Relève-toi encore [FB avec Willos Tyrell]
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Flashback - Haujardin, an 290
Hautjardin. Capirale du Bief, et siège de la maison suzeraine des Tyrell. Edwyn avait toujours sentit son coeur vibrer avec un peu plus d'intensité quand il se rendait en ces lieux, tant en raison de sa pure beauté esthétique que pour la force historique qui se dégageait même de l'éphémère comme des fleurs. C'était à n'en pas douter, une ville pas comme les autres.
Mais ce jour là, le Cendregué n'avait pas fait le voyage depuis le fief familial pour faire du tourisme, mais pour une tâche autrement plus importante encore. Quand il avait appris la nouvelle par corbeau, il avait directement scellé son cheval pour partir, n'acceptant du seigneur son père qu'une garde rapprochée réduite pour pouvoir faire la route le plus rapidement possible. Il n'était ici nullement question de vagabondage ni même de plaisir. Il devait rendre visite à son ami et futur suzerain, Willos de la maison Tyrell.
En raison de leur âge très proche, les deux jeunes hommes se connaissaient depuis longtemps. A chaque visite des Cendregué à Hautjardin, ils avaient joué ensemble, parlé ensemble. Pour leurs familles respectives, il était même surprenant que les deux garçons puissent s'entendre. L'un rêvait de devenir un grand chevalier, l'autre passait ses journées à rêvasser au dessus d'un grimoire ou les bras passés autour d'une harpe. Et pourtant, peut-être étaient-ce leurs différences qui avaient forgé leur amitié, et chacun se réjouissait à chaque visite de l'autre. Ce qui était encore plus surprenant quand on connaissait la nonchalance et le caractère solitaire habituel d'Edwyn.
Quand le corbeau était arrivé, le jeune Bieffois s'était reproché de ne pas avoir été là. Il savait qu'un tournoi avait été organisé et auquel Willos devait participer pour la première fois, mais il n'avait pas jugé utile de faire le déplacement dans la mesure où il était parfaitement ignorant de l'art de la joute, et de plus parfaitement certain que son futur suzerain brillerait. Mais il corrigerait cette erreur, se disait-il alors qu'il passait au galop les portes de son château pour se diriger vers Hautjardin.
Comment cela avait-pu se passer ainsi? Oberyn Martell était sans doute un combattant reconnu et un adversaire de valeur, mais comment avait-il pu arriver qu'il blesse la rose de cette façon au cours d'un simple tournoi? Edwyn n'osait pas imaginer ce que devait ressentir le jeune chevalier. Mais nul doute qu'il le saurait bien assez vite. Son implication émotionnelle dans cette histoire était par ailleurs beaucoup trop forte par rapport à son caractère, lui qui affichait d'ordinaire une nonchalance inébranlable.
Il passa en trombe les portes de Hautjardin, bondissant au pied de son cheval pour le confier à un palefrenier sans même le regarder. Connaissant suffisamment les lieux pour retrouver son chemin, il gravit rapidement les escaliers dans la direction des appartements de l'héritier de Mace Tyrell. Devant la porte se trouvait le mestre de la famille ainsi que plusieurs suivant et domestiques. Le mestre, l'ayant toujours trouvé beaucoup trop anormal pour être honnête, tenta de le retenir, lui qui était encore poussiéreux de la route qu'il venait de faire, mais le Bieffois avait beau être frêle et n'avoir qu'une quinzaine d'années, il était bien décidé à ne pas se laisser faire malgré son indifférence habituelle pour ce que les autres pensaient de lui. Il finit donc par entrer, s'asseyant sans bruit au chevet de son futur suzerain. Il resta ainsi un moment silencieux avant de prononcer à voix basse, avec un mélange d'humour et de véritable et sincère sollicitude:
-Dans combien de temps comptes-tu grimper sur un cheval de nouveau et faire regretter à ce Dornien d'avoir passé les Marches?
Hautjardin. Capirale du Bief, et siège de la maison suzeraine des Tyrell. Edwyn avait toujours sentit son coeur vibrer avec un peu plus d'intensité quand il se rendait en ces lieux, tant en raison de sa pure beauté esthétique que pour la force historique qui se dégageait même de l'éphémère comme des fleurs. C'était à n'en pas douter, une ville pas comme les autres.
Mais ce jour là, le Cendregué n'avait pas fait le voyage depuis le fief familial pour faire du tourisme, mais pour une tâche autrement plus importante encore. Quand il avait appris la nouvelle par corbeau, il avait directement scellé son cheval pour partir, n'acceptant du seigneur son père qu'une garde rapprochée réduite pour pouvoir faire la route le plus rapidement possible. Il n'était ici nullement question de vagabondage ni même de plaisir. Il devait rendre visite à son ami et futur suzerain, Willos de la maison Tyrell.
En raison de leur âge très proche, les deux jeunes hommes se connaissaient depuis longtemps. A chaque visite des Cendregué à Hautjardin, ils avaient joué ensemble, parlé ensemble. Pour leurs familles respectives, il était même surprenant que les deux garçons puissent s'entendre. L'un rêvait de devenir un grand chevalier, l'autre passait ses journées à rêvasser au dessus d'un grimoire ou les bras passés autour d'une harpe. Et pourtant, peut-être étaient-ce leurs différences qui avaient forgé leur amitié, et chacun se réjouissait à chaque visite de l'autre. Ce qui était encore plus surprenant quand on connaissait la nonchalance et le caractère solitaire habituel d'Edwyn.
Quand le corbeau était arrivé, le jeune Bieffois s'était reproché de ne pas avoir été là. Il savait qu'un tournoi avait été organisé et auquel Willos devait participer pour la première fois, mais il n'avait pas jugé utile de faire le déplacement dans la mesure où il était parfaitement ignorant de l'art de la joute, et de plus parfaitement certain que son futur suzerain brillerait. Mais il corrigerait cette erreur, se disait-il alors qu'il passait au galop les portes de son château pour se diriger vers Hautjardin.
Comment cela avait-pu se passer ainsi? Oberyn Martell était sans doute un combattant reconnu et un adversaire de valeur, mais comment avait-il pu arriver qu'il blesse la rose de cette façon au cours d'un simple tournoi? Edwyn n'osait pas imaginer ce que devait ressentir le jeune chevalier. Mais nul doute qu'il le saurait bien assez vite. Son implication émotionnelle dans cette histoire était par ailleurs beaucoup trop forte par rapport à son caractère, lui qui affichait d'ordinaire une nonchalance inébranlable.
Il passa en trombe les portes de Hautjardin, bondissant au pied de son cheval pour le confier à un palefrenier sans même le regarder. Connaissant suffisamment les lieux pour retrouver son chemin, il gravit rapidement les escaliers dans la direction des appartements de l'héritier de Mace Tyrell. Devant la porte se trouvait le mestre de la famille ainsi que plusieurs suivant et domestiques. Le mestre, l'ayant toujours trouvé beaucoup trop anormal pour être honnête, tenta de le retenir, lui qui était encore poussiéreux de la route qu'il venait de faire, mais le Bieffois avait beau être frêle et n'avoir qu'une quinzaine d'années, il était bien décidé à ne pas se laisser faire malgré son indifférence habituelle pour ce que les autres pensaient de lui. Il finit donc par entrer, s'asseyant sans bruit au chevet de son futur suzerain. Il resta ainsi un moment silencieux avant de prononcer à voix basse, avec un mélange d'humour et de véritable et sincère sollicitude:
-Dans combien de temps comptes-tu grimper sur un cheval de nouveau et faire regretter à ce Dornien d'avoir passé les Marches?
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La chute. C'était sans doutes la chose dont il se rappellait le plus. Du haut de ses quinze ans, l'aîné des Tyrell était allongé, dans un lit bien grand qu'il n'avait pas quitté depuis plusieurs semaines. Les heures étaient longues, les secondes se suivaient, vides d'intérêt pour celui qui avait vu ses rêves brisés. Il n'acceptait aucune visite, il ne voulait pas voir qui que ce soit, ni ses frères, ni ses cousins, il était même silencieux et absent quand sa grand-mère venait le visiter, quand ses yeux ne coulaient pas à cause de la douleur du membre blessé. Il ne pouvait pas bouger sa jambe, il n'allait pas mieux, au contraire, il perdait des forces, condamné si jeune à être immobilisé. Le Mestre ne cessait de répéter qu'il devait prendre son temps, ne pas se presser, mais plus le temps passait, plus il savait que les rumeurs à son sujet traversaient Westeros, il était passé de Rose d'or de Hautjardin, le chevalier courageux et brillant, à l'héritier infirme qui ne pourrait sûrement plus jamais marcher. Alors le gamin broyait du noir, il ne représentait plus la beauté des Tyrell, sont corps c'était rapidement amaigris, il refusait de se nourrir, il ne dormait plus, la douleur le tenant éveillé, les cernes sous ses yeux effaçaient les traits de beau garçon qui étaient jadis décrit dans tout le Bief. La rose se fanait. Ainsi, quand la porte de sa chambre s'ouvrit, ce fut un regard noir qui se posait sur l'intru, pourtant ce dernier était un ami de longue date, encore poussiéreux de son voyage, l'héritier du Bief oubservait l'autre jeune garçon s'approcher de son lit, d'un an son aîné Edwyn et Willos avait toujours été proches, lorsque son père se déplaçait chez les Cendregués ou lorsque ces derniers venaient à Hautjardin, les garçons passaient la majeure partie de leur temps ensemble. Enfin, Willos s'entraînait à l'épée, ou à l'arc, pendant que Edwin jouait de la musique ou lisait des livres. Willos détestait être vu aussi impuissant, allongé, étant blessé d'à peine se redresser. Des yeux il regardait les serviteurs qui ne bougeait pas.
« Et bien, dois me lever pour servir notre invité ? Ou devrions-nous le regarder se changer en poussière pendant que vous restez là bras ballant ? »
Les serviteurs s’exécutèrent apportant vin et gâteaux au miel au jeune Bieffois au chevet de son futur Lord. Un autre venait aider Willos à se redresser, plaçant un oreiller dans son dos, le mouvement arracha un cri de douleur à l'Héritier des Roses, il repoussait alors brutalement le serviteur, l'envoyant trébucher dans un siège près du lit. Une grimace déchirait le visage de celui qui portait encore les traces de l'enfance. Respirant doucement, il attendait que la douleur se calme, sachant qu'elle ne disparaîtrait pas.
« A entendre cet ignare de Mestre, cela n'arrivera pas. Je ne montrais plus jamais à cheval, ni ne toucherai à une épée. »
Il se détestait d'avoir été si faible, d'avoir faillit, et pourtant, si la haine des Bieffois pour Dorne avait augmenté depuis l'accident, Willos conversait avec Oberyn par corbeaux. Il avait pardonné au chevalier, la blessure était son erreur, il avait été stupide, trop pressé, et maintenant, sa vie était terminée. Il allait être infirme à vie, ne plus pouvoir monter ni se battre, quel genre de Seigneur du Bief serait-il ?
« Si ce satané cheval m'avait écrasé entièrement tout aurait été plus simple, Garlan serait l'héritier du Bief, un bon chevalier, un bon Lord, plutôt qu'un infirme. »
L'héritier faisait alors traverser un livre à travers la pièce, qui allait tomber contre un mur, en soupirant. Il tendait la main vers une coupe qu'un des serviteurs avait rempli avant de se reculer.
« Que fais-tu là ? Parles et soit rapide, comme tu peux le voir je suis occupé »
A ne rien faire, mais Willos ne voulait voir personne, Edwyn était un ami de longue date comme Owen, une exception à leur égard pouvait être faîte, et Edwyn avait chevauché rapidement, et n'avait pas pris le temps de se reposer avant de venir trouver Willos, il ne pouvait pas juste le mettre dehors en lui envoyant des livres dessus comme il le faisait avec le Mestre.
« Et bien, dois me lever pour servir notre invité ? Ou devrions-nous le regarder se changer en poussière pendant que vous restez là bras ballant ? »
Les serviteurs s’exécutèrent apportant vin et gâteaux au miel au jeune Bieffois au chevet de son futur Lord. Un autre venait aider Willos à se redresser, plaçant un oreiller dans son dos, le mouvement arracha un cri de douleur à l'Héritier des Roses, il repoussait alors brutalement le serviteur, l'envoyant trébucher dans un siège près du lit. Une grimace déchirait le visage de celui qui portait encore les traces de l'enfance. Respirant doucement, il attendait que la douleur se calme, sachant qu'elle ne disparaîtrait pas.
« A entendre cet ignare de Mestre, cela n'arrivera pas. Je ne montrais plus jamais à cheval, ni ne toucherai à une épée. »
Il se détestait d'avoir été si faible, d'avoir faillit, et pourtant, si la haine des Bieffois pour Dorne avait augmenté depuis l'accident, Willos conversait avec Oberyn par corbeaux. Il avait pardonné au chevalier, la blessure était son erreur, il avait été stupide, trop pressé, et maintenant, sa vie était terminée. Il allait être infirme à vie, ne plus pouvoir monter ni se battre, quel genre de Seigneur du Bief serait-il ?
« Si ce satané cheval m'avait écrasé entièrement tout aurait été plus simple, Garlan serait l'héritier du Bief, un bon chevalier, un bon Lord, plutôt qu'un infirme. »
L'héritier faisait alors traverser un livre à travers la pièce, qui allait tomber contre un mur, en soupirant. Il tendait la main vers une coupe qu'un des serviteurs avait rempli avant de se reculer.
« Que fais-tu là ? Parles et soit rapide, comme tu peux le voir je suis occupé »
A ne rien faire, mais Willos ne voulait voir personne, Edwyn était un ami de longue date comme Owen, une exception à leur égard pouvait être faîte, et Edwyn avait chevauché rapidement, et n'avait pas pris le temps de se reposer avant de venir trouver Willos, il ne pouvait pas juste le mettre dehors en lui envoyant des livres dessus comme il le faisait avec le Mestre.
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Edwyn avait été particulièrement conscient du regard noir que lui avait lancé son ami tout le temps où il était entré dans la pièce jusqu'à prendre place auprès de lui, mais absolument rien dans son attitude ne laissa penser qu'il l'avait remarqué ou lui en tenait rigueur. Il sentait également le regard des serviteurs présents aller et venir entre lui et leur futur suzerain, ces derniers comme décontenancés par la scène qui se déroulait sous leurs yeux.
Willos ne tarda d'ailleurs pas à se manifester, exigeant avec acidité que leur hôte soit servi. Edwyn, très sensible par nature, ressentait avec une particulière acuité la colère et la rancoeur qui se larvait dans le coeur de son ami, la douleur également. Cela allait encore plus loin que ce qu'il avait imaginé à Cendregué, en recevant le corbeau. Tandis que les serviteurs s'activaient autour d'eux, et malgré le cri échappé à son ami tandis qu'on le redressait qui se ficha au plus profond de son âme, il conserva son masque d'attentive nonchalance, cherchant à trouver comment venir en aide à son futur suzerain et compagnon.
La seule idée qu'il ne puisse jamais plus correctement marcher, et que donc ses rêves de chevalerie était terminés d'après le mestre de Hautjardin, était insupportable pour Edwyn, bien qu'il n'afficha qu'une triste compassion. Lui qui avait eu une silhouette frêle presque plus féminine qu'autre chose, avait toujours connu son ami avec une arme à la main, rêvant de pourfendre des dragons et d'accomplir des exploits tels que son nom serait chanté durant des siècles encore. Comment seulement envisager que cela lui fut retiré?
Edwyn se leva pour s'approcher de Willos, s'essayant à son côté sur le lit. Bien qu'il eut l'air aussi nonchalant qu'à son habitude dans ce geste, il avait fait particulièrement attention à ne même pas s'approcher des jambes du jeune homme pour être sûr de ne pas lui faire mal. Tandis que ce dernier lui demandait de faire vite, de ce ton de colère qui ne pouvait être que le fait de la douleur tant il lui ressemblait peu, il tendis la main vers une coupe de vin. Cependant, incapable d'entendre cela plus longtemps, Edwyn le prit de vitesse et prit sa coupe. Se tenait devant lui en le fixant droit dans les yeux de son regard clair, il dit d'une voix douce, sûr d'ainsi avoir son entière attention:
-Je ne te laisserai plus jamais dire que tu n'aurais pas du t'en sortir, tu m'entends? Tu es toujours le premier fils de Mace Tyrell, le futur grand suzerain du Bief, et mon ami cher.
Edwyn finit enfin par lui rendre sa coupe de vin avant d'en prendre une autre pour lui sur le plateau tendu par le serviteur. Il laissa le silence s'éterniser quelques instants avant de reprendre la parole, cherchant toujours sous son doux masque des mots réconfortants qui n'existaient pas.
-Je suis venu rendre visite à mon futur suzerain, que crois-tu? Lui donner une autre personne sur laquelle s'énerver que sur son mestre.
Edwyn but une gorgée de vin après cette phrase, un éclat d'humour dans les yeux. Il était impossible de s'offusquer de ce trait d'esprit quand on le connaissait un tant soit peu, tant il était dépourvu de malveillance. Or ils étaient amis depuis longtemps déjà.
Willos ne pouvait pas devenir le chevalier de ses rêves? Baste! C'était malheureux, Edwyn n'en doutait pas, mais il ne voulait pas être pour son futur suzerain celui compatit en silence à sa détresse. Il le tirerait vers la surface, qu'importe qu'il encourût sa colère.
Un reliquat du passé revint à la mémoire du bieffois. Lui et Willos ne devaient pas avoir plus de sept ou huit ans, à Cendregué. Il se souvenait de Willos, dans la cour du château, s'entraînant comme un forcené avec le maître d'arme de la famille. Juste à côté, assis par terre contre un mur malgré la poussière soulevée par le combat, lui-même lisait tout un gardant un oeil sur ce qui se passait du côté de l'entraînement. Si c'était Edwyn qui avait été mutilé, la douleur aurait été aussi présente, mais elle n'aurait pas changé le cours de sa vie avec la violence du cas de Willos. C'était une chose bien injuste.
-Je n'ai aucun mot qui te réconfortera pour tes rêves perdus, mon ami. Rien de ce que je dirai ne pourra apaiser ta douleur, bien que je le regrette. Mais ne crois pas un instant que cela amenuise en quoi que ce soit ta capacité et ta légitimé à prendre un jour la suite du seigneur ton père. Après tout, Lady Olenna, qui a tant de pouvoir sur le Bief depuis si longtemps, un pouvoir absolument incontestable, a-t-elle jamais tenu une épée? Tu régneras, Willos, et tu seras un grand suzerain. Exactement comme avant cette blessure, si ce n'est plus encore. Les Sept n'ont pas jugé que ton moment était venu après tout, tu as encore des choses à accomplir.
Edwyn parlait encore avec cette douceur, sans élever la voix, son regard clair comme un ciel du Nord toujours posé sur son ami, comme s'il espérait que ce calme atteindrait l'âme blessée du jeune chevalier.
Willos ne tarda d'ailleurs pas à se manifester, exigeant avec acidité que leur hôte soit servi. Edwyn, très sensible par nature, ressentait avec une particulière acuité la colère et la rancoeur qui se larvait dans le coeur de son ami, la douleur également. Cela allait encore plus loin que ce qu'il avait imaginé à Cendregué, en recevant le corbeau. Tandis que les serviteurs s'activaient autour d'eux, et malgré le cri échappé à son ami tandis qu'on le redressait qui se ficha au plus profond de son âme, il conserva son masque d'attentive nonchalance, cherchant à trouver comment venir en aide à son futur suzerain et compagnon.
La seule idée qu'il ne puisse jamais plus correctement marcher, et que donc ses rêves de chevalerie était terminés d'après le mestre de Hautjardin, était insupportable pour Edwyn, bien qu'il n'afficha qu'une triste compassion. Lui qui avait eu une silhouette frêle presque plus féminine qu'autre chose, avait toujours connu son ami avec une arme à la main, rêvant de pourfendre des dragons et d'accomplir des exploits tels que son nom serait chanté durant des siècles encore. Comment seulement envisager que cela lui fut retiré?
Edwyn se leva pour s'approcher de Willos, s'essayant à son côté sur le lit. Bien qu'il eut l'air aussi nonchalant qu'à son habitude dans ce geste, il avait fait particulièrement attention à ne même pas s'approcher des jambes du jeune homme pour être sûr de ne pas lui faire mal. Tandis que ce dernier lui demandait de faire vite, de ce ton de colère qui ne pouvait être que le fait de la douleur tant il lui ressemblait peu, il tendis la main vers une coupe de vin. Cependant, incapable d'entendre cela plus longtemps, Edwyn le prit de vitesse et prit sa coupe. Se tenait devant lui en le fixant droit dans les yeux de son regard clair, il dit d'une voix douce, sûr d'ainsi avoir son entière attention:
-Je ne te laisserai plus jamais dire que tu n'aurais pas du t'en sortir, tu m'entends? Tu es toujours le premier fils de Mace Tyrell, le futur grand suzerain du Bief, et mon ami cher.
Edwyn finit enfin par lui rendre sa coupe de vin avant d'en prendre une autre pour lui sur le plateau tendu par le serviteur. Il laissa le silence s'éterniser quelques instants avant de reprendre la parole, cherchant toujours sous son doux masque des mots réconfortants qui n'existaient pas.
-Je suis venu rendre visite à mon futur suzerain, que crois-tu? Lui donner une autre personne sur laquelle s'énerver que sur son mestre.
Edwyn but une gorgée de vin après cette phrase, un éclat d'humour dans les yeux. Il était impossible de s'offusquer de ce trait d'esprit quand on le connaissait un tant soit peu, tant il était dépourvu de malveillance. Or ils étaient amis depuis longtemps déjà.
Willos ne pouvait pas devenir le chevalier de ses rêves? Baste! C'était malheureux, Edwyn n'en doutait pas, mais il ne voulait pas être pour son futur suzerain celui compatit en silence à sa détresse. Il le tirerait vers la surface, qu'importe qu'il encourût sa colère.
Un reliquat du passé revint à la mémoire du bieffois. Lui et Willos ne devaient pas avoir plus de sept ou huit ans, à Cendregué. Il se souvenait de Willos, dans la cour du château, s'entraînant comme un forcené avec le maître d'arme de la famille. Juste à côté, assis par terre contre un mur malgré la poussière soulevée par le combat, lui-même lisait tout un gardant un oeil sur ce qui se passait du côté de l'entraînement. Si c'était Edwyn qui avait été mutilé, la douleur aurait été aussi présente, mais elle n'aurait pas changé le cours de sa vie avec la violence du cas de Willos. C'était une chose bien injuste.
-Je n'ai aucun mot qui te réconfortera pour tes rêves perdus, mon ami. Rien de ce que je dirai ne pourra apaiser ta douleur, bien que je le regrette. Mais ne crois pas un instant que cela amenuise en quoi que ce soit ta capacité et ta légitimé à prendre un jour la suite du seigneur ton père. Après tout, Lady Olenna, qui a tant de pouvoir sur le Bief depuis si longtemps, un pouvoir absolument incontestable, a-t-elle jamais tenu une épée? Tu régneras, Willos, et tu seras un grand suzerain. Exactement comme avant cette blessure, si ce n'est plus encore. Les Sept n'ont pas jugé que ton moment était venu après tout, tu as encore des choses à accomplir.
Edwyn parlait encore avec cette douceur, sans élever la voix, son regard clair comme un ciel du Nord toujours posé sur son ami, comme s'il espérait que ce calme atteindrait l'âme blessée du jeune chevalier.
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L'héritier des Roses ne brillait plus désormais, et allongé dans son lit, même Edwyn de la Maison Cendregué semblait plus solide que lui. Willos n'avait jamais imaginé sa vie que d'une seule façon, à Cheval, dans une armure étincelante, portant les armoiries de sa maison fièrement, comme une lumière d'espoir dans Westeros, il se voyait acclamé par les foules, le plus grand chevalier de l'histoire, et il finirait dans un livre lui aussi, l'un de ceux que Edwyn avalait sans arrêts, l'un de ceux qu'on l'obligeait à lire aujourd'hui. Sa Grand-mère parlait de s’instruire, qu'il devait s'instruire, mais Willos n'en voyait pas l'intérêt, s'il ne pouvait se battre, il ne savait quoi faire. Et il détestait plus que tout savoir que ses frères et Owen étaient sûrement en train de s'entraîner, de parfaire leurs maîtrises des armes de combats, alors que maintenant, Willos ne pouvait plus se défendre seul. Le jeune héritier sentait les larmes remplir de nouveau ses yeux, et il s'efforçait de les ravaler, il ne devait pas pleurer, il ne devait pas pleurer et avoir l'air encore plus faible, encore plus annéanti, car il l'était, il était détruit, et quand il cherchait à voir son futur, s'imaginer dans quelques années, il ne voyait plus rien, qu'un vide profond, une absence, il avait peur, plus que tout, il était effrayé, en faisait des cauchemars la nuit. Les bruits couraient déjà qu'il n'était plus fait pour hériter du Bief, lui à qui tout souriait. Il avait même entendu des serviteurs rire de son incapacité à se lever quelques jours plus tôt.
Pour autant il ne repoussait pas Edwyn qui venait s'asseoir sur son lit, trop fatigué pour lui négliger ce droit. Les deux jeunes hommes avaient toujours été très proches, cela était de notoriété commune, peut-être, sans doutes, moins que Willos n'était proche d'Owen, mais Willos comptait énormément pour Edwyn, et la réciproque était vraie aussi, bien qu'aujourd'hui, Willos n'avait aucune rancoeur à être infect. Cependant la réaction du jeune invité ne se fit pas attendre, les mots du jeune Cendregué emplirent le cœur de Willos de chaleur, et sa remarque sur le Mestre fit sourire le gamin.
« Il le cherche. Mon père devrait nous en trouver un meilleur, un qui trouve un moyen de me faire marcher comme avant. Quel suzerain je ferai allongé dans un lit jusqu'à ce que la mort me cueille ? »
Le jeune héritier des Roses avalait d'une traite son verre, s'en servant un autre dans lequel il ne but qu'une gorgée. Le vin avait été sa nouvelle source d'inspiration, il fallait le dire, il ne buvait pas à outrance, mais appréciait l'anesthésie que lui apportait l'alcool. Le jeune Willos n'était définitivement plus que l'ombre de lui même, mais la présence de son ami de longue date calmait les nerfs à vifs de l'héritier des Roses. Et il avait besoin de calme en ce moment, de la légèreté du Cendregué.
« Qui oserait un jour pouvoir être comparé à la Reine des Epines, quoi que je fasse, comment veux-tu que j'arrive à égaler ma grand-mère ? Je n'étais bon qu'à l'épée Edwyn, un excellent cavalier, habile au tir à l'arc. Je n'ai jamais fait autre chose, on ne m'a jamais appris autre chose, mis à part la bienséance, la religion et l'histoire des guerres...Les Sept m'ont maudit ! Et ils ont maudit ma famille ! Peut-être étais-je trop orgueilleux et telle est leur punition ? »
Pourtant il avait prié, depuis sa chute, il avait prié de toutes ses forces de pouvoir à nouveau marcher, mais chaque essai se finissait de la même manière, une chute inévitable, et une douleur qu'il ne pouvait décrire avec des mots tant elle était insupportable, les os, les muscles, les articulations de sa jambe avaient été écrasés violemment par le poids tout entier du cheval et la violence de la chute, et plus le temps passait, plus les muscles travaillées par les entraînements journaliers fondaient, disparaissant, ne laissant qu'os et peau d'un corps qui quelques semaines plutôt était fringuant et beau. Une Rose qui se transformait inévitablement en mauvaise herbe. Voilà ce que Willos était aujourd'hui.
[color=seagreen] « Je veux juste marcher, pouvoir au moins marcher, me lever pour pisser, descendre visiter mes jeunes frères, leur apprendre à tenir une épée et à chevaucher. Je veux pouvoir faire la court aux dames, avoir des fils, et leur apprendre à leur tour l'art du combat ! Pourquoi ? Pourquoi cela m'est-il arrivé ? Qu'ai-je fait ? Qu'est-ce que mon père a fait pour que je sois ainsi puni ? »
Le goût amer du désespoir, la noirceur de la peur, la tristesse et un gouffre au milieu de la poitrine, Willos ne vivait plus, il survivait à peine, se tenait sur un fil, funambule, fragile, il menaçait de tomber, de tomber encore et encore jusqu'à ne plus pouvoir se relever, car c'était là le vrai fond du problèmes, il ne parvenait pas à passer par dessus sa défaite, par dessus sa chute, il était encore là-bas, dans le sable mouillé, hurlant de douleur, le poids du cheval détruisant une jambe forte et jeune. Il était encore là-bas, alors qu'Oberyn et d'autres hommes venaient aider et que les mestre accouraient. Il était encore là-bas, Margaery, Loras et Garlan qui devaient l'observer, effrayés, terrifiés. Il n'avait pas quitté le tournoi, il y retournait sans cesses, dès que le sommeil acceptait de le gagner.
Pour autant il ne repoussait pas Edwyn qui venait s'asseoir sur son lit, trop fatigué pour lui négliger ce droit. Les deux jeunes hommes avaient toujours été très proches, cela était de notoriété commune, peut-être, sans doutes, moins que Willos n'était proche d'Owen, mais Willos comptait énormément pour Edwyn, et la réciproque était vraie aussi, bien qu'aujourd'hui, Willos n'avait aucune rancoeur à être infect. Cependant la réaction du jeune invité ne se fit pas attendre, les mots du jeune Cendregué emplirent le cœur de Willos de chaleur, et sa remarque sur le Mestre fit sourire le gamin.
« Il le cherche. Mon père devrait nous en trouver un meilleur, un qui trouve un moyen de me faire marcher comme avant. Quel suzerain je ferai allongé dans un lit jusqu'à ce que la mort me cueille ? »
Le jeune héritier des Roses avalait d'une traite son verre, s'en servant un autre dans lequel il ne but qu'une gorgée. Le vin avait été sa nouvelle source d'inspiration, il fallait le dire, il ne buvait pas à outrance, mais appréciait l'anesthésie que lui apportait l'alcool. Le jeune Willos n'était définitivement plus que l'ombre de lui même, mais la présence de son ami de longue date calmait les nerfs à vifs de l'héritier des Roses. Et il avait besoin de calme en ce moment, de la légèreté du Cendregué.
« Qui oserait un jour pouvoir être comparé à la Reine des Epines, quoi que je fasse, comment veux-tu que j'arrive à égaler ma grand-mère ? Je n'étais bon qu'à l'épée Edwyn, un excellent cavalier, habile au tir à l'arc. Je n'ai jamais fait autre chose, on ne m'a jamais appris autre chose, mis à part la bienséance, la religion et l'histoire des guerres...Les Sept m'ont maudit ! Et ils ont maudit ma famille ! Peut-être étais-je trop orgueilleux et telle est leur punition ? »
Pourtant il avait prié, depuis sa chute, il avait prié de toutes ses forces de pouvoir à nouveau marcher, mais chaque essai se finissait de la même manière, une chute inévitable, et une douleur qu'il ne pouvait décrire avec des mots tant elle était insupportable, les os, les muscles, les articulations de sa jambe avaient été écrasés violemment par le poids tout entier du cheval et la violence de la chute, et plus le temps passait, plus les muscles travaillées par les entraînements journaliers fondaient, disparaissant, ne laissant qu'os et peau d'un corps qui quelques semaines plutôt était fringuant et beau. Une Rose qui se transformait inévitablement en mauvaise herbe. Voilà ce que Willos était aujourd'hui.
[color=seagreen] « Je veux juste marcher, pouvoir au moins marcher, me lever pour pisser, descendre visiter mes jeunes frères, leur apprendre à tenir une épée et à chevaucher. Je veux pouvoir faire la court aux dames, avoir des fils, et leur apprendre à leur tour l'art du combat ! Pourquoi ? Pourquoi cela m'est-il arrivé ? Qu'ai-je fait ? Qu'est-ce que mon père a fait pour que je sois ainsi puni ? »
Le goût amer du désespoir, la noirceur de la peur, la tristesse et un gouffre au milieu de la poitrine, Willos ne vivait plus, il survivait à peine, se tenait sur un fil, funambule, fragile, il menaçait de tomber, de tomber encore et encore jusqu'à ne plus pouvoir se relever, car c'était là le vrai fond du problèmes, il ne parvenait pas à passer par dessus sa défaite, par dessus sa chute, il était encore là-bas, dans le sable mouillé, hurlant de douleur, le poids du cheval détruisant une jambe forte et jeune. Il était encore là-bas, alors qu'Oberyn et d'autres hommes venaient aider et que les mestre accouraient. Il était encore là-bas, Margaery, Loras et Garlan qui devaient l'observer, effrayés, terrifiés. Il n'avait pas quitté le tournoi, il y retournait sans cesses, dès que le sommeil acceptait de le gagner.
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Pour le plus grand soulagement d'Edwyn, ses mots semblaient avoir légèrement fait mouche dans le coeur du jeune homme blessé. Un sourire apparut sur ce visage jusque là si fermé, et le doux Bieffois su qu'il avait bien fait de faire tout ce chemin. Il sirota tranquillement son vin tandis que son futur suzerain finissait sa coupe d'un trait pour un prendre une autre. Si cela lui permettait d'endormir un peu la douleur, Edwyn ne le lui reprocherait certainement pas. C'était après tout l'un des bienfaits du vin: Il libère du corps et ouvre l'esprit, pour le plus grand bénéfice des artistes et des malades.
Le jeune homme prierait en tout cas les Sept pour que le prochain mestre que trouverait Mace Tyrell soit capable de refaire marcher son ami Willos, même de manière imparfaite. Qu'il ne soit plus capable de jouter ou de monter à cheval soit une chose, qu'il ne puisse même plus quitter son lit était autrement plus inquiétant et catastrophique selon le Bieffois. Tout d'abord parce qu'il connaissait trop bien Willos pour penser qu'il conserverait sa santé mentale au fond d'un lit, ensuite car dans cette éventualité, les murmures sur ses capacités à régner sur le Bief ne se tairaient sans doute jamais.
Malgré les protestations, Edwyn trouvait sa comparaison avec la Reine des Epines plus appropriée que jamais. Lui avait-on jamais demandé de monter à cheval? Y avait-il un seul manant dans tout le Bief, un seul nobliau de bas étage pour contester l'autorité qu'elle avait construit dans la totalité des Sept Couronnes au cours de sa longue vie? Elle avait raison, Lady Olenna y était parvenue par son intelligence et son sens de la stratégie. Si Willos ne pouvait plus conquérir par l'épée, alors il devrait le faire par l'esprit.
Il ne pouvait d'autant plus approuver ce projet, que ce dernier avait été le sien depuis la seconde où il avait appris à lire. Certes il avait toujours été dépourvu de la plus petite ambition politique, même si le seigneur son père lui criait dessus de plus en plus souvent à ce popos, et il n'avait pas l'intention de servir celles de son père si cela entrerait en contradiction avec ses buts. Au lieu de jouer avec des épées en bois comme ses grands frères, il lisait, interrogeait le mestre de la famille, discutait avec tous les voyageurs qui s'arrêtaient à Cendregué. S'il avait eu le moindre goût pour les choses de la politique, sans doute aurait-il été un grand stratège et aurait fait progresser sa famille.
-La Reine des Epines a pourtant raison, Willos. Tu as été un excellent combattant, dans tous les domaines dans lesquels tu t'es entraîné. Même moi je suis capable de l'assurer. Mais ce qui te rendait doué était ta volonté sans faille, qui t'a fait t'entraîner plus que n'importe qui. Ce cheval ne s'est pas écroulé sur ta volonté mon ami. Cela peut te sembler inutile ou même voué à l'échec, mais si tu rêves toujours de devenir un grand du Bief, un grand des légendes, alors ta volonté est intacte, et elle trouvera juste d'autres moyens d'atteindre ton but. J'ignore ce que les Sept ont eu en tête, mais ils n'en ont certainement pas fini avec toi.
Mais le désespoir semblait reprendre sa place dans l'esprit de Willos, qui au delà de pouvoir combattre priait maintenant juste pour pouvoir marcher. Pour avoir une vie un tant soit peu normale, voir ses frères et avoir des enfants. Le coeur serré par tant de tristesse, Edwyn posa simplement une main sur le bras de son ami en espérant le calmer légèrement. Il avait dévoré tous les ouvrages de médecine du mestre de Cendregué, il n'ignorait pas que la blessure était sérieuse. Sans doute souffrirait-il toute sa vie, et plus encore s'il choisissait de marcher. Mais Edwyn n'y voyait pas là quelque chose d'impossible.
-Ne te torture pas avec des questions qui n'ont pas lieu d'être, tu n'es pas maudit par les Dieux. Je suis sûr que tu pourras marcher de nouveau un jour, regarder tes frères au combat et séduire avec tout autant de succès qu'avant! Je n'ose imaginer ce que cet accident fut et est encore pour toi. Mais c'est ta jambe qui est touchée, ne laisse pas ce poison se répandre partout en toi.
Le doux Bieffois s'interrompit l'espace d'un instant, buvant une gorgée de vin le temps de chercher ses mots, avant de plonger de nouveau son regard clair dans les yeux de son ami. Qu'il était difficile de trouver les justes paroles pour atteindre un coeur à ce point meurtri, prisonnier d'un corps qui l'était encore plus!
-Mon admiration pour toi n'est jamais née de tes capacités au combat, tu connais mon désintérêt pour la chose. Elle s'est nourrie de la force de ta volonté. C'est ta volonté qui te relèvera.
Le jeune homme prierait en tout cas les Sept pour que le prochain mestre que trouverait Mace Tyrell soit capable de refaire marcher son ami Willos, même de manière imparfaite. Qu'il ne soit plus capable de jouter ou de monter à cheval soit une chose, qu'il ne puisse même plus quitter son lit était autrement plus inquiétant et catastrophique selon le Bieffois. Tout d'abord parce qu'il connaissait trop bien Willos pour penser qu'il conserverait sa santé mentale au fond d'un lit, ensuite car dans cette éventualité, les murmures sur ses capacités à régner sur le Bief ne se tairaient sans doute jamais.
Malgré les protestations, Edwyn trouvait sa comparaison avec la Reine des Epines plus appropriée que jamais. Lui avait-on jamais demandé de monter à cheval? Y avait-il un seul manant dans tout le Bief, un seul nobliau de bas étage pour contester l'autorité qu'elle avait construit dans la totalité des Sept Couronnes au cours de sa longue vie? Elle avait raison, Lady Olenna y était parvenue par son intelligence et son sens de la stratégie. Si Willos ne pouvait plus conquérir par l'épée, alors il devrait le faire par l'esprit.
Il ne pouvait d'autant plus approuver ce projet, que ce dernier avait été le sien depuis la seconde où il avait appris à lire. Certes il avait toujours été dépourvu de la plus petite ambition politique, même si le seigneur son père lui criait dessus de plus en plus souvent à ce popos, et il n'avait pas l'intention de servir celles de son père si cela entrerait en contradiction avec ses buts. Au lieu de jouer avec des épées en bois comme ses grands frères, il lisait, interrogeait le mestre de la famille, discutait avec tous les voyageurs qui s'arrêtaient à Cendregué. S'il avait eu le moindre goût pour les choses de la politique, sans doute aurait-il été un grand stratège et aurait fait progresser sa famille.
-La Reine des Epines a pourtant raison, Willos. Tu as été un excellent combattant, dans tous les domaines dans lesquels tu t'es entraîné. Même moi je suis capable de l'assurer. Mais ce qui te rendait doué était ta volonté sans faille, qui t'a fait t'entraîner plus que n'importe qui. Ce cheval ne s'est pas écroulé sur ta volonté mon ami. Cela peut te sembler inutile ou même voué à l'échec, mais si tu rêves toujours de devenir un grand du Bief, un grand des légendes, alors ta volonté est intacte, et elle trouvera juste d'autres moyens d'atteindre ton but. J'ignore ce que les Sept ont eu en tête, mais ils n'en ont certainement pas fini avec toi.
Mais le désespoir semblait reprendre sa place dans l'esprit de Willos, qui au delà de pouvoir combattre priait maintenant juste pour pouvoir marcher. Pour avoir une vie un tant soit peu normale, voir ses frères et avoir des enfants. Le coeur serré par tant de tristesse, Edwyn posa simplement une main sur le bras de son ami en espérant le calmer légèrement. Il avait dévoré tous les ouvrages de médecine du mestre de Cendregué, il n'ignorait pas que la blessure était sérieuse. Sans doute souffrirait-il toute sa vie, et plus encore s'il choisissait de marcher. Mais Edwyn n'y voyait pas là quelque chose d'impossible.
-Ne te torture pas avec des questions qui n'ont pas lieu d'être, tu n'es pas maudit par les Dieux. Je suis sûr que tu pourras marcher de nouveau un jour, regarder tes frères au combat et séduire avec tout autant de succès qu'avant! Je n'ose imaginer ce que cet accident fut et est encore pour toi. Mais c'est ta jambe qui est touchée, ne laisse pas ce poison se répandre partout en toi.
Le doux Bieffois s'interrompit l'espace d'un instant, buvant une gorgée de vin le temps de chercher ses mots, avant de plonger de nouveau son regard clair dans les yeux de son ami. Qu'il était difficile de trouver les justes paroles pour atteindre un coeur à ce point meurtri, prisonnier d'un corps qui l'était encore plus!
-Mon admiration pour toi n'est jamais née de tes capacités au combat, tu connais mon désintérêt pour la chose. Elle s'est nourrie de la force de ta volonté. C'est ta volonté qui te relèvera.
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L'enfant s'était redressé tant bien que mal, s'appuyant sur le montant de son lit aux côtés de cet ami, Owen était venu avant, Owen avait tenu à peu prêt le même discours, et Willos n'avait pas voulu écouter. Willos ne voulait plus écouter, il en avait marre d'écouter, d'entendre les gens lui dire qu'il y avait d'autres moyens, que ce n'était pas si grave. Willos était devenu exécrable, sa langue de vipère tachant les pétales dorées des roses de sa maison. Il en avait assez d'entendre parler les gens, il voulait retourner courir et chevaucher dans les pâturages du bief, y offrir des roses à des demoiselles du peuple qu'il charmait toujours plus, galant et gentilhomme. Il voulait voir la vie s'écouler hors de ces murs, hors de ce lit, mais pour lui aujourd'hui, la vie n'était qu'un tuyau percé, qui avale, qui vole, qui prends, et qui reste vide et sans aucun sens. Il n'avait plus confiance en lui, en quoi que ce soit d'ailleurs. Et pourtant la vie était courte, il le savait, il avait failli la perdre d'ailleurs, et haïr la vie ne faisait que la raccourcir, pourtant, il la haïssait quand même ; parce que au fond, c'était plus simple de la haïr. Pour ne pas affronter la suite, ce qui l'attendait en dehors de ce lit, si un jour il parvenait à y sortir. Il ne voyait pas cela possible, il n'était plus rien, et une rose ne pouvait fleurir d'un oignon. Alors il glissait ses lèvres sur sa coupe de nouveau pleine, accueillant une gorgée bien pleine, et son goût de noisette léger qui accompagnait l'amertume de la boisson.
« Je suis toujours un excellent combattant ! »
Sa voix avait éclaté, d'un timbre roque et violent qui brisait l'ancien timbre doux de la voix de l'héritier des Roses. Sa main serrait sa coupe, alors qu'il se retenait de la faire traverser la pièce. Il avait pourtant écouté les dires d'Edwyn, sans le montrer, cette histoire de volonté, peut-être le secret était-il là dedans, mais le jeune homme était trop blessé pour y penser, pour voir l'entièreté du tableau, il était tel un cyclope ne voyant que ce qui l'arrangeait, sans essayer de voir plus loin, de pousser la réflexion, c'était plus simple de nier, de s’apitoyer sur son sort. Après tout, n'était-il pas l'ombre de lui même, frêle, maladif, pâle, sans rose dorée à sa boutonnière sans boutonnière du tout d'ailleurs, puisqu'il refusait de s'habiller convenablement, étant en tenue légère toute la journée. A quoi bon s'habiller et rester dans un lit ?
« Je suis maudit Edwyn. Tu peux pas dire le contraire. Qui suivra un héritier boiteux ? Quand bien même par je ne sais quel miracle je marchais à nouveau, je ne pourrais plus combattre, je ne mènerai pas les armées du Bief, je resterais à Hautjardin à attendre que ça passe. Comment motiver des hommes à se battre pour leur région si leur Lord Suzerain ne se bat pas ? »
Et il n'y avait pas que ça, il n'y avait pas que cette impuissance physique, il y avait aussi les autres, les on dîts, les remarques et les ragots qui traversaient déjà les murs de Hautjardin et d'ailleurs. Et si les coassements des grenouilles ne devraient pas empêcher aux éléphants de boire, Willos avait peur d'eux, avait peur des mots puisqu'il en connaissait la puissance. Il avait peur de voir les regards des autres, c'était sûrement l'une des raisons pour lesquelles il refusait les visites. Il ne voulait pas voir la pitié, il ne voulait pas voir les bienséants et les courtoisies de fortunes qui cachaient les rires et moqueries une fois la porte de la chambre de l'héritier fermée. Il avait peur de ça, du regard des autres, c'était là le clou du problème à n'en pas douter, et ce même s'il n'osait se l'avouer, et n'osait en parler, voulant garder cet air fort qu'il faisait passer par la colère, pas la voix dure, par la méchanceté gratuite envers ses domestiques.
« Comment peux-tu encore m'admirer si je me détestes ? Edwyn, il n'y a plus rien que je puisse faire. Tu connais mes rêves d'aventures, je voulais voir Essos, je voulais voir le Nord, je voulais voyager à Dorne même, à Ashai, à Qarth, à Volantis, voir les ruines de l'ancienne Valyria et Peyredragon. Et je suis bloqué à Hautjardin. Entouré de Roses Dorées qui ne cesseront de me narguer avec leur plus haut plus fort, à savoir que mes frères deviennent de grand chevaliers, et à me poser ici la question de savoir si je pourrais encore satisfaire une femme !
Il ne voulait plus, il ne pouvait plus supporter tout ça voilà tout. Il ne supportait plus la vie, les sourires, les paroles, la rotation des étoiles. Il se complaisait dans son silence, dans sa morosité, dans la profondeur de sa colère, de sa rage, de sa haine. Enfermé dans son lit comme un animal dans un corral, à ne pas bouger, à ne pas respirer, à gronder, féroce, violent, à jeter des objets à travers la pièce, manquant de peu chaque domestique qui faisait quelque chose pour lui déplaire.
« Je suis toujours un excellent combattant ! »
Sa voix avait éclaté, d'un timbre roque et violent qui brisait l'ancien timbre doux de la voix de l'héritier des Roses. Sa main serrait sa coupe, alors qu'il se retenait de la faire traverser la pièce. Il avait pourtant écouté les dires d'Edwyn, sans le montrer, cette histoire de volonté, peut-être le secret était-il là dedans, mais le jeune homme était trop blessé pour y penser, pour voir l'entièreté du tableau, il était tel un cyclope ne voyant que ce qui l'arrangeait, sans essayer de voir plus loin, de pousser la réflexion, c'était plus simple de nier, de s’apitoyer sur son sort. Après tout, n'était-il pas l'ombre de lui même, frêle, maladif, pâle, sans rose dorée à sa boutonnière sans boutonnière du tout d'ailleurs, puisqu'il refusait de s'habiller convenablement, étant en tenue légère toute la journée. A quoi bon s'habiller et rester dans un lit ?
« Je suis maudit Edwyn. Tu peux pas dire le contraire. Qui suivra un héritier boiteux ? Quand bien même par je ne sais quel miracle je marchais à nouveau, je ne pourrais plus combattre, je ne mènerai pas les armées du Bief, je resterais à Hautjardin à attendre que ça passe. Comment motiver des hommes à se battre pour leur région si leur Lord Suzerain ne se bat pas ? »
Et il n'y avait pas que ça, il n'y avait pas que cette impuissance physique, il y avait aussi les autres, les on dîts, les remarques et les ragots qui traversaient déjà les murs de Hautjardin et d'ailleurs. Et si les coassements des grenouilles ne devraient pas empêcher aux éléphants de boire, Willos avait peur d'eux, avait peur des mots puisqu'il en connaissait la puissance. Il avait peur de voir les regards des autres, c'était sûrement l'une des raisons pour lesquelles il refusait les visites. Il ne voulait pas voir la pitié, il ne voulait pas voir les bienséants et les courtoisies de fortunes qui cachaient les rires et moqueries une fois la porte de la chambre de l'héritier fermée. Il avait peur de ça, du regard des autres, c'était là le clou du problème à n'en pas douter, et ce même s'il n'osait se l'avouer, et n'osait en parler, voulant garder cet air fort qu'il faisait passer par la colère, pas la voix dure, par la méchanceté gratuite envers ses domestiques.
« Comment peux-tu encore m'admirer si je me détestes ? Edwyn, il n'y a plus rien que je puisse faire. Tu connais mes rêves d'aventures, je voulais voir Essos, je voulais voir le Nord, je voulais voyager à Dorne même, à Ashai, à Qarth, à Volantis, voir les ruines de l'ancienne Valyria et Peyredragon. Et je suis bloqué à Hautjardin. Entouré de Roses Dorées qui ne cesseront de me narguer avec leur plus haut plus fort, à savoir que mes frères deviennent de grand chevaliers, et à me poser ici la question de savoir si je pourrais encore satisfaire une femme !
Il ne voulait plus, il ne pouvait plus supporter tout ça voilà tout. Il ne supportait plus la vie, les sourires, les paroles, la rotation des étoiles. Il se complaisait dans son silence, dans sa morosité, dans la profondeur de sa colère, de sa rage, de sa haine. Enfermé dans son lit comme un animal dans un corral, à ne pas bouger, à ne pas respirer, à gronder, féroce, violent, à jeter des objets à travers la pièce, manquant de peu chaque domestique qui faisait quelque chose pour lui déplaire.
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Le jeune Edwyn continuait de parler, sa voix apaisante tentant de toucher l'âme blessée de cet oiseau cloué au sol sans ses ailes. Il parlait, et il savait de rien de ce qu'il pourrait dire ne serait seulement à même de l'atteindre, mais il continuait tout de même, car il ignorait ce qu'il pouvait faire d'autre. Et la seule idée qu'il soit impuissant dans cette situation était au delà de sa conception. Comment aurait-il pu ne pas être capable d'apporter du réconfort à son ami de toujours?
Il était certain qu'Edwyn ne s'était sans doute tant impliqué émotionnellement dans une relation avec un autre être humain qu'avec son futur suzerain. Lui qui pouvait occuper son esprit avec la course des étoiles dans le ciel, avec une goutte de pluie sur une feuille, avec la courbure d'une lèvre, n'avait de toute façon jamais trouvé personne pour le comprendre, et il s'était donc toujours suffi à lui-même. Willos était un chevalier dans l'âme, et il était certain qu'il lui faudrait être amputé de plus de membre que cela pour qu'il cesse d'être chevalier. Le jeune artiste doutait que ce dernier l'ai un jour compris, mais étrangement, cela ne comptait pas dans leur relation. Et son coeur, d'habitude si léger et nonchalant, saignait en silence.
Quand Willos cria, le visage d'Edwyn ne cilla pas, même si un observateur attentif ou suffisamment près de lui aurait pu remarquer qu'il avait légèrement contracté les épaules devant la violence soudaine de cet échange. Mais il ne servait rien de réagir face à la colère de la Rose, cela ne ferait que l'alimenter. Son expression continuait de montrer la même douceur, comme si rien de ce que pouvait faire le chevalier ne pouvait le faire fuir cette chambre.
Et le futur suzerain continuait de crier, de maudire le monde et son futur aussi atrophié que lui-même, de lui demander comment lui pouvait encore l'admirer. Il s'insurgeait contre la cruauté de l'univers, qui avait pu lui donner le talent, la naissance, la beauté, lui avait laissé le temps de nourrir des rêves, des ambitions, pour tout lui retirer d'un coup, le jour d'un seul petit tournoi!Edwyn, sans être un fanatique, était quelqu'un de pieu, il avait même imaginer devenir septon, expérience dont il était revenu récemment à Cendregué. Cependant il ne parvenait pas non plus à comprendre pourquoi les Sept avaient pu se montrer si cruels. Et aucun vers de l'Etoile à Sept Branches, qu'il pouvait pourtant réciter durant son sommeil, ne lui apportait de réponse satisfaisante.
Pris d'une impulsion, il se dressa sur le lit, appuyé sur ses genoux, et posa doucement les mains sur les deux épaules de Ser Willos pour tenter d'apaiser sa fureur, le geste se faisait très délicat pour ne surtout pas le bouger et prendre le risque de réveiller la douleur dans sa jambe. Un million de phrases différentes lui venaient en tête, mais il savait très bien qu'aucune n'auraient l'effet escompté, que dire à quelqu'un qui voit sa vie s'effondrer autour de soi après tout. Alors il ne dit rien, se contentant de se tenir ainsi, fixant son ami dans les yeux. Il allait juste le laisser vider son sac, cracher sa haine à la face du monde comme il en avait tous les droits, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que ce qui avait toujours été en lui, sa volonté et sa détermination.
Il resta ainsi, silencieux, mais son regard couleur de l'hiver le fixant, de l'air de dire "Vas-y, je t'écoute. Continue. Crie, frappe. Et relève-toi."
Il était certain qu'Edwyn ne s'était sans doute tant impliqué émotionnellement dans une relation avec un autre être humain qu'avec son futur suzerain. Lui qui pouvait occuper son esprit avec la course des étoiles dans le ciel, avec une goutte de pluie sur une feuille, avec la courbure d'une lèvre, n'avait de toute façon jamais trouvé personne pour le comprendre, et il s'était donc toujours suffi à lui-même. Willos était un chevalier dans l'âme, et il était certain qu'il lui faudrait être amputé de plus de membre que cela pour qu'il cesse d'être chevalier. Le jeune artiste doutait que ce dernier l'ai un jour compris, mais étrangement, cela ne comptait pas dans leur relation. Et son coeur, d'habitude si léger et nonchalant, saignait en silence.
Quand Willos cria, le visage d'Edwyn ne cilla pas, même si un observateur attentif ou suffisamment près de lui aurait pu remarquer qu'il avait légèrement contracté les épaules devant la violence soudaine de cet échange. Mais il ne servait rien de réagir face à la colère de la Rose, cela ne ferait que l'alimenter. Son expression continuait de montrer la même douceur, comme si rien de ce que pouvait faire le chevalier ne pouvait le faire fuir cette chambre.
Et le futur suzerain continuait de crier, de maudire le monde et son futur aussi atrophié que lui-même, de lui demander comment lui pouvait encore l'admirer. Il s'insurgeait contre la cruauté de l'univers, qui avait pu lui donner le talent, la naissance, la beauté, lui avait laissé le temps de nourrir des rêves, des ambitions, pour tout lui retirer d'un coup, le jour d'un seul petit tournoi!Edwyn, sans être un fanatique, était quelqu'un de pieu, il avait même imaginer devenir septon, expérience dont il était revenu récemment à Cendregué. Cependant il ne parvenait pas non plus à comprendre pourquoi les Sept avaient pu se montrer si cruels. Et aucun vers de l'Etoile à Sept Branches, qu'il pouvait pourtant réciter durant son sommeil, ne lui apportait de réponse satisfaisante.
Pris d'une impulsion, il se dressa sur le lit, appuyé sur ses genoux, et posa doucement les mains sur les deux épaules de Ser Willos pour tenter d'apaiser sa fureur, le geste se faisait très délicat pour ne surtout pas le bouger et prendre le risque de réveiller la douleur dans sa jambe. Un million de phrases différentes lui venaient en tête, mais il savait très bien qu'aucune n'auraient l'effet escompté, que dire à quelqu'un qui voit sa vie s'effondrer autour de soi après tout. Alors il ne dit rien, se contentant de se tenir ainsi, fixant son ami dans les yeux. Il allait juste le laisser vider son sac, cracher sa haine à la face du monde comme il en avait tous les droits, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que ce qui avait toujours été en lui, sa volonté et sa détermination.
Il resta ainsi, silencieux, mais son regard couleur de l'hiver le fixant, de l'air de dire "Vas-y, je t'écoute. Continue. Crie, frappe. Et relève-toi."
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Ils n'étaient que deux enfants, le monde entier devant eux, un avenir qu'on leur avait promis. Ils n'étaient que deux enfants, des idéaux, des rêves qu'ils souhaitaient réaliser, sans vraiment savoir pourquoi, peut-être à cause des murmures qu'on leur avait glissé à l'oreille. Et pourtant, le monde avait changé, en une journée, en un tournois, en quelques secondes qui avaient semblé être une éternité. Et le gamin avait perdu son but, il avait perdu ses rêves, effacés par le sang dans la poussière du tournoi. Il n'avait aujourd'hui plus rien à observer, plus rien à vivre. Il semblait démuni, perdu, lui qui avait grandit pour être ce grand chevalier, ce puissant guerrier, ce seigneur dont le nom ferait trembler les ennemis du Bief, il était aujourd'hui rien d'autre que Willos l'infirme, la Rose brisée. Le monde semblait se moquer de lui, tourner à l'envers. Les étoiles semblaient s'écraser devant celui qui cherchait toujours à les viser.
Alors il avait hurlé, il ne faisait que ça, il crachait sa rage et son venin à qui voulait bien l'entendre, il se foutait de savoir s'il blessait ou non, si ses mots brisaient et déchiraient le cœur de ses proches. Il voulait les blesser à vrai dire, il avait cette envie, cette noirceur au fond de son cœur, il voulait les voir briser comme lui avait été brisé. Il voulait tout détruire, il voulait leur montrer ce que ça faisait, ce qu'il ressentait lui qui ne pouvait plus se lever, qui ne pouvait plus marcher ou courir, monter à cheval ou tenir une épée. Il voulait qu'ils sachent comme les tiges qui tenaient sa jambe immobilisée le blesser, la douleur impensable de sa jambe tendue. Il avait mal Willos, mais la douleur physique n'égalisait sûrement pas la peine qu'il ressentait dans son cœur, quand ses frères venaient le visiter, et qu'il voyait dans leurs yeux une pitié trop profonde, quand sa sœur s'approchait, cherchant à entendre son aîné rire et lui raconter les étoiles comme avant, mais il ne pouvait plus aller dans le jardin, il ne pouvait plus s'allonger sur l'herbe fraîche, pointer du doigt les constellations et souligner leur beauté, ou lui compter leurs histoires, certaines tirées de livres qu'il avait oublié, d'autres qu'il inventait, qu'il désiraient réelles. Rien n'égalisait la douleur de ne pas pouvoir courir après Garlan et Loras, épée en bois à la main, jouer avec eux en esquivant les coups doux, faire éclater les rires des trois frères. Rien n'égalisait la douleur de savoir qu'une des Rose Dorée de Hautjardin avait perdu sa beauté, avait perdu sa grandeur.
Alors oui, pour le gamin, le soleil ne se lèverait plus jamais, il vivait presque inconscient de ce qu'il se passait par delà les portes de ses appartements, il se foutait de ce que le monde vivait au delà de Hautjardin, il ne voulait plus penser à ces terres lointaines qu'il avait toujours rêvé de visiter, il ne voulait plus penser à quoi que ce soit qu'il ne pourrait plus faire, alors il restait là, dans ce lit, ce cocon, un moyen de se protéger, d'oublier, de ne pas risquer de croiser des regards, d’entendre les murmures mauvais de ceux qui ne manqueraient pas de se moquer. Tout était plus simple dans ce lit, tout était plus simple dans ses cris. Et qu'Edwyn eut été un de ses plus grands amis, il n'était pas protégé des accès de colère de son futur Seigneur. Ses yeux croisèrent ceux du vieil ami, et il fut surpris, lâchant un cri de protestation quand les mains du Cendregué s'appuyèrent sur les épaules du Tyrell, limitant le peu de mouvement qu'il pouvait encore se permettre de faire, alors le jeune héritier se mit à secouer les épaules, tentant de se dégager de l'emprise de son ami, se ravisant par la suite, il n'avait plus la force de retourner la situation.
« Lâche moi ! »
La voix avait claqué dans l'air, forte, inquisitrice, mais impuissante, et les yeux hiver d'Edwyn rencontrait l'océan des siens. Sa voix était étonnamment calme, il ne tremblait pas, ne baissait pas les yeux. Il tenait tête au volcan qui grondait sous ses mains, et ce calme eut raison de la Rose Brisée, dont les larmes se mirent à couler, pour la première fois depuis l'accident, il avait l'impression de sentir ses nerfs se lâcher enfin.
« J'ai besoin de savoir que j'y arriverais Edwyn...que je peux encore être le Seigneur que tout le monde attends... »
Il avait besoin de savoir qu'il ne décevrait pas les habitants du Bief, qu'il ne ternirait pas le nom des Tyrell, qu'il parviendrait à atteindre les sommets qu'il s'était fixé. Et pourtant on ne lui parlait que de blessures, des choses qu'il ne pouvait plus faire. Il voulait entendre ce qu'il pouvait faire désormais. Il voulait savoir que sa vie, son futur, n'étaient pas voués à l'échec.
Alors il avait hurlé, il ne faisait que ça, il crachait sa rage et son venin à qui voulait bien l'entendre, il se foutait de savoir s'il blessait ou non, si ses mots brisaient et déchiraient le cœur de ses proches. Il voulait les blesser à vrai dire, il avait cette envie, cette noirceur au fond de son cœur, il voulait les voir briser comme lui avait été brisé. Il voulait tout détruire, il voulait leur montrer ce que ça faisait, ce qu'il ressentait lui qui ne pouvait plus se lever, qui ne pouvait plus marcher ou courir, monter à cheval ou tenir une épée. Il voulait qu'ils sachent comme les tiges qui tenaient sa jambe immobilisée le blesser, la douleur impensable de sa jambe tendue. Il avait mal Willos, mais la douleur physique n'égalisait sûrement pas la peine qu'il ressentait dans son cœur, quand ses frères venaient le visiter, et qu'il voyait dans leurs yeux une pitié trop profonde, quand sa sœur s'approchait, cherchant à entendre son aîné rire et lui raconter les étoiles comme avant, mais il ne pouvait plus aller dans le jardin, il ne pouvait plus s'allonger sur l'herbe fraîche, pointer du doigt les constellations et souligner leur beauté, ou lui compter leurs histoires, certaines tirées de livres qu'il avait oublié, d'autres qu'il inventait, qu'il désiraient réelles. Rien n'égalisait la douleur de ne pas pouvoir courir après Garlan et Loras, épée en bois à la main, jouer avec eux en esquivant les coups doux, faire éclater les rires des trois frères. Rien n'égalisait la douleur de savoir qu'une des Rose Dorée de Hautjardin avait perdu sa beauté, avait perdu sa grandeur.
Alors oui, pour le gamin, le soleil ne se lèverait plus jamais, il vivait presque inconscient de ce qu'il se passait par delà les portes de ses appartements, il se foutait de ce que le monde vivait au delà de Hautjardin, il ne voulait plus penser à ces terres lointaines qu'il avait toujours rêvé de visiter, il ne voulait plus penser à quoi que ce soit qu'il ne pourrait plus faire, alors il restait là, dans ce lit, ce cocon, un moyen de se protéger, d'oublier, de ne pas risquer de croiser des regards, d’entendre les murmures mauvais de ceux qui ne manqueraient pas de se moquer. Tout était plus simple dans ce lit, tout était plus simple dans ses cris. Et qu'Edwyn eut été un de ses plus grands amis, il n'était pas protégé des accès de colère de son futur Seigneur. Ses yeux croisèrent ceux du vieil ami, et il fut surpris, lâchant un cri de protestation quand les mains du Cendregué s'appuyèrent sur les épaules du Tyrell, limitant le peu de mouvement qu'il pouvait encore se permettre de faire, alors le jeune héritier se mit à secouer les épaules, tentant de se dégager de l'emprise de son ami, se ravisant par la suite, il n'avait plus la force de retourner la situation.
« Lâche moi ! »
La voix avait claqué dans l'air, forte, inquisitrice, mais impuissante, et les yeux hiver d'Edwyn rencontrait l'océan des siens. Sa voix était étonnamment calme, il ne tremblait pas, ne baissait pas les yeux. Il tenait tête au volcan qui grondait sous ses mains, et ce calme eut raison de la Rose Brisée, dont les larmes se mirent à couler, pour la première fois depuis l'accident, il avait l'impression de sentir ses nerfs se lâcher enfin.
« J'ai besoin de savoir que j'y arriverais Edwyn...que je peux encore être le Seigneur que tout le monde attends... »
Il avait besoin de savoir qu'il ne décevrait pas les habitants du Bief, qu'il ne ternirait pas le nom des Tyrell, qu'il parviendrait à atteindre les sommets qu'il s'était fixé. Et pourtant on ne lui parlait que de blessures, des choses qu'il ne pouvait plus faire. Il voulait entendre ce qu'il pouvait faire désormais. Il voulait savoir que sa vie, son futur, n'étaient pas voués à l'échec.
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Son cher ami semblait au prise avec des sentiments sombres et insondables que Edwyn ne parvenait pas à atteindre. Il pouvait cependant ressentir la violence de cette sorte de bézoard de haine, d'incompréhension et de désespoir qui semblait enfoncé au fond de sa gorge sans que le Tyrell puisse le cracher. Et le Cendregué ne pouvait pas l'atteindre. Alors il tentait seulement de lui faire cracher tout son désespoir.
Le chevalier se débattit et lui ordonna d'un ton cassant de le lâcher. Aussitôt, Edwyn retira ses mains des épaules de son ami d'enfance. Tant qu'il s'énervait, il s'exprimait, et le Bieffois ne cherchait rien d'autre. S'il tombait dans la torpeur, alors il ne marcherait jamais plus, le futur mestre en était persuadé. Il fallait qu'il retrouve sa combativité, sa volonté de vivre, même dans la rage. Il trouverait par la suite d'autres raison d'être heureux. Du moins voulait-il le croire.
Et d'une certaine façon, il y parvint, car il vit les larmes envahir les yeux, puis les joues de son ami qui était secoué par les sanglots. Cela brisait le coeur du Cendregué de voir Willos ainsi, mais il savait également que cela était nécessaire.
La situation dans laquelle se trouvait le chevalier aux Roses était horrible, elle était injuste et cruelle. Il était inutile d'y chercher le moindre sens. Lui pourtant si pieux, ne parvenait à trouver aucune miséricorde des Sept dans cet accident qui touchait son ami d'enfance. Pourquoi les Dieux choisissaient-ils de toucher un enfant brillant et doué de bons sentiments comme Willos Tyrell? S'agissait-il de prouver que les Sept peuvent frapper indifféremment les puissants comme les petits de ce monde? Si c'était cela, alors la chose semblait plus cruelle encore.
Edwyn ne détournait pas les yeux du regard inondé de larmes de l'oiseau aux ailes brisées. Il mourait d'envie de le prendre dans ses bras et de le bercer jusqu'à ce que les larmes se tarissent. Mais il ne voulait pas prendre le risque de voir Willos le repousser ou de lui faire mal sans s'en rendre compte. Il se contenta donc de rester près de lui, une main seulement poser sur son bras alors que le chevalier pleurait sur le futur rôle qui serait le sien. Le fils de Cendregué le laissa évacuer une partie de son chagrin avant de prendre la parole, toujours aussi doux et apaisant:
-Bien sûr que tu peux le faire, Willos. Tu seras un grand Seigneur du Bief, j'ai confiance en toi. Toute ta famille a confiance en toi.
Il tira de sa manche un mouchoir de tissu monogrammé au soleil emblème des Cendregué et le lui mis doucement dans la main pour qu'il éponge ses larmes. Ses gestes, tout comme son attitude, restaient doux et lents, pour tenter de se montrer rassurant face à la tornade de sentiments négatifs qui prenait le contrôle de son ami d'enfance autrefois si lumineux.
-Lord Mace va te trouver un nouveau mestre qui te permettra de marcher à nouveau. Lady Olenna t'enseignera tout ce que tu dois savoir pour être un jour un bon suzerain du Bief. Et je sais que tu y mettras toute l'énergie que tu investissais autrefois dans les armes. Quand ton heure sera venue, tu montreras tout ceux qui pourraient chuchoter à quel point tu es indispensable pour Hautjardin et pour le Bief.
Il savait d'ors et déjà que le seigneur son père, fidèle vassal des Tyrell, suivrait Willos jusqu'aux Sept Enfers s'il le lui demandait. Edwyn ne s'intéressait plus aux affaires de la famille, surtout au vu de la haine grandissante que son père et Lord nourrissait maintenant pour son dernier fils. Mais de cela, il était certain. Les Cendregué n'avaient jamais fait défaut aux Tyrell, et avaient d'ailleurs payé cher leur fidélité au Bief et à la Couronne durant la Rébellion du Cerf.
-Tu as toujours été un combattant hors pair. Tu peux continuer à te battre, avec d'autres armes.
Edwyn tenta un léger sourire en coin pour son ami, en espérant qu'il traverserait le voile de ses larmes. Il croyait profondément en Willos, il devait simplement réussir à l'en persuader.
Le chevalier se débattit et lui ordonna d'un ton cassant de le lâcher. Aussitôt, Edwyn retira ses mains des épaules de son ami d'enfance. Tant qu'il s'énervait, il s'exprimait, et le Bieffois ne cherchait rien d'autre. S'il tombait dans la torpeur, alors il ne marcherait jamais plus, le futur mestre en était persuadé. Il fallait qu'il retrouve sa combativité, sa volonté de vivre, même dans la rage. Il trouverait par la suite d'autres raison d'être heureux. Du moins voulait-il le croire.
Et d'une certaine façon, il y parvint, car il vit les larmes envahir les yeux, puis les joues de son ami qui était secoué par les sanglots. Cela brisait le coeur du Cendregué de voir Willos ainsi, mais il savait également que cela était nécessaire.
La situation dans laquelle se trouvait le chevalier aux Roses était horrible, elle était injuste et cruelle. Il était inutile d'y chercher le moindre sens. Lui pourtant si pieux, ne parvenait à trouver aucune miséricorde des Sept dans cet accident qui touchait son ami d'enfance. Pourquoi les Dieux choisissaient-ils de toucher un enfant brillant et doué de bons sentiments comme Willos Tyrell? S'agissait-il de prouver que les Sept peuvent frapper indifféremment les puissants comme les petits de ce monde? Si c'était cela, alors la chose semblait plus cruelle encore.
Edwyn ne détournait pas les yeux du regard inondé de larmes de l'oiseau aux ailes brisées. Il mourait d'envie de le prendre dans ses bras et de le bercer jusqu'à ce que les larmes se tarissent. Mais il ne voulait pas prendre le risque de voir Willos le repousser ou de lui faire mal sans s'en rendre compte. Il se contenta donc de rester près de lui, une main seulement poser sur son bras alors que le chevalier pleurait sur le futur rôle qui serait le sien. Le fils de Cendregué le laissa évacuer une partie de son chagrin avant de prendre la parole, toujours aussi doux et apaisant:
-Bien sûr que tu peux le faire, Willos. Tu seras un grand Seigneur du Bief, j'ai confiance en toi. Toute ta famille a confiance en toi.
Il tira de sa manche un mouchoir de tissu monogrammé au soleil emblème des Cendregué et le lui mis doucement dans la main pour qu'il éponge ses larmes. Ses gestes, tout comme son attitude, restaient doux et lents, pour tenter de se montrer rassurant face à la tornade de sentiments négatifs qui prenait le contrôle de son ami d'enfance autrefois si lumineux.
-Lord Mace va te trouver un nouveau mestre qui te permettra de marcher à nouveau. Lady Olenna t'enseignera tout ce que tu dois savoir pour être un jour un bon suzerain du Bief. Et je sais que tu y mettras toute l'énergie que tu investissais autrefois dans les armes. Quand ton heure sera venue, tu montreras tout ceux qui pourraient chuchoter à quel point tu es indispensable pour Hautjardin et pour le Bief.
Il savait d'ors et déjà que le seigneur son père, fidèle vassal des Tyrell, suivrait Willos jusqu'aux Sept Enfers s'il le lui demandait. Edwyn ne s'intéressait plus aux affaires de la famille, surtout au vu de la haine grandissante que son père et Lord nourrissait maintenant pour son dernier fils. Mais de cela, il était certain. Les Cendregué n'avaient jamais fait défaut aux Tyrell, et avaient d'ailleurs payé cher leur fidélité au Bief et à la Couronne durant la Rébellion du Cerf.
-Tu as toujours été un combattant hors pair. Tu peux continuer à te battre, avec d'autres armes.
Edwyn tenta un léger sourire en coin pour son ami, en espérant qu'il traverserait le voile de ses larmes. Il croyait profondément en Willos, il devait simplement réussir à l'en persuader.
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