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[FB] The brightest flame casts the darkest shadow {Liane}

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The brightest flame casts the darkest shadow


« Bel-Accueil | 301, lune 13, semaine 2 »

A nouveau le Nerbosc venait de passer une nuit compliquée. Les derniers jours de voyage et les conversations nombreuses partagées avec les Vance de Bel Accueil avait eu pour résultat de le faire cogiter à nouveau. Pour une fois cependant, il ne s’en était pas trop formalisé, l’étreinte de Marianne l’avait aidé et bientôt, d’ici quelques jours, ils seraient en tête à tête à Castel-Bois et il pourrait se focaliser sur ses progrès. Il lui fallait encore faire quelques efforts là, mais ils lui venaient facilement, tant qu’il n’y avait pas trop d’agitation autour de lui. Il tenait à son amitié avec Liane et elle avait déjà été ébranlée par le passé, il ne souhaitait pas la remettre à mal aussi vite. Il savait qu’on se montrait compréhensif vis à vis de sa situation, mais tout le monde n’avait pas la patience de sa douce Harlton. Peut-être que Diana avait effectivement aidé celle de sa mère, mais quelque chose disait à la Corneille que cela ne s’appliquait pas partout. Il lui avait promis un moment en tête à tête avant qu’ils ne reprennent la route et il comptait bien tenir sa promesse.

Mais avant cela, et bien conscient du caractère de son amie, Lucas eut besoin de s’isoler et trouva refuge dans les écuries auprès de sa jument. Il se vida l’esprit un bon moment de la sorte, en s’occupant de brosser son poil, flatter son encolure. Il était plus concentré sur ses besoins à elle que ses états-d’âmes à lui. Une solution dont il avait abusé jusqu’à son voyage à Lestival et qui dans le fond n’avait pas eu grand succès, mais qui avait le mérite de l’apaiser temporairement. L’émissaire du Conflans regagna finalement l’intérieur de la bâtisse tranquillement, pour rejoindre brièvement ses appartements et partager un moment supplémentaire de calme avec son épouse. Il avait fait tout ce qu’il pouvait faire pour être le plus calme et le plus serein pour ce qui allait venir.

Alors il se dirigea vers un petit salon où un serviteur lui avait indiqué la présence de Liane. Comme il aurait pu le supposer, il la trouva en bonne compagnie, sa fille à ses côtés et une de ses soeurs en pleine lecture à voix haute. Il se racla la gorge, dans l’ouverture de la pièce, pour s’annoncer. “Est-ce que vous m’autoriseriez à vous subtiliser Liane un petit moment ?” demanda-t-il avec un sourire réservé avant d’arrêter son regard sur l’amie en question. “Je m’apprête à faire une petite promenade dehors, je me suis dit que cela pourrait t’intéresser ?” ajouta-t-il plus spécifiquement. Il n’avait aucun souvenir de la jeune femme en train de complimenter l’activité ou d’évoquer sa passion pour l’extérieur, mais s’ils devaient parler de choses sensibles aussi bien pour l’un que pour l’autre, il préférait le faire avec une sensation de liberté que lui offrait l’extérieur. Une pièce d’une demeure qui n’était pas la sienne ne ferait que le faire se sentir plus oppressé encore et c’était tout sauf ce qu’il voulait. Il pivota donc légèrement pour se préparer à repartir dans l’autre sens, son bras droit relevé pour inviter Liane à s’y accrocher et le suivre, un sourire encourageant sur le visage.

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Liane Vance ∞ Lucas Nerbosc
The brightest flame casts the darkest shadow
Assise sur un canapé dans le petit salon donnant sur le flanc ouest du château, j’étais en train de m’adonner à la broderie d’un napperon qui ira prochainement recouvrir l’une des petites commodes dans la chambre de Diana. Des fils d’or et d’ébène représentaient, en son centre, l’emblème assez chargé des Vance de Bel Accueil et, dans le coin inférieur gauche, je prévoyais d’y inscrire les initiales de ma fille. Celle-ci se trouvait d’ailleurs à mes côtés, ses jouets et peluches éparpillés autour d’elle et formant un bien curieux rempart qu’elle semblait, selon son humeur, soit vouloir détruire et tout envoyer voler par terre depuis le canapé, soit s’y cacher. En cet instant, il sembla que Diana appréciait de voir ses jouets tomber avec fracas sur les dalles de pierres. Espiègle, elle en prenait un dans sa petite main, se poussait à l’aide de ses jambes jusqu’au bord du canapé, ce qui m’inquiétait à chaque fois, imaginant le pire, puis desserrait ses petits doigts et le regarder tomber avant soit de rire, soit de me le désigner du doigt avec un « Ooohh ! » tout ébahi.

Plus loin de moi, près du feu de cheminée, Emphyria nous faisait la lecture. Je ne l’écoutais que d’une oreille distraite, mon attention était pour moitié partager sur ma broderie et l’autre moitié sur ce que faisait Diana. Mais il arrivait que, dans ses moments de calmes où elle restait simplement assise contre le canapé et où je faisais une pause dans mon travail pour soulager ma nuque constamment penchée en avant, nous l’écoutions nous parler d’une fable, assez tragique d’ailleurs, sur une jeune fille et ses déboires amoureux.

Je venais d’ailleurs de m’arrêter, posant mon travail sur la petite table à ma gauche et prenant ma Diana sur les genoux lorsque la silhouette de Lucas Nerbosc fit son apparition près de la porte, ouverte, donnant sur le petit salon. La vue de mon meilleur ami m’arracha un radieux sourire, tandis que Diana ne semblait pas même l’avoir remarqué mais qu’Emphyria avait interrompu sa lecture, s’était levée et l’avait salué d’un petit « Bonjour Ser Lucas » accompagné d’une révérence. Sa proposition de sortir me fit vite tourner la tête vers la fenêtre sur ma gauche. Le temps semblait propice à ce genre de promenade et donc, bien que je me sentais bien à l’aise assise ici, je me levais avec Diana dans les bras :

Pourquoi pas ! Après tout je n’ai pas encore pris l’air aujourd’hui. Emphyria ? dis-je en m’approchant d’elle pour lui confier Diana qui manifesta son mécontentement en gigotant : Maman reviens vite ma chérie. Ta tante s’occupera très bien de toi, ajoutais-je en l’embrassant. Emphyria, toute ravie de pouvoir s’occuper de sa nièce, s’évapora à l’étage tandis que j’appelais ma femme de chambre d’une voix forte :

Sara !! Mon manteau, mes gants !! Vite !!

Je m’approchais de Lucas et reniflais soudain son odeur de cheval avec un léger pincement de nez : Je vois que tu as passé du temps aux écuries…Enfin, je vois…Je sens, serait plus exact. Mais qu’importe ! fis-je avec un geste de la main, je suis tellement ravie de t’avoir sous mon toit avec Marianne que je serais prête à te pardonner n’importe quoi !

Ladite Sara apparut soudain, rouge de s’être hâtée, portant mon lourd manteau noir bordé d’un col en fourrure noire et mes gants. Elle m’aida à l’enfiler puis me donna mes gants que je passais rapidement avant de m’accrocher au bras droit de Lucas. Le sourire qu’il avait sur le visage avait tout de celui voulant dire : « Je vais bien ne t’en fais pas ». Je n’étais certes pas son épouse et ne le connaissais pas aussi intimement que Marianne mais cela ne m’empêchais pas de fort bien connaître cet homme qui, lui aussi, me connaissait parfaitement. L’un comme l’autre avions accepté nos différences de caractère, de personnalité, nos écarts aussi et le dernier en date - le mien - avait difficilement trouvé le pardon auprès de la Corneille. Mais aujourd’hui, du temps avait passé et j’aurais tellement voulu pouvoir dire que nous nous étions retrouvés…comme avant. Au-delà de notre altercation passée à Corneilla, il y avait une nouvelle part d’ombre désormais en lui. Inquiète autant pour lui que pour Marianne et le couple qu’ils formaient ensemble, quelle amie serais-je si je choisissais de rester indifférente à son état actuel qui, depuis son arrivée à Bel Accueil, m’avait beaucoup préoccupé ?

Nous sortîmes donc par la porte principale du château afin de nous diriger lentement vers les jardins. Je ne savais par où commencer. Tant de questions surgissaient soudainement dans mon esprit mais je les jugeais toutes trop abruptes pour une entrée en matière. Alors, au lieu de le questionner directement, je choisis une autre entrée en matière et lui parla de mon ressenti, brisant ce silence qui devenait presque gênant et dont je n’avais pas l’habitude entre nous :

Vois-tu cet endroit ? commençais-je en désignant du doigt notre septuaire sur notre droite, au fond du jardin et entouré de deux grands chênes. J’ai connu deux guerres qui ont vu partir et revenir mon grand-père et mon père, en vie et entiers. A chaque fois, je m’y rendais, pendant leur absence et après leur retour. Ma façon sans doute de manifester mon soutien à ceux qui m’importe et qui sont loin de moi. Lorsque la nouvelle me parvint de Salvemer et que Desmond rentra si affreusement blessé, j’en ai voulu au monde entier, jusqu’aux Dieux. Horriblement même tu peux me croire. Mon oncle assassiné, Salvemer dévastée, mon époux grièvement blessé et qui gardera des séquelles à vie. Mais en apprenant ta captivité et celle de Myrielle, repris-je en posant mon autre main libre sur son bras droit, ce que je vais te dire va peut-être te sembler peu digne d’un sujet envers ses Suzerains, mais mes craintes n’allèrent que vers elle, vers Marianne et vers toi…Surtout vers toi… fis-je en serrant légèrement mes doigts autour de son bras. Qu’allait devenir Marianne si elle te perdait ? Et moi ? Certes je suis plus que bien entourée mais tu sais à quel point je chéris notre amitié. Apprendre que tu étais rentré sain et sauf et pouvoir marcher ici avec toi… Je suis si heureuse ! Et pourtant tu me sembles changé...comme absent…Et j’ai vu comment tu t’accroches à ton épouse comme si ta vie en dépendait. Cela ne m’a pas échappé…et cela m’inquiète beaucoup.

Je m’arrêtais pour lui faire face : Je me fais beaucoup de soucis pour toi Lucas.

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The brightest flame casts the darkest shadow


« Bel-Accueil | 301, lune 13, semaine 2 »

L’émissaire du Conflans ne savait pas si l’entrain de Liane était sincère ou si elle saisissait simplement l’opportunité qu’il lui proposait de se retrouver en tête à tête, néanmoins, elle accepta avec plaisir son invitation pour faire quelques pas dehors malgré l’hiver. Au moins la pluie se faisait moins présente dans la région par cette saison. Lucas accueillit sa réponse avec un sourire tranquille. Son regard se posa ensuite sur Emphyria qui récupérait la responsabilité de sa nièce. Cette dernière ne semblait d’ailleurs pas apprécier qu’on la sépare de sa mère sans avoir son mot à dire. Nul doute qu’il s’agissait bien là de la fille de sa mère. Lucas se projeta un instant dans le futur, imaginant Diana adolescente, le portrait craché de Liane au même âge, avec le même caractère et les étincelles que cela pourrait faire entre les deux. Il se demanda si à son tour, il serait un jour confronté à son propre reflet, un fils qu’il aurait avec Marianne et qui aurait le même tempérament que lui. Les portes se remettraient à claquer comme à Corneilla si cela était le cas. Mais père et fils ne resteraient jamais longtemps fachés, du moins il l’espérait. Et avant qu’il ait eu le temps de se perdre dans cette vision, Emphyria se glissait déjà derrière lui pour rejoindre l’étage, la bambine dans les bras, obligeant le Nerbosc à secouer légèrement le visage pour revenir à la réalité.

Puis ce fut au tour de Liane de s’approcher de lui, non sans exagérer le froncement de son nez, théâtrale comme à son habitude, alors qu’elle s’empressait de commenter son odeur. La réflexion lui tira un léger éclat de rire, sincère. Il y avait quelque chose de banal dans cette fausse maltraitance qu’elle lui réservait qui lui rappelait le passé avec une certaine douceur. On ne lui faisait pas de fleurs simplement parce qu’il était un pauvre otage fer-né. Cependant, Liane avoua ne guère s’en soucier tant elle avait plaisir à partager un moment avec lui. Il secoua la tête, faussement dépité. “Cette petite Diana t’a vraiment bien trop adoucie Liane. Avant elle et Desmond, tu aurais exigé de moi que je me lave avant !” ajouta-t-il avec un nouvel éclat de rire. Mais il n’allait pas se plaindre, il n’avait nullement envie de s’atteler à sa toilette une nouvelle fois ce matin. Et de toute manière, une fois dehors, à part le vent frais de l’hiver, plus personne ne sentirait quoi que ce soit. Il laissa donc Liane s’accrocher à son bras, non sans avoir enfilé épais manteau et précieux gants, se contentant de son côté de remonter son col.

Le silence reprit ses droits un instant entre eux, le temps pour les deux conflanais de quitter le palier du château et de s’avancer dans les jardins. Lucas n’avait aucune envie que leur conversation puisse tomber dans les mauvaises oreilles et attendait donc d’être suffisamment à l’écart pour poser ses questions, mais comme bien souvent,  la Vance le battit à plat de couture et engage les hostilités avant qu’il ait eu le temps de dire “ouf”. Elle ralentit le pas et lui désigna le septuaire sur leur droite. Elle commença par évoquer les deux rébellions de leur génération, avant de parler franchement de la bataille de Salvemer. A peine eut-il prononcé ce nom que les yeux verts du chevalier quittèrent le bâtiment religieux pour se perdre sur la poudreuse qu’ils foulaient. Ses machoires se serrèrent alors que les sons et les images de la bataille lui revenait en mémoire. C’était lorsque son oncle s’était effrondré au bout de l’épée d’un fer-né que Lucas s’était montré imprudent. Il avait voulu rendre au barbare la monnaie de sa pièce, mais affaibli, il avait simplement réussi à finir assommé et prisonnier parmi d’autres. Et pendant ce temps, son cousin Robb était tombé. Lucas avait beau être un fervent croyant, il savait que les pouvoirs des Dieux étaient limités dans ces moments là, ils servaient plutôt de réconfort aux épouses laissées derrière. Mais il ne dit rien de cela, continuant d’écouter les propos de Liane. Ce qu’il entendit ne lui fit pas relever la tête bien au contraire, son esprit venait de s’assombrir alors qu’il imaginait Marianne seule à Castel-Bois. Une image à laquelle il avait tant songé depuis sa cellule, bien qu’il s'efforçait toujours de la dessiner avec des traits joyeux plutôt que morte d’angoisse à son propos. Et puis fidèle à elle-même avec son franc-parlé, Liane planta le dernier clou, évoquant l’ombre qu’il était devenu, sa façon de se raccrocher à Marianne comme si sa vie en dépendait. Mais c’était parce que c’était le cas. Il imita Liane en s’arrêtant, non sans lâcher un soupir avant de pivoter légèrement pour faire face à son amie. Il releva doucement le visage. “On se remet d’une blessure Liane. On peut-être choqué par une bataille, mais on est vivant et on rentre chez soit, panser ses plaies avec les siens… Ce n’est pas ce que j’ai vécu Liane. Pendant que tu priais les Sept pour que ton homme revienne, que tu l'as vu revenir, que vous pouviez enterrer vos morts ou que vous pouviez commencer à reconstruire et bien chaque nouveau jour que le soleil faisait en se levant, je me demandais si c’était aujourd’hui que j’allais perdre ma tête…” Il laissa échapper un nouveau soupir. “Tout le monde attendait de moi que j’aille bien en revenant, moi le premier ! Comme si on pouvait clore le chapitre et reprendre là où j’avais laissé ma vie en partant. Mais ça ne marche pas comme ça Liane… Et je l’apprends par la manière dure… et ça fait souffrir Marianne… et je m’en veux terriblement…” Sa main libre vint recouvrir son visage, anxieux et gêné par la situation.

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Liane Vance ∞ Lucas Nerbosc
The brightest flame casts the darkest shadow
Je ne pus que rire franchement à son commentaire au sujet de mon changement. Beaucoup s’accordait à le dire, que ce soit devant moi comme venait de le faire Lucas, ou dans mon dos, mais le mariage puis la maternité m’avaient beaucoup changé. Et pourtant, après mon refus vindicatif à l’encontre de la première union voulue par père et grand-père, je savais que je ne serais plus en droit de refuser la prochaine, sous peine de ne plus « valoir » grand-chose aux yeux des autres familles. Malgré mon statut d’héritière, je prenais de l’âge tandis que mes sœurs deviendraient à leur tour de bons partis à marier. Et finalement, que le choix s’arrête sur un homme avec lequel j’avais presque grandit, qui me connaissait et, chose surprenante, était assez fou pour m’aimer, avait su me faire ouvrir les yeux sur d’autres aspects de la vie, bien plus importante que le paraître et la renommée. L’amour de Desmond avait été contagieux et lorsque mes yeux se posèrent pour la première fois sur Diana, il me sembla qu’un voile de douceur avait recouvert mon coeur, me faisant me rendre compte que je ne serai plus jamais la même et que j’étais en train de changer…dans le bon sens du terme. Je ne pouvais donc pas contredire mon ami de Corneilla et préférais lui administrer une petite tape amicale sur son épaule, en pouffant de rire. Il me connaît décidément bien pensais-je avant de m’agripper à son bras, prête à affronter à ses côtés le froid de l’hiver.

Dehors, bien habillés comme nous étions, le froid me parut moins mordant que d’habitude, à moins que je ne commence à m’habituer à ce climat qui semblait se plaire et prendre ses aises sur Westeros. Mon commentaire au sujet de notre Septuaire, à l’écart dans notre jardin, fut suivi en silence par mon ami mais dès que j’eus prononcé le nom du fief de naissance de mon époux, son regard l’abandonna pour se rabattre sur le sol. Et plus je parlais, plus je sentais une tension parcourir le bras que je tenais pour s’arrêter sur les traits de son visage, crispé par les souvenirs de ce passé que je rappelais aujourd’hui à sa mémoire, haut et fort. Après nous être arrêtés pour nous faire face et que j’eus terminé d’évoquer tout ce que j’avais sur le coeur, sa première réponse me serra la gorge. Il est vrai que, malgré les rébellions passées où participèrent père, grand-père et nos garnisons, et plus récemment, Desmond et Patrek, tout ce qui était important à mes yeux, c’était de les voir revenir en vie et non pas allonger dans une vulgaire carriole de bois, le corps recouvert d’un linceul. J’avais été chanceuse et les Dieux entendirent toujours mes prières car à chaque fois que les bannières de notre maison se faisaient voir à l’horizon, les hommes que j’aimais étaient en vie et entier. Même si Desmond me revint grièvement blessé, au moins était-il de retour et vivant. En revanche, je n’avais jamais parlé, avec aucun d’entre eux, des autres séquelles que peuvent laisser les guerres, des blessures qu’on ne voit pas et que chaque homme porte différemment. Aussi loin que remontaient mes souvenirs, père et grand-père ne me semblaient pas différents à leur retour qu’à leur départ. Desmond, lui, était plein de rancœur et de colère envers les Fers-Nés, ce qu’ils ont fait à Salvemer et envers Jason Mallister, mais autrement, son visage persistait à retrouver de sa chaleur première dès qu’il me voyait, et plus encore lorsqu’il avait notre fille dans les bras. Cependant, l’homme à qui je tenais le bras avait vécu quelque chose de plus ; il avait vécu l’emprisonnement et l’angoisse quotidienne de se dire que chaque jour était potentiellement le dernier de sa vie. Les sourcils froncés, c’est le cœur lourd que j’entendais ses confessions. En le regardant s’ouvrir à moi, non seulement je me retrouvais émue de la confiance qu’il plaçait en moi pour m’avouer ce genre de souvenirs difficiles, mais je ne pouvais que constater que le Lucas Nerbosc que j’avais connu, celui qui avait finir par voir au-delà de l’apparence que je me donnais et à aimer ce qu’il y avait découvert, cet homme-là s’était éteint dans sa cellule sur les Iles de Fer. Désormais, je faisais face à un homme brisé mentalement, revenu certes entier, mais brisé malgré tout. A cet instant, je ne sais pas qui, de la colère contre les Fer-Nés, ou de la compassion envers cet homme, prenait le dessus. Et finalement, c’est vers cette dernière que mon cœur pencha :

J’ignorais que cela s’était passé ainsi. J’imaginais bien que vous ne deviez pas être logé comme des invités de marque, sur ces maudites îles. Mais une telle horreur…Et moi qui ne trouve rien de mieux que de te faire revivre ça par mes paroles trop directes. Pardonnes-moi, fis-je en posant mes mains sur ses épaules, je ne voulais pas te faire souffrir. C’est plutôt tout le contraire ; je voulais comprendre pour pouvoir t’apporter mon aide, mon soutien, aussi minime soit-il. Ne m’en dis pas plus si cela te fait trop de peine. Mais j’espère que tu sais que tu as, ici, une oreille attentive prête à t’écouter à la moindre occasion, si tu en ressens le besoin, repris-je en agrémentant ce commentaire d’un petit clin d’œil complice, destiné à faire réapparaître un semblant de sourire sur les lèvres de mon meilleur ami.

Finalement, nous reprîmes doucement notre promenade : De tous ceux emmenés captifs, je ne connaissais que toi et l’épouse de Patrek. Mais de toi à moi, je ne peux me vanter d’être proche de celle-ci J’ai le sentiment qu’elle jalouse les relations fraternelles que j’entretiens avec son époux. Je lui ai bien évidemment écrit, pour lui signifier mon soulagement de la savoir revenue auprès de Patrek mais le contenu de la lettre restait malgré tout bien différent de celle que j’envoyais, le même jour, à Castel-Bois en apprenant la nouvelle de la libération des otages.

Je soupirais, lâchant un nuage de vapeur entre mes lèvres avant de me retourner vers lui : En as-tu parlé avec Desmond ? Je sais qu’il est peu loquace mais s’il y en a bien un qui peut un tant soit peu comprendre ce que tu as traversé, hormis l’emprisonnement, c’est bien lui…

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« Bel-Accueil | 301, lune 13, semaine 2 »

Il n’était pas facile pour Lucas de revenir sur ce qu’il avait vécu lorsque les fer-nés luttaient à leur manière pour leur indépendance. Il n’en parlait pas. Jamais. Même Marianne n’avait pu lui tirer que quelques phrases sur son séjour, mais avait rapidement compris à son attitude qu’il n’était pas conseillé d’aller plus loin. Cependant, cela faisait quelques semaines qu’il tentait tant bien que mal, surtout mal, il fallait bien l’avouer, de se défaire de ses mauvais réflexes développés quelques temps après son retour. Il ne pouvait pas continuer de se fermer éternellement. Il n’était pas prêt à entrer dans le détail de son quotidien là-bas, dans la complexité de son ressenti sur ce peuple, dont il avait finit par apprécier certains aspects sur la deuxième moitié de son temps en prisonnier. Mais il ne savait guère si ce sentiment était réel ou le simple fruit de son esprit pour s’adapter et ne pas devenir fou. Cela ne changeait guère le fond : qu’il les comprenne un peu mieux ou pas, il ne voulait plus entendre parler d’eux ni avoir à faire à eux. Il voulait que ce chapitre soit clôt une bonne fois pour toute, pour lui et sa région. C’est pourquoi il resta relativement évasif avec Liane également, malgré leur amitié et leurs promesses de franchises. Il lui avait semblé important de souligner que toutes les blessures n’étaient pas visibles et qu’après une guerre, il n’y avait pas que les plaies qui devaient cicatriser. Il lui rappela simplement la réalité de sa situation là-bas, le sentiment que chaque nouveau jour qu’il voyait baigné de soleil (ou de tristes embruns), était son dernier et que le nouveau Roi des Îles de Fer honorerait la réputation de son Donjon Sanglant. Même lorsqu’il avait dîner avec la noblesse fer-née pour célébrer leur libération, il n’y avait pas cru. Son esprit bien trop craintif de se montrer soulagé, de baisser ses gardes, s’était obstiné à voir là une terrible manipulation et un jeu bien cruel des pirates pour les torturer une dernière fois. Non, il n’y avait que ceux avec qui il avait vécu ce quotidien qui pouvait le comprendre, à qui il pouvait parler sans parvenir à utiliser les bons mots. Parce qu’ils avaient traversé cela ensemble, dans la même peur, avec le même courage.

Rapidement, l’aveu de Lucas mena aux excuses de Liane. Ses sourcils se froncèrent à nouveau et il secoua doucement la tête, comme pour dire que cela n’était pas nécessaire. “Sans ta franchise, tu ne serais plus toi-même.” commença-t-il avec un sourire, bien que teinté de tristesse. “J’imagine que je dois tout de même m’estimer chanceux… au-delà des combats, on ne peut pas dire qu’on a été torturé physiquement. Et ils ont tenu leur parole. Nous sommes rentrés en vie. Tout le monde n’a pas pu se targuer du même traitement au cours des dernières générations…” répondit-il légèrement absent, tentant de se convaincre lui-même que le verre n’était pas totalement vide. Les choses auraient pu être encore pire, il est vrai. Son sourire prit des reflets sincères alors que la Vance lui confirmait son amitié de la plus belle des manières. “Merci Liane, ça me touche. Pour l’instant je ne suis pas prêt à aller plus loin je crois… Et je ne sais pas si cela peut sembler idiot, mais je dois à Marianne de m’ouvrir à elle d’abord. Elle a été un tel roc depuis mon retour, malgré mes crises, mes angoisses et mes sautes d’humeur. Si tu savais comme j’ai honte…” Il avait moins de mal à se confier à ce sujet. Il n’avait pas été un bon mari, il n’y avait pas besoin d’avoir de don de divination particulier pour le savoir et il n’en était pas fier. Il ne s’était pas montré digne des promesses faites devant les Sept et les Anciens lorsqu’il avait demandé sa main, puis lorsqu’ils s’étaient promis de s’aimer jusqu’à ce que la mort les sépare.

Les deux amis reprirent doucement leur marche et le froid recommença à souffler sur ses joues. Il ne put retenir un sourire amusé cette fois-ci alors que l’héritière des lieux évoquait l’épouse de Patrek. Myrielle avait un fort tempérament, et Lucas se doutait que si le destin n’avait pas forcé les choses, les rapports seraient probablement restés aux politesses de rigueur entre eux. Mais ils avaient vécu la traversée ensemble, pensant ne jamais pouvoir la faire dans le sens inverse. La jeune femme avait du bien plus craindre son quotidien que lui d’ailleurs, sans avoir peur de perdre sa tête, nul doute qu’elle craignait qu’on n’abuse d’elle d’autres façons tout aussi répugnantes. Ils ne s’étaient pas revus avant Lestival, tout juste aperçu au tournoi et pourtant. Depuis qu’ils avaient repris la route avec Marianne, il avait à nouveau songé à elle, à ce qu’ils avaient en commun, à la facilité qu’aurait les mots à franchir ses lèvres pour lui parler à elle. Il y avait un lien invisible entre eux à présent qui les unirait jusqu’à leur dernier souffle. “Je ne la connais pas encore bien. Il m’a semblé que Patrek l’appréçiait, de ce qu’ils ont pu profiter de leur mariage du moins… Je dois cependant avouer que je ne suis guère étonné parce que tu me décris là. Tu dois reconnaitre Liane que toutes les femmes ne t’apprécient pas forcément instantanément… ta prestance en intimide plus d’une. Et nous parlons là d’une digne lionne de Castral-Roc.” ajouta-t-il avec un discret rire qui se voulait taquin. “Je ne sais pas si c’est de la jalousie à proprement parlé, je pense que Lady Myrielle a assez de choses à songer depuis son retour pour cela… Mais mets-toi à sa place un instant. Elle est la nouvelle dame de Salvemer, et elle tombe face à une lady très assurée qui connait mieux les lieux qu’elle et s’y comporte comme chez elle. Il ne doit pas être évident pour elle de trouver sa place tout simplement, moins encore lorsqu'il s'agit de sa demeure et son mari.” tenta-t-il de justifier pour apaiser les choses avant même qu’elles ne s’enflamment, insistant sur le « et ».

Liane revint quelques secondes en arrière, profitant d’évoquer sa libération pour questionner la Corneille sur son lien avec Desmond et la possibilité de converser avec lui. “Tu parlais de jalousie à l’instant… et je crois que Desmond fut pas mal jaloux de notre amitié, avant même qu’il ne soit question de fiançailles entre vous.” commença-t-il d’une voix qu’il voulu légère pour détendre l’atmosphère, mais qui trahissait tout de même sa tension. “Les choses vont bien mieux aujourd’hui évidemment, nous nous sommes trouvés d’autres points communs, mais je n’ai guère eu le temps de passer du temps avec lui tranquillement finalement, je dois bien le reconnaitre. Si le besoin se fait sentir en tout cas, je te promets que je lui parlerais. Et si ça n’est pas lui, ça sera quelqu’un d’autre. J’ai compris que ma démarche jusque là n’était pas la bonne Liane. Je ne sais pas encore exactement où je vais, mais j’essaie, je te le promets.” conclut-il doucement.

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The brightest flame casts the darkest shadow
Faire preuve de franchise était toujours à double-tranchant. J’ai compris très tôt que dans ce monde, mieux valait parfois tenir sa langue, voire même modifier ses pensées avant de les dire à voix haute pour plaire au plus grand nombre. Seulement, je m’estimais ne pas avoir besoin d’agir dans ce sens. Par ma naissance et mon statut, il n’y avait, pour moi, que ceux de moindres naissances - voire pire encore - qui agissaient ainsi. Evidemment, en prenant de l’âge, j’ai constaté que l’hypocrisie touchait tout le monde, du bâtard au noble, sans exception. Je suis beaucoup de choses mais jamais n’ai-je été et ne serai jamais une hypocrite. Il y avait tout de même certaines personnes qui acceptaient ce côté franc, parfois trop direct, de ma personnalité et celui dont je tenais le bas en faisait parti. Je répondis à son sourire en lui souriant à mon tour avant de le laisser parler, préférant garder le silence. J’étais heureuse qu’il ose enfin s’ouvrir un peu à ce sujet et commençais aussi à réaliser que j’avais sous estimé ce que lui et tant d’autres avaient vécu sur les Îles de Fer. Avec Desmond, nous nous imaginions bien sûr qu’ils ne devaient pas loger dans de belles chambres et jouir du même confort qu’ils ont sur le continent mais mon époux a cru bon de m’épargner ce détail qui m’aurait semblé insignifiant sur le coup, mais qui a toute son importance dans ce genre de situation : les conséquences de pareille captivité sur l’esprit. Lucas se disait avoir été chanceux de n’avoir subi aucun sévices corporels. Ni lui, ni aucun autre otage n’y a eu droit et j’en fus si étonnée que je tournais un regard fort surpris vers mon ami. Les Fer-Nés ont beau être des brutes sans honneur à mes yeux, je pensais vraiment que certains otages avaient été torturés. Pas tous, non, pas ceux ayant le plus de valeur, comme Lucas ou Myrielle. Des brutes oui, mais loin d’être des brutes stupides. Quoi qu’il en soit, il me remercia pour mon soutien et ma preuve d’amitié à son égard. Son visage s’éclaira de sincérité et d’émotions face à mes paroles tout aussi sincères.

Bien sûr, lui répondis-je en souriant, je ne m’offusque pas un instant que tu veuilles d’abord en parler à ton épouse. C’est bien compréhensible crois-moi, et loin d’être idiot, en tout cas pas pour moi. Lucas me permit d’entr’apercevoir une partie de leur vie de couple en m’avouant à demi ne pas avoir été très correct avec elle depuis son retour, alors que la Harlton faisait tout pour le soutenir et l’aider à aller mieux. C’était un aspect de leur vie intime que j’apprenais et, je devais me l’avouer, mais je ne pouvais pas dire à Lucas de ne pas s’inquiéter pour elle, que ce n’est pas grave. C’était d’abord et surtout bien injuste envers elle que de se comporter ainsi mais comme je l’avais remarqué, Marianne a aussi dû constater les changements dans le comportement de son époux.

C’est vrai que c’est injuste envers elle, je ne peux pas te dire le contraire. Mais ce que tu as vécu là-bas t’a changé et il te faudra du temps pour en guérir, une guérison pour laquelle ton mestre ne pourra pas t’aider. Je peux t’aider mais je pense que celle à pouvoir le faire encore mieux que moi reste ton épouse. Elle aussi doit reprendre ses marques avec toi, maintenant que tu lui es revenu. Elle a peut-être encore du mal, peut-être y’a-t-il parfois quelques maladresses aussi de sa part. Je n’en sais rien et honnêtement, c’est votre vie, cela ne me regarde pas, sauf si l’un de vous souhaite m’en parler. Mais ce que je sais, c’est que vous vous aimez et que Marianne est plus forte qu’on ne le pense. Tu l’as qualifié de roc et je pense qu’il n’y a pas meilleur terme pour elle et votre couple. C’est une femme solide ; elle saura t’aider j’en suis convaincue.

J’avais dit tout cela alors que nous nous étions remis à déambuler dans les jardins de Bel Accueil et que la conversation avait ensuite dévié sur les relations entre Myrielle et moi ainsi que celles entre Lucas et Desmond. Mon ami de Corneilla m’offrit un point de vue de Myrielle Lannister que j’avais une fois eu dans le passé. Avant de quitter Salvemer suite à son mariage avec Patrek, je me suis dit de lui laisser une chance de mieux la connaître, peut-être même d’en faire une amie. Mais Lucas avait réussi à tout résumer en disant cinq mots : « digne Lionne de Castral-Roc ». Cela, combiné au fait que nous avions sensiblement le même caractère, n’était pas encourageant pour lui laisser cette chance que je m’étais promise de lui laisser. Et puis il y eu la prise d’otage et depuis qu’elle est de retour à Salvemer, c’était à peine si nous nous étions échangés deux corbeaux. Lucas tu as la sagesse que je n’ai pas, lui lançais en riant légèrement et en relevant la tête vers lui. Je crois que nous sommes dans une impasse, elle et moi. Nous avons le même caractère et nous sommes fières, trop je pense pour oser faire un pas vers l’autre ; moi de lui proposer mon aide et elle de me le demander. Je m’en tiens à de simples politesses pour le moment mais si je dois l’aider, à mon avis la demande se fera de la part de Patrek ou de quelqu’un de son entourage, mais pas de la Lionne directement.

Jalousie ? Peut-être y en avait-il un peu des deux côtés ; Myrielle n’acceptant probablement pas la relation très fraternelle entre son époux et moi, tandis que je n’aimais guère qu’une étrangère au Conflans vive à ses côtés et sous ce toit que j’aime tout autant que Bel Accueil. Et en parlant de jalousie, Lucas poursuivit en parlant de Desmond. Notre discussion devenait plus légère même si, sur ce dernier point, il me sembla que Lucas était un peu plus tendu que lorsqu’il était question de Myrielle. Ne crois pas, déclarais-je en me rapprochant de lui, sois en certain qu’il ne t’appréciait pas au début. Il te vouait le respect qu’il t’ait dû en tant que Nerbosc mais il n’aimait pas notre proximité. Il est comme ça ; c’est dans sa nature, mais je dois avouer avoir été flattée que ça le mette dans tout ses états, confiais-je d’un air espiègle. Cependant tu as bien vu qu’il avait un bon fond et je suis heureuse d’entendre que vous vous entendez bien.

Nous étions arrivés à l’extrémité sud du jardin. Une bourrasque de vent vint soudain soulever nos capes ce qui me fis frissonner de froid. Viens, faisons demi-tour et rentrons nous réchauffer près du feu, proposais-je. En tout cas, je suis fière de toi. Le fait que tu aies pris conscience de ta situation et des progrès qu’il te reste à faire pour vivre à nouveau normalement est un grand pas en avant pour toi et ton couple. Tu es sur la bonne voie, sois en certain.
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« Bel-Accueil | 301, lune 13, semaine 2 »

La promenade se montrait vivifiante, de par les températures fraîches qui leur cinglaient les joues, mais également par leurs discours francs sur des plaies douloureuses. Il n’était pas évident pour Lucas de se confier sur le sujet, pourtant, il ne pouvait résister à la franchise de son amie. Une amitié qui avait faillit se briser à cause de mensonges et de non-dits, alors il tentait d’honorer comme il le pouvait la promesse qu’ils s’étaient faites à ce moment là pour qu’une telle situation ne se reproduise plus jamais, il en allait de la survie de leur relation, la Corneille en avait bien conscience. Il ne masqua cependant pas son envie de réserver les premières conversations plus profondes de ce sujet pour son épouse lorsqu’il se sentirait totalement prêt à le faire, pour tenter de ressembler un peu plus au mari qu’il lui avait promis d’être lorsqu’il avait demandé sa main. Et c’est un véritable sourire aimable qu’il afficha à la réponse de Liane qui marquait sa compréhension et le respect de son choix. Mais comme il avait évoqué la situation entre lui et son épouse, son amie Vance ne s’était pas retenue de donner son avis sur la chose également. Vu comme la brune avait commencé, Lucas avait craint un instant qu’elle ne l’enfonce, mais ses mots furent on ne peut plus juste, résonnant au plus profond de son être. Il hocha plusieurs fois la tête par la positive. “Je ne doute pas de sa force. J’espère simplement que son amour pour moi ne s’est pas envolé, épuisé par mes angoisses.” expliqua-t-il avec un haussement d’épaules. “Mais dès que nous serons rentrés chez nous, je compte bien faire de mon mieux pour remédier à tout cela, m’ouvrir un peu plus oui, en espérant que cela suffira pour commencer. Parce que s’il y a bien une chose qui n’a pas changé en moi après cette captivité, c’est bien tout l’amour qu’elle suscite en moi…” ajouta-t-il d’une voix un peu plus distante, presque comme s’il le disait plus pour lui-même, mettant pour la première fois des mots sur ce sentiment, plutôt qu’adressés à Liane.

La discussion prit des airs un peu plus légers pour le chevalier des Anciens Dieux alors que Liane évoquait son lien pour le moins compliqué avec la Lionne qu’avait épousé Patrek. Lucas s’était montré franc en évoquant le caractère pour le moins rare chez les Lady que possédaient Liane, et il n’avait pu retenir certains sourires amusés par la situation. Il appréhendait néanmoins la réaction de son amie face à ses propos aussi sincères, mais cette dernière sembla les entendres de la bonne façon. Son sourire se fit plus grand, alors qu’il baissait un instant son visage barbu vers le sol qu’ils continuaient de fouler tranquillement. C’était rarement lui le Nerbosc qu’on qualifiait de sage, ce compliment allait plutôt à Tytos ou à Hoster. Il était normalement celui qu’on disait aimable, bienveillant, drôle, toujours souriant. Mais ça, c’était avant. Il ne savait plus vraiment quel rôle il aurait à l’avenir, quelque chose dont il discuterait avec son père lorsqu’il se rendrait à Corneilla. “Hélas, nous avons tous nos défauts.” commença-t-il à dire avec un nouveau rire léger. “Mais si la demande d’aide se fait à la fin, ça sera l’essentiel non ? Quelle voix l’on entend, est-ce vraiment important pour deux femmes comme vous ? En tout cas, je reste persuadé qu’il serait positif pour la Lionne de savoir qu’elle a des amies dans cette région sur qui elle peut s’appuyer et compter. Et je crois que tu ne regretterais pas de l’avoir dans tes amies. Mais comme tu le dis si bien, vous vous ressemblez étrangement. Alors je crois qu’il ne pourra jamais y avoir de gris entre vous, les choses seront bien blanches ou vouées à rester noires.” énonça-t-il un peu plus tristement.

Comme Lucas ne put empêcher une comparaison avec sa propre relation avec Desmond, il s’attendait à découvrir une Liane surprise de sa révélation, mais cela fut tout le contraire, et ce fut donc chez lui que la surprise fut palpable. “Tu le savais ?!” demanda-t-il précipitamment alors qu’elle confirmait son soupçon. Mais alors que la Vance avouait qu’elle s’était sentie flattée par la chose, Lucas secoua la tête par la négative, retrouvant son sourire. Il n’était finalement plus tant étonné que ça, une fois les choses bien considérées. “Il a un bon fond oui, et surtout, il te rend heureuse Liane.” ajouta-t-il avec un regard bienveillant sur son amie. Comme ils avaient atteint le bout du jardin, l’héritière de Bel Accueil invita l’émissaire à faire demi-tour pour retrouver le chaud et le confort de sa demeure. A présent habituée à l’humidité des cellules de Pyk, Lucas ne ressentait plus le froid de la même façon, néanmoins, il ne protesta pas. “Merci Liane.” dit-il simplement avec un sourire sincère, son regard ancré dans le sien, avant qu’ils ne recommencent à marcher. Son soutien et ses encouragements le touchaient profondément.

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Mon bras enroulé autour du sien, j’entendais en silence ce qui avait pour moi tout l’air d’une confession de la part de mon ami. Je hochais par intermittence doucement le tête, afin de lui montrer que j’entendais bien ses propos et les comprenais. Enfin…comprenais, pas en intégralité. Il y a cette partie de la vie de Lucas Nerbosc que je ne pourrais jamais comprendre. Je ne pourrais jamais comprendre ce que cela fait d’être retenu en otage sur des îles ennemies, ni voir des proches, des amis, des frères d’armes tombés à mes côtés au combat, passés au fer de l’ennemi, ni se demander si aujourd’hui sera mon dernier jour ou si mon geôlier me permettra de vivre une journée de plus loin des miens, chaque jour qui passe me rongeant intérieurement par la peur et la trop grande proximité de la mort près de moi. Je n’osais trop questionner Desmond au sujet de ce qu’il s’était passé ce jour-là à Salvemer. Avait-il combattu auprès de Lucas ? L’avait-il vu être emmené captif par les Fer-Nés avant de perdre connaissance des suites de sa grave blessure au bras droit ? Je savais que mon époux avait vécu l’horreur du combat sur les terres où il était né et avait grandi, mais, s’il était évident que Desmond partageait lui aussi quelques souvenirs en commun avec Lucas, il se gardait bien de me les révéler, pour me protéger, m’épargner des cauchemars qu’il faisait peut-être lui-même encore aujourd’hui ou pour je ne savais quelle autre raison encore et je le remerciais pour cela. Aussi, je ne pouvais de mon côté céder à la curiosité, presque malsaine et déplacée, de le questionner sur ce sujet qu’il choisissait de me taire volontairement. Ce ne sont que les quelques confessions de Lucas qui me donnèrent un peu plus de détails et de matière à penser sur ce qu’ils avaient tous les deux vécus. En revanche, je pouvais comprendre aisément ce qu’il me disait au sujet de Marianne Harlton.

Dès le moment où j’avais fait sa connaissance, j’avais, comme probablement beaucoup d’autres personnes avant moi, remarqué son extrême gentillesse et sa politesse. Je m’étais alors demandée s’il était possible que quelqu’un puisse haïr pareil coeur pur comme le sien car moi-même, qui suis pourtant loin de dispenser pareils sentiments dès les premiers contacts que je noue avec de nouvelles connaissances, je m’étais sentie à l’aise à ses côtés. La dame et Seigneur de Castel-Bois avait en elle ce petit quelque chose qui vous faisait vous sentir bien, peu importe dans quel état d’esprit vous pouviez vous trouver avant de la voir. Une force, en quelque sorte, propre à elle. Et lorsque j’avais appris l’inclinaison de mon meilleur ami pour la Harlton, et que, visiblement, cette inclinaison était réciproque, je n’avais pu m’empêcher de me réjouir pour elle comme pour lui. Je savais qu’ils formeraient un couple heureux et uni, dans le bonheur comme dans les épreuves les plus difficiles de la vie. La captivité de Lucas fut une de ces épreuves difficiles. J’avais régulièrement pris des nouvelles de Marianne mais jamais une seule fois ne l’avais-je vu totalement faiblir ou abandonner tout espoir. Elle ne se montrait ni optimiste, ni pessimiste ; elle faisait front tout simplement et gardait son chagrin pour elle plutôt que de le laisser voir aux autres ou transparaître dans les lettres qu’elle me renvoyait. Je restais donc confiante en leur avenir, y compris aujourd’hui, maintenant que Lucas était de retour et qu’il me confiait ses difficultés à retrouver le cours de sa vie d’homme et d’époux. Je lui souris et lui serrais doucement le bras de ma main libre :

Voilà une excellente résolution mon ami, commentais-je en souriant. Ensemble, vous parviendrez à vous guérir l’un l’autre.

J’étais presque émue par la touchante confession de Lucas mais je choisis de rester discrète et de ne rien relever de tout ce qu’il se permit de me dire, que ce soit inconsciemment ou non. Il venait, peut-être sans le vouloir, de m’ouvrir une partie de son coeur et de ce qu’il ressentait au plus profond de lui pour Marianne. L’émotion était palpable chez lui et elle en fut suffisamment forte pour être communicative et m’émouvoir à mon tour. C’est peut-être aussi pour cela que je choisis de me taire, trop émue et bouleversée pour trouver les mots adéquats face à ce genre de confidence.

Au détour d’une allée, le ton redevint cependant plus léger, tombant sur l’épineux sujet de Myrielle Lannister, l’épouse de Patrek. Sa captivité nous avait bien sûr fort affectée à Bel Accueil car elle aggravait plus encore les épreuves que devaient surmonter, seul, mon frère de cœur Patrek Mallister. Voir Salvemer dévaster, son père assassiner, son épouse enlever et devenir par la force et la cruauté des événements le Seigneur de Salvemer…Le pauvre avait dû endurer tout cela seul, entouré seulement de ces hommes qu’il lui restait. Pas même Desmond ne pouvait le rejoindre, lui qui se remettait alors seulement de ses blessures et se trouvait en pleine période de convalescence. Il dû donc se contenter de notre soutien à distance mais, quand bien même je n’avais jusqu’alors jamais été proche de Myrielle, je ne souhaitais pas sa perte. Je me trouvais inquiète pour elle et pour sa survie parmi ces barbares. Mais Lucas, lui, me connaissait parfaitement bien. Il savait qu’il n’y avait jamais de juste milieu dans mes relations et il l’énonça clairement.

Je ne peux qu’être d’accord avec toi, lui répondis-je en tournant un regard mi-sérieux mi-amusé vers lui. Il faut dire aussi que nous n’avons pas réellement eu de moment entre nous pour faire plus ample connaissance. Mais peut-être que cela viendra encore. Pour l’heure, si je dois assigner une couleur à Lady Myrielle…je marquais un temps d’arrêt, réfléchissant intérieurement. Disons que je lui donne le blanc. Blanc parce que je dois bien cela à Patrek, parce que je lui laisse le bénéfice du doute et parce que, selon une personne qui m’est chère, je ne regretterais pas d’avoir une Lionne dans mes amis… ! fis-je en lui lançant un petit clin d’œil amusé, suivi d’un léger rire : Oh tu n’as pas idée à quel point ! Il n’aimait pas du tout notre proximité. Mais c’est un homme bon, honorable, loyal et qui ose me défier ! rajoutais-je en repensant au nombre de fois où il me tenait tête. J’aime mieux cela qu’un agneau craignant de me froisser en me tenant tête. Il me fallait un homme comme lui ; un homme de caractère. Je suis comblée à ses côtés, plus encore maintenant que nous avons Diana.

Et puis le moment était venu pour nous de rentrer…du moins pour moi qui m’étais mise à frissonner. Plus encore que de l’entendre accepté de revenir sur nos pas et donc de penser à la chaleur du salon que j’avais quitté pour cette promenade, ce Merci Liane me réchauffa de l’intérieur. Je le remerciais à mon tour d’une légère inclinaison de la tête et d’un chaleureux sourire. J’avais l’impression de l’avoir libéré d’un poids invisible car il me sembla plus détendu et ce fut pour moi d’une grande satisfaction que d’observer ce résultat.
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Lucas voulait sincèrement croire en l’avenir de son couple. Les choses étaient loin d’être réglées, mais il avait repris un peu espoir suite à ses retrouvailles avec Marianne après sa participation au tournoi. C’est pourquoi il en doutait encore. Il savait bien qu’il y aurait des rechutes de sa part, que cette partie n’était pas gagnée d’avance. Et il avait bien conscience d’avoir besoin de la Harlton pour avancer plus loin. Il craignait que son épouse ne se lasse de ce cycle de progrès et de rechutes à venir. S’il savait son coeur pur et bienveillant, il n’ignorait rien des épreuves qu’elle avait déjà vécu et ne pourrait en vouloir à son épouse de chercher à se préserver. Néanmoins, face à ces quelques aveux, Liane se montra plutôt optimiste et encourageante, félicitant les bonnes résolutions de son ami, et renouvelant la confiance qu’elle avait vis à vis de leur couple. L’avantage avec l’héritière des Vance était que le Nerbosc savait qu’elle ne lui disait pas cela simplement pour lui faire plaisir ou politesse mais parce qu’elle le pensait. C’est pourquoi le chevalier de Corneilla se contenta d’accueillir sa réponse avec un sourire soulagé, baissant le visage quelques instants vers le sol pour contenir son émotion.

L’espoir n’émergeait pas que du côté de la Corneille puisque lorsque quelques instants plus tard il fut question de Myrielle Lannister. Comme Lucas avait pu s’en douter, la relation entre les deux femmes était assez complexe. Mais les réflexes de l’habituel médiateur étaient encore tenaces puisque presque malgré lui, Lucas ne put s’empêcher de prêcher la paix entre les deux jeunes femmes, rappelant leurs fort caractère en commun et le contexte pour le moins particulier pour la Lannister. Malgré son manque de pratique ces deux dernières années à l’exercice, ses paroles semblèrent faire mouche chez son amie, qui ne prit pas mal ses réflexions et y accorda même un certain crédit. Et le Nerbosc laissa échapper sans s’en rendre compte un léger soupir de soulagement alors que Liane concédait à laisser le bénéfice du doute à l’épouse Mallister. Lucas pinça vite les lèvres, se rendant finalement compte de son égarement, et s’empressa de sourire, bienveillant, alors que son regard quittait à nouveau la route pour observer Liane. “Je suis certain que tu ne le regretteras pas Liane. Et nul doute que Patrek t’en sauras aussi gré que moi.” ajouta-t-il finalement en répondant à son clin d’oeil de manière un peu plus modeste.

Elle lui tira quelques éclats de rire légers, des sons qu’il n’était habitué à entendre émanant de lui. Il pris quelques secondes pour les savourer et apprécier la légèreté de son esprit en cet instant. Si le printemps était signe de renouveau pour la plupart des gens, l’hiver n’effrayait pas Lucas. La neige permettait de donner un aspect neuf à la vie. Si tout était blanc, alors tout restait à faire et tout était possible. Le Nerbosc voulait y croire, d’autant plus revigoré par ses récentes résolutions. “Tu me vois heureux de l’entendre… et j’espère qu’il ne prendra pas offense pour se bras enroulé autour du mien !” conclut-il simplement sur un ton de plaisanterie. Comme le silence était à nouveau devenu maître entre eux, alors qu’ils faisaient demi-tour en direction de la maison et de son agréable chaleur, Lucas en profita pour remercier Liane pour le temps qu’elle lui avait accordait et tout le soutien dont elle avait fait preuve. Enfin de retour dans le hall d’entrée, le chevalier libéra le bras de son amie avant de secouer ses bottes couvertes de neige. “Je m’en vais retrouver Marianne un moment, et tenter d’appliquer tes conseil. N’attendons plus aussi longtemps avant de discuter de la sorte la prochaine fois ? Promets-moi de me le rappeler si je l’oublie ? On se voit au mariage d’Hoster de toute manière ?” Lucas se pencha pour déposer un très léger baiser à l’extrémité du front de son amie et disparut dans ses appartements.

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Je levais les yeux vers Lucas tandis qu’il m’assurait que me rapprocher de Myrielle Lannister pourrait m’être profitable, à moi comme à elle. Parmi les nombreux doutes qui assaillaient mon ami suite à son retour de ce calvaire qu’il dut endurer, il y avait une chose qui était cependant toujours belle et bien présente chez lui; ce côté conciliateur et médiateur qui lui avait valu d’être la voix de son père en-dehors de Corneilla et même du Conflans. Si ce trait de son caractère avait su subsister à travers la captivité qui le changea par ailleurs, je me trouvais soudain optimiste et soulagée de voir que tout, chez lui, n’était pas resté sur ces obscures et maudites îles au large de Salvemer. Je répondis à son sourire en lui souriant à mon tour, serrant un peu plus mes doigts autour de son bras qu’il m’avait offert. Ce fut la mention de Patrek qui m’encouragea à laisser une chance à la Lionne. Bien sûr, j’avais déjà pensé à lui comme motif pour essayer de me rapprocher de son épouse, mais le premier contact avec elle se borna à de la pure politesse et rien alors, dans son comportement, ne m’avait encouragé à tendre plus avant ma main vers elle, d’autant plus que ce n’était pas dans mon caractère que de faire des efforts à ce niveau-là. Mais depuis, Patrek avait enduré le pire…Peut-être lui serait-il un tant soit peu réconfortant que de me voir bien m’entendre avec cette femme étrangère au Conflans. que ce constat vienne de quelqu’un d’extérieur à mes relations avec les Mallister me poussa à accorder de l’attention à ses paroles et à répondre simplement:

Tu as sans doute raison, à mon meilleur ami.

Ma petite victoire du jour fut sans nul doute de l’avoir fait rire, d’avoir pendant un bref instant rendu plus léger son esprit, même si ses tracas personnels reviendront bien assez vite. Ce fut à mon tour de rire à nouveau à son commentaire tandis que nous approchions du château et que, si Desmond se trouvait à nous épier derrière une fenêtre, il nous verrait probablement arriver bras-dessus, bras-dessous.

Il y a des chances qu’il se montre renfrogné pendant une heure ou deux. Mais ça lui passera, dis-je en secouant la tête et en faisant un geste vague de la main devant moi, comme pour chasser quelque insecte volant trop près de mon visage.

Une fois dans le hall d’entrée, Lucas me rendit mon bras et prit congé, s’en retournant voir comment se portait son épouse.

Je n’oublierais pas cette promesse tu peux me faire confiance là-dessus, lui assurais-je, recevant son baiser avec joie. Je ne manquerais pas une pareille occasion, rétorquais-je au sujet du mariage de son jeune frère où nous comptions bien nous y rendre, mon époux et moi. Puis je lui offris une petite révérence et l’observais monter les marches vers ses appartements tandis que je m’en retournais au petit salon, auprès de ma fille.
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