Judge the Rose | ft. Loras
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Judge the Rose
Close my eyes to sleep,
close my eyes to escape.
close my eyes to escape.
Skarithra s'était perdue, délibérément, parmi les feuillages, parmi les vents. Le chant de la rivière berçait son âme enchaînée. Prisonnière de son enveloppe charnelle, elle ne pouvait s'enfuir que par-delà les remous du torrent. Et elle s'imaginait ne faire qu'un avec eux, brisant la terre, brisant les roches, jusqu'à la mer. Son essence divaguait à la surface, et son regard avec elle, empreinte d'une effervescence nouvelle, une libération soudaine. La cohue n'avait plus d'influence sur elle. Le brouhaha du peuple n'avait plus d'impact sur la boîte de Pandore qu'était sa tête. Le poison s'égarait dans l'aorte, et elle entrait dans la ville des morts. Elle sentait le feu lui ravager les entrailles. Couard. Abomination. Masochiste. Ses pensées diaboliques lui criaient sa culpabilité comme un juge dicterait sa sentence. Elle aurait souhaité obtenir châtiment pour ses péchés. Ainsi, peut-être, ce serait-elle sentie lavée de toute honte, de tout regret. Mais cela reviendrait, sans nul doute, à la faire exécuter. Et malgré toute sa tristesse, et toute sa colère, elle tenait encore trop à son existence dérisoire. Etait-ce seulement son instinct qui la maintenait encore debout ? Elle en était persuadée. Il n'y avait rien de plus impitoyable que ce don inné, qui faisait résister, jusqu'à l'apogée de la souffrance. Jusqu'au bout. Comme si la volonté n'avait pas d'impact. Comme si le ressenti n'en avait pas non plus.
A son côté, des pas l'arrachèrent violemment à sa torpeur. Skarithra n'avait pas encore l'habitude d'être constamment entourée de pâles inconnus. Hautjardin était un Cité vivante, où même les plus secrets recoins étaient occupés. Elle n'était jamais seule. Elle ne le serait certainement plus jamais. Ou du moins, ne pourrait-elle plus agir sans avoir une peur misérable d'être vue, entendue, sentie. Elle avait peur. Elle était terrorisée à la simple idée que quelqu'un l'aie surprise, là-haut, il y a à peine quelques jours. Elle avait peur que toute la ville ne soit au courant, et que tous les yeux qui se posaient sur elle, la jugeaient, secrètement. Ainsi, elle ne pouvait les regarder, tous, ces araignées aux faces multiples, ces hommes et ces femmes, ces vieux et ces enfants, tous traîtres de leur propre Humanité. En tournant légèrement la tête, elle observa Loras Tyrell congédier une personne qui n'avait nulle importance. Aux prunelles de Skarithra, ne demeurait que l'héritier de Hautjardin, cet homme, qui, bientôt, épouserait sa précieuse Cerseï. Celui qui allait l'enfermer ici pour l'éternité. Et qui la priverait de tout bonheur, sans même le savoir, sans même, peut-être, s'en soucier. Lorsqu'elle se leva pour le rejoindre, ce ne fut nullement pour le blâmer, ni pour l'attaquer. Elle souhaitait simplement connaître cet homme qui ornerait désormais la vie de son amie, et, par procuration, la sienne.
Skarithra s'abaissa, et fit une révérence respectueuse, et sincère. Loras était un homme dont elle avait entendu parler. En bien, d'autrui. En mal, de Cerseï. Mais il était temps, désormais, de partir en quête de son âme, pour la juger d'elle-même. Elle contempla, en premier lieu, son visage, ses traits, chaque détail de cette divine face que l'on chantait au-delà du Bief. Elle comprit qu'aucune femme n'avait tord, à son sujet. Il était, et sans conteste possible, un homme magnifique. « Mes salutations, Seigneur Loras. » Les présentations étaient importantes, à Westeros, tout comme les titres, et les noms de famille. Les siens n'avaient nulle place ici, nulle importance. Qu'était la Maison Drox, face à la Maison Tyrell ? Rien. Un nom insignifiant, faute de n'avoir obtenu pour fief qu'un château perdu au milieu de nulle part. Oh, elle ne se plaignait pas. Il en était simplement ainsi. « Nous n'avons pas eu l'occasion de nous présenter. Permettez-moi de m'introduire. » Et elle lui offrit un sourire. Sincère, ou était-ce seulement ce qu'elle croyait, au fond. La simple idée de voir cet homme au bras de Cerseï la rendait malade. Alors, elle la chassait, loin, très loin de sa tête. « Mon nom est Skarithra, de la Maison Drox. Je suis la Dame de Compagnie de votre future épouse, Lady Cerseï Lannister. »
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