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Les démons du passé

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Les démons du passé RP SOLO


Que lui était-il arrivé? Quand avait-il commencé à perdre pied? A perdre le contrôle de sa vie ? L’avait-il d’ailleurs jamais eu ? Dès son plus jeune âge, tout lui avait été dicté, imposé, qu’il le veuille ou non. Son premier échappatoire avait été la musique et on le lui avait finalement fait comprendre qu’il était inconcevable que le Prince-Héritier s’adonne à pareil loisir au milieu de la foule alors que son devoir est ailleurs et bien plus sérieux. Ainsi avait-il remisé sa lyre tout comme une partie de son coeur au fond d’un coffre de bois dans l’une des pièces secrètes que contenait le dédalle de couloirs tout aussi secret du Donjon Rouge.

Son deuxième échappatoire avait été la Louve du Nord, cet amour interdit dont ils avaient tous deux décidé d’en assumer les conséquences mais qui s’est si mal terminé non seulement pour eux mais pour le royaume tout entier. Les maigres souvenirs de Lyanna Stark étaient eux aussi enfermés dans ce même coffre de bois, avec une autre partie de son coeur.

Son troisième échappatoire avait été son frère, Viserys, qu’il avait toujours aimé d’un amour sincère et fraternel. Aurait-il voulu aimer sa jeune sœur Daenerys de la sorte. Il l’avait longtemps désiré, souhaité mais leur différence d’âge, la rare présence de Daenerys au Donjon Rouge tout comme la sienne à Peyredragon, le peu de lettres échangées entre eux malgré cette distance puis ses lourdes responsabilités de monarque eurent raison de ce souhait pourtant abordable. Mais avec la trahison de ce frère en qui il avait placé son amour et sa confiance, il perdit et Viserys et Daenerys, celle-ci étant très liée à son second frère. La troisième et avant-dernière partie de son coeur se trouvait donc être celle qu’il avait donné, ou voulu donné pour Daenerys, à son jeune frère et à sa jeune sœur.

Enfin, son quatrième et dernier échappatoire avaient été ses enfants, les cadeaux vivants laissés par Elia. Il avait pourtant essayé d’être un bon époux pour cette femme si douce et aimante. Pendant un temps, il l’avait effectivement été mais Lyanna était arrivé dans sa vie et avait réussi à supplanter le soleil de Dorne qu’était la Princesse Elia Martell. Il lui été finalement revenu, mais plus rien n’était comme avant. Pouvait-il lui en vouloir ? Bien sûr que non… Il pouvait juste tenter de lui rendre la vie plus facile, plus douce, surtout sur la fin. Il avait ensuite tenté d’être un bon père. Les Dieux lui en soient témoins, il a aimé ses enfants dès le premier jour où on le lui mit dans ses bras. Et que ne s’était-il senti frustré et impuissant en constatant malgré lui qu’il ne parvenait à passer suffisamment de temps avec ses enfants qui grandissaient toujours plus vite. Cependant, aucun des deux ne semblaient lui en tenir rancœur et pour eux deux, il tenta d’être pour eux un père plus qu’un Roi, même si bien souvent, ils ne voyaient de lui que cette seconde facette de sa personnalité. Alors que dire lorsqu’Aegon signifia qu’il abandonnait ses prétentions au Trône et que Rhaenys tua la vie en elle ? Le premier détruisait tous les espoirs que le Roi fondait en lui et en un avenir meilleur pour les Sept Couronnes, lorsqu’il ne serait plus là. La seconde mettait en danger les relations de la Couronne et du Val sans parler des rumeurs qui allaient à présent bon train sur elle et sur sa…santé mentale… Le coffre de bois contenait la dernière partie de son coeur d’homme, anéanti et détruit par les années et le chagrin.

A genoux devant le coffre ouvert contenant tout ce qui avait constitué sa vie d’homme et non de Roi, Rhaegar ne disait mot, fixant simplement son contenu d’un air vide et absent. Pas même ne frissonnait-il dans ce lieu où le froid extérieur avait réussi à prendre ses aises. Ser Barristan, debout à quelques pas derrière le Roi, s’approcha :

Votre Majesté, nous devrions remonter à présent. Vous allez attraper le mal à rester ici plus longtemps.

Rhaegar redressa la tête, comme si la voix du Hardi l’avait sorti de son état hypnotique. Il se remit debout difficilement, ses jambes étant engourdies par la trop longue position accroupie dans laquelle il se tenait depuis trop longtemps. Puis il se retourna et scruta son Capitaine de la Garde Royale comme s’il s’apercevait enfin de sa présence à ses côtés. Ses yeux tombèrent sur le flambeau dans la main gauche de Barristan Selmy. Un instant, les flammes brillèrent dans ses iris, mélange aussi beau qu’étrange de teintes oranges, jaunes et violettes. Enfin, ses lèvres s’entrouvrirent :

Mettez-y le feu, Ser Barristan. souffla-t-il.

Le chevalier le regarda, interloqué :

Majesté ?

Les yeux du Roi quittèrent les flammes pour tomber sur le visage ridé du Hardi :

Le coffre…Mettez-y le feu. dit-il. Quelque chose de rauque et de menaçant se fit entendre au fond de sa voix. Ser Barristan s’avança vers le coffre, regarda tous les souvenirs du Roi qu’il contenait et se retourna :

Mais…Majesté…C’est là votre vie…Vous…

Il n’eut pas le temps d’argumenter plus avant car Rhaegar l’empoigna violemment par le col où était attachée sa longue cape immaculée :

Êtes-vous devenu sénile, Ser ? Que n’avez-vous pas saisi dans les mots « mettez-y le feu » ? lui cracha-t-il au visage. Je ne veux plus savoir cette chose ici, même dans cette pièce. Alors, pour la dernière fois…Mettez-y le feu, Ser Barristan.

Ce dernier regarda le Roi-Dragon comme s’il ne le reconnaissait pas. Doucement, les doigts de Rhaegar se desserrèrent pour finir par lâcher totalement le vieil homme. Barristan finit néanmoins par obtempérer, plus qu’à contre-coeur. Cela, Rhaegar le vit dans son attitude et dans la façon dont les yeux du blanc chevalier se posèrent sur lui après avoir déposé quelques flammes de son flambeau sur et dans le coffre ouvert, là, au beau milieu des froides pierres noires de la pièce. Rhaegar observa le coffre brûler puis il tourna les talons et s’en retourna en de grandes enjambées vers ses appartements, sans plus entendre la voix de Barristan Selmy qui l’appelait en contrebas ni voir que le vieil homme extirpait en hâte deux objets du coffre en flammes.

Il ouvrit les portes qui menait à cette partie secrète du Donjon Rouge à la volée, traversa les couloirs presque en courant, ignora tous ceux qu’il croisait sur son chemin tant ils étaient inexistants à ses yeux. Enfin, il atteignit ses appartements dans lesquels il entra puis referma lui-même la porte derrière lui, à la surprise et à l’incompréhension des deux gardes royaux postés de part et d’autre de celle-ci. Il ferma la porte à clé et se retourna, soudain comme pris de panique. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine et il peinait à respirer. Il se précipita vers la fenêtre la plus proche pour l’ouvrir et inspirer à plein poumon l’air glacé qui y pénétrait et s’engouffrait dans la pièce. Soudain, un bruit lui parvint dans son dos. Il se retourna vivement et scruta la pièce, l’air angoissé :

Qui est là ?

Pas de réponse. Un bruit qui lui était parvenu de l’extérieur probablement. Il tenta de s’en convaincre et referma la fenêtre quand soudain, à nouveau, le même bruit se fit entendre.

Qui est là ??!! cria-t-il. Je sais que vous êtes là ! Montrez-vous !

Son regard sondait chaque recoin de ses appartements. Il fit quelques pas vers le centre de la pièce. Un froissement de tissu, des bruits de pas dans son dos foulant les luxueux tapis de Myr. Le visage de Rhaegar se crispa de colère face à cette intrusion dans ses appartements privés.

Que faîtes-vous dans les appartements PRIVÉS du R… dit-il en se retournant avant de se figer littéralement sur place. Il fit trois pas en arrière, se cognant contre la table qui se trouvait derrière lui. Sa bouche s’ouvrit mais aucun son n’en sortit tandis que ses yeux s’embuèrent de larmes.

Bonjour Rhaegar… lui dit la Princesse Elia Martell de sa voix triste…



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Les démons du passé RP SOLO


II resta totalement interdit face à cette apparition. Rêvait-il? Oui il devait rêver; c’était la seule explication possible à la présence de sa première épouse dans cette pièce. Cependant, une voix dans son esprit lui soufflait qu’il était bel et bien réveillé. Non…Impossible… Elle s’approcha de lui encore un peu, le regardant de ses yeux tristes tel qu’elle l’avait toujours regardé depuis le tournoi d’Harrenhal et tout ce qui en avait découlé.

Qu’as-tu fait, Rhaegar? le questionna-t-elle.

Il secoua la tête, ferma les yeux, desquels s’échappa quelques larmes et se plaqua les mains contre ceux-ci:

Tu es morte. J’étais là, je t’ai vu mourir. Tu ne peux pas être ici. Non… répétait-il inlassablement comme pour se convaincre lui-même. Il inspira profondément puis retira ses mains et rouvrit les yeux. Elia n’avait pas bougé.

C’est vrai…Je suis morte, dit-elle. Tu as précipité mon décès avec ce que tu m’as fait.

Elle posa ses mains sur les épaules de Rhaegar, ce qui le fit tressaillir d’effroi tant ce contact lui sembla réel.

Je t’aimais, reprit-elle, sa voix prenant soudain une note colérique à la place de ce ton triste. Je t’aimais de tout mon coeur, je t’ai donné des enfants dont tu ne t’ai pas plus occupé après ma mort que lorsque j’étais encore en vie. Et toi? Qu’as-tu fait en retour?

Rhaegar se dégagea de son touché en écartant d’un mouvement brut les frêles bras d’Elia Martell. En retour, le visage de celle-ci devint méconnaissable de colère. Il se déforma par la haine qu’elle avait tu toutes ces années, se consacrant alors entièrement à ses enfants pour oublier la peine que lui avait causé son époux:

Tu…m’as…abandonné…pour…cette…TRAINÉE DU NORD! lui hurla-t-elle au visage. Ce fut au tour de Rhaegar de la saisir par les épaules et de la projeter violemment à terre. Il en profita pour s’éloigner d’elle tandis qu’elle pointait toujours un doigt menaçant dans sa direction et qu’elle répétait encore et encore cette même dernière phrase. Rhaegar se détourna d’elle et au moment où ses yeux quittèrent le corps d’Elia, à terre et le pointant du doigt, il se trouva face à face avec Lyanna Stark. Il sursauta en arrière et laissa échapper un cri de surprise et d’horreur. La Louve avait le visage noyé de larmes. Elle se tenait là, près de la fenêtre qu’il avait ouverte il n’y avait pas dix minutes de cela. Son bas ventre était souillé de sang, sang qui ruisselait en un flot ininterrompu le long de ses jambes. Ses pieds nus baignaient dans un lac rouge et poisseux. Elle tendait les mains vers lui mais ne bougeait pas, répétant sans cesse de sa voix brisée par les sanglots:

Aide-moi Rhaegar. J’ai si mal je t’en prie, aide-moi. Où étais-tu?

Il recula vers le centre de sa pièce. Il se trouvait au milieu d’Elia et de Lyanna, toutes deux déformées l’une par la colère, l’autre par la douleur, lorsqu’une autre femme s’approcha de lui, sur sa droite. Il sentait qu’elle approchait mais refusait de tourner la tête dans sa direction. Comme tétanisé, il resta là, la laissant approcher. Toutefois, il n’eut pas besoin d’attendre de la voir pour la reconnaître; son odeur la trahissait.

Mère? murmura-t-il, tournant des yeux horrifiés vers elle.

Rhaella Targaryen était au moins reconnaissable, à l’inverse d’Elia et de Lyanna. Elle se plaça devant son Premier-Né et l’observa longuement en silence. Rhaegar fut soudain lui-même saisit par ce soudain silence qu’il l’entourait. Il chercha du regard Elia et Lyanna, tournant et se retournant sur lui-mes, mais elles avaient disparu.

C…Co…Comment…Elles…, bégaya-t-il.

Elles sont parties, mon fils. Elles avaient dit ce qu’elles avaient à te dire. Maintenant elles sont en paix. Elles t’ont donné leurs tourments.

Je..Je n’ai jamais voulu ça! Je n’ai jamais voulu qu’elles souffrent! Je les ai tant aimé…toutes les deux.

Tu as une drôle de façon d’exprimer ton amour pour les femmes, dans ce cas. Même sur ce point, tu ressembles tant à ton père. Lui aussi, avait une manière bien à lui de me démontrer son amour…

Elle remonta ses manches, dévoilant ses bras marqués d’ecchymoses. Elle baissa son col, lui montrant des marques rouges autour de son cou, comme si on avait voulu l’étrangler. Rhaegar se détourna de sa mère et alla vers une autre fenêtre qu’il ouvrit en si grande hâte que l’un des battants cogna contre un vase qui se trouvait sur un guéridon proche de cette même fenêtre. Sous l’effet du choc, il tomba et se brisa en touchant le parquet de bois.

Non…Je ne suis pas comme lui…Je ne l’ai jamais été…protesta-t-il, secouant vivement la tête de déni.

C’est vrai, pendant longtemps je l’ai cru. Tu avais tout du galant chevalier des contes. Prodigieux à l’épée comme aux arts, sensible mais fort. Tu m’as fait espérer un avenir meilleur…Mais cet espoir ne dura qu’un temps. Que tu le veuilles ou non Rhaegar, tu finiras comme ton père. Cruel et fou…

NON !!! NON !!! Vous mentez, vous mentez TOUS !

Non? répéta Rhaella sur un ton ironique. Tu as fait souffrir Elia, tu as abandonné Lyanna pour ta guerre, tu as sacrifié tes enfants au profit de ta couronne. Et que dire de ton frère et de ta soeur? Viserys t’a toujours admiré. Il te vénérait. S’il a fait ce qu’il a fait, c’est par ta faute. Il t’aimait et tu as récompensé cet amour par l’exil pour une faute jugée avec trop de hâte.

Je ne suis en RIEN responsable des actes de Viserys! Il en est le seul fautif! C’est LUI qui a voulu ce qui est arrivé; LUI qui a voulu être jugé par ordalie. Son exil est de SON fait.

Rhaella regarda son fils avec pitié: Tu te mens à toi-même, mon fils. Mais vois-tu…Ce n’est pas pour Viserys que je suis ici. Souviens-toi; que t’ai-je dit au sujet d’Elia et de Lyanna? Qu’elles étaient venues pour te donner leurs tourments… Je veux être en paix moi aussi…Voici le mien.

Rhaegar regarda sa mère avec un air de défi dans ses prunelles améthystes. Cette dernière eut soudain les yeux brillants de larmes: Tout ce que tu as fait sont les conséquences de tes propres choix. Comme tu l’as dit pour Viserys, toi aussi tu as fait tes choix. Tu as choisi de bafouer une femme qui t’aimait pour une passion éphémère que te proposait une autre, Tu as abandonné cette dernière à la mort pour ta guerre. Tu as préféré consacrer du temps à ta couronne plutôt qu’à tes enfants. Tu n’as pas vu l’admiration de ton jeune frère avant qu’elle ne se transforme en haine… Mais surtout, mon fils, tu as été totalement absent pour ta soeur à mon décès.

Rhaella baissa la tête et laissa libre cours à ses larmes avant de poursuivre:

Tu l’as laissé totalement seule. Tu l’as abandonné à son chagrin, elle qui en si peu de temps venait de perdre les deux seules personnes qu’elle a toujours aimé. Son frère exilé, sa mère décédée… Elle avait besoin d’être écoutée et comprise et toi, tu es resté sourd à ses besoins.

Vous vous trompez mère. Daenerys ne me pardonnera jamais l’exil de son frère. Venir la réconforter à votre mort alors que je suis celui qui la connais certainement le moins dans notre famille aurait été le comble de l’hypocrisie…

Peut-être bien…Mais ce pas que tu aurais dû faire vers elle, cette main tendue que tu aurais dû lui offrir…Ma Daenerys aurait vu qu’il y a malgré tout un coeur derrière ce Roi qui se trouve être également son frère. Cette chance, tu l’as désormais perdu…perdu à jamais. Avoues que tu ne la considères pas que comme un de tes sujets, comme une jolie petite fille timide et facile à utiliser, comme un pion dont tu peux disposer comme bon te sembles. Avoues-le, Rhaegar, AVOUES-LE !!!! AVOUES-LE !!!! AVOUES-LE !!!!

Rhaegar se plaqua les mains sur les oreilles, recula, blessé et accablé et tomba à la renverse sur le canapé qui se trouvait dans son dos. Il resta un long moment plié en deux sur le canapé, les yeux hermétiquement clos et les mains sur ses oreilles, sans même entendre les violents coups qu’on frappait à sa porte. Lorsqu’il finit par rouvrir les yeux et baisser ses mains, la pièce était sombre et froide. Des deux fenêtres grandes ouvertes s’engouffraient le vent glacial de l’hiver, vent qui avait fait s’éteindre les quelques bougies éclairant la pièce. La seule lumière provenait désormais du faible feu de cheminée et de la lune.

Il regarda autour de lui et poussa un long soupir de soulagement. Il était enfin seul. Mais ce soulagement ne dura que quelques brefs instants. Car de son fauteuil sur sa gauche, plongé à demi dans l’obscurité, il pouvait entendre un ricanement qu’il n’avait plus entendu depuis des années. Lentement, il tourna la tête vers la gauche et distingua un corps assis dans ce même fauteuil. Il n’en voyait que les jambes, la moitié du ventre et le bras droit, que la lumière de la lune éclaira jusqu’au coude. Il reconnaissait ces vêtements, ce rire et cette main tremblante. Ces tourments n’étaient pas encore terminés; Aerys II Targaryen allait y veiller personnellement…



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Non il ne rêvait pas...Il était bien là. Assis tel qu'il avait toujours coutume de s'asseoir sur le Trône de Fer, le buste légèrement penché en avant pour éviter que les lames des épées qui en constituaient le dossier ne lui laboure trop le dos. Les mains toujours légèrement tremblantes et cette lueur de d"mence qui brillaient sans discontinuité dans ses yeux sur les dernières années de sa vie...Rhaegar regarda autour de lui, mais il n'y avait nulle trace d'Elia, de Lyanna ou de sa mère. Comme s'il avait pu lire dans son esprit, son père répondit:

Cherches-tu le soutien de ces garces, fils? Trop peur pour affronter son père pour aller se cacher sous les jupes de sa mère peut-être? lui lança-t-il, le ton moqueur.

Rhaegar ferma les yeux si fort qu'il eut mal aux paupières et se plaqua les mains sur les oreilles, répétant sans cesse:

Vous êtes mort; vous n'êtes pas réel...Vous êtes mort; vous n'êtes pas réel...

Soudain bousculé par Aerys qui s'était levé, il tomba à terre et se cognit la tête contre le meuble qui se trouvait derrière lui. Sous l'effet du choc et de la surprise, il ouvrit les yeux et se massa le crâne à l'endroit où le choc avait eu lieu. Aerys se trouvait devant lui et le toisait de toute sa hauteur:

Debout...

La haine redonna des forces au Roi-Dragon qui, la mâchoire serrée et le regard remplit de colère, se redressa d'un bond:

Laissez-moi...Disparaissez...

Ou quoi? Tu fomenteras de nouveau un guet-apens pour me destituer, fils? Ou engageras-tu un nouveau Jaime Lannister pour me trancher la tête?

L'ordre ne venait pas de moi; il a agit de son propre fait...

Oh oui mais cela a bien arrangé tes affaires...Que le fils prodige du Vieux Lion se charge de mon cas... Moi qui t'ai pourtant défendu face aux Stark...

En les tuant atrocement !hurla Rhaegar. Vous êtes tout autant coupable que moi d'avoir lancé cette guerre, père.

Il calomniait mon propre sang ! Il me calomniait moi ! HERETIQUES ! PARJURES ! TRAITRES ! Il devait brûler. Ainsi les Targaryen se débarassent-ils de leurs ennemis. Toi, comment te débarrasses-tu des tiens? En les pardonnant...En leur retirant leurs fils pour les placer en tant que pupilles chez les familles de ceux qui ont combattu à tes côtés...En leur accordant l'indépendance...En allant jusqu'à exiler son propre sang ! lui répondit-il, sa voix rauque et cassée lui hurlant au visage.

Viserys est le seul responsable de ses actes. Il voulait être jugé par les Dieux; les Dieux l'ont reconnu coupables.

Et toi tu as été bien prompt à croire les racontars d'une servante, les bêtises qu'a débité cette gueule toujours affamé du vieux et gras Manderly...Que t'importait donc le sort d'une gamine, d'une Nordienne? Tu as fait grand cas d'un fait divers nordien et au contraire, tu as traité avec trop de légèreté le cas des Fer-Nés. Ses rats sont indépendants maintenant...Ta misérable vie n'est qu'une suite de mauvaises décisions...

Ils détenaient des otages. Je ne suis pas comme vous; je n'aurais jamais risqué leurs vies pour...

Au contraire, imbécile ! Le Royaume doit passer avant tes états d'âme pour une dizaine d'otages... Que sont dix morts face à tout un royaume en danger? Ils auraient dû crever et toi, tu aurais dû déclarer la guerre à la Seiche et tous les tuer...Tous les brûler...

Non, jamais! Folie ! Vous êtes fou; vous vouliez tous nous voir brûler...C'est ce que le Lannister m'a confié, avant sa mise à mort. Vous vouliez tous nous voir brûler... Je ne suis...

Quoi Rhaegar? le coupa-t-il. Tu n'es pas quoi? Pas comme moi c'est ça?

Aerys partit de ce rire de dément qui l'habitait dans ses derniers jours. Puis, sans crier gare, il le saisit fermement par la nuque et le mena jusqu'au miroir le plus proche:

REGARDE ! lui cria-t-il à l'oreille, REGARDE ! Et ose à nouveau me dire que tu n'es pas comme moi, misérable...

La peur l'avait saisit aux trippes par ce geste aussi soudain que violent...et affreusement réel. Il sentait les doigts de son fou de père lui serrer la nuque et ses ongles longs et sales s'enfoncer dans sa peau. Alors, relevant la tête, il contempla son reflet dans le miroir. Le même teint gris, les mêmes cheveux longs, ternes et sales, les mêmes cernes sombres, les mêmes yeux rougis...Lentement, Aerys desserra sa poigne:

Pas comme moi? Tu en es toujours aussi sûr, maintenant?

Rhaegar resta un instant sans voix, incapable de prononcer un mot et n'entendant pas non plus les violents coups frapper à sa porte. Ressemblance physique seulement...Je n'ai pas votre démence... lui répondit-il en scrutant le reflet de son père à travers le miroir. Celui-ci se mit à rire: C'est cela...Essaies de t'en convaincre...Tu es un incapable, un bon à rien, un idiot romantique qui comptait fleurette au peuple en lui chantant et en lui jouant de douces mélodies, un Roi qui se croit bon pour son peuple mais qui le met plus encore en danger car il n'est pas craint de ses ennemis...Ni de son peuple d'ailleurs. L'autorité d'un Roi découle...

...de la crainte qu'il suscite à son peuple et à ses ennemis...récita Rhaegar, connaissant cette litanie par coeur car l'ayant maintes fois entendu de la bouche de son père, étant plus jeune...après qu'il l'eut frappé et que sa mère se trouvait à terre, frappée elle aussi pour avoir essayer de le défendre.

....de la crainte qu'il suscite à son peuple et à ses ennemis... répéta Aerys. Es-tu craint par ton peuple, Rhaegar?

Non répondit-il, dans un état second.

Es-tu craint par tes ennemis?

Non.

Aerys s'écarta légèrement de lui: Deux choix, Rhaegar...Pareil Roi devrait mettre fin à ses jours s'il est incapable de régner...Ou alors, pareil Roi se resaisirait et montrerait au monde ce qu'il en coûte de se jouer du Dragon...Réponds, qui es-tu?

Rhaegar l'observait avec peine, ses yeux s'embuèrent de larmes. Qui es-tu? répéta son père avec impatience.

Rhaegar...de la Maison Targaryen, Premier du nom. Roi des Andals et des Premiers Hommes. Souverain légitime des Sept Couronnes... répondit-il à mi-voix.

Les lèvres de son père frémirent à cette réponse: Et que vas-tu faire?

Régner...Régner par la terreur et l'autorité...

Son regard était comme obscurcit par un voile sombre qui lui cachait la réalité. Il lui semblait flotter, là, dans ses appartements. Il ne ressentait rien, ne voyait rien ni n'entendait rien. Il n'entendit pas le verrou de la porte tomber à terre, ni la porte se fracasser contre le mur sous les assauts répétés de la Garde Royale qui avaient entendu les cris de leur Souverain à travers la porte. Il ne sentit pas les mains gantées de blanc de Barristan Selmy qui l'avaient saisi aux épaules et le secouaient, légèrement d'abord puis avec plus de force, en voyant que son Roi semblait ailleurs... Il n'entendit pas la voix du vieux chevalier ni de ses frères d'armes l'appeler. Puis, se fut comme si le voile s'était brusquement levé...et que le jour s'était fait.

Majesté? Majesté vous m'entendez? lui répétait le Hardi.

Soudain à nouveau parmi eux, Rhaegar regarda autour de lui. Certains fouillaient ses appartements, d'autres le contemplaient avec une inquiétude non dissimulée.

Qu...Que...Que faîtes-vous? demanda Rhaegar en les voyant s'affairer ainsi. Ce fut Barristan qui lui répondit:

Majesté, nous vous avons entendu parler et crier...Des objets sont tombés...Il semble que vous soyez tombés vous aussi. Vous avez une plaie ouverte à l'arrière du crâne. J'ai fait quérir votre nouveau Mestre. Il sera bientôt là...

Parler? Je suis tombé? demanda Rhaegar, ne comprenant rien de ce que le Capitaine de la Garde Royale lui disait.

Vous ne vous souvenez pas Majesté?

L'absence de réponse de Rhaegar fit apparaître une grande inquiétude mêlée de peur dans les yeux et sur le visage du vieil homme. Il reconnaissait ce qu'il voyait sur les traits et dans le comportement de son Roi; il l'avait déjà vu chez son prédécesseur et père... Rhaegar se sentit soudain oppressé par tant de monde autour de lui.

Sortez...Partez, TOUS ! DEHORS ! dit-il, criant de plus en plus fort.

Les chevaliers se regardèrent entre eux avant de scruter leur Capitaine. Celui-ci toisa un instant le Roi...Sa plus grande crainte venait d'apparaître devant lui. Barristan qui avait toujours pensé que Rhaegar Targaryen était exempt de la folie de son père...Lui aussi, après avoir essuyé tant de déceptions, de désillusions et de tristesse autour de lui, sombrait à son tour...

Sortez, Messers. Sa Majesté désire rester seule. dit-il finalement à ses hommes. L'un après l'autre, ils quittèrent la pièce. Barristan fut le dernier à sortir. Après s'être résigné à tourner les talons, il fit finalement volte-face et retourna auprès du Roi en lui mettant deux petits objets carrés semblables à des petites boîtes en bois dans la main:

J'ai sauvé ceci des flammes, Majesté. N'oubliez pas qui vous êtes.

Puis il se retourna et quitta la pièce, non sans lui dire qu'il enverrait de suite quelqu'un pour réparer la porte. Lorsqu'il fut à nouveau seul, Rhaegar regarda ce que Barristan Selmy lui avait donné.

Il s'agissait effectivement de petites boîtes de bois. Rhaegar alla s'asseoir dans un fauteuil face à la cheminée et les ouvrit l'une après l'autre. Toutes deux contenaient une petite mèche de cheveux. La première, une mèche de cheveux blonds, légèrement argentés. La seconde, une mèche de cheveux aussi noir que l'ébène. Il prit les mèches dans sa main droite, ferma son poing sur elles puis le porta à ses lèvres avant de s'effondrer en larmes. Rhaenys et Aegon restaient, malgré toute la peine qu'ils lui avaient causé, son dernier refuge, sa dernière sécurité, son dernier rempart face à la démence que ces visions avaient désormais distillé dans son esprit fatigué, torturé, malade...


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