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"This, Madame, is Highgarden" | Loras Tyrell

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This, Madame, is Highgarden

An 298 | Lune 10



Loras & Daemon

L'ombre d'un sourire contrit flottait sur ses lèvres  à peine révélées par le heaume  ouvragé. La visière d'or sombre était rabattue sur son regard, projetant une ombre sur ses paupières. Bien heureux d'être caché par son uniforme de la foule de nobles qui s'était déversée dans le château à l'arrivée du Suzerain de l'Ouest, le Sand profitait d'une tranquilité relative, à l'abris  des marques d'attention dans son armure cramoisie. Ses yeux froids pétillaient pourtant d'une impatience  puérile  tandis que son regard passait presque paresseusement sur la multitude colorée qui l'entourait et qui jactait inlassablement à ses oreilles, lui renvoyant sans cesse l'image d'être de garde au beau milieu d'un poulailler. Un dessin grotesque , et d'autant plus net que le comportement  ainsi que cette manie que les filles d'ici avaient d'orner leurs cheveux d'un plumeau lui permettaient de s'en complaire sans effort.  Lui qui goutait habituellement peu qu'on l'ignora de la sorte était aise de cette indifférence que projetait l'inconscient de tout un chacun sur l'uniforme qu'il portait.  Sa silhouette faisait partie du décors, aussi immobile que les colonnes de marbre et les dorures qui ornaient la pièce.
Il y avait quelque chose de confortable dans la fonction militaire pour un être  tel que lui. Les regards, oui, il les aimait. Les applaudissements, bien plus encore. Mais uniquement sur la lice. En dehors de la joute, le Sand,  dont l'expression sauvage était souvent confondue comme étant  une lubie de sa part -une sorte d'astuce pour se donner un air mystérieux-se  renfrognait aussitôt, se refermait comme une huitre et ce, le plus naturellement du monde. On lui en avait souvent fait le reproche car son attitude fermée rebutait autant qu'elle pouvait insulter sans le vouloir, et la mine farouche que dépeignaient spontanément ses traits n'était pas sans rappeler le visage abrupte de son père, Ryon. Les mondanités glissaient sur les silhouettes noires du père et du fils comme du sable fin sur le dos d'une dune. L'hypocrisie était plus loin de leur coeur que ne l'était le soleil. Alors, puisqu'ils ne pouvaient feindre, ils se taisaient souvent.
Sous son casque au mufle de Lion, ses cheveux sombres, ses yeux pâles et surtout la cicatrice si reconnaissable qui creusait sa joue étaient hors de portée de quelque amateur de tournois qui aurait été en mesure de mettre son nom sur ces caractéristiques. Rien ne le distinguait des autres gardes Lannisters. Rien, si ce n'était la silhouette courbe qui ceignait sa taille. Il n'y avait pas de lourde épée dans le fourreau qui pendait à sa ceinture, mais un sabre tranchant comme un rasoir.

Sa main gantée reposait nonchalamment sur la garde de ce dernier. Ne s'attendant guère à voir une émeute détrôner la joyeuse atmosphère, le dornien profitait du cadre dans lequel il jouait son rôle avec rigueur, et légereté. La splendeur du château était trop éclatante pour qu'on ne pensa seulement à la gâcher.  Aussi, un air ravi, presque impertinent, éclairait son visage masqué, parvenant même à estomper les cernes grises qui soulignaient ses iris bleutés. Au moins, les lords présents n'étaient pas aussi analphabètes que l'était la grande majorité des soldats du Castral Roc et leurs échanges étaient vifs, plaisants à écouter. Soudain un sursaut crispa ses épaules et referma ses doigts. Ses sourcils se haussèrent. Puis son visage se détourna du mur et du crâne du soldat qu'il observait passivement jusqu'alors, pour se poser quelque part sur sa gauche, au dessus des coiffes et des rubans. Retenant un soupir condescendant, sa bouche se tordit dans une furtive grimace narquoise tandis qu'il fermait un instant ses paupières.
Au détour d'une conversation d'où avait jailli une voix forte et pleine d'allégresse, accrochant dès lors l'attention du bâtard, était soudain apparu Mace,  aussi rond et gras qu'une citrouille. Une lueur moqueuse tapie dans les iris du dornien avait brièvement couvert la silhouette vêtue d'un immonde brocard vert pistache avant de s'en détourner, à l’affût d'un spectacle autrement plus interesssant. Bien que Daemon ne tarda pas à repérer sa présence, le contraire, en revanche, n'arriva pas. Entouré d'une mélopée de jeunes filles en fleur, le-dit spectacle s'éloigna. A nouveau. Et de trois, compta-t-il joyeusement dans sa tête. La tentation de laisser un des ses rares éclats de rires couler de sa gorge était forte, mais la vision d'un garde Lannister riant ostensiblement sur le passage de Loras Tyrell l'en dissuadait aisément. Il se contenta donc de laisser le Chevalier  poursuivre sa route, la gorge serrée par l'impatience, le coeur chaud de l'avantage de pouvoir savourer des retrouvailles que son amant attendait encore.


Lorsqu'enfin on vint prendre sa relève, il s'éclipsa sans un mot, laissant sa place au soldat portant lui aussi  l'amarante synonyme du nom qu'ils servaient. La nuance paraissait presque trop écarlate ainsi plongée dans une myriade d'étoffes aux douces teintes pastels. Souveraine. Agressive. Quelle autre couleur pour  exprimer avec une telle justesse l'aura de Lord Tywin?
Ses pas le menèrent bientôt loin du bourdonnement de la foule, ses bottes claquant sur le marbre à un rythme régulier qui n'était troublé que par le cliquetis fébrile des sangles que sa main se dépéchait de défaire. Du marbre qu'ils foulaient, ses pieds retrouvèrent le contact d'une pierre plus rude. Les murs étaient plus austères, plus froids. Les quartiers de la forteresse destinée aux soldats avaient des allures d'écuries disaient les nobles d'ici. Ils ne différaient pourtant guère des halls de la Grâcedieu remarqua le bâtard, sans pour autant en prendre ombrage. Quelque page de l'Ouest se précipita vers lui pour l'aider à se débarrasser de son armure. Ce faisant, le jeune garçon balbutia des paroles inaudibles de timidité comme pour s'excuser de chaque coups ou inconfort qu'il pouvait causer au chevalier qui n'eurent pas plus d'effet sur le regard absent du Sand que si ses mots avaient été chuchoté par un courant d'air. Le dornien semblait davantage préoccupé par la faim qui lui tenaillait le ventre. Disposés à la manière de natures mortes élaborées, d'innombrables fruits trônaient dans de vastes coupes de fer ouvragé. Sa main leste se saisit d'une carré de concombre qu'il croqua, goutant la saveur raffraichissante de l'aliment et boudant les desserts cacaotés et autres mets exotiques offerts par la générosité légendaire de Mace. Le père de Loras était sans aucun doute un idiot finit, mais sa bonté était trop touchante pour être ignorée. Lorsqu'il fut libéré de la dernière pièce de métal à l'éclat de manganèse, sa silhouette élancée revint aussitôt sur ses pas, avec une hâte sobre et contrôlée.

Malmené par la chaleur qu'il devait supporter sous le métal de l'armure, le cuir de sa tunique  couleur de sang s'était marqué de divers plis à la manière d'un origami fatigué par le temps. Sa mise, d'une élégance plus rude que celle déployée par les quelques lords et ladies qui venaient à croiser son chemin, attrapa ici et là quelques regards désapprobateurs toutefois dépourvus de méchanceté. Le port altier du bâtard leur répondait à peine, bien qu'il dut serrer les dents lorsqu'une jeune femme l'observa de haut en bas avec un froncement de nez qui eut vite donné l'impression qu'elle venait de renifler du purin. D'ailleurs, c'était sans doute le cas. Le Sand, après tout, n'avait pas pris la peine de retirer ses bottes de monte pour en chausser de plus raffinées.
 Il retrouva finalement les chuchotements curieux qui animaient les corridors. La cour des Tyrell était en effervescence et, depuis l'arrivée de la bannière au Lion tôt ce matin là, chaque éventail agité cachait un noble se questionnant sur les intentions du Lion et soufflant quelque rumeur impatiente. Jusque là, Lord Tywin avait imposé un secret absolu sur le but de cette visite. Loin de se douter de la finalité qui serait bientôt prononcée, le Batard se fendit d'un sourire fin en apercevant la nuque qu'il cherchait. Plutôt que d'obéir aux impulsions qui rongeaient sa poitrine et qui le poussaient à dévorer la distance qui les séparait encore, Daemon se plut à regarder le bellâtre évoluer parmi les petits groupes qui s'étaient formés. Les bras croisés sur la poitrine, il se rappela l'enfant à la tignasse bouclée, immobile.




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An 298 | Lune 10



Loras & Daemon

Hautjardin brillait. Hautjardin ne connaissait pas les angoisses ni les ennuis. Il était calme et paisible, caressé par le soleil biefois jamais trop violent. Par les fenêtres  du château, les doigts d’or du soleil entraient et embrassaient le sol et les murs. De son toucher doux et calme, l’astre lumineux titilla les chaussures des dames et les prunelles ambre du garçon au visage doux dont le sourire anxieux souleva les minces pommettes. De temps à autres, ses dents croquèrent lestement sa lèvre inférieure, pétale de rose, et une main subtile replaça quelques mèches de ses cheveux bouclés. Ces petites habitudes presque inconscientes faisaient glousser les demoiselles qui se tenaient près de lui, attiraient leur regard lorsqu’elles étaient un peu loin et qu’une de leurs compagnes leur montrait le jeune Chevalier aux fleurs. S’enthousiasmant, elles firent naître au creux de la gorge du garçon une boule de fierté, bien qu’il s’en irrita rapidement. Elles semblaient ne pas comprendre lorsqu’il avait besoin d’un peu d’espace, d’air, qu’il n’avait pas envie de les entendre piailler. Loras était sociable, ce n’était pas à négliger, mais il nécessitait à peu près autant de moments seul que de moments accompagné. La plupart d’entre elles n’avaient rien à lui dire si ce n’étaient que des mots futiles pour occuper le temps et espérer vainement qu’il leur ferait un compliment sincère ou qu’elles marqueraient son esprit au point où il ne cesserait de penser à elles. Ces jeunes filles ne voulaient que des histoires d’amour calquées sur celle que racontaient les contes, sans nécessairement ressentir de véritables émotions. Avoir la gloire de prétendre être passée dans le lit de ce jeune homme qu’on qualifiait de plus beau garçon de Westeros. Il ne pourrait leur donner rien de ça. Sans vouloir leur mal, il souhaitait qu’elles décrochent et qu’elles voguent vers des horizons meilleurs pour elles. Qu’elles trouvent des garçons qui les aimeront. Loras ne détestait pas la compagnie des filles lorsqu’elles ne bavaient pas sur ses chaussures, par exemple. Margaery, Ellyn, ses cousines, Desmera, Leonette l’épouse de son frère Garlan … Tout ça pour dire qu’il avait été particulièrement heureux lorsque son père l’arracha vivement, sans lui demander son avis, de la conversation riante qu’il entretenait avec quelques petites fleurs joyeuses.

L’esprit ailleurs, Loras laissa Mace l’inclure dans quelques conversations décousues. Si quelques minutes avant il s’était retrouvé à entendre quelques nobles parler du bon temps, présentement il devait écouter son oncle Redwyne comparer son vin à celui d’Essos sous les regards et les oreilles obnubilés de son auditoire. À une réplique qui se voulait drôle et bien pensée, la Rose Dorée laissa couler un rire forcé pour accompagner le rire gras de son père. Habituellement, il profitait de ces petits évènements qui animaient Hautjardin une fois chaque l'une ou deux, les appréciait et s’amusait plus souvent qu’il ne le pensait. Or, malgré son sourire omniprésent, il n’arriva pas à se défaire de son malaise. Rapidement, il salua le petit groupe et suivit son père qui voulut le présenter à une connaissance venue d’ailleurs. Lorsque ses yeux d’or avaient observé, tremblants, l’escorte de Tywin Lannister descendre l’allée menant au château, son cœur s’était excité et sa gorge serrée. Il ne savait pas la raison de la venue, ni pourquoi ce dernier devait discuter avec mamie. Personne ne le savait réellement sauf peut-être son père. Mais les rumeurs circulaient déjà depuis quelques temps à Hautjardin. On disait qu’on allait marier Loras. Que beaucoup de filles auraient le cœur brisé et qu’une autre vivrait un mariage très peu coloré. Depuis l’arrivée de Tywin Lannister et de sa fille, on disait que Loras serait marié à Cersei Lannister. Que de cette façon, une alliance entre le Bief et l’Ouest serait conclue. On se demandait comment on pouvait donner à un si beau jeune homme une femme ayant le double de son âge, même si elle était toujours très belle. On ne sentait pas très bien la vulnérabilité au creux de la gorge du garçon, cette même vulnérabilité qui rendait aujourd’hui ses jambes maladroites et ses mouvements un peu trop secs. Il tentait de la camoufler. De faire croire qu’il gérerait la situation. Pourtant, il voulait fuir plus que jamais. Partir et ne pas avoir à subir cette possible union forcée avant même de savoir si elle existerait vraiment On tendait à dire que seules les femmes subissaient les mariages forcés et que les hommes les acceptaient mieux. Ce n’était pas tout à fait vrai. Loras redoutait le mariage, cette atteinte à sa liberté. Alors que son père sembla totalement fasciné par sa discussion, Loras balaya la salle du regard dans l’espoir d’y trouver une présence rassurante. Fixées dans l’idée de retrouver sa sœur, il chercha une chevelure semblable à la sienne.

La mélodie de voix qui se jouait sans se soucier de lui parut soudainement bien loin. Lorsque son regard saisit ce qui n’était pas Margaery, mais tout aussi bien, le temps sembla s’arrêter. Il le voyait, si loin de lui, le fixant, les bras reposant sur son torse. Ses yeux grands ouverts pétillèrent d’une joie qui les avait quittés ce matin et ses lèvres presque closes se redressèrent à nouveau. L’image de la sœur qu’il cherchait s’effaça et il n’y avait plus dans sa tête qu’une espèce  de vide heureux qui remplaçait l’angoisse des rumeurs moqueuses. Loras Tyrell ne pouvait mettre de mots sur la surprise qui le secouait. Pourquoi ne lui avait-il rien envoyé pour le mettre au courant de sa venue ? Lorsque Loras s’excusa à la petite assemblée, cette dernière sursauta vaguement, comme si elle avait oublié la présence silencieuse du Tyrell. Ce dernier haussa les sourcils avant de tourner les talons et partit sans que personne ne tourne le moindre regard vers lui. Rapidement, il se creusa un chemin parmi les quelques gens, les prunelles toujours rivées sur son amant. Désormais si près de lui, il sembla si loin de toutes ces angoisses qui l’irritaient depuis ce matin. « Que fais-tu ici ? » Sa voix curieuse n’avait rien d’un reproche. Le sourire qui ne l’avait pas quitté depuis et ses yeux parlaient pour lui : la présence de son tendre ami était comme un baume sur son cœur. La distance entre lui et Daemon était satisfaisante pour plaire à la société, mais trop grande pour le satisfaire lui, mais il n’avait pas le choix de l’assumer présentement. Pourtant, il leva le bras et toucha distraitement le tissu qui couvrait l’avant-bras de son amant. On était habitués aux manières tactiles de Loras, ça ne sortait donc pas de la norme. Ses fins doigts triturèrent délicatement le tissu rouge. Il observa le dornien de haut en bas et son sourire s’étala un peu plus. Son allure ne trompait pas ; Loras aimait l’air d’un homme au sortir d’une armure, surtout si cet homme était le sien. Relevant le regard vers le visage de Daemon, il saisit son regard. « Tu travailles pour Tywin Lannister ? »  Loras n’en donnait pas l’air, mais il lui arrivait parfois d’être perspicace. Il avait vu, il n’y avait pas très longtemps, cette même tunique sur d’autres soldats Lannister sans leur armure. Sa voix était illuminée de fierté. S’il avait raison, il était heureux pour son amant. Il ne connaissait pas le Lannister, mais il en savait suffisamment pour savoir que son homme n’était pas mal tombé.

L’atmosphère, soudain, fût chamboulée par l’éclatante et grave voix de son père qui s’était mis, pour impressionner quelques bonshommes et bonnes femmes, à chanter une mélodie biefoise aux paroles douteuses. Le fils ne l’homme soupira, comme habitué par cette manie parfois embêtante. Il constata cependant que tous les regards se tournèrent vers son paternel et que plus personne, que ce soit par désespoir ou par fascination pour l’imbécilité de cet homme, ne portait attention à ce qu’il se passait au-delà. Le sourire de Loras parut drôlement plus moqueur lorsqu’il fit à Daemon un signe de tête pointant vers la porte qui menait non seulement à l’extérieur de la salle, mais à un couloir un peu moins emprunté. « Sais-tu ce qui amène Tywin Lannister ici ? » Lança-t-il sans réel espoir d’obtenir une réponse. Personne ne le savait mis à part sa grand-mère, son père et le lion concerné. De toute façon, il était bien plus intéressé par ce que son amant pourrait avoir à dire sur lui-même que sur Tywin Lannister. Le jeune homme accéléra légèrement le pas, s’enfonçant de plus en plus dans le couloir vide d’où le bruit de la salle semblait désormais n’être qu’un petit murmure presque muet.




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An 298 | Lune 10



Loras & Daemon

Fixe et serein, le regard bleu seulement couvert de l'ombre d'une mèche de cheveux bruns se satisfaisait de la vision qui évoluait sans le savoir sous ses yeux. La quiétude fébrile de l'après-midi adoucissait le sentiment de fatigue qui pesait sur ses épaules vêtues de carmin et rien ne venait perturber son calme, pas même les quelques épaules qui vinrent à le frôler tandis qu'on passait à ses côtés. Appliqué à son observation, le dornien paraissait aveugle et sourd aux silhouettes qui l'entouraient.  Ces dernières n'étaient guère en mesure d'en prendre ombrage puisque soucieuses de le baptiser de l'exacte même indifférence qu'il leur portait à cet instant, et leurs silhouettes colorées se contentaient très bien de son silence sans paraître percevoir l’intérêt appuyé du bâtard pour une personne singulière. Le péril d'un simple regard qui, à Dorne, n'aurait pas soulevé la moindre attention mais qui  entre ces murs devenait déplacé puis  inapproprié à mesure que les secondes s'écoulaient. L'ombre pesante du scandale obscurcissait déplaisamment le bonheur du Sand qui ne boudait pourtant pas son plaisir.
Il y avait quelque chose de proprement fascinant chez le Tyrell que Daemon n'avait jamais pu voir ailleurs. Le brun ne pouvait jeter la pierre à ces filles qui rougissaient au plus petit mouvement épié du chevalier des Fleurs, bien qu'il trouva quelque chose de presque effrayant à cet ascendant involontaire que Loras pouvait avoir sur son entourage. Lui qui avait encore tendance à voir le jeune blond comme un enfant insouciant se demandait si son amant avait réellement conscience du charme qu'il projetait  où si ce dernier était parfaitement irréfléchi. L'une comme l'autre de ces deux réponses subjuguaient le Sand au moins autant qu'elles le tourmentaient. Ses yeux pâles le couvaient comme ils couvraient autrefois la silhouette fluette de l'enfant prodige qu'il avait connu, et continuaient de lui prêter  malgré les années  la même vulnérabilité. Si l'attitude de son amant persistait à le séduire presque malgré elle, son comportement, plus terne qu'à l'accoutumée, finit par se révéler au Sand, qui esquissa un froncement de sourcils soucieux.
Pendant qu'il demeurait immobile, ses bras croisés sur sa poitrine se crispèrent soudain un bref instant avant de se détendre à nouveau. Instinctivement son menton s'était baissé en apercevant quelques manteaux d'amarante qu'il surveilla du coin de l’œil par dessous une frange de cils cendrés prudemment abaissée. Lorsque ceux-ci, les bras chargés de quelques coffres destinés aux appartements du Lord et de sa suite, disparurent enfin, Daemon releva lentement son visage, non sans lancer un dernier regard hostile aux dos des gardes. Une pointe de méfiance mais aussi de peur avait surpris son cœur dont il sentit le rythme s’apaiser progressivement; rythme qui ne tarda pas à vibrer de nouveau quand il croisa le regard du jeune homme qu'il épiait jusque là presque impunément.

Soulagé de cette attention partagée, l'angoisse d'être surpris ne le quitta pas totalement pour autant et il redouta le temps d'un battement de cils que l'enthousiasme qu'il lut sur le visage de Loras ne vint à les trahir. Mais à voir son amant se précipiter à sa rencontre, un sourire fin éclaira finalement la mine maussade du bâtard cependant qu'il devait lui-même résister à l'envie de dévorer la distance qui les séparait. S'épargnant la peine de répondre à la première question du jeune homme, il attendit patiemment qu'il déduisit seul la réponse qu'il attendait, profitant de leur proximité nouvelle pour mieux apprécier la manière dont la joie dorait ses prunelles. Le seul contact de la main pâle sur son bras apaisa la tension qui raidissait sa nuque. A la sensation de la chaleur du corps du Tyrell près du sien, Daemon sentit son coeur se gorger du sentiment d'être exactement là où il devait être.

"Oui, depuis peu." Répondit-il sobrement à la fierté qu'il perçut dans les intonations de Loras à l'évocation de son lien avec le Lord de Castral Roc. La simplicité de sa phrase, qui souhaitait donnait une allure naturelle à ces quelques mots susurrés comme une évidence, et renforcée par son rictus ingénu camouflait mal la satisfaction qu'il avait à les dire.

L'écho soudain de la voix de Mace résonnant à travers le hall ne parvint pas à distraire le dornien qui continua d'observer son jeune ami avec, tapie au fond de son regard, une inquiétude discrète. Il tentait encore de retrouver les signes de nervosités qu'il avait perçu au loin mais que le bieffois semblait avoir décidé d'enterrer à sa vue lorsque ce dernier lui fit signe de le suivre. S'exécutant sans rechigner, il emboîta le pas au fils chéri du Seigneur de Hautjardin. Le soleil du Bief dispensait sa lumière en de fins rayons qui venaient mourir sur le riche parquet qui accueillait leurs bottes, projetant des éclats pâles contre les miroirs de la grande salle. Leur escapade passa inaperçue tandis qu'ils s'avançaient dans un couloir aux murs vêtus de riches colonnes de marbres et chaussés de moulures d'or. A l'allure scintillante de la salle d'apparat succéda le silence feutré d'un passage déserté par la foule de nobles qui semblait accaparée par l'échange auquel ils ne pouvaient prétendre assister. La confrontation entre Tywin Lannister et la célèbre Olenna Tyrell était autrement plus fascinante que l'échange, presque ridicule, de Loras et d'un de ses amis. Le dos droit, raidi autant par la stupeur d'avoir tant de mal à comprendre le comportement de son amant que par la fourbure, le Sand suivait docilement le pas rapide de son aimé. L'empressement du chevalier le désarçonnait. Lorsqu'il lui répondit, l'impression qu'il ne l'écoutait qu'à moitié, que son esprit était ailleurs, fit apparaître des plis irrités au coin de son regard malgré le sourire qu'il arborait encore, bien qu'il fut plus pâle qu'auparavant.

"Si je le savais il ne m'aurait pas permis de quitter mon uniforme, et encore moins de te parler." Ces derniers mots assombrirent quelque peu son regard alors que le doute lui revenait. Il détestait l'idée qu'ils furent surpris ensemble, et il haissait plus encore l'allure butée qu'il devinait dans le regard décidé de Loras. Ses pensées étaient de nouveau envahies de cette attitude fuyante qu'il lui avait vue un peu plus tôt et qu'il voyait se dessiner à nouveau dans sa démarche féline et nerveuse. Daemon le laissa néanmoins accélérer sans chercher à l'entraver, imaginant un bref instant que cela l'aiderait à s’apaiser. Mais plus il lui parlait, plus il avait la sensation de tenter de passer le licol à un jeune cheval effarouché, en vain. "J'ai entendu les rumeurs. Tout le monde tremble à l'idée que ta grand-mère et Lord Tywin accordent leurs instruments ensemble...De peur ou d'impatience, je ne saurais le dire. Sans doute les deux à la fois." Des "rumeurs". Sa gorge se serra. Le bâtard de la Grâcedieu regretta immédiatement ses mots, lui qui détestait jouer d'hypocrisie et de faux semblants. Comme si toute la forteresse ne frémissait pas déjà des fiançailles que tous attendaient, extatiques. Jetant un bref regard en biais à son interlocuteur,  il tourna ensuite la tête pour s'assurer que le couloir était bel bien désert avant de s'approcher brusquement de Loras.

Cédant finalement à la préoccupation qui lui tenaillait l'estomac, il agrippa sèchement l'épaule de Loras pour le faire stopper son pas de grenadier. Son geste fut plus brusque qu'il ne l'aurait souhaité, mais son caractère rude reprenait trop facilement le dessus lorsque quelqu'un lui tenait à coeur pour qu'il en éprouva seulement du regret. Plantant son regard dans celui du Tyrell, il l'interpella d'une voix abrupte et douce:
"Eh...Ce n'est qu'un mariage." tenta-t-il, trop frustre pour se sentir à l'aise dans l'art délicat du réconfort. La mine froissée par le soucis, il ne relacha pas sa prise sur l'épaule du garçon, la resserrant même davantage dans l'espoir de le retenir de fuir comme il semblait vouloir le faire.
Le Sand avait beau chercher les mots, l'appaisement qu'il souhaitait offrir au jeune garçon lui semblait aussi faux qu'insignifiant. Il en souriait. Et il avait la sensation glacée de se mentir à lui même sans pouvoir pour autant s'expliquer l'origine de ce sentiment; désavouant avant de seulement considérer ce que les Dieux esquissaient devant lui. Son entêtement contraignant son pragmatisme, le dornien s'était délibérement voilé les yeux, confiant malgré tout. L'ombre du Lion était entré dans leurs vies. L'insolence seule ne pourrait pas couvrir longtemps l'angoisse qui se lovait doucement au creux de sa poitrine






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An 298 | Lune 10



Loras & Daemon

Un petit rire, semblant absent, fit vibrer la gorge du jeune homme. Sa question était un peu stupide et la réponse qu’on lui donna était très logique. Tywin Lannister n’était pas, il pensait, ce genre d’homme insouciant qui faisait les choses à moitié. Le regard drôlement fixé au sol, Loras ne se rendait pas compte de la vitesse exagérée de son pas. Propulsé par ses chamboulements émotifs, il n’y avait autour de lui plus rien si bien que même la présence de Daemon lui semblait ne pas être tout à fait là. S’il était tout particulièrement heureux de le revoir, ça ne l’empêcha pas d’être en ce moment dans une bulle d’angoisse trop grande pour quelqu’un qui avait toujours eu de la difficulté à gérer ses émotions. À la mention des rumeurs, la gorge du Tyrell se serra et il toussota en espérant que ce geste anodin fasse disparaître cette sensation. Instinctivement, il fit comme s’il était seul au monde.

L’apparition de Daemon dans son champ de vision et la main qu’il posa sur son épaule, la sécheresse du geste, le surprit et le força, alors qu’il s’arrêta brusquement, à sortir de sa bulle.  Les cils battant, il cherchait à comprendre, mais ça ne l’empêcha pas de rester immobile et de ne plus chercher à reprendre le pas. Il comprenait l’intention. Un soupire sourd soufflé d’entre ses lèvres, Loras soutenu le regard de son amant, le questionnant du regard. Enfin, le beau bleu dans lequel ses yeux se noyaient l’hypnotisait doucement, calmant d’une certaine manière l’agitation qui animait la rose adolescente, tout comme les rayons tendres du soleil qui caressaient sa joue. Les mots de Daemon brisèrent l’air et ne laissèrent pas Loras indifférent. Son visage d’ange se déforma sous un petit air boudeur qui rappelait qu’il n’était pas encore tout à fait mature ; il gardait, malgré lui, les mêmes mimiques – bien qu’atténuées – qu’il avait à l’époque où il avait rencontré le dornien. Le garçon détourna son regard d’or des prunelles bleutées offrant sa joue à ces dernières, les coins de ses lèvres pincées tombant vers le bas et ses joues vaguement gonflées. Il n’avait pas aimé la remarque sur le supposé mariage qu’il jugeait bien trop insouciante, comme si l’homme qu’il aimait ne constatait pas l’ampleur du problème. Il était persuadé que l’autre ne dirait pas ça si c’était lui qu’on mariait de force. Il ne savait pas du tout s’il allait être fiancé à l’issue de la discussion mythique qui se produisait – ou qui se produirait, on ne savait pas trop – quelque part dans le château, mais il savait que ça arriverait un jour ou l’autre. Ce jour maudit, il n’aurait pas son mot à dire. « Ce n’est pas la question…  » Marmonna-t-il. Il n’aurait pas son mot à dire, car il ne l’avait jamais eu. De toute sa courte vie, il avait été soumis à ce que sa famille voulait bien qu’il soit soumis. Accalmie, la gloire qui avait fini par lui infliger une sorte angoisse quant à la performance qui se camouflait trop bien dans son trop-plein s’assurance… On aimait Loras, certes, mais on ne l’écoutait pas. Loras resta silencieux un instant. Il savait que le stress que lui imposait la mention d’un tel mot porteur d’une telle fatalité pourrait le faire réagir inadéquatement et il n’avait pas envie de se disputer avec l’aimé pour le moment. De plus, même s’il sentait quelque chose de bizarre dans l’attitude du Sand, il savait que son intention n'était pas mauvaise et il appréciait qu’il cherche à le rassurer; s’il avait pu aller se blottir dans les bras du dornien à ce moment-même, il l’aurait fait sans attendre une seconde de plus.

Il soupira une nouvelle fois, la résignation au fond du souffle et son regard brillant retourna se lover dans celui de son amant. « Peu importe le mariage qu’on m’imposera, ce ne sera jamais celui que je souhaite. » Laissa-t-il glisser doucement d’entre ses lèvres toujours boudeuses malgré son ton qui semblait animé d’un brin d’espièglerie. Alors que son regard alterna quelques fois entre les prunelles de Daemon et le fond du couloir, sa main se posa sur celle qui serrait son épaule. Ses longs doigts fins la caressèrent distraitement et il la pressa un court instant contre sa paume. Il l’abandonna, à contrecœur, au moment même où il entendit des pas légers et rapides dans le couloir perpendiculaire. Rapidement, le bieffois se décala pour se retrouver à nouveau côte à côte avec le bâtard. Il jeta un œil distrait à la servante qui passa dans l’autre corridor sans même leur porter attention. Lorsqu’elle fut disparue de vue et d’ouïe, Loras reprit la marche qui avait été interrompue. Il connaissait bien les couloirs de Hautjardin – le contraire aurait été un peu triste – et il savait qu’ici, dans ce couloir où l’intérêt principal était les escaliers qui menaient aux appartements de Margaery, les gens qui n’étaient pas la concernée, leur mère, ses dames de compagnie ou les servantes ne s’y aventuraient pas trop. « Aurais-tu un moment pour moi ? » L’espoir au creux de la voix, le Tyrell n’avait pas l’habitude de le demander à son homme, prenant ce qu’il voulait au moment où il le souhaitait,  mais maintenant que l’homme était un chevalier au service de Tywin Lannister, son temps n’était probablement plus aussi libre. Loras n’était pas réputé pour son non-égoïsme, mais son tempérament s’adoucissait vaguement quand les papillons qu’il avait encore, malgré le temps qui passait, au fond du ventre se réinstallaient.  

« Je sais que tu dois peut-être retourner à tes obligations bientôt, mais j'ai besoin de toi, d’écouter ta voix. Tu dois avoir des choses à me raconter, n’est-ce pas ? Peu importe, je veux simplement être avec toi. » Loras assumait très bien le fait d’être aussi amoureusement mou qu’un gâteau, mais son ton ne respirait pas la niaiserie, mais une certaine détresse qui ne lui était pas habituelle. Toutes ces histoires de mariage n’étaient que des rumeurs, mais il n’irait probablement pas mieux avant de connaître les raisons de la discussion entre les deux vieux.  Sa voix douce et murmurante ne craignait pas tant d’être surprise par des gens de Hautjardin (qui savaient rester motus et bouche cousue) que par ceux qui venaient de l’Ouest ou d’ailleurs dans le Bief. Normalement, ils n’avaient pas à s’aventurer tout partout dans le château si personne ne les avait autorisés à le faire ; c’était irrespectueux. « Allons dans ma chambre ? »   S’il s’agissait d’une question, ça ne voulait pas pour autant dire qu’ils avaient le choix.  Le Bief n’était pas Dorne et il n’avait pas envie de soulever un scandale. S’ils voulaient être l’un avec l’autre, ils n’avaient pas le choix de s’isoler. Si son ancienne relation avec Renly Baratheon avait été sujette à bien des rumeurs, des bruits voyageant de bouches à oreilles, il ne pouvait se permettre que ça se reproduise avec Daemon. Dans le cas de l’orageois, les gens se moquaient, d’autres étaient choqués et dégoûtés, mais la poussière retombait bien vite et tout le monde finissait par retourner aux discussions sur le beau temps. Avec un bâtard qui en plus se trouvait être un dornien, les choses ne se passeraient pas aussi calmement. Mais Loras l’aimait et il n’était pas du genre à renoncer à quelque chose pour se plier aux convenances. Au moment où ses dents coincèrent sa mince lèvre, son sourire se redressa doucement.


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An 298 | Lune 10



Loras & Daemon

Hauts et blancs étaient les murs qui se dressaient autour d'eux dans un écrin serein. Même à l'intérieur de la forteresse, l'air était aussi doux que dans une roseraie et il portait  dans son sein la senteur humide du marbre. C'était un parfum terriblement plus doux que l'odeur pierreuse dont la plupart des châteaux étaient affligés; terriblement familier, aussi, pour celui qui observait en silence, trop discipliné pour se laisser distraire du visage que ses yeux contemplaient.
L'épaule sur laquelle sa main reposait était celle d'un homme; mais, devant son regard, l'éclat de l'enfance se révélait encore, dans cette moue boudeuse que Loras ne put contenir, dans sa frustration qu'il refusait d'endosser. Les lèvres du Sand se refermèrent. Jamais il ne lui avait paru si jeune. Et tandis que le Tyrell marmonnait la banalité d'une réponse en demi-teinte dans laquelle il reconnut la retenue d'une réponse plus sentie, Daemon regretta l'impatience dont il venait de faire preuve. Plus détendus mais toujours raides de préoccupation, ses doigts desserrèrent doucement leur prise. Seize ans à peine. Seize ans de gloire et d'adoration. Seize années à répondre de ce destin que les autres traçaient devant lui, étranger à l'humiliation, à la trahison, ou même au simple sentiment de décevoir, qu'on lui refusait comme on le faisait d'un chérubin. De sa propre vie, déjà entaillée d'obstacles, qu'il ne pouvait comparer à l'existence du garçon, le dornien pouvait rarement trouver matière à se vanter au devant de son ami. Pourtant, il sentit une boule de condescendance dormante peser sur sa poitrine. L'admiration et l'amour à l'excès ne faisaient pas tout, bien qu'il fut coupable d'avoir porté à Loras  l'un comme  l'autre. Trop sans doute. La mine sérieuse du bâtard continuait d'observer la moue contrariée de son amant, peinant, malgré ses efforts, à ne voir devant lui autre chose que l'enfant chéri du Bief, aussi vulnérable d'innocence que le premier jour où il l'avait vu. Et si son amant était l'adolescent trop gâté qui attisait tant de jalousie au travers du continent, le brun avait depuis longtemps compris qu'il était profondément injuste de lui en faire le reproche. D'ailleurs, il en était incapable.
Il était immobile, et cherchait un pansement à défaut d'une solution à cette situation épineuse lorsque la voix de Loras le rappela à la réalité de l'instant. Son menton qui s'était inconsciemment abaissé se releva, et une mèche sombre ombra son regard. Aux paroles du jeune homme, les sourcils bruns du dornien se froncèrent, dubitatifs et frustres. Le mariage qu'il souhaitait? Ce ne fut qu'après un instant qui lui parut bien long qu'il comprit finalement le sous-entendu que voilaient ces quelques mots, si mal assortis au grand réfractaire à toute idée de mariage qu'était le cadet de Mace. Toute une enfance consacrée à étudier les versets de l'Etoile à Sept Branches obstruait l'épanouissement de sa réflexion et la logique rigoureuse et intransigeante dans laquelle il avait grandi n'aidait guère à entendre ce après quoi les prunelles mordorées soupiraient à cet instant.
Tout à coup, il fut saisit de la sensation vertigineuse qui semblait écarter les murs autour de lui et soulever le plafond au dessus d'eux; de cette même sensation qui l'avait figé autrefois lorsqu'il avait compris la nature de l'étincelle qui illuminait les yeux noirs du Prince lorsqu'il le regardait. Ses propres yeux se firent plus grands le temps d'un battement de coeur, dépossédés durant quelques secondes de l'aura disciplinée qu'il avait jusque là dégagé et se fissurant par la même occasion d'une surprise presque pudique. Il foudroya le visage de son aimé d'un regard farouche tandis que les cheveux de sa nuque se hérissaient. Quelle idée insensée. Une absurdité pour l'esprit intransigeant du bâtard qui, néanmoins, trouvait un certain écho contre son orgueil. Et cela faisait longtemps désormais que le mariage n'évoquait plus rien à sa mémoire qu'un gout de cendres sur sa langue. D'étonnement, il faillit retirer sa main de l'épaule lorsque la sensation de la pulpe des doigts de Loras sur sa peau le retint, attrapant son regard. Le contact familier et inassouvi réveilla ses sens endormis jusque là par la fatigue du voyage.

Soudain, ce fut le corps de Loras qui se déroba à sa présence, trop rapidement à son goût et un air offusqué assombrit son visage à l'expression sévère. Alors que le bieffois jetait un bref regard à la raison de cette soudaine séparation, les prunelles bleues du bâtard, elles, ne trouvèrent d'autre chemin que la gorge pâle frappée de lumière  du chevalier des Fleurs. Son attention s'attardait sur le dessin de la mâchoire de ce dernier lorsqu'il lui emboîta le pas dans un silence parfait et complice. Malgré la mine abrupte de ses traits, une lueur amusée réchauffait son regard et esquissait la cicatrice qui ceignait sa joue gauche de la naissance d'un sourire.
Aux questions qu'il lui posa ensuite, il ne répondit pas de suite. Ne lui accordant pas même un regard. Ses mains étaient jointes dans son dos et il se contentait sereinement de parcourir ces chemins mille fois empruntés, se nourrissant simplement de la seule présence du jeune blond à ses côtés. Cependant, l'évocation de ses obligations posa une expression vague dans le fond de ses yeux bien qu'il ne se départit pas de son demi-sourire. S'il était des choses dignes d'être racontées dans ces dernières semaines qui les avaient séparé, le Sand comptait tout autant de silences qu'il aurait souhaité partager autrement que par de simples paroles. Mais le  reflet rougeoyant de son uniforme rappela la prudence à son esprit qui ne se lassait guère d'exacerber la menace qui pesait sur ses épaules fatiguées. Une menace qui semblait à des lieues d'apposer la moindre inquiétude sur la moue mutine de son compagnon. A nouveau sa jeunesse lui apparut, souveraine et nue. Et la candeur infernale de l'ordre déguisé qu'il lui adressa finit d'épanouir le sourire fin qui était né un peu plus tôt sur ses lèvres.
Il ferma momentanément ses yeux. Il acquiesça. Loras n'entendrait pas raison aujourd'hui. Ils ne parleraient plus de ce mariage  maintenant. Mais s'il était plaisant de laisser derrière eux dans ce couloir qu'ils traversaient l'ombre du doute, il était des espoirs moins modestes qui avaient bien plus de chances d'être réalisés  que le vœu secret que le Sand lisait dans l'attitude nerveuse de son ami.  Tywin ne se laisserait jamais tourmenter du déshonneur de repartir bredouille de ce prix précieux qu'il était venu chercher entre ces murs dévorés par les plantes. S'il lui fallait choisir, Daemon préférait mille fois que les Sept décidèrent d'unir la vie de son amant à un autre être plutôt que de quitter Hautjardin en étant son ennemi. Mais non. Son amour était trop noble et trop egoiste pour s'incliner si facilement, pour s'effacer par simple pudeur. Son sang dornien lui imposait de défendre ce qui lui appartenait, tout comme il le poussait à cet instant vers la porte qu'il aurait reconnu même dans l'obscurité.

"Je suis désolé. Je sais que tu aurais aimé recevoir plus de lettres." Souffla-t-il sobrement tandis qu'il entrait dans la pièce éclairée de soleil. Faisant quelques pas, il ôta d'un geste souple le foulard noir qu'il portait enroulé autour de son cou, osant parler maintenant que le passé l'encourageait de son parfum. Appuyant nonchalamment son épaule gauche contre l'encadrement de l'ouverture, il pinça le cuir rouge qui flottait sur sa poitrine qu'il regarda, avant de simplement y reposer sa main à plat. Des jardins sur lequel ouvrait la chambre remontaient les piaillements de quelques mésanges qui s'agitaient dans un pommier. "C'est tout récent, tu sais." Son regard se releva vers Loras."Quelques semaines à peine. Le Prince m'avait parlé de Tywin avant. Jamais je n'aurais deviné que tout ce que l'on raconte de cet homme puisse être vrai. Je le sers personnellement, et, malgré la chicane qui oppose ma patrie à la sienne, je dois dire que ce n'est pas sans fierté. "Passant le bleu de son regard sur son amant, il constata que ce dernier avait encore grandi. "Je suis son bras armé mais j'apprends tant à son contact que j'ai parfois l'impression d'être à nouveau écuyer."

Jetant un oeil vers l'extérieur, il releva la main qu'il tenait jusque là posé contre sa poitrine pour triturer pensivement les plantes grimpantes qui tentaient de se faufiler jusque dans la chambre. Ecrasant du bout des doigts quelques feuilles odorantes comme un enfant, il poursuivit sur un ton plus pensif, ses sourcils légèrement froncés et sa respiration appliquée le parant d'un air concentré et contrarié tout à la fois."Il n'y a que le régiment qui soit...particulier, lui aussi sait faire honneur à la réputation qu'on leur porte. Ils aiment provoquer, et, plus encore, se battre. Je n'irais pas jusqu'à dire que tous sont des soldats de valeur mais ils ne sont finalement pas si différents de nous." Ce dernier mot sous-entendant ces ennemis naturels qu'étaient les dorniens pour tout homme d'arme paré du lion rugissant. Daemon laissa echapper un soupir amusé. "Ils épuisent facilement ma patience, mais tu les apprécierais, je crois."



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Loras & Daemon

Le silence. Il s’installa et voyagea avec eux jusqu’à ce qu’ils atteignent le point final de leur déambulation, mais ça n’embêta pas Loras qui avait appris à apprécier le silence. L’absence de bruit comme une petite paix, il y voyait l’occasion de profiter du moment sans le tacher de mots inutiles. La seule présence physique de l’aimé à ses côtés – si près, mais toujours si loin – lui suffisait, le comblait d’une joie agréable. Il avait appris, avec le temps, à comprendre les moments durant lesquels le silence du bâtard – ou de n’importe qui – devait l’inquiéter ; on le croyait peu perspicace, mais il l’était probablement bien plus que ce qu’on pouvait penser ( on semblait oublier qu’il s’agissait d’une qualité primordiale, en tant que chevalier prodige ). À cet instant, pourtant, même si cette situation aurait été porteuse de malheur, il ne s’en serait probablement même pas rendu compte – trop occupé à tourner et à retourner cent fois dans sa tête ses tourments sans aucun fondements tangibles. Le ciel pourrait lui tomber dessus qu’il ne s’en soucierait que bien peu. De temps à autre, Loras jeta un œil à Daemon, comme pour s’assurer que ce dernier ne se soit pas volatilisé. Lorsque ses yeux se posèrent sur lui, l’adolescent se sentait heureux de constater que son cœur s’emballait encore ; il était jeune et encore proie idéale des émois faciles. Le chemin qu’il parcourait tous les jours lui sembla soudainement plus long, l’anticipation de se retrouver dans son petit cocon avec un être qui le faisait se sentir aimé et en sécurité allant dans sa tête plus rapidement que la vitesse de ses pas. Lorsque finalement près de la porte, Loras poussa cette dernière et se glissa dans la pièce, accueillit par l’atmosphère propre au confort. Pourtant, ce n’était pas sans s’assurer, au préalable, qu’il n’y avait aucun regard indésirable qui les fixait ; mieux valait prévenir qu’avoir à guérir quelque chose qu’il serait difficile de réparer.

Loras attendit sagement que son amant soit entré dans la pièce noyée de rayons d’or indiscrets avant de fermer la porte ; que son petit cri grinçant lorsqu’elle s’heurta au bord en pierres pour fendre le silence qui commençait à vaciller. Un voile posé sur les évidences, la porte – cette massive planche de bois – séparait, en soi, le réel de l’imaginaire. Personne, si ce n’était peut-être que Margaery et présentement Daemon, n’avait le loisir d’affirmer ce qu’il se passait derrière ce semblant de frontière. Personne ne savait vraiment que le masque tombait, que Loras se départait de ces manières qui n’étaient pas vraiment de lui. Comme à ce moment même, alors que les mots de Daemon vinrent chatouiller ses oreilles, où il croisa ses bras sur sa poitrine, un air un peu moins hautain sur son visage continuellement salit par la fierté, et adopta une posture plus naturelle, allant à demi s’asseoir sur sa longue table de bois. Ses bras se décroisèrent et ses mains se posèrent contre le bois que ses paumes pressèrent presque affectueusement. Lorsque la barrière qui clôturait sa chambre était fermée, plus personne ou presque n’osait déranger Loras. Trop souvent, on le considérait – à tort – difficile d’accès, intouchable. Il bénéficiait de ce statut un peu étrange que l’on attribuait qu’aux légendes. Pourtant, il était épuisé par les conventions de la société et il trouvait dans ce petit nid d’intimité l’équivalent des bras sécurisants d’une mère. Lorsque Daemon avait parlé de lettres, en entrant, Loras n’avait qu’hoché la tête, cachant au creux de son ventre le serrement que son cœur avait éprouvé à ce moment-là. Il ne disait pas toujours tout. Mais l’absence omniprésente de Daemon lui pesait parfois lourd sur les épaules. Loras était peut-être une légende, un mythe, qui voguait de bouche à oreilles, mais il n’en restait pas moins un adolescent ordinaire, un peu fragile et qui avait constamment soif d’être aimé. Cependant, c’était dans son regard que ça se comprenait. Dans ses yeux qui brillaient d’une tristesse subtile alors qu’il fixait ostensiblement l’homme qui faisait battre son cœur. L’adolescent n’interrompit pas les mots du bâtard qu’il buvait sagement, avec intérêt. Ils ne disaient pas grand-chose, mais il les appréciait tout de même. Son attention ne se détourna pas une seconde de son objet d’intérêt et le sourire fin qui ornait son visage depuis déjà un moment s’agrandit visiblement. Ce n’était rien de bien descriptif, mais le bieffois savait laisser aller son imagination. La fierté se lisait sur son visage, dans ses yeux, dans sa bouche entrouverte qui cherchait les bons mots, mais qui finit par se refermer, pincée, lorsqu’il comprit que les mots n’étaient pas toujours assez fort pour décrire quelque chose. Il n’en n’était pas moins heureux. La fierté qu’il ressentait envers les accomplissements de l’homme qu’il aimait était si pesante qu’elle avait sur lui le même effet que si elle était sienne.

Son regard se promenait sagement sur le dornien. Un petit rire subtil s’enfuit de sa gorge lorsqu’il le voyait jouer ainsi avec les feuilles qui entraient dans sa chambre. Daemon était plus vieux que lui, un adulte déjà, mais il crut voir une ombre enfantine le survoler momentanément et ça lui fit penser que sa jeunesse ne l’éloignait peut-être pas tant de son amant. Ses moindres petits gestes, il savait les aimer. Il les gardait en mémoire, comme des petits morceaux de lui, pour se les repasser lorsqu’il n’était pas là. Loras quitta la table – le corps en premier, les mains en dernier, comme si ses pas souhaitaient avancer plus vite que lui. La Rose dorée combla sans attendre la distance qui le séparait de Daemon. L’amoureux s’empara de ses mains, lui adressant un grand sourire, et l’attira avec lui, loin de la fenêtre et de son appel aux regards indiscrets. « Petit, j’aurais adoré faire partie d’un groupe de soldats. Leurs manières me font sourire et je pense que je m’entends bien mieux avec eux qu’avec les gens d’esprit ! »La pointe d’ironie dans son ton marquait certainement qu’il ne qualifiait non pas les soldats de gens d’une moindre intelligence, mais plutôt qu’il se moquait de ce reproche qu’on lui faisait souvent d’être trop dans l’action et bien trop peu dans la réflexion. « J’apprécierais tes collègues sans aucun doute. Enfin, je suppose que les soldats de l’Ouest ne sont pas si différents que ceux d’ici ? »  Malgré la boule amère et énervante qu’il ressentait au creux de sa gorge, de la jalousie, qui contrastait avec son regard vif et heureux, Loras était réellement curieux d’en savoir plus sur ces gens, sur ces choses que pouvait vivre le bâtard, sur cette petite liberté que lui n’avait pas, condamné à vivre comme un beau bibelot astiquant la fierté d’une maison-paon, souhaitait avoir, mais n’aurait jamais sans attirer le déshonneur sur ses semblables. « Si tu savais comment ça me rend heureux qu’on t’offre de telles opportunités… »  Soupira-t-il alors que ses mains, d’une pulsion légère, abandonnèrent celles de son homme. Immédiatement, ses bras se nouèrent autour de son cou et ses lèvres délicates comme des pétales de rose s’approprièrent celles de son amant, fougueusement et amoureusement.  

À ce court baiser, Loras s’accrocha avec ferveur ; l’enthousiasme des retrouvailles et le comble d’un certain vide que laissait la distance s’y raccrochant. Ses joues doucement roses respiraient de la même tendresse que l’impression de sûreté et de paix que lui accordait l’étreinte dont il s’écarta lentement, soufflant quelques mots contre les lèvres de l’autre. « J’aurais voulu plus de lettres, oui… »  Desserrant un de ses bras pour laisser ses doigts flâner sur une des joues de son amant, effleurer la cicatrice porteuse de souvenirs, Loras ne se décolla pas trop, profitant de la proximité. « Mais je préfère quand je t’ai près de moi. Tu as vu comme je serai bientôt aussi grand que toi ? Je suis encore plus petit que Garlan, mais ça ne m’empêche pas d’être meilleur que lui. » Lança-t-il, riant et tout fier de sa remarque toute évidente et toute futile, l’air espiègle d’un gamin salissant encore et toujours son beau visage.



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Loras & Daemon

Le soleil de l'après midi crachait ses rayons sur sa main comme une pluie chaude de lumière. C'était un soleil presque froid comparé à celui qu'il savait exister de l'autre côté des montagnes rouges, mais celui qui brillait au dessus de la forteresse ravissait sa peau d'une douce sensation. D'un léger frémissement, son regard se releva, embrassant le paysage sur lequel plongeait l'ouverture. D'élégants cyprès qui frissonnaient sous la brise accueillirent le bleu de ses yeux, les hauts arbres surplombant  des allées de buis taillé ouvrant sur des parterres au dessin compliqué. Soudain silencieux, un léger soupir lui échappa, serein. Hautjardin avait été et serait toujours une source ahurissante de beauté, de ce faste manifeste qui semblait étranger à la douleur de la guerre. Etranger à toute forme de peine. Un piège dans lequel il était facile de se laisser choir et qui, à la manière du vin cramoisi dont tout le monde ici vantait les mérites, émoussait les sens et embrumait l'esprit d'une paix trompeuse. Une invitation à l'oisiveté que ne goûtait guère le Suzerain de l'Ouest. Ce n'était pas le cas de son jeune homme de main. Le désœuvrement était devenu rare ces dernières lunes de sa vie et Daemon s'y laissait tomber non sans une certaine joie puérile. Il n'y avait pas un lieu entre ces remparts qui ne fut pas érigé pour ravir les sens ou l'esprit; le seul parfum familier de la chambre ne le convainquait que mieux de s'agripper à ce sentiment de langueur.
Etendue sous son regard, se tenait cette large esplanade qui donnait sur le canal. Le bâtard manqua de se rappeler trop tard qu'elle était une promenade -presque une estrade- prisée des nobles, y laissant retomber paresseusement un coup d'oeil curieux et nonchalant sur les silhouettes qui la parcouraient lorsqu'il se sentit soudain attiré vers l'intérieur. La fatigue autant que l'aise l'avaient poussé vers la lumière, et ce ne fut qu'une fois l'ombre regagnée que la prudence qu'il avait oublié se rappela à lui. Loras avait glissé ses mains dans les siennes avec la délicatesse brusque d'un enfant. Il y avait en lui quelque chose de têtu, d'exclusivement tourné vers leur amour qui représentait pour le dornien une tentation immense et lui attirait sa dévotion la plus totale. Aussi, ce fut docilement qu'il se laissa guider.

S'avançant sous l'impulsion du bieffois au travers de la chambre, si ses yeux n'avaient d'autre spectacle que le visage du jeune homme, son esprit reconnaissait l'ombre de chaque meuble aux coins de sa vision. Des images d'autrefois lui revenait, des fragments de rêves. Une salle en désordre, entourés de brocards, de plats en argent refroidis, d'assiettes et autre vaisselle en or, tandis que le vin s'écoulait des gobelets renversés. Il se souvenait d'avoir regardé la brume ramper dans le froid du matin sur ces mêmes parterres qu'il admirait plus tôt, à l'aube qui succédait à leur étreinte. Rien n'était que Loras, et Loras était là.
Tandis que ce dernier exprimait sa curiosité quant aux soldats qui accompagnaient sa vie désormais, un sourire fin s'épanouit lentement sur son visage aux traits tirés.  La manière dont il parlait de ces hommes, d'un air si léger et détaché... Daemon ne sut trop qu'en penser au premier abord bien que son visage n'afficha pas sa contrariété. L'absence de jalousie de son amant, si évidente contre l'ombrage flamboyant dont le Sand était capable sitôt que sa nature frileuse le portait au soupçon, le vexait quelque peu. Ses yeux se plissèrent légèrement. La confiance du Tyrell en sa fidélité était pour lui aussi touchante qu'exaspérante puisque mieux que personne il la savait justifiée. Même au contact du Prince, le Sand avait été bien des choses, mais jamais il n'avait été volage, loyal jusque dans ses pensées à la loyauté intraitable. Une confiance qu'il avait bien du mal à rendre. En ces quelques heures qu'il avait passé habillé de l'armure, son instinct infaillible dans les usages de la jalousie que lui fournissait son sang dornien lui avait d'ors et déjà désigné un homme de haut rang nourrissant une passion coupable pour le chevalier des fleurs; passion que son bien-aimé avait sans doute nourri malgré lui -du moins était-ce là ce qu'il espérait- par le badinage qu'il entretenait lors de ses apparitions à la cours. Ce doute seul manqua de masquer à son attention l'envie qui faisait vibrer la voix du fils de Mace derrière le ravissement détaché de ses prunelles mordorées. Le Bâtard de la Grâcedieu  voyait s'épanouir devant lui une vie toute tracée de faim de gloire et d'amère discipline, contre cet avenir brillant et contrôlé comme une partition à la musique déjà écrite auquel Loras était promis. Finalement, ils n'avaient jamais été bien différents. Entre son aigreur et la maussaderie de son aimé, il aurait aimé détenir une seule solution à leurs bouderies qui ne leur valut pas à tous deux la honte, l'exil ou encore l'échafaud.

Il dodelinait de la tête d'un air quelque peu rembruni en réponse à la fierté que lui témoignait le blond lorsque les mains de ce dernier lui échappèrent. Son baiser arracha ses craintes, l'enflammant d'un désir aussi visible qu'immédiat. Les yeux fermés, il reposait son attention sur la tiédeur qui demeurait sur ses lèvres et sur le parfum de la joue du garçon. La caresse de son souffle sur sa peau échauffait son sang et, tandis qu'un nouvel aveu passait les lèvres de Loras et que son doigt trouvait son chemin sur la balafre qui ceignait sa joue, ses propres mains glissèrent doucement sur les hanches de ce dernier, l'effleurant presque, avant de s'attarder dans une caresse plus affirmée bien que toujours subtile dans les creux de ses reins. Daemon portait en lui un froid mordant, venu d'un pays qui lui semblait lointain, et que rien ne réchauffait jamais vraiment, si ce n'étaient les caresses de celui qu'il aimait. Pourtant, son corps ne ployait pas, pas même sous l'étreinte du chevalier. Au reproche il ne répondit que d'un silence absent qui exprima autant son désamour de l'épistolaire que l'application avec laquelle il se rappelait cette étreinte trop vite abrégée. Ses yeux se rouvrirent lentement, à demi, pour l'écouter. Ses iris étaient embrumés d'un voile léger et sombre qui faisait scintiller son regard.  La malice qui s'inscrit alors sur le visage de son interlocuteur déteint d'un sourire plus appuyé sur sa mine. Encore un enfant, souriait son regard, indulgent. Il plongea son regard dans le sien. "Tu es meilleur que ton frère. Mais j'ai aussi battu ton frère." lui rappela-t-il dans l'espoir de titiller son orgueil qu'il savait proportionnel à son talent. Son ton était net et posé, tandis qu'il approchait son visage de celui de l'autre pour caresser du bout du nez la joue de ce dernier, en profitant par la même pour respirer à nouveau ce parfum qui chatouillait ses sens et le bas de son ventre. "Si tu n'arrêtes pas de grandir, je ne pourrai plus te porter jusqu'au lit comme avant." ronronna-t-il presque. Disant cela, il sentit soudain mieux sous sa main la chaleur qui se dégageait du creux de reins de Loras, appréciant la largeur du torse qu'il devait entourer de ses bras et qu'il observait d'un air pensif, semblant attendre et réfléchir. Le blond avait grandit si vite sous ses doigts, lui dont la légèreté lui permettait autrefois de le soulever du bout des bras. Réalisant pleinement un changement qui le terrifiait au moins autant qu'il le ravissait, quelques souvenirs épars et clairs de leurs premières nuits finirent de réveiller en lui le désir qu'il avait forcé au sommeil aux côtés du Grand Lion du Roc.
Bien qu'il eut encore tendance à infantiliser le jeune prodige, ce fut sur un corps d'homme fait que ses bras se refermèrent soudain tandis qu'il venait reprendre avidement un nouveau baiser sur les lèvres de son amant. Il avait été tenté d'entretenir ce jeu qui ne voulait pas hâter leur rapprochement. Cependant, au fur et à mesure qu'il prolongeait leur baiser et que la chaleur naissante dans sa poitrine s'embrasait pour remonter jusque sur ses joues, ses mains remontèrent le long du dos du jeune bieffois, ses doigts pressant et agrippant le tissus de son vêtement avec force. La distance et les jours qui les séparaient avaient rendu leur échange rapidement trop chaste à son goût. Il se sentait saisi de la même ivresse qui embrasait sa poitrine lorsqu'il s’était laissé aller pour la première fois a quelques caresses légères sous les draps avec les autres écuyers, et c'était quelque part plus délicieux encore que de ne plus contrôler tout à fait sous les affres du désir ce que le Prince avait pourtant élever à une maitrise impérieuse. Comme pour ressaisir l'ascendant qu'il avait pu avoir autrefois sur celui qui n'était plus l'enfant qui l'avait séduit, c'était avec une férocité fiévreuse qu'il pressait ses lèvres contre celles du jeune homme, enserrant son corps dans l'étau brûlant de son etreinte.






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An 298 | Lune 10



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Derrière la porte close de sa chambre caressée par l’odeur des fleurs qui s’imposait par la fenêtre, le sentiment de sécurité que Loras éprouvait dans les bras de son amant était presque honteux. Il avait toujours affirmé qu’il n’avait besoin de personne, qu’il se débrouillait seul et, surtout, qu’il n’était pas faible, mais alors que ses bras se dénouèrent d’autour du cou du dornien et que ses mains allèrent plutôt s’agripper au tissu qui habillait l’autre, il savait que tout ce n’était pas tout à fait vrai ; là, maintenant, il se sentait départit d’une insécurité qui l’envahissait toujours et apaisé d’une colère qui brûlait au creux de son ventre depuis son enfance. Il savait que si cet homme quittait un jour sa vie, il n’aurait pas d’autres choix que de se reconstruire. D’aussi loin qu’il se souvenait, il avait toujours dépendu de quelqu’un. D’abord de sa mère, comme la plupart des enfants, ensuite et toujours de sa sœur pour qui il donnerait sa vie, ensuite de Renly de qui Daemon avait finalement volé la place. Et, surtout, du regard des autres. Loras aimait plaire, voir dans les yeux des autres le désir que sa personne futile pouvait éveiller. Il était terrible, mais s’il ne devait avouer qu’une seule vérité, ce serait qu’il troquerait le regard de la foule pour les seuls et uniques yeux bleus qui lui faisaient se sentir autre chose qu’un objet d’admiration et il s’y accrocherait aussi solidement qu’un arbre s’agrippait au sol. Le nez qui titillait sa joue portant encore vaguement la rondeur de l’enfance le chatouillait et l’attendrissait. Ces petits gestes doux et presque aériens valaient beaucoup à ses yeux et lorsqu’il n’y avait pas accès, que ce soit avec Daemon ou Margaery, ils lui manquaient terriblement. Il aimait autant les donner que les recevoir. Étant particulièrement tactile, ces tendresses se suffisaient d’elles-mêmes et étaient pour lui autant porteuses de sens que les mots.
Le Tyrell glissa ses doigts dans les cheveux de son amant qu’il caressa distraitement, laissant les mèches foncées couler entre ses doigts comme des petits brins d’herbe. Son regard divagua un instant. Le soleil flottant dans la pièce faisait briller ses yeux dorés et réchauffait le bout de son nez alors que ses lèvres se pincèrent et que ses sourcils se froncèrent. « Donc tu crois que tu peux me battre ? » Souffla-t-il, le ton moqueur et l’air faussement offensé. Les mots de son homme avaient titillé son orgueil, mais non pas de façon à le rendre désagréable. La moue légère, mais pas tant boudeuse, qui tacha ses traits d’ange lui conférait un air un peu stupide.  Il s’ennuyait parfois de ces entraînements avec Renly qui se métamorphosaient parfois en un autre genre de combat qui passait bien plus subtilement considérant son statut d’écuyer, mais jamais avec regret d’avoir abandonné cette proximité avec le cerf. Ses iris brillaient d’un appel au défi. S’il ne le disait pas de vive voix, de toute façon il était bien trop obnubilé par la chaleur qui s’emparait rapidement de son corps sous les doigts de son amant et l’anticipation que faisait naître au creux de ses reins la remarque presque anodine de l’autre couplée à son imagination taquine, il n’aurait aucun problème à se battre en un duel amical, amoureux, contre lui pour gonfler un peu son orgueil déjà sur le point d’exploser. L’adolescent pressa un peu mieux son corps contre celui de l’autre, se laissant emporter sans hésiter par ses lèvres qui volèrent chaudement les siennes.

Tout son corps se serra instinctivement contre celui de l’homme qui faisait que son cœur battait présentement si fort. Il n’aurait pas dit non à plus de tendresse, mais il ne rejetait pas ses propres besoins plus brusques que l’attente avait planté au fond de son cœur. Les mots n’étaient pas toujours suffisants pour rattraper le temps perdu même s’il aurait souhaité avoir la possibilité de se promener avec lui, dans la forêt peut-être, de lui parler de choses futiles, de lui tenir la main à l’abris des regards, sans risquer de nuire à sa réputation et, surtout, à celle de sa famille. La Rose Dorée s’abreuvait de la passion de l’étreinte, s’agrippant symboliquement aux lèvres chaudes et humides de l’autre comme s’il craignait de se réveiller et de se retrouver encore, comme toujours, seul. Ses mains restèrent un moment emmêlé aux cheveux de son homme, mais l’immobilité ne les satisfaisaient pas. Il avait besoin de redécouvrir les traits qu’il aimait tant, qui lui manquaient trop souvent. Fermer les yeux, de temps en temps, avant de s’endormir et les laisser se dessiner sur le tableau noir de l’aveuglement temporaire ne lui suffisait plus. Plus le temps passait, plus il nécessitait la présence de Daemon. Il savait bien qu’il ne l’aurait jamais plus que possible, qu’il n’avait pas le choix d’assumer son étrangeté dans ce monde qui détestait ce qui sortait des normes. Il enviait terriblement ces hommes et ces femmes qui lorsqu’ils s’aimaient et étaient heureusement mariés, n’avaient pas grand-chose à cacher. Il aurait donné tout l’or du monde pour ne pas être obligé de nourrir sa passion uniquement entre les quatre murs de sa chambre qui lui semblaient de plus en plus ternes. Une main agrippée au dos du dornien, les doigts de l’autre caressèrent habilement la peau de son visage, tracèrent le long de sa mâchoire avant de se glisser contre son cou et puis son torse, pressés entre celui de chacun,  et son ventre sur lequel il s’attarda un peu plus attentivement, triturant le tissu de sa tunique.
Un petit son rappelant un vague gémissement sourd s’échappa du fond de sa gorge, brisant subitement l’étreinte que Loras quitta, mordillant au passage la lèvre inférieure du dornien. Si un petit sourire satisfait étira ses lèvres doucement roses, ses iris brillaient d’une certaine surprise. Il ne lui arrivait pas souvent de se sentir autant secoué simplement par un baiser. L’avancée au cœur de l’âge adolescente, où les fleurs commençaient à éclore pour de bon, semblait le laisser fragile, voire fébrile. Sensible, il sentait les papillons se tirailler violement au creux de son ventre, s’éparpiller en éclairs ponctuels contre ses reins. Enfin, l’absence prolongée de l’homme qu’il aimait et l’angoisse d’un possible mariage indésirable n’aidaient pas. Il ne détestait pas ces sensations amplifiées même s’il craignait subitement qu’elles soient de mauvais augure ou quelque chose du genre. Ses lèvres qu’il n’avait pas entièrement éloignées de celles qu’il chérissait s’écartèrent finalement, allant se blottir presque contre l’oreille de l’autre homme. « Sais-tu à quel point tu m’as manqué, amour ? » Soupira-t-il, ses mains s’occupant à le défaire de sa tunique. Il laissa son visage vagabonder contre le cou de l’être aimé qu’il embrassa de ses lèvres taquines.

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Ses bras refermés sur le torse du Chevalier aux Fleurs refusaient de relâcher leur étreinte. Des semaines durant, il s'était langui de ce moment. Gorgé de bonheur, Daemon sentait son cœur vibrer délicieusement plus fort, et son esprit oublia bien vite les jours qui les avaient séparés. D'une traite. D'un seul souffle égoïste, il retrouvait ses sensations comme autant de repères, profitant de l'instant sans une pensée -une seule- pour l'attente qu'avait du endurer son amant là où lui avait tant pour occuper ses pensées, corps et âme rendus à son ambition et au devoir. Qu'importaient le temps et la distance, après tout, lorsqu'il était assuré de retrouver Loras là où il l'avait quitté; Dans cet écrin de verdure et de richesses où il le savait en sécurité, protégé par sa famille et par cette admiration populaire que le bâtard détestait tant, parfois. Une cage dorée qui le ravissait au moins autant qu'elle semblait plaire et contrarier le jeune Tyrell. Ils n'étaient pas trop de tout un pays pour préserver le garçon de la jalousie de son amant dornien. Il entrouvrit ses paupières, et son regard sur Loras se fit plus sombre à cette pensée qu'il n'avait pas pour la première fois. Eut-il été doté d'une quelconque forme de liberté que Daemon aurait couvé en permanence ce dernier du regard rouge d'un cerbère; ce qu'il ne se privait jamais de faire dès lors que l'occasion lui était donnée. Ou alors l'aurait-il aussitôt enfermé dans une tour ainsi qu'un roi Targaryen l'avait fait de ses soeurs-épouses; pour s'assurer que personne ne le regarderait plus jamais comme Loras le désirait tant, dans cet absurde besoin d'être envié et d'ancrer son charme dans le coeur de gens qu'il ne connaissait guère et que le Tyrell n'avait, bien souvent, aucune envie de connaitre. Un besoin futile, ridicule et charmant, qui compressait sa poitrine d'un écho nostalgique. Amer, aussi.  Elle aussi, elle aimait qu'on l'aime. Se souvint-il en refermant ses yeux. Peut-être était-ce mieux ainsi, avait-il un jour pensé avec une vague mélancolie. S'ils lui avaient appartenu complètement, le bâtard craignait la lassitude qui aurait pu faner ses sentiments. Puisqu'il ne pouvait ni le retenir ni le repousser, il était condamné à l'aimer.
Ses paupières étaient closes. L'air était doux, mais pas autant que ne l'était la respiration de Loras contre son visage. Le garder prisonnier contre lui était tout ce qu'il souhaitait à cet instant, dans le tourbillon enivrant de cette tendresse qu'ils appelaient tous deux sans cesse depuis l'instant où ils s'étaient retrouvés, et se perdre avec lui dans ce monde qui n'appartenait qu'à eux. Cachés, peut-être, mais seuls. Loin de cette cour qui ne demandait qu'à conforter le jeune chevalier dans sa soif intarissable d'être admiré et devant laquelle le Sand était aussi impuissant qu'indésiré. En apparence, il avait choisi d'en sourire devant lui, comme autrefois. Finalement, après un baiser qui  lui avait semblé être tout ce qu'il désirait, le jeune homme se détacha de ses lèvres, laissant derrière lui le mirage d'avoir été comblé. A la  malice du Tyrell, les machoires du bâtard se serrèrent subtilement sous l'effet de la colère passionnée que la frustration provoquait en lui. Ce baiser lui paraissait désormais moins qu'une goutte de pluie sur sa soif.

Après avoir paresseusement entre-ouvert ses paupières, ses prunelles posèrent un regard brûlant sur le garçon. Son bas ventre douloureux de l'attente que leur danse lascive lui imposait pour quelques instants encore, mais fort de son expérience, Daemon demeurait d'une apparence apaisée, offrant à l'autre le spectacle d'un grand calme. Il avait retrouvé la retenue que son baiser avait fissuré, et ses mains avaient relâché leur emprise, effleurant pensivement le torse de son amant. Il était beau au delà de ce qu'il lui était possible d'imaginer. Et même si près de lui, après toutes ces années, l'étonnement le saisissait encore lorsqu'il réalisait à quel point sa simple présence le satisfaisait. Vorace et doux, le Sand se repaissait du goût de leur baiser, de la chaleur dure de son corps contre le sien, imaginant le combat que l'orgueil de son amant paraissait appeler. Il y réfléchit un instant, l'esprit tout juste embrumé de sensualité, somnolant presque de désir en sentant ses lèvres frôler celles du jeune noble. Ils se connaissaient si bien maintenant. Ce serait beau. Plus danse que duel. Alors, pourquoi pas? L'idée lui plaisait. Une chorégraphie qui promettait d'en terrifier plus d'un par ce qu'elle pourrait suggérer, mais qui inspirait bien moins de crainte au cœur du dornien que ne l'avait fait ces derniers mois, l'idée qu'il dut un jour voir sur le champs de bataille un adversaire qui aurait eu le visage de l'homme qu'il aimait. Ce mariage supposé, aussi détestable pouvait-il être aux yeux de l'adolescent et à la jalousie de son amant, avait ce rare et mince avantage de diminuer considérablement la possibilité que ce cauchemar se concrétisa jamais.
Répondant à l'impulsion affectueuse du visage de Loras s'enfouissant contre son cou, il appuya sa joue contre sa tignasse d'or emmêlée.  Alors que ses quelques mots chuchotés à son oreille dessinaient un sourire tendre sur ses lèvres, il en respirait le parfum familier, laissant échapper un léger soupir d'aise tout en se laissant docilement déshabiller. Il aurait pu se contenter de s'allonger avec lui sur les draps frais du lit, sa tête reposant sur son ventre aussi dur et chaud qu'un bouclier laissé au soleil. Juste sentir sa main glisser dans ses cheveux, et dormir, se reposer ainsi qu'il le devrait. Mais il savait que le diner arriverait bien trop vite à son goût et, déjà, l'échéance approchant exacerbait ses besoins. Daemon observait avec une affection non dissimulée son aimé triturer habilement les liens de sa tunique, se sentant peu à peu libéré du vêtement et sa peau respirant l'air libre une fois qu'il s'en fut défait, offerte aux baisers du blond. Plutôt que de lui répondre à haute voix avec des mots, il préféra un autre moyen de s'exprimer. Une manière qui ne serait pas altérée par sa langue souvent trop sèche et agressive pour les galanteries échangées à voix basse. S'écartant, il délaissa les caresses lascives dont il gratifiait jusque là le dos du jeune homme pour laisser ses mains glisser le long des bras du Tyrell. Il prit les doigts de Loras dans ses mains, et les porta à nouveau vers ses lèvres. Il déposa de doux baisers sur ses doigts. Il les embrassa presque avec vénération, posant ses lèvres contre les paumes soyeuses et pâles et chaudes du chevalier. Ils s'appartenaient avec force et dévotion. Ses yeux se relevèrent vers l'autre et il lui sourit.

"Viens." lui demanda-t-il doucement. A la fois question, ordre, prière et évidence. Il accompagna ce mot solitaire d'une imperceptible inclinaison de son visage qui, sans lâcher le garçon du regard, lui indiquait subtilement la direction vers laquelle ses pas tranquilles le menaient déjà. Pressant légèrement les mains de Loras, Daemon le guida jusqu'auprès du lit recouvert de draps de lins plus fins que de la soie, tiré de brocard satinés et qui était devenu plus sien ces dernières années que le meuble à l'allure  spartiate qui l'attendait à la Grâcedieu. Dans le silence que le Sand affectionnait tant, il entreprit de débarrasser le bieffois de ses vêtements. Ses gestes étaient calmes, et mesurés, loin de la fièvre qui embrumait ses prunelles bleues. Tout en accomplissant ce qui, dans son application, avait des airs de rituel, son regard n'avait de cesse d'observer le corps de son amant se découvrir à sa vue dans une admiration muette.





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Il se sentait bien dans les bras de Daemon. Petite cage qui le préservait d’un monde qu’il ne comprenait pas – qui ne le comprenait pas. Il s’y sentait si petit, mais l’angoisse et la colère qui l’habitaient constamment, sans qu’on ne puisse attribuer de raisons concrètes à leur existence, glissaient sur lui jusqu’à le quitter complètement, à s’évaporer à travers son souffle lent et chaud qui se heurtait à la peau de son amant. Ses doigts s’entremêlaient sans hâte au cordage de la tunique, se plaisant parfois à effleurer le torse de l’aimé. Ils se posèrent là où était son cœur, s’immobilisèrent un instant pour le sentir battre sous eux comme pour s’assurer qu’il était toujours bien vivant. Loras savait l’absurdité de son geste, mais s’il ne craignait pas sa propre mort, il redoutait éperdument celle des autres. Encore et toujours, sans que cela ne soit rationnel. L’adolescent vivait dans la peur qu’un jour, l’homme qui portait son cœur dans le sien cesse de respirer sans qu’il ne soit là pour lui dire une dernière fois qu’il l’aimait et que cela ne cesserait jamais. D’un geste dont l’impatience contrastait avec son calme aérien, il força le vêtement à quitter l’homme et il laissa ses lèvres se promener sur son épaule. Profitant de l’allégresse qui naissait de la passion qui chatouillait le creux de son ventre, ses doigts zigzaguèrent sur la peau dénudée, tracèrent ponctuellement des cercles. S’il voulait toujours plus, insatiable amoureux, il avait besoin de cette tendresse qu’il ne pourrait imiter avec personne d’autre, car elle naissait de l’amour profond et fusionnel qu’il éprouvait. Lorsque les mains du bâtard quittèrent son dos, la Rose Dorée se sentit soudainement défaillir, comme si le voile qui cachait ses angoisses s’estompait peu à peu. Il voulut s’accrocher au tissu absent, mais le bout de ses doigts ne fit que presser le dos de Daemon, glissant contre lui jusqu’à ce que ses propres bras se détachent à leur tour. Il savait qu’il ne l’abandonnait pas lorsqu’il sentit ses mains réconfortantes aimer ses bras.

Ses yeux dorés caressèrent tout ce qu’ils pouvaient cerner de son amant. La mince distance qui les sépara désormais lui permit de mieux le voir, de constater à quel point il aimait chaque morceau de lui, cachés ou non sous des tissus qui étaient parfois de trop. L’amour qu’il lisait à travers ses gestes, la façon dont ses lèvres s’approprièrent de ses mains comme si elles lui appartenaient – c’était le cas – , l’hypnotisait tendrement. La bouche entrouverte, il l’observa attentivement ; buvait le soleil qui l’enveloppait, qui éclatait sur sa chevelure brune. Ces douces affections signifiaient bien plus que les mots. Tous les « je t’aime » du monde ne lui assureraient jamais la proximité que lui offraient les lèvres chaudes de son aimé contre sa peau, sa peau contre la sienne. Loras aimait les mots d’amour, la voix de l’adoré au creux de son oreille, mais il était un être charnel qui préférait savoir son corps en parfaite harmonie avec celui de l’autre – ne faire qu’un était l’idéal absolu.  Lorsque les prunelles bleues se relevèrent vers lui, les siennes les attrapèrent au vol.  Ses joues étaient désormais plus roses qu’auparavant. Son sourire, comme toujours, emballait son cœur. C’était son trésor le plus précieux. À ce moment précis, il savait que son amour n’allait pas en décroissant. Affaiblit par l’attendrissement, l’adolescent se laissa entraîner. Il caressant distraitement, les mains qui serraient les siennes. Dans leur petit royaume qu’était sa chambre, Loras se sentait agréablement libre, loin de l’image qu’il devait s’efforcer de projeter. Si le monde au-delà de la porte qui tenait leur liaison secrète ne l’attendait pas, Loras n’aurait eu aucun problème à ne jamais en sortir.

Chacun des pas de la Rose dorée atterrissaient sur le sol comme s’ils se posaient sur un brin de nuage. Ses jambes presque molles le soutenaient assez pour qu’il ne cède pas au besoin de renverser son homme sur le sol, de s’étaler sur lui comme sur un oreiller de plumes et le couvrir de ses caresses amoureuses, de ses baisers taquins. L’impatience de se retrouver coincé entre son matelas et le corps de son homme se faisait savoir de plus en plus, mais il ne cessa pas cependant de profiter et d’apprécier l’instant que Daemon prit pour le défaire de ses vêtements. Il était fasciné par la délicatesse de ses gestes, par ces doigts minutieux qui le défaisaient de ses habits satinés. L’envie alourdissait ses paupières, mais ses yeux observaient toujours chacun des mouvements de son amant et sa tunique que ses bras détendus avaient laissée tomber à ses pieds, semblable à une petite mer verte pâle qui engloutissait ses orteils. Il sourit, bercé par l’air chaud qui ceignait sa fine taille. Le garçon porta sa main droite à son bras gauche, la tête légèrement inclinée pour observer les mains du bâtard le défaire de son pantalon. L’amusement au fond des iris, il prit appui sur l’homme et leva une jambe pour dénouer le lacet de sa botte et la retirer – ce qu’il répéta pour la seconde chausse. Lorsqu’il redressa la tête, il fit un petit geste pour écarter les boucles trop longues qui envahissaient son visage. Piétinant un peu maladroitement son pantalon qui reposait autour de ses chevilles, il s’en défit complètement.

Il laissa le silence les envelopper encore un peu, profitant du regard admirant dont Daemon le couvrait. Venant d’autrui, l’admiration tendait à lui monter à la tête, mais avec lui ce n’était jamais pareil. Les yeux de son amant lui rappelaient qu’il était beau. Il ne l’oubliait jamais, mais cette constatation était d’autant plus vraie lorsqu’elle provenait du seul regard qui comptait réellement. Sous les prunelles bleues, la Rose dorée se sentait en sécurité. Il dirait toujours qu’il n’avait pas besoin d’être protégé, mais ce n’était jamais bien vrai. S’il n’était pas faible physiquement, il ne tenait pas solidement au-dessus de ses émotions qu’on ne lui avait jamais appris à contrôler ni à comprendre. Son cœur s’affolait au creux de sa poitrine. Sa dépendance à l’autre l’effrayait presque. Loras ne supportait plus la minime distance entre leurs corps. Il tira sur le pantalon de l’autre pour le forcer à se rapprocher de lui. Si on lui demandait un jour ce qu’était être amoureux, il répondrait, peut-être un peu gêné, que c’était être prisonnier. De l’autre, de son regard. Mais qu’il ne détestait pas cela.  Possessif, il récupéra les lèvres qui lui appartenaient. L’entraînant dans un nouveau baiser, Loras profita de la chaleur que lui procurait la peau nue du torse de son amant pour le débarrasser à son tour de son pantalon, séparation gênante entre ces corps qui s’aimaient trop. Ses doigts pianotèrent distraitement sur le bas de son ventre – dérivèrent sur ses hanches et puis ses fesses –  tandis que ceux de l’autre main s’agrippèrent à sa nuque pour mieux le forcer à suivre. Le biefois recula vers son lit et il s’y agenouilla. À contre-cœur, il rompit l’étreinte : « J’ai besoin de toi. » marmona-t-il. Quelques mots qui se perdirent dans l’air. À côté de lui ou en lui, peu importait.

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Une irrésistible joie illumina son visage grave. La joie, la surprise, l'admiration s'y peignirent sans doute ouvertement quand son regard croisa celui dont l'absence l'avait inquiété, et à la seconde même où le corps nu de Loras s'offrit à son regard, Daemon lui sourit, lui sourit à lui, d'un sourire expressif, familier, charmeur et plein d'abandon, dans lequel ses lèvres  s'entrouvrirent lentement.
Les yeux bordés d'ombre, il se laissa entrainer par les bras de son amant, tentant de ne pas penser aux minutes qui s'écoulaient. S'ils avaient un jour été riches des heures qu'ils passaient ensemble, Daemon n'ignorait pas que ce temps était peut-être en train de prendre fin. Le souvenir de sa chambre, grise, blanche et froide comme une tombe à la Grâcedieu lui revint en mémoire. Voilà comment ce sera, jour après jour, sans lui. Une affreuse sensation d'oppression comprima sa poitrine. Tous les jours, sans lui. Cherchant éperdument à évacuer toute pensée, le Sand préféra se concentrer sur l'instant présent ainsi que sur toutes les sensations qui l'entouraient. La lueur du soleil tremblotant sur son cou, la courbe de sa hanche se prolongeant vers le bas, ses mains, robustes et douces, qui glissaient sur sa nuque et au bas de ses reins pour le retenir plus près de lui. Si près qu'il aurait été impossible de glisser quoique ce fut entre eux. Leurs bouches s'étaient rencontrées à nouveau. Cédant à l’irrésistible appel avide de tendresse, ses propres doigts entourèrent le visage de l'homme en devenir, caressant ses machoires de ses pouces d'un geste calme et appuyé. Au contact des lèvres rondes et douces , son estomac frémit, une onde de plaisir brûlant se propagea sous sa peau, encouragée par la danse légère des doigts de Loras sur son bas ventre. Ses lèvres étaient sucrées, mais aussi plus chaudes et plus dures que dans son souvenir.
Ses membres étaient engourdis par le désir, et sans doute se serait-il laissé tombé dans le lit si son excitation n'avait pas été quelque peu refrénée par la vulnérabilité qui lui était soudain apparue dans la voix du Bieffois. Il rouvrit ses yeux aux paupières encore lourdes de leur dernier baiser trop tôt consumé pour poser son regard sur lui. Celui-ci était d'une si parfaite beauté qu'il en fut confondu. La pâleur, la grâce sévère de son visage encadré de boucles blondes comme le miel, son nez droit, sa bouche aimable qu'il désirait  ardemment, une gravité expressive et quasi divine, tout cela lui  faisait songer à la statuaire , et malgré leur classicité les traits avaient un charme si personnel, si unique, qu'il ne se souvenait pas d'avoir vu ni dans la nature ni dans les palais une si parfaite réussite. Loras était beau, mais toute sa beauté lui paraissait dérisoire, presque négligeable dans l'affection qu'il avait trouvé pour le lier à lui et dont les raisons étaient futiles autant qu'elles lui étaient précieuses.

Dans cet instant où il lui aurait  autrefois été facile  de se contenter de ses charmes, une incrédulité empreinte d'émotion et de terreur naquit dans son regard, témoin éphémère de l'inquiétude qui rôdait autour d'eux. J'ai besoin de toi. Sa voix morne et brûlante tout à la fois résonnait à ses oreilles un un écho douloureusement séduisant. Cependant, le bâtard ne pouvait prétendre ignorer ce qui était juste sous ses yeux, aussi tentante l'invitation de Loras pouvait-elle être. L'expression du Tyrell était avide, certes, mais elle était aussi fermée, impénétrable, distante même, paralysant pour un instant le brun.
Ses mains se posèrent sur ses cuisses, ses doigts pressant brièvement les muscles durcis. D'où il était, Daemon sentait son odeur. Les huiles qu'il utilisait pour masser sa peau là où l'on devinait encore l'ombre de cicatrices désormais presque disparues, les rosiers et autres bosquets fleuris qu'il avait foulé dans la journée et dont le parfum imprégnait ses vêtements désormais à terre ainsi que sa chevelure. Et puis, sous tout cela, il y avait son odeur, celle avec laquelle le bâtard voulait s'endormir, celle avec laquelle il voulait se réveiller. Et il y avait aussi le garçon terriblement vulnérable, ce garçon qu'il connaissait bien mieux que l'éphèbe que la cour avait l'habitude de voir. Cet homme là, le dornien le détestait, puisqu'il offrait à tous ce qu'il estimait sien sans qu'il ne put rien faire pour l'en empêcher. Il l'avait cependant accepté depuis longtemps, se résignant à l'aimer lui aussi, malgré lui. A cet instant, c'était le garçon que son regard s'appliquait à chercher dans les iris du Tyrell. Il savait devoir le trouver, derrière cette façade décidée, caché sous le léger mouvement d'humeur qui tiraient ses traits moins vaniteux que d'ordinaire. Loras incarnait le printemps, doré et éclatant. Mais sous ses yeux, il voyait l'ambre de ses prunelles s'assécher alors qu'il refusait de contempler l'avenir sombre qui se décidait pour lui à l'instant même où ils s'enlaçaient.

Le chagrin enfla en lui au point de l'étouffer quand le malheur naissant de Loras lui apparut pleinement, comme un gifle. Seul son orgueil dornien l’empêchait d'être happé par la sensation de tomber comme un pierre dans un ciel aveugle et noir. Néanmoins, il refusait d'être un corbeau perché sur son épaule et continuellement lui prêcher des mauvaises nouvelles. Aussitôt, il refoula ses sentiments périlleux au fond de lui, s'efforçant d'être fort. S'avançant, il frotta brièvement son nez contre celui du jeune adolescent, un sourire de chat ourlant ses lèvres tandis qu'il collait son front au sien, lui intimant une petite joie malgré leur morosité partagée, espérant  parvenir à le rassurer d'un geste futile."Je suis là." lui chuchota-t-il de sa voix chaude et grave. Il ne s'était pas entendu prononcer ces quelques mots, mais Daemon avait eu le temps d'affermir sa physionomie, de lui donner calme et dignité. Quant au sourire plus fin qu'il lui offrait, c'était le sourire plein de malice, de curiosité, de légère souffrance, fasciné et fascinateur qu'il revêtait lorsqu'il exigeait de lui sa confiance. Le manque total de pragmatisme du Tyrell lui interdisait toute parole vaine de circonstance. Le Sand avait vissé son regard bleu dans celui de son amant lorsque ses mains, qui s'étaient détachées des cuisses du garçon après une dernière pression, s'appliquèrent soudain fermement sur les épaules de ce dernier, le renversant sur le lit non sans une certain autorité joueuse. Toujours debout, le brun s'était redressé lorsqu'il le regarda puis lui assura une nouvelle fois:"Je serai toujours là."   Le dos de Loras avait tout juste effleuré les draps frais lorsque le corps brûlant de Daemon plongea à son tour pour le rejoindre et entreprit de se coller à lui. De son bassin à son torse, il n'y avait pas une parcelle de son corps qui ne se pressait pas de toute ses forces contre le garçon coincé entre le matelas et lui. Sentant une vague de volupté le gagner, le Sand retint un gémissement qui s'échappa en silence dans son souffle brûlant s'écrasant contre Loras. "Tu ne dois pas être triste comme ça." murmura-t-il, bien qu'il se douta que si leurs craintes venaient à se confirmer, la tristesse deviendrait colère. Pesant de tout son poids, le dornien passait ses mains le long du corps puissant et souple de son amant tandis que ses lèvres s'acharnaient fiévreusement à couvrir de baisers son cou, sa poitrine, ses épaules. Rien ne lui faisait plus de bien que de bouger contre lui, ondulant, pressant ses lèvres sur sa peau et le goûtant tendrement avec sa langue. "Tu ne dois être triste comme ça pour personne. Je t'aime... " Il se dégageait de lui un irrésistible parfum qui épanouissait ses sens comme des vapeurs d'alcool. Il voulait sentir à nouveau ses cuisses autour de lui, la moiteur de leurs étreintes et ses ongles s'enfonçant dans son dos pour, oublier que d'ici quelques temps Loras ne lui appartiendrait plus totalement.




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