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Le jeune lord et le dragon caché (pv Rhaenys Targaryen)

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Un soleil pâle brulait au dessus des murs ocres de la ville.  Ses rayons  qui transperçaient les nuages  tombaient doucement, venant se refleter sur la cotte de maille que portaient les soldats qui accompagnaient le jeune Lord ainsi que la robe grise de leurs montures.  Harrion releva ses yeux clairs et pourtant sombres de resignation vers l'astre timide, espérant voir en sa présence dans le ciel un signe encourageant du destin. Le voyage avait été long et pénible, le premier de la sorte pour le jeune homme qui n'avait jusque là parcouru que les routes accidentées du Nord. Mais sa fatigue s'était évanouie dès l'instant où il avait posé les yeux sur les remparts de Port-Réal. Des jours et des jours entiers passés si vite et durant lesquels il lui avait semblé parcourir le monde entier tant les régions différaient les unes des autres, des jours entiers qui avaient été effacés par la simple vue de l'imposant Donjon Rouge et de la cité Royale. A l'égal de la plupart des jeunes gens du Nord, Harrion s'était souvent plu à sourire de la sophistication des gens du Sud, à leur gout du Luxe et de l'extravagance, cependant jamais il ne s'était attendu à ce qu'une émotion aussi violente que la peur lui serre le coeur en contemplant la taille gargantuesque de cette ville.  Jamais Harrion n'avait autant regretté les vastes plaines et les grandes forets du Nord que lorsque lui et ses gardes s'étaient arrété un instant pour admirer Port-Réal.  La bouche entrouverte par l'etonnement et les sourcils froncés par l'inquiétude, il avait parcouru des yeux l'immensité de la bastide. Il soupira, admiratif et terrifié tout à la fois:

-Une telle cité existe-donc vraiment?

Rod, le doyen des chevaliers qui l'avaient accompagné jusqu'ici, grand ami de feu son père, approcha alors sa monture de celle du jeune homme.

-Oui Mylord. Hélàs pour nous, mais surtout pour les pauvres ères qui sont coincés à l'intérieur.

Harrion, fixant les murs rouges, et qui n'avait eu de cesse de penser au moment où il se trouverait aux pieds du Roi se maudit soudain d'en avoir oublié qu'il ne devrait pas seulement affronter la famille royale, mais aussi la forteresse qui les abritait. Se sentant ridicule, il tenta de reprendre une contenance plus digne de son rang, ce qui n'echappa pas au vieux chevalier, qui l'avait vu grandir.

-C'est naturel d'être intimidé. Votre père aussi détestait cette ville. Ajouta-t-il avec un sourire nostalgique, vous honorerez sa memoire.

Touché dans son orgueil, et loin d'être rassuré par les propos du vieil homme, il voulut donner le signal du départ, mais son souffle fut coupé alors qu'il s'empressait d'enjoindre ses soldats de reprendre la route d'un geste de la main tout en talonnant sa monture.

Perché sur sa jument, un vertige l'avait pris à la simple pensée que, au loin, tout au bout de ces boyaux infiniment nombreux et qui formaient le labyrinthe de cette ville rouge, se trouvait le Roi. Un roi qu'il devait rencontrer, ainsi que la cour.  Il avait beau mépriser les Targaryens, leur lignée consanguine et aux rois exécrables, le garçon qu'il était ne pouvait s'empécher de se demander quelle serait sa réaction dès lors qu'il se retrouverait face à eux, et surtout, face à lui. Rhaegar Targaryen, un guerrier presque légendaire et qui, Harrion le redoutait, ne réserverait pas un acceuil des plus chaleureux à un jeune seigneur issu d'une des régions les plus enclines à lui exprimer toute la joie qu'elle aurait à le voir tomber de son trône. Une contrée qui, en plus, s'était bien gardée de lui apporter le moindre soutien lors de l'impressionant siège qu'avait subi la capitale...


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Le brouhaha qui l'entoura soudain sortit le garçon de ses pensées. Il resserra ses mains gantées de cuir sur la bride de son cheval et baissa son regard sur le monde étrange qui l'encerclait à présent.  Aux côtés des épaules couvertes de sueur de son destrier, se faufilaient autant de mendiants que de bourgeois, des chaises à porteur aux pauvres qui ne pouvaient marcher. Il releva soudain la tête, impressioné par la misère qui régnait si près de lui. A peine s'était-il rendu compte qu'ils s'étaient bel et bien engouffrés dans les rues de la capitale que le jeune homme se sentit pris au piège.  Il avait beau être entouré de quatre soldats qui faisaient de leur mieux pour éloigner les passants des montures, les rues grouillaient de gens telle une fourmillière, et les marcheurs, loin d'être intimidés par l'allure sobre et donc banale des tenues de cuir de ces gens du nord, frôlaient sans honte et sans gène les destriers du seigneur et des chevaliers, certains allant meme jusqu'à les bousculer de la carriole qu'ils trainaient ou des sceaux qu'ils portaient. Sentant sa nervosité et la partageant surement, sa solide jument piaffait, fouettait l'air de sa queue au moindre son, tirait sur les rènes et ses grands yeux sombres roulaient et jetait des regards inquiets sur la foule compact qui les entourait. Le regard de son cavalier était tout aussi inquiet, et, ne pouvant supporter davantage ce spectacle pourtant si banal mais auquel il était confronté pour la première fois, s'obligea à fixer son regard droit devant lui. Lorsqu'il sentit une petite main se poser sur sa botte, c'est à peine s'il put croiser le regard des enfants qui mendiaient, et qui disparurent dans la foule avant même qu'il ait eu le temps de porter sa main à sa bourse. Il s'apperçut en remontant la rue, que la présence de deux manteaux d'or devait être la raison du départ précipité des gamins, dont certains n'avaient pas plus de six ans, il le craignait et cela l'attrista profondément. Le groupe de Nordien s'avança ainsi pendant de longues minutes, remontant les rues étroites qui semblaient s'assenir et s'élargir au fur et à mesure qu'ils s'approchaient du Donjon Rouge, à leur grand plaisir.

Le choc de cette première embrassade avec la ville, sans compter la chaleur tout simplement cuisante pour Harrion qui était habitué à voir de la neige, même lors des longs étés, avait exténué le jeune Lord qui profita avec soulagement de l'ombre et de l'apparente sérénité qui régnait dans une rue adjacente à la Rue des Soeurs. Maintenant sa jument au pas, il profita du calme pour se placer en tête de marche. Le sire de Karhold retira son gant et essuya la sueur qui perlait sur son front et qui collait quelques mèches des ses cheveux bouclés sur sa peau, essayant de calmer son souffle malgré la moiteur.  Les chevaux, eux aussi plus batis pour resister au froid qu'à la chaleur etouffante qui regnait dans les rues de la capitale, commençaient à accuser le coup. La sueur trempait leurs encolures et seule la jument du jeune lord semblait encore avoir de l'énergie, car elle seule continuait de frapper le sol de ses sabots de temps à autres, avec moins d'entraint qu'auparavant mais toujours avec force, là où les autres montures, plus jeunes et moins resistantes, avançaient mollement. Au grand dam du frère du brun, Eddard, qui tentait tant bien que mal de rattraper son retard sur le reste du groupe alors qu'il était seulement quelques mètres en arrière. Un coup de talon de trop, et son jeune étalon, dans ce qui semblait une tentative de désarçonner ce cavalier un peu trop remuant, fit un écart jusqu'à se retrouver face à face avec une jeune fille. La surprise fut elle pour le jeune cheval qu'il esquissa une levade avant d'être ramené violemment au sol par son cavalier. Eddard, bouillonnant, en profita pour prendre la jeune fille comme coupable et se répendit en injures sur elle, la traitant de tous les noms tristes qui pouvaient mettre en exergue de façon peu honorables ses origines exotiques.

Entendant le bruit, deux des trois chevaliers avancèrent leur montures vers le duo, tentant maladroitement de calmer le second né Karstark, encerclant sans y prendre gare la pauvre fille. Pendant ce temps, Eddard brusquait son cheval vers la jeune fille, comme désireux de la bousculer pour de bon.
Toujours aux côtés de Rod qui semblait partagé entre l'abattement et l'amusement, Harrion se retourna, évaluant rapidement la situation et connaissant bien son petit frère, il n'eut aucun mal à comprendre qui était en tord dans cette histoire. Sa voix resonna aussitôt dans la ruelle.

-EDDARD!

Il fit faire demi-tour à sa monture et rejoignit son frère au trot. Toute l'autorité qui avait resonné dans sa voix l'avait lui même surpris dans la maturité qu'elle dégageait, et avait réussi à faire taire son frère, tout en installant un silence tendu entre les deux jeunes gens ainsi que dans la ruelle en général. Son frère avait beau avoir accepté son statut de cadet, il avait pourtant du mal à retenir ses élans de colère depuis que Harrion avait succédé à leur père. Alors qu'il remontait la rue, Harrion déglutit difficilement, fusillant son frère du regard, car son petit scandale avait attiré les regards des passants mais aussi des curieux aux fenètres. Eddard, le poing serré, fulminait et soutint le regard de son ainé un moment avant de finalement capituler dans un grognement frustré, il s'écarta de la jeune fille sans pour autant s'excuser. Harrion s'adressa alors à la jeune fille, d'une voix plus douce, timide et pourtant presque agressive dans l'accent farouche qu'elle possédait.

-Veuillez excuser mon frère. Nous avons fait un long voyage, les hommes autant que les chevaux sont fatigués. Nous sommes à la recherche d'un endroit où nous pourrions abreuver nos montures, en connaissez-vous en?
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Le jeune lord et le dragon caché


« Princesse ce n’est pas prudent ! La dernière fois…
-La dernière fois, nous soutenions un siège.
-Mais…
-Non ser vos arguments ne me feront pas changer d’avis. »

Le garde de la princesse Targaryen bougonna tandis que la jeune femme enfilé son armure dornienne avec l’aide de ses servantes. Elle laissa cependant ses cheveux détachés, normalement elle n’aurait pas à se servir d’arme. La cité reprenait son souffle après les violents assauts lancés par les deux frères Baratheons. Et il était hors de question pour Rhaenys de ne pas suivre l’avancée des travaux et de prendre des nouvelles de la population. De plus, pourquoi un siège devait changer ses habitudes. Certes allaient prendre plus de précaution que la dernière en mettant une armure, elle ne serait ainsi pas encombrer par une lourde robe en plus avec la chaleur qu’il faisait en ce jour ce n’était vraiment pas la meilleure chose à faire. Le Dragon ensoleillé  sortit de ses appartements et regarda sa garde. Toujours tous fidèles aux postes. Beaucoup de dornien principalement, mais aucun homme venant du Val d’Arryn, du Nord ou du Conflans. Elle n’était entourée que par des hommes de confiance, même la garde royale n’avait pas la noble tâche de la protéger car elle refusait catégoriquement de leur confier cela. Trop de mauvais souvenir par rapport à la rebellion, un garde royal avait tué son grand père alors qu’il était censé le protéger. Même si elle ne portait le Roi fou dans son cœur, cet évènement était resté dans la mémoire de l’enfant qu’elle était à cette époque-là.

Elle sortit dans la cour où sa monture l’attendait et la jeune femme monta en selle.  Le destrier isabelle, piaffait d’impatience. L’animal était le compagnon de la fille du Roi depuis maintenant trois ans, et ils s’étaient liés d’amitié. Elle adorait les chevaux dornien, les trouvant noble mais elle avait eu un coup de cœur pour cet hongre qui ne manquait pas de caractère. Rhaenys l’avait donc choisit pour qu’il soit sa monture officielle parmi tous les chevaux de la famille royale. Elle se tourna vers ses hommes. « Allez à Fossedragon, vous enquérir de l’état des travaux. Venez me retrouver à la porte du lion. ». Sur ses mots la princesse talonna sa monture et partit au trot vers les portes de la cité ayant subi les assauts des éléphants. Les chevaux faisaient claqués leur fer sur les pavés des rues, les habitants regardaient la délégation passer sans un mot. Les combats étaient encore bien présent dans les esprits et certains avaient péris et se remettait doucement de cela. La brunette observait les visages meurtris, pauvres, affamés. Les enfants courraient et mendiaient. Cela déchira leur cœur de la jeune femme qui aimerait les aidaient. Elle se promit après avoir l’état des lieux des travaux, d’aller aidait ses pauvres gens dans leur deuil et la pauvreté.

Ils arrivèrent enfin à la porte du lion qui avait subi l’assaut des éléphants de guerre de Stannis. Les gens du guet étaient en train d’évacuer les carcasses des pachydermes tandis que des maçons, charpentier et forgeron refaisaient la porte défoncée par les béliers et les animaux. L’endroit grouillait de monde et les ordres fusaient de tous les côtés. Rhaenys se prit à penser aux commandants du guet, Rowen Hightower, qui avait gagné sa main en tuant la bête de tête. La jeune femme en voulait toujours à son père pour son idée déplacé pour motiver ses troupes. Elle avait eu de la chance que ce soit un Hightower et non un pauvre forgeron du Culpucier. Elle s’avança vers celui qui semblait être le chef de l’organisation des opérations. En reconnaissant la fille du Roi, l’homme s’inclina. « Comment avance les travaux Ser ? » Le chevalier tourna les plans vers la jeune femme «  Bien votre Altesse, la porte du Roi vient d’être terminé et la porte du lion sera finit dans quelques jours. Le plus compliqué c’est d’évacuer les carcasses des éléphants. Nous avons fait appel à un spécialiste de ses bêtes d’Essos pour nous aider. » Les yeux bleus de la Targaryen parcoururent les plans, les avancés. « Très bien, le Roi en sera informé et sera heureux que tout se passe comme prévu. ». Elle tourna les talons et repartit vers les montures qui attendaient à l’ombre, loin  de la poussière soulevé par les hommes.

Les chevaliers envoyés au Nord de la cité arrivèrent au grand galop et stoppèrent nette leurs chevaux à sa hauteur. Le dragon ensoleillé les interrogea du regard. « Tout se déroule comme prévu votre Altesse, le Culpucier donne une sacrée main d’œuvre en échange de quelques piécettes. » Hochant la tête, Rhaenys tendit les rênes de sa monture à un de ses hommes. «  Je remonterai à pieds. Vous deux vous venez avec moi. Vous autres remontez au Donjon Rouge. » Certains recommencèrent à râler mais obéir. Elle attrapa la bourse remplie d’étoile de cuivre et commença à remonter les rues de la cité. Mais elle fut plus discrète que la dernière fois pour distribuer ses pièces. Les rues étaient pleine a craqué et la jeune femme ne voulait pas que la situation se reproduise et ses gardes n’ont plus car ils collaient Rhaenys avec insistance. Cependant depuis le temps que la jeune femme faisait ses excursions en ville, elle commençait à connaître pas mal de recoins et de rue moins fréquenté. Elle prit une rue à côté de la rue des Sœurs et demanda à ses gardes de rester en contre bas.  Un orphelinat s’y trouvait. Elle y pénétra et demanda à voir le propriétaire des lieux à qui elle remit dix étoiles de cuivre pour les enfants orphelins à cause du siège. Honorer l’homme la remercia et la princesse ressortit. Mais elle tomba nez à nez avec un cheval à moitié affolé qui se cabra légèrement pour l’éviter. Son cavalier semblait furieux et commença à insulter la princesse. Si Rhaenys avait l’habitude de se faire insulter pour ses origines elle n’avait point l’habitude de se faire insulter de la sorte. Elle entendit un cavalier au loin réprimander de façon autoritaire le jeune homme. Le noble arriva à la hauteur de la fille du Roi et s’excusa pour le comportement de son frère. Les deux gardes de la Targaryen ayant entendu eux aussi les cris arrivèrent prêt à dégainer. La jeune femme leur fit signe de s’arrêter avec sa main mais ils gardèrent leur main sur la garde de leur épée.

« Je l’excuse mais qu’il fasse attention à la personne qui se trouve en face de lui. D’autres seraient d’un rang moindre et serait bien moins clément messire … Karstark ? » Elle avait observait les hommes et avait reconnu leur emblème. Des nordiens. Rhaenys se montrait méfiante envers eux. « Pour ce qui est des lieux où vous pouvez loger, il y a des auberges plus ou moins réputés non loin de la colline d’Aegon. » la jeune femme fixa le jeune homme. Il était bien jeune, semblait timide et comme beaucoup de seigneur du Nord semblait austère. « Je me dirige vers le Donjon Rouge, voulez-vous que je vous y conduise ? La ville est grande et il est facile de s’y perdre. » Elle n’avait pas décliné son identité ce qui surprenait les gardes mais elle voulait faire le test de savoir comme les gens réagissait envers elle quand elle ne disait pas qui elle était vraiment.


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Soulagé de voir son frère obtempérer et se taire aussitôt qu'il le lui ordonna, Harrion se détendit quelque peu sur sa selle...ou du moins jusqu'à ce que n'apparaissent les deux gardes qui accompagnaient la jeune fille et dont les mains étaient d'ors et déjà posées sur la garde de leurs épées.  Ils furent aussitôt imités par les trois nordiens qui accompagnaient les Karstarks, et qui manquèrent de subtilité car eux n'hésitèrent pas une seconde à faire briller au grand jour l'acier de leurs armes. Harrion ne les en empécha pas. Ainsi le nord était-il fait. La sournoiserie comme la délicatesse s'étaient dilué dans le sang du Nord pour presque disparaitre, écrasé par la méfiance farouche ainsi qu' un tempéremment brut, peu enclin  à la négociation. Le jeune Lord sentit l'accablement former une boule dans son estomac alors qu'il regrettait de plus en plus d'avoir amené son frère à la capitale. Il le maudit dans son esprit et se promit de le corriger aussitôt qu'ils seraient à l'abri des regards. Mais, si l'agitation qu'ils venaient de causer était somme toute légère, c'est pourtant avec inquiétude que son regard scruta la jeune femme ainsi que les deux chevaliers qui la flanquaient, priant de tout son coeur pour ne pas déceler sur le tissus les armes d'une puissante famille. Alors qu'il se rendait justement à la capitale dans une optique de paix, cela serait un comble qu'il reparte en trainant derrière lui la réputation d'un jeune arrogant dont le frère agressait à tour de bras les membres éminents de la noblesse.  
Ayant fini son inspection sans avoir rien découvert, il expira longuement, un peu plus calme. Aucun emblème trop menaçant ne figurait sur les armures de leurs interlocuteurs. Cependant, la carapace légère que portait la jeune femme ainsi que ses traits le laissèrent  deviner qu'il avait affaire à une dornienne, car aucune autre femme des septs couronnes, qu'elle soit du Bief ou du Val, n'aurait porté avec autant d'aisance l'armure qui semblait comme une seconde peau à la jeune femme.

Alors qu'il écoutait la réponse de la jeune femme, Rod approcha sa monture de celle de son seigneur,avec qui il échangea un regard suspicieux. De son regard gris, le vieux chevalier fit comprendre sa méfiance au jeune brun. Une méfiance qu'Harrion partageait, comme n'importe quel nordien qui s'adressait pour la première fois à un dornien. Une dornienne qui, s'il en jugeait à la lueur farouche de ses yeux, se méfiait d'eux, au moins autant qu'ils se méfiaient d'elle. Quand elle accorda son pardon à son frère, Eddard la fusilla du regard, comme pour la mettre au défi de réaliser ses menaces tandis que les chevaliers de Karhold continuaient de fixer les gardes de la jeune femme.  Puis, au moment même où elle proposa d'accompagner le groupe jusqu'à l'auberge qu'elle leur conseillait, Rod se tourna vivement vers le lord, craignant l'idée que la naiveté du jeune homme risquerait de lui donner, le regard alerte débordant d'avertissements, presque suppliant. Un lourd silence s'installa, jusqu'à ce qu'Harrion hoche la tête en disant:

-Bien, nous vous suivrons.

Au grand desespoir de son garde principal, Harrion avait donc choisi de suivre les indications de la jeune femme, et de la croire, à défaut de lui faire confiance. Le brun n'était pas plus à l'aise que Rod, qui trépignait presque sur sa selle tant il angoissait à l'idée de faire ne serait-ce qu'une pas aux côtés de ce peuple dont il se méfiait tant, mais son instinct lui dictait de faire ainsi. La jeune femme leur cachait visiblement son identité, mais ses gardes et son maintien la décrivaient pourtant comme une noble des terres du Sud, et elle était manifestement  une fine connaisseuse de Port Réal, ce dont ils avaient cruellement besoin pour trouver leur chemin. D'un signe de la tête, il indiqua à ses gardes de ranger leurs épées. C'est pâle comme un linge qu'il descendit de cheval, aussitôt imité du loyal Rod dont la crainte pour la sécurité du Lord n'était plus à prouver, ignorant consciencieusement son frère qui crachait allègrement ce que tous ses soldats pensaient surement. Harrion espérait que la jeune fille aurait la patience de passer outre cette insulte renouvellée de son frère.

-Tu rigoles n'est-ce pas? Tu ne vas pas suivre cette...cette fillasse, si? lança-t-il à haute voix, sur un ton révolté que l'incrédulité rendait rieur.

Lorsqu'il posa pied à terre, il regrettait plus que jamais sa décision, sur laquelle il ne pouvait plus revenir. Après tout son frère n'avait  pas tord. Ils ne savaient rien de cette jeune femme qui pouvait tout aussi bien etre une dame qu'une riche mercenaire, et dont la proposition semblait tout d'un coup tomber un peu trop à point, et surtout trop facilement. Mais Harrion était fait de telle manière que plus il doutait, plus il se butait. Il ne rennonçait jamais facilement, même lorsqu'il pensait faire une erreur, tant il avait horreur d'abandonner. Un trait de caractère hérité de son père, et que Rod ne connaissait que trop bien pour avoir l'idée de contester cette décision, ainsi que le faisait Eddard.  S'avançant vers la jeune femme, il profita d'être enfin à sa hauteur pour se présenter en bonne et due forme.

-Je suis Harrion de la maison Karstark, Sire de Karhold. Je vous remercie de l'aide que vous nous accordez malgré les dérangements que nous vous avons causé.

La raideur et le conformisme de ses propos avaient de quoi faire sourire, mais la maladresse d'Harrion avec la gente féminine était telle qu'il ne pouvait faire autrement que de s'accrocher à la plus stricte des étiquettes pour eviter de se ridiculiser. C'est d'ailleurs ce même comportement chevaleresque qui l'avait poussé à descendre de cheval. La beauté de son interlocutrice n'aidait pas à le rendre plus confiant.  Ainsi, ne se pavanait-il pas en déclinant son identité, et son ton simple, bien qu'austère, n'obligeait pas la jeune fille, comme il est normalement de mise lors des présentations, à dévoiler son nom à son tour. Naivement sans doute, il avait décidé de respecter le choix de la jeune femme, bien que cela ne le rende que plus méfiant à son égard. C'est pourquoi, si sa main gauche tenait la bride de sa jument, sa main droite, elle, était posée sur la garde de la dague qu'il portait à la ceinture.

Alors qu'ils commençaient à marcher, il sentait déjà que Rod et son frère lui en voulaient déjà de s'être si facilement écrasé devant cette inconnue. Ils avancèrent ainsi pendant plusieurs minutes dans un silence pesant. Puis, pour se libérer du poid de ces accusations silencieuses qu'il sentait dans son dos et des gromellements furieux de Rod, il décida d'engager la conversation.

-Vous semblez bien connaitre la capitale. Séjournez-vous souvent ici?

Son ton était neutre, et il n'avait pas accordé un regard à la jeune femme, gardant son regard sombre et buté fixé droit devant lui.
Le groupe bien que plutôt discret, attirait pourtant la curiosité des passants et des marchands qu'ils croisaient, et nombreux étaient les regards en biais qu'on leur jetait. A dire vrai, cela était compréhensible car le contraste qu'opposaient les  deux jeunes gens qui étaient en tête avait quelque chose de remarquable. Lui était aussi glacial et farouche   que les terres du Nord, et elle , aussi  fascinante et dangereuse que le désert.
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Le jeune lord et le dragon caché


La réaction des nordiens ne surprit nullement la jeune femme. Pourtant elle put sentir ses deux gardes se montrer méfiant et être prêt à dégainer à tout moment, si la situation dérapait. Ils étaient d’ailleurs assez mécontents de ne pas avoir pu répondre en dégainant leurs épées, mais un ordre était un ordre et c’était pour cela qu’il était aux services de la princesse. Elle ignora complètement le regard mauvais que lui jeta celui qui l’avait insulté un peu plus tôt. Et les deux guerriers derrières avaient une folle envie d’aller expliquer la vie au jeune homme mais ils n’en firent rien. Harrion bien que méfiant, accepta de la suivre. Elle leur fit donc signe de la suivre laissant ses hommes ouvrirent la voix. Elle entendit la nouvelle insulte du jeune frère du Lord. Un de ses chevaliers craqua en claquant de la langue se retournant vers Eddard. « Ecoute gamin, la fillasse que tu insultes depuis tout à l’heure t’envoie au tapis quand elle veut. Alors… » « Ser Beric ! Ça suffit ! Laissez ce garçon en paix ! » L’incompréhension put se lire dans le regard du dornien. Tout en râlant et reprenant sa marche. « Excusez le…il est un peu sur les nerfs en ce moment. » en réalité, Rhaenys ne voulait nullement s’excuser mais ayant retenu quelques-unes de ses leçons, elle savait que pour arrangé les affaires diplomatiques avec le Nord, il fallait faire des concessions.

Harrion se présenta, et la princesse avait vu juste. Il s’agissait d’un Karstark. Le seigneur de Karhold. Cependant elle ne s’inclina pas devant le Sire d’une grande maison du Nord. « Je suis ravie de faire la connaissance d’un grand seigneur du Nord. » Le trajet ne serait pas bien long, connaissant les chemins de traverse pour éviter les artères principales de la cité qui était un peu pleine de monde à cette heure-ci de la journée. Mais la populace dévisageait le groupe avec étonnement. Le visage de Rhaenys n’était pas inconnu du peuple, elle descendait bien trop souvent en ville pour aider les pauvres gens, mais la voir en armure en compagnie de nordien qui ne semblait pas savoir à qui ils avaient à faire, en surprenait plus d’un. Et cela amusait grandement la fille du Roi. Elle marchait de façon décontracté mais tout en restant noble. La tête haute mais sans pour autant être hautaine. Le Dragon Ensoleillé était elle-même. Sans l’étiquette que lui imposait la cour, dans l’anonymat avec ces nordiens qui ignorait son identité.

Harrion ouvrit la conversation. Sa question fit sourire la Targaryen et elle se tourna vers lui toujours en souriant. « En réalité messire, j’habite ici à Port Réal. » Elle ne connaissait pas la cité par cœur, mais suffisamment autour du Donjon Rouge pour connaître les petits recoins. « Et plus précisément au Donjon Rouge du coup Port Réal n’a plus beaucoup de secret. » Elle venait de lui laissait un indice sur son identité, cependant cela pouvait porter à confusion car il n’y avait pas que la famille royal qui logeait au Donjon Rouge. Les dames de compagnie de la Reine mère et de Rhaenys y habitaient également. La main du Roi et les membres du conseil restreint. Donc un peu indice caché dans une motte de foin en réalité. Mais le nordien allait pouvoir utiliser cette information comme il le voulait. « Et vous Lord Karstark, qu’est-ce qui vous amène dans la capitale ? Car en dehors de Robb Stark et Whyatt Holt, nous ne croisons pas beaucoup de nordien. Vous allez être la curiosité du moment. » Et encore Robb Stark venait de partir en direction de Winterfell. Son père l’avait défait de sa condition d’otage de la couronne pour sa loyauté et son comportement exemplaire durant le siège de la cité.

Les deux hommes de tête s’arrêtèrent nette. Au loin une émeute éclatait pour x ou y raison. La princesse soupira. « Je n’ai pas le temps pour cela. Ser Beric allait prévenir le guet. Faisons un détour, nous n’avons qu’à prendre la Rue Pansetruie pour rattraper la rue des Tisserandes. Il y a moins d’influence de ce côté même si cela nous fait traverser le Culpucier. » Le garde hocha les épaules et bifurqua à gauche pour prendre les ruelles du Culpucier en direction de la rue Pansetruie. Une dizaine de minutes plus tard il avait quitté le culpucier et avançait dans la rue désirait où le monde était moindre. "Je suis navrée que vous voyez la cité dans un tel chaos. Le siège des Baratheon est encore tout frais laissant la population sur les nerfs."



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