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I can’t see clearly when you’re gone | ft Manfred
l'abeille rêveuse
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Mielbois,
An 304, lune 1, semaine 4
An 304, lune 1, semaine 4
Naerys s’était enfermée dans sa chambre, les mains tremblantes elle avait attrapé un parchemin et une plume pour écrire. Cela faisait une semaine que Mielbois était occupé par des hommes portant la bannière du Dragon de l’Est, une semaine qu’elle avait été témoin de la mort de sa petite sœur, une semaine qu’elle ne pouvait plus dormir seule, ses nuits étaient hantées par d’horrible cauchemars. Elle avait envie de voir Manfred, elle avait l’impression que si son cousin revenait tout rentrerait dans l’ordre... Alors elle avait décidé de lui écrire, sans être sûr que le corbeau pourrait partir.
« Manny,
Je m’excuse si cette lettre est difficilement décryptable à cause des larmes qui auraient coulé sûr le parchemin et fait baver l’encre. Mais rien ne va à la maison. Je ne sais même pas par où commencer.
Il y a une semaine Mielbois a été attaqué. *zone indéchiffrable* Masha n’a pas survécu... j’ai essayé de la sauver, de faire comme tu m’avais appris. *zone indéchiffrable* Elle est morte, Manny... j’ai si mal, j’ai si peur. J’ai tellement besoin de toi, rentre à la maison s’il te plait. *zone indéchiffrable*. Ta mère va bien mais comme nous tous elle est sous le choc. Je ne sais pas ce que nous réserve l’avenir.
Les hommes disent que si grand père ploie le genou devant Viserys qu’ils nous libéreront mais ça veut dire se battre contre nos amis. Je ne sais pas ce qu’il va décider... ils ont tué Masha mais ils nous retiennent prisonniers. *zone indéchiffrable* Je suis perdue et j’ai peur. Je sais même pas si ce corbeau va te parvenir, je l’espère.
Tu nous manques,
Naerys.»
Le corbeau partirait plusieurs semaines plus tard, une fois que Waryn a plié le genou face au pro Viserys permettant de libérer Mielbois et de joindre les forces des Essaims au force de Bandallon, Rubriant et Noircouronnes.
Envoi réel : 304, lune 4, semaine 4
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Correspondance avec Naerys des Essaims
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304, lune 11, semaine 1
Le corbeau venait de Mielbois et était assez ancien. Qu’il l’ait tenait presque du miracle : il avait eu du mal à franchir le Bief et le Conflans, et son auteur n’avait manifestement aucune idée d’où il se trouvait après être passé à Castel-Lychester. Une chance que le seigneur des lieux ait été un pro-Viserys : il avait évidemment fait le lien avec le chevalier errant et qu’il avait engagé et le septième manteau de la garde émeraude. Mais cela avait pris du temps ; finalement, il ne l’avait reçu que six lunes plus tard. C’est ce que le mestre avait dit en lui apportant. Pas le grand mestre, évidemment, juste celui de lord Gerold, mais Manfred voulait bien parier que ledit grand mestre avait lu le courrier et que le roi et le conseil avait sans doute entendu parler de son contenu. L’écriture lui avait semblé être celle de Naerys. Pas illogique. A part elle et sa mère, personne ne lui écrivait régulièrement de Mielbois et sa cousine était la dernière personne à qui il avait écrit avant d’arriver à Castel-Lychester.
La lettre l’avait glacée. Manfred avait appris que Mielbois était tombé, mais n’avait pas su dans quelle circonstance. La nouvelle de la mort de Masha, la petite sœur de Naerys, le heurta violemment. Il ne pouvait que deviner, mais il ne pensait pas se tromper en se disant qu’un de leurs soldats l’avait assassinée. Une enfant…bien sûr, la guerre était toujours difficile et jamais propre. Mais une enfant ! Non, c’était révoltant. Et pour la première fois depuis qu’il avait rejoint le service de Viserys, il aurait voulu, non se révolter et contester, mais être ailleurs pour rassurer sa cousine et voir sa famille. Pour la première fois, il était écartelé entre ses origines et son statut de Garde Royal. Pour la première fois, aussi, il se sentait désespéré. La dernière chose qu’il voulait était de passer pour un monstre au service d’un bourreau ; mais comment convaincre les Des Essaims, comment convaincre Naerys, une enfant, qu’ils avaient bien fait et qu’il ne servait à rien d’avoir peur ? Qu’ils n’étaient pas des monstres, justement ? Ce n’est que très hésitant et très triste qu’il prit enfin la plume pour répondre.
Naerys,
Pardonne mon silence, si tu le peux : ce n’était pas de l’indifférence face aux malheurs qui touchent Mielbois. Les corbeaux parviennent difficilement là où je suis et ta lettre a mis du temps à me trouver. J’en prends à peine connaissance et je n’ai pas les mots pour te répondre. Je voudrais être là pour te serrer dans mes bras. Je suis tellement désolé pour Masha, je sais que c’est injuste. En tout cas ce n’est pas ta faute et il ne faut pas que tu le penses. Moi je sais que tu as fait ce que tu as pu. Si tu t’en sens capable, est-ce que tu veux essayer de me dire, si tu le sais, ce qu’il s’est passé précisément ?
J’ai pu apprendre que lord Warryn avait accepté de se rallier depuis ta lettre. Comment vas-tu maintenant ? Comment allez-vous, tous ?
Je voudrais te dire que je vais revenir dans les jours ou dans la semaine qui suit. Je ne le peux pas, pour l’instant, même si je sais que cette réponse doit te sembler cruelle et décevante. Mes pas m’ont mené à Goeville, et Viserys m’a nommé dans sa Garde après la bataille. Je ne sais comment tu prendras cela ni si tu peux l’approuver ou le comprendre. Je me doute que cela doit être difficile et je me doute que ce n’est pas ce que tu voudrais lire, non plus. Mais le roi a été bon pour moi. Son dragon m’a sauvé ; je lui dois tout. Je ne pouvais faire autrement, c’est tout ce que je peux dire. J’espère que tu comprendras, au moins lorsque tu seras plus grande, même si je sais que tu détestes quand on te dit ce genre de chose.
Pour l’instant, le siège m’empêche de partir ou de demander à vous rejoindre. Mais je suis heureux, malgré les circonstances, que nous soyons au moins dans le même camps, même si ce n’est pas ce que ce que lord Warryn envisageait à l’origine. Cela veut dire que nous n’aurons pas à nous battre et que je ne suis pas dans un camp opposé aux vôtres. Porte-lui la nouvelle de ma part, si tu veux bien. S’il veut m’écrire, qu’il le fasse.
Quant à moi, si tu veux m’en dire plus, ou si ton grand-père veut le faire, je plaiderai votre cause auprès du roi dès que j’en aurais l’occasion. Je ne crois pas qu’il approuve la mort de notre cousine. Je tenterai de lui demander qu’une enquête et de me laisser la mener pour son compte dès que nous aurons gagné le siège et/ou que nous pourrons quitter Goeville pour le Bief. Je crois qu’il me l’accordera. Comme je le disais, il a été bon pour moi et on ne saurait le comparer à Rhaegar et à la cruauté dont il a fait preuve à Chutebourg.
J’espère que cela viendra bientôt et que je pourrais me rendre parmi vous au moins pour un temps.
Écris-moi à Goeville si tu le souhaites et si tu n’es pas trop fâchée contre moi, Naerys. Je t’en prie, ne le sois pas. Jamais rien de ce que j’ai fait n’a été dans l’intention de vous trahir. Et si ma loyauté va au roi, cela ne veut pas dire que je ne vous aime plus ou que vous n’êtes plus rien pour moi, ni que j’approuve la mort de Masha. Comme je te le disais, je ne crois pas non plus que le roi l’approuvera… Écris moi, je t’en prie, moi je ne cesserai pas de penser à vous. Et cette fois je répondrai plus vite, maintenant que tes corbeaux sauront où me trouver…
Embrasse ma mère et mes grands-parents pour moi, et prends soin de toi, petite cousine. Vous me manquez aussi,
Manny
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@Naerys Des Essaims
Le corbeau venait de Mielbois et était assez ancien. Qu’il l’ait tenait presque du miracle : il avait eu du mal à franchir le Bief et le Conflans, et son auteur n’avait manifestement aucune idée d’où il se trouvait après être passé à Castel-Lychester. Une chance que le seigneur des lieux ait été un pro-Viserys : il avait évidemment fait le lien avec le chevalier errant et qu’il avait engagé et le septième manteau de la garde émeraude. Mais cela avait pris du temps ; finalement, il ne l’avait reçu que six lunes plus tard. C’est ce que le mestre avait dit en lui apportant. Pas le grand mestre, évidemment, juste celui de lord Gerold, mais Manfred voulait bien parier que ledit grand mestre avait lu le courrier et que le roi et le conseil avait sans doute entendu parler de son contenu. L’écriture lui avait semblé être celle de Naerys. Pas illogique. A part elle et sa mère, personne ne lui écrivait régulièrement de Mielbois et sa cousine était la dernière personne à qui il avait écrit avant d’arriver à Castel-Lychester.
La lettre l’avait glacée. Manfred avait appris que Mielbois était tombé, mais n’avait pas su dans quelle circonstance. La nouvelle de la mort de Masha, la petite sœur de Naerys, le heurta violemment. Il ne pouvait que deviner, mais il ne pensait pas se tromper en se disant qu’un de leurs soldats l’avait assassinée. Une enfant…bien sûr, la guerre était toujours difficile et jamais propre. Mais une enfant ! Non, c’était révoltant. Et pour la première fois depuis qu’il avait rejoint le service de Viserys, il aurait voulu, non se révolter et contester, mais être ailleurs pour rassurer sa cousine et voir sa famille. Pour la première fois, il était écartelé entre ses origines et son statut de Garde Royal. Pour la première fois, aussi, il se sentait désespéré. La dernière chose qu’il voulait était de passer pour un monstre au service d’un bourreau ; mais comment convaincre les Des Essaims, comment convaincre Naerys, une enfant, qu’ils avaient bien fait et qu’il ne servait à rien d’avoir peur ? Qu’ils n’étaient pas des monstres, justement ? Ce n’est que très hésitant et très triste qu’il prit enfin la plume pour répondre.
Naerys,
Pardonne mon silence, si tu le peux : ce n’était pas de l’indifférence face aux malheurs qui touchent Mielbois. Les corbeaux parviennent difficilement là où je suis et ta lettre a mis du temps à me trouver. J’en prends à peine connaissance et je n’ai pas les mots pour te répondre. Je voudrais être là pour te serrer dans mes bras. Je suis tellement désolé pour Masha, je sais que c’est injuste. En tout cas ce n’est pas ta faute et il ne faut pas que tu le penses. Moi je sais que tu as fait ce que tu as pu. Si tu t’en sens capable, est-ce que tu veux essayer de me dire, si tu le sais, ce qu’il s’est passé précisément ?
J’ai pu apprendre que lord Warryn avait accepté de se rallier depuis ta lettre. Comment vas-tu maintenant ? Comment allez-vous, tous ?
Je voudrais te dire que je vais revenir dans les jours ou dans la semaine qui suit. Je ne le peux pas, pour l’instant, même si je sais que cette réponse doit te sembler cruelle et décevante. Mes pas m’ont mené à Goeville, et Viserys m’a nommé dans sa Garde après la bataille. Je ne sais comment tu prendras cela ni si tu peux l’approuver ou le comprendre. Je me doute que cela doit être difficile et je me doute que ce n’est pas ce que tu voudrais lire, non plus. Mais le roi a été bon pour moi. Son dragon m’a sauvé ; je lui dois tout. Je ne pouvais faire autrement, c’est tout ce que je peux dire. J’espère que tu comprendras, au moins lorsque tu seras plus grande, même si je sais que tu détestes quand on te dit ce genre de chose.
Pour l’instant, le siège m’empêche de partir ou de demander à vous rejoindre. Mais je suis heureux, malgré les circonstances, que nous soyons au moins dans le même camps, même si ce n’est pas ce que ce que lord Warryn envisageait à l’origine. Cela veut dire que nous n’aurons pas à nous battre et que je ne suis pas dans un camp opposé aux vôtres. Porte-lui la nouvelle de ma part, si tu veux bien. S’il veut m’écrire, qu’il le fasse.
Quant à moi, si tu veux m’en dire plus, ou si ton grand-père veut le faire, je plaiderai votre cause auprès du roi dès que j’en aurais l’occasion. Je ne crois pas qu’il approuve la mort de notre cousine. Je tenterai de lui demander qu’une enquête et de me laisser la mener pour son compte dès que nous aurons gagné le siège et/ou que nous pourrons quitter Goeville pour le Bief. Je crois qu’il me l’accordera. Comme je le disais, il a été bon pour moi et on ne saurait le comparer à Rhaegar et à la cruauté dont il a fait preuve à Chutebourg.
J’espère que cela viendra bientôt et que je pourrais me rendre parmi vous au moins pour un temps.
Écris-moi à Goeville si tu le souhaites et si tu n’es pas trop fâchée contre moi, Naerys. Je t’en prie, ne le sois pas. Jamais rien de ce que j’ai fait n’a été dans l’intention de vous trahir. Et si ma loyauté va au roi, cela ne veut pas dire que je ne vous aime plus ou que vous n’êtes plus rien pour moi, ni que j’approuve la mort de Masha. Comme je te le disais, je ne crois pas non plus que le roi l’approuvera… Écris moi, je t’en prie, moi je ne cesserai pas de penser à vous. Et cette fois je répondrai plus vite, maintenant que tes corbeaux sauront où me trouver…
Embrasse ma mère et mes grands-parents pour moi, et prends soin de toi, petite cousine. Vous me manquez aussi,
Manny
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Mielbois,
An 304, lune 11, semaine 3
An 304, lune 11, semaine 3
Cela faisait plus de dix lunes qu’elle avait écrit le corbeau à son cousin. Dix lunes sans réponse. Naerys avait cessé d’espérer ou d’attendre. Probablement que son corbeau n’avait jamais atteint son cousin. Elle ignorait où il se trouvait, s’il était en vie ou pas. Même sa mère l’ignorait, rendant l’absence de réponse être une vraie torture pour les deux ladies de la maison des Essaims. Mais finalement, le mestre arriva vers Naerys lui annonçant qu’elle avait du courrier. Elle avait froncé les sourcils sans comprendre et avait pris le bout de parchemin. Quel n’était pas sa surprise de reconnaître l’écriture de Manfred. Elle dévora le message avec une certaine fébrilité avant de courir dans ses appartements pour lui répondre.
« Manny,
J’avais cessé d’espérer avoir une réponse à ma lettre, pensant que cette dernière ne t’avait jamais trouvé. Je suis plus qu’heureuse de voir que finalement tu as pu l’avoir. Je sais bien que ce n’était pas de l’indifférence et si tu ne répondrais pas c’était probablement parce que ma lettre ne t’était pas parvenu. Me voilà soulagée de savoir que tu l’as finalement reçu.
Ce qu’il s’est passé est devenu assez flou. Tout s’est déroulé si vite, et en pleine nuit. Nous avons été réveillé par le bruit de l’assaut. Père m’a dit de trouver mes sœurs et d’aller nous barricader dans ses appartements avec mère. J’ai rapidement trouvé Sallei puis je suis allée chercher Masha et Leyla. Leyla qui était appeuré m’a rapidement rejoint d’elle-même. Et quand je suis arrivée dans la chambre de Masha, il y avait un soldat. Je ne me rappelle pas s’il avait un emblème, je ne sais pas même s’il était chevalier, probablement pas. Un chevalier n’aurait pas agi de la sorte ! Je me souviens juste de son regard bleu qui glaçait mon sang. Il voulait faire de Masha une otage et je lui a dit de fuir et je me suis jetée bêtement sur lui. Il m’a jeté au sol et je me suis cognée la tête. Mes souvenirs sont assez flous à partir de là. Je crois que j’ai essayé de me relever et de retourner vers lui. Le bruit a étiré des soldats de notre maison qui sont arrivés pour nous défendre. Et quand Masha a essayé de me rejoindre, il a lancé une dague vers elle. Je sais plus comment mais je me suis retrouvée avec une grosse entorse au poignet. Et oncle Alyn m’a récupéré pour me ramener en sécurité dans les appartements de père. Au petit matin, nous avions perdu. Je ne sais pas ce qu’il est advenu de l’assassin, s’il est mort ou s’il est toujours en liberté.
Depuis grand père a ployé le genou pour nous protéger et père est parti à la guerre. Il n’est toujours pas rentré. On ne sait pas s’il est vivant ou mort. J’essaie de ne pas trop y penser mais j’ai peur qu’il ne revienne jamais. Je commence tout juste à me remettre de la mort de ma sœur, je n’ai pas envie de perdre mon père.
Je ne suis pas déçue d’apprendre que tu as rejoint la garde royale du Roi Viserys, comme tu le dis au moins nous ne sommes pas dans des camps différents. Je suis juste triste de savoir qu’on pourra moins se voir désormais que ton devoir va envers lui. Mais je comprends, je suis plus si petite que ça ! Je vais bientôt avoir quatorze ans je te rappelle.
Si le Roi peut donner une justice à la mort de Masha je crois que nous serons tous soulagée. Même si cela ne la ramènera pas, au moins nous saurons que l’homme qui l’a lâchement tué sera puni à la hauteur de son crime s’il n’est pas déjà mort. Peut-être qu’Alyn en sait un peu plus sur cet homme, il se souvient peut-être de plus de détail que moi.
Je vais de ce pas porter de tes nouvelles à ta mère, cela la rassurera. Et dans mon prochain corbeau, je te dirais ce qu’Alyn m’a dit sur l’homme qui a tué ma sœur.
Je t’embrasse Manny,
Naerys. »
@Manfred Flowers
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304, lune 12, semaine 2
Un corbeau pour lui ! Une réponse de Naerys. Manfred avait quasiment arraché le plis de la main du mestre qui le lui avait apporté. Cette fois, il s’attendait à le recevoir et la réponse lui était parvenue tôt. Comme lui, sa cousine devait avoir beaucoup à dire. A la lumière d’une bougie, il parcourut encore et encore les quelques lignes du billets, tour à tour attristé des nouvelles qu’il lisait, rassuré que sa cousine préférée de lui en veuille pas et attendri de ses protestations. Naerys restait la même, à des miles et des cents de distance, et cette constance dans l’état du monde lui redonna un vague sourire dans cette ambiance morose. Il songea avec nostalgie à la façon dont il lui aurait ébouriffé les cheveux s’il avait été à Mielbois et se demanda avec un brin de mélancolie s’il les reverrait un jour. Après la victoire, se dit Manny en s’emparant d’une plume. Lorsqu’ils seraient à Port-Réal. Cela viendrait. Et justice serait rendue aussi. Les Des Essaims verraient qu’ils avaient fait le bon choix.
Naerys,
Je sais, les Sept doivent être avec nous, ou quelque chose comme ça, c’est quasiment un miracle que j’ai reçu ton précédent corbeau. Heureusement que lord Ryger s’est souvenu d’où je partais après être passé par chez lui, à Castel-Lychester…Je suis content d’avoir de tes nouvelles, tu sais. Des nouvelles du Sud nous parviennent, ici, alors forcément, j’ai un peu entendu parler de vous, et j’ai essayé de tendre l’oreille quand j’entendais que Mielbois ou le nom des Essaims évoqué par quelqu’un, mais ce n’est pas pareil…tout ce que j’obtiens comme information est parcellaire dès lorsqu’on dépasse le simple stade d’opération sur les cartes. Enfin, tu vois, cette fois j’ai tenu parole et je t’ai répondu plus tôt !
Je suis vraiment navré, tu sais, en lisant ce que tu m’écris. Ce qui est arrivé à Masha n’est pas juste. Je voudrais être là pour te le dire et te serrer dans mes bras…et je sais que tu ne me croiras pas, mais ce n’est pas ta faute. Tu as été très courageuse et tu as fait ce que tu as pu. Ne t’en veux pas, d’accord ? Ce n’est vraiment pas ta faute.
De mon côté, je vais essayer de me renseigner sur les troupes qui vous ont attaqué ; ça limitera le champ des recherches. Est-ce que tu se souviens des couleurs que portait cet homme ? D’un blason ? Avec ça, et la couleur de ses yeux, s’il n’est pas déjà mort, on pourra peut être le retrouver plus facilement…
Pour ton père, je crains de ne pouvoir te dire précisément ce qu’il en est…je sais que nous avons perdu la seconde bataille, à Trois-Tours, mais je n’ai pas entendu parler de lui plus précisément. Dans un sens, je pense que c’est plutôt une bonne nouvelle, car le décompte des morts nous parvient de façon plutôt complète, malheureusement. Je pense que ton père doit poursuivre la campagne pour le moment et je suis sûr qu’il vous donnera des nouvelles dès qu’il le pourra. Je vais essayer de voir de mon côté si nous avons de ses nouvelles, pour l’instant je ne peux pas t’en dire plus. Je suis sûr qu’il va s’en sortir et qu’il reviendra bientôt. Nos généraux savent ce qu’ils font là-bas, alors je suis sûr que ça ira. (ici, la plume de Manfred s’est faite hésitante. Il faut dire que, lucidement, il sait que Lewyn des Essaims n’est pas un formidable chevalier et qu’il semble avoir peiné à trouver quelque chose de vraiment rassurant à écrire, n’ayant guère d’informations sur les détails de l’attaque de Trois-Tours).
Je sais, je sais que tu es grande et que tu comprends, mais je suis content que tu me l’écrives noir sur blanc, tu ne peux pas savoir. Ne pas avoir de nouvelles, c’est pire que tout et je ne veux pas qu’on ne se parle plus ou qu’on n’ose pas se dire qu’on n’est pas d’accord. Tu vois, il y a bien des adultes qui ne comprendraient pas, justement, et encore plus qui me le reprocheront, je le sais et j’en suis conscient. Ou pire, justement, ils me jugeront sans rien dire, en me classant parmi les traitres. C’est idiot, d’ailleurs : traitre à quoi, à qui ? j’ai fait de mon mieux, c’est tout, et je ne tournerais pas le dos à Viserys alors qu’il m’a sauvé, là où Rhaegar n’a jamais rien fait pour moi. Enfin, peu importe. Je n’y peux rien au jugement, tu me diras, s’ils sont idiots et qu’ils ne savent pas ce que signifie le mot loyauté, eux, mais il n’empêche que ça fait mal d’être jugé par ces idiots…je ferai avec. En tout cas, tu vois, tu es bien plus indulgente, bien plus intelligente, et bien plus grande, oui, que pas mal de gens plus vieux que nous.
Je n’ai pas encore eu l’occasion de parler au Roi de ce qu’il vous est arrivé. Dès que je pourrais, j’essaierais de lui en parler : je ne sais même pas si quelqu’un l’a mis au courant, lui ou lord Gerold Grafton, la Main, sinon je gage que j’en aurais entendu parler. Ceux qui ont fait ça n’en sont probablement pas fiers et doivent se faire tout petits. Il faudrait être une sacrée ordure pour s’en vanter de toute façon. Si le cousin Alyn en sait plus, je veux bien que tu me résumes ce qu’il t’aura dit, oui, et comme ça, j’essaierai d’obtenir une audience pour leur expliquer.
J’attends ton prochain corbeau donc ; prends soin de toi, petite cousine et dis à ma mère que je l’embrasse. Ne vous inquiétez pas pour moi en tout cas. Le blocus nous enferme, mais sinon je n’ai rien à craindre et tôt ou tard, il sera levé. Pour le moment, tout ce que j’ai à faire c’est à prendre mon mal en patience – plus tard, on verra, mais eh, j’en suis déjà à deux batailles, et j’ai survécu à pire que ça.
Prends soin de toi (et pas de bêtises !),
Manny
AVENGEDINCHAINS
@Naerys Des Essaims avec toutes mes excuses pour ce retard nul j'espère que ça te plaira
Un corbeau pour lui ! Une réponse de Naerys. Manfred avait quasiment arraché le plis de la main du mestre qui le lui avait apporté. Cette fois, il s’attendait à le recevoir et la réponse lui était parvenue tôt. Comme lui, sa cousine devait avoir beaucoup à dire. A la lumière d’une bougie, il parcourut encore et encore les quelques lignes du billets, tour à tour attristé des nouvelles qu’il lisait, rassuré que sa cousine préférée de lui en veuille pas et attendri de ses protestations. Naerys restait la même, à des miles et des cents de distance, et cette constance dans l’état du monde lui redonna un vague sourire dans cette ambiance morose. Il songea avec nostalgie à la façon dont il lui aurait ébouriffé les cheveux s’il avait été à Mielbois et se demanda avec un brin de mélancolie s’il les reverrait un jour. Après la victoire, se dit Manny en s’emparant d’une plume. Lorsqu’ils seraient à Port-Réal. Cela viendrait. Et justice serait rendue aussi. Les Des Essaims verraient qu’ils avaient fait le bon choix.
Naerys,
Je sais, les Sept doivent être avec nous, ou quelque chose comme ça, c’est quasiment un miracle que j’ai reçu ton précédent corbeau. Heureusement que lord Ryger s’est souvenu d’où je partais après être passé par chez lui, à Castel-Lychester…Je suis content d’avoir de tes nouvelles, tu sais. Des nouvelles du Sud nous parviennent, ici, alors forcément, j’ai un peu entendu parler de vous, et j’ai essayé de tendre l’oreille quand j’entendais que Mielbois ou le nom des Essaims évoqué par quelqu’un, mais ce n’est pas pareil…tout ce que j’obtiens comme information est parcellaire dès lorsqu’on dépasse le simple stade d’opération sur les cartes. Enfin, tu vois, cette fois j’ai tenu parole et je t’ai répondu plus tôt !
Je suis vraiment navré, tu sais, en lisant ce que tu m’écris. Ce qui est arrivé à Masha n’est pas juste. Je voudrais être là pour te le dire et te serrer dans mes bras…et je sais que tu ne me croiras pas, mais ce n’est pas ta faute. Tu as été très courageuse et tu as fait ce que tu as pu. Ne t’en veux pas, d’accord ? Ce n’est vraiment pas ta faute.
De mon côté, je vais essayer de me renseigner sur les troupes qui vous ont attaqué ; ça limitera le champ des recherches. Est-ce que tu se souviens des couleurs que portait cet homme ? D’un blason ? Avec ça, et la couleur de ses yeux, s’il n’est pas déjà mort, on pourra peut être le retrouver plus facilement…
Pour ton père, je crains de ne pouvoir te dire précisément ce qu’il en est…je sais que nous avons perdu la seconde bataille, à Trois-Tours, mais je n’ai pas entendu parler de lui plus précisément. Dans un sens, je pense que c’est plutôt une bonne nouvelle, car le décompte des morts nous parvient de façon plutôt complète, malheureusement. Je pense que ton père doit poursuivre la campagne pour le moment et je suis sûr qu’il vous donnera des nouvelles dès qu’il le pourra. Je vais essayer de voir de mon côté si nous avons de ses nouvelles, pour l’instant je ne peux pas t’en dire plus. Je suis sûr qu’il va s’en sortir et qu’il reviendra bientôt. Nos généraux savent ce qu’ils font là-bas, alors je suis sûr que ça ira. (ici, la plume de Manfred s’est faite hésitante. Il faut dire que, lucidement, il sait que Lewyn des Essaims n’est pas un formidable chevalier et qu’il semble avoir peiné à trouver quelque chose de vraiment rassurant à écrire, n’ayant guère d’informations sur les détails de l’attaque de Trois-Tours).
Je sais, je sais que tu es grande et que tu comprends, mais je suis content que tu me l’écrives noir sur blanc, tu ne peux pas savoir. Ne pas avoir de nouvelles, c’est pire que tout et je ne veux pas qu’on ne se parle plus ou qu’on n’ose pas se dire qu’on n’est pas d’accord. Tu vois, il y a bien des adultes qui ne comprendraient pas, justement, et encore plus qui me le reprocheront, je le sais et j’en suis conscient. Ou pire, justement, ils me jugeront sans rien dire, en me classant parmi les traitres. C’est idiot, d’ailleurs : traitre à quoi, à qui ? j’ai fait de mon mieux, c’est tout, et je ne tournerais pas le dos à Viserys alors qu’il m’a sauvé, là où Rhaegar n’a jamais rien fait pour moi. Enfin, peu importe. Je n’y peux rien au jugement, tu me diras, s’ils sont idiots et qu’ils ne savent pas ce que signifie le mot loyauté, eux, mais il n’empêche que ça fait mal d’être jugé par ces idiots…je ferai avec. En tout cas, tu vois, tu es bien plus indulgente, bien plus intelligente, et bien plus grande, oui, que pas mal de gens plus vieux que nous.
Je n’ai pas encore eu l’occasion de parler au Roi de ce qu’il vous est arrivé. Dès que je pourrais, j’essaierais de lui en parler : je ne sais même pas si quelqu’un l’a mis au courant, lui ou lord Gerold Grafton, la Main, sinon je gage que j’en aurais entendu parler. Ceux qui ont fait ça n’en sont probablement pas fiers et doivent se faire tout petits. Il faudrait être une sacrée ordure pour s’en vanter de toute façon. Si le cousin Alyn en sait plus, je veux bien que tu me résumes ce qu’il t’aura dit, oui, et comme ça, j’essaierai d’obtenir une audience pour leur expliquer.
J’attends ton prochain corbeau donc ; prends soin de toi, petite cousine et dis à ma mère que je l’embrasse. Ne vous inquiétez pas pour moi en tout cas. Le blocus nous enferme, mais sinon je n’ai rien à craindre et tôt ou tard, il sera levé. Pour le moment, tout ce que j’ai à faire c’est à prendre mon mal en patience – plus tard, on verra, mais eh, j’en suis déjà à deux batailles, et j’ai survécu à pire que ça.
Prends soin de toi (et pas de bêtises !),
Manny
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@Naerys Des Essaims avec toutes mes excuses pour ce retard nul j'espère que ça te plaira
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An 304, lune 13, semaine 1
An 304, lune 13, semaine 1
Le mestre toqua à la porte de la bibliothèque de Mielbois dans laquelle se trouvait la jeune abeille aux cheveux argentés. Elle releva les yeux de sa lecture et vit un bout de parchemin dans la main du vieil homme.
« Un corbeau ? » demanda-t-elle les yeux plein d’espoir.
Il acquiesça d’un léger sourire avant de s’avancer pour lui donner la lette qui lui était destinée. Un large sourire illumina la bouille ronde de Naerys, qui ne tarda pas à faire sauter le sceau de cire maintenant la lettre scellée. Elle n’attendit même pas d’être seule pour entamer la lecture des mots de son cousin qui se trouvait à l’autre bout de Westeros. Aussitôt sa lecture achevée, elle rangea le livre qu’elle lisait, mémorisant le numéro de la page avant de se diriger vers sa chambre pour répondre à son cousin. Une fois installée, elle déboucha son encrier, attrapa du parchemin vierge et sa plume et commença à gratter pour écrire sa réponse.
« Manny,
Cette fois ci j’attendais ta réponse avec impatience, sachant que le corbeau t’avait trouvé. Désormais ce n’est plus un problème et ça de moins à m’inquiéter.
Je sais que ce n’est pas ma faute, mais j’ai se sentiment de culpabilité, à me dire et si j’avais agi différemment, si j’avais eu une arme. Même si je ne sais pas m’en servir, je sais que le bout pointu se plante. J’aurais pu faire au moins le blessé pour gagner du temps… J’arrive à ne plus pleurer mais mon cœur est toujours lourd et elle me manque.
Comme promis j’ai demandé à oncle Alyn. Il n’a pas voulu me répondre, surement pour me protéger… Il me voit encore comme une enfant. Il a juste dit que l’homme n’était plus de ce monde, donc mort. Mais il n’a pas voulu me donner plus d’information, pourtant j’ai insisté. Peut-être trop…
J’espère que tu as raison, et que l’absence de nouvelle soit une bonne nouvelle. Peut-être que je dois me raccrocher à l’adage : noires ailes, noires nouvelles ? Et donc si pas de corbeau venant du sud… c’est que père est toujours en vie. J’ose espérer que c’est cela et que nous aurons bientôt des nouvelles.
Oh les adultes peuvent parfois être plus têtu et bornée que les enfants et moins sage. Tant pis pour eux s’ils ne veulent pas écouter et comprendre, qu’ils restent dans leur bêtise. Toi tu sais ce que tu as fait et pourquoi tu l’as fait. S’ils ne peuvent pas comprendre et bien c’est dommage pour eux. Tu dois la vie à un homme et tu le sers pour le remercier. Ce n’est pas très compliqué à comprendre et à accepter à mes yeux. Ces histoires de loyauté, politique et autre truc me dépassent et je trouve ça nul. Mais père me dirait que je suis trop rêveuse et que je désire vivre dans un monde qui n’existera jamais…
Tu trouveras en plus de mon corbeau une lettre de ta mère. Elle était heureuse de recevoir de tes nouvelles, elle t’embrasse fort elle aussi. Soit prudent surtout et ne fait pas de folie sur les champs de bataille. Je ne veux pas t’enterrer !
Je t’embrasse,
Naerys. »
@Manfred Flowers
┗ Grace and Fury ┛
I spark the flame of the night, And I will melt these chains, And forge them as a crown
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