Sunset Blood | pv Aegon Targaryen
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298 | Lune 12 | semaine 2
Aegon & Daemon
Malgré sa nonchalance, il se dégageait de lui l'attention rigide propre aux militaires. C'etait un homme qui bougeait comme si les Dieux les plus sévères le regardaient, et dont chaque geste était particulièrement calculé et précis. Son dos était droit, son pas mesuré, trop solennel pour être immédiatement perçu comme élégant. Ce n'était pas la démarche féline d'Oberyn ni le pas conquérant d'un Lannister, mais une marche raide et sans fioriture, héritière de l'austérité qui courait dans les veines humbles des religieux Seigneurs de la Grâcedieu. Le regard qu'il portait devant lui était trop froid, trop évidemment hautain pour que l'on y décela la préoccupation qui y dormait. Les mâchoires serrées d'anxiété, le Bâtard de la Grâcedieu traversait les couloirs sans un regard pour les âmes pourtant nombreuses qui y grouillaient. Son expression était fermée, tout comme ses poings.
Sur ses épaules coulait une lourde cape rouge sombre dont l'un des pans aux boutons détachés avait été négligemment rejeté en travers de son cou par dessus son épaule gauche, formant ainsi un amas savant de plis amarante sur sa poitrine. Le cape était neuve, le pourpoint en dessous, l'était beaucoup moins. Ce dernier était noir comme de la suie. Quatre ans d'usage régulier avait fini par se voir, notamment depuis que la lourde armure de capitaine l'enfermait régulièrement, frottant les coutures et griffant le velours de veinules claires. Sur l'un comme sur l'autre, des gouttes d'eau claires vibraient au rythme de sa marche, glissant parfois jusqu'au sol à la brusquerie d'un pas.Au dehors, le ciel était encore sombre, brouillé de la légère pluie d'été qui était tombée durant l'après-midi, parant les pavés de la cour et les feuilles des arbres de reflets luisants. Des jardins humides remontait jusque dans les couloirs le parfum propre à la végétation après l'orage; Alourdi par la tiédeur du crépuscule prochain, ce dernier masquait l'odeur de pierre de la forteresse.
Les murs étaient tous rougeâtres. Le long des couloirs étaient disposés régulièrement de grands candélabres de fer forgé, qui, dépourvus de flamme pour les animer, ressemblaient à de hauts entrelas d'os noirs et brûlés. Naturellement observateur, les détails du château royal lui sautaient pourtant aux yeux plus que de raison, son attention vagabonde abrittant le malaise qui menaçait de le saisir alors qu'à chaque pas, le sentiment d'inadaptation qui l'habitait s'enracinait plus profondément dans ses entrailles.
Le brun avait tant pris l'habitude d'être coincé dans son carcan forgé de discipline et d'obéissance qu'il était obligé à présent de constater que, lorsque les ordres venaient à manquer, il se trouvait presque égaré, sans aucun repère, perdu dans l'étiquette qu'on ne lui avait jamais enseigné -du moins en était-il persuadé puisqu'il ne parvenait pas à s'en rappeler la plus petite règle aujoud'hui. Pataugeant dans l'incertitude de ce qu'il était autorisé ou non à faire au coeur de cette cour dont il ne savait rien, le bâtard avait très tôt pris l'habitude de prendre le maquis et de se réfugier dans sa chambre lorsqu'il se trouvait libéré pour un temps de son devoir. A l'abris des murs peints de sa chambre, Daemon se sentait non seulement plus libre, mais aussi plus en sécurité. Incapable de mentir convenablement, ou de prétendre le moindre interêt pour quelque discussion que les convenances auraient pu être amené à lui imposer, le Sand savait que le Donjon Rouge pouvait devenir l'écueil de sa dignité aussitôt que ceux plus doués à ce jeu de dupe se rendraient compte de ses lacunes. Et si ce dernier cas ne venait pas à se vérifier, son âpreté naturelle aurait, de toutes les manières, tôt fait de se charger de lui fournir une toute autre réputation.
Comme si son humeur noire autant que son trouble s'affichaient autour de lui comme une ombre, il vit quelques étrangers pomponnés et couverts de brocards se tourner vers lui sur son passage. D'instinct, il accéléra le pas, repoussant ceux qui génaient sa route.
En dehors de la lice, le bâtard n'aimait guère les regards que l'on posait sur lui, qu'ils furent désobligeant ou amicaux, s'irritant même souvent ouvertement de ces coups d'oeils qui empoisonnaient sa chère solitude. S'il était doté d'un naturel patient mais intransigeant d'ordinaire, les quarante derniers jours s'étaient chargés de le pousser dans les derniers retranchements de son amabilité, d'achever ce qu'il consentait habituellement de bonne humeur, se contentant de ne lui laisser qu'un filet de dignité pour contenir tous ses sentiments sous le masque de son arrogance. "Un connard insolent et pédant", "un autre matamore dornien",persifflaient-ils sur son passage. Sa fierté, loin de vexer les habitants du château, était plus que jamais sujette à moquerie, et il soupçonnait les garnisons des Tyrell d'y avoir aidé.
Autour de lui il n'était pas une discussion qu'attrapait son oreille qui n'eut comme sujet une moquerie sur un tel ou un ragot sur tel autre. Il était clair désormais pour lui que les aspics, leurs esprits tailladants et leurs langues de vipère avaient leur place ici. Et il comprenait mieux aussi pourquoi les Allyrion se tenaient à l'écart de ce monde vénéneux. Leur rudesse d'esprit flirtait presque avec une innocence puérile, et jamais leur franchise ne pourrait égaler la méchanceté qui suintait des reproches déguisés que les nobles de la cour se plaisaient à glisser dans leurs bavardages.
Que ne pouvait-il rester tranquille dans la pièce qu'on lui avait attribuée, à lire, ou encore simplement dormir loin de ces serpents. Et voilà que l'innatendu le tirait hors de sa chambre comme un renard contraint hors de son terrier. Entre ces murs, la solitude à laquelle il aspirait n'existait jamais vraiment. Depuis le voyage détestablement long depuis Hautjardin, son humeur était particulièrement échaudée d'une rage froide et particulière à son caractère ombrageux, qui n'accordait plus sa bienveillance qu'à la seule personne de Tywin Lannister. La présence lointaine et boudeuse de son amant y était pour beaucoup, bien que son orgueil avait rechigné à l'admettre pendant longtemps.
Mais ce n'étaient pas son amertume, ni sa jalousie qui froissaient sa mine à cet instant précis. La cause de son tourment n'était rien autre qu'un petit bout de parchemin plié entre ses doigts, griffoné de quelques mots succints. Déstablisants. Lorsque son écuyer était venu le réveiller en plaquant sur son visage le papier, Daemon avait cru à une farce de sa part. Il avait craint de devoir partager une discussion avec un noble quelconque, puis redouté d'être convié à un diner; des peurs qui lui semblaient soudain foncièrement acceptables. Pour la première fois de sa vie, le Sand en vint presque à souhaiter qu'il n'eut pas à affronter l'exercice qui l'attendait seul. Il devait rencontrer le Prince. C'était encore un adolescent, mais lorsque la porte qu'il cherchait apparue soudain au détour d'un couloir, l'avantage des années lui apparut soudain bien mince. L'appréhension fébrile qu'il avait ruminé tout au long de son trajet se matérialisa dans la brusquerie avec laquelle il tendit le message aux gardes qui encadraient l'ouverture. Sa nervosité le rendait plus irascible que d'ordinaire, aussi préféra-t-il garder le silence lorsque les deux gardes s'échangèrent le mot en lui jetant des regards suspicieux. Droit comme un i, presque au garde à vous malgré l'alanguissement naturel de sa silhouette, le fils ainé de Ryon les observa d'un regard aussi défiant que déterminé, couronné de sourcils bruns légèrement froncés. Finalement, après une consultation silencieuse du regard, une moue approbatrice fit fondre les traits du plus agé des soldats. Alors que le plus jeune se mouvait puis se faufilait dans l'entrebaillement de la porte pour annoncer le visteur à son maître, le Sand déglutit, et ce, plus difficilement qu'il ne voudrait bien l'admettre. Ce n'est qu'un enfant, se répétait-il sans cesse. Le futur roi, mais rien qu'un gosse. Pas plus agé que Loras. Une pensée qu'il regretta aussitôt. Aussi jeune pouvait-il être, le Tyrell ne manquait pas de l'impressionner parfois. Souvent, même. Et puis, c'est le fils d'Elia se rappela-t-il sans grande conviction. Les enfants de la Princesse étaient nés loin de Dorne, et de leur mère, Daemon ne savait que ce qu'on lui en avait raconté. Sang Martell ou non, ils étaient tous des étrangers.
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Des regards, des murmures, c'était ce qui caractérisait le donjon rouge depuis toujours et l'ambiance qu'il y avait au sein de la cour. Habitué, vivant là-dedans depuis mon enfance, je n'écoutais ce qu'il se murmurait sans y prêter une réelle attention, à moins que cela me soit utile. Pour autant, j'étais bien souvent aux aguets, observant les alentours d'où je me rendais et prêtant une oeil attentif à ce qu'il pouvait bien se passer, effectuant quelques signes de la tête afin de saluer les nobles que je croisais. Et depuis quelques jours, depuis l'arrivée de la délégation de Hautjardin avec en tête de cortège, les familles Tyrell et Lannister, j'avais pu constater une ombre qui me suivait sans réelle discrétion. Quelqu'un qui m'observait, assez souvent, assez pour que cela attire mon regard. Un homme, au teint basané. Et je compris sans nul mal de qui il s’agissait, reconnaissant la démarche que j’avais déjà croisé entre les murs de la forteresse ces derniers jours et sur qui j’avais entendu beaucoup de choses, dont une rumeur concernant un mariage secret entre lui et ma cousine, Arianne Martell. Elle avait rapidement fait naître un sourire sur mes lèvres, tant elle était absurde. Mais les ragots avaient toujours eu cette portée significative, s’accroissant au fil des bouches qui les prononçaient et cela depuis toujours. Mais il n’avait pas besoin d’une rumeur pour faire parler de lui. Daemon Sand était un bâtard, qui avait su s’élever parmi les siens pour devenir le capitaine des manteaux rouges, travaillant désormais à la solde du suzerain de l’Ouest. Cela avait de quoi étonner, de voir un Dornien si loin de chez lui et travailler aux ordres du lion. Si le fait d’être suivi par quelqu’un, quel qu’il soit ne me dérangeait pas, pour autant cela me faisait me poser la question de savoir ce qu’il me voulait. J’étais habitué à être suivi, par mes gardes ou tout simplement par des nobles cherchant à initier un rapprochement avec moi. Mais c’était différent cette fois, puisqu’il me suivait sans m’approcher directement et sans venir me parler. Alors j’avais fais porter un mot à ses appartements, l’invitant à une entrevue dans les miens pour en savoir plus.
Dans l’attente de son arrivée, je patientais dans mes appartements en enfilant mes vêtements, avant de me poser quelques secondes à la fenêtre qui donnait une vue sur la cour du donjon rouge. J’observais l’extérieur, où de nombreuses personnes se promenaient ou s’asseyaient, contemplant les alentours. Le donjon rouge comptait de nombreuses personnes qui étaient arrivés avec la délégation, ce qui accentuait la vie entre ses murs. À leur arrivée, je n’avais pas manqué le convoi de vivres qui avait été apporté par la famille Tyrell à destination des pauvres. Je fus sorti de mes songes par des coups sur la porte, qui fut ouverte par un garde qui passa dans l’entrebâillement. « Ser Daemon Sand, votre Altesse. » J’affichais un sourire, faisant un bref signe de la tête. « Faites-le entrer. » Aussitôt, le garde se décala afin de laisser passer le chevalier pour lui permettre d’entrer, avant de refermer la porte. « Ser Daemon Sand, c’est un plaisir de faire votre connaissance. Asseyez-vous, je vous prie. » Un geste de la main accompagna mes paroles, l’invitant à s’asseoir à une table. « Vous n’êtes là que depuis quelques jours, pourtant, on n’entend beaucoup parler de vous. » Une voix agréable mais solennel, qui contrastait avec mon visage neutre, d’où restait cependant un fin sourire charmeur au coin de mes lèvres. Je m’approchais d’une petite table où était disposé un plateau, où se trouvait deux verres que je pris, avec une bouteille de vin. « Vous en prendrez bien un verre, Ser ? » Je m’approchais de la grande table où je posais les deux verres, avant de verser le liquide rouge dedans pour approcher la coupe en direction du chevalier, avant de m’installer à l’autre bout de la table.
Portant ma coupe à mes lèvres quelques secondes pour ingurgiter une gorgée du liquide, je ne détournais pas mon regard du chevalier avant de reposer ma coupe. « Savez-vous pourquoi je vous ai fais mander ? » Je marquais une courte pause, en affichant un sourire. « Il s’avère que depuis quelques jours, une ombre me suit aux détours des couloirs du donjon rouge. » Ma main droite posait sur la table, mes deux doigts jouaient avec le pied de la coupe alors que mon regard était illuminé par un éclat joueur. « Il ne me fallut pas longtemps pour savoir de qui il s’agissait. Puis-je savoir pourquoi vous m’observez tant ? » Je portais de nouveau ma coupe jusqu’à mes lèvres, attendant une réponse du chevalier et me demandant bien qu’est-ce que cela pourrait être. Après ma gorgée, je reposais ma coupe sur la table, fixant toujours mon interlocuteur.
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298 | Lune 12 | semaine 2
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C'était la première fois qu'il entendait sa voix. Sans qu'il ne s'en rendit compte, le dornien à la longue veste noire tendit l'oreille. Dans les intonations, il chercha quelque sonorité qui eut pu convaincre son esprit fermé de l'ascendance dornienne du garçon, peut-être espérait-il même secrètement y entendre le chant clair et suave de la Principauté, qui ourlait les paroles de ses enfants de ce cantilène particulier. Mais rien. Pas la moindre note. Sa voix à elle seule reflétait ce qu'il s'apprétait à voir en passant la frontière invisible érigée entre les deux gardes et qui finalement s'ouvrait à lui sur son passage: un jeune freluquet aristocratique, calme et souverain. C'est comme cela que doit être un Prince avait-il pensé autrefois, alors qu'il était enfant, en méprisant nul autre que le père même de son hôte tandis que sa réfléxion l'opposait à la comparaison de l'homme qu'il servirait plus tard en tant qu'écuyer, Oberyn Martell. La lourde porte se referma derrière lui. Cette réflexion lui était revenue des tréfonds de son esprit en observant le Dauphin dans l'intimité de ses appartements. Un Prince, vraiment? Le Sand était trop exercé aux charmes masculins pour ne pas voir le fin sourire qui relevait les coins de ses lèvres pleines en un arc gracieux. Mais, offert au coeur de ce visage à l'expression si lisse et impénétrable, le rictus perdit de la superbe qu'il aurait en un autre temps pu inspirer au Capitaine. A la manière d'une oeuvre d'art trop académique pour provoquer l'admiration entière d'un auditoire, l'avenance à laquelle aspiraient les lèvres du Prince était trop étudiée, trop calculée. Aucun Martell ne sourit ainsi. Et pourtant, c'était bien un sourire de serpent.
Ce fut avec l'attitude d'un animal effarouché qu'il traversa l'espace qui les séparait, le pas raide et militaire, couronné par son regard dur qui ne parvenait tout simplement pas à quitter la silhouette princière. Réalisant l'antipathie qu'il pouvait avoir le malheur de communiquer par son comportement sévère, il profita de l'assise qu'on lui proposait pour arracher, enfin, ses yeux inquisiteurs du garçon et les perdre durant un instant dans l'observation vague et frugale du décorum qui les entourait.
"Je vous remercie, Votre Altesse."Répondit-il sobrement tout en prenant place sur la chaise richement sculptée que la main du fils du Roi lui indiquait. Le brun s'y était assis avec l'impression étrange d'être redevenu un enfant, et il eut presque la sensation d'avoir ses jambes battant dans le vide en s'étant assis sur un fauteuil trop grand pour lui. L'idée était grotesque, puérile, mais le vide était bien là, dans ses pieds de soldats qui ne se reposaient jamais et qui trouvait dans cette vacuité soudaine, le sentiment désagréable de ne pas être à sa place. Daemon ne se rappelait plus la dernière fois qu'un noble l'avait ainsi invité à partager un entretien.
La voix chaleureuse du Prince attrapa à nouveau le bleu de ses yeux. Alors qu'il laissait ses prunelles se promener sur le profil de l'adolescent, une de ses mains se souleva légèrement tandis qu'il posait son avant-bras sur la table. Son dos effleurait à peine le dossier, dans cette attitude où le solennel tenait compagnie à la langueur, et donnait à son corps tout le loisir d'exprimer l'arrogance qu'on lui prétait bien souvent sans qu'il n'ai eut besoin de prononcer le moindre mot pour le prouver. Cette fois, il ne put s'empêcher de noter la douceur qui enrobait la voix du dauphin d'un grain suave. Tout dans sa bouche semblait avoir la simplicité et la force de l'évidence. Ainsi, il entreprit d'ouvrir leur entretien. Avec aplomb. Sa langue reflétait le sourire qu'il lui adressait, et auquel le Sand ne feignit pas même de répondre. Son visage demeurait fermé, clos par la méfiance, durci par la conscience d'être inadapté à l'exercice délicat de la conversation, ou, plus précisément, l'art de la conversation diplomatique. Arianne et Oberyn avaient aimé son franc-parlé et son honnêteté cinglante, mais rien ne lui garantissait qu'il en fut de même pour cet enfant. Lorsque ce dernier lui tendit une coupe, les lèvres du Sand articulèrent un "merci" discret, presque feignant, tandis que ses yeux ne dérogèrent pas à leur manège indiscret, poursuivant leur contemplation au dessus du regard d'améthyste dans lequel la simple politesse aurait voulu qu'il accrocha le sien en acceptant le vin. Si les Dieux se montraient cléments, le jeune Prince ne prendrait pas place sur le trône de Fer avant des années. Mais comment aurait-il pu envier la couronne de son père, alors que la nature avait fourni son front des boucles dorées que les yeux du dornien se plaisaient à regarder?
« Il s’avère que depuis quelques jours, une ombre me suit aux détours des couloirs du donjon rouge. »Un sourire fin naquit finalement sur le visage du jeune homme. Tout juste un ombre, d'autant plus discrète qu'elle plongea aussitôt derrière la coupe dans laquelle il trempa à peine ses lèvres. En quelques secondes, la crainte enfouie de s'être vu convoqué au nom de cette rumeur qui lui prétait le statut qu'il avait cessé de poursuivre des années auparavant s'était évanouie, mais pas l'amertume qui l'avait accompagné. Cela avait été son désir le plus sincère, ce que tous s'échangeaient à présent comme un vulgaire cancan risible. Peu lui importait, après tout, ce que l'Histoire retiendrait de cette aventure adolescente. Cette rumeur, aussi terrifiante avait-elle pu lui paraître lorsqu'on l'en avait instruit, l'amusait. Je ne parviens même pas à feindre le moindre interet pour la conversation d'un héritier royal, et ils sont convaincus que je voudrais être Prince. ironisa-t-il doucement pour lui-même. Non, merci. Par les Sept, la paix n'avait que trop duré. L'ennui et la routine rendaient les gens dangereusement crédules. Le verre tinta doucement sur le bois laqué de la table lorsqu'il le reposa.
"Oui, vous le pouvez."Se plut-il à s'imaginer rebondir allègrement sur l'autorisation que lui demandait le Prince, bien qu'il sut que, dans les bouches royales, ce genre de formule avaient valeur d'ordre plus que de requête. Cette remarque ne passa les portes de ses lèvres que par un court souffle amusé ourlé d'un sourire naissant. Un court silence s'en suivit. Quelques secondes de plus de cette observation qui semblait tant tourmenter l'adolescent, sans que le calme du dornien ne vacilla.
"Vous êtes le futur roi. Qui d'autre doit être observé dans le royaume, si ce n'est vous?"répondit-il en ancrant son regard dans celui du jeune éphèbe. Son visage était immobile, mais ses yeux souriants. L'effronterie mesurée de sa question avait l'allure d'un reproche moqueur. Son regard revint à la robe velouté du vin qui reposait dans sa coupe alors qu'il concédait à répondre enfin à la question princière.
"Je n'étais qu'un garçonnet lors de la rébellion de Robert Barathéon. Mais je me souviens encore des mois, et des années qui ont suivi. A Dorne, les noms de votre mère, de votre soeur, ainsi que le vôtre étaient sur toutes les lèvres des adultes, que ce fut celles de nos professeurs ou de nos parents." Rabachés aurait été un terme mieux choisi. Répétés jusqu'à l'écoeurement, implantés presque de force dans l'inconscient de la jeune Dorne qui grandissait dans la joie d'une vie simple, désemcombrée des traumatismes de la guerre, ou de l'épuisement qui lui avait succédé."Mon ombre vous importune en quelques jours, quand cela fait des années que votre nom accompagne mon existence." Rajouta-t-il avec un sourcil haussé au dessus d'un regard à l'éclat rieur, donnant à sa remarque une intonation presque outrée que sa voix ne portait pourtant pas, comme si le jeune homme attendait que l'autre lui présenta ses excuses de l'avoir ainsi dérangé de sa routine militaire. Pourtant, une lueur vint réchauffer le regard bleu du bâtard. "Je voulais voir de mes propres yeux ce garçon dont on m'a tant parlé."finit-il par avouer avec nonchalance.
"Votre oncle m'avait pourtant vanté la patience de votre mère... " soupira-t-il doucement avec un léger sourire presque uniquement pour lui-même. Qui ne rêvait pas d'un jeune Dauphin au caractère de feu? Pourtant, à cette question, seul le scepticisme du dornien répondait. Etait-ce l'arrogance furieuse des Targaryen qui l'avait poussé à l'interroger, ou bien la fierté sauvage de Dorne?
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Je n’avais pas manqué l’observation du dornien sur ma personne, car je l’avais moi-même observé. Chaque pas, chaque mouvement, chaque regard. Mes yeux avaient longé chaque parcelle de son être, en avait scruté le moindre détail jusqu’à ce que celui qui m’avait suivi dans les longs couloirs de la forteresse ne se pose sur la chaise que je lui avais proposé. C’était donc lui qui était touché par cette rumeur, qui le liait à la princesse de Dorne, ma cousine. Une rumeur absurde, digne des commérages des dames de la cour mais cela suffisait à ce qu’elle soit sur toutes les lèvres. À ce que chacun en parle, à ce que tous les yeux se tournent vers lui. Je savais pertinemment que ma cousine n’aurait pas fait cela, si nous ne nous étions que très peu vu, nous avions longuement échangé au travers des innombrables missives que nous nous étions envoyées. Et nous continuons toujours à nous en échanger, ce n’était pas prêt de s’arrêter. Je croisais mon regard dans celui de l’homme qui me faisait face, apportant une nouvelle fois ma coupe jusqu’à mes lèvres tandis qu’il énonçait une première réponse. « Vous avez raison, je suis le futur roi. Et en cela, j’ai été élevé à la cour et depuis mon enfance, j’ai appris à séparer les regards admiratifs des regards perfides, de ceux qui cherchent à m’approcher pour espérer obtenir mes faveurs pour le jour où je succéderai à mon père. Mais il n’en est rien du vôtre. » Et c’était un sourire beaucoup plus joueur qui venait de naître au coin de mes lèvres, apparaissant clairement, quand bien même il se couplait à une certaine dureté dans le regard en cet instant où il évoquait son enfance. Je n'étais pas responsable du fait qu'on lui ait parlé de mon durant son enfance, ni responsable du fait que les Dorniens aient du combattre durant la guerre quand mon grand-père avait jugé bon de retenir ma mère, ma soeur et moi en otage. « Cela semble vous déranger. » Le sourire qui était venu orné mes lèvres n'était plus présent, laissant un air plus sérieux à la place. « Mais croyez-vous vraiment que je sois gêné par si peu ? Ce n'est pas le cas, je m’interrogeais cependant sur vos motivations. » Ma voix restait calme, mais pourtant était bien sérieuse, différente des paroles qui avaient été prononcées à l’arrivée du chevalier. « Je ne suis pas ma mère. Il y a bien des choses que j’ai hérité d’elle, mais ce n’est pas le cas concernant sa patience et sa douceur. » Mes paroles s’étaient faites plus dures, voulant trancher rapidement sur ce sujet. Le nom d’Elia Martell résonnait encore d’une façon bien étrange dans mon esprit, je ne l’avais que peu connue. Je savais ce que l’on disait d’elle, de la douce Elia. De son tempérament si chaleureux. Mais je n’en avais que de brefs souvenirs, je n’étais qu’un enfant quand elle avait abandonné ce monde, lors de l’hiver. « Vous connaissez mes oncles ? » Si j'entretenais une missive avec ma cousine Arianne et qu'avant cela, j'en entretenais aussi une avec Nymeria jusqu'à sa venue à la capitale, ce n'était pas le cas concernant mes oncles que je ne connaissais que très peu, malgré que j'aurai aimé l'inverse. Ils étaient à Dorne, là où j'étais sur les Terres de la Couronne depuis mon enfance. « Et quel constat faites-vous de ces plusieurs jours durant lesquels vous m'avez suivi ? » Je portais toujours mon regard sur le Dornien, ne détournant pas les yeux. Si le fin sourire qui se trouvait au coin de mes lèvres persistait, il semblait se fondre dans mon visage rendu bien différent par un léger froncements des sourcils alors que j'attendais sa réponse à ma question. Et une nouvelle fois, ma coupe venait effleurer mes lèvres. Le liquide rouge coulait entre mes lèvres avant que je ne l'avale, reposant ensuite la coupe sur la table dans un bruit significatif qui résonna dans la pièce. Le chevalier était doté d'un physique typique des personnes venant de Dorne et quand bien même il n'y vivait pas, qu'il servait aux ordres de Tywin Lannister, cela se voyait. Et il semblait avoir côtoyé la famille Martell, puisqu'il avait évoqué un de mes oncles dans ses paroles, quand il avait évoqué la patience de ma mère.
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