que père l’a accepté pour gendre. Il savait qu’il comblerait mes lacunes et… que j’avais la capacité de faire taire ses ambitions. »

C’était le meilleur choix qu’avait pu faire Leo pour sa fille. Un soldat qui n’avait pas spécialement l’intelligence pour tenir tête à Alyx et la faire plier. Le lion avait certes sur atteindre le cœur de la jeune femme mais l’amour n’aveuglait pas la Lefford…ce qui la rendait d’autant plus dangereuse.
« Je ne suis pas une pouliche…Dois-je te rappeler que j’ai empêcher cela pendant plus d’un an… Et que tant que je ne serais pas prête, aucun enfant viendra se nicher de nouveau dans mon ventre. Je désire un fils mais quand je le désirerais. Je sais ce que je veux…je connais ma place, mon rang et mon rôle. Je ne forcerais pas le destin, je ne provoquerais pas les dieux. »

Elle ne voulait que le bien de la maison Lefford, elle n’était pas ambitieuse. Elle ne désirait pas que les Lefford gagnent en prestige. Elle ne voulait que sa maison conserve ce qu’elle avait, elle voulait consolider l’œuvre de son père, conserver l’influence de leur famille dans l’Ouest. C’était tout. Le reste…ce n’était que de purs détails.
Alyx leva les yeux aux ciels amusées.
« Il me semble que Serena est moins loin que Lestival…le trajet sera plus court…Et puis tu pourras toujours inviter Leonella à ton mariage si cela se concrétise. Après tout, vu qu’il s’agit de ta sœur, il n’y a nulle raison pour qu’elle ne le soit pas. »

Faire fuir le mestre des Lefford n’était pas spécialement une bonne idée. Il lui avait sauvé la vie lors de sa première grossesse et même si Alysanne le haissait pour une raison obscure aux yeux d’Alyx, l’héritière n’avait rien à l’encontre de l’homme. Il l’avait éduqué, il s’était occupé d’elle lors du décès d’Orelia quand Leo faisait son deuil. Le vieil homme avait toujours été bon et bienveillant envers elle.
« Le fait pas fuir, il peut toujours être utile surtout en plein hiver. J’aimerais éviter de me retrouver sans médecin pour Erena… »

Elle serait bien contente d’avoir sa fille prit en charge par l’homme.
Alyx lança un regard de défi à sa tante par rapport au temps qui passait. Elle avait presque hâte de voir ce qu’il adviendrait vingt ans plus tard. Espérant que sa fille ne soit plus son héritière.
« J’en doute fort… Et j’espère qu’à vingt ans, qu’Erena sera marié à un héritier ou à un seigneur digne d’elle et qu’elle puisse s’épanouir dans sa nouvelle famille. J’ai déjà une petite idée de qui je désirerais pour elle… »

   

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☾☾ Alysanne ne pu retenir la moue semi-dégoutée qui s'afficha sur son visage. Elle n'avait pas grande opinion sur les Tyrell, mais elle avait maintes fois entendu parles des exploits de leurs seigneurs. « Mace Tyrell était un crétin. Ce n'est un secret pour personne ... Et de manière général, les Tyrell n'ont jamais été connu pour leur grande intelligence: c'est à se demander comment leur maison a pu survivre jusqu'ici. » Il fallait se souvenir de son prédécesseur avait péri en regardant un oiseau dans le ciel. Rien de très glorieux, il fallait se l'avouer. Toutefois, à bien considérer la beauté du défunt chevaliers des fleurs, elle imaginait aisément qu'ils n'avaient aucun soucis à prolonger leur lignée ... Elle surjoua une mine encore plus dégoutée. « Non. En fait, cette partie là, je l'imagine assez bien ... » ajouta la brune avec un petit rire. Après tout, malgré tout ce qui pouvait se dire sur Loras Tyrell, il avait tout de même réussi à faire trois enfants à son épouse. Des fils sur lesquels Cersei Lannister veillait jalousement.

Néanmoins, elle devait reconnaitre une certaine vérité dans les paroles d'Alyx. Bien qu'elle n'eut imaginé que sa nièce avait un avis si pessimiste sur la chose: son rang, son avenir, sa réputation, elle ne pouvait la contredire. Après tout, Alysanne n'avait que rarement quitté le fief familial et Alyx n'était pas femme à s'apitoyer sur son sort pour être cajolée. « Les années ne comptent pas je te l'assure. Le fait d'être une femme est un handicap aux yeux de beaucoup d'homme ... Malheureusement. Et que tu ai dix ans de plus ou de moins n'y changera rien. Mais s'il y a quelque chose devant plaider en sa faveur ... J'accepte de t'accorder cela. » dit-elle, laissant à Daven au moins la qualité d'accepter, à sa manière sans doute -elle ne connaissait pas les détails de leur vie de couple- le tempérament et l'attitude de son épouse. Alysanne n'était pas aveugle au point de croire en une perfection illusoire de sa nièce: elle l'adorait sans doute plus qu'aucune autre personne sur cette terre, mais Alyx n'en était pas plus évident au quotidien. Elle avait juste la chance de faire rarement les frais de sa colère ou de son attitude. La trentenaire se redressa légèrement, s'avançant vers sa cadette, la regardant avec toute la bienveillance dont elle était capable. « Je ne peux parler pour le monde ... Alors je veux bien te croire. Mais moi, tu es mon modèle, tu ne pourras pas me l'enlever. » C'était un concept étrange d'admirer une femme de quelques années sa cadette, mais malgré toute sa douceur, et la fermeté que Leo lui avait apprit à avoir avec leurs bannerets, Alysanne enviait l'assurance dont sa nièce faisait preuve. Réelle ou non, elle forçait le respect et elle aurait pouvoir avoir la moitié de son courage. Haussant les épaules à la mention de Daven et des plans que Leo pourrait avoir pour lui, l'ainée conclut. « Et bien ... Il faut bien que tu lui trouve des qualités après tout. » Ce n'était pas parce qu'elle n'appréciait que peu ce neveu ci que Westeros entier devait se joindre à elle. Et puis, il valait peut être mieux, au quotidien, que l'héritière s'entende avec son mari plutôt que ne le déteste: ça rendait sa vie plus facile.

Elle fut cependant décontenancé par le monologue de la jeune femme. Malgré tout ce qu'elle avait pensé, imaginé sur les responsabilités qui incombaient à Alyx et son rôle à l'avenir, la Lefford n'avait pas imaginé qu'elle puisse en souffrir. Se reculant à nouveau dans son fauteuil, elle posa sur sa nièce un regard nostalgique, presque blessé de n'avoir su saisir cette nuance de sa personnalité plus tôt. « C'est un discours que je ne pensais pas t'entendre dire un jour ... Cela est donc si douloureux pour toi ? D'être l'héritière de Leo ? Je ne te l'ai jamais demandé, tu m'as toujours parut si ... Ha ha ... Tu ressemble tellement à ton père par moment. » La fierté des Lefford. Alysanne avait toujours trouvé qu'entre Leo et Alyx, il y avait quelque chose d'indéfinissable et que, malgré les traits qu'elle avait pu hérité de sa mère, la jeune fille se trouvait être une merveilleuse version féminine du seigneur de la Dent d'Or. Elle avait sous-estimer le tempérament propre de sa nièce, ses propres besoins, ses propres aspirations. Ces dernières années n'avaient pas été des plus simples: Alysanne peinait à oublier l'enfant qu'Alyx avait été, à comprendre et connaitre la femme qu'elle était devenue. Cela n'enlevait rien à l'affection et au soutien que la trentenaire avait pour elle, ni les souvenirs qu'elle partageait. Mais elle se rendait compte de bien des choses ce soir ... Et cela la troublait. Mais loin de se laisser abattre, Alyx affichait une détermination qui était familière à sa tante, lui arrachant un sourire. Si elle s'était fourvoyé sur ses ambitions et désirs, elle demeurait la Alyx qu'elle connaissait. « Bien. Alors si tu n'as rien perdu de ta combativité ... Je peux partir en paix. Je veux juste être certaine que tu iras bien en mon absence. Que la présence d'Erena et l'absence de Daven ne t'épuise pas trop. » conclut-elle avec un sourire. Elle avait l'habitude d'être là pour épauler Leo, pour s'occuper de la maison ... Elle ne voulait pas laisser sa nièce avoir à tout gérer seule si elle ne s'en sentait pas capable.

Elle eut un rire léger à la mention de Serena, des Jumeaux et de l'aisance qu'il y aurait à faire ce chemin. Un instant, elle se demanda pourquoi. Pourquoi n'avait-elle pas rendu visite à Leonella depuis son mariage ? Pourquoi n'avait-elle pas demander à l'assister pour la naissance de ses enfants ? Sans doute parce qu'elle avait le sentiment, ce même sentiment qui la retenait encore, d'être indispensable pour épauler les siens. « Cela n'est pas faux. Mais j'ai bien moins voyager que toi: tout ce qui est plus loin que Castral Roc me parait à des siècles de cheval ! » rappela-t-elle avec un clin d'oeil avant de rougir aux mots que venaient de dire sa nièce. « Rhooo ! Ecoute nous toutes les deux, à parler de mariage et d'invitations avant même que je ne sois partie. De vraies commères ! » Elle ricana, songeant à cet avenir qui semblait s'offrir à elle avec un mélange de rêverie et d'impatience. « Je ne manquerai pas de te tenir informée de tout ceci. Il est des détails que je te partagerai plus volontiers qu'à ton père ! » assura la brune avant de se moquer des lettres qu'Alyx promettait de lui envoyer, faisant référence au mestre de la Dent d'Or. Son humour, sombre, sembla ne pas toucher l'héritière. Alysanne fronça les sourcils. « S'il avait du être terrifié par ma personne, cela ferait des années qu'il aurait déguerpi. Je crains de n'abuser personne même avec mes gros yeux, dans ce château ! Regarde, même toi, tu savais à peine marcher que cela ne servait à rien que je tente de te réprimander pour quoi que ce soit. » ajouta-t-elle avec une pointe d'humour et de nostalgie. Mais elle oublia rapidement ce vieux décrépit alors qu'Alyx faisait mention d'un élément qui aiguisa sa curiosité. Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres. « Tiens donc ? Ma dame comploterait-elle dans son coin ? » la taquina-t-elle avant de lui demander avec malice. « Est-ce un secret que tu désire garder encore quelque temps ou le partagerais-tu avec ta vieille tante ? Qui sait, le temps que ce jour vienne je serai peut être déjà morte, anéantie par le caractère des dames de ma propre maison ! » Un nouveau rire s'échappa de ses lèvres, rappelant qu'elle n'était pas sérieuse dans ses propos.

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La Dent d'Or | An 302, lune 4, semaine 2

Il était vrai que Mace Tyrell n’était pas connu pour être un leader politique redouté. Alyx l’avait vu de ses yeux, Lord Tywin avait très parlementé avec le suzerain du Bief, la mère de ce dernier avait obtenu toute son attention. Mais prendre le risque de vexé l’épouse du futur émissaire de l’Ouest avait été un pas politique risqué pour l’homme. La Lefford avait aussitôt pris le Bief et ses habitants en grippe. La jeune femme avait pris un malin plaisir à piéger la jeune Rowan, alors dame d’atour de Margery Tyrell, et s’était plainte de son manque respect et d’éducation. Elle avait joué avec la pauvre bieffois et n’avait aucun remord à ce sujet.
« La Reine des Epines maintient le Bief sur ses pieds. Tywin a négocié le mariage de Lady Cersei avec elle, très peu avec Mace Tyrell. Je n’irais pas me frotter à Olenna Tyrell. »

Les paroles d’Alyx semblèrent surprendre sa tante qui ne s’attendait pas à un tel discours de la part de sa nièce. Beaucoup de personne ne voyait que la partie visible de l’iceberg et la jeune Lefford était douée pour noyer le poisson et faire croire avec aisance que son rôle et son rang lui allait.
« Cela semble si naturelle ? J’ai grandi avec ce rôle donc c’est devenu naturelle et je ne me plains pas de ma situation car j’ai le caractère pour supporter le tout, j’ai réussi à me forger une réputation dans l’Ouest et père a beaucoup œuvré pour que je n’ai pas à souffrir de cette situation. Mais toutes les femmes n’ont pas mon caractère, tout le monde n’a pas père pour les éduquer et les guider. J’ai beaucoup de chance. Mais je sais que ce n’est pas le cas pour tous. Je n’ai qu’à regarder Azilys, elle possède une grande force de caractère mais...c’est difficile pour elle. J’ignore quel caractère aura Erena, mais je préfère qu’elle ne soit pas mon héritière. »

Elle voulait offrir un avenir doux à sa fille. Un avenir où elle aurait sa place et ne devrait pas constamment se battre pour obtenir le respect des hommes autour d’elle. Pour le moment, elle n’était qu’un bébé innocent, pleurant pour manger, pour qu’on la change...comme tous les bébés. Mais l’avenir était incertain...
« Oh ne t’en fait pas pour mon état et pour Erena. Les nourrices s’en occuperont. »

Avoir un enfant n’était pas des plus épuisant pour Alyx, elle s’était remise de son accouchement. Elle passait une fois par jour voire sa fille pour prendre des nouvelles et s’était bien tout. Elle avait d’autres chats à fouetter que de s’occuper d’un bambin chouinant.
« Mieux vaut commérer dans ce sens, au moins nous ne sommes point langues de vipères pour une fois. » répondit Alyx « Mes yeux verts sont toujours venus à bout de ta volonté. Heureusement que ce n’est pas le cas de Père, j’aurais bien plus infernale sinon. »

Un léger rictus carnassier étira les lèvres de l’héritière de la Dent d’Or.
« Je ne complote pas, j’évalue l’avenir dans la meilleure condition qui soit. Et pour le moment ce ne sont que des projets et des désirs que j’ai. Et qui sont pour le moment en accord avec l’autre partie. Mais nous sommes en pleine hiver et les dieux peuvent se montrer cruel. Je garderais donc mes petits complots pour moi. »

Elle ne voulait pas dévoiler ce qu’elle comptait faire, car peut-être que les dieux la priveraient d’un héritier mal sinon ? Elle désirait avoir un garçon un jour où l’autre. Elle devait avoir un garçon, alors elle ne froisserait pas les dieux et ne forcerait pas le destin en dévoilant ses plans d’avenir.


   

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☾☾ La brune hocha la tête, concédant à Alyx, que les Tyrell s'en tiraient bien, grâce à l'intelligence de leur doyenne. Olenna Tyrell était redoutable. Bien qu'Alysanne ne l'ait jamais rencontré, elle connaissait la réputation de cette femme dont le franc parler était parfois à la limite de la provocation et dont les ambitions avaient mener sa petite fille à épouser un prince héritier. Jusqu'à peu. Mais Mace Tyrell n'était pas sa mère, grand mal lui en avait prit de tenir de son père plutôt que du côté Redwyne de l'union. « J'imagine que ce n'est pas pour rien qu'elle est de toutes les invitations ... Si même Lord Tywin l'invite à la table des négociation, c'est que son influence doit être des plus importantes. » commenta la Lefford, le regard dans le vide, songeant à ce que la vieille Tyrell avait pu obtenir pour les siens: un véritable modèle en quelque sorte. Sans doute Alyx aurait-elle eu plus de plaisir à converser avec elle qu'avec le seigneur de Hautjardin même si, et Alysanne était d'accord, il ne valait mieux pas se faire d'Olenna Tyrell une ennemie. « Espérons pour Lord Willos, qu'il puisse bénéficier des conseils de sa grand-mère encore longtemps. Personne n'est éternel, je le crains ... » ajouta-t-elle dans une évocation factuelle froide. Elle n'avait ni amitié ni antipathie pour la maison Tyrell, mais si le nouveau suzerain était comme son père, il y avait fort à parier qu'à la disparition de sa grand-mère, le jeune homme ne sache comment s'en sortir seul.

Mais la position d'Alysanne n'était pas celle d'Alyx: s'épanouissant dans l'ombre de Leo et d'Alyx, Alysanne préférait le calme de sa maison, appréciait la confiance de son frère quand il s'agissait de lui confier quelque affaires en son absence. De la même manière, elle n'ignorait pas voir en sa nièce, une personne autre que celle qui lui faisait face: elle admirait sa force de caractère et cette audace qu'elle n'avait jamais su amener à un tel niveau, gardant majoritairement la douceur de Leonella bien que prenant des leçons de Leo, l'autorité nécessaire à le remplacer en son absence. Au final, entre les absences et les voyages d'Alyx, la trentenaire était obligée de reconnaitre qu'elle ne connaissait qu'une partie que sa nièce acceptait de lui montrer, laissant de côté le visage qu'elle gardait pour le reste du monde. Ainsi, Alysanne voyait en Alyx une personne courageuse, franche et assurée, découvrant ce soir là, une fragilité qu'elle n'avait plus vue chez la jeune femme depuis des années. « Je ne peux que t'encourager, dans ce cas. » répondit l'aînée avec un sourire qu'elle ne gardait que pour sa famille. « Je sais que pour Erena, tu seras capable de faire les bons choix et puis ... Tu as encore le temps avant de réfléchir à avoir un nouvel enfant. » affirma la brune tout en posant les yeux sur la couverture qu'elle venait de finir pour sa petite nièce. « Je respecterai ta décision quelle qu'elle soit. Tu as tout mon soutien. » ajouta-t-elle pour assurer que sa déconvenue au sujet de leur conversation n'entamait en rien l'affection et la confiance qu'Alysanne avait en les capacité de sa nièce. Alyx avait tout le temps de songer à enfanter à nouveau. La période n'était pas propice à une nouvelle grossesse et rien ne la mettait à l'abris de donner à nouveau naissance à une fille, mis cela rassurait la Lefford de voir qu'Alyx désirait préserver Erena. Au final, l'instinct maternel se dévoilait bien différemment d'une femme à l'autre.

Prenant une mine faussement outrée, Alysanne ne put s'empêcher de répondre à la pique taquine de sa nièce. « Ainsi tu as été une vilaine fille depuis le début ! » Elle ne put s'empêcher de rire toutefois, cassant l'image qu'elle voulait donner. « Il est vrai que je n'ai jamais su dire non. Mais tu étais tellement mignonne même si tu exerçait déjà tes talents sur moi. » S'occuper d'Alyx avait été un sacrifice pour sa vie de femme, mais elle avait eu tant à y gagner. Si elle s'était plus ou moins volontairement laisser mener en bateau par l'enfant que l'héritière avait pu être, c'était pour l'amour du sourire de la fillette autant que pour la sensation d'être importante pour quelqu'un. Leo, bien que ne déniant jamais ses contributions pour la famille, gardait cette aura un peu impressionnante, mais Alyx était un rayon de soleil dès qu'elle entrait dans une pièce. Elle avait toujours désiré fonder avec elle, une complicité rare, retrouver l'affection qu'elle avait avec Leonella avant que cette dernière ne parte. Et quelque part, Alyx comblait le vide dans son coeur. « Leo a toujours eu une longueur d'avance en matière d'éducation, je dois bien le lui accorder. Je crois qu'il n'y a que Tywin Lannister qui pourrait rivaliser avec ses sourcils froncés » ajouta-t-elle en riant. La moquerie était gentille, et Leo demeurait son frère. Sa loyauté et sa tendresse à son égard avait survécut à leur confrontation au sujet de leur père. Enthousiasmée parce qu'Alyx laissait sous-entendre, Alysanne vit le visage de sa nièce changer soudainement et, suite à son explication, capitula. « Bien bien ... Je ne te tirerais pas les vers du nez, je le sais. Il me tarde de voir la fin de l'hiver afin de savoir ce que tu me cache ... » dit-elle avec un regard en coin, curieuse de la réaction de sa nièce.

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La Dent d'Or | An 302, lune 4, semaine 2

Alyx opina du chef, Olenna Tyrell était dans l’ombre, la main dirigeante du Bief, bien plus que son fils. Son petit fils semblait avoir un esprit plus affuté que feu son père, en même temps, étant estropié il ne pouvait prétendre à de grande victoire militaire, brandissant son épée, acclamé par la foule. Il n’avait que son esprit pour tenter de gouverner sa région avec brio. Sa grand-mère restait très probablement derrière, recadrant si besoin la politique de l’aîné de ses petits-fils.
« Lord Willos m’a semblé plus réfléchi que son défunt père, mais je suis persuadée que Lady Olenna lui souffle des mots pour l’aiguiller… »

Avoir le temps pour un prochain enfant… Alyx aimerait en être certaines mais avoir un héritier mal devenait une nécessité pour les Lefford, Leo se faisait pressant, chose que sa fille comprenait. Mais vivre une grossesse était éprouvant pour la jeune femme, qui n’aimait pas ressemblait à une vache grosse et empâté, incapable de sortir de chez elle afin d’éviter de perdre l’enfant. Elle ne voulait pas non plus se transformer en poule pondeuse. Si sa fertilité et celle de Daven n’était plus un sujet à discussion, elle préférait ne pas se précipiter, elle avait du temps. Mais tout ne dépendait pas d’elle malheureusement.
« J’ai le temps mais on me presse pour donner naissance à un garçon… » soupira-t-elle « Nous verrons bien comment les choses évoluent. »

Elle ne voulait pas faire de plan sur la comète et vivait actuellement au jour le jour concernant ce sujet délicat. Alyx se retient de pouffer à l’évocation du fait qu’elle était mignonne. Ce n’était pas le genre d’adjectif qui était utilisé pour décrire l’héritière de la Dent d’Or. Sa réputation au sein des Terres de l’Ouest n’était plus à refaire.
« Je crois bien qu’il y a que toi pour me trouver mignonne. Certains s’étoufferait à t’entendre ! »

La Lefford ignorait si son père avait réellement une longueur d’avance en matière d’éducation mais il avait sa façon de faire, et il y avait bien que lui pour faire baisser le regard d’Alyx vers le sol, ainsi que Lord Tywin de part son rang de suzerain de l’Ouest qu’elle respectait énormément.

Alysanne s’avoua vaincu sur les plans de sa nièce, mais se dit d’être pressé de la fin de l’hiver afin de voir quel était les plans de sa nièce. Alyx n’eut pas le temps de répondre que l’on frappa à la porte et qu’un serviteur. Celui-ci tentait de ne pas trembler à l’idée d’être seul face aux deux femmes Lefford. Il s’inclina devant elles avant de prendre la parole.
« Votre père vous demande lady Alyx. »

Le devoir l’appelait. La jeune femme hocha la tête et renvoya le pauvre garçon d’un geste de la main avant de se tourner vers sa tante.
« Je ne vais pas faire attendre Père. Je te laisse à ta broderie pour le jeune Caron. »

Alyx se leva et quitta la pièce pour rejoindre son père.

   

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