[ALTERNATIF] Long may he reign [ft. Alyssa Vanbois]

Elle était libre, Cassandre. C’était désormais officiel. Nul ne pourrait revenir là-dessus. L’esclave n’était désormais plus. Elle venait d’écraser sans scrupule ni regret un pan entier de sa vie. Par simple décision du roi Viserys III Targaryen. Il avait tenu la promesse qu’il lui avait faite bien des années auparavant. Une promesse qu’elle n’avait jamais oublié. Car si sous ses ordres, elle s’était sentie plus libre qu’elle ne l’av ait jamais été, elle restait une esclave. Jusqu’à ce jour. Ce jour-là, de sa haute stature, c’était en femme libre qu’elle avançait le long de la promenade du Traître, profitant des doux éclats de ce soleil printanier. Viserys était couronné depuis quelques jours à peine et Port Réal et le Donjon Rouge n’étaient pas encore très familiers à la meereenienne. Elle se perdait encore volontiers dans les dédales de la cité, ce qui l’agaçait passablement.

Perdue dans ses pensées, elle observait la Néra, immobile. Tant de perspectives s’offraient désormais à elle et elle était incapable d’en choisir une seule. Le monde lui appartenait désormais. Des années qu’elle avait posé le pied sur Westeros sans jamais avoir eu l’occasion d’en découvrir tous les secrets. La mélancolie des premiers temps était désormais oubliée. Essos ne lui manquait plus. Elle n’y avait jamais été heureuse. C’était bien dans les Sept Couronnes qu’elle comptait construire sa nouvelle existence. Mais libre ou non sa place était encore auprès de son prince. De son roi. « Voudra-t-il encore seulement de toi ? » songea-t-elle amèrement. Car elle avait appris depuis longtemps à faire avec le caractère changeant et parfois cruel du Dragon. Elle l’aimait aussi pour cela. Mais elle craignait que cette liberté fraîchement acquise ne soit en vérité un cadeau d’adieu. Des protecteurs, il en aurait à la pelle désormais. Autant qu’il compterait d’ennemis. Des maîtresses, il en avait toujours eu et ne s’arrêterait pas là.

Bientôt, elle le craignait, elle ne serait plus qu’un nom parmi tant d’autres. Mais cette idée-là, elle persistait à croire qu’elle n’était rien de plus que le fruit de son esprit tourmenté. Pourquoi ne pouvait-elle pas profiter de la paix nouvellement acquise ? Elle croisa plusieurs badauds venus également profiter des rayons du soleil. Le Donjon Rouge grouillait de badauds depuis des jours. Des nobles venus des quatre coins des Sept Couronnes. Amis, ennemis, tous étaient venus assister au couronnement du Dragon de l’Est. Certains emplis de fierté et d’espoir, espérant obtenir quelque récompense pour leur loyauté, les autres grinçant des dents et ne cherchant qu’à jauger ce roi qu’ils n’attendaient pas. D’autres encore s’en fichait royalement, un Targaryen en valait bien un autre et tant que leur petit confort n’était pas menacé ils ne trouveraient nulle raison de se plaindre. Mais Cassandre parvenait encore difficilement à faire la différence entre les uns et les autres. Et ces années de complots, de petits arrangements et de grandes menaces, lui avaient appris à toujours se méfier de ceux qui pouvaient entourer Viserys. Ses ennemis ne se laisseraient pas amadouer très facilement.

Elle surprit quelques regards en biais en sa direction. Si elle peinait encore à mettre un nom sur chaque visage qu’elle croisait, elle se doutait que son existence à elle n’était ici un secret pour personne désormais. Ce qui n’était pas forcément un compliment. Une tueuse sanguinaire, une putain d’Essos, le chien de garde du Dragon, elle avait dû en gagner des sobriquets. Mais elle comptait bien les porter avec tout l’orgueil qu’elle possédait. Et si l’un d’eux venait à arriver à ses oreilles, elle se ferait un plaisir de le faire regretter à celui ou celle qui se serait montré si imprudent.

Elle croisa alors une femme aux doux yeux bleus qui jetait vers elle des regards curieux. Un large sourire étira ses lèvres. « Belle journée pour une promenade, ma Dame. »