[corbeaux] Marianne et Dacey

An 296, Lune 5, semaine 2

Marianne,

Comme promis, je t'écris une lettre pour te signifier notre retour sur l'île-aux-ours. Après notre départ de Cornélia, nous avons été aux Eyriés, puis à Goëville, les derniers instants du voyage furent le plus difficile, je n'avais qu'une hâte, rentrer. Cela fait une semaine que je me sens enfin soulagée et moi-même. Revoir ma famille, les habitants de l'île, ainsi que le paysage merveilleux de ma maison me fit réaliser à quel point ma vie m'avait manqué. Je ne regrette pas forcément le voyage dans le Sud, j'y ai fait des rencontres que je n'oublierais jamais, dont la tienne. Tu es sans doute l'une des seules choses qui me fait apprécier le sud, j'ai pu trouver mon alter ego en ta personne, quelqu'un qui pense au peuple bien avant le pouvoir, qui n'irait pas se verser dans une bataille sans penser à ce que cela pourrait coûter. Rares, les nobles qui ont croisé notre route qui pense ainsi. C'est ce qui me reste marqué du Sud, les maisons les plus puissantes sont tellement absorbées par la richesse et le pouvoir qu'ils ne s'aperçoivent même pas qu'à leur pied leur peuple souffre. Savent-ils vraiment ce qu'est de vivre dans la pauvreté et la peur . Cela ne le ferait pas de mal de le découvrir pour qu'ils puissent évoluer. En tout cas, pour ma part, la vie sur l'île me suffit, j'ai su retrouver ma place et comme je te le disais souvent, j'ai vite été prier les anciens dieux, la proximité d'un Barral il n'y a rien de mieux. Tu verras bien si Jory t'écrit, mais je suis presque sûre qu'elle n'évoquera pas notre voyage comme moi. Heureusement qu'elle était là, car au fond, elle restait mon foyer même si nous étions très loin de chez nous. Quand je me dis que nous sommes partis pour lui enlever de la tête la garde de nuit et qu'au final, Jory est toujours autant décidé à prendre l'habit noir.

Tu sais ce qui m'est étrange, c'est que nous sommes partis un an et hormis, voir que ma plus jeune soeur et ma nièce ont bien grandi, rien ne semble avoir changé sur l'île-aux-ours. As-tu eu cette impression en revenant à Castel-bois après quelques mois d'absence ? D'ailleurs est-ce que tout va bien pour toi et ton Oncle ? Je vous remercie encore pour votre accueil, vous n'étiez pas obligé de nous accueillir et de soigner notre cheval. Notre rencontre a été un tel hasard. Quitter la route principale pour avoir un goût d'aventure et nous voir finir à Castel-bois avec un cheval blessé. J'espère un jour te rendre la pareille et te faire découvrir les vastes contrées sauvages du Nord. 

Alors dis-moi quelles sont les nouvelles du Conflans ? Et de ton fief ? As-tu continué tes entraînements à l'épée ?

En l'attente de ta réponse, je prie les anciens dieux pour toi
Dacey

An 296, Lune 5, semaine 2

Ma chère amie,

La nouvelle quant à ton retour au sein de ton domaine me ravit le cœur et me rassure au sujet de ton voyage. Les absences sont souvent raison d’une évidence, aussi les mots que je lis m’emplissent de joie quant à cet épanouissement que tu as du ressentir en retrouvant les tiens. Ton amitié m’est d’un réconfort sans égal et je suis heureuse d’avoir pu apporter un peu de repos en tes tourments. Le Nord m’est encore inconnu mais si tous sont comme toi, alors peut-être m’y sentirai-je à mon aise au court d’un voyage ? J’ose l’espérer tout comme j’ose croire en nos retrouvailles qui se profileront dans l’avenir. Je ne pourrai jamais assez te remercier de ton soutien et de ces enseignements que tu m’as confiés. Sache que mes entraînements perdurent depuis que nous nous sommes quittées pour que peut être un jour ma dévotion envers mon peuple puisse trouver repos. Hélas, les préoccupations de nos supérieurs sont toujours enclines à l’envie et à l’ambition. Je ne peux tolérer de telles intentions dès lors qu’elles mettent à mal les honnêtes gens sans qui ne nous pourrions survivre. Bien heureusement, nous pouvons nous conforter à l’idée d’apporter un peu de quiétude auprès des nôtres à défaut de plus.
Jorelle est une sœur on ne peut plus attachante et admirable, cela ne m’étonne pas de lire à quel point sa présence t’as été d’une aide profonde et délicate. Peut-être aurai-je la chance d’échanger avec elle ? Quoi qu’il en soit, mes pensées vous accompagnent à toutes les deux ainsi qu’à l’ensemble de votre famille et des votres.

Il est vrai que notre berceau semble être pris dans un temps arrêté lorsque nous partons. Je comprends ton ressenti pour l’avoir également vécu au cours de mes absences. Mais il faut se dire que le cadeau est là, lorsque le monde continue à tourner sans que nous en fassions parti. Peut-être est-ce une forme de respect pour notre personne ? A moins que cela ne soit qu’un rouage de plus qui tourne éternellement. Mais tu me rapportes que ta nièce a bien grandit ? Qu’en est-il exactement de ses exploits ? J’aimerai que tu me le rapportes tout comme ce qui te touche également.

Concernant mes nouvelles, tout se passe bien en cette heure. Mon Oncle perpétue ses apprentissages et de me raisonner tant bien que mal au sujet de mon implication auprès des petites gens. Ce dernier m’a d’ailleurs puni pour avoir participé à la récolte du grain il y a de cela quelques lunes, rien qui ne puisse m’empêcher de recommencer l’année prochaine, cependant. Mon épée se tient mieux et trouve un meilleur appui grâce à tes conseils. Mon fief jouit d’une bonne récolte pour cette saison, ce qui prévaut en une meilleure prospérité des honnêtes gens ainsi que des sourires à venir. Ma région quant à elle subit des injustices quotidiennes en raison du brigandisme dont on ne cesse de nous en rapporter les méfaits. Je crains pour l’avenir de ma belle région à cause de cela. Que le malheur ne finisse par s’abattre totalement chez nous et nous envahisse pour répudier à jamais l’espoir…

Tes remerciements concernant des actes qui se révèlent comme normaux me touchent une fois encore. Sache que tu trouveras toujours refuge au sein de Castel-Bois et que les Mormonts en seront pour toujours les bienvenues.

Puissent les Sept se joindre aux Anciens Dieux pour te protéger et te porter toute mon amitié.
Marianne

An 296, Lune 7, semaine 1

Marianne,

Je m'excuse d'abord pour le temps de réponse, il s'est passé un événement assez important dans ma vie, mais j'y reviendrais plus tard. Pour en revenir à ta lettre, je suis certaine que le Nord t'accueillerait à bras ouverts pour une visite, beaucoup nous décrivent comme des rustres, mais on sait recevoir nos invités. Savoir que tu connus tes entraînements m'enchantent, prendre les armes n'est pas choses aisées, surtout pour nous femmes, mais les hommes oublient que nous devons bien défendre notre foyer quand eux s'en retrouvent dans l'incapacité. 

Pour ce qui est de Jorelle, je suis fort désolée si elle ne t'a pas encore écrit, elle est ainsi à suivre les pulsions de son coeur qui la mène toujours vers l'aventure. Je peux encore voir son regard porter vers les terres lointaines de la baie des ours, il ne serait pas étonnant qu'elle souhaite partir à nouveau, mais si elle sait que son devoir la place auprès des siens. Il est souvent difficile de devoir se soumettre à ce qu'on attend de nous, de par notre naissance, mais nous Mormont, nous savons être libres de notre façon. Marthe a quasiment l'âge de notre petite soeur Lyanna. Ensemble, elles s'entraînent déjà farouchement à devenir de future guerrière, que les anciens les préservent de n'avoir jamais à verser le sang. Elles seront de redoutables oursonnes, mais je ne peux m'empêcher de vouloir une vie paisible pour elles, loin de toutes batailles. Un rêve irréalisable, mais qui serait tellement apaisant.

Je suis désolée de lire que ton oncle ne voit pas les valeurs qui sont les tiennes. Pour nous autres, petit fief, je trouve cela encore plus important d'être proche de notre peuple, surtout qu'on doit autant compter sur eux pour nous fournir de quoi se nourrir, qu'autant défendre nos terres en cas de besoins, nous ne sommes pas comme les puissants avec une grande armée de soldats sous nos ordres. Quoique, je n'aie jamais vu de meilleurs guerriers que ceux de l'île-aux-ours, je le dis sans hésiter que nous hommes valent bien dix continentaux. En tout cas, si la récolte de l'année a été bonne pour ton Fief, j'en suis ravie, cela te fait un stress en moins, surtout en vue des brigands dont tu me parles. Vos suzerains ne peuvent pas agir contre eux . Il est étrange de se dire que les Nerbosc prient les anciens dans une région où les sept prennent toute la place. Surement est-ce la preuve qu'une petite brindille peut survivre face à un tas de bois.

En parlant des anciens, ils m'ont offert une destinée à laquelle je ne m'attendais pas, j'aimerais que tu n'ébruites pas les lignes qui vont suivre, même si ces choses courantes chez les femmes de ma famille. J'ai découvert être enceinte, il y a quelques semaines, ce n'est encore que le début de la grossesse, j'ignore encore si j'aurai la chance qu'elle arrive à terme, mais dans tous les cas, cette situation m'est étrange. Dans mon esprit, jamais je n'allais devenir mère, laissant cette place à Alysane qui d'ailleurs brille dans ce rôle. J'avoue avoir eu besoin de réfléchir, de comprendre ce qui se passait en moi, mais voilà, je vais devenir mère et ça me fait peur. Comme tu vois, contrairement à certaine, je ne saute pas de joie, je suis plutôt inquiète pour l'avenir. Ma famille me soutient sans limite, comme je te disais ce n'est pas un fait étrange chez nous, le secret est de rigueur et comme toutes nos légendes son père sera un Ours, comme moi-même, je suis fille d'Ours. J'espère qu'avec cette nouvelle, tu ne me jugeras pas et continueras à m'écrire pour me dire tout ce qui t'est arrivé ces derniers temps. Thorvald est-il venu te rendre visite ? Ou comptes, tu aller le voir ?

Je pense fort à toi
Dacey