blood, tears and gold (Kylis)

Ma Dame,

Il m’aurait tant plu de vous délivrer de par cette missive des nouvelles plus heureuses que celles qu’il me faut aujourd’hui vous transmettre. Vous ne pouvez pas ignorer combien la situation au Nord s’est désagrégée depuis notre dernière rencontre. Les sauvageons menacent nos terres, semant la destruction sur leur passage.

Je n’aspire moi-même qu’à me joindre au combat, mais la sagesse m’enjoint de convoquer mon ban, avec le temps et la patience que cela exige. Mes jambes brulent de me porter jusqu’au champ de bataille, mais ma tête s’oppose douloureusement à cet acte irréfléchi. Et alors qu’il me faut contrôler mon désir de porter sur le champ main forte à mes hommes, de premières nouvelles désastreuses commencent à me parvenir.
Des pertes dans nos rangs, voilà ce qui m’a été annoncé et, plus particulièrement des pertes au sein de votre propre sang.

Le temps que cette missive vous parvienne, il se peut que le drame soit déjà parvenu jusqu’à vos oreilles. J’espère que non quand bien même cela serait peut-être préférable, finalement. Il m’est bien douloureux de me saisir d’une plume pour transmettre de pareilles nouvelles. Mon désir aurait été de pouvoir vous transmettre des mots de réconfort de vive-voix, plutôt que de les coucher sur une feuille de papier qui ne manquera guère de leur accorder un caractère à mon sens trop froid et impersonnel.

Votre frère Brandon et votre oncle Mors nous ont quittés. Ils se sont éteins sur le champ de bataille. Leurs derniers instants auront été pour le Nord, pour nous tous. Il m’est avis qu’on ne pourrait imaginer mort plus glorieuse que celle-là, et pourtant, je n’éprouve rien de tel. Il n’y a rien de glorieux dans une telle tragédie.
La mort prend tout et ne laisse rien. Elle m’a déjà dérobé un père et je déplore que vous deviez aujourd’hui faire à votre tour l’expérience d’une aussi douloureuse perte.

Je le regrette mais, comme vous le comprenez bien certainement, il m’est impossible de venir vous retrouver. Ma présence est exigée ailleurs, quand bien même mes pensées demeurent tournées vers vous.
J’entend bien faire honneur à vos honorables frère et oncle en me joignant sous peu à mes forces armées, pour éliminer sans pitié d’aucune sorte la menace sauvageonne.

Ces crimes ne resteront pas impunis. Je m’y engage tant auprès du Nord, qu’auprès de vous.

J’espère qu’en des temps si difficiles, vous trouvez réconfort et soutien auprès de votre famille. Veuillez leur présenter mes plus sincères condoléances.

Prenez grand soin de vous, ma Dame.
J’espère pouvoir vous témoigner bientôt mon affection et ma sollicitude de vive voix.

Affectueusement,
Robb.