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Bâtard du Nord et Bâtard du Sud (feat. Daemon Sand)

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Bâtard du Nord et Bâtard du Sud

An 295, Lune 9, Semaine 4



Daemon Sand & Ramsay Snow

J’ouvre les yeux. Je me réveille dans ma chambre où il fait un froid glacial. A ma fenêtre sans volet, les premiers rayons du soleil commencent à entrer dans ma chambre, finissant leur course sur les dalles de pierres noires et salles. Je dégage mes bras de sous ce qui me sert de couette et place mes mains derrière ma tête. Dans l’autre pièce, j’entends ma mère qui s’affaire dans la cuisine. Je plisse les yeux. Je ne la vois pourtant pas, mais le simple fait de la savoir juste là, à côté, me donne des envies violentes que j’ai de plus en plus de mal à retenir. Je décide finalement de me lever. Je sors du lit, nu, ramasse mes vêtements jetés en boule la veille sur une chaise en bois posée non loin de la fenêtre et commence à m’habiller. Rapidement, je me passe de l’eau froide sur le visage en plongeant mes mains dans le sceau d’eau glacée près de ma porte, puis j’ouvre la porte et tombe nez-à-nez avec ma mère.

B’jour Ramsay, qu’elle me dit.

Je discerne une lueur d’inquiétude dans ses yeux ; je crois qu’elle me craint. Elle évite de me regarder dans les yeux, fait toujours son possible pour conserver une certaine distance entre elle et moi. Je ne réponds pas à son bonjour. A la place, je scrute rapidement la petite pièce qui nous sert de cuisine et de salle à manger puis dit :

Il est où Schlingue ?

Son odeur était absente de la pièce.

Parti chercher d’quoi manger, qu’elle me répond, en retournant mettre un morceau de bois sur le feu. A la regarder, ainsi pencher au-dessus de l’âtre, j’eu envie de me précipiter sur elle et de lui plonger le visage dans les flammes. A la place, je mis mon manteau cousu de divers morceaux de cuirs et de peaux de bêtes, ma cape en laine noire, pris mes gants, mon carquois et mon arc que je m’étais fabriqué moi-même sur les consignes de Schlingue, mon poignard, et ouvrit la porte quand j’entendis derrière moi ma mère me sortir :

Où s’est qu’tu vas ?

Je me retourne et lui jette un regard dur et glacial, avant de claquer la porte, la laissant seule et sans réponse. Dehors, j’humais l’air frais avec délice. Les nuages commençaient à se dissiper. C’était une belle journée en perspective, la journée idéale pour partir à la chasse. Je me dirigeais d’abord vers l’arrière de la maison. Dans un coin se trouvait une cage faite par mes soins où se trouvaient mes deux chiens de chasse. Deux femelles. Un chenil en quelque sorte. A ma vue, je les vis bouger la queue et aboyer. D’un seul mot dit d’une manière forte et autoritaire, j’obtins le silence de leur part et calmement, ils attendirent que j’ouvre la porte de leur cage.

Bonnes filles, dis-je, avant de prendre la route vers la forêt située à quelques lieues de là. C’est là-bas que je trouvais la plupart de mes proies. Des renards, lièvres et autres bestioles qui vivent dans les bois. Je rêverais de pouvoir un jour tuer un loup, mais Schlingue dit que c’est chose très difficile, car les loups vivent en groupe, en meute… N’empêche qu’avoir un col en peau de loup, ça me plairait bien…Un jour peut-être…

Dans la forêt, la chasse commence bien. Mes chiennes reniflent vite la piste de lapins. Je leur impose le silence d’un simple sifflement. Elles ont eu du mal à comprendre ça…ce que je voulais obtenir en sifflant… Les deux connurent plusieurs fois le bâton pour m’avoir désobéit. Ces bestioles-là, les lapins, sont rapides et ont l’ouïe fine, mais je suis plutôt adroit avec un arc. A force de patience, je finis par en tuer deux. L’un d’eux était encore en vie quand je vins pour le chercher. Je les pris par les oreilles et, frappa trois fois violemment la bête sur une pierre qui se trouvait juste à mes côtés. Sa figure éclata sous la violence des coups et j’en eu la main pleine de sang. M’est égal…j’aime la couleur qu’a le sang.

Je trouvais un coin abrité du vent pour manger. Mes chiens montèrent la garde. Si elles étaient sages, je leur donnerais peut-être un ou deux morceaux de viande. J’allais ramasser du bois pour le feu lorsque j’entendis mes chiennes aboyer. Je revins vers elles, prêt à les frapper pour ce tapage. Elles tournèrent leurs gueules pleines de bave vers moi et cessèrent immédiatement. Je compris vite la raison de leurs aboiements. Un cavalier approchait. Il était vêtu bizarrement, je n’avais encore j’avais vu quelqu’un habillé comme ça. Il m’avait vu également, forcément, vu le bruit des chiens, et venait vers moi tranquillement. Je posais le bois par terre, pris discrètement mon poignard de ma ceinture et mis mes mains derrière mon dos. On sait jamais…Il y a des gens peu recommandables qui vagabondent dans le Nord… Lorsqu’il fut à porter de voix, je lui lançais :

T’m’as l’air perdu toi…En tout cas, t’es pas d’ici, ça se voit…

Maintenant qu’il était proche de moi, je vis que ses vêtements étaient loin d’être ceux d’un vagabond, même s’ils n’étaient pas des plus propres. Peut-être les avait-il volé ? Je m’en fichais au final, et poursuivit, un énigmatique sourire sur le visage :

J’peux t’aider peut-être…

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Bâtard du Nord et Bâtard du Sud

An 295 | Lune 9 | Semaine 4



Ramsay Snow & Daemon Sand

Ecartant de son visage une branche aux feuilles grises, ses yeux se perdirent devant lui. Cela faisait bien longtemps maintenant qu'il avait quitté le chemin, trop, pour que désormais il ne vit dans ce paysage étranger autre chose qu'un labyrinthe d'arbres noirs à la frondaison moulue de givre. La matinée se mourrait, découvrant un soleil aussi pâle que froid. Disparaissant au grès des nuages capricieux, le ciel grisâtre qui l'avait surplombé jusque là faisait place à des cieux d'un bleu lumineux qu'il pouvait deviner au travers des branchages griffus. Ce spectacle ne rassurait qu'à peine son cœur de dornien qui priait pour un temps plus clément, bien qu'il endura sans rechigner les températures qui rosissaient ses joues et lésaient ses poumons. Condamné à avaler cet air glacial malgré le turban qui protégeait son nez, Daemon maudissait la forêt toute entière, ses yeux fustigeant le moindre mouvement qu'il pouvait y déceler. L'été quant à lui était absent, malgré ce qu'on avait bien voulu lui affirmer. Où était l'été dans ces plaines mordues par le givre?  Dans cette boue froide comme de la glace? D'une main gantée, il resserra son col autour de son cou et y enfonça avec plus d'application le turban noir qui lui entourait la tête pour mieux isoler sa gorge. Deux manteaux dorniens enfilés l'un par dessus l'autre ne suffisaient pas à rendre le gel supportable. Ses doigts étaient raides, et maladroits.

 "Au Nom du Guerrier, je te demande d'être brave...Au Nom du Guerrier, je te demande d'être brave..." La voix chaude d'Oberyn vibrait dans son esprit avec la même netteté que lorsqu'il avait prononcé ces mots, près de deux ans auparavant. Ses voeux de chevaliers. Faits devant un Prince, devant les Sept. Tout cela pour se retrouver perdu dans ce pays septentrional, quelque part dans l'immensité de ces terres désolées, à traquer un nigaud pour un seigneur aussi rustre que désagréable. Mais s'il était bien des valeurs dont il aurait besoin sitôt qu'il aurait attrapé celui qu'il avait pour mission de capturer, ce n'était en aucun cas de courage, mais bien de patience, et de modération. Le garçon serait rendu vivant, et entier. Tout voleur qu'il était, ses mains n'appartenaient pas au bâtard qui devrait se contenter de le ramener au fief, ligoté comme un animal. Malgré sa contrariété, le Sand dégageait un calme souverain qui faisait luire son regard d'un éclat déterminé. Entre les murs de pierre rude des écuries du Lord qui l'avait engagé, son étalon de joute et son poulain se reposaient en compagnie de ses biens. Tout ce qu'il possédait, en somme. Un étranger n'aurait pas sa pitié.  Il n'y avait aucune beauté, aucune grâce dans ce labeur, si loin des attentes imprégnées du  parfum des  chansons, mais le travail serait pourtant fait. Comme toujours.

Enjambant les racines qui crevaient le sol comme autant de mains sournoises qui ne demandaient qu'à se saisir de ses jambes, sa jument avançait au trot, se laissant docilement guider par la main de son cavalier. Ce dernier, cependant, devait se satisfaire de la pousser au grès de son instinct au travers des sous-bois et d'espérer que le hasard le mettrait sur la route qu'il avait perdue ou sur la piste qu'il n'avait pas encore trouvé. Régulièrement, son souffle lourd et serein s'échappait de ses naseaux, se muant en volutes lumineuses saisies par le froid avant de glisser comme des embruns contre son encolure arquée. L'argentée supportait mieux le climat du Nord qu'il n'aurait su le prévoir, et ses jambes de biche  semblaient s’accommoder parfaitement du terrain accidenté, toujours changeant au grès du givre, du soleil et de l'ombre.
Elle était presque somnolente lorsque soudain, sa tête fine se releva, attrapant le regard pâle du Sand qui avisa la direction qu'elle scrutait nerveusement de ses grands yeux sombres. A l'écoute des brusques aboiements qui surgirent du silence, le destrier gris feinta de côté, de surprise plutôt que de peur, avant de reprendre la démarche que lui imposait son maître. Le dornien posait un regard moins paisible que cette dernière sur les deux molosses qui pointaient leurs gueules écumantes hors des fourrés dans sa direction. Craignant un instant que les mâtins ne furent des chiens errants, il faillit préférer s'écarter de leur chemin avant de discerner une silhouette qui se précipitait vers eux. Ses yeux se plissèrent subrepticement. Etait-ce l'homme qu'il recherchait? Contraignant sa jument au pas, il s'approcha prudemment du jeune homme, le jaugeant de pied en cap. Visiblement occupé à ramasser du bois pour se preparer une repas qu'il avait lui même chassé, sa mise autant que son comportement rustre ne tardèrent pas à indiquer au Sand qu'il s'agissait là d'un roturier. Un braconnier, peut-être, mais un homme trop à l'aise avec la nature sauvage dans laquelle il s'était engouffré pour être le jeune page né et élevé à la domesticité d'un château qu'il traquait vainement jusque là. L'humeur contrariée du bâtard assombrit son visage à demi dissimulé sous son turban. Il arrêta finalement son destrier des sables à quelques pas du garçon, le couvant d'un regard froid et hautain. S'estimant avec une égale défiance, les deux bruns restèrent un instant silencieux l'un face à l'autre jusqu'à ce que le nordien finisse par briser le mutisme qui s'était installé. Entre eux il n'y avait que l'air glacé du Nord, et la respiration bruyante des deux chiens.

"Peut-être que tu le peux, en effet." Peut-être que non, semblaient plutôt dire son regard dur. Son ton était sec. Daemon avait, malgré l'accent chantant de sa patrie, depuis toujours eu cette manière de parler peu et par sentence, sans jamais dire un mot de trop. S'exprimer après des heures de silence lui laissa un gout de gel sur la langue. Crochetant d'un doigt le tissus qui couvrait le bas de son visage, il s'en libéra d'un geste mesuré, dévoilant ses lèvres gercées. Scrutant les prunelles pétillantes du nordien, il réfléchit un instant avant de parler à nouveau.  Remarquant comment le brun dévisageait sa tenue exotique, il plissa les paupières, n’appréciant guère d'être inspecté comme une bête curieuse. "Je suis Ser Daemon Sand."Lâcha-t-il sobrement, plus pour clairement présenter son statut à celui qu'il considérait avec mépris que de simplement s'en vanter. C'était inutile au devant d'un roturier, bien qu'il espéra que son titre découragerait l'autre de lui mentir ou encore de lui jouer un mauvais tour. Tout paysan qu'il était, cependant, il existait une chance infime qu'il put lui être utile dans sa traque infructueuse. Et son sourire avenant rassurait le dornien, qui se contentait néanmoins d'afficher une mine sérieuse. Ses yeux d'aigue-marine parcourant toujours les vêtements pauvres et sales du chasseur, il poursuivit d'une voix plus claire: "Je cherche un garçon. Un jeune page qui s'est enfuit d'un château non loin d'ici. l'as-tu vu?" Tout en formulant sa question, il ne put s’empêcher de jeter un rapide coup d'oeil aux deux bêtes qui avaient plus tôt prévenu leur maître de son arrivée avec force grondements. Bien que paisiblement refermés sur la bride de son destrier, ses doigts étaient prêts à se saisir du sabre clair qu'il portait en travers de son dos vêtu de noir.




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Bâtard du Nord et Bâtard du Sud

An 295 | Lune 9 | Semaine 4



Daemon Sand & Ramsay Snow


« Ser ? » Je réfléchissais à ce que ce terme pouvait bien vouloir dire tandis que je ne pouvais détacher mes yeux de cette si étrange lame qui pendait à sa ceinture. Courbe et fine, je n’avais encore jamais posé mon regard sur une telle arme. C’est alors que les mots de Schlingue me revinrent à l’esprit :

Ceux qui s’foutent un Ser devant leurs noms, c’est des chevaliers. On dit qu’ils s’font anoblir par leur Seigneur et qu’pour être Chevalier, faut avoir servi pendant bin longtemps c’foutu Seigneur. Après t’as des gars qu’ont d’la chance ou qu’sont bin doués et ils d’viennent Chevaliers plus vite qu’d’autres. Mais dis-toi bien mon gars que s’t’as affaire à un de ces Ser, c’est qu’t’as affaire à son Seigneur derrière.

Ces pensées arrêtèrent net le petit jeu de mes mains dans mon dos, mes doigts s’amusant avec la lame de mon couteau. L’étranger qui se faisait appeler Daemon Sand était apparemment quelqu’un d’important vu son apparence et la mission qui l’avait mené loin de son protecteur de Seigneur. Il fallait que j’en sache plus sur lui et quand la curiosité me prend, je peux faire voir de multiples facettes de ma personnalité, uniquement pour l’assouvir. Mes yeux lâchèrent enfin son arme pour remonter vers son visage qui était baissé sur moi. Il avait un fantastique air hautain et dédaigneux sur son visage…. Que n’aurais-je donner pour pouvoir ordonner à mes chiennes d’attaquer sa monture pendant que je me serais fait un plaisir de le faire tomber à terre et le défigurer suffisamment avec la lame de mon couteau pour que plus jamais je n’ai à revoir cet air sur le visage de quelqu’un en ma présence. Mais il avait l’air préparé à toute éventualité, vu la façon dont il se tenait et dont ses doigts se rapprochaient de plus en plus de la garde de son arme. Je n’avais pas envie qu’il tue mes chiennes. Si elles devaient mourir, ce ne pouvait et ne devait être que de ma propre main. Quant à moi, je n’ai jamais vraiment aimé les situations dangereuses. Comme je flairais le danger si je laissais trop libre cours à mes envies, je préférais changer de visage, le mettre en confiance… Après tout, qui suis-je face à un chevalier, n’est-ce pas ? Je ramenais donc mes deux mains de derrière mon dos et les leva devant moi, paumes en avant, n’ayant que faire qu’il voit que je tenais un poignard dans mon dos et, mi-souriant mi-riant, lui répondit :

Et bien…Ser Daemon Sand, c’est pas souvent qu’on rencontre un type dans ton genre ici. Pardonnes-moi d’avoir pris mes précautions mais dans le Nord, on n’est jamais trop prudents… Qui sait quel malade on peut rencontrer sur les routes et dans les forêts du Nord…

Je fis une pause. Mon regard se faisait perçant sur lui tout en ne pouvant me départir de mon fin sourire. Il m’avait dit son nom…Je présumais donc qu’il fallait que je me présente aussi, mais au même instant, l’une des chiennes se mit à grogner et à aboyer…chose qu’elle regretta très vite car je lui assénais un coup brutal sur son immonde tête avec le manche de mon poignard. Elle se mit à geindre et repartit derrière moi, la queue entre les jambes. Je ne pus vraiment cacher le plaisir que cet acte de violence eut sur mon visage, mes dents allant mordre ma lèvre inférieure et mes yeux prenant cet éclat que, plus tard, toutes mes victimes verront avant de mourir écorchées vives sur la croix Bolton, dans les cachots de Fort-Terreur. Reportant mon regard sur le chevalier, je rangeais mon poignard dans ma ceinture et m’adressa à nouveau à lui d’une voix calme :

Je m’appelle Ramsay. Pas de Ser ni de nom de famille pour moi… Juste Ramsay,lui dis-je, un air étrange sur mon visage, avant de reprendre. Je ne sais pas toi, mais je m’apprêtais à manger un morceau. Joins-toi à moi et dis m’en plus sur le……hum…. page que tu recherches. Je suis excellent chasseur et traqueur. Peut-être que je l’ai vu… mais pour ça, faut que j’en sache plus. Si tu viens, je t’aiderais…Par les Anciens Dieux et les Nouveaux je le jure. Sinon passe vite ton chemin !!

J’émis un léger ricanement puis lui tourna le dos, m’en retournant calmement à mon campement, mes chiennes sur mes talons. Pas une seule fois je me retournais et, une fois devant mon butin de chasse, j’entrepris de ramasser les morceaux de bois que j’étais parti chercher avant d’être dérangé par mes chiennes, les plaça de façon à faire un feu puis frotta une pierre sur ma lame pour en faire jaillir des étincelles sur les brindilles sèches. De temps à autre, mon regard se baladait vers le chevalier et, alors que le feu commençait à prendre, je vis son cheval s’avancer vers moi. Je fis mine de n’avoir rien vu et, prenant un des deux lapins dans mes mains, je commençais à lui retirer vivement sa fourrure. C’était plus fort que moi, mon sourire revenait se dessiner sur mes lèvres…. J’allais enfin pouvoir jouer à nouveau et ce nouveau jeu s’appelait Daemon Sand, et il était chevalier…

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Bâtard du Nord et Bâtard du Sud

An 295 | Lune 9 | Semaine 4



Ramsay Snow & Daemon Sand

Lorsque le regard clair du brun se posa subrepticement sur son sabre, semblant mesurer ses chances de l'emporter, le dornien crut bien qu'il avait  affaire un coupe-jarret. Ou, du moins, à quelque personnage qui fut tenté durant quelques instants de le devenir. D'une impulsion impatiente, l'expression du dornien se durcit. Leurs deux silhouettes se tenaient l'une en face de l'autre, l'un observant  depuis les hauteurs de sa monture l'autre qui se tenait debout. Dans le silence qui les opposait, la nature s'habillait peu à peu de givre blanc, et eux, vêtus de noir comme des orphelins, comme la nature bâtarde qu'ils partageaient sans le savoir encore, se regardaient. Ne sachant quel nom mettre sur l'étincelle qui embrasait les pupilles pâles de son interlocuteur -avidité, curiosité, ou pire encore- le Sand attendait que l'autre déclara clairement ses intentions à son égard, ou qu'il les trahit de quelque manière que ce fut. Malgré le froid incommodant qui les entourait, Daemon sentait le flot glacé de l'appréhension se propager dans son estomac.
Ses doigts gantés frôlaient la garde de son arme lorsque l'étranger lui présenta soudain ses paumes, fissurant quelque peu la tension sourde qui s'était installée entre les deux jeunes gens.  Ce dernier reprit la parole. Sa voix était doucereuse bien que vibrante et continua d’apaiser les troubles du chevalier malgré la méfiance instinctive qu'il lui portait. Le ton qu'il lui adressait était chaleureux, son sourire avenant, ses yeux riaient. S'il s'en garda, l'envie de lui rendre son sourire titilla les lèvres du Sand.   Immanquablement, les plus petits détails du comportement d'un homme avaient vite fait de ne faire qu'une bouchée de l’agressivité première du jeune homme sans même qu'il ne s'en rendit compte lui -même. Ses épaules se détendirent enfin, bien avant que l'expression rustre qu'il affichait ne se décida à quitter son visage. Rassuré, il n'eut pourtant pas le loisir de répondre à la première injonction du chasseur puisqu'il fut pris de court par l'aboiement d'une des horribles bêtes qui l'avaient accueilli quelques  instants plus tôt. Cette manifestation bruyante fut aussitôt suivie par une correction qui lui fit poser un regard perplexe sur son interlocuteur. La brusquerie du geste avait fait frémir sa jument, dont les muscles s'étaient soudain tendus. Le gémissement plaintif de la chienne, s'il ne lui arracha pas de réelle compassion, fronça néanmoins ses sourcils, désapprouvant ostensiblement la réaction du garçon qu'il jugea d'un air souverain malgré son inexpérience du dressage canin. La Grâcedieu était une terre d'élevage, où les destriers étaient traités avec autant si ce n'était plus de considération que les hommes. Juger la valeur d'un homme sur la manière dont il traitait sa monture était inné. Alors, que penser de la lueur qui prit forme dans l'ombre du regard de celui qui se présenta comme "Juste Ramsay"? Les paysans... se contenta-t-il de penser dans un silence dédaigneux.

La proposition qu'il lui fit le prit de court. L'autre n'attendit cependant pas sa réponse pour lui tourner le dos et repartir vers son campement improvisé, assombrissant les traits du Sand d'un voile orgueilleux. Il déglutit, se renfrogna tout en le regardant s'éloigner d'un pas serein. Ses mains se resserrèrent autour du cuir des rênes de sa monture. Celle-ci piaffa, attendant l'ordre qui ne venait pas. Jetant un regard vers les entrailles sombres du bois, le dornien parut réfléchir quelques instants avant de finalement pousser sa jument vers le roturier. Il mit pied à terre souplement et, sans quitter des yeux l'être étrange que les Sept avaient mis sur son chemin, noua les rênes de sa jument à une branche basse. Tandis que ses doigts nouaient les liens de cuir, il ferma un instant ses paupières, comme pour s'encourager lui-même de la patience qu'il lui faudrait trouver pour supporter cette aide qui ne plaisait ni à sa fierté ni à son mépris pour la classe paysanne. Le nez dans le turban qui reposait encore, enroulé autour de son cou comme un chat paresseux, sur ses épaules, il inspira avant de relever le menton et de se diriger vers le trappeur. Ses bottes crissaient en se posant sur la terre froide. La rumeur grésillante du feu naissant réchauffa son coeur. "Un homme ne devrait jurer que par les Dieux auxquels il croit."le prévint-il d'un ton abrupt et solennel dans un réflexe bigot qu'il tenait de sa grand-mère. Puis il redevint silencieux, juste le temps d'observer l'habileté des mains qui dépeçaient le lapin, remarquant par la même occasion la belle taille des prises. Il n'avait pas menti lorsqu'il avait dit qu'il savait chasser. Avisant un espace proche des flammes, il choisit de s'y asseoir, et prit place en tailleur sur un épais tapis d'épines de sapin, détachant son sabre de sa ceinture pour le poser à ses côtés avec délicatesse. Quelques épines piquèrent ses cuisses, lui arrachant un grognement fatigué et excédé. Les sables fin de sa patrie ou l'herbe tendre du Bief ne lui avaient jamais parus si lointains. Il plaça ses mains sur ses genoux. Le dos droit et le regard fixe vissé sur le nordien, Daemon ne se lassait pas de décortiquer les détails que la distance lui avait empêché de voir au premier abord. L'expression joviale du dit-Ramsay détendit ses poings qu'il tenait refermé sur ses genoux. Sans compter que l'énergumène n'était finalement pas si laid malgré sa mise sordide. Néanmoins, le regard avec lequel il caressait les loques du chasseur ne tarda pas à s'ancrer sur le visage de ce dernier, farouche malgré l'agressivité qui s'y évanouissait doucement."Cela fait des heures que je parcours cette forêt et je n'ai croisé personne. Si tu avais vu un garçon de douze ans courant à travers les bois, pourquoi ne me le dis-tu pas?" l'interrogea-t-il sèchement sans penser un seul instant à le remercier de son hospitalité, ou, plutôt, dédaignant tout simplement de le faire. Le port altier du bâtard, presque raide comparé à l'aisance naturelle du nordien dans cet environnement rude, contrastait sévèrement. Presque autant que la sympathie chaleureuse de Ramsay contrastait avec l'entêtement buté de son invité.




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Bâtard du Nord et Bâtard du Sud

An 295 | Lune 9 | Semaine 4



Daemon Sand & Ramsay Snow


Sans me départir de mon sourire, je le vis s’approcher de mon campement. Il avait l’air méfiant, et c’était une bonne chose. Mieux valait toujours se méfier avec moi que se montrer trop confiant trop rapidement… Mais bon, j’avais affaire à un chevalier. Il m’avait tout l’air d’être bien mieux entraîné que moi, moi qui ai appris des rudiments de combats de la part de Schlingue et vu son peu d’expérience dans ce domaine, je ne ferais pas long feu face à Ser Daemon. Alors qu’il mettait pied à terre, mes chiennes voulurent aller le renifler de plus près. Visiblement, elles aussi étaient curieuses devant cet homme étrange. Je sifflais, leur ordonnant de venir s’asseoir près de moi et elles m’obéirent immédiatement, allant se coucher dans la neige non loin de moi, qui les récompensais alors d’une douce caresse alors qu’elles passaient juste devant moi. Pendant ce temps, Daemon m’avait rejoint. Il s’était assis bizarrement par terre et apparemment, ses vêtements n’avaient pas résisté longtemps aux fines épines des sapins, éparpillées partout à même le sol. Il se plaça au plus près du feu, soulagé de trouver quelque chaleur sur ce territoire hostile et glacial. De temps en temps, tout en continuant mon ouvrage, passant d’un lièvre au second, je lui lançais quelques coups d’œil en biais. Il m’intriguait…Ces vêtements, son parlé, son arme qu’il avait retiré de sa ceinture, sa posture…tout me portait à croire qu’il venait d’une contrée bien lointaine et je me demandais alors ce qui avait pu pousser un homme tel que lui dans un trou paumé pareil. Sans un « Merci »ou quoi que ce soit d’autre de poli, il m’envoya à la figure une phrase solennelle sur les Dieux… J’émis un léger ricanement avant de lui répondre :

Qu’est-ce qui te dit que je ne crois pas en tous les Dieux, Daemon ? Je suis un homme très ouvert d’esprit tu sais. Une qualité et un enseignement que je tiens de ma mère. Elle m’a toujours dit :[Je pris un ton aussi solennel que celui de Daemon] L’ouverture d’esprit est la clé de l’amitié, Ramsay.

En disant cela, je le regardais avec un sourire d’ange collé sur le visage, ma main gauche pleine du sang du lièvre que je dépeçais, tenait sa carcasse, tandis que ma main droite, toute aussi rouge de sang, tenait mon couteau à découper. Mes deux proies étant à présent dépecées, j’entrepris de leur ouvrir le ventre pour les vider avant de les placer sur de longues tiges de bois pour les faire griller au feu. J’avais menti au chevalier ; ma mère ne m’avait jamais rien dit de tel… Elle ne me parle d’ailleurs pas souvent – et ça me convient tout à fait – et surtout elle s’exprime comme la plus basse des paysannes… Heureusement que Schlingue, qui vient d’un lieu où il y a des « grands Seigneurs » qu’il a dit, m’enseigne à bien parler, sinon j’aurais l’air du plus parfait des gueux face à un chevalier comme lui… Je sentais d’ailleurs parfois son regard sur moi. Je crois que je l’intriguais aussi mais lorsque je croisais son regard, je ne voyais pas grand-chose d’autre que de la méfiance et un air supérieur et hautain dans ses yeux. Il finit par revenir sur le sujet de ce garçon qu’il recherchait. Pour le coup, je ne lui avais pas menti. J’avais bien vu ce gamin qui marchait vite en direction du Sud-Est, peu avant que je ne pénètre dans la forêt. Ainsi, à sa question sèche et directe succéda ma propre réponse, aussi sèche et directe que la sienne :

Pourquoi devrais-je te le dire ? Tu n’es pas du Nord, ça se voit. Si ça se trouve, tu veux le retrouver pour le tuer ou pire encore, et tu m’as donné une fausse raison pour m’amadouer…

Les lièvres étaient sur leurs pics. Je les pris dans une main et les tenais non loin du feu. De l’autre je le désignais de mon poignard encore plein de sang, une sombre lumière menaçante traversant mon regard et mon sourire fondant comme neige :

Saches qu’à ce jeu-là, je gagne toujours…Et j’adore jouer…, dis-je en terminant par un sourire qui était cette fois tout sauf amical.

Je posais mon couteau à ma droite, pris une pic dans chaque main, et me remis à la cuisson de notre repas tout en reprenant d’une voix calme en faisant balader mes yeux bleus des lièvres à Daemon :

Voilà ce qu’on va faire, Chevalier. Déjà, je constate que tu n’y connais rien à nos coutumes ou à la politesse peu importe… Dans le Nord, un invité est une personne « sacrée » pour nous et nous la traitons avec égard et respect. Je te fais donc un grand honneur en partageant mon maigre repas, tu saisis ? Alors nous allons manger, discuter et ensuite je t’indiquerais la route qu’a pris ton page que tu recherches. Ne t’inquiètes pas, vu son âge, la façon dont il était habillé et la détresse que j’ai vu sur son visage, il n’a pas dû aller bien loin…

Comme l’une des carcasses était suffisamment grillée, je la lui tendis avec à nouveau un beau sourire en lui souhaitant un bon appétit avant de lui demander, cette fois à nouveau sur un ton rieur et enjoué :

Alors Ser Daemon, parlez-moi de vous. Je suis curieux d’en savoir plus sur vous et votre….exotisme qui est vraiment très surprenant pour nous ici, dans le Nord…et pour moi !

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Bâtard du Nord et Bâtard du Sud

An 295 | Lune 9 | Semaine 4



Ramsay Snow & Daemon Sand

De ses cheveux bruns et crasseux, au pli de ses lèvres, le bâtard observait le nordien avec une attention qui n'était mesurée que par le mépris qu'il portait à ce dernier. Aurait-il inspecté un cheval qu'il n'aurait pas eu un regard moins jaugeur que celui dont il gratifiait le garçon, comme s'il espérait découvrir sur son visage la marque qui l'assurerait de la fiabilité du jeune homme ou encore de son intelligence, dont il doutait fortement à cet instant. Les hommes du peuple pouvaient être aussi futés que simplets, de ce que son expérience avait pu en juger. Mais tandis que son regard se promenait éhontément  sur les traits du-dit Ramsay, le Sand s'attarda sur ses prunelles grises comme de la glace. C'était certainement là le trait qui l'intriguait le plus. Ces yeux pâles, toujours brillants comme de la neige au soleil à ceci près que son regard était loin de fondre de la bêtise qu'il aurait attendu d'y voir, et ce, en dépit de son large sourire. Dans sa gentillesse, même outrancière, il y avait quelque chose que le dornien n'aurait su définir. Quelque chose d'implacable.
Après une inspection hostile et appuyée de son étrange acolyte, Daemon détacha finalement ses yeux du brun, et choisit de s'attarder sur les bois auxquels ce dernier tournait le dos, quelque peu inquiet. Noirs. Noirs malgré le jour aussi blanc que le givre, sombres comme la gueule des molosses malgré les arbres élancés aux branches hautes et fines comme des piques qui auraient du appeler le soleil à éclaircir les entrailles de la forêt.  Mais non. Noirs comme de l'encre encore fraîche. Il semblait que la nuit ne quittait jamais réellement les sous-bois. En vérité, peu lui importait la noirceur, ou même le froid. Une seule et même question lui revenait constamment à l'esprit: Que faisait-il ici? Assis dans la boue gelée, pendu aux lèvres d'un garçon auquel il aurait, en temps normal, accordé moins qu'un regard.

Lorsque ce dernier répondit à sa première invective, l'idée qu'il se moqua de lui ne lui échappa pas. Ses paupières se plissèrent aussitôt pour foudroyer du regard l'impudent chasseur. Je me fiche de ce que te dit ta mère. Et je ne suis pas ton ami, gronda-t-il dans ses pensées. S'il refusa de le dire à haute et intelligible voix, il ne priva pas ses yeux de traduire ses pensées pour autant. Ses sourcils s'étaient légèrement froncés sous l'effet de la contrariété et une moue rustre avait pincé ses lèvres, peignant sur ses traits le fantôme de la grimace frustrée qu'il avait si souvent affiché étant enfant. Sa colère, cependant, était quelque peu étouffée par le parfum alléchant de la viande qui cuisait à laquelle sa faim répondait en se rappelant à lui bruyamment. La proximité du feu, aussi, apportait à son coeur un grand réconfort. L'odeur de la fumée lui rappelait les campements improvisés dans les ruines, à l'heure où le désert inspirait toute la chaleur du jour. Mais ici, aucun feu ne lui ferait oublier le froid. Et Dorne était bien loin.
Le Sand se laissait aller à un regard vers sa monture, pour s'assurer qu'elle n'était pas importunée par les deux mâtins, lorsqu'un geste brusque de son hôte à son encontre attira son attention. Quand son regard revint vers le nordien, ce fut pour croiser le reflet pâle du soleil sur la lame sanguinolente de ce dernier. Si le bâtard demeurait aussi droit et fermé qu'auparavant, dans une attitude presque défiante, l'expression du jeune nordien s'était transformée. Sans qu'il n'y ait pris garde, il avait désormais devant lui un homme qui n'avait rien à voir avec le garçon qui l'avait invité. Daemon sentit l'appréhension lui serrer le ventre, plus conscient que jamais du corps froid de sa lame allongé à ses côtés. Malgré son apparence stoïque, son souffle s'était coupé. Ramsay le regardait droit dans les yeux. Un regard rieur mais noir perçait son visage à la peau trop pâle, ourlé d'un sourire tout aussi sombre. Il lui apparut soudain comme l'être le plus malsain qui fut et il dut user de tout son sang-froid pour résister à l'envie de se lever pour l'abandonner ici, lui et ses maudits chiens. Son rictus hérissait les courts cheveux sur sa nuque. Son regard menaçant, son couteau, il aurait voulu tout corriger d'un coup de sabre. Mais l'autre posa finalement sa lame, pour redevenir celui qui l'avait accueillit. Daemon respira mieux dès lors. Ses épaules se détendirent, mais il ne parvint pas à détacher ses yeux de son compagnon, accrochant prudemment un regard fiévreux et farouche sur tout ce qu'il faisait.

Ses yeux allèrent de la carcasse qu'on lui tendait au visage de Ramsay, marquant une légère hésitation retenue par l'indisposition dans laquelle le chantage du nordien le poussait. Un rien t’étonne et t'intrigue, on dirait, se laissa-t-il penser, méfiant de  la curiosité du nordien à son égard, tout en le gratifiant d'un regard par en dessous. D'un naturel fermé et solitaire, le Sand ne partageait guère cet allant facile et il rechignait souvent à répondre à une question telle que celle que lui posait le brun. Sa main se tendit lentement vers la pique, dont il se saisit en le remerciant d'un signe de tête, sa gorge étant toujours nouée par l'orgueil. Le chasseur disait avoir vu le gamin et il ne pouvait se permettre d'écarter sa proposition.
Tenant la viande fumante devant lui, le dornien ne l'entama pas, se demandant soudain si il ne s’apprêtait pas à déguster la part destinée à la mère du chasseur. Ramsay ne semblait pas être du type à s'empiffrer de deux grands lièvres, ni à gaspiller une si belle proie s'il en jugeait par la dextérité avec laquelle les bêtes avaient été dépecées. Daemon sentit sa gorge se serrer légèrement. Apprécier enfin la générosité du garçon lui coûtait autant en fierté qu'en caractère, et s'il ressentait la gratitude qu'il lui devait, sa pudeur le retenait de l'exprimer clairement, surtout après s'être montré aussi abrupt avec lui. A Dorne aussi les hôtes étaient précieux. Était-il devenu si aigri pour l'oublier? Refuser de simplement lui répondre et ainsi se montrer ingrat à partir de cet instant ne ferait que lui rappeler les sermons de son père. Un soupir léger lui echappa, baissant finalement sa garde.

"Tu n'as jamais quitté le Nord, n'est ce pas?"Sa voix était plus fluide, et son regard moins dur. Toujours teinté d'un éclat farouche, l'agressivité s'y mourrait progressivement, ornant le bleu de ses yeux d'une lueur plus douce, presque bienveillante malgré la façade rude qu'il s'appliquait à conserver. "Si tu voyais Dorne, tu saurais que tu es aussi exotique pour moi que je ne le suis à tes yeux." Son ton s'était fait plus amer que brusque. "Exotisme". Comme il avait appris à détester ce mot. Quelques escapades aux tournois de l'Orage, de l'Ouest et du Bief lui avaient bien malheureusement enseigné l'exclusion dont sa patrie souffrait toujours à l'étranger et qui, bien que faisant partie des Sept Couronnes, n'était gratifiée que de regards biaiseux. Exotique. Il avait l'impression d'être un perroquet qu'on exhibait comme un souvenir de voyage. Daemon jeta un regard rapide au nordien, avant de le laisser s'égarer dans les flammes crépitantes.
"Le Pays d'où je viens est l'opposé du tien. Le froid n'existe pas à Dorne. Là-bas, le soleil n'est pas pâle comme ici et il brûle tout. L'air, les yeux, les poumons, la peau, le sable." Il haussa légèrement les sourcils, cherchant ses mots."Si tu as déjà approché ta tête du four d'un forgeron, tu pourras peut-être imaginer..."lacha-t-il, quelque peu circonspect. Lui même n'avait jamais pu deviner le froid glacial qui régnait dans ces plaines qui avaient vu grandir Ramsay, l'inverse lui semblait tout aussi difficile. Il tourna son regard vers le jeune nordien, toujours sans avoir touché à sa nourriture, avisant une nouvelle fois sa tenue. "C'est pourquoi, alors que vous fuyez l'humidité avec vos feux et vos fourrures et vos cuirs, nous veillons sur nos puits et les protégeons. Nous les protégeons avec nos vies, car là où il a de l'eau, et les Sept savent qu'elle est rare, la vie fleurit."Son regard soudain brillant en se souvenant des somptueux Oasis, se baissa, poussé par une légère honte. "Dans le désert aussi, les hôtes sont sacrés. "avoua-t-il du bout des lèvres sans s'attarder sur ce détail.

"Mais il n'y pas que le désert. Dorne possède aussi des montagnes d'ocre rouge, et les côtes sont soit des dunes couvertes d'herbes soit des falaises qui plongent dans la mer. Je viens d'un lieu qui s'appelle la Grâcedieu." Prononcer ce nom lui laissa un gout âcre sur la langue. S'il était parti de son plein gré, il se sentait souvent oppressé par un inexplicable sentiment d'avoir trahi sa famille en agissant ainsi, bien qu'il n'en fut rien. "Elle se situe au coeur de la Principauté. C'est une grande forteresse blanche dont le pied est léché par le fleuve de la Sang-Vert. Bien que nous soyons dos aux dunes, nos rives sont fertiles. On y cultive toutes sortes de céréales, mais notre agriculture, grâce à la présence du fleuve, est surtout forte de l'élevage. Des moutons, surtout, et  des chevaux réputés dans tout Dorne. Comme elle." Fit-il en désignant du menton, sa jument gris-pommelée qui somnolait près des arbres.

Avisant que le brun avait fini de cuir sa part, il mordit dans la chair du lièvre, se régalant sobrement de son repas, en silence.
Parler à haute voix de sa région natale rappela à son souvenir le but qu'il s'était fixé en s'en éloignant, accusant le contraste entre la gloire resplendissante qu'il pensait cueillir au delà des frontières de Dorne et sa situation actuelle.
"Je suis né là-bas, j'ai grandi là-bas, et quand je fus fait chevalier, je suis parti." Cracha-t-il d'un ton morne et rogue, la voix quelque peu étranglée. Décortiquant un peu plus nerveusement avec les doigts de sa main droite la carcasse du lièvre, il détacha un bout de viande des os  et le porta délicatement à sa bouche.




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Bâtard du Nord et Bâtard du Sud

An 295 | Lune 9 | Semaine 4



Daemon Sand & Ramsay Snow

La viande était brûlante mais dégageait un fumet si alléchant qu’il était difficile d’y résister. Avec mon couteau, j’entrepris d’en découper un morceau fumant et de le porter à ma bouche, observant mon invité qui, avait enfin fait l’effort de se montrer un tant soit peu reconnaissant envers son hôte. Quelle créature étrange que ce Dornien. Tout chez lui, était un appel au voyage et à l’évasion, choses qui, alors, n’existaient pas pour moi, convaincu que j’étais de n’être rien d’autre que le fils d’une gueuse qui s’est fait engrossée par le plus bas des incapables et des rustres du Nord… Daemon fit alors la réflexion que sans doute n’étais-je jamais allé au-delà des frontières du Nord. Je levais les yeux vers lui. Son visage était moins dur, sa voix moins agressive et son regard moins hautain… C’est bien ça, Daemon Mais il gardait toujours quelque chose de rude dans les expressions de son visage ; probablement une façon de bien me faire comprendre que lui et moi, on ne vivait pas du tout dans le même monde… A sa question, je ne répondis rien, rien mis à part un sourire qui laissait sous-entendre qu’il avait vu juste me concernant.

Mais je n’eus pas le temps de répondre quoi que ce soit qu’il était parti, comme dans un rêve, dans une description de ses terres natales. Je l’écoutais en silence, tout en mangeant et en m’imaginant les terres, le désert brûlant et la rareté de l’eau que me dépeignait Daemon Sand. Pour la première fois depuis longtemps, on peut dire que quelqu’un réussit à captiver mon attention en parlant d’autre chose que d’actes violents et macabres, ce qui, d’ordinaire, me passionne. Je voyageais grâce à ses mots. Je parvenais à m’imaginer les lieux. D’instinct, mes yeux se levèrent vers le soleil pâle qui perlait à travers les arbres, et je m’imaginais alors tout l’inverse ; un soleil de feu, brûlant la peau et la terre, faisant s’évaporer l’eau et rendant la vie aussi difficile qu’elle pouvait parfois l’être ici, dans le Nord…

Mon regard revint sur lui, alors qu’il reprenait sa description de Dorne, parlant cette fois de montagnes d’ocre rouge, une couleur que j’avais du mal à m’imaginer, de côtes vertes et de la mer…La mer ? Je ne savais même pas ce que c’était jusqu’au jour où le Mestre de Fort-Terreur me la montra sur une carte, où je pus aussi constater à quel point Dorne et cette cité où Daemon était né et avait grandi, étaient loin du Nord et de Fort-Terreur. Après quoi je me souviens avoir levé un sourcil, haussé les épaules puis être reparti me défouler dans les cachots de Père…

J’avais fini mon repas et je jetais les restes à mes chiennes tout en suivant du regard le doigt de Daemon, qui désignait sa jument, tout en parlant des bêtes qu’on pouvait trouver sur ses terres natales. Je l’observais sans dire un mot, faisant passer ma langue sur mes dents pour les nettoyer de mon déjeuner. Daemon lui, comme il avait parlé pendant presque tout le temps que j’avais passé à manger et à l’écouter, arrachait délicatement quelques morceaux de viande et les grignotait lentement entre deux phrases. Il semblait par contre avoir été lui-même touché par sa dernière phrase, à en juger par son ton et sa manière, plus brusque de détacher sa viande en petits morceaux. Je me penchais alors vers lui et, lui murmurais, sur le ton de la confidence :

Je pense que tu as fait une erreur, Daemon. Tu n’aurais jamais dû partir. Tu semblais avoir une bonne vie là-bas et maintenant, te voilà ici, face à moi. Si j’avais été à ta place, je serais resté, j’aurais tracé ma route jusqu’à sommet de cette…Grâcedieu dont tu parles, et je l’aurais fait mienne… Même si pour ça, j’aurais dû rendre certaines personnes à vos Dieux plus tôt que prévu…

Je me pris à sourire, laissant un silence lourd s’installer entre nous. Puis je me mis à rire et, tout en me penchant encore plus vers lui, je lui donnais une tape sur son épaule droite en disant, encore secoué par mon rire :

Je plaisante, chevalier ! Tu as encore beaucoup de choses à apprendre sur les Nordiens, mais j’imagine que ça serait pareil pour moi, si j’étais à Dorne. Comme tu l’as dit, ce serait moi, l’exotique parmi vous… Avoue quand même que c’est tentant… Toi en tout cas, tu as tes chances de t’élever et de faire parler de toi. Regarde-moi ! Moi ! Qui suis-je comparé à un chevalier ? Je suis rien, le fils d’une salope de meunière, c’est tout…Mais crois-moi, je m’arrangerais pour quitter cette terre en faisant en sorte que le Nord et le reste du monde, se souvienne aussi de moi…à ma propre façon…

Je finis ma tirade par un sourire en coin et me levais, époussetant mon manteau et ma cape de la neige et des brindilles qui s’y étaient collées puis je repris à l’attention de Daemon :

Finis ton repas à ton rythme, mon ami. Ensuite je te montrerais par où est parti le page que tu recherches.

Je me dirigeais vers le cœur de la forêt pour y soulager ma vessie. Mes chiennes voulurent me suivre mais je claquais dans mes doigts en sifflant et leur remontrais le lieu du campement, où elles retournèrent, auprès de Daemon, sans faire plus d’histoires. Je me trouvais un arbre, défis mes brais et me soulageais tout en gardant un œil sur mon invité. Ami ? Ennemi ? Un ami comme lui pourrait être d’une grande utilité, plus utile avec moi que contre moi… Son page, je l’avais vu c’est vrai. Il m’avait croisé en sens inverse, m’avais regardé un court instant puis avais baissé les yeux et accéléré le pas. Je m’étais retourné pour voir où il allait et vu le chemin qu’il empruntait, il ne pourrait pas aller bien loin avant de tomber sur un grand gouffre, au fond duquel coulait une rivière souvent gelée. Il serait donc obligé de rebrousser chemin et donc, ce n’était qu’une question de temps avant de le revoir poindre le bout de son museau apeuré… Un gamin comme ça, ça reste sur les chemins, ça a trop peur de sortir des sentiers battus…

Je relaçais mes brais et retournais au campement, un sourire amical sur le visage :

Tu as finit ? On peut y aller ?

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Bâtard du Nord et Bâtard du Sud

An 295 | Lune 9 | Semaine 4



Ramsay Snow & Daemon Sand

Les grondements gutturaux des molosses se jetant sur les restes que leur jetait leur maître crispèrent les épaules du Sand d'une tension inquiète. Presque malgré lui, son regard se porta jusqu'aux chiens. Leurs pattes sombres labouraient le sol gelé, projetant   un filet de boue autour d'eux, et quelques plaintes furieuses et joyeuses acceuillirent les quelques morceaux de viande et d'os dont on leur faisait don. Epaisse comme de la fumée, la buée que crachaient leurs gueules de mâtins s'évanouissait rapidement dans l'air glacial, emporté par la légère brise s'insinuant entre les arbres noirs. Lorsque les crocs brisèrent les os fragiles en un craquement lugubre, Daemon sentit ses sourcils se froncer et les cheveux courts de sa nuque se hérisser doucement. Il ne se rappelait pas un seul instant de sa jeunesse où il  ressentit pour un chien la moindre curiosité, la moindre affection. Pas une seule fois. Rien d'autre que la plus farouche des défiances quant à ses créatures qu'il estimait instables et dont il évitait le regard sombre et étrange qui avait ce défaut insupportable de rechercher le sien. Il n'y a que les menteurs qui veulent l'attention d'un regard. Les menteurs et les manipulateurs, se butait-il alors à penser. Son aversion pouvait faire sourire mais il n'y avait jamais renoncé pour autant, ne cherchant ni à s'en expliquer ni à s'en guérir.
Le souffle qui effleura soudain sa joue le fit sursauter, trahissant la nervosité ombrageuse qui faisait encore vibrer son sang. Gratifiant l'autre d'un farouche regard en coin, il éloigna subtilement son visage du sien d'un mouvement où prudence, surprise et dédain se mélaient. Néanmoins, le Sand écouta avec une attention rare les propos de Ramsay, sûrement à cause de la complicité soudaine que le nordien lui imposait et que le caractère rustre du bâtard avait trop de mal à apprivoiser pour réussir à l'éviter totalement. Les yeux pâles du chasseur avaient accroché les siens comme des harpons. Quand enfin ce dernier s'éloigna pour retrouver sa place initiale, Daemon regretta la timidité qui l'avait figé sur place. Il avait l'impression d'avoir eu l'air idiot, d'être si soudainement impressionné par celui qu'il méprisait ouvertement et par ses mots qu'il n'aurait pas pensé entendre de sa bouche. Faire sienne la Grâcedieu... Le Sand aurait été hypocrite de dire que l'idée ne lui avait jamais effleuré l'esprit, mais il lui aurait été difficile d'expliquer à l'autre pourquoi cela lui serait impossible. Interdit, même, par les autres, mais aussi par son propre coeur. Mais comment expiquer que si le mépris, les lois et le rejet ressemblaient parfois à des murs impossibles à abbatre, le respect, l'amour et l'estime étaient une plaine d'herbe verte infranchissable, permanante, inaltérable. Dorne était ainsi. Et Dorne était loin. Malgré cette réflexion depuis longtemps gravée en lui, l'expression du Dornien s'était assombrie, visiblement vexé  par l'avis de Ramsay.

Le brun s'offusqua visiblement lorsque la main de ce dernier s'abbatit durement sur son épaule. Il le gratifia aussitôt d'un regard noir sans pour autant éluder le contact. Etrangement, la chaleur de la paume de Ramsay l'appaisait d'une certaine manière, tout comme son rire léger. Il pourrait être un beau garçon s'il n'était pas...S'il n'était pas ce qu'il est, se permit-il de penser en observant les faussettes aux coins des lèvres du nordien. Bien que les manières rustiques et la mise crasseuse du garçon le rebuttaient, l'ambition que ses derniers mots trahirent le rendaient inévitablement aimable à ses yeux, aussi utopique pouvait-il la juger à cet instant. Un éclat appréciateur et intrigué fit luire l'aigue-marine de son regard, perçant au travers des ses paupières plissées par  la contrariété.

"Tu es ambitieux, pour...Pour un fils de meunière." Articula-t-il d'une voix plate, un sourcil négligemment haussé tandis qu'il le regardait se redresser.

Daemon aquiesca à peine à l'invitation du nordien, fixant son dos qui s'éloignait et machonnant sa viande d'un air absent jusqu'à ce que les pas empressés des chiennes s'approchèrent trop près à son goût. Une truffe humide effleura le dos de sa main. Mû par un réflexe fiévreux, il se vit jeter le reste de sa part de l'autre côté du feu dans un geste franc et hostile. L'os encore couvert de viande s'écrasa à peine dans un tas noirâtre de terre, d'épines et de feuilles mortes que les crocs s'en emparaient déjà dans une lutte grondante des deux bêtes faite de coups d'épaules et de cendres volatiles. "Tes bêtes, elles ont un nom?", demanda-t-il presque par politesse, bien qu'il sut pertinement qu'il n'aurait pas besoin de les nommer pour leur faire comprendre qu'il ne les voulait pas autour de lui. D'où il venait, on ne baptisait pas les chiens, seulement les chevaux. Car les chevaux pouvaient sauver un homme du désert, ce dont aucun chien n'avait jamais pu se targuer. Observant les deux mâtins se disputer, le chevalier ruminait sa dernière bouchée en même temps que les derniers mots du nordien. Mon ami, s'était-il permi de l'appeler, à nouveau. Leurs mondes étaient si différents, pouvaient-ils seulement espérer l'être un jour? Il s'apperçut que la naiveté du garçon à ce propos ne le laissait pas totalement indifférent, ourlant son expression fermée d'une compassion attendrie.
En entendant l'écoulement de l'urine contre le tronc, le dornien laissa échapper un soupir irrité, se sentant tout à coup beaucoup moins disposé à l'égard de Ramsay. S'il reprocha silencieusement à l'autre de ne pas s'être mieux isolé pour se soulager autre part que sous son nez, le Sand décida simplement de tourner pudiquement la tête dans la direction opposée, géné du regard dont l'autre le gratifiait toujours. Alors que ce dernier revenait vers lui, Daemon se leva à son tour, débarassant le tissus noir de ses vêtements des épines et de la terre détrempée d'un geste négligeant d'une main alors que l'autre se saisissait habilement de son sabre.

"Je suis prêt". répondit-il simplement. Il flatta affectueusement du plat de sa main l'encolure arquée de sa jument. Empoignant la sangle de la selle , il la resserrait dans un cliquetis de liens et de boucles lorsqu'il jeta un oeil circonspect vers Ramsay. "Tu sais monter à cheval?"Avisant de nouveau le visage pâle du nordien, il se justifia aussitôt d'un ton calme tout en remontant un pan de son turban sur son nez pour l'abriter un temps soit peu de la bise glacée: "Nous irons plus vite si tu grimpes derrière moi." Sautant en selle, il laissa la gris-pommelée faire quelques pas avant de se décider à tendre sa main à Ramsay après avoir marqué une dernière hésitation. La main tendue était ferme et couronnée d'un regard dur qui, s'il n'était pas encore chaud de l'amitié que lui prétait déjà le nordien, était adouci de la patience dont il l'implorait à son égard, le priant de  laisser une chance à son caractère difficile d'accepter de se laisser apprivoiser par son amitié et par la grâce qu'il lui faisait en l'aidant dans sa quête du jeune page. "Pour un repas, je peux au moins te remercier en t'offrant une chevauchée, non?" rajouta-t-il alors qu'il se sentait un peu bête, les doigts ainsi tendus dans le vide. Sous son turban enroulé comme un chat noir autour de son visage et de son cou, un coin de ses lèvres s'était relevé et se traduisait dans son regard qui s'illumina quelque peu dans sa timide tentative de plaisanterie pour détendre l'atmosphère crispée qu'il avait construit autour d'eux.

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Bâtard du Nord et Bâtard du Sud

An 295 | Lune 9 | Semaine 4



Daemon Sand & Ramsay Snow

En revenant vers lui, je le vis s’épousseter de la neige, terre et des épines de sapins qui s’étaient collées à ses vêtements avant de prendre son sabre et de se diriger vers sa monture. De mon côté, j’éteignais le feu à l’aide de ma botte, envoyant également du bout de celle-ci de la neige sur ce qui restait de braises. Puis, je pris mon arc, remis mon carquois dans mon dos et m’apprêtais à lui montrer le chemin à pied quand je l’entendis me demander si je savais monter à cheval. Je le regardais, l’air surpris qu’il me pose une telle question. Ai-je l’air d’être assez riche pour me payer un foutu cheval eu-je envie de lui répondre. On avait bien un vieux cheval, à la ferme, mais il n’était pas fait pour un cavalier et de toute façon, je ne m’intéressais pas à l’équitation…Pas pour l’instant du moins. Par contre, je ne pouvais pas dire à Daemon que je ne savais pas monter à cheval. Maintenant qu’il m’avait enfin enlevé son air suffisant et hautain de son visage, si je lui disais que je n’avais pas d’expérience en la matière, je verrais son sourire et son regard moqueur à nouveau sur moi et qui sait ce dont j’étais capable, surtout si je me trouve derrière lui et si près de lui. Comme j’étais muré dans le silence, il avait repris pour m’encourager sur cette voie, disant qu’on irait plus vite si nous étions tous les deux à cheval. S’étant mis en selle, il me regardait d’un air dur tout en tendant sa main gantée de cuir vers moi pour m’aider à monter en croupe. Mes yeux passaient de sa main tendue à son visage et finalement, après une longue hésitation sur la réponse à lui donner, je souris légèrement en disant et en éludant la question du « Tu sais monter à cheval ? »:

Tu as raison, dis-je tout en saisissant sa main tendue, Nous irons plus vite à cheval.

Puis, je pris mon élan et me hissa derrière lui. C’était bizarre…d’être à cheval…en plus en croupe…et en plus derrière un homme. Quand j’y repense maintenant, je me dis que cette image en aurait fait rire plus d’un nobliau… Même moi, elle m’arrache encore un sourire. Ce qu’a alors pensé Daemon et ce qu’il en pense maintenant à ce sujet…ça… je ne saurais le dire.

Une fois installé derrière lui, je pris mon arc dans ma main gauche et laissais pendre mes bras de chaque côté. Manquerait plus que je me cramponne à lui en le serrant à la taille comme une femme… Je me penchais en avant et lui indiquais une direction à suivre sur notre droite de ma main restée libre :

Ton page est parti sur un sentier qui ne mène qu’à un grand gouffre où coule un mince ruisseau tout en bas. De toi à moi, ça m’étonnerait qu’il ait quitté le sentier. Une fois au bout, il sera obligé de faire demi-tour et le chemin que je te montre te mettra droit sur sa route. Prends par-là puis suis le sentier qui sort de la forêt. Une fois sorti, prend sur ta gauche et longe la lisière de la forêt jusqu’à ce que tu rejoignes un nouveau sentier. Suis-le et sûr que tu tomberas sur ton page.

Alors qu’il intimait à sa monture de prendre le pas, je faisais mon possible pour me détendre et rester à cheval, tandis que mes chiennes suivaient de part et d’autre du cheval, tournant par moment leur gueule bavante vers moi. Les voir me fit repenser à la question de Daemon :

Oh au fait, tu voulais savoir si mes chiennes ont un nom. Désolé de te décevoir, mais non, elles n’en ont pas et je ne vois pas pourquoi elles en auraient d’ailleurs… M’est d’avis qu’elles s’en foutraient royalement…Tant qu’elles m’obéissent, c’est l’essentiel pour moi.

Être assis derrière lui me laissait tout le loisir de l’observer sans qu’il s’en rende compte…à moins peut-être qu’il devine mon regard sur lui. Ses vêtements étaient d’une qualité bien supérieure aux miens et d’une facture qu’on ne trouve pas dans le Nord. J’admirais la façon dont il avait noué son turban et cette longue épée courbe et fine qui pendait à sa ceinture. En plus de ça, il n’avait, physiquement, rien des gueux boueux, sales, édentés et repoussants du Nord. Sûr qu’il faisait tourner les têtes aux filles. Si j’avais des penchants pour les hommes, il me plairait sûrement…mais mes penchants à moi sont…différents…et plus difficiles à combler… Finalement, la curiosité me prit et je le questionnais, mon bras libre posé négligemment sur son épaule droite :

Je suis sûr que les filles doivent se battre pour toi, surtout ici. On en voit pas tous les jours, des gars battis et habillés comme toi ! Y’a personne qui t’attend à Dorne, ou ailleurs ?

Je prenais ça à la légère, les sentiments, l’amour…des choses que je n’ai même jamais ressenti pour ma propre mère. A cette époque, seules mes chiennes avaient une certaine importance à mes yeux. Les femmes, je les prenais et laissais toujours ma marque sur elle… Mais ça, c’était avant que je croise pour laquelle j’eux et ai encore, sans le savoir et encore moins le reconnaître, de l’affection…La Freux du Val…

Je riais légèrement, lui donnant une légère tape dans le dos lorsqu’une de mes chiennes se mit à grogner puis à aboyer. Je me tournais vers elle, fronçant les sourcils puis regardais dans la direction qu’elle fixait, la truffe et les oreilles dressées, en alerte. Au loin, sur le sentier, commençait à se distinguer une mince silhouette. Un sourire carnassier se dessina sur mon visage tandis que je me mis à serrer le haut du bras droit de Daemon de ma main droite en lui soufflant à l’oreille :

Qu’est-ce que je t’avais dit ? Le voilà ton page…

Puis je sifflais deux fois, signal pour mes chiennes d’attaquer, et les vis avec un sourire de satisfaction s’élancer à toute vitesse vers le gamin…

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Un petit dé, UN, avant de te donner la parole BRO Bâtard du Nord et Bâtard du Sud (feat. Daemon Sand) 3725701551 Bâtard du Nord et Bâtard du Sud (feat. Daemon Sand) 2133385655

1 à 2 : En voyant les chiennes s’élancer vers lui, le page tente de prendre la fuite mais est vite rattrapé. L’une des chiennes de Ramsay se saisit de lui à la jambe et le blesse jusqu’au sang, l’immobilisant jusqu’à l’arrivée de Daemon et de Ramsay.

3 à 4 : En voyant les chiennes s’élancer vers lui, le page tente de prendre la fuite mais est vite rattrapé. Elles encerclent le page et ne cessent d’aboyer jusqu’à l’arrivée de Daemon et de Ramsay.

5 à 6 : En voyant les chiennes s’élancer vers lui, le page tente de prendre la fuite mais est vite rattrapé. Il tente de se défendre en lançant adroitement une pierre vers l’une des chiennes de Ramsay, et en frappant l’autre en pleine gueule à l’aide d’une branche d’arbre ramassée par terre. Daemon et Ramsay le rattrape ; ce dernier est hors de lui…

Dé, dis-nous tout !! Bâtard du Nord et Bâtard du Sud (feat. Daemon Sand) 2639749990 Bâtard du Nord et Bâtard du Sud (feat. Daemon Sand) 2639749990 Bâtard du Nord et Bâtard du Sud (feat. Daemon Sand) 1960165969 Bâtard du Nord et Bâtard du Sud (feat. Daemon Sand) 3992757740
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Bâtard du Nord et Bâtard du Sud

An 295 | Lune 9 | Semaine 4



Ramsay Snow & Daemon Sand

Lorsque les doigts du nordien se refermèrent fermement sur sa main, le Sand ne put retenir un spasme qui pinça légèrement ses lèvres sous son turban noué. Bien qu'il l'eut prié de tout son coeur pour éviter le ridicule de se voir refuser son offre, le voir accepter ne le surprenait pas moins. Il souhaite réellement m'aider... songea-t-il. L'occasion aurait pourtant été parfaite pour le roturier de s'échapper de lui et de vaquer à ses propres occupations plutôt que de préter main forte à  l'étranger qu'il pensait encore être à ses yeux. Quant au contact que seul le cuir de ses gants empéchait d'être direct, le brun ne sut pas vraiment qu'en penser. Il l'appréçia cependant, d'une certaine manière à la fois étonnée et satisfaite, et se sentit l'envie de sourire. Il déglutit. Rendant lui aussi la poigne, il aida l'autre à se hisser d'une traction du bras avant de le relâcher. Tandis qu'il retrouvait ses sensations en reprenant les rênes de sa monture, il jeta un dernier coup d'oeil vers son compagnon avant de reporter son regard devant lui, vers cette fôret noire qui lui semblait être le plus terrible des labyrinthe et dans laquelle son nouvel ami semblait voir si clairement. Trop occupé à refermer d'une main hasardeuse tous les interstices que son col laissait ouverts aux caprices du vent glacial avec le tissus rèche de son turban, Daemon ne remarqua guère le bref silence géné qui avait suivi la montée en croupe de l'autre qui, d'ailleurs, le brisa bien vite de sa voix si particulière. Suave et tranchante à la fois. Douce comme une lame.

Il fallut cependant le souffle du garçon contre son oreille pour que le dornien se rendit soudain compte de la crispation douloureuse de ses épaules, de la raideur de son dos et qu'il s'effraya du frisson agréable que la chaleur du corps de l'autre contre son bassin faisait naître. Cela faisait des lunes qu'il n'avait pas été touché par un homme. Un sentiment s'imposa à lui, ou plutôt l'idée d'un sentiment. Sa façon d'enfler dans sa poitrine d'un seul coup évoquait presque la peur, et il était arrivé très vite, semblable à des larmes. Ce n'était pourtant ni l'un ni l'autre, et il lui évoquait plutôt une gaiété chaleureuse qu'il avait oublié derrière lui dans ces contrées mordues par le givre. Malgré lui, sa respiration voulut se faire plus profonde sous l'aise qu'il ressentait à avoir un corps d'homme si proche du sien, et il remercia le froid mais aussi sa propre discipline de n'en rien faire. D'un raclement discret de la gorge, le Sand tenta de garder une contenance, et écouta attentivement, et avec le plus de détachement possible, les indications que lui soufflait le chasseur. La violence de son trouble l'avait tant surpris qu'il douta avoir retenu tout de la route que lui dictait l'autre. Pris d'un étrange sentiment de témérité, il se risqua une fois encore à jeter un regard indéchiffrable par dessus son épaule vers son compagnon. Ses prunelles glacées croisèrent les siennes. Il se retourna aussitôt. Une déception inattendue rongea lentement d'un fluide glacé la chaleur qui avait envahit sa poitrine, atténuant enfin son malaise. Et soudain, il ne fut plus question dans ses entrailles de la présence du nordien, mais d'une absence qui ternit abruptement la sensation qui lui avait un peu plus tôt étreint le coeur. Lorsqu'il enfonça ses talons dans les flancs de son destrier, il laissa échapper un soupir las alors qu'une part éteinte de lui-même priait pour des yeux dorés.
La jument grise avait docilement accepté la charge supplémentaire sur son dos et elle s'engagea au pas sans rechigner. Ses grands yeux noirs roulaient parfois pour jeter un coup d'oeil à la danse brusque et fluide qu'exécutaient les chiennes autour d'elle, curieuse, mais aussi un brin inquiète de ce ballet étrange. Parfois même, son nez se tendait jusqu'à effleurer le dos d'un des mâtins d'une caresse amicale. Elle aime les chiens plus que moi, constata sombrement le Sand. Loin de se laisser attendrir par l'étincelle joueuse qui faisait luire le regard de la monture vieillissante les mains du bâtard relevèrent la tête de la jument d'un coup sec sur sa bride pour récupérer son attention.

"C'est l'essentiel en effet." Sourit-il sous son turban aile-de-corbeau. La facilité de leur discussion, si différente des débuts chaotiques de leur rencontre, rassura le dornien. Timide, silencieux et mal commode de nature, se faire des amis n'avait, de ce fait,  jamais été son fort. Ulwyck Uller ne lui avait pas laissé d'autre choix et aujourd'hui, Daemon lui en était reconnaissant. Sa flamboyance avait dans un premier temps irrité le garçon renfermé qu'il avait toujours été, mais il s'était plu ensuite en sa présence, comme il se plaisait maintenant en celle de Ramsay. Au fur et à mesure qu'ils s'avançaient sur le chemin inégal, cet appaisement confiant ne manquait pas de le surprendre, ni de le ravir. Lorsqu'il sentit son bras s'appuyer sur son épaule, il se contenta d'y jeter un bref coup d'oeil orné d'un sourcil haussé, avant de s'en détourner et de l'accepter simplement malgré l'agacement complice qui tapissait son regard. Le coin de ses lèvres se releva doucement en un léger rictus.
"Les filles ne se sont jamais battues pour moi."Avoua-t-il simplement d'une voix plate. C'était la plus pure des vérité, bien qu'il se douta que son orgueil et son franc mépris affichés l'empéchèrent souvent de seulement daigner reconnaitre l'interet qu'il aurait pu lire dans les yeux de certaines femmes. Aussi, l'indifférence hautaine que lui inspirait le sexe féminin désormais devait jouer. Lorsque les mains de son meilleur ami de Denfert retroussaient les jupes d'une fille de taverne, il n'avait jamais eu aucun désir de l'imiter. Une seule femme avait passé dans sa vie, et il doutait fortement qu'elle l'attendit. "A Dorne, non..."Souffla-t-il ensuite dans un soupir qui se termina en un rire léger qui faisait écho à celui du nordien, encaissant la tape gracile sur son dos sans se cabrer, sans prendre non plus la peine de retourner la question, sa franchise renonçant à feindre quelque interet que ce fut pour la vie amoureuse d'un paysan.

Son esprit recommençait à vagabonder vers les terres fertiles du Sud lorsque les doigts de Ramsay se serrèrent tout à coup autour de son bras. D'un réflexe inquiet, il stoppa sa monture tandis que ses yeux bleus allaient rechercher le profil de Ramsay dont le corps entier sembait tendu dans une seule direction, à la manière d'un limier qui aurait repéré un lièvre dans les fourrés. Il s'était déjà tourné vers la silhouette que désignaient les pupilles du chasseur lorsqu'il sentit un frisson d'adrénaline le traverser; frisson qu'il pensait moins dû à leur cible débusquée qu'à l'expression qu'il avait lue sur le visage de l'adolescent.
Le bâtard n'eut pas le temps d'ouvrir ses lèvres pour avertir le garçon de quelques mots qu'il oublia aussi vite que deux ombres noires fuirent soudain devant lui. Déboussolé, ce fut en sentant sa jument se ramasser sous lui pour se cabrer -de fougue ou de frayeur, il n'aurait su le dire à cet instant- qu'il pensa à enfoncer ses talons dans ses flancs. En quelques foulées d'un galop posé et fébrile, ils arrivèrent à hauteur du malheureux. Le spectacle qui les attendait au bout du chemin plongea le Sand dans un tel sentiment d'angoisse et d'écoeurement mélées qu'il se sentit blémir. Visiblement agité, la vue des crocs du molosse s'enfonçant dans la chair tendre et rosée du garçon le laissa faiblard et nauséeux le temps d'un battement de cils, tandis que dans un réflexe désespéré, il mettait pied à terre en passant sa jambe au dessus de l'encolure de sa jument. S'il dévora la distance qui le séparait du page d'un pas déterminé, sabre clair à la main, il dut néanmoins s'arréter rapidement. L'autre chienne lui dévoilait ses crocs, décidée à défendre sa soeur et leur proie. Son regard s'ancra sur le visage terrorisé du garçon avant de dériver vers Ramsay qu'il accusa d'un regard noir de colère, porté par une expression durcie par la peur.

"Rapelle ton animal!" S'horrifia-t-il d'une voix claire et sonore. Sa respiration était haletante comme s'il avait couru, il sentait ses flancs se soulever douloureusement de l'air froid qu'il inspirait et expirait fébrilement. Il aurait voulu s'agenouiller près du jeune domestique, soutenir ses épaules au dessus de la boue glacée, panser sa blessure encore fraiche. Mais les chiennes demeuraient. Ses doigts gantés jouèrent nerveusement sur la garde de son arme.  Quelles créatures monstrueuses...Les deux limiers lui semblaient hideux au delà de l'imaginable. Il arrivait à peine à soutenir la vision des babines retroussées sur des crocs rosis de sang encore tiède de celle qui s'était jetée sur le garçon, pourtant rien ne semblait réussir à le détacher de l'horrifique vision. "Tu devrais la faire tuer..." s'entendit-il murmurer avec un calme linéaire, presque automatique. La chienne avait gouté à la chair humaine. Un frisson remonta le long de son dos. Il n'arrivait pas à oublier avec quelle promptitude la bête s'était jetée à la gorge de l'enfant.

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