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Idiot est celui qui remet à demain le profit des plaisirs terrestres

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Tellement de parfums, tellement de couleurs… Shera en a le tournis. Tout ici est fait pour attirer l’œil, le nez, la langue… En plein cœur du marché de Lancehélion, les étoles chatoient de mille feux, les épices chatouillent l’odorat et la gorge n’entend que l’appel du miel et du vin, toujours plus fort. Les agressions, ici, sont nombreuses, et toutes sont délicieuses. Du moins, la jeune femme ne s’en lasse pas. Ce n’est pas sa première visite à Dorne, mais le plaisir de la découverte est intact, identique à celui qu’elle a ressenti lorsqu’elle a mis les pieds pour la première fois dans ce maelström de couleurs, de sons et de parfums. Et aujourd’hui, ce maelström, elle en fait partie. Bien que d’envergure modeste, son stand s’aligne au même titre que tant d’autres, dans l’une des rues accueillant le marché. Relativement sobre, car à la toile blanche et non pas rouge, ocre, orange, bleue ou mauve, son étal détonne quelque peu. Juste assez pour attiser la curiosité du chaland, selon la bâtarde. Attirer le chaland… Tout l’enjeu des marchés est là, dénoter suffisamment pour susciter la curiosité, mais pas trop, parce que trop d’excentricité est aussi néfaste que trop peu.

Shera, pour sa part, a de la suite dans les idées. Non contente de proposer un large choix de boissons, elle propose également une gamme réduite de quelques produits esthétiques à base de roses, et réalise sur place des tartes, qu’elle fait cuire au fur et à mesure, pour que l’odeur de pâte sucrée qui s’en dégage, et de fruit en train de confire, amène les plus gourmands des clients jusqu’à elle, poussant alors ceux-ci à lui acheter au pire une unique part, au mieux une bouteille. C’est qu’ils ne sont pas bon marché, les produits de Shera. Certains, notamment, trouvent rarement preneurs. En l’occurrence, elle dispose d’une réserve d’une dizaine de bouteilles de vin d’agrumes à la menthe, son produit le plus cher, qu’elle écoule difficilement. Dans le Nord, les amateurs d’agrumes sont assez peu nombreux, ou guère disposés à dépenser autant pour une bouteille, et ici… Les dorniens mangent tellement de citrons et d’orange que c’est presque comme si Shera pouvait en sentir le goût sur leur peau picoter sa langue lorsqu’elle partage un moment d’intimité avec l’un d’entre eux.

Mais ce n’est pas un problème. Ses produits ne se perdent pas, ils se bonifient avec l’âge. Enfin, pas les bières, mais heureusement, elles, elles partent bien. Dans le sud, la poire et la pomme sont aussi exotiques que le sont le citron et l’orange dans le Nord. L’un dans l’autre, Shera y trouve son compte.

Avec un soupire, la marchande remonte comme elle peut son épaisse toison rousse et bouclée. La sueur perle dans sa nuque, la chaleur est trop étouffante pour être réellement agréable. Elle est un peu frustrée. Si elle avait été le long des quais, elle aurait pu aménager une nasse qui lui aurait permis de rafraîchir ses boissons, en les plongeant dans l’eau. Faute de quoi, elle doit payer un gamin pour aller lui chercher de l’eau fraîche au puits toutes les deux heures. Bon, il ne demande pas grand-chose (et heureusement !) mais c’est toujours ça de moins dans la poche de la marchande.

De ses bénéfices, elle doit également substituer le prix d’une tenue à la mode dornienne. Aucun plaisir là-dedans autre que celui de ne pas mourir étouffée dans sa robe corsetée, pensée pour des températures d’au moins vingt degrés inférieures. Le fait est que le joli vert d’eau, sur le peu de tissu que comportait la robe, mettait le roux de ses cheveux en valeur, même s’il accentuait également le pâle de sa peau. Attachée dans la nuque, la robe prenait la poitrine en triangle, dont les pointes se rejoignaient au niveau de la taille, dégageant le dos et le ventre, pour rejoindre une jupe ample et légère qui atteignait tranquillement la cheville. Ailleurs qu’à Dorne, Shera estime que cette robe serait l’apanage d’une catin ou d’une servante, mais depuis son stand, elle a eu l’occasion de voir passer nombre de femmes dans des tenues équivalentes. Ainsi, si on excepte la blancheur de lait de sa peau de conflannaise à la chevelure de feu, elle passe relativement inaperçue, ou tout du moins, fait indubitablement un effort pour s’adapter aux mœurs de ses clients.

Elle a remarqué, d’ailleurs, que les clients justement ont tendance à être plus conciliants et plus généreux quand on nourrit de l’intérêt, un véritable, pour leur patrie. Les Dorniens adorent Dorne, et la plupart du temps, le meilleur moyen de s’attirer leur sympathie est de louer les merveilles de leur terre natale. Cela étant, bien que la technique soit commerçante, elle est dénuée d’hypocrisie quand Shera la pratique. Malgré la chaleur, et le soleil qui, parfois, fait souffrir sa peau et ses yeux clairs le martyr, la jeune femme est en passe de tomber profondément amoureuse de cette terre épicée, de ses décors fabuleux, de ses mœurs si libres… A Dorne, on ne la regarde pas de travers parce qu’elle est une Rivers. Ce sentiment à lui seul vaut son pesant d’or, et sans son grand-père et sa petite exploitation, il y a fort à parier qu’elle ne remonterait jamais dans le Conflans.

Elle en est là de ses réflexions quand une silhouette s’attardant près de son étal dans son champ de vision périphérique l’invite à lui accorder toute son attention. Délaissant les bandes de pâte qu’elle s’apprêtait à poser sur sa prochaine tarte, elle essuie ses mains sur un torchon de lin et hisse sur son visage son sourire le plus engageant. « Bien le bonjour Monseigneur. » Dans le doute, Shera donne toujours du « Monseigneur » ou du « Ma Dame » à ses clients. « Vous prendrez bien une part de tarte avec un peu de thé à la menthe? Elle sortira du four dans quelques instants, et sera mangeable dans deux fois quelques instants. » Le sourire de la rouquine s’élargit. De ce qu’elle avait cru comprendre, les dorniens aimaient le thé, à la menthe particulièrement, parce qu’il avait cette faculté de faire un peu tomber la chaleur. « D’ici là, vous profiterez de mon agréable compagnie. C’est plutôt intéressant comme offre, non ? » Jusqu’à présent, avec cette accroche, elle n’a que peu de refus à déplorer. Généralement, les gens, hommes ou femmes, s’ils sont de bonne humeur s’amusent de son assurance et se laissent tenter, pour peu qu’ils n’aient rien d’autre à faire. Et, quand d’aventure elle se voit proposer un refus, c’est plus souvent poli et souriant qu’agressif, raison pour laquelle, de toutes ses accroches, c’est encore celle qu’elle préfère…
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Idiot est celui qui remet à demain le profit des plaisirs terrestres

An 297



Shera Rivers & Ulwyck Uller

Le marché de Lancehélion était un véritable capharnaüm. Les étals habituels ou non étaient souvent disposés dans une véritable anarchie si bien que certains présentoirs se trouvait parallèle à d'autres ou encore perpendiculaires et fort rapprochés ce qui ne permettait pas une circulation facile. Si on ajoutait à cela certains commerçants aussi prompt à vous coller, que la sève que l'ont extrayait des résineux, aussi pressant qu'un écrou pour que vous leur achetiez une babioles et on obtenait un portrait assez fidèle. C'était ce qui faisait son charme et ce que le Uller appréciait par dessus tout. Il n'avait pas eut la chance de croiser beaucoup de marché dans les autres régions mais il y avait toujours des commerçants qui n'hésitaient pas à profiter des tournois pour planter leurs étals rigides afin d'appâter chevaliers, nobles dames et seigneurs. Dans le Conflans par exemple, il en avait vu un près des Jumeaux, il y avait plusieurs années de cela et il s'y était ennuyé à mourir.

A Dorne, le danger était plus présent et cela rendait la chose plus excitante. Avant d'acheter un objet ou un aliment, votre cerveau était tarauder de questions pour savoir si vous ne vous faisiez pas rouler. De nombreux petits commerces oscillaient entre légalité et illégalité et essayait de vous vendre des contrefaçons, vous faisant prendre une épée de piètre qualité pour une arme de première catégorie ou du vin du Bief pour du nectar de Dorne. Avec un esprit peu attentif face à un excellent vendeur, vous pouviez vous retrouvez à acheter une tuile en la prenant pour un bouclier. On trouvait de tous sur les étals : épices, boissons, aliments, armes, pièces d'armures, vêtements, animaux. Il n'était pas rare qu'un poulet s'échappe et que l'on aperçoive un gosse lui courir après, parfois dans le but de le ramener à son propriétaire et dans d'autres de se préparer à manger. Un marchand peu adroit venait d'ailleurs l'accoster pour lui présenter un lot de marmites et le chevalier l'avait envoyé paître !

Vêtu de tissus fins aux coloris jaunes et rouge, rappelant le blason de Denfert, le jeune homme portait un haut légèrement entrouvert au niveau de son torse, un pantalon du même tissus et du même coloris. Il avait choisi des chaussures confortables. Se promener longtemps sur le marché pouvait vous faire attraper des ampoules. Mieux valait prévenir que guérir. Son parfum, bien que masqué par l'odeur des épices environnantes, dégageait une agréable odeurs d'agrumes. Ulwyck appréciait se promener ici et il lui arrivait souvent de ramener un cadeau pour telle ou telle personne. Des fois il s'agissait de ses petites nièces ou de leur mère et d'autres d'une amantes. Il avait d'ailleurs déjà mis la main sur quelques jolis rubans aux coloris vifs qu'il comptait offrir à chacune des 4 dernières nées d'Ellaria Sand. Une délicate attention. Ses pas finirent par le conduire près d'un étal d'où se dégageait une délicieuse odeur de pâtisserie, ainsi que diverses boissons alcoolisées et quelques produits de beauté. Ce furent principalement ces derniers qui retinrent son attention mais il fit d'abord mine de s'intéresser quelque peu au reste de façon négligente. Dans la conjoncture actuelle, c'était une bonne idée de vendre de l'alcool et des produits esthétiques. Il était nettement moins convaincu par les tartes, surtout par cette chaleur mais cela n'engageait que lui.

Il ne lui fallu pas longtemps pour qu'une marchande, sans doute la propriétaire de l'étal, vienne l'accoster. Il la salua brièvement et l'observa de la tête au pied. Plutôt mignonne, même jolie sous certains angles. Une tenue typiquement dornienne, qui cachait ce qu'il fallait pour laisser planer un peu de mystère et laisser quelques endroits de peau apparents pour solliciter l'envie. La peau de la jeune femme était plus blanche que le lait et ses cheveux roux. En provenant des Montagnes de Dorne, sa peau aurait tout de même été plus teintée par le soleil. Elle devait donc provenir d'une contrée étrangère.

«Je passe mon tour pour la tarte mais je ne dirai pas non au thé, proposez si gentiment. A moins que vous n'ayez du lait frais avec une pointe de citron ? Je suis sûr que cela se vendrait comme des petits pains.»

Elle lui avait proposé de jouir de sa compagnie en attendant et il n'allait pas se faire prier, tout en finissant d'observer les boissons alcoolisés. Charmeur et franc comme à son habitude, le Chevalier de Denfert parla sur un ton taquin.

«Je ne refuse jamais la compagnie d'une jolie femme. Quels services incluent votre délicieuse présence ?»

Se déplaçant, le Uller attarda son regard sur les produits de beauté. Il prit une petite fiole entre ses mains et en sentit l'odeur. Ce serait sans doute parfait pour Ellaria. Sa nièce en serait très certainement ravie. Il avait bien acheté un ruban pour Elia mais il doutait que ce cadeau lui fasse plaisir. Il devrait trouver autre chose sur le marché mais il ignorait ce que ce serait. L'aînée avait le sang des Uller en elle et un Uller n'est jamais facile à contenter.

«J'ai du mal à choisir laquelle de vos flagrances choisir. Je cherche un présent pour ma nièce qu'elle pourra porter pour les grandes occasions. Le plus dur avec les parfums, c'est d'imaginer leur odeur sur la peau d'une femme. Au creux d'une fiole ou sur une peau, la délicatesse qui s'en dégage n'en est pas forcément la même. Votre cou ou votre poignet pourrait-il m'aider à me décider ? A moins que cela ne fasse pas parties de vos services ?»

Le Uller termina sa phrase avec un sourire plein d'entrain. Parfois, il lui arrivait de jouer avec les commerçantes. Un sourire charmeur, une réplique bien placée, un petit flirt innocent, lui apportait une douce réduction voir même un cadeau et un petit service supplémentaires. La chance souriait souvent aux audacieux. Il fallait juste être en mesure de la provoquer !


© DRACARYS