Des amies de longue date
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Lancehélion,
An 302, Lune 3, Semaine 3Ma très chère Whissan,
Un corbeau de plus qui vole vers ta demeure de Wyl et qui porte mes nouvelles. Sauf que, pour la première fois depuis mon départ de Dorne, peu après le mariage à la fin si sordide de notre Princesse Arianne, ce corbeau-là arrivera à destination bien plus vite que les précédents.
Et oui, comme tu l'as sans doute constaté dès le début de cette lettre, je suis de retour à Dorne et à Lancehélion. Je devrais être heureuse, heureuse à l'idée de revoir le Prince Doran qui m'est si cher à mon coeur tout comme le sont ses enfants, heureuse de me voir à nouveau entourée de toutes mes filles et belles-filles, heureuse, enfin, d'être de retour dans notre belle région qui m'a tant manqué...Mais vois-tu, et tu es la seule à qui je le confesse ouvertement, mon coeur souffre car une part de moi, aussi importante que le sont mes enfants, est restée dans ce danger permanent qu'est Port-Réal. Pour la première fois depuis notre rencontre à Corcolline, Oberyn et moi vivons loin l'un de l'autre... Je suis rentrée sur sa demande, avec Loreza, car il se faisait du soucis pour nous vu l'attitude de plus en plus instable de notre roi. Je te passe l'accueil mitigé que j'ai eu de la part de Doran...Lui qui avait exigé que son frère rentre de la capitale, il n'a eut de lui que sa compagne et sa nièce de coeur en guise de réponse. Il fut en colère au départ mais maintenant ça va mieux et nous nous sommes retrouvés comme avant.
Mais je suis fatiguée de faire semblant. J'ai le devoir de me montrer forte pour les plus jeunes de mes filles du moins. Sauf que ce devoir m'est de plus en plus difficile. Obara et Tyerne m'ont déjà surprises en pleurs. Je leur ai fait juré de ne rien dire à leurs soeurs mais elles sont continuellement ensemble... Ce n'est qu'une question de temps avant que mon désespoir ne se sache...Je crains moins pour moi que pour elles. Je les connais; elles voudront se montrer téméraires et feront tout pour me remonter le moral. Mais quand j'entends les attaques des Fer-Nés sur nos cotes, mon coeur, déjà meurtri d'avoir du laisser mon amour loin de moi, craint désormais pour notre sécurité à tous ici. Nous avons fuit un danger pour en trouver un autre ici. Et moi qui voulais justement te retrouver à Wyl... Me voilà contrainte et forcée de rester ici, auprès de Doran, à devoir t'écrire mon malheur tout en retenant mes larmes pour qu'elles ne tâchent pas le parchemin et ne le rende illisible en se mélangeant à l'encre...Si j'étais aussi forte que les Aspics des Sable, je m'entourerais d'elles et braverais et le danger des Fer-Nés, et la colère des frères Martell de me savoir sur les routes dans le contexte qui est le nôtre. Mais je ne le peux...Je ne le peux par respect et amour pour Doran et pour Oberyn... J'espère que tu ne m'en voudras pas mais, te connaissant, je pense que tu comprendras parfaitement pourquoi nous ne pouvons toujours pas nous retrouver alors que ta compagnie me serait si salvatrice...
Mais regarde...Je ne fais que t'accabler de mes malheurs...Quelle amie serais-je si je ne te demandais pas comment TOI, tu vas? Wyl est une cité côtière...As-tu déjà été inquiétée par une menace de ces pirates des Iles de Fer? Et Arren? Comment va-t-il?
Mes prières vous accompagnent tous les deux...Prenez soin de vous.
Dans la hâte de te lire.
Ton amie de toujours,
Ellaria Sand.
lumos maxima
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DES AMIES DE LONGUE DATE
Ellaria Sand ⚕ Whissan de Wyl
Wyl, An 302, Lune 3, Semaine 4
Ellaria, ma douce Amie,
Tu ne peux savoir quel soulagement a soulevé mon coeur en lisant ta lettre, en sentant entre tes lignes que ces mots que je lisais avaient été couchés sous le doux soleil de Dorne. Enfin tu es de retour chez toi.
Il me serait pourtant difficile de me contenter de cette joie égoiste; d'ignorer la douleur que porte ce parchemin. Ces lignes que je m'apprette à tracer sont un bien maigre pansement à tes maux, néanmoins j'espère -non- je souhaite, je prie pour qu'elles soient pour toi messagères de l'assurance que tu n'es pas seule à Dorne. Que tu ne le seras jamais. Quand bien même il m'est impossible d'endurer ton chagrin à ta place, au moins, sois assurée de trouver, dès lors que tu porteras ton regard vers les Montagnes, un réceptacle pour ta peine.
C'est donc par la volonté du Prince que tu es revenue. Si son désir de vous mettre à l'abri, toi et votre fille, me rassure, je ne peux en dire autant de sa décision absurde de demeurer à la Capitale. Tu sais ce que m'inspirent les Maitres de ce royaume, et, tout couronnés qu'ils puissent etre, leur légitimité à conserver à leurs côtés notre Prince me parait infondée, étrange, en plus de réveiller toute la méfiance que je porte pour eux dans mon sang. Qu'attend-t-il de Port-Real pour prolonger ainsi son séjour? A tes mots impreignés de désarroi, je crains de comprendre que tu l'ignores toi-même.
Les confidences de ton amant ne sont pas ce que je recherche, rassure-toi. Seuls m'importent les tourments de ton coeur. Et si tu pouvais simplement me promettre que cette lettre tachée de tristesse n'est pas motivée par un vacillement de la confiance qui te rattache à son âme, alors cela me serait suffisant.
S'il est un seul conseil que je puis te donner dans ces lignes qui ne peuvent- avec la distance- que se borner à une compassion inutile ce serait celui-ci: Ne cache pas ton malheur à tes filles.
Retiens tes larmes si c'est ce que ton coeur t'ordonne, mais ne les dissimule pas au fond de tes yeux. La détresse d'une mère n'est jamais hors de la portée de ses enfants. Ils la ressentent, comme un instinct animal. Je sais que tu veux les protéger. Mais si être témoin de ton chagrin leur sera inévitablement douloureux, elles sont encore trop jeunes pour accepter de te comprendre désemparée, angoissée. Et quel enfant ne sait pas sécher les larmes de sa mère? Laisse-les avoir ce rôle, dut-il être minime, dans ton malheur. L'attente du retour de leur père vous sera moins cruel.
Ne t'excuse pas de ne pouvoir te rendre chez moi! Ton absence me coûte un si maigre tribu contre ce qu'elle serait à tes filles, si j'avais l'audace de t'arracher à elles, à notre Prince. Et puis, qui sait? Peut-être viendrai-je à Lancehélion pour compenser ta sédentarité. J'aurais pourtant aimé t'avoir auprès de moi à Wyl, ne serait-ce qu'un après-midi.
L'Hiver, comme toujours ici, a un goût de Printemps. La brise est devenu tiède, et le sol moins brûlant s'habille d'ombre sous les branches fleuries des arbres. Des orchidées, du jasmin et même quelques rosiers sauvages se dévoilent pudiquement sur les sentiers. Les Orages sont plus longs. La rivière est devenue un torrent. Notre terre n'est pas bien belle, mais, oui, il faudrait que tu la voies avant que la saison ne s'achève.
Mais derrière ces mots, il me semble que c'est moi-même que je cache. Je te dis de venir, malgré tout ce que tu m'as écrit. Je te promets de me rendre dans l'Est sans croire à ma propre parole.
Quitter Wyl...Mon instinct s'en garde. La Paix n'a pas été brisée, alors pourquoi ai-je l'impression qu'une guerre a commencé? Tu parles de tes peurs; je les partage. Par le feu du désert, comme je déteste ce climat. Tout est pareil aux hivers que j'ai connus, et à ceux que l'on m'a raconté; pourtant c'est différent. Les pluies sont froides, maintenant. Je préfère rester.
Et bien que nous nous trouvions à demeure aux portes de la Mer, pas une voile ennemie n'est venue troubler notre horizon. Depuis la Peste, aucune ombre n'est venue caresser nos plages, nos cîmes. Comptons pour cela sur la chance. Sans doute nos ingrates resources n'auront pas suffi à séduire les pirates, qui n'auront pas poussé leur entreprise plus loin et auront renoncé à s'enfoncer davantage dans la Baie. C'est en tout cas ce que dit Arren. Toi qui demandes de ses nouvelles, il demeure fidèle à lui-même: secret, insaisissable, indépendant. Une bien âpre compagnie comparée à ce que serait ta flamboyance, mais j'en suis heureuse.
Cette lettre touche déjà à sa fin. J'espère qu'elle te trouvera au plus vite et pansera modestement tes plaies. Si l'absence est un lourd fardeau à supporter, je te sais capable de l'endurer. Avec résilience. Avec noblesse. Mais non sans faille ou sans douleur.
Raconte moi, si le coeur t'en dit, comment respire Lancehélion. Que se passe-t-il derrière les beaux yeux noirs de notre Princesse, de nos Princes, de tes filles?
Comme il me tarde de te revoir,
Ton amie fidèle,
Whissan Wyl.
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Lancehélion,
An 302, Lune 4, Semaine 1Ma très chère Whissan,
Tu ne peux t’imaginer comme j’ai attendu ta réponse. J’ai toujours guetté avec impatience l’arrivée du Mestre ou d’un de ses aides au palais avec le courrier du jour, espérant que dans celui destiné à nos Princes et à notre Princesse, il y en ait un pour la simple bâtarde que je suis. Et voilà qu’aujourd’hui, mon attente est récompensée par ta longue lettre ; merci…merci mon amie d’être toujours si présente pour moi malgré la distance qui nous sépare. Ta présence, même à des lieues l’une de l’autre, m’est d’un grand secours et réconfort.
Derrière la fougue qu’on lui prête et son surnom, qui va d’ailleurs également dans ce sens, Oberyn est un homme loyal et extrêmement protecteur, quand bien même ses décisions peuvent paraître parfois hâtives et irréfléchies. Je les pensais ainsi moi-même, mais cela, c’était avant que je ne le connaisse mieux. La conversation que nous avions eu tous les deux à la capitale m’avait profondément touché. Une part de moi voulait lui tenir tête, comme je le fais souvent. Une autre part, voulait tout savoir de cette décision de rester dans cet antre de faux-semblants et de dangers. Mais ce fut finalement la dernière et la plus sage part de moi-même qui l’emporta. J’ai vu la détresse et la peur dans son regard. Elle était très faible, si faible que seule une personne qui le connaissait par coeur aurait pu la voir. Mais moi, je l’ai vu. J’ai vu qu’il craignait pour moi et pour notre Loreza. Notre Roi n’est plus le même…Il tend vers les mêmes travers que feu son père. Et Rhaenys…la pauvre enfant… Qu’étions-nous, Loreza et moi, pour ces nobles de la cour ? Deux bâtardes, rien de plus. La cour n’était plus un lieu sûr pour des personnes comme nous. Oberyn ne voulant plus revivre ni nous voir vivre la peine qu’a enduré jadis sa chère sœur, Elia, il a préféré nous voir rentrer à Dorne, où nous serions plus en sécurité. Mais ces attaques Fer-Nés me font penser que peut-être, nous ne le sommes pas plus ici que sur les Terres de la Couronne ? Je prie pour que nos défenses tiennent et que ces envahisseurs et pillards soient chassés de nos côtes… Mon cœur en tout cas est rassuré de lire que Wyl semble encore hors de portée et de vue des voiles des Iles de Fer.
Tu as, en tout cas, raison au sujet de mes filles. Pas plus tard qu’avant-hier, alors que nous dînions ensemble, mon Elia s’est approchée de moi et m’a prise dans ses bras, me chuchotant à l’oreille qu’elle est là, elle, tout comme ses sœurs et demi-sœurs, et que même si leur amour de peut pas remplacer celui que je donne à leur père, il en est un excellent, inestimable et bienfaiteur remplaçant. Je n’ai pu alors, retenir mes larmes, ce qui déclencha une étreinte générale. Imagines-tu cela ?! Moi, étouffée par les bras de mes quatre filles et quatre belles-filles ?! Bien vite, les larmes cédèrent la place au rire et depuis, j’ai l’impression qu’un poids a disparu sur mon cœur. Certes, Oberyn me manque et me manquera toujours, tant qu’il ne sera pas de retour, mais laisser libre court à mes larmes, comme tu me le conseillais, devant elles, m’a beaucoup soulagé. De ce côté-là du moins, je me sens mieux, car l’hiver a pris ses aises même à Dorne et ce climat étrange auquel nous ne sommes pas habitués est aussi un facteur qui agit sur le moral…Du moins sur le miens. Mais ce n’est ni l’hiver, ni les Fers-Nés qui me tracassent…
Ma douce amie, tu me demandes des nouvelles de Lancehélion et de nos chers Martell. Je ne saurais t’expliquer comment ni pourquoi je ressens cela mais… J’ai le sentiment que l’on me soupçonne de quelque chose… Ceux que je croise à Lancehélion sont différents. Certains me saluent et discutent avec moi comme avant, mais d’autres… Ils se montrent avenants devant moi mais leurs yeux ne reflètent pas le sourire que je vois sur leurs lèvres, ni la joie de me parler que je peux entendre dans leurs voix. Il y en a même d’autres qui vont jusqu’à m’ignorer, me jetant des regards froids ou s’arrêtant de parler sur mon passage pour reprendre leurs messes basses dès qu’ils me croient suffisamment loin pour que je ne les entende plus. J’ai d’abord cru bon de les ignorer, comme toujours, mais je constate que Quentyn et Arianne sont différents également. Non pas qu’ils se montrent aussi froids que ceux que je viens de te décrire mais…Comment te le dire…Je connais bien les enfants de notre bon Prince Doran. Je les aime beaucoup mais j’ai la sensation qu’ils savent quelque chose que j’ignore et que c’est ce même quelque chose qui fait l’objet de ce changement de comportement de certaines personnes à Lancehélion…
Tu vas me dire que depuis ma trop grande fréquentation de tous ces nobles des autres régions, à Lestival puis à Port-Réal, je vois la conspiration et la suspicion partout, même lorsque je me trouve dans un lieu que je considère comme être chez moi. Crois-tu qu’il ne s’agit que de ça ou devrais-je creuser plus avant la question ? J’aimerais beaucoup demander à Tyerne et à Obara de se renseigner discrètement…Je me rassure en constatant que pour l’instant, de ce que je peux voir du moins, le Prince Doran n’a pas changé à mon égard. Mais je me dis que peut-être vaudrait-il mieux que je profite d’un moment où nous sommes seuls pour lui parler ouvertement de mes tracas, très secondaires certes comparés aux autres des soucis qu’il doit gérer, à commencer par sa santé. Le pauvre homme…L’hiver n’est guère sain pour sa maladie. J’ai déjà dit qu’il devrait retourner aux Jardins Aquatiques, mais notre Mestre pense que même là-bas, le climat serait presque le même qu’à Lancehélion. Autant lui éviter un voyage, aussi court soit-il, et le soigner ici du mieux que nous le pouvons.
J’espère avoir du nouveau à te raconter dans ma prochaine lettre et prie pour espérer t’écrire que ce n’était rien de plus qu’une grande imagination de ma part ! Je souhaite cependant vivement que ma bienfaitrice Déesse me permette de venir voir de mes propres yeux cette étrange beauté à laquelle ni toi ni moi n’avons l’habitude ! J’essaie de m’imaginer Wyl tel que tu le décris. Je n’aurais moi aussi pas pensé un jour vivre pareille saison…et encore moins que celle-ci s’étendrait avec tant de force jusque dans nos ensoleillées contrées. J’ai en tout cas souris à ta description d’Arren. Ton demi-frère n’a pas changé ! Mais même s’il n’est certes pas moi - non mes chevilles n’enflent pas alors que je t’écris ces mots ! - je suis heureuse que tu ne sois pas seule.
Je t’envoie mes prières, ma douce amie. Prends-soin de toi, prends soin de Wyl, jusqu’à nos retrouvailles qui, je l’espère, arriveront bientôt !
Je t’embrasse,
Ellaria Sand.
lumos maxima
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Ellaria Sand ⚕ Whissan de Wyl
Wyl, An 302, Lune 4, Semaine 3
Ma chère Ellaria,
Il me semble qu'il y a un siècle que je ne t'ai vue! C'est peu de choses, au final, que de t'écrire; et je regrette de ne pouvoir te prouver mon affection qu'à travers ces parchemins noircis.
Les heures qui s'annoncent sont des heures terribles si elles parviennent à faire trembler la Vipère Rouge ainsi que tu le décris; Et si le plus petit mot que tu dis est vrai, alors je ne peux m'empécher de trembler aussi. Car aucun dornien n'a oublié les evennements qui ont autrefois succédé à de tels soupçons... Rhaegar, ce noir héro de mon adolescence ne serait donc bel et bien qu'un surgeon de cette souche vénéneuse, ce roi fou et redoutable? Le semblant de paix, et le souvenir de ce que fut jadis le Roi auront engourdi notre raison.
Ma famille voudra me faire croire qu'ils le savaient, et l'avaient toujours su, comme seuls les Wyls savent juger par la haine et le cynisme - et je les croirais sûrement. Je ne pourrais l'affirmer avec autant de force.
Qui, en entendant ce que l'on disait de ce Prince prodige ne l'a pas aimé en son temps? J'ai cru l'aimer. Autrefois. Et si peu de temps...
Pauvre Dorne. Pauvre, pauvre Dorne.
J'aurai peur de m'effondrer si je n'avais pour moi l'égoiste satisfaction de vous savoir, tes filles et toi, loin de cet écrin vil et meurtri. Ma volonté n'est pas de t'accabler davantage de cette douleur dont je te sais affligée -j'espère que mes mots sauront comment l'éviter.
Mais que dire de ceux qui y demeurent? Que dire de l'avenir d'Oberyn entre les murs rouges de Port-Réal, de son engagement auprès de Rhaegar, ou plus simplement de sa sécurité ? La terreur encore au coeur me serre en repensant à la captivité de sa défunte soeur.
Quant à la jeune Rhaenys, je ne sais que répondre à son évocation dans ta lettre, ne pouvant - et ne sachant - me compromettre en fausse compassion. Les enfants du Roi me sont étrangers, et si je les connais, c'est à travers ta plume et ton regard. J'aimerais tant penser à eux comme je pense parfois à tes enfants ou à ceux du Prince Doran, et m'inquiéter à égale mesure de leur sort. Je n'y parviens pas.
Trop de rumeurs ont rampé jusqu'aux marches de mes Montagnes, peignant de sombres portraits incarnats faits de péchés, d'orgueil et de fanatisme... Je ne veux pas juger ces êtres plus mauvais qu'ils ne le semblent. Aussi pourrai-je, le temps d'une missive, museler cet instinct froid et infernal qui braque mon sang à leur égard sur le seul jugement de leur père et, avec ton aide, trouver dans leur image -peut-être- le reflet de notre regrettée Princesse.
Que ne suis-je à tes côtés pour lire cette lettre: ainsi tu aurais pu être témoin du sourire qui, enfin, sur mes lèvres surplomba sa lecture. Que tes filles sont bonnes, et comme il me plait de lire un peu de cette joie immense. Quel spectacle tu me décris, que ces farouches filles et guerrières t'etouffant de leurs baisers!
A l'ombre de ce bonheur, je refuse de croire qu'une nichée de félons à l'âme creuse prétende troubler nos Princes, prétendre te troubler, toi, ma très chère Amie. Les blessures de ton départ précipité de la Capitale ne t'auront pas tout à fait quitté. Reprends tes esprits, je t'en prie, et rassemble tes pensées; je t'interdis de te laisser sombrer dans ce travers Port-réalien du mensonge et du soupçon... Cette missive me transmet trop de ce mental résiliant et solide que je te connais pour supporter de te lire ainsi.
Le Prince est fatigué -toi aussi, je le crois, alors que tu couche ces mots- aussi, je te prie de ne pas céder à cette baisse de moral qui sera sans doute vite oubliée, malgré l'oppression de ce soleil que l'hiver rend plus blanc.
Repose-toi. Et réponds moi au plus vite, s'il-te-plait et, surtout, rappelle-toi de ce qu'est Dorne; débarasse-toi de ces inquiétudes citadines et reprends les liens de sang et de coeur qui font de ce lieu ton foyer.
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Je rouvre ma lettre.
Tout d'abord, je te présente mes excuses, et espère que tu n'auras pas pris ombrage de la franchise et de l'ahurissement qui achevèrent brusquement la lettre que je devais te faire parvenir avant d'y ajouter cette note supplémentaire, dont j'aurais préféré me garder: car j'ai de mauvaises nouvelles pour toi. Des on-dit ont été entendus parmi les contrebandiers et les passeurs des Montagnes; des on-dit qui portent ton nom.
Puis-je prétendre, en droit et en conscience, juger les Princes ou leurs alliés, ces hommes qui fournissent la cour de Lancehélion et de Dorne? Pour ne pas avorter stupidement ce billet, je vais prendre parti que je le peux.
Seuls les petits hommes redoutent les petits écrits -et les petits racontards dans ce cas présent- pourrait-on répondre. Les cours sont pleines de rumeurs, autant qu'une grenade déborde de sa pulpe, mais, de l'expérience de ma famille avec ces basses populations, l'apparition de ton identité sur leur langue ne présage rien de bon, je le crains. L'infection que tu décris dans le Palais Martell a débordé jusqu'ici, et gangréné ce pitoyable peuple!
C'est tellement ahurissant que malgré la vérité qui éclate comme le noir sur le blanc du parchemin, mon oeil veut à peine la voir.
Lorsque l'on m'a rapporté ces dires, j'ai répondu vaguement et décidé de m'étendre sur un autre sujet dont on faisait l'office ce jour; c'est qu'il me serait pénible de confirmer auprès de mes hommes cette terrible coincidence avant de te la présenter. Enfin, il m'a semblé préférable de ne pas partager tes aveux et tes inquiétudes avec mon entourage. Disperser le mal, et le planter comme une graine dans trop d'esprits malades de cet hiver qui s'installe me répugnait, et je m'y refuse encore aujourd'hui. C'est que ton nom a été cité en bien mauvaise compagnie, et l'on te dit familière de quelque trahison...
J'ignore encore ce qui te vaut cette célébrité mal venue et soudaine; et je t'encouragerai à provoquer les mots dont on t'accuse en silence si je ne craignais pas de te voir t'y brûler les doigts. Rechercher l'erreur est le premier aveu du fautif. Et si tu as une famille à Dorne, plus fidèle et plus vaste que tu ne l'imagines, de bouclier tu n'en possèdes qu'un véritable, qui est si loin de toi dorénavant.
Voilà qu'il me parait bien dangereux maintenant de poursuivre cette missive... Il est des sujet qu'une lettre ne peut porter, et ton innocence m'est trop précieuse pour la risquer aux regards qui pourraient se poser sans permission sur ce que nous échangeons. Réponds moi, et je te répondrais encore; et attends-toi à ma venue dans les semaines qui arrivent, mon amie.
Sois prudente,
Ton amie fidèle,
Whissan Wyl.
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Ellaria Sand ∞ Whissan Wyl
Des amies de longue dateLancehélion, Lune 5, Semaine 1
Ma très chère amie,
Ne t'excuses pas de tes mots francs. Nous sommes amies depuis si longtemps...N'est-ce pas à une amie que l'on peut se permettre de tout dire? Je t'ai confié mes doutes et mes craintes et tu y réponds - avec fougue certes ! - mais c'est aussi ainsi que je te connais et que je t'apprécie. Une amie sait écouter. Tu l'as fait. Une amie sait encourager. Tu l'as fait. Effectivement, je regrette que tu ne sois pas à mes côtés pour voir mon sourire qui s'étire peu à peu sur mes lèvres alors que je t'écris. En te lisant, j'avais l'impression d'entendre ta voix par-dessus mon épaule. Tu sais être discrète et effacée mais tu sais aussi quand le moment est venu de dire les choses d'une façon telle que la personne qui les entends - ou les lis comme c'est mon cas - ne peut qu'y trouver la force nécessaire pour aller de l'avant. MERCI pour cela, ma chère Whissan.
Dorne a en effet beaucoup souffert des envies et humeurs des Dragons. Nous sommes un peuple fier et fort mais vois-tu, il me semble qu'après ces affronts répétés envers nos Princes et Princesses, et l'hiver qui a refroidi nous dunes ensablées, quelque chose s'est terni chez nous aussi. Je ne pensais pas que cela arriverait un jour mais je te rejoins dans ce que tu dis. Cependant, crois-moi lorsque je te parle des enfants de notre Souverain. Même si je n'ai pas reparlé à Aegon depuis mon départ de Lestival, je me porte garante pour Rhaenys. Je souhaiterais tant pouvoir un jour te la présenter. Quelle joie ce serait pour moi, d'avoir ma nièce adorée et ma meilleure amie autour de moi. Je suis sûre que tu l'apprécierais et verrais en elle notre très regrettée Princesse Elia. Elle ressemble tant à cette dernière, mais que ma déesse m'en préserve, son caractère ressemble bien plus à celui d'Oberyn qu'à celui d'Elia ! Il n'en reste pas moins que c'est une enfant attachante; je la protégerais au même titre que l'une de mes filles. C'est pour te dire à quel point je suis attachée à elle...
Cependant, je dois t'avouer que la fin de ta lettre m'inquiète. Moi qui pensais que je m'imaginais des choses ou que ces messes basses que j'entendais sur mon passage ne se cantonnaient qu'à Lancehélion...Voilà que tu me dis qu'elles seraient arrivées jusqu'à Wyl?! Comment cela est-ce possible? Tes mots m'alarment et me poussent à agir. Il est vrai que c'est ce que font les coupables en pareille situation, mais je ne sais même pas de quoi l'on m'accuse! Moi qui suis tout sauf une comploteuse...Il me faut voir notre Prince Doran. Aussi fatigué soit-il j'espère qu'il saura m'écouter et surtout, prêtera un jugement semblable au tiens. Je te remercie pour ton soutien à mon égard envers ce que tu as bien pu entendre sur moi. Cela me prouve encore une fois - même si tu n'en avais pas besoin pour me le réaffirmer - que je peux toujours compter sur toi, en n'importe quelle circonstance. Que ne donnerais-je pas pour t'avoir à mes côtés...Je ne veux pas encore alerter Oberyn; il doit avoir bien d'autres tracas à Port-Réal pour être encore encombré du miens qui, pour l'heure, est encore flou même pour moi. Je lui écrirais lorsque j'en saurais plus moi-même, et après m'être entretenue avec le Prince Doran. Bien sûr, je te tiendrais au courant et espère avoir des nouvelles moins alarmantes à te communiquer dans ma prochaine missive.
Je te remercie encore pour ton soutien mais je ne voudrais pas que tu te mettes trop en porte-à-faux pour moi. Peut-être n'est-ce rien d'important ou peut-être est-ce une rumeur m'accusant de choses vraiment graves...Nous sommes amies certes, et je remercie chaque jour ma bienfaitrice déesse de t'avoir mise toi aussi sur mon chemin, au même titre qu'elle m'a mise sur le chemin d'Oberyn. Toutefois, je ne voudrais pas que tu te mettes trop en danger pour moi. Je ne pourrais supporter te savoir toi aussi atteinte par ces rumeurs pour m'avoir défendue.
Je m'arrête ici pour cette fois. Je t'écrirais dès que je me serai entretenue avec le Prince Doran...Ou peut-être n'aurais-je pas à le faire?! Car selon tes mots, peut-être viendrais-tu à Lancehélion? Si tel est le cas, sache que dorénavant, la rouquerie ne sera plus le seul endroit que je guetterais avec impatience. Voir les bannières Wyl entrer dans la cour du palais de Lancehélion me procurerait une joie impossible à décrire tant tu me manques.
Je te promets pour l'heure de rester prudente. Au plaisir de te lire ou mieux encore, de te serrer enfin à nouveau dans mes bras.
Ton amie de toujours,
Ellaria.
Ne t'excuses pas de tes mots francs. Nous sommes amies depuis si longtemps...N'est-ce pas à une amie que l'on peut se permettre de tout dire? Je t'ai confié mes doutes et mes craintes et tu y réponds - avec fougue certes ! - mais c'est aussi ainsi que je te connais et que je t'apprécie. Une amie sait écouter. Tu l'as fait. Une amie sait encourager. Tu l'as fait. Effectivement, je regrette que tu ne sois pas à mes côtés pour voir mon sourire qui s'étire peu à peu sur mes lèvres alors que je t'écris. En te lisant, j'avais l'impression d'entendre ta voix par-dessus mon épaule. Tu sais être discrète et effacée mais tu sais aussi quand le moment est venu de dire les choses d'une façon telle que la personne qui les entends - ou les lis comme c'est mon cas - ne peut qu'y trouver la force nécessaire pour aller de l'avant. MERCI pour cela, ma chère Whissan.
Dorne a en effet beaucoup souffert des envies et humeurs des Dragons. Nous sommes un peuple fier et fort mais vois-tu, il me semble qu'après ces affronts répétés envers nos Princes et Princesses, et l'hiver qui a refroidi nous dunes ensablées, quelque chose s'est terni chez nous aussi. Je ne pensais pas que cela arriverait un jour mais je te rejoins dans ce que tu dis. Cependant, crois-moi lorsque je te parle des enfants de notre Souverain. Même si je n'ai pas reparlé à Aegon depuis mon départ de Lestival, je me porte garante pour Rhaenys. Je souhaiterais tant pouvoir un jour te la présenter. Quelle joie ce serait pour moi, d'avoir ma nièce adorée et ma meilleure amie autour de moi. Je suis sûre que tu l'apprécierais et verrais en elle notre très regrettée Princesse Elia. Elle ressemble tant à cette dernière, mais que ma déesse m'en préserve, son caractère ressemble bien plus à celui d'Oberyn qu'à celui d'Elia ! Il n'en reste pas moins que c'est une enfant attachante; je la protégerais au même titre que l'une de mes filles. C'est pour te dire à quel point je suis attachée à elle...
Cependant, je dois t'avouer que la fin de ta lettre m'inquiète. Moi qui pensais que je m'imaginais des choses ou que ces messes basses que j'entendais sur mon passage ne se cantonnaient qu'à Lancehélion...Voilà que tu me dis qu'elles seraient arrivées jusqu'à Wyl?! Comment cela est-ce possible? Tes mots m'alarment et me poussent à agir. Il est vrai que c'est ce que font les coupables en pareille situation, mais je ne sais même pas de quoi l'on m'accuse! Moi qui suis tout sauf une comploteuse...Il me faut voir notre Prince Doran. Aussi fatigué soit-il j'espère qu'il saura m'écouter et surtout, prêtera un jugement semblable au tiens. Je te remercie pour ton soutien à mon égard envers ce que tu as bien pu entendre sur moi. Cela me prouve encore une fois - même si tu n'en avais pas besoin pour me le réaffirmer - que je peux toujours compter sur toi, en n'importe quelle circonstance. Que ne donnerais-je pas pour t'avoir à mes côtés...Je ne veux pas encore alerter Oberyn; il doit avoir bien d'autres tracas à Port-Réal pour être encore encombré du miens qui, pour l'heure, est encore flou même pour moi. Je lui écrirais lorsque j'en saurais plus moi-même, et après m'être entretenue avec le Prince Doran. Bien sûr, je te tiendrais au courant et espère avoir des nouvelles moins alarmantes à te communiquer dans ma prochaine missive.
Je te remercie encore pour ton soutien mais je ne voudrais pas que tu te mettes trop en porte-à-faux pour moi. Peut-être n'est-ce rien d'important ou peut-être est-ce une rumeur m'accusant de choses vraiment graves...Nous sommes amies certes, et je remercie chaque jour ma bienfaitrice déesse de t'avoir mise toi aussi sur mon chemin, au même titre qu'elle m'a mise sur le chemin d'Oberyn. Toutefois, je ne voudrais pas que tu te mettes trop en danger pour moi. Je ne pourrais supporter te savoir toi aussi atteinte par ces rumeurs pour m'avoir défendue.
Je m'arrête ici pour cette fois. Je t'écrirais dès que je me serai entretenue avec le Prince Doran...Ou peut-être n'aurais-je pas à le faire?! Car selon tes mots, peut-être viendrais-tu à Lancehélion? Si tel est le cas, sache que dorénavant, la rouquerie ne sera plus le seul endroit que je guetterais avec impatience. Voir les bannières Wyl entrer dans la cour du palais de Lancehélion me procurerait une joie impossible à décrire tant tu me manques.
Je te promets pour l'heure de rester prudente. Au plaisir de te lire ou mieux encore, de te serrer enfin à nouveau dans mes bras.
Ton amie de toujours,
Ellaria.
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