[FB] "All men dream, but not equally" | Daemon
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"All men dream, but not equally"
An 284, Lune 6, Semaine 2
Daemon & Ryon
Les naseaux de la monture exhalait un souffle de buffle, alors que ses yeux bruns roulaient dans ses orbites cerclées d’encre, en en laissant voir le blanc. L’ordre du mords était venu étrangler sa course, l’obligeant à ralentir, puis à s’arrêter. L’homme qui le chevauchait jaugeait l’horizon, le visage caché par un turban noir dont le vent faisait frémir l’étoffe. Devant lui se dessinait un paysage qui aurait semblé aussi poétique que terrifiant pour quiconque n’y était pas né. Les rayons ardents du soleil de Dorne frappaient sur le désert comme sur une enclume. La chaleur éreintante n’était pourtant pas un mal difficile à supporter, quand on avait grandit dans le sable et les roches. On ne s’y habituait jamais, mais on apprenait à vivre avec. L’impression de néant donnait une atmosphère toute particulière au désert. Et l’on disait qu’il n’y avait que les dorniens pour s’y complaire. Les dorniens et les fous. Car le désert n’était rien, et aucun homme ne désirait ce qui n’était rien. Talonnant son coursier, Ryon s’attendait à ce que ce dernier obtempère comme à l’accoutumé. Mais il n’en fut rien. Se figeant sur ses appuis, l’animal levait nerveusement sa longue tête en renaclant, son échauffement soudain aussitôt imité par le deuxième pur-sang, dépourvu de cavalier, mais dont la longe était tenue par la main du dornien. Poussant sa monture à coup de talons, cette dernière ne broncha pas. Mais si le gris que l’héritier de la Grâcedieu chevauchait préférait s’entêter dans son immobilisme, ce ne fût pas le cas du jeune entier qui n’avait aucun maître sur le dos pour le calmer. D’un bond ce dernier fit un écart, la violence et la force de l’animal tirant le dornien hors de ses étriers. Jeté à terre, le sable ne tarda pas à se glisser dans le turban de l’Allyrion, et il en avala même, le temps qu’il mit à se remettre debout, alors qu’il se retrouvait face à l’étalon bai de nouveau serein. Le museau de l’animal frôlait le sol et il semblait s’amuser à caresser la surface du sable de son souffle silencieux, comme si rien ne s’était passé. Débarrassant son visage de la poussière, Ryon alla se saisir des rênes qui étaient remontées sur la crinières grisonnante de son pur-sang, quand son regard tomba sur une forme distincte des courbes habituellement dessinées par le relief des dunes. Un squelette. Semblant surgir du sable, les os du thorax d’un animal s’ouvraient comme une gueule menaçante à quelques pas à peine. Sans attendre davantage, il se remit en selle.
La route avait été longue. Parti alors que l’aube n’était pas encore là, l’astre du jour déclinait quand il arriva enfin. Le camp installé par les marchands et les nomades accueillait plusieurs caravanes, son oeil averti n’avait pas tardé à repérer les accoutrements et les marchandises empaquetées qui auraient parues semblables à un homme qui n’avait pas connaissance de ce monde à part. Les rayons faiblissant traversaient les étoffes richement colorées des tentes, filtres brodés et peints de motifs comme on en voyait qu’à Dorne. Les feux étaient allumés, mais leurs flammes ne servaient pas encore à éclairer, au lieu de ça de nombreux plats mijotaient en vue du dîner. Les rires contagieux des hommes assis en cercle ou s’occupant de leurs bêtes résonnaient dans la quiétude du paysage figé qui les entourait. Au pied d’un abreuvoir, on avait posé un chargement encombrant sur une civière, et qu’un garçon freluquet tentait maladroitement de déplacer pour faciliter l’accès à l’eau pour les animaux de bât qui le bousculaient dans leur hâte de boire. La ligne racée des deux pur-sang contrastaient avec l’allure plus simple des chevaux à côtés desquels il passait, rendant le cavalier et ses animaux particulièrement remarquables. Mais l’arrivée de l’Héritier Allyrion ne déclencha nulle surprise. Des saluts chaleureux vinrent simplement accompagner sa progression jusqu’à une tente plus imposante que les autres. Laissant ses chevaux aux soins de deux jeunes gens, une petite fille ne tarda pas à se présenter devant les deux montures, leur tendant des poignées de paille alors que les entiers baissaient leur élégante tête vers la nourriture. Découvrant son visage du turban qui l’avait protégé du soleil toute la journée durant, Ryon entra en écartant de son bras la tenture qui faisait office de porte.
Une porte qui n’était jamais scellée, ni interdite à quiconque car ici les échelons ne définissaient pas de barrières. “Ryon! Je croyais que tu ne reviendrai jamais!” L’homme assis au milieux de coussins avait laissé éclater un rire tonitruant avant de se lever pour s’avancer vers l’Allyrion. “Quel plaisir de te voir mon jeune ami!” Disant cela il lui offrait une accolade d’une force que son grand âge ne laissait pas soupçonner. Fort d’un vie et d’un âge dont l’exactitude s’était perdue dans le mouvement incessant du désert, l’homme au visage creusé par le temps et à la peau usée par le soleil ressemblait presque à une momie. Sur son menton autrefois fourni d’une barbe respectable ne poussait plus que quelques poils blancs et dru à la manière d’un porc-épic. “Moi aussi je suis heureux te voir, Jaccor. Comment vas-tu?” “Ha! C’est plutôt à moi de te demander cela. Tu ne sais pas l’inquiétude que s’est faite Salna en te voyant. Depuis elle ne cesse de me parler de toi et de tes cheveux blancs!” S’eloignant d’un pas de grenadier, le dornien alla se saisir de deux verres décorés qu’il remplit de thé avant d’en tendre un à son invité. “Enfin, tu as meilleure mine que la dernière fois, c’est déjà ça.” “Tout le monde ne peut pas être comme toi, mes petits-enfants se marieront que tu seras encore vautré dans ton oasis.” Un sourire discret s’était étiré sur les lèvres de l’Allyrion, alors que le vieil homme prenait un air faussement vexé. “Sans moi les routes de Dorne ne seraient pas ce qu’elles sont et personne ne saurait faire ce travail mieux que moi tu le sais bien.” “Je le sais bien Jaccor.” “Cependant. vautré oui, dans une oasis. Je n’ai pas fait la guerre moi.”Humant la vapeur qui émanait du thé, le jeune homme en apprécia le parfum avant de porter le verre à ses lèvres, et de boire. Le regard maquillé de noir du vieillard se posait d’un air plus grave sur le visage de l’Heritier Allyrion avant de soudainement redevenir jovial. “Tu veux peut-être voir ton fils?”
Arpentant le camp aux côtés du vieux dornien, Ryon posait sur la vie qui l’entourait un regard plein de la nostalgie de sa jeunesse passée. “Comment l’as-tu trouvé?” “Le garnement qui te sert de fils? Si tu veux que je réponde honnêtement, c’est un vrai démon! Quand tu m’as dis que tu voulais me le laisser quelques lunes, je te trouvais un peu dur dans l'éducation que tu lui imposais, mon épouse aussi. Elle croyait que la guerre t’avais rendu plus sévère encore qu’autrefois!” S’asseyant à la place qui lui était perpétuellement réservée, celle d’où il pouvait le mieux apprécier le paysage de l’oasis, le vieux Jaccor invita l’Allyrion à prendre place à ses côtés. Tout en saluant d’un signe de tête quelque uns des hommes déjà installés autours du feu, Ryon questionna son vieil ami : “A-t-elle changé d’avis?” “Disons que...nous avons reconsidéré ce que tu nous avais dit alors. Faites le chercher, son père le Sir Ryon est ici.” L’ordre qu’il donna était destiné à un de ses petits enfants, qui ne devait pas être beaucoup plus jeune que l’héritier de la Grâcedieu. Le petit-fils de Jaccor disparu dans l’agitation de la foule qui grouillait autours de la flambée, alors que le soleil dispensait ses tout derniers rayons.
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All men dream, but not equally
An 284, Lune 6, Semaine 2
Ryon&Daemon
Sous son regard baissé, le sable glissait le long de la dune en de petites avalanches de poussière crayeuse. Perdu dans ses pensées, endormi par la chaleur, le jeune Sand regardait ses pieds tracer leur route, un pas après l'autre. Il ne détourna pas les yeux lorsque la longe qu'il tenait claqua soudain contre son bras alors que son compagnon s'ébrouait. Au dessus de son épaule, le mufle pendant du dromadaire se suspendit paresseusement au bout de son interminable cou, soufflant régulièrement sur sa joue. Ce dernier entrouvrit la gueule pour laisser fuir un grondement plaintif tout en couvant le dornien de ses yeux noirs ourlés de longs cils pâles. D'un geste absent, la main du jeune garçon s'applatit un instant sur le muffle chaud de l'animal pour le repousser doucement et l'éloigner de son visage. L'animal était atrocement laid. Il se dégageait de lui l'odeur rance du vieux cuir, du sable froid, de la poussière propre aux bêtes; un parfum âcre qui s'était collé sur le lin blanc de son vêtement. Avec ses grandes pattes aux genoux cagneux, son pas lascif et ses gestes mesurés, Daemon ne pouvait imaginer créature plus irritante. Néanmoins, la lueur idiote de son regard sombre n'était pas dénué de douceur et, malgré tout ce qu'il pouvait juger indigne chez le grand animal, le bâtard avait fini par s'y attacher.
Il avait passé la journée avec lui, ainsi qu'avec les trois hommes qui marchaient à ses côtés et qui tenaient leurs propres bêtes en main. Le jeune brun ne leur avait accordé que quelques mots, se contentant la plupart du temps d'aquiescer d'un menton agacé lorsqu'il ne se murait tout simplement pas dans le silence entêté et patient dont il avait fait son apanage. Si la matinée avait été consacrée à lui apprendre les rudiments de l'entretien d'un dromadaire, un changement s'était opéré chez ses professeurs dès lors qu'il avait été question de commencer à lui enseigner les différentes routes et comment les emprunter pour ne pas fatiguer son compagnon. Si le mutisme du bâtard avait jusque là pu passer pour une politesse teinté de timidité, les nomades enturbannés n'avaient pas été dupes de sa bouderie désobligeante et s'en étaient ennuyés très vite, habitués qu'ils étaient désormais au caractère sauvage de leur jeune invité. Tout le long de l'après midi ils s'étaient donc contenté de le laisser bouder dans son coin, espérant sans doute que sur leur chemin l'ennui deviendrait suffisament pesant pour pousser le garçon à s'interesser à ce qu'ils tentaient de lui enseigner. Malgré ces heures déplaisantes, retrouver les rumeurs joyeuses du campement lui inspirait des sentiments contraires de soulagement et d'accablement mélés. Ce n'est pas ma maison... se désola-t-il en entendant l'un de ses maîtres s'exclamer joyeusement. C'était le nomade qui marchait à ses côtés. Il avait la peau brune et le fils de Ryon ne se souvenait pas avoir vu le visage ridé qu'il cachait sous un foulard au bleu passé. Il avait aussi une voix railleuse, ce qui donnait l'impression que chaque phrase qu'il prononçait était une moquerie. Les vieillards avaient d'ailleurs leur propre dialecte. C'était un parlé chantant et rude, héritier de la langue que les dorniens parlaient avant d'adopter celle qu'employait tout le reste du continent. Un vestige du temps des tribus avant l'arrivée de la reine Nymeria, un baragouinage aussi désagréable que frustrant pour le jeune garçon.
Aussi, il arrivait souvent que le bâtard se perdit facilement dans ses propres pensées pour échapper à la millième conversation a laquelle il n'entendait rien. Ce fut alors, entre deux phrases aux accents gutturaux, qu'une main chaude se posa sur son épaule, le rappelant soudain à la réalité. "Daemon", prononça simplement le nomade. Ils échangèrent un regard, et la main quitta doucement son épaule après une dernière pression rassurante de ses doigts calleux.
Ils passèrent un groupe d'enfant qui se régalait déjà de quelques dattes subtilisées au repas du soir. En croisant son regard trop bleu, leurs lèvres poisseuses de sucre et de miel s'étirèrent en des sourires malicieux et ils étouffèrent leur rire complice avec les restes de leur butin, partant sans un regard pour la cible de leurs moqueries. S'ils ne pouvait le voir, Daemon, les joues rouges, fusilla leurs dos d'un regard noir. On avait essayé à l'aube de le parer ainsi que les jeunes filles nomades aimaient à voir leurs hommes. S'il avait accepté à contrecoeur les manchettes d'argent battu, le garçon s'était soudain cabré lorsque l'un des adolescents qui l'entouraient s'était mis à souligner ses yeux du trait de khol qui ourlait les yeux sombres de tous les nomades. "Je ne suis pas une fille!" avait-il farouchement protesté avant de partir en trombe. Loin de prendre ombrage de se voir ainsi crier au visage, les jeunes gens avaient ri à l'unisson, visiblement ravi de voir leur petit invité sortir du mutisme buté qu'il avait adopté en leur présence. D'un geste rageur, les cordages colorés de pourpre et de bleu dont on avait entortillé son turban avaient été arrachés et jeté à bas dans le sable encore frais, aussitôt suivis par le turban auquel ils étaient emmelés et avaient été laissés là, abandonnés derrière lui. Les bracelets brillaient encore à ses poignets, mais du maquillage ne subsistaient plus que des ombres grisées, et des estafilades de poudre qui étiraient son regard clair.
Délaissant le grand dromadaire à des mains plus expertes, le bâtard parti s'égarer dans le campement, sans autre but que de rester seul le plus longtemps possible avant l'inévitable rassemblement du diner. Presque instinctivement son chemin se dirigea vers les abreuvoirs. Les dos frémissants des chevaux et des dromadaires étaient en vue lorsqu'un détail lui fit froncer ses fins sourcils bruns. Sous ses cheveux presque noirs, son expression fermée changea, et se mua en un étonnement sincère.
"Gamil?" prononça sa voix incrédule, rendue plus fluette qu'à l'ordinaire par la surprise.
Son pas se fit plus rapide à mesure qu'il approchait, et, reconaissant parmi les silhouettes ordinaires des animaux de bat l'allure princière du destrier de son père il enfourcha l'étalon gris, déterminé à regagner la Grâcedieu sur son dos. Ce dernier gardait sa tête gracile dans l'abreuvoir et releva lentement le museau en sentant le petit corps léger se tortiller sur son dos.
Daemon avait toujours été imprévisible. Ses longues périodes de calme souverain étaient ponctuées de décisions aussi immédiates qu'elles étaient ardentes, son caractère secret aussi, tendait à le rendre particulièrement imprédictible. Mais il devait l'être moins qu'on le disait souvent puisqu'il n'eut qu'à peine le temps de tenir l'assise sur le dos du destrier pâle qu'on le faisait déjà glisser de l'autre côté pour l'en faire descendre. Deux mains fermes et robustes refermées comme un étaut autour de ses frêles épaules, et ses jambes qui s'agitèrent un instant dans le vide. Bien qu'il chercha activement à abattre son pied sur celui qui le retenait, ce fut le flanc de l'animal qu'il frappa d'un coup sec et déterminé, auquel l'étalon répondit d'un hénissment offusqué en décalant son grands corps, marquant un effet de domino qui dérangea toutes les autres bêtes qui étaient venues boire.
"Pas si vite, jeune homme!"Fit la voix calme et amusée d'Auda. Le petit-fils du chef du clan avait la peau cuivrée, le visage carré et aimable, et les yeux les plus noirs qu'il eut jamais vu."Ton père t'attend."Acheva-t-il en le reposant à terre, ne manquant pas de le retenir près de lui et de le guider d'une main solidement refermée sur son épaule. Je sais, se retint-il de marmonner.
Tandis qu'ils slalommaient entre les tentes, les jeunes femmes au bras chargés de victuailles, Daemon se remémora le triste jour qui l'avait mené parmi ces gens. A l'heure où sa grand-mère avait finalement accepté de lui laisser apprendre à manier l'épée, ils étaient parti à l'aube à la rencontre de ces nomades qui semblaient connaître son père. Le Sand avait été heureux, bien qu'intimidé, de cette rencontre qu'il pensait éphémère, persuadé qu'elle n'était qu'une étape vers le fief où il était promis en tant que page. Secrètement, il avait prié. Les Uller, il faut que ce soit eux. Allons à Denfert. Mais ils n'avaient jamais vu la forteresse rouge du père de son ami, et trois Lunes s'étaient écoulées depuis qu'il avait été laissé aux mains de ces hommes et de ces femmes dont il ignorait tout alors. Les jours étaient passés, mais pas la rancune. Et elle ressurgissait, brillante comme une lame dans son regard, crevant son visage fermé de deux éclairs bleus qui étaient tout dévoués à foudroyer la silhouette noire de l'héritier de Delonne. Auda et lui arrivèrent bientôt à hauteur du patriarche et du père du bâtard.
"Le voici, Ser." La main le poussa devant lui. Autour d'eux les rumeurs des discussions dans l'attente du repas grondait doucement comme le ressac paisible de la mer, rythmé ici et là par les quelques notes de musiques et de chant que certains se plaisaient à esquisser, ou encore par le braiement d'un dromadaire qui baillait. "Je l'ai trouvé près de vos montures. Il voulait vous acceuillir là bas mais j'ai du le guider jusqu'ici pour qu'il puisse vous présenter ses respects dignement, ainsi qu'il l'entendait." Auda était ainsi. C'était un homme à l'apparence aimable, discipliné et doté d'un coeur tendre qui savait qu'il n'était jamais trop tard pour donner une deuxième chance à quelqu'un ou pour lui permettre de se rattraper. Mais le bâtard n'avait que faire de sa main tendue. Son silence redoutable parla pour lui à cet instant. Autour d'eux, les hommes observaient le gamin d'un oeil circonspect. Tous respectaient profondément Ryon -bien que son fils ignora parfaitement pourquoi- et leurs mines désapprouvaient gravement le comportement du bâtard.
"Ne fais pas l'enfant Daemon, salut ton père" Résonna soudain la voix intransigeante de l'ainé de Jaccor, tandis que des murmures désapprobateurs commençaient à se faire entendre tel un nid de serpents. L'interessé ne lui accorda pas un regard, mais sa remarque enclencha aussitôt sa colère.
"L'enfant, c'est lui!" s'exclama-t-il d'une voix rauque. Non content de son insolence, son pied fouilla le sable et d'un coup sec, il envoya une giclée de poussière devant lui. Aussi vite, il se sentit tiré en arrière par les mains d'Auda qui le garda prudemment contre lui, comme de peur qu'il ne se jeta sur son père. Son irrespect ne fut pas bien accueilli par ses hôtes, et plusieurs nomades se tortillèrent sur leurs fessiers en grondant leur réprobation, leur regard voguant du père au fils au rythme des murmures qu'ils s'échangeaient entre eux. Le bâtard nota tout de même que l'un des arrière-petit-fils de Jaccor, qui devait avoir le même âge que lui, s'était même levé. Dressé de toute sa hauteur d'enfant, il serrait des poings rageurs et foudroyait du regard celui qui avait osé salir son aieul. Heureusement -si tant était qu'un tel geste puisse avoir un dénouement heureux- le garçon était suffisament loin pour que la sible ne fut qu'à peine éclaboussée. Si le sable était destiné à son père, et uniquement à lui, il atteint aussi les hommes assis à côté de lui. Plantant son regard dans l'onyx des yeux de son géniteur, il entendit derrière lui des gens ricaner: "Au moins on sait qu'il parle maintenant". Il se doutait que les rires étouffés étaient ceux de ses vieux professeurs de la journée.
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An 284, Lune 6, Semaine 2
Daemon & Ryon
Sans un mot, le fils du vieillard s'était eclipsé telle une ombre au milieu de la vie qui grouillait autours du feu. Paraissants sortir de nulle part, des dizaines d'hommes, de femmes et d'enfants peuplaient désormais le centre du camp, tous venus partager le dinner de mets modestes mais généreux en quantité qui s'apprêtait à être servi. La lumière du jour déclinait, et la chaleur viendrait dès lors du sable qui s'en était gorgé toute la journée durant. L'Allyrion leva d'un geste lent sa tasse vers le jeune garçon à qui l'on avait assigné la tâche de veiller à étancher la soif de ceux qui jouissaient du privilège de l'âge ou, comme c'était le cas de l'héritier, d'un sang noble. "Un sacré gredin ton fils, si tu veux mon avis." Le vieux Jaccor machonnait quelques fruits secs en attendant que le festin du jour soit servi, pendant que son noble ami sirotait le thé qui se boirait tout le long du repas. Dans un camps de marchands, le vin qui dormait dans les paquetages ne se consommait pas, il se vendait. "Mais je ne pense pas qu'il soit beaucoup changé par rapport à comment tu nous l'as laissé. Et je dis cela pour ne pas te faire peur en disant que cela a peut-être même empiré." Voyant que son interlocuteur restait borné dans un silence que le vieux dornien avait autrefois appris à supporter, il attendit sans le quitter des yeux que ce dernier daigne manifester d'un mot, d'un geste, ou d'un soupir le fond de ses pensées. Ses machoires émaciées mastiquant les dernières friandises que contenait un bol rougeatre, le patriarche tendit ce dernier à un garçon qui devait être un des ses nombreux petit-enfants. "Je te connais Ryon, tu avais une idée en l'amenant ..." "Ryon!"Interropant le vieil homme, un dame pas beaucoup moins âgée que Jaccor fit irruption derrière les deux hommes, s'agenouillant pour venir prendre entre ses mains le visage de l'héritier de la Grâcedieu, avant de se raviser de ce geste maternel et qu'elle jugeait sans doute trop familier. Son visage harmonieux et doux était encadré de voiles colorés, ainsi que de mèches grises qui avaient été soigneusement tressées. Son regard aux prunelles pâlies par le temps brillait d'un inquiétude sincère qui n'avait pas besoin de mots pour être exprimée. "Nous parlions." D'un ton abrupt le vieillard avait haussé ses sourcils broussailleux d'un air hautain. "Pourquoi ne m'as-tu pas dit qu'il était ici?!" "Je t'ai envoyé un des garçons." Grommela le vieux dornien. "Menteur. Menteur." Pointant sur son mari un doigt accusateur et autoritaire, Salna, que tous dans le camps appelaient "l'Ancienne", semblait poignarder son homme de ses yeux grands ouverts. Le manège du vieux couple arracha un sourire à l'Allyrion, quand les hommes autours d'eux riaient dans leurs barbes en posant sur Jaccor des yeux moqueurs. "Comment vas-tu Ryon?" "Il va bien, il va bien! Mais il a faim. Très Faim.""Laisse le donc parler vieux gredin, ou c'est toi qui ira remplacer le mouton sur la broche!""Oserais-tu affamer le fils de Delonne Allyrion, Salna? Ton futur Lord? Crois-tu qu'il sera aussi gentil avec toi lorsqu'il se souviendra de ce soir où tu l'avais laissé, lui et son vieil ami Jaccor, dépérir au milieu du désert, à attendre un dinner qui ne vint jamais?" Se relevant, la dornienne fit tinter ses bracelets en époussetant le sable de ses genoux, et droit comme une statue, elle planta sur le sommet du crâne de son mari un regard aussi noble que méprisant. "Que les Dieux se montrent cléments envers lui et lui épargnent de t'avoir alors encore pour sujet, vieille bourrique!"Quittant la lumière du feu, la silhouette de l'épouse de Jaccor disparue dans la foule qu'elle avait laissée hilare. Le patriarche lui-même ne put se retenir de rire à la tirade venimeuse de sa femme, bien qu'il baissa d'abord la tête pour cacher son sourire. Lorsque les rires se calmèrent, les discussions des petits groupes qui s'étaient formés naturellement reprirent, la rumeurs des rires et des voix qui se mélaient formant un joyeux chaos sonore tout autour du grand feu. Se penchant vers l'Allyrion pour n'être entendu que de lui, le vieux dornien parla d'un voix basse et rocailleuse. "Vraiment. Qu'espérais-tu en l'emmenant ici? Cet enfant n'est pas fait pour vivre ici. Il n'est pas toi Ryon. C'est ton fils, mais il n'est pas comme toi."
Le retour du petit-fils de Jaccor, Auda, coupa toute réponse qu'aurait pu servir Ryon à son vieil ami. Le dornien tenait fermement les épaules du garçon qui était le sujet de leur échange, et ce dernier paraissait d'humeur peu commode, comme à son habitude. Le caractère difficile de son fils bâtard s'était autant plié aux règles strictes qui guidaient le quotidien des lords de la Grâcedieu qu'il avait le talent d'user de chaque faille pour faire exploser ce que la sévérité de Delonne cherchait en vain à contenir. Le mensonge du nomade n'échappa pas à l'Allyrion, bien que ce dernier n'en laissa rien deviner. Son regard noir restait désespérément indéchiffrable pour ceux qui ne le connaissaient pas assez. Le vieux Jaccor s'était tourné vers les nouveaux arrivant, quand l'Héritier de la Grâcedieu s'était contenté de lever ses prunelles sombres vers son unique enfant, dégustant un nouvelle gorgée du thé encore fumant, en attendant des salutations qui ne viendraient jamais. Ryon n'avait plus guère besoin de connaître les détails du séjour de son rejeton pour savoir ce qu'il en était, l'attention nerveuse et globale que suscitait son arrivée suffisait amplement. A la droite de l'Allyrion, la voix de son voisin se fit entendre, mais l'ordre cogna contre le mur qu'était l'entêtement du bâtard. Pour toute réponse, le garçon offrit une insulte peu adroite, mais surtout un geste qui envoya sur le fils de Delonne et ses voisins proches une giclée de sable fort désagréable. Buvant son thé, devant la soudaineté du geste de son fils, Ryon s'étrangla, et il toussa autant pour dégager l'eau brulante de sa gorge que le sable qu'il avait aspiré. Une clameur d'énervement parcouru l'a petite assemblée qui avait ainsi été baptisée de sable, le dernier à se lever, pourtant, fût celui à qui Daemon avait dédié son geste. Laissant sur le tapis richement coloré mais à présent envahi de sable la tasse vide, l'Allyrion s'était levé, sa longue silhouette sombre se détachant des habits colorés des hommes qui l'entouraient. Au milieu des dorniens qui époussetaient leurs visages et leurs vêtements, il demeurait stoïque, son regard planté dans celui du jeune ingrat. Bien mal en avait pris au bâtard de la Grâcedieu d'oser la violence contre son propre père. Car en confondant silence et passivité, le garçon avait d'ores et déjà signé la correction qui l'attendait. D'un pas lent et mesuré, l'Heriter de Delonne s'avança vers son fils, pour ne s'arreter qu'une fois arrivé devant lui. Le dominant de toute sa taille, d'un geste à peine esquissé il demanda à Auda de s'écarter. Ce dernier s'exécuta à regret, bien qu'il demeura à quelques pas derrière le garçonnet. La nuit couvrait peu à peu le camp, et la lumière dansante des flammes carressait les profils du père et du fils. Un bruit sec se fit entendre. Certains se retournèrent pour ne seulement voir le futur lord le bras levé, sa main parée de multiples bagues s'abaissant lentement. La joue du bâtard était rougie des traces laissées par le dos de la main de son père. "Quand vas-tu cesser d'agir avec tant d'insouciance?" La voix calme du fils de Delonne Allyrion pesait d'une autorité qui pouvait aussi se lire dans ses yeux noirs. Imperturbable, il n'avait pas ciller malgré la violence de son geste. "Ne t'ais-je donc rien appris?" Son regard baissé vers le visage de son fils, il tournait à moitié le dos à l'assemblée dont l'attention était toute dirigée vers eux. "Je t'ai puni pour ton geste. Pour ton irrespect. Ton ingratitude. Ton insolence. Ta bêtise. Tu sais qu'il te reste désormais à mériter mon pardon." S'écartant vers leurs hôtes, il invita alors Daemon à s'avancer vers le patriarche et ses fils ainés. Son regard ne quittait pas les prunelles bleues du bâtard, alors qu'il attendait que ce dernier s'avança vers le vieux Jaccor. Un regard empli d'un avertissement qui n'échapperait pas au garçon, de la même façon qu'il n'échappait pas aux spectateurs de cette correction. "Viens ici, Daemon. Viens." Ayant finit de se débarrasser du sable dont il avait été généreusement arrosé, le vieux dornien à la peau brunâtre de soleil, faisait signe au jeune bâtard, tapotant le tapis sur lequel il était assis.
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An 284, Lune 6, Semaine 2
Ryon&Daemon
La Grâcedieu lui manquait. Les hauts murs blancs tour à tour brûlants et froids de la cour lui manquaient. L'air tiède de sa chambre que les tours attrape-vent renouvelaient discrètement en respirant lui manquaient. La discipline infatigable et austère, l'affection mesurée de sa Grand-mère, les heures de receuillement silencieux, le parfum pierreux et humide des contreforts léchés par la Sang-Vert, le rythme régulier des prières, tout lui manquait atrocement. De ce sentiment profond d'injustice et d'abandon, il ne semblait pas y avoir dans tout ce camps de nomades la moindre âme pour s'en soucier. Le garçon était taiseux de nature lorsqu'il s'agissait de ses sentiments, mais cela ne l'empéchait pas de blâmer ses hôtes pour leur manque de compassion.
Le vieux Jaccor, Auda et tous ses frères, les petits-fils et arrière petit-fils, et enfin, son père le regardaient. Toutes leurs têtes brunes étaient dépeintes de cette même désapprobation que son coeur d'enfant trouvait risible autant qu'il la savait présage de mauvaises choses. Autour de lui, la conscience de son environnement se fit de plus en plus claire jusqu'à en être presque vertigineuse. Sous ses pieds il sentait le sable chaud, et ses poumons s'étouffaient du parfum des épices et du feu de bois tandis que ses oreilles percevaient les murmures aux accents chantants qui bourdonnait derrière lui, plus lointain que les ressacs de la mer de Dorne lui semblait-il à cet instant. Haletant de colère, il n'avait plus désormais pour ancrage que les prunelles noires de l'héritier de la Grâcedieu, son père. Daemon n'ignorait pas qu'il venait de commettre l'irréparable et que, s'il avait jamais ne serait-ce qu'envisagé d'inventer un moyen de se rattraper, ici et maintenant était le moment qu'il aurait du choisir pour s'y employer de toutes ses forces.
Lorsque les mains d'Auda quittèrent ses épaules, le Sand comprit que son destin était scellé. Il avait vu la longue silhouette ténébreuse se relever comme une ombre, tout comme il l'avait regardée s'approcher de lui sans jamais la quitter de ses yeux butés, et pourtant, lorsque la gifle lui fit tourner la tête malgré lui, il se sentit piqué du plus vif sentiment de perséccution qu'il eut jamais ressenti de sa jeune vie. Mais le coup n'était pas le plus terrible. Car ce qui serrait la gorge du bâtard de larmes d'humiliation refoulées était le calme imperturbable de son géniteur. Lisse comme l'eau au fond d'un puit, impénétrable, une surface polie d'autorité sur laquelle sa colère puérile et vivace n'avait et n'aurait sans doute jamais aucune prise. Il savait que chacun des mots qu'il dirait, qu'il fut bon ou mauvais, glisserait sur ce mur qui le séparait de lui et que cette claque n'était pas moins pour l'invité désastreux qu'il avait été auprès des amis de son père que pour l'insolence dont il venait de faire preuve. Il refusa de porter sa main à sa joue brûlante, préférant attraper entre ses doigts le lin blanc de sa tunique. Ce soucis soudain de garder pour lui ce peu de dignité lui fut d'autant plus douloureux qu'il se rendit compte qu'il renaclait à une telle marque de faiblesse pour ne pas faire honte à son bourreau. Le regard par en dessous dont il baptisa l'homme était fier, mais résigné. Rien qui ne fit trembler son père, cependant. Son intransigeance pesait si bien sur lui que le bâtard dut lutter pour ne pas détourner les yeux pendant que la correction coulait des lèvres du soleil noir. A chaque reproche exprimé si clairement en public, sa honte grandissait et s'affichait au regard de tous sous la forme de plaques rosées sur ses joues brunies par le soleil. Puis, comme si rien ne s'était jamais passé, tout redevint calme. La tension retomba. Les dunes devinrent bleues. Et le diner fut enfin servi.
Lorsqu'il avança ainsi que le lui commandait son père, les yeux qu'il levait vers lui avaient beau être ceints de deux pupilles pâles comme le ciel, le regard dont il le confrontait était plus noir encore que la nuit qui tombait sur le campement. Ses lèvres étaient légèrement pincées, tout comme le coin de ses yeux qui se plissait de ridules contrariés, voire défiantes. Malgré toute son application à se montrer aussi revêche que possible, ce fut d'un pas calme -quoique trainant- qu'il alla s'asseoir brusquement en tailleur à la place que lui indiquait le vieux nomade. Une fois installé, ses doigts trouvèrent rapidement de quoi s'occuper des quelques fils qui dépassaient du tapis sur lequel il était assis. Il les triturait savament, tout en affectant d'ignorer son père, ou du moins, d'éviter de croiser son regard.
A peine quelques secondes plus tard, de jeunes femmes arrivèrent, les bras chargés des plateaux garnis comme un jour de fête. Leur peau brûne se fondait dans la nuit, mais leurs sourires se détachaient sous leurs voiles tandis que les flammes du grand feu soulignaient le blanc de leurs yeux luisants. Elles déposèrent leur fardeau sous les exclamations statisfaites et gourmandes des hommes. Sous le regard dubitatif du bâtard, certains, à demi allongés et accoudés sur des selles ou des coussins rugueux, les remercièrent en embrassant leur main ou de quelques mots chaleureux dans la langue oubliée qu'ils parlaient entre eux. Tandis que le jeune garçon, un peu moins rembruni par l'odeur alléchante du repas, zieutait le large plat circulaire qui avait été posé devant le chef du camps et ses proches -un amoncellement de viande grillée et badigeonnée de miel, de pain parfumé aux épices et de fromage salé des montagnes rouges-, l'homme qui l'avait harponné un peu plus tôt s'adressa à son père.
"C'est un honneur de te revoir Ryon." Commença-t-il solennelement de sa voix rocailleuse. Un peu plus loin, de la musique se faisait entendre. Quelques tambours et clochettes, ainsi que les cris joyeux des filles auquels répondaient les chants esquissés par les voix graves des garçons, là où les plus jeunes se sustanteraient, loin, à l'abris des préoccupations de leurs ainés. Daemon espérait qu'il ne serait pas envoyé auprès d'eux. "Je n'étais pas là pour t'acceuillir quand tu as rendu visite à mon frère, mais je me réjouis de constater que la guerre ne t'a pas brisé." Cette simple allusion à la rébellion sembla raidir quelques hommes autour d'eux, mais le Sand ne le remarqua même pas, trop occupé à se servir une portion frugale du plat après que tous les adultes autour de lui se furent servi leur part."J'étais au nord, pour guider une caravane d'épices jusqu'aux Montagnes Rouges. Je pense pouvoir dire aujourd'hui que notre commerce reprend comme dans les jours anciens, même s'il nous faudra des lunes pour rattraper notre retard. Heureusement que nous ne faisons que déplacer la marchandise, nous n'avons pas les dettes, mais nous avons la colère des marchands."Le vieux barbu mastiqua sa viande pensivement, puis se pencha vers l'héritier de la Grâcedieu, sans doute dans le soucis de réserver ses confidences au seul cercle d'hommes qui l'entourait. Bien qu'il ne sut pas très bien s'il en faisait partie ou s'il avait simplement été oublié, le jeune Sand écouta malgré lui, ses yeux bleus baissés vers les couleurs du tapis scintillants du privilège involontaire dont il été gratifié. "Deux ans, il aura fallu deux ans tu te rends compte? Et tout ça seulement pour pouvoir atteindre la frontière sans appréhender d'y être mis à l'arrêt des jours durant par les Ferboys. La guerre a fait des morts mais les déserteurs hantent encore les montagnes, quant aux brigands ils pullulent comme jamais. Nos marchandises sont fouillées comme si nous n'étions que de vulgaires contrebandiers. Il y a quelques semaines de cela, un garçon s'est fait arrêté. Un mal-né de l'Orage ou de la côte. Il aurait pu continuer sa route si sa bourse n'avait pas été brodée du dragon des Toland."
"Sûrement un du Trident..." Supputa le jeune homme mince qui l'avait amené auprès de son père en se referrant à la bataille qui avait coûté si cher à Dorne. Dix mille âmes sacrifiées pour endiguer la rebellion initiée par le roi fou et par son fils. Daemon connaissait bien cette histoire. Mais il était jeune, et ce récit cent fois répété ne lui inspirait rien d'autre que de la lassitude. Si le Prince Oberyn avait été là bas, la guerre aurait été bien plus courte. Ruminait-il, parfaitement convaincu de ses pensées. Il aurait pu faire la leçon au Prince Rhaegar, lui montrer l'exemple. Lui montrer comment un vrai prince doit être.
" Si on ignore sur quel cadavre il l'avait ramassé, il l'a amèrement regretté. Voler un dornien mort, c'est peut etre pire que de voler un vivant! Les lords et les Ladies n'ont pas pardonné la guerre, Ryon et ils se vengent chaque jour que les dieux font, par à coups. "
Tout en machonnant timidement un morceau de pain, Daemon tourna finalement son visage vers son père. Beaucoup de héros étaient revenus de la grande guerre. On disait que le père de son meilleur ami avait soulevé ce dernier dans ses bras en rentrant chez lui. Pas Ryon.
Joccar, semblant sentir ce que son cadet allait dire et répugner à l'entendre dire, grogna un avertissement sourd dans sa barbiche blanchâtre, attirant le regard curieux du jeune garçon. S'il se tenait déjà droit et en tailleur, son dos se raidit tandis qu'un frisson inquiet coulait le long de sa colonne vertébrale. Ses yeux pâles se baladèrent sur les visages burinés qui l'entouraient, à la recherche d'indice sur ce que ces hommes qu'il avait cotoyé pendant trois lunes pouvaient bien reprocher à son père.
"Je ne suis pas un soldat, pas plus que mes fils. Aucun d'entre nous n'a vu la guerre. Les jeux des Lords nous échappe. Je t'ai vu grandir Ryon, et je te considère comme l'un de mes fils, mais je me dois de te poser cette question. La guerre est-elle terminée? Réellement, je veux dire. Et combien de temps peux-tu, toi et tes amis de Lancehélion, me promettre que la paix durera? Je ne veux plus me rendre aux limites de l'orage en craignant de me trouver face à des soldats Baratheon insatisfaits de leur défaite et prêts à massacrer mes hommes et mes enfants seulement pour laver leur honneur. "
© DRACARYS