Correspondance entre Wynafryd et Wylla Manderly

Depuis Corneilla, dans le Conflans,
Lune 4, fin de semaine 2,

A l’attention de Lady Wylla Manderly,
à Blancport.

Ma très chère petite sœur,

Je suis navrée de ne pas t'avoir écrit avant, mais me voilà enfin bien arrivée dans le Conflans sur les terres des Nerbosc. Si je t'écris aujourd'hui, c'est pour te rassurer et te dire que j'ai fait bon voyage, mais surtout pour te prévenir, toi et le reste de la famille, que je ne reviendrai pas par le même chemin que le convoi nordien. Tu ne l’auras pas échappé à notre arrivée à Winterfell après notre séjour chez les Mormont, j'ai reçu un corbeau pour le moins inquiétant et les nouvelles n’ont fait que s'aggraver depuis. J'ai donc décidé de faire un petit détour par Viergétang afin de rencontrer cette amie qui a tant besoin de moi, espérant ainsi pouvoir lui être d’une quelconque aide, d’un peu de soutien avant que nos routes ne se séparent à nouveau pour une durée qui sera indéterminée.

J'espère que tu ne m'en voudras pas trop pour ce détour pour le moins innatendu, mais qui du reste, ne devrait pas me retenir bien plus longtemps du Nord, que si j’avais repris la même route qu’à l’aller tant nous avançons doucement avec tout ce monde et la neige qui ne nous aide pas. Sache par ailleurs que je ne ferai pas ce voyage seule, je serai accompagnée de Torrhen Holt, qui a accepté de m’escorter pour ma protection en l’absence de Gyles à mes côtés. Tu n'as donc point à t'inquiéter pour moi ! Je ne sais pas si tu te rappelles de lui d'ailleurs, tu étais peut-être encore trop petite, et tu l’auras peut-être depuis appris de la bouche de nos voisins, mais oui le quatrième fils de la Sentinelle est de retour parmi les siens, pour de bon semblerait-il. Nous avons prévu de quitter Corneilla deux nuits après le mariage, seulement, pour justement que ce détour ne m’éloigne pas de Blancport et du Nord plus que de raison. Ainsi, si tu souhaites me répondre tu pourras donc adresser un corbeau chez les Cox de Salins ou bien chez les Mouton de Viergétang.

Mais assez parlé de moi pour le moment, parle-moi du Nord s'il te plaît, dis-moi que tout va bien par chez nous, que tu vas bien et que cet ami qui nous est si cher va tout aussi bien. Je me demande d’ailleurs si l'estuaire de la Blanchedague a gelé comme tu l'avais imaginé ? Maintenant que l'hiver semble au plus fort, que les journées sont plus courtes que jamais et que les nuits semblent décidé à ne plus se terminer… Ou bien notre estuaire est-il encore fidèle à sa réputation ? De n’avoir gelé qu’en de rares occasions ? As-tu eu quelques nouvelles de ton triton disparu ? J’espère que tu ne prends pas trop de risques en le cherchant, et que Sybelle et Gyles continuent de t’aider dans cette quête.

J’espère que tu excuseras les quelques zones d’ombres de mon corbeau, mais si loin de la maison, je ne souhaiterais que ma missive tombe entre de mauvaises mains et que cela puisse porter préjudice à l’une ou l’autre de ses personnes qui me tiennent tant à coeur.

Avec tout mon amour de grande sœur,
Je t’embrasse,
Tu me manques,
Lady Wynafryd de la maison Manderly.

Ma sœur,

Te savoir bien arrivée me rassure mais désormais je m’inquiète. En effet, de noir nouvelles sont arrivés peu de temps après ton corbeau ce qui nous a grandement inquiété. Même si Torrhen Holt te protège nous sommes tous très inquiet ici au vu des nouvelles reçues du Conflans. Et j’espère que tu es bien arrivée à Vergétang au moment où j’écris cette lettre et au moment où tu la recevras. J’espère n’avoir pas trop traîné à te répondre et que tu la recevras avant de repartir de l’endroit où tu m’as dit de t’envoyer ma réponse. Je prie les Sept pour que tu ailles bien et que ton voyage se soit bien passé et que tout se déroule comme tu l’avais initialement prévu. Mais rassures-toi, je ne t’en veux pas d’aller voir ton amie. Avec l’hiver, tout devient incertains, je comprends que tu aies besoin de la voir, de te rassurer et de l’aider si elle en a besoin. Je sais que tu es loin d’être démunie face aux gens du Sud.

J’allais plutôt bien, certes avec toujours ces hauts et ses bas comme nous les connaissons depuis deux ans. Mais tout le monde allait bien, le froid n’a pas encore réussi à faire geler les criques et estuaires, ils résistent encore, mais pour combien de temps je n’en sais rien. Il neige toujours plus chez nous. Notre ami se porte à merveille, du moins autant qu’il le peut avec ce temps humide. Les jours où il neige à gros flocons nous ne le voyons que très peu. Mais je sais qu’il ne doit jamais être bien loin. Pas de nouvelle de mon triton, Gyles m’a accompagné dans une crique où mon esprit m’a joué des tours, probablement le froid.

Mais je dois dire que depuis quelques jours, depuis les terribles nouvelles en provenance de Corneilla, trouver le sommeil est redevenu compliquée. Les cauchemars sont revenus et je ne préfère pas sortir dehors. Je crois que cela soulage grand père de me voir si sage mais ce n’est que par manque de force et de peur qui me font terrés à l’intérieur de nos murs. Mon regard scrute toujours l’horizon mais c’est bien tout.

J’espère te revoir bientôt saine et sauve,

Ta petite sœur,

Wylla Manderly.

Depuis Viergétang dans le Conflans,
Lune 5, semaine 1,

A l’attention de Lady Wylla Manderly,
à Châteauneuf, Blancport dans le Nord.

Ma très chère petite sœur,

Qu’il m’est plaisant d’enfin avoir de tes nouvelles après tout ce temps ! Encore plus quand je n’étais pas certaine jusqu’à hier de pouvoir un jour lire ta réponse ! A cause des terribles nouvelles que tu évoques nous avons préféré voyager discrètement et nous n’avons pas cherché l’hospitalité chez les Cox. De même chez les Mouton à Viergétang, j’ai finalement attendu de rencontrer Rhaenys et d’en discuter avec elle avant de me rendre chez eux et pouvoir récupérer ton corbeau. Nous repartons déjà demain pour Salins afin de prendre un bateau qui nous conduira à Blancport où je pourrais enfin te retrouver. Continue de guetter l’horizon pour ton triton mais également pour ta sirène favorite, je devrais être là d’ici une quinzaine de jours si la mer nous est clémente…

Il ne te servira donc à rien de répondre à cette missive, je suis juste heureuse de savoir que notre ami va bien et que la vie continue à Blancport. Je suis néanmoins navrée de lire que les nouvelles de Corneilla t’ont bouleversé à ce point, même si cela ne me surprend guère. Je dois t’avouer que dès l’instant où le drame s’est produit, mes pensées sont allées vers toi et je regrette une nouvelle fois de ne pouvoir être à tes côtés pendant cette épreuve. Heureusement, d’ici deux semaines, tu pourras t’appuyer pleinement sur moi pour cela. En attendant je suis certaine que Sybelle fera tout le nécessaire. Et que Marlon ne manquera pas de te trouver une distraction ou une autre. Je ne sais pas si ça peut te rassurer mais nulle crinière argentée hormis celle de la princesse que j’imagine incapable de heurter son beau-père de la sorte. Et nuls traits similaires à celui de notre ennemi. Il semblerait que le coupable ne soit autre que le bâtard de la famille Bracken, avec laquelle les Nerbosc sont en conflit depuis un temps supérieur à notre arrivée dans le Nord, c’est pour dire…

Nous trouverons un jour le moyen de faire disparaître ces cauchemars pour de bon, je te le promets.
Je n’en reviens pas de te conseiller cela, mais pense à ton triton avant de t’endormir, tes rêves n’en seront que plus doux.

Quinze jours petite sœur, et moins encore du temps où tu tiendras ce parchemin entre tes doigts.

Que les Sept veillent sur toi et sur tes nuits.

Préviens mon ami que je reviens.

Avec tout mon amour,
Ta grande sœur,
Lady Wynafryd de la maison Manderly.

Depuis Froideseaux dans le Val d'Arryn,
Lune 5, début de semaine 4,

A l’attention de Lady Wylla Manderly,
à Châteauneuf, Blancport dans le Nord.

Ma très chère petite sœur,

Je me doute que ton coeur doit être prompt à l'angoisse de ne pas avoir vu le bateau paraître il y a quelques jours de cela comme je l'avais promis, ce corbeau en provenance du Val d'Arryn ne doit pas arranger grand chose, mais chose espérer que de reconnaître mon écriture et ma signature aura quelques bénéfices...

Malheureusement, alors que nous longions les Quatre Doigts, prêts à entrer dans la Baie de la Morsure pour retrouver l'estuaire de la Blanchedague qui nous est si familier... notre navire a été attaqué par ces sales pirates de fer-nés ! Nous savions le risque que nous encourions à emprunter la voie maritime, mais c'est un risque que nous avons voulu prendre pour rentrer au plus vite. Si les Sept ont mis ces pirates sur notre route, ils nous ont permis tout de même de nous échapper sans que trop de mal ne soit fait... et après une journée à dériver jusqu'à la côte, nous avons trouvé refuge chez les Froideseaux. J'aurais aimé pouvoir t'écrire il y a quelques jours déjà, dès notre arrivée, mais j'étais encore trop sous le choc pour y parvenir. Je le suis probablement encore... j'ai cru y rester l'espace de quelques instants, mais nos hôtes ont été forts agréables et compréhensifs ! Ils nous ont même aidé à planifier la fin de notre voyage ! Nous partons demain ! Nous allons rejoindre le nord de leur terre à cheval, jusqu'à un petit village de pêcheurs au sud de Galet, et de là, ils se sont arrangés pour que nous ayons un petit boutre pour traverser jusqu'à Blancport.

Si tout se passe bien, d'ici à ce que tu recoives ce corbeau, je serais là quelques jours plus tard seulement... Nous pourrons alors parler plus longuement, mais je n'ai guère le courage de m'étendre plus pour le moment. Je voulais simplement te rassurer toi et notre famille. Nous avons eu peur, mais je vais bien. Nous avons simplement été retardés, mais je rentre, je te le promets.

Avec tout mon amour,
Ta grande sœur,
Lady Wynafryd de la maison Manderly.