Les âmes errent la nuit - Talya x Maerie

# Mer 4 Sep - 22:01

Les âmes errent la nuit

Ou se saoulent de bruit

Talya & Maerie

Il n’était pas dans les habitudes de Maerie d’aller racoler dans les bars attenant à la rue de la Soie. En vérité, elle détestait devoir recourir à cette extrémité. Elle exécrait devoir se glisser par la porte d’une auberge et sentir tous les regards des hommes se tourner vers elle. Elle haïssait devoir s’asseoir près de celui qui semblait le plus riche et prétendre qu’il l’intéressait. Surtout que bien souvent, ces rapprochements ne menaient à rien ; la cible était trop saoule pour penser à se déplacer jusqu’à la maison close. Ou trop alcoolisée pour comprendre que Maerie ne se donnerait pas sans rémunération.

Tout était bien plus simple quand les clients venaient pousser la porte de la maison à la lanterne rouge. Mais pour une étrange raison, les visites se faisaient plus rares. Est-ce que le bordel où officiait Maerie avait perdu sa bonne réputation ? Est-ce que les habitants de Port-Réal s’étaient enfin mis à économiser, au lieu de dilapider leurs cerfs d’argents contre des services immoraux ? Peu importait, le résultat était le même ; les couloirs étaient déserts. La mère de Maerie lui avait alors soufflé l’idée d’aller débaucher des ivrognes. La jeune femme avait grogné, s’y était opposé, mais que pouvait-elle dire ? Elle devait bien manger ; et pour ce faire, il fallait qu’elle soit rentable.

Alors, elle y était allée.

La nuit est bien avancée déjà, quand l’adolescente sort. Le ciel étoilé brillait d’une force particulière, et l’air était doux pour un début d'année. La voilà qui traine des pieds dans la rue éclairée de lumières rouges, grommelle pour elle-même. Elle pousse finalement la porte d’une auberge animée, se glisse à l’intérieur de la grande pièce à l’odeur acre de bière. Parmi les hommes présents, elle en repère immédiatement un ; replet, bien habillé, et yeux déjà vitreux posés avec insistance sur Maerie. Elle s’approche, un masque d’un insolent charme collé sur le visage. Elle s’attable auprès de lui, entame la conversation. Il est inintéressant, il est déjà ivre, et il rit à ses propres blagues d’un rire gras.

Elle n’a pas envie d’être là. Et alors que son regard papillonne sur le reste de l’auberge, dans l’espoir d’une distraction, la porte s’ouvre.

DRACARYS