Je suis de retour à la maison !

J’observais immobile Winterfell en flattant l’encolure de mon cheval. C’était un étrange sentiment d’être de retour à la maison. Je baissai le regard vers Nymeria qui me rendit mon regard et bailla. J’étais … presque triste de revenir, j’étais si bien à l’île aux ours moi ! Je me grattais la joue et penchai la tête sur le côté en me mâchouillant la lèvre inférieure. Ser Rodrick s’agita à mes côtés mal à l’aise, il devait craindre que je ne tourne la bride. Je ne faisais pas le moindre mouvement pour reprendre ma route, je me demandais même si Bran m’avait vu en grimpant une nouvelle fois en haut d’une quelconque tour. Je posais ma main sur le pommeau de mon épée en réfléchissant. Lequel de mes parents seraient le plus heureux de me retrouver … Mère serait furieuse, à n’en point douter, j’avais coupé, courts, mes cheveux, j’étais vêtu clairement comme garçon, je portais mon épée et tout un tas de choses. Je jetai un œil à mon chien de garde, il avait été furieux de découvrir que mes cheveux avaient mystérieusement raccourcis.

Alors qu’il allait me demander de reprendre la route, je donnai un petit coup de talon à mon cheval qui prit le trot tranquillement. Je montais comme un garçon. Je souris en regardant Nymeria suivre sans peine. Quelque part c’était bon de retourner à la maison ! J’avais hâte de revoir mes parents, mais l’Île aux Ourses allait terriblement me manquer. De toute manière … Je crois que je pourrais très bien y retourner si l’un de mes parents parlait de mariage avec moi. Ou de ma manière d’être. J’avais beaucoup discuté avec Dacey et j’étais fière de ce que j’étais. Pas une lady ? Et alors ! Si j’étais heureuse. Je pris néanmoins une profonde respiration en arrivant dans la cours.

Je sautais à terre sans même arrêter ma monture et bondis littéralement dans les bras de mon père qui me serra contre lui. Je m’agrippai avec force à lui, il m’avait beaucoup manqué, vraiment beaucoup. J’adorais le piquant de ses joues et j’eus du mal à le lâcher, mais mes pieds touchèrent bientôt le sol et j’esquivais de nouveau le regard de ma mère, pour saluer Été et Buisson qui venaient en même temps dire bonjour à Nymeria qui leur sauta dessus. Bon … Maintenant … Il fallait saluer ma mère.  Je fis un grand sourire et la pris dans mes bras avant de me hisser sur la pointe des pieds pour lui déposer un baiser sur la joue en souriant.

« Bonjour Mère ! Vous m’avez manquez ! »

Je me reculais d’un pas et détournai de nouveau brièvement la tête pour observer le jeu des loups qui s’était visiblement manqué. Je fis un grand signe du bras à Bran qui était assis, les jambes dans le vide sur le toit de l’écurie. En levant les yeux je vis aussi Sansa à une fenêtre. À elle je ne lui fis pas un signe. Je reportais mon regard sur ma mère. Combien de temps avant explosion ?

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D'un geste maternelle, Catelyn caressait les belles boucles de son dernier louveteau assoupi à ses côtés. Sans qu'elle ne puisse le contrôler, un sourire discret s'était dessiné sur ses fines lèvres depuis plusieurs semaines, illustrant la félicité que lui avait procuré ses retrouvailles avec son premier-né... Son regard bienveillant posé sur Rickon, la louve fut surprise d'être dérangée par l'arrivée de septa Mordane, visiblement essoufflée.  

— Madame ! Arya est revenue d'Ile-aux-Ours ! balbutia-t-elle avec précipitation.

Les yeux de la suzeraine du Nord s'illuminèrent de joie en apprenant la nouvelle. Sa petite chérie était de retour à la maison, revenue après près d'une lune d'absence difficile ! Laissant septa Mordane s'occuper du benjamin de la famille, la matriarche Stark quitta alors la chambre du petiot pour se diriger en direction de la cour de Winterfell, où Ned l'attendait.

Les portes du château s'ouvraient à peine, lorsque Arya débarqua en trombe de l'extérieur de la forteresse. Sans prendre la peine d'arrêter son destrier, la jeune louve impulsive se jeta de sa selle - au grand dam de sa mère, qui se faisait un sang d'encre de la voir se blesser - pour venir se blottir contre le corps de son père. Rapidement, les étoiles présentes dans les yeux de Catelyn quelques minutes auparavant s'étaient éteintes pour laisser place à un regard austère...
De toute évidence, la jeune demoiselle était habillée et se comportait tel un garçon ; mais surtout, sa belle chevelure brune semblait visiblement plus courte que lors de son départ de Winterfell... Arya se savait coupable, son refus de croiser le regard sévère de sa mère en était la preuve formelle. Pourtant, la cadette se décida tout de même à saluer sa mère. Malgré son agacement, Cat mima un sourire puis serra sa fille entre ses bras pour lui signifier son amour. Profitant du moment, elle glissa sa main avec tendresse dans les cheveux de son enfant, constatant ainsi mieux de leur longueur.

— Arya, tu m'as aussi terriblement manqué...

La Tully contenait ses ardeurs. Elle et son mari avaient parlé de l'attitude de leur fille tant de fois... Arya était une enfant difficile, si différente de sa sœur... Catelyn savait les répercussions que pouvait avoir ses sermons. Tenter de mettre une laisse au cou de la louve était impossible, elle devait se montrer plus conciliante, tant qu'Arya mettait elle aussi du sien pour convenir au minimum des attentes de sa mère...
Après les retrouvailles, Cat reporta son regard sur celle dont elle voulait à tout prix le bonheur mais surtout la sécurité...  

— Arya ? Pouvons-nous discuter seule à seule ? Nous avons tellement de chose à nous dire...

La cadette de la famille n'avait évidemment pas le choix. La matriarche Stark désigna alors du menton le chemin boisé qui menait au Bois Sacré, afin de signifier à sa fille de s'y diriger. Emboitant le pas derrière cette dernière, Cat pouvait déjà sentir le regard inquiet de son mari se poser dans son dos. Une fois assez éloignées, sans pour autant arriver jusqu'au barral, elle fit signe à sa fille de s'arrêter.
Reprenant la petite louve au sang chaud dans ses bras pour la cajoler une nouvelle fois, Catelyn se décida enfin parler...

— Une lune... Te savoir si loin de la maison, de moi pendant aussi longtemps fut rude... lui confia t-elle avant de reprendre...  

Tes cheveux coiffés ainsi.. te vont bien. Mais tu aurais dû m'en parler avant ! Et promet moi de ne jamais les couper plus court ! la voix de la Tully s'intensifiait, bien qu'elle faisait des efforts, son agacement était palpable.

Laissant la tension retomber, elle continua :

Ton séjour sur Ile-aux-Ours fut agréable ? Tu as l'air de bien t'entendre avec la petite dernière des Mormont...

L'interrogation de la Stark était sincère. Maege demeurait à près tout, celle qui était parvenue à faire réaliser à Cat qu'une femme était en mesure de devenir une valeureuse guerrière. Si les rêves de bataille d'Arya pouvait effrayer sa mère, celle-ci commençait doucement à se faire à l'idée que sa fille puisse un jour ressembler à la fière Mormont, si d'ici là elle n'avait pas réussi à la faire changer d'avis...

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Je sentis la main de ma mère dans mes cheveux. D’accord, elle l’avait déjà probablement vue à la seconde où j’avais posé le pied dans la cour du château, mais visiblement elle avait besoin d’une estimation. Je n’avais quand même pas coupé si court ! C’était aux épaules ce n’était pas si grave. Je les avais où avant ? Je ne savais même plus. Mais beaucoup trop longs, ça c’était sûr. En tout cas j’avais déjà une excuse pour la coupe. Mais en tout cas j’étais contente de serrer dans mes bras ma mère. Même si son ton … eu l’effet d’une boule de neige glissé dans les vêtements par surprise : glaciale. J’avalais péniblement ma salive. Mais par les Anciens ! Comment arrivait-elle à me faire se regard qui me faisait me sentir toute petite à chaque fois ?

Ah ? Maintenant tout de suite l’explosion ? Mais loin des regards ? Je regardais mon père qui me fit un petit signe d’encouragement, mon regard glissa vers ma louve qui jouait avec ses frères mais qui vient quand même brièvement me donner un petit coup de museau avant de filer. Je levais de nouveau les yeux vers Bran qui me fit une grimace. Je lui tirais la langue et il rit. Rickon devait dormir. Je suivis l’ordre de ma mère et me dirigeais vers le Bois Sacré. Au moins j’étais des plus à l’aise là bas ! Je posais, dans un geste naturel, ma main sur le pommeau de mon épée en regardant autour de moi. J’avais passé presque deux semaines entières dans les bois, mais malgré tout, c’était bien là où je me sentais le mieux. J’obéis sagement à ma mère lorsqu’elle me demanda de m’arrêter. Je lui rendis son étreinte avec amour en nichant mon visage contre son torse. La remarque sur mes cheveux tomba. Je retiens un soupire. Je haussai les épaules et répondis avec aplomb, malgré le mensonge.

« Je suis désolée Mère … C’était un accident. Je jouais avec Lyanna dans les bois, j‘ai glissé et je suis tombée dans la boue. Nous ne sommes pas rentrées tout de suite, on a encore joué un bon moment et mes cheveux se sont coincés dans les branches d’un buissons. Ils étaient encore pleins de boue glacée, de feuilles et de brindilles. On a essayé de me dégager sans rien couper … Mais on a pas réussit. Lyanna a coupé comme elle pouvait et Alysanne a arrangé le coup. Je ne les couperais pas plus courts ! »

Mais ce n’était pas dis que je les laisserais repousser en réalité. Non, c’était sûr ! Ils ne repousseraient pas ! Non, ça c’était sûr. Et puis comme ça je pouvais avoir la même coiffure que Père. C’était tellement plus confortable. Je me mordillais la lèvre inférieure face à l’interrogation de ma mère en hochant vigoureusement la tête.

« Il fut incroyable mère ! J’adore les Mormont ! Elles sont toutes fantastiques ! J’ai passé beaucoup de temps avec Lyanna, on s’est même entraînée ensemble. Je suis allée dans la forêt avec Dacey et on y a trouvé un ourson. C’est Nymeria qui nous a montré où il était. Le petit garçon d’Alysanne est adorable ! J’aime beaucoup Jorelle et Lyra aussi ! Je n’ai pas beaucoup vue Lady Maege, elle était occupée ! Mais j’adore ses filles ! Et ses petits enfants sont très drôles aussi ! Et puis ! Et puis ! »

Je perdais mes mots et je m’agitais dans tous les sens en essayant de tout expliquer et de tout bien faire comprendre à ma mère. Je me perdais un peu dans mes explications mais j’avais un grand sourire. Je finis par en avoir fait le tour … Je me grattais la joue. Non j’avais tout fait.

« Et Dacey et Alysanne ont dit que je pouvais revenir quand je voulais aussi ! »

Et je voulais absolument y retourner. J’y retournerais un jour ! J’en étais sûre. C’était impossible que je n’y retourne pas en fait ! Je fis de nouveau un grand sourire à ma mère en repensant à l’Île aux ours.

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Catelyn écoutait d'une oreille attentive sa fille réciter son excuse au sujet de ses cheveux. La petite louve semblait sincère, mais sa mère n'était pas dupe. Toisant la cadette du gouverneur du Nord de haut en bas, la matriarche de la famille Stark souffla discrètement quelques mots pour signifier à Arya qu'elle n'était pas crédule :

— Alors tu ne verras aucun inconvénient à ce que j'envoie un corbeau à Alysanne pour la remercier de son doigté de fée ? Et je ne doute pas que tu aies également de bonnes excuses quant à ta tenue et ton épée...

Tandis qu'elle passait avec tendresse sa main sur la joue froide de sa fille, l'ancienne Tully terminait ses remontrances par un sourire bienveillant à l'égard de cette dernière, lui indiquant ainsi qu'il n'était pas nécessaire de chercher d'autres justifications inutiles. Après tout, ce n'était pas si mal réalisé...  

Alors, Arya commença à raconter son séjour sur l'Ile-aux-Ours... Les yeux de l'enfant brillaient d'excitation lorsqu'elle évoquait son voyage, les Mormont, son temps passé à l'écart de sa mère... À l'écouter s'extasier, la poitrine de Cat se serrait de mélancolie. Sa fille semblait.. si heureuse loin d'elle, si épanouie. La louve ne cessait de se remettre en question... Était-elle une mauvaise mère à vouloir à tous prix la sécurité de sa petite ? Arya terminait son récit par la proposition de Dacey et d'Alysanne, le sourire jusqu'aux oreilles. Catelyn savait les Mormont honorables, de proches amies, fidèles à sa famille et auxquels elle n'avait pas peur de confier sa propre fille. Songeant quelques secondes sans dire un mot, la dame de Winterfell reprit :

— Et bien je n'y vois pas d'inconvénients... Si l'occasion se représente, je discuterai avec Maege ou Dacey volontiers.

Puis, un éclair vint frapper l'esprit de la mère, lui rappelant que sa fille pouvait parfois s'avérer "problématique"…

— J'espère d'ailleurs que tu n'en as pas fait des siennes là-bas ! Lyanna et toi n'avez pas posé de problèmes aux filles ? dardant d'un regard inquisiteur la petite louve, Cat ne comptait pas laisser passer la moindre sottise.

Ecoutant ce qu'allait lui répondre son enfant, la suzeraine du Nord reprit ensuite la parole tandis qu'elle fixait du regard le pommeau de l'épée de sa cadette.

— Cette lune passée sur l'Ile-aux-Ours t'a-t-elle était bénéfique ? As-tu appris quelque chose de nouveau qu'il te manque ici ?

Le ton de la matrone s'était progressivement adouci depuis son départ de la cour du château. La voix de Cat se voulait chaude et rassurante. La truite désirait réellement s'avoir si Arya s'était sentie grandie de cette expérience et ce qui lui manquait ici à Winterfell pour se sentir comblée, même si la mère pensait déjà tenir la réponse au bout des lèvres...

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Mère ne semblait pas réellement … convaincue par ma petite histoire ! Pourtant il y avait du vrai ! Le contexte était juste différent ! Mais c’était vrai qu’à la base c’était Lyanna qui devait me couper les cheveux, mais Alysanne était arrivée à temps. Je m’empêchais de me mâchouiller la lèvre, mère aurait été convaincue que ce n’était pas un accident. Je baissais le nez sur mon épée et ma tenue. Bon, ce n’était pas au goût de ma mère, mais ce n’était pas vulgaire. Enfin … Je réfléchis une seconde. Pour l’épée autant dire la vérité, je n’allais pas lui mentir, je lui répondis enfin en soutenant un peu son regard :

« Oh vous pouvez mère, Alysanne sera ravie j’en suis sûre. Pour l’épée, c’est Jon qui me l’a offert. Et ma tenue … C’est plus facile de courir, de faire du cheval et de s’entraîner en chausse qu’en robe non ? »

Je posais bien vite une main sur le pommeau de mon épée dans un geste protecteur. Je savais que mère n’aimait pas Jon. Mais je tenais à mon épée ! Je ne savais pas si elle pouvait me la prendre juste parce que Jon me l’avait offert, mais ça je ne la laisserais pas faire ! Non ! J’y tenais ! Mère avait beau faire un sourire rassurant, je savais qu’elle n’aimait pas Jon et je ne voulais pas tenter de perdre le cadeau de mon frère. Il me l’avait confié!Je souris malgré tout quand elle me caressa la joue. Une petite voix en moi me chuchota que peut-être elle testait la souplesse de ma joue avant de me gifler. Je secouais la tête. Mère ne m’avait jamais giflé et ce n’était pas aujourd’hui qu’elle aller commencer ! Enfin … J’espérais …

Je lui fis un grand sourire en dissimulant mes pensées. Bien sûr que je retournerais à l’île aux ours ! Et même si elle ne le voulait pas ! Je n’avais certes pas mémoriser tout le trajet, mais aller à Motte-la-forêt et ensuite de là bas l’Île aux Ours … Dix jours de voyage. À la première allusion de mariage pour moi, je sautais sur un cheval et avec Nymeria direction l’île aux ours jusqu’à mes seize ans ! Au moins là bas je pouvais combattre, m’entraîner, être qui je voulais sans que personne ne me juge. Je réfléchis un nouvel instant avant de hausser les épaules.

« Non … Je ne crois pas … Nous n’avons rien fait de mal. Et tu me connais je n’aurais rien fais qui puisse embarrasser mes hôtes et les Stark Mère ! »

J’étais un peu blessée par son manque de confiance en moi mais je ne le montrai pas. Je n’étais certes pas des plus sage, mais quand même ! Je savais me tenir ! Je n’allais pas m’amuser à mettre le feu à je ne sais quoi juste parce que j’étais un peu turbulente. J’avais autre choses à faire. Quand à ce que j’avais appris. Je serrais plus fort le pommeau de mon épée avec un sourire digne d’une louve. Je n’allais peut-être pas dire que j’avais appris ce qu’était la liberté de faire ce que j’aimais … Mais je le pensais très fort et j’étais sûre que cela devait se lire sur mon visage.

« Et bien ! J’ai appris beaucoup à l’épée ! J’ai découvert l’île, Lyanna m’a dit qu’Elle n’avait pas de leçon de couture. Du coup on s’est entraîné ensemble à l’épée et à l’arc aussi ! J’ai appris beaucoup sur moi aussi et l’histoire de l’île aux ours aussi ! Et j’ai appris aussi que définitivement je n’aimais pas les robes et que les chausses c’était beaucoup mieux. »

Certes ! Je provoquais un peu ma mère ! Mais elle m’avait demandé si mon séjour là bas avait été bénéfique. Oui il l’avait été ! J’avais très bien compris que je haïssais plus que ce que je ne pensais la couture, que faire du cheval ou s’entraîner était définitivement plus amusant que de piquer du tissus. ET quelque part … je voulais que ma mère comprenne aussi. Je n’étais pas et je ne serais jamais Sansa. Je poursuivis :

« Et je crois, mère, que jamais je ne serais une lady. Je veux être comme Tante Lyanna : une guerrière. »

Je l’avais affirmé en regardant ma mère droit dans les yeux sans détourner le regard. C’était … un soulagement de le dire et de l’affirmer. C’était comme-ci je n’avais plus le moindre poids sur mes épaule. Je guettais la claque qui allait partir face à ma déclaration. Mais je n’allais pas rougir de mes désirs.

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Jon Snow... Ce nom faillit bien arracher une grimace à la louve, qui s'efforçait de garder un air de façade digne et indifférent. La provenance de cette épée n'égayait guère l'ancienne Tully, mais la cadette de la famille Stark avait au moins eu le mérite de faire preuve d'honnêteté. Une franchise que sa mère appréciait... Alors, comme si l'évocation du bâtard de son mari ne lui avait procuré aucune peine ou rage, Cat continua l'exécution de ses gestes maternels qui se voulaient rassurants.

Selon ses dires, Arya n'avait pas importuné les Mormont et Catelyn s'en voyait rassurée. À l'écouter parler, sa fille semblait avoir tant grandi et mûri, tout cela en l'espace de si peu de temps... La jeune demoiselle qui savait parfois se révéler turbulente montrait aujourd'hui de la bonne foi envers sa mère. Son voyage l'avait visiblement aidé à s'épanouir... La matriarche des loups commençait doucement à se dire qu'elle devait peut-être laisser plus de liberté à sa fille...

Puis, Arya expliqua à sa mère ce que son séjour sur l'Ile-aux-Ours lui avait apporté. Entraînements à l'arc, à l'épée. La petite louve ne cacha pas à Cat toutes les activités qu'elle avait pu librement réaliser loin de sa mère. Toutes ces activités dangereuses qui avaient le don de donner des sueurs froides à la Tully... Arya clamait ainsi haut et fort qu'elle n'appréciait guère la couture et les robes... Le ton emprunté par la cadette était presque irritant pour sa mère, qui avait pourtant toujours désiré apporter à ses filles la meilleure des éducations. Mais hélas, cette manière de faire ne convenait visiblement pas à la petite dernière des filles du seigneur de Winterfell, qui préférait prendre en exemple sa tante feue Lyanna Stark, plutôt que sa mère.

Arya affirma alors - la tête haute - sa volonté de ressembler à sa défunte tante, dont la beauté avait signé les prémices de la rébellion du Cerf... Les yeux de Catelyn scintillaient de mélancolie à l'évocation de la Stark, hélas disparue. Cette tristesse venait-elle du souvenir enfoui du sort de sa famille causé par cette révolte ? Ou alors du simple fait de ne pas être justement considérée par son propre sang ? Ces questions semblaient superficielles et la mère des loups ne voulait pas y trouver réponse... Pourtant, son cœur c'était bel et bien serré suite à l'âpreté des propos de sa fille. Avait-elle simplement peur de la perdre, comme Ned avait pu perdre sa sœur ..?

Le vent glacial du Nord vint subitement réveiller Cat de ses songes, qui n'avait jusqu'alors rien répondu... Commençant par resserrer son manteau de fourrure autours d'elle, comme si celui-ci représentait la carapace qu'elle s'était construite suite à son chagrin datant de la rébellion, Catelyn reprit avec froideur :

— Ta tante Lyanna était pourtant bien une lady... souffla la suzeraine, avant d'essayer de se montrer moins austère.
Réfléchissant quelques instants pour savoir si ce qu'elle s'apprêtait à dire était la bonne décision, elle conclut finalement le regard complice :
Je discuterai avec ton père pour te trouver un maître d'arme... Si ton bonheur réside dans le fait de t'entrainer au combat et à l'équitation, alors j'accepte de te laisser cette liberté. Cependant jeune fille, cela ne te dispensera en aucun cas de tes leçons de couture ! Ton père et moi sommes fiers que tu prennes ta tante en modèle, mais si tu souhaites lui ressembler alors tu assisteras - tout comme elle à l'époque - à chacun de tes cours de broderie.

Catelyn espérait satisfaire son enfant... La louve savait de toute manière qu'il n'était pas rare qu'Arya s'éclipse s'entrainer en cachette. En lui offrant un maître d'arme, la mère s'assurait de pouvoir garder un œil sur sa fille ainsi que sur ses progrès.
Serrant une dernière fois sa petite entre ses bras tout en écoutant ce qu'elle pouvait avoir à lui dire, la dame de Winterfell ne comptait pas plus s'éterniser à l'extérieur...

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Honnêtement ? Je m’attendais à une claque retentissante sur ma joue pour avoir osé déclarer haut et fort ce que je voulais devenir. Après, je ne serais jamais vraiment comme Lyanna, elle était jolie. Pas moi. Et puis le premier homme qui s’approchait de trop près de moi, je lui taillais les oreilles. Je ne laisserais personne commettre autant de mort que Rhaegar pour ma tante. Je ne laisserais personne poser la main sur moi. Je serrais la main sur le pommeau de mon épée face au regard glaciale de ma mère et je me préparais à sentir sa main fouetter ma joue. Je ne pleurais pas ! Je ne p…

Je retiens ma mâchoire lorsque ma mère se mit à parler. Même si … Son ton était un poil glaciale au début ! Mais … Attendez … Je regardais autour de moi. Non, nous n’étions pas proche du Barral … Mais c’était visiblement un miracle des Anciens dieux ! Que ma mère accepte de penser au fait qu’éventuellement je pourrais avoir possiblement des leçons d’équitation et des leçons d’escrime ! Je me jetais contre ma mère et la serrais de toutes mes forces nichant ma tête contre son torse. Je pourrais toujours faire quelques efforts pour mes cours de couture … Possiblement … Potentiellement … En espérant que la septa ne me court pas trop sur le haricot ! Et Sansa aussi !

Je sentis que les mains de ma maman étaient froides. Ah ! Je dégageais les miennes de mes gants et lui tendis pour qu’elle les mette avant de lui prendre la main et de me diriger vers le château. Il fallait rassurer ma mère aussi. Je levais le visage vers elle avec un grand sourire. Comment la rassurer ? AH oui ! Je savais en fait ! Je savais très bien !

« Je te jure que le premier homme qui s’approche un peu trop près de moi et qui n’est pas de ma famille je lui taille les oreilles en pointe ! Et puis je resterais que dans le Nord ! Et puis je serais encore plus forte que Lyanna ! Comme ça si on tente de m’enlever ils finiront le nez par terre ! Et puis je serais la meilleure guerrière du monde ! Personne n’osera me faire du mal ! Et comme ça je te protégerais toi, Sansa, Bran, Rickon et tout le monde ! Je me battrais aux côtés de père ! Tu sera fière de moi ! »

Et je ferais des efforts pour tenter de m’améliorer un peu en couture. Mais c’était si barbant la couture ! Puis j’y comprenais rien. L’épée c’était si facile et si fluide ! Je serrais les doigts de ma maman dans ma main et lui fis un nouveau sourire pour la rassurer. Elle serait contente de moi et elle n’aurait pas à regretter son choix !

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