Le rôle qui fut le tien | Dacey & Lyra
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Le rôle qui fut le tien
semaine 1, Lune 10, an 298
Dacey & Lyra
Les Reed et le Neck restaient pour Lyra des mystères vivants. Elles les avaient bien rencontrés quelques fois lors des banquets et des festivités à Winterfell, mais n’avait jamais vraiment eu le temps de sympathiser avec eux. Son court passage dans les marais du Nord ne lui avait pas laissé le plus agréable des souvenirs et malgré ses recherches et ses talents de pisteuse, elle n’avait jamais trouvé Fort-Griseau, le fief ancestral de la tête des paludiers. Cela ne faisait que les auréolés un peu plus de secret, renforçant leur réputation légendaire d’hommes et de femmes insaisissables, se dissimulant à la faveur des ombras marécageuses. Leur château et leurs villages se déplaçaient-ils réellement dans la mangrove pour rester invisibles aux yeux des importuns ? L’archère n’en savait rien, mais ce dont elle était certaine en revanche était qu’elle n’avait croisé aucune âme humaine malgré ses nombreuses journées d’errance dans les tourbières en compagnie des fer-nés. Peut-être l’inverse était-il vrai. Peut-être l’avaient-ils vue, elle. Mais de son côté, les yeux de la jeune femme étaient restés aveugles.
Son premier long déplacement officiel en tant qu’émissaire de la maison Mormont consistait justement à rendre visite à Lord Reed. Pour négocier des fiançailles entre son fils, Jojen et sa sœur cadette, Lyanna. Du moins, pour lui présenter la dernière ourse comme étant une option pour son héritier. Cette pensée la mettait profondément mal à l’aise et était loin de la plonger dans une allégresse aérienne, comme cela aurait dû être le cas.
Était-ce donc cela que le rôle d’émissaire ? Négocier ses sœurs comme du bétail ? Certes, l’ourse intransigeante n’allait être proposée que comme une candidate potentielle et il était certain que rien n’allait être fait, mais tout de même… Voilà des nuits qu’elle ressassait cela sans être parvenue à en parler à la jeune fille. Elle avait dix ans et était en âge de comprendre. Et c’était justement cela qui l’angoissait terriblement. Qu’allait-elle donc penser d’elle ? Elle aimait Lyanna plus que tout au monde et elle avait l’impression de la trahir. La chasseuse redoutait le regard noir qu’elle lui lancerait lorsque les mots fatidiques sortiraient de sa bouche. Or, il lui était impossible de ne pas la mettre au courant. Elle ne pouvait pas la mettre devant le fait accompli, en particulier si Howland Reed acceptait la proposition dans un futur plus ou moins proche, une fois que sa benjamine aurait saigné.
Etonnamment, elle s’était trouvée plus à l’aise face à Lord Stark lorsqu’il lui avait fallu le convaincre de laisser partir Theon pour les Îles de Fer avec Asha. Elle craignait peut-être plus le courroux de sa cadette que celui du suzerain du Nord.
Avec un profond soupir qui semblait venir du fond de ses entrailles, elle finit de préparer ses lourds sacs de cuir. Ses robes finiraient froissées comme des papiers d’origami ainsi serrées dans ces besaces, mais elle n’y pouvait rien. La petite équipée composée de l’Écorce, de deux autres soldats et d’elle même partait dans deux jours. Lyra préférait toujours voyager léger et en bagages et en hommes. Ainsi, ils gagnaient en vélocité et étaient plus libres de mouvements.
Il lui fallait parler à Dacey. Elle avait tenu ce rôle durant de nombreuses années. Son aînée saurait quoi faire.
Retroussant le bas de sa robe ayant autrefois été d’une couleur oscillant entre le vert pistache et celle plus fade du concombre, elle s’avança dans la vaste étendue plane mêlant boue et purin devant la demeure de rondins. C’est en s’avançant vers les écuries qu’elle aperçu la jeune mère et sa fille, Maeve. Celle-ci avait encore les joues aussi rondes que des citrouilles et restait potelée par l’enfance.
« Ah ! Enfin je vous trouve ! » les héla-t-elle en s’approchant.
Sa nièce était fascinée par les lapereaux nouveau-nés aux pelages cacaotés et ne lui prêta de l’attention que lorsqu’elle déposa un baiser sur le sommet de son crâne.
Un rapide coup d’œil aux alentours lui apprit qu’elles étaient loin d’être seules. Un palefrenier analphabète répondant au nom de Martyn pansait une vieille jument et une des cuisinières s’affairait à nettoyer des torchons de cuisine dans une bassine, armée d’un plumeau effiloché, envoyant autour d’elle des nuages de manganèses se mêlant à la poussière ambiante.
« J’aurais besoin d’aide pour relever quelques pièges en forêt. Vous m’accompagnez ? » leur proposa-t-elle avec entrain.
Elle gratifia Dacey d’un regard lourd de sens tandis que sa nièce s’émerveillait de l’opportunité de gambader dans la sylve sauvage et synonyme de danger de l’île. Une lubie qui l’avait gagné et qui ne la quittait plus depuis qu’elle avait reçu l’interdiction ferme de s’approcher de l’orée des bois seule.
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Le rôle qui fut le tien
semaine 1, Lune 10, an 298
Dacey & Lyra
Masse d'armes posée près d'elle, Dacey, l'héritière de l'île-aux-ours, observait l'enfant qui respirait l'innocence. Ayant passé une partie de sa journée à patrouiller sur les rives et à voir quelques affaires avec sa mère, elle s'était octroyé une pause auprès de son petit soleil d'hiver, comme elle aimait l'appeler. La guerrière, froide, protectrice et intransigeante, se retrouvait souvent à sourire face au visage de son enfant, elle était sa paix dans toutes ses années de survie. Un amour si fort qu'il lui serait impossible d'imaginer sa vie sans elle à présent, elle savait pertinemment que trop la protéger ne serait pas pour son bien en vue de ce qui se passait sur l'île-aux-ours, mais elle était encore petite et Dacey ne souhaitait qu'une seule chose, qu'elle reste le plus longtemps possible, ignorante de la folie des hommes.
Les boucles blondes de l'enfant virevoltaient au gré du vent, tandis qu'elle ordonnait aux lapereaux, d'une petite voix, de venir la voir, sauf qu'ils n'étaient pas très coopératifs. De nature têtue, elle restait cramponnée à la cage. Sa mère lui expliquait alors qu'il était comme son cousin Jeor, trop petit encore pour bouger d'eux-mêmes, mais cela ne semblait pas la convaincre et elle resta près de la cage à l'attente d'un mouvement vers elle. Plus elle grandissait, plus il lui semblait reconnaitre des traits de caractère de Jory, une véritable petite Mormont.
Machinalement, la guerrière laissa glisser le couteau camouflé dans sa manche dans sa main, pour le faire tourner à l'aide de ses doigts. Nul pouvait dire combien de couteaux Dacey cachaient sur elle chaque jour, mais ils étaient en nombre, il arrivait même qu'elle se fasse des coiffures avec, bien mieux que des bijoux inutiles du point de vue de la Mormont. Son passif faisait qu'elle était toujours attentive aux bruits alentours, se tenant prête à réagir si un raid venait. Pour le moment, tout ce qu'elle entendait, c'était le palefrenier, la cuisinière et la lapine qui semblait s'agacer de la présence de Maeve, très silencieuse pour le coup.
Pour son enfant, l'ourse protectrice avait abandonné son rôle d'émissaire, il en était fini des voyages en solitaire dans le Nord, à aller à la rencontre des maisons vassales des Stark. Des années qui lui avaient beaucoup appris, surtout pour son rôle d'héritière, tout comme son grand voyage dans le Sud, mais à présent, elle voulait se concentrer sur le peuple de l'île aux ours, sa fille ainsi que son envie d'en découvrir plus sur le peuple de la grève glacée. Souvent, elle allait se rendre dans la maison de son père, abandonnée à ce jour et de là, elle se plaçait à la place ou elle le trouvait souvent et observait quand le temps le permettait les terres sauvageonnes. Là-bas, une autre famille l'attendait et ceci, elle l'avait compris que depuis la naissance de Maeve. Avoir un enfant permettait d'ouvrir les yeux sur bien des choses. Finalement, elle perçut des pas, ainsi que des bruissements de robe, elle n'eut besoin de se retourner pour savoir qui venait. Lyra avait le pas le plus léger de toutes ses soeurs, mais surtout l'une des seules à porter une robe ce jour-là.
« Ah ! Enfin je vous trouve ! »
Dacey restait dans la même position, mais contrairement à Maeve, tourna tout de même le visage vers sa soeur, laissant même apparaitre un sourire tandis qu'elle rangeait son couteau dans sa manche.
« J’aurais besoin d’aide pour relever quelques pièges en forêt. Vous m’accompagnez ? »
Le regard lourd de sens de sa soeur, lui fit comprendre qu'elle voulait surtout lui parler sans aucune oreille indiscrète. Hochant la tête de façon affirmative, prouvant qu'elle allait la suivre. Maeve attrapa le bout de la robe de sa tante avec un grand sourire et les yeux pétillants, proie à l'envie d'aventure, si contrairement à sa première phrase, elle n'avait pas ciller, un petit tour en forêt lui semblait être plus intéressant que des petits lapins inertes. La lâchant rapidement, la petite blondinette s'élançait avant de se faire rattraper par le col de sa robe par sa mère.
- Pop, pop, jeune guerrière...on donne la main quand on se promène dans les bois, surtout pour aller relever des pièges.
Le regard d'acier qui lui lança Maeve à ce moment précis, lui prouvait à tel point elle n'aimait pas son idée, mais finalement, face à la main tendue de sa main se plia à sa volonté et reprit à sourire. Commençant à avancer, la masse d'armes accrochée à sa ceinture, elle lui demanda finalement quand elles se retrouvèrent isolées dans les bois :
- Quel secret as-tu à me dire ?
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Le rôle qui fut le tien
semaine 1, Lune 10, an 298
Dacey & Lyra
La perspective d’aller relever des pièges en forêt ravissait la petite Maeve qui s’était élancée avec entrain au devant de sa mère. Lyra s’apprêtait à protester pour rattraper sa nièce, mais Dacey fut plus rapide et d’un geste sec, elle attrapa la fillette par le col. Sa course fut arrêtée nette tandis qu’elle se rangeait aux côtés de l’aînée des ourses. Elle lui retourna un regard noir de défi, mais ne protesta pas plus. Comme les bêtes sauvages, les Mormont savaient reconnaître les individus plus forts qu’eux et même s’ils ne s’y soumettaient que rarement, ils avaient l’intelligence de les respecter. Et l’enfant avait beau être jeune, d’instinct, elle obéissait à sa génitrice sans rechigner, en dépit de ses yeux d’acier.
À cette petite démonstration d’autorité, l’archère ne put s’empêcher de sourire. Sa sœur avait toujours été sévère et rigide, même dans sa jeunesse. Même avec ses cadettes et en particulier avec Jorelle, probablement la plus intrépide de la fratrie. En la voyant agir de la même manière que lorsqu’elles étaient enfants la plongeait dans une nostalgie émue. La brune avait toujours été la proie de ce sentiment de mélancolie, propice à la contemplation et au repli sur soi, et cela c’était grandement accentué depuis son retour des Îles de Fer.
De voir Dacey être devenue mère ne l’étonnait pas vraiment. Sa sœur était faite pour avoir des enfants. Pourtant, elle lui laissait une impression étrange, un peu comme si une page s’était tournée et que le glorieux temps de l’enfance était terminé. Les Mormonts n’avaient jamais pu être insouciantes en raison de l’hostilité de leur île, mais elles avaient grandi choyées et aimées.
Le trio délaissa l’agitation autour de la forteresse de rondins pour gagner le mystère et la quiétude des sous-bois. Les arbres, encore raisonnablement espacés, leur permettaient de déambuler tranquillement, sans véritablement prêter attention où elles mettaient les pieds. Les fougères aux reflets allant d’un vert vibrant à des nuances pistaches plus douces étaient encore toutes recouvertes de rosée. Il faudrait se sécher les jambes une fois les collets vérifiés. Cela ne semblait pas le moins du monde préoccuper Maeve qui gambadait à quelques pas, s’émerveillant de la moindre souche abimée et du plus petit escargot dévorant quelques feuilles déjà bien entamées.
Le soleil rare et pâle, se glissant difficilement à travers la frondaison, dessinait des ombres discrètes et alambiquées sur le chemin de terre boueux. Inconsciemment, Lyra observait les alentours, en quête du signe d’un passage animal. Elle n’avait pas pris son arc et n’était pas là pour chasser, mais c’était un réflexe dont elle n’arrivait pas à se débarrasser.
Enfin, la petite équipe fit une première halte non loin du petit ruisseau gargouillant pour nettoyer une série de piège. Sur les trois posés près du passage à sac du cours d’eau, tous s’étaient refermés sur du vent. La chasseuse laissa un soupir désabusé se perdre dans la brume matinale. C’était raté pour cette fois.
Elle s’agenouilla et tritura les fils du bout des doigts.
« Approche, Maeve. Je vais te montrer, » dit-elle en se tournant vers sa nièce.
La petite ne se le fit pas dire deux fois et s’accroupit à côté, ses yeux gris grands ouverts. Elle ne manqua aucun des gestes habiles de sa tante quand elle tendit le premier piège. Puis, avec un bâton, elle mima un animal coincé et le nœud se referma autour de l’écorce qui s’émietta. La fillette ouvrit grand la bouche. Elle resta attentive lorsqu’elle recommença pour les derniers collets.
Puis, elles se remirent en marche, plus profondément encore dans la sylve, vers les prochaines zones.
Depuis leur entrée dans le bois, Dacey n’avait pas ouvert la bouche, mais lorsqu’elle le fit ce fut lorsque les oreilles de sa fille étaient toutes accaparées au chant distant d’un oiseau.
Elle avait compris sans que Lyra n’ait eu besoin de lui dire et elle accueillit ses mots avec un clignement de paupières.
« Tu sais que je pars bientôt dans le Neck pour rencontrer les Reed, » commença-t-elle d’une voix tranquille.
Un craquement derrière Dacey la fit vaguement regarder par dessus son épaule, s’attendant probablement à ce que le plumeau blanc de la queue d’une biche ne jaillisse de derrière la haie de ronces, mais rien n’apparut. Elle expira profondément.
« Je n’ai pas peur du voyage. Je connais assez les marais pour ne pas me laisser berner par la faune et la flore… C’est plus mon rôle d’émissaire qui me cause du souci. »
Sa première sortie officielle en tant qu’émissaire de la famille Mormont… Elle avait longuement à la fois redouté et attendu ce moment. L’archère, ayant toujours vécu sur l’Île aux Ours et ses rares trajets ne se limitant qu’à Winterfell, avait bien vite décelé que les mœurs des ourses n’étaient pas du goût de tous et la réputation de leur famille parlait souvent avant qu’elles n’aient le temps d’ouvrir la bouche. Et Lyra n’avait pas l’aplomb ni la dignité naturelle de sa sœur ainée lorsqu’il s’agissait de traiter de politique.
Certes, elle avait réussi à exposer sa situation et à négocier le renvoi de Theon Greyjoy chez lui en échange de sa sécurité, mais à l’époque, elle se battait pour sa survie et la peur n’avait quitté le creux de son estomac que lorsqu’elle était rentrée chez elle, dans la demeure de rondins, près de l’âtre. Aujourd’hui, elle n’avait pas peur. Elle n’était simplement pas vraiment sûre d’elle.
« Je ne sais pas comment parler à Lyanna de ce dont nous allons traiter avec Lord Reed. Tu as dû le remarquer, je l’évite… J’ai l’impression d’être une enfant à tenter d’éviter son regard, » avoua-t-elle avec un pauvre sourire.
Maeve rejoignit les jupons, ou plutôt les braies, de sa mère, tirant sur sa tunique pour l’inviter à continuer leur marche.
« Je viens donc te demander tes conseils. Tu as tenu ce rôle pendant de longues années, mais nous n’en avons jamais réellement parlé… J’aurais dû venir te voir bien avant, mais je crois qu’inconsciemment, je repoussais l’échéance. »
La chasseuse posa une main sur l’épaule menue de sa nièce. Le chemin devenait plus accidenté et des nombreuses branches mortes jonchaient la piste de marche.
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Dacey & Lyra
La vie sur l'île aux ours avait deux facettes, l'une faite de calme, de joie et de simplicité, l'autre fait de lutte pour survivre, de sang versé et de mort. C'était ainsi, l'autre venait briser l'une et il semblait que cela soit un cycle sans fin depuis des centaines d'années. Un style de vie qui ne pouvait que développer l'instinct de survie, ici, tous étaient logés à la même enseigne en sachant que celle qui ne sait pas se battre risque très bien de mourir sous le coup d'une arme. La sauvegarde du peuple et de la maison Mormont ne tenait qu'à ça, ne pas faire de différence entre hommes et femmes, que tout le monde soit apte à brandir une épée pour défendre son foyer. Au final, s'il n'y avait pas tous ses raids venus de l'extérieur, l'île aux ours serait plutôt pacifique, se suffisant à eux-mêmes sur leur île solitaire. En tout cas, pour le moment, les trois Mormont qui se baladaient dans les sous-bois exprimaient très bien les facettes de l'île aux ours, d'un côté la petite Maeve donnait un air jovial et de paix à l'île suivie des deux adultes et d'un autre quand on observait plus attentivement l'ainée des filles de Maege Mormont, il était évident qu'elle était toujours aux aguets d'une attaque en vue des armes qui l'accompagnaient.
Tout en tenant la main de sa fille, elle lui lâcha qu'au moment où Lyra voulu lui montrer un de ses pièges. La petite paraissait émerveiller par ce qu'elle voyait, comme si c'était la plus grande chance au monde de pouvoir assister à cette scène. Dacey restait légèrement en retrait, laissant sa soeur et sa fille se rapprocher et crée une complicité différente que celle qu'elle entretenait avec Maeve. Chaque Mormont avait sa place et elle trouvait important que son enfant soit proche de ses soeurs, pour simple raison qu'elle ignorait de quoi demain serait fait et que si un malheur devait lui arriver, sa fille ne se retrouve pas apeurée, mais se sentant aimée et entourée. Quand, elles se remirent en marche, elle laissa la petite blondinette marchant à l'avant, tout en la gardant bien à l'oeil et demanda à sa soeur la raison de leur isolement dans les bois.
« Tu sais que je pars bientôt dans le Neck pour rencontrer les Reed, »
Un craquement derrière elle, lui fit instinctivement glisser un couteau jusqu'à sa main, un regard de biais à sa soeur qui regardait au-dessus de son épaule, lui fit comprendre qu'elles ne risquaient rien. Tout ceci, s'était passé avec une grande rapidité, mais en réagissant vite, il y avait plus de chances de survivre. Pour le coup, sa soeur pouvait reprendre son explication :
« Je n’ai pas peur du voyage. Je connais assez les marais pour ne pas me laisser berner par la faune et la flore… C’est plus mon rôle d’émissaire qui me cause du souci. »
Ne quittant pas du regard Maeve qui continuait sa petite route, essayant de siffler comme les oiseaux. Dacey fait quelques grands pas pour rattraper l'enfant et ainsi s'arrêta pour faire face à sa jeune soeur. L'oursonne ne doutait pas des qualités de sa jeune soeur, Lyra serait surement un bien meilleur émissaire qu'elle-même, ayant un caractère plus docile, il était certains qu'elle allait devoir apprendre les attraits de la politique, mais ceci, Dacey estimait qu'elle ne l'apprendrait que sur le terrain. En même temps, la mission principale qu'avait en la Mormont en qualité d'émissaire, avait été de rendre visite aux maisons vassales du Nord pour pouvoir, faire oublier la trahison de Jorah. Une tâche bien difficile qui eut plus d'impact sur des maisons que d'autres, mais cela avait permis à Dacey de mieux comprendre les mentalités de ses voisins.
« Je ne sais pas comment parler à Lyanna de ce dont nous allons traiter avec Lord Reed. Tu as dû le remarquer, je l’évite… J’ai l’impression d’être une enfant à tenter d’éviter son regard. Je viens donc te demander tes conseils. Tu as tenu ce rôle pendant de longues années, mais nous n’en avons jamais réellement parlé… J’aurais dû venir te voir bien avant, mais je crois qu’inconsciemment, je repoussais l’échéance. »
Tandis que Lyra parlait, Maeve était venu se coller à Dacey, l'incitant à avancer, mais Dacey se pencha et prit l'enfant dans ses bras, qui au final, ne se fit pas prier et posa sa tête sur l'épaule de sa mère. Prenant la main de sa soeur, elle était décidée à la rassurer et surtout lui donner des conseils qu'elle pourra suivre ou non. Il appartenait à Lyra de se faire sa propre place d'émissaire.
- Tu seras parfaite, j'en ai la certitude, les Reeds nous ressemblent bien plus que d'autres maisons du Nord. Ils seront t'accueillir et t'écouter, puis surtout si la réponse est négative, ne pense pas que tu as échoué, le but ultime de cette rencontre est de juger nos rapports avec cette famille et tu y parviendras sans soucis, même, tu les surprendras avec ta douceur.
Oui, c'était certain que Lyra était loin d'avoir le même caractère que Dacey, et encore moins de la matriarche de la maison Mormont. Même si d'un certain sens ce qu'elle avait vécu sur les Îles de fer lui avait brisé une étincelle dans son regard, une lueur que Dacey espérait revoir un jour, comme celle qui brillait dans le regard de Maeve, Lyra avait grandi et pourtant, elle reste la douceur de l'île aux ours.
- Pour ce qui est de l'idée des fiançailles, j'avoue que si Mère songeait vraiment à lier nos - deux familles, elles auraient proposé une de ces filles aptes au mariage et non celle qui n'a pas encore saigné.
Dacey restait sceptique sur cette idée, n'admettant pas qu'on puisse fiancer des enfants qui ne devraient pas songer à un futur mariage et un départ de sa maison, mais plus à savourer la vie auprès des siens. Oui, il était clair que Dacey était contre cette proposition, mais elle s'imaginait comme elle l'avait si bien souligné à Lyra qu'il s'agissait surement de politique, une idée surement proposée par ses conseillers.
- Alors ne t'inquiète pas au sujet de Lyanna, si les fiançailles sont acceptées, il y aura bien des années à passer et si en grandissant, elle ne veut pas s'unir au jeune Reed, bah le mariage ne se fera pas, voilà tout. Là, tu vas juste évoquer une idée de lien entre les deux maisons, tu n'imposes pas un mariage à Lyanna. Nous sommes des Mormont et personne ne peut nous imposer une chose qu'on n'a pas envie de faire, si on agit, c'est qu'on l'a décidée.
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