[FB] I am here for you | ft Daenerys

La funeste nouvelle était arrivé un matin sans prévenir alors que la petite princesse allait au chevet de sa mère qui n’allait pas bien depuis leur retour de Dorne. Mais à l’approche des appartements, on lui avait annoncé la terrible nouvelle. Elle avait refusé d’y croire, elle avait refusé d’admettre la vérité. Mais quand elle avait le corps sans vie de sa mère, quand ses doigts avaient effleuré la main froide de la femme qui lui avait donné la vie, son monde s’était effondré brutalement. Un garde l’avait raccompagné dans ses appartements tant bien que mal face à ce corps secoué de sanglot inconsolable. Depuis la jeune Daenerys Targaryen était enfermé dans ses appartements et ne cessait de pleurer la disparition de sa mère. La douleur qu’elle ressentait au fond de sa poitrine était insoutenable, jamais elle n’aurait pensé pouvoir ressentir une telle douleur. Elle n’arrivait pas à arrêter ses larmes de couler sur ses joues. Ses yeux la brûlaient, il n’y avait que le sommeil qui lui permettait d’arrêter le flot salin qui se déverser sur ses joues opalines.

Combien de jour s’était écoulé depuis la mort de sa mère ? Elle n’en savait rien. Elle ne comptait plus les heures, ni les jours qui s’écoulaient. Elle voulait juste arrêter cette douleur qu’elle ressentait mais elle n’y arrivait pas. Comment évacuer tout ce qu’elle ressentait ? Elle l’ignorait. La princesse argentée était victime de ses émotions tourbillonnantes et folles, pleine de douleur et de tristesse. Elle entendit à peine les coups frappés contre la porte de ses appartements. Elle vit une silhouette s’approcher de son lit, vêtu de noir. Daernerys leva son regard améthyste et discerna à travers ses larmes le visage de sa nièce, Rhaenys. Elle se laissa tomber dans les bras du dragon ensoleillé, laissant ses larmes couler librement le long de ses joues. La belle dragonne était probablement la mieux placé pour savoir ce qu’elle ressentait. Elle avait perdu sa mère jeune, elle savait surement ce que traverser la petite princesse en ces jours sombres.

Les mots de Rhaenys ne lui promettaient pas monts et merveilles. Elle restait honnête dans ses mots, ne lui mentant pas sur la réalité de sa douleur qui n’allait pas disparaître rapidement. Mais sa famille était là pour la soutenir, la consoler, l’aider à surmonter son chagrin, à avancer. La nouvelle de la venue de Viserys pour les funérailles réchauffa légèrement son cœur. Elle avait besoin de son frère, ce frère qui devait demeurer si loin d’elle désormais. C’était comme si elle avait perdue deux membres de sa famille en peu de temps. Même si elle pourrait revoir le dragon de l’est, c’était comme si une partie d’elle-même n’était plus là. Le tout combiné lui ravageait le cœur. Rien n’allait. Elle se faisait balloté dans tous les sens comme un navire en pleine tempête. Elle n’arrivait pas à reprendre le contrôle.
« Ca fait si mal...Pourquoi j’ai si mal ? »

Rhaenys avait-elle la réponse à sa question ? Elle qui avait traverser cette épreuve bien des années plus tôt. Daenerys n’avait aucun souvenir de la reine Elia, ayant grandi à Peyredragon et n’étant âgé que de deux ans lors de la disparition de sa belle-sœur, elle n’avait pu voir le deuil de sa famille. Elle le découvrait pour la première fois, ignorant comment faire passer le mal qui la rongeait, comment avancé sans celle qui l’avait protégé, choyer et aimer durant quinze années. Rhaella avait sa force, son courage, son modèle, son bouclier contre le monde. Elle se retrouvait aujourd’hui seule et apeurée face aux ténèbres.

Rhaenys ignorait d’où venait la douleur sourde qui imprégné le cœur de la princesse argenté depuis le décès de sa mère. Elle lui promettait qu’elle finirait par s’estomper mais pas de suite. Une profonde inspiration fit trembler le corps frêle de Daenerys qui tenta d’acquiescer tant bien que mal à l’explication de sa nièce qui avait plus un rôle de grande sœur à l’heure actuel que de nièce. Leur différence d’âge leur donnait des rôles différents de ceux qu’elles auraient dû avoir. Mais ce n’était pas pour déplaire à la jeune fille qui avait terriblement besoin de soutien bien qu’elle se refusait de le formuler de façon claire, s’enfermant dans ses appartements pour affronter son chagrin et sa peine seule. Elle ne voulait voir personne mais la petite princesse devait bien avouer que la présence du dragon ensoleillé réchauffer son cœur et apaiser un peu ses tourments. Lové au creux des bras de la fille du roi, la jeune fille trouvait un certain réconfort.
« Co…comment tu as fait pour la surmonter ? »

Daenerys prenait tous les conseils possibles pour atténuer sa douleur qui la rongeait. Elle ne voulait plus souffrir de la sorte, elle aurait aimé être plus forte pour mieux affronter sa peine. Rhaenys devait souffrir également de cette perte car après tout Rhaella était sa grand-mère et perdre un membre de sa famille était toujours douloureux. Mais elle ne semblait rien montrer, ses yeux n’étaient ni rouge, ni bouffis par les larmes, aucune cernes ne venaient souligner son regard, et les jolies couleurs qu’elle avait prise à Dorne lui permettait de garder une bonne mine aux yeux de la princesse argenté. Comment faisait-elle pour rester ainsi ? Sa force et son endurance impressionnaient la jeune fille et dans ce genre de moment, elle rêvait de pouvoir avoir la même chose pour affronter son chagrin tout en gardant la tête haute.

Daenerys écouta les mots de sa nièce, trouver l’étincelle qui allumera le feu qui brûlera dans son cœur. C’était fort probablement plus facile à dire qu’à faire et la douce demoiselle ne savait pas ce que pouvait être cette étincelle, ce petit déclenchement qui l’aiderait. Elle ne voyait pas ce que ça pouvait être. Mais visiblement le temps était la réponse, seulement la jeune fille le trouvait long. Elle avait l’impression que cela faisait des semaines que sa peine la rongeait et la torturait alors que ce n’était à peine que quelques jours. Comme le disait Rhaenys, elle devait s’appuyer sur sa famille, sur les trois autres Targaryen présent dans la capitale en attendant que Viserys n’arrive de Dorne. Son frère lui manquait et elle avait une envie terrible d’aller dans ses bras pour trouver du réconfort. Elle ignorait l’état de Rhaegar vu qu’elle ne sortait plus depuis la funeste nouvelle, pouvait-il lui apporter le même réconfort que le dragon de l’est ? Daenerys en doutait, elle n’avait jamais été proche de son frère le Roi et elle ne pensait pas pouvoir avoir un jour la même complicité qu’elle entretenait avec Viserys. Ils étaient trop différents, leur âge était trop différent pour qu’ils puissent se comprendre.
« Je ne sais pas ce qui peut allumer le feu du dragon. Je ne vois pas ce qui pourrait déclencher tout cela. Qu’est-ce que c’était pour toi ? »

Peut-être que l’expérience de Rhaenys l’aiderait à trouver sa voix, à trouver ce qui réveillerait le dragon qu’elle serait.

Quand les ténèbres s’abattent sur une vie simple et pure, tout s’assombrit et l’impression de pouvoir revoir un jour la lumière s’évanouit dans la nature brisant les espoirs de remonter la pente. Chagrin, douleur submergeait tout l’être sans aucun répit pour espérer qu’un souffle de vie ne vienne redonner un brin de lucidité dans les épreuves traversées. Les ombres dansaient dans une folle danse, narguant et charmeuse pour attirer leur proie dans leur bras langoureux et sombre. Une lutte permanente commençait alors pour ne pas se laisser aller à la facilité, pour se battre et tenter de survivre. Le chemin était difficile mais il n’y en avait pas d’autres et la jeune princesse des dragons s’en apercevait. Ce monde n’était que douleur et ténèbres, y survivre nécessité un combat quotidien. Mais Daenerys n’était pas une guerrière et trouver la force d’affronter cela devenait chaque jour un petit peu plus compliqué.

Pourtant sa nièce, la rayonnante Rhaenys affirmait le contraire, que le temps aiderait à trouver le chemin de la guérison. Elle voulait désespérément la croire, s’accrochant à ses conseils avec force et vigueur, tentant de s’imprégner de ses expériences pour en tirer des leçons afin de les appliquer. Mais comme à chaque fois le dragon ensoleillé était bien trop différente du Typhon née. Daenerys ne pouvait suivre les mêmes chemins car c’était à la fois impossible et cela ne lui ressemblait pas. Elle devait construire son propre chemin, trouver ses propres solutions dans un désert de noirceur et d’incertitude. Alors la jeune fille aux cheveux d’argents acquiesça avec lenteur se résignant à devoir encore souffrir pendant plusieurs semaines probablement. Elle espérait pouvoir survivre à ça, de pouvoir un jour sentir son cœur s’allégeait de sa peine et pouvoir sécher les larmes coulant sur ses joues. Mais cela s’était si les dieux le voulaient bien et ce n’était pour le moment pas dans leur volonté.

Les Sept voudraient-il également faire d’elle une véritable dragonne digne de la famille Targaryen ? Encore une fois la fille du Roi le pensait, son optimisme réchauffait avec douceur le cœur meurtri de la princesse argenté qui avait du mal à se dire qu’elle pourrait avoir la force de ses aînés un jour. Mais son conseil était avisé, suivre son propre chemin et non celui qu’on voulait qu’elle empreinte. Cela faisait plusieurs semaines déjà que Daenerys ressentait ce besoin viscérale de suivre sa voie, et ne plus subir sa vie. La mort de sa tendre mère l’avait aveuglé et lui avait fait oublié ce détail qui était devenu si cher à ses envies. Peut-être que sans le savoir, Rhaenys venait de lui donner la solution. Elle ne voulait plus subir les décisions qu’on voulait prendre pour elle, elle voulait les vivre et dire quand cela lui déplaisait. Le plus dur serait de trouver le courage pour faire ceci, trouver le courage de relever la tête et de dire tout simplement : non. C’était son but et elle devait se recentrer là-dessusquand la douleur deviendrait un peu plus supportable.

La jeune fille se redressa légèrement, se séparant de l’étreinte chaleureuse et apaisante de sa nièce. Elle glissa sa main sur ses joues pour sécher les larmes qui avaient humidifier sa peau opaline. Ses yeux améthystes se tournaient vers ceux si sombre du dragon ensoleillé.
« Penses-tu que je pourrais me rentrer à Peyredragon après les funérailles ? Rhaegar accepterait de me laisser partir ? »

Ce frère qu’elle ne connaissait pas, qui prenait les décisions pour elle lui imposant des choses s’en jamais se soucier de ce qu’elle pouvait bien penser de la situation ou de ses ressentis. Elle ne pourrait probablement jamais avoir une relation fraternelle avec lui, c’était probablement trop tard et trop de chose s’était passé pour qu’une relation frère sœur ne s’installe vraiment. Il était comme un étranger, comme un oncle ayant sa tutelle mais en aucun cas un frère.

La princesse argentée se défit de l’étreinte de la fille du Roi, séchant au passage ses joues d’enfant humides de larmes qui avaient coulées en trop grande quantité. Rhaenys la laissa se dégager avec douceur, la couvant d’un regard doux afin de ne continuer de la réconforter dans ce moment difficile. Le dragon ensoleillé luttait toujours contre ses propres émotions mais elle se focalisait sur un point, réconforter sa tante. Ce seul point lui permettait de faire abstraction de son environnement, d’oublier sa propre douleur de la perte de sa grand-mère. Cette femme qui avait toujours soutenu ses désirs d’impédance, lui permettant de s’affirmer là où les gens la regardaient en grognant car trop dornienne. Désormais la Targaryen devait faire son chemin seul et pour la mémoire de Rhaella, elle le ferait la tête haute et toujours avec fierté.

La question de Daenerys fit réfléchir un instant la princesse. Une demande à la fois surprenante et logique. Cette forteresse ancestrale avait été sa demeure durant quatorze années, elle représentait pour elle un sentiment de protection intense, la sensation d’être chez soi. Si Rhaenys était née sur cette île, elle n’y avait jamais vécu depuis la rébellion. Sa vie se résumait au Donjon Rouge et elle avait pris gout à son agitation, à ses murmures et à ses jeux de cour. Mais pour la princesse argenté, son quotidien était tout autre. Le calme et l’austérité des pierres de Peyredragon la rassurait et l’apaiser. Mais est-ce que son père allait accepter de la voir partir en période de deuil et aussi affecté par la disparition de la Reine Mère ? C’était une bonne question et la fille d’Elia Martell n’avait malheureusement pas la réponse.
« Je l’ignore. Mais si tu en ressens le besoin suit ton instinct et rend toi là-bas. Je suis sûr qu’il pourra comprendre ce que Peyredragon représente pour toi si tu le lui expliques. Il n’est pas des plus accessible mais il n’est pas dénue d’empathie pour sa famille. Il t’aime de tout son cœur même si vos relations ne sont pas vraiment celle qu’elles devraient être, si cela te permet d’aller mieux il entendra ta voix. Il posera peut-être des conditions par contre. »

Les minutes filaient et une servante apparue avec un plateau rempli de mets. La journée de Rhaenys était encore bien remplie mais elle refusait de laisser sa tante dans un état qui ne la rassurerait pas. Les larmes avaient cessé de couler sur les joues de la jeune fille aux cheveux d’argents, allait-elle un peu mieux pour le reste de la journée ? Le dragon ensoleillé l’espérait de tout cœur.
« Souhaites-tu que je reste pour le déjeuner ? Où désires tu un peu de solitude ? »

Daenerys avait ce caractère solitaire et parfois se recueillir seule lui permettait de souffler et de se calmer. Rhaenys pouvait aisément comprendre ce point-là, c’était pour cela qu’elle avait posé avec douceur cette question, glissant en même temps sa main dans la chevelure douce de sa tante pour lui dégager son visage enfantin.

Le temps restait en suspens, silencieux, dénué de toute musique agréable à l’oreille. La voix de Rhaenys venait percer ce silence avec douceur et honnêteté. C’était une triste constations que de devoir s’avouer que jamais la vie de la cour ne lui siérait jamais. Le calme, la tranquillité de sa forteresse natale lui donnerait la force nécessaire, elle pourrait sentir la puissance des vagues contre la roche sombre, elle pourrait laisser ses cheveux virevolter sauvagement sous l’action du vent lors d’une balade dans la cour. Croupir ici à Port Réal n’était pas une chose qu’elle appréciait et auquel elle arrivait à s’habituer.
« D’accord, j’essaierai d’aller lui demander… »

Quand la force et le courage de sortir de l’ombre de ses appartements la prendrait. Quand ? Elle l’ignorait, son cœur et ses émotions étaient beaucoup trop instable, la rendant aisément lunatique. Tant que la blessure béante de son cœur ne serait pas un peu cicatrisée, elle n’aurait la force de quitter sa chambre. La présence du dragon ensoleillé avait réussi à l’apaiser, les larmes s’étaient taries sur ses joues pâles et les sanglots ne secouaient plus son corps. Elle n’était toujours pas présentable mais son apparence était bien meilleure que lorsque sa nièce avait franchi le pas de la porte.

L’heure avait tourné, emportant avec lui les minutes qui semblaient être trop longue pour Daenerys depuis le décès de sa mère. Elles étaient passées plus vite et ne s’était pas vitrifier comme d’habitude si bien que la petite princesse argentée avait perdue toute notion du temps qui passe. Leur du déjeuner allait visiblement pas tarder à arriver, mais l’estomac de la jeune fille ne criait plus famine depuis bien longtemps. Une servante ou une de ses dames tenteraient bien de lui faire avaler quelque chose, une feuille de salade ou un fruit afin qu’un peu de sucre vienne redonner un peu d’énergie la dragonne.
« Je te remercie Rhaenys…mais je pense que je vais réfléchir à tes mots avisés et tenter de les faire résonner au fond de mon cœur. »

Sans le dire vraiment, elle préférait rester seule, profiter du calme ou le silence ne pouvait être rompu que par le vol d’une mouche intrépide.