A Man Without Honor avec Maege Mormont

Lonlac était en feu quand Ramsay quitta les lieux du haut de son cheval. Le seigneur de Fort-Terreur avait laissé derrière lui une petite garnison, avec à sa tête Walton, celui qui avait permis d’ouvrir les portes du lieu. Le Seigneur conquérant gravement blessé, tenait difficilement sur son cheval. Seule la présence de Damon à sa droite lui permettait de rester fièrement sur sa monture. Sa blessure au visage était grave et avait été soigné sommairement en attendant leur retour à Fort-Terreur. On avait bandé les blessures du Seigneur, mais ce dernier affichait une sombre grimace et il faisait arrêter le convoi à chaque nuit pour qu’il puisse se reposer. Ses hommes festoyers joyeusement après cette victoire. Schlingue racontait durant chaque soirée ses exploits avec la petite vierge qu’il avait cueilli. Ramsay se fichait de cette fille qui était la nièce de sa future femme. En parlant de celle-ci, lady Geneva Lake se trouvait dans une charrette en compagnie de ses deux fils, de lady Maege Mormont et de l’un de ses hommes. La présence des Ours avait été une épine sous le pied de Ramsay. L’homme aurait préféré n’avoir aucun témoin de prestige dans Lonlac, mais il n’avait guère eu le choix. Ainsi, lady Mormont, qui avait eu le mérite de le blesser lors de leur duel, était désormais sa prisonnière.
Après six jours de voyage, par un temps relativement clément malgré l’hiver, Ramsay foula le sol de son château. Aussitôt, il fut conduit à ses appartements pour y être soigné. Onguent et bandages furent appliqués sur ses blessures et le seigneur des lieux resta dans ses appartements tout en donnant ses ordres à l’intention de ses hommes. Les prisonniers furent mis aux cachots, Ramsay prit grand soin à séparer Maege Mormont en la laissant seule dans une cellule proche de son serviteur. Pour qu’elle ne périsse pas de ses blessures, il la fit soigner. En ce qui concernait les enfants de lady Geneva, Ramsay fit préparer une chambre peu confortable dans l’une des tours du château. Damon aurait la charge de garder pour le moment en vie les garçons. Pour ce qui était de lady Geneva, Ramsay l’avait installé dans la chambre de la lady de Fort-Terreur, une chambre gardée en permanence et la lady était surveillée pour qu’elle ne puisse se suicider. Ramsay lui avait déjà informé qu’il comptait en faire son épouse dès qu’il serait rétabli et la jeune femme s’était effondrée à l’annonce de cette nouvelle.

Les semaines s’écoulèrent. Lord Bolton avait envoyé des espions chez ses voisins et pour le moment rien n’avait filtré à propos des évènements de Lonlac. Le brun était désormais debout et il revêtait sa tenue de mariage. Aujourd’hui, il allait épouser lady Geneva et Ramsay lui avait fait clairement comprendre qu’elle n’avait pas le choix, sinon il ferait périr ses fils. Le seigneur se regarda dans le miroir. Sa cicatrice était encore bien rouge, mais Ramsay trouvait qu’elle lui donnait un charme encore plus sauvage. La guérison n’était qu’à ses débuts, bientôt il ne resterait qu’une trace. L’homme était fier de ses cicatrices, elles étaient toutes le fruit de combat rondement mené et surtout de victoires. Il sourit en repensant à ses derniers exploits et à ce coup qu’il venait de mettre dans le nez des Stark. Petit à petit, il avançait ses pions et bientôt plus rien ne serait pareil.

Un clairon annonça l’arrivée de la mariée, vêtue d’une robe en laine blanche et d’un manteau de fourrure blanche, elle ressemblait à un ange avec ses longs cheveux blonds. Un ange qui allait épouser un monstre. La cérémonie se déroula sous le barral de Fort-Terreur et la soirée se déroula rapidement. Geneva Flint, puis Lake était désormais une Bolton et elle portait maintenant le manteau aux armes de son nouveau mari. Ramsay pouvait lire la terreur dans le regard de son épouse. Il sourit, ce n’était que le début du cauchemar pour lady Geneva.

L’homme quitta le lit conjugal au petit matin, il laissa Geneva tremblotante de terreur, son corps couverts de bleus. Ramsay avait veillé à préserver son joli visage, il avait besoin qu’elle garde bonne mine pour le jour où les Stark viendraient l’interroger. Tout ce qu’il attendait de cette femme, c’était qu’elle lui apporte des fils, de vigoureux fils comme elle en avait donné à lord Lake. Il avait mis au courant son épouse, chaque soir il ferait son devoir, jusqu’à ce qu’elle tombe enceinte.
Après avoir reçu audience et donné ses ordres du jour, Ramsay se rendit à son chenil pour se rendre compte de la bonne santé de ses chiens. Puis, il fit sortir sa chienne préférée, un chien qui portait l’adorable nom de Mercy. En le voyant, Ramsay se remémore une magnifique chasse dans le forêt jouxtant Fort-Terreur. La chienne marcha à ses côtés et ensemble ils se rendirent aux cachots qui se situaient non loin du chenil. Certaines cellules contenaient encore les squelettes des anciens prisonniers, puis tout au fond du cachot, il y avait lady Maege Mormont et son serviteur.

“ Lady Mormont, j’espère que vous trouvez ce cachot fort agréable. Il est bien dommage que nous n’ayons pu compter sur vous hier pour mes noces. Mon épouse auraient apprécié votre présence.” Ramsay parlait sur un ton doucereux et observé lady Mormont, sans accorder aucune importance à Symond qui se trouvait dans la cellule à côté.

Sa cicatrice lui donnait un nouveau visage, un visage beaucoup plus dangereux et Ramsay en était pas peu fier. Tout son corps portait les cicatrices de son passé. Celle sur son visage montrerait sa victoire sur Lonlac et l’acquisition de cette nouvelle forteresse. Quand il retirait sa chemise, on pouvait voir son torse et son dos ciselés de cicatrices. Petits, il avait été régulièrement fouetté en raison de son mauvais comportement. On avait tenté de le dresser, de le faire entrer dans le moule, mais Ramsay était toujours parvenu à préserver sa personnalité et rien n’avait pu le faire plier, pas même le fouet. Les autres avaient suivi au fil des ans quand Ramsay avait appris le maniement des armes, puis en devenant garde de son père. Il ne perdait jamais un combat, mais le nordien avait été confronté à bon nombre d’ennemi comme des sauvageons, ce qui lui avait causé occasionnellement des blessures. La blessure que lui avait causé Maege Mormont avait été beaucoup plus grave. Même si Ramsay était parvenu à rentrer jusqu’à Fort-Terreur sous le clairon de la victoire, il avait été contraint de garder le lit pour pouvoir se remettre pleinement, pour son prochain mariage. Sa blessure au flanc avait été moins grave que prévu, mais celle au visage avait occasionné de la fièvre chez l’homme. Aujourd’hui, il était de nouveau debout, en pleine forme, si bien qu’il avait pu prendre pour épouse Geneva Flint, veuve Lake. Ramsay n’était pas peu fier de sa prise, mais il était bien plus heureux de savoir que Maege Mormont et son serviteur se trouvaient dans les geôles de Fort-Terreur. Ses cachots étaient peu accueillant, peu éclairé par des lampes, mais il avait demandé expressément que la lady soit correctement traitée. Ramsay ne souhaitait pas l’éliminer, il avait encore besoin d’elle. Pour le moment, il jouissait d’une relative tranquillité, personne n’était au courant de la présence des deux Ours chez lui et il comptait bien user de la censure et de la tromperie pour gagner encore plus de temps.

Après sa nuit de noce, Ramsay avait prévu une visite auprès de ses prisonniers, il se trouvait donc dans les cachots, tandis que ses serviteurs nettoyaient le château après les festivités. En chemin, il avait croisé de nombreuses personnes transportant les restes de la veille, les plats en céramique et les coupes de vin vides. Il vit également les charmants cheveux blonds de la belle Myranda, mais pour le moment, Ramsay voulait se tenir à l’écart de sa jalouse amante.
Ramsay se trouvait donc face à l’Ours qui n’avait pas perdu de sa combativité. Elle n’hésita pas une seconde avant de déclarer ses paroles offensantes qui firent sourire Ramsay.
“Pourtant ses cachots font partis intégrante de moi. J’y ai déjà passé tellement de bons moments.” Chuchota l’homme tout en flattant la tête du chien qui se tenait tranquillement à ses côtés. Les yeux de l’animal brillaient comme des gemmes, il savait très bien que s’il se trouvait ici, c’était pour s’amuser.
“Ne pensez pas à la place de lady Bolton. Croyez-moi, elle s'accommode très bien de ma présence et bientôt elle aura l’immense bonheur de porter mon fils. De quoi aurait-elle à se plaindre ? Je lui apporte confort et sécurité.” L’homme avala sa salive et émit un rire moqueur. En effet, lady Geneva n’avait guère connu la quiétude durant cette fameuse nuit de noce.
“Je devrais peut-être vous remercier pour cette cicatrice… Je trouve qu’elle me convient très bien.” Il ricana de nouveau. Il s’était préparé à une telle réplique de la part de la femme et en contemplant son visage après sa convalescence, il avait conclu que la cicatrice lui allait très bien. “N’accordait pas de valeur à mon cher père, il n’était qu’un idiot. Un lâche qui n’osait pas prendre ce qui lui revenait de droit.” Il tira une chaise sans patin qui se trouvait non loin de là et s’installa face à la cellule de la lady. “N’est-il pas temps que nous discutions des conditions de votre libération lady Mormont ?”

Ramsay n’avait que du mépris pour tous ceux qui n’étaient pas lui. Même son propre père n’avait su trouver grâce à ses yeux. Trop faible, Roose Bolton n’avait jamais eu le courage de s’opposer aux Stark et de reprendre ce qui lui revenait de droit. Trop couard, il n’avait jamais su déceler chez Ramsay son talent pour écorcher ses victimes, propre à tous les Bolton. Roose Bolton n’avait jamais accepté l’art de son fils, il l’avait insulté d’idiot quand il avait appris qu’il était la cause de la mort d’Eddard Stark. Roose Bolton avait préféré éloigner son fils loin dans les terres du Nord à traquer les sauvageons plutôt que de le garder à ses côtés. Il l’avait tout de même accepté comme fils légitime. C’était bien là le seul acte bénéfique qu’il avait eu pour sa famille.
Lady Mormont était fidèle à sa nature, toujours combative, mais Ramsay s’amusa à lui raconter sa propre vérité des événements de Lonlac.

“Vous êtes certaine lady Mormont, il semblerait que je sois tombé au bon moment pour empêcher un coup d’état au sein même de Lonlac. Coup d’état que vous avez préparé avec lord Daryn Lake.” Il prit une mine désolé et regarda ensuite avec une lueur amusée la dame de l’île aux Ours. “Mon épouse est d’ailleurs heureuse que je sois intervenu pour la sauver elle et ses fils, enfin je veux dire mes fils.” Il sourit de nouveau et se mit à rire froidement. Cette vérité était la sienne, il avait réécrit l’histoire et personne ne pouvait le contester. Ceux qui le pouvaient sont morts ou entre ses mains. Faute de preuves, les Stark ne pourraient rien contre lui.
La cicatrice qu’il avait sur le visage, il la devait à l’Ours, mais le jeune homme en avait cure, pour lui elle était agréable à porter et n’était certainement pas une honte. Elle lui donnait un air beaucoup plus ténébreux.
“Peut-être que je vous laisserai faire si nous venons à nous combattre de nouveau. C’était tellement plaisant de jauger vos techniques de combat. Vous étiez bien plus combative que celui qui vous a précédé. Je me rappelle encore du moment où mon épée est entrée dans son corps.” Il fit quelques pas et alla s’adosser contre un pan de mur tout en continuant de regarder sa prisonnière. Qu’il était dommage qu’elle se soit trouvée là. Les Mormont s’étaient toujours bien entendu avec les Bolton, c’était décevant de devoir ruiner une telle entente.
“Ais-je défié les Stark ? J’ai seulement sauvé une pauvre veuve et ses enfants. Les Stark sont loin d’ici à marier leur fille, ils étaient absents pour protéger lady Geneva, mais par chance je me trouvais là.” Un sourire ironique apparut sur ses lèvres. Ramsay insistait de nouveau sur le mensonge qu’il racontait à tous et qu’il commençait à faire ébruiter dans tout le Nord. Les Stark étaient absents et le temps de leur retour il serait trop tard. Le Nord était vide et Ramsay avait le champ libre pour faire ce qu’il désirait.
“Geneva Bolton ! N’oubliez pas ce détail lady Mormont.” Il parla sur un ton froid avant de reprendre. “Votre liberté dépend seulement de vous lady Mormont.” Il s’arrêta un instant avant de reprendre avec un sourire ironique sur les lèvres. “La vie de votre cher Symond et aussi entre vos mains. Faites une bêtise et il se pourrait que vous ne le revoyez pas en un seul morceau.” Il sortit de son ceinturon un couteau d’écorcheur et commença à jouer avec sous les yeux de la lady.

La tromperie de Ramsay circulerait dans tout le Nord. L’homme était fier de déclarer qu’il fut le sauveur d’une pauvre veuve victime d’une terrible machination. Qui remettrait sa parole en doute ? N’avait-il pas sauvé Arya Stark d’une meute de loup ? Ramsay était un héros et cette image il l’avait préparé en combattant les sauvageons depuis plusieurs années. Ainsi, son histoire devenait plausible et quiconque la remettrait en doute, croisera le fer des Bolton.

“ Les Stark ont une dette envers moi, j’ai sauvé leur précieuse fille d’une meute de loup.” Il continua de s’exprimer, donnant sa vérité, celle qu’il voulait faire croire à tous, celle qu’il servait chaque jour à son épouse pour qu’elle le voit comme un héros. “ Ma douce épouse se porte bien mieux maintenant qu’elle est en sécurité entre mes murs. En ce qui concerne sa nièce, n’était-elle pas le fille de son traître de beau-frère ? Il faut couper les mauvaises herbes à la racine, sinon elle repousse toujours. Mon épouse a conscience qu’elle n’aurait jamais été en paix si les traîtres n’avaient pas tous étaient mis à mort.” Il frotta son menton, son regard fou posé sur le visage de l’Ours. Lady Geneva était naïve, elle était fragile et Ramsay arriverait à la modeler à son image, par contre, en ce qui concernait la femme qui lui faisait face, il y avait qu’une chose à faire, avoir un accord avec elle ou la mettre à mort. “ Ne soyez pas si présomptueuse lady Mormont. N’oubliez pas où vous êtes et où je me trouve actuellement. Cela ne sert à rien de me menacer de mort alors que vous n’avez aucune arme entre les mains.” Il regarda autour de lui comme pour chercher un fantôme et se pencha vers la brune. “ De vous à moi, vous avez misé sur le mauvais poisson. Cet homme n’était guère plus endurant qu’un sauvageon, jamais il n’aurait pu sauver sa vie.” Il ricana se rappelant de la flèche qu’il avait tiré pour tuer le beau-frère de son épouse. Aujourd’hui, ses cendres devaient voler sur les terres des Lake, tout comme celles de tous les morts que Ramsay avait causé. Il n’y avait plus aucune trace, plus aucune preuve pour l’accuser.

“ J’en ai que faire de votre colère. Vous êtes la prisonnière, je suis le bourreau.” Le sourire cruel de Ramsay revint sur ses lèvres et il regarda lady Mormont comme un morceau de viande. Il en avait désormais cure de cette femme si certaine d’elle. Dommage qu’il n’y ait pas un lord Mormont pour la remettre à sa juste place. “ Je vais vous laisser réfléchir. J’espère que vous serez dans de meilleurs dispositions la prochaine fois que je viendrais vous voir. Je passerai votre salut à ce cher Symond.” Son sourire s’accentua et Ramsay quitta la pièce laissant lady Mormont et sa rage. Il n’irait pas s’ennuyer à aller voir son homme de main, mais il allait lui faire croire. Actuellement, il avait d’autres priorités, comme s’occuper de sa douce et belle épouse.

Lune 5, semaine 1.
Ramsay avait été particulièrement occupé ces dernières semaines. Entre son épouse à honorer, une nouvelle logistique à instaurer pour défendre les terres des Lake, il ne savait plus où donner de la tête. Un court séjour à Lonlac avait dû s’imposer. Ramsay y avait donné ses ordres pour débuter la remise en état du château et il avait aussi attribué des terres à ses vaillants soldats. Certains étaient ravie d’installer leurs familles dans de nouvelles fermes et ceux qui avaient été les plus méritant recevaient les plus importantes. Ramsay avait laissé à Walton le loisir d’attribuer ces fermes, tout en imposant leur remise en état. Lonlac devait pouvoir vivre d’elle-même et Ramsay avait laissé quelques lunes à Walton pour parvenir à ce résultat. Lord Bolton avait donc arpenté ses nouvelles terres comme un conquérant. Personne ne se mit en travers de son chemin, aucune arme ne fut brandit à son intention. Ramsay avait mis en garde Walton, les Stark allaient sûrement venir enquêter, il ne devait donc commettre aucun impair, sinon, il lui en coûterait sa place et sa vie.
La nouvelle concernant les noces de Ramsay e1-t l’attaque de Lonlac commençait à circuler dans tout le Nord. Ramsay avait déjà reçu des corbeaux pour le féliciter, même s’il sentait que ces missives étaient écrites avec beaucoup de pincettes. L’homme en avait cure des jugements, il continuait de faire ce qu’il voulait, comme il le faisait toujours.
Lord Bolton était donc de retour à Fort-Terreur après une petite semaine d’absence. Son épouse avait été mise sous bonne garde et ses deux beaux-fils se portaient comme un charme. Dès son retour, Ramsay avait questionné son épouse sur son état impatient d’apprendre la nouvelle d’une grossesse, mais la réponse de lady Geneva fut négative. Ainsi, Ramsay l’honora une nouvelle fois dans le but de concevoir l’héritier qu’il désirait tant.
Frustré, Ramsay se décida dès le lendemain de se rendre dans les cachots pour rendre visite à sa noble prisonnière. Le Nord commençait à se questionner sur sa disparition, mais pour le moment personne n’était venu questionner le seigneur de Fort-Terreur. Les cachots étaient noirs et Ramsay descendit avec une torche. La lampe éclairée les lieux faiblement, mais il put tout de même voir le visage fatigué de sa prisonnière, mais qui paraissait toujours aussi combative.

“Lady Mormont. Je m’excuse par avance de ma longue absence, mais je suis un homme fort occupé entre une épouse à satisfaire et des terres à diriger. Vous me semblez fatigué ? Vos nuits seraient-elles mauvaises ? “

C’était un plaisir pour l’homme de voir sa prisonnière dans un tel état. Même si Maege Mormont gardait toute sa vigueur, voir la lady enfermée depuis plusieurs semaines dans ses geôles sans que personne ne s’en préoccupe, cela en était presque jouissif. Combien de temps une dame de sa stature peut-elle tenir dans ses cachots ? Probablement longtemps, Maege Mormont était faite de fer et d’acier, elle n’est pas du genre à flancher, à moins que l’on menace la vie de ses proches. Il était fort dommage que Ramsay n’ait pas eu entre les mains l’une de ses filles. Il avait rencontré les belles Jorelle et Lyra lors de leur visite à Fort-Terreur. Il se serait bien amusé avec l’une d’elle au dépend de la mère. Peut-être même qu’il l’aurait contrainte à regarder pour la faire plier. Un sourire macabre apparut sur les lèvres de l’écorcheur. Si lady Mormont était encore aussi vigoureuse, il allait la faire plier. Elle n’était pas raisonnable, il ne le serait pas non plus. Il avait tout préparé et son arme favorite se trouvait à sa ceinture.
Après avoir salué lady Mormont, il alla poser sa torche dans l’étuie servant à cet effet. Il allait avoir besoin de ses deux mains pour la suite des évènements. La lampe qui éclairait faiblement les lieux donnait un aspect lugubre à la pièce.

“ C’est vrai, vous avez aucune importance à mes yeux, si ce n’est que vous allez prochainement devenir gênante. Le Nord se pose des questions à propos de votre absence lady Mormont et quand les Stark reviendront, je ne serai plus en mesure de vous garder ici.” Il se pencha vers la femme et la regarda. Sa peau était sale en raison du manque d’hygiène et Ramsay se réjouissait de cet avilissement. Il avala sa salive et regarda froidement la femme quand celle-ci lui demanda si son épouse était couverte de bleus. “ Ne vous inquiétez pas, je préserve son doux visage.” Il venait de chuchoter ces mots et eut de nouveau un sourire perfide sur les lèvres. Il se redressa de nouveau et fit signe à Schlingue et Damon qui se trouvaient au bout du couloir de se rapprocher. “ Bien entendu, tout bon seigneur doit se préoccuper de la bonne gestion de ses terres.” Il prit les clés que Schlingue venait de lui tendre et ouvrit la serrure. “ Venez lady Mormont, j’ai une surprise pour vous.” Il tourna la clé et laissa Schlingue et Damon attraper la lady, chacun à un bras pour l’escorter à travers les cachots. “ Vous avez de la chance, vous puez tellement, que vous ne sentez même pas l’odeur de Schlingue. N’est-ce pas mon bon ami ?” Il ricana tout comme Schlingue et Damon et alla jusqu’à une porte close, qu’il s’empressa d’ouvrir. La pièce était vide à l’exception d’une table et de quelques instruments, qui se trouvait sur la gauche, puis au centre, on pouvait voir une croix avec accroché dessus le fidèle soldat de lady Mormont.
“ Je crois que c’est un ami à vous. Sigurd c’est ça ? Non c’est pas ça ! Symond ! Voilà. Symond dit bonjour à dame Mormont, cela fait longtemps que tu ne l’as pas vu.” Déclara théâtralement Ramsay. Il ricana de nouveau et s’approcha de l’homme torse nu qui était accroché. Ses yeux brillaient comme de ténébreuses gemmes, il aimait cette scène, il aimait ce moment et il espérait faire plier lady Mormont.

Les Stark ? Mais que pourront-ils lui faire ? Rien, puisqu’il n’y avait aucune preuve et que s’ils voulaient s’en prendre aux Bolton, ils déclencheraient très certainement une guerre. Le Nord pouvait-il se permettre de prendre les armes en plein hiver ? Certainement pas. Ramsay avait brûlé tous les cadavres, il n’avait pas laissé de preuves et bientôt lady Geneva irait dans son sens et témoignerait en faveur de son nouvel époux. Ramsay faisait tout pour. La seule ombre au tableau était Maege Mormont et son homme de main. Ramsay aurait dû les tuer dès le début, mais il ressentait à l’époque un certain respect pour la femme qui l’avait défié et blessé. Il avait cru pouvoir l’utiliser comme monnaie d’échange ou même acheter son silence, mais elle n’était pas manipulable comme Geneva. Ramsay ne tirerait rien de cette femme à moins d’utiliser la force.

“ En êtes-vous certaine lady Mormont ? “ Répondit l’homme dont le visage était éclairé par la lampe qu’il tenait, lui donner un aspect plus sombre et plus machiavélique. “ Vous êtes l’unique preuve de mes méfaits, votre survie ne tient qu’à vous.” Il ricana et rit bien plus quand elle lui disait avoir connu pire. Ses conditions de détention ne lui faisait rien, elle tenait, comme la devise de sa famille. Oui elle tenait, mais elle n’avait encore rien vu pour le moment.
“ Il semblerait que vous n’ayez pas encore compris qui je suis réellement. “ Déclara l’homme pompeusement. En effet, elle ne le connaissait pas, même si sa réputation le précédait, il avait pendant longtemps utilisé la tromperie auprès de tous et il comptait bien l’utiliser encore pour prouver aux Stark qu’il n’était pas le bourreau dans les évènements de Lonlac.
La surprise que Ramsay réservait à l’Ours était de taille. Elle n’avait pas vu son Symond depuis sa capture et bien elle allait pouvoir le revoir dans des conditions particulières. En effet, l’écorcheur avait accroché Symond a une croix, offrant ainsi un cruel spectacle à la lady de l’île aux Ours. L’homme ne faisait pas dans la censure et il comptait bien faire plier la dame en torturant devant elle une personne à laquelle elle tenait. Il eut un sourire cruel quand la femme lui demanda de ne pas toucher Symond. A cette réplique, Ramsay envoya un coup de poing dans la mâchoire de sa victime.
“ Que vous êtes impolie lady Mormont, vouloir m’imposer quelque chose chez moi.” Il s’approcha de la table sur laquelle était posée tous ses instruments et il retira sa veste et sa chemise, se mettant torse nu pour exécuter son art. “ Vous voyez, je ne connais pas encore bien ce cher Symond, jusqu’à aujourd’hui il était dans sa cage comme un gentil chien. N’est-ce pas Symond ? “ Il se tourna et flatta la joue de l’homme avant de revenir vers la table et choisir une pince. Oui une pince, cela serait parfait pour commencer. “ Vous êtes une femme dure lady Mormont, mais je sais que vous avez un coeur, contrairement à moi. Je sais que si on fait du mal à l’un de vos proches, vous finirez par capituler. C’est fort dommage que je n’ai pas l’une de vos filles, j’aurai adoré m’amuser avec elles, surtout Jorelle, une très bonne chasseuse, elle m’aurait beaucoup amusé. Enfin, trêve de bavardage et passons à notre cher Symond.” Il revint vers l’homme et le regarda de haut en bas, faisant mine de réfléchir. Puis il se mit devant sa main et regarda la lady. Il positionna la pince devant l’un des ongles de Symond et sans crier garde, il l’arracha, ce qui tira un hurlement de douleur de la part de sa victime. “ C’est amusant, une si petite chose peut faire tellement souffrir. Ce qui est encore plus amusant c’est que nous avons dix doigts et dix orteils.” Il se mit à rire cruellement et il arracha un autre ongle, tirant un nouveau hurlement chez Symond. “ Je peux arrêter tout ça quand vous le voulez Maege, mais vous devez me jurer que vous devrez témoigner devant les Stark que j’ai tout simplement sauver la lady de Lonlac et que vous même avez cherché à lui nuire.” Il arracha un autre ongle et d’autres cris se firent entendre dans les cachots. Ramsay regardait l’Ours, allait-elle vouloir préserver son honneur et ainsi perdre Symond ou allait-elle se parjurer pour le sauver ? Quel dilemme surtout que la cruauté de Ramsay n’était pas prête de se terminer. Damon et Schlingue qui se trouvaient également dans la pièce, continuaient de maintenir la dame, tout en regardant avec amusement leur maître.

La mère des ours continuait de le défier et Ramsay devait avouer qu’il appréciait cette vigueur chez la femme. Elle était un bon amusement et il aimait la voir l’insulter alors qu’elle se trouvait dans un état misérable depuis plusieurs semaines. Privée de liberté, de confort et de ses proches elle n’en démordait pas et continuait de rester fidèle à elle-même. Les cachots de Fort-Terreur ne l’avait pas brisé alors qu’ils l’avaient fait à plus d’un et des plus costaud que cette femme. Même si elle était profondément agaçante à ne pas se laisser manipuler et briser, Ramsay aimait cette dureté et il se faisait une joie d’imaginer toutes les tortures qu’il pourrait lui faire subir.

“ Un bâtard. Oui je suis un bâtard et je le resterai pour vous tous les nobles qui se croient mieux que tout le monde. Continuez vos insultes et vos sermons. Entre nous, ce n’est pas moi qui croupie dans une cellule depuis des semaines.” Il se mit à rire, laissant la femme face au spectacle de son soldat accroché à une croix. Un homme qu’il était en train de torturer sous les yeux de la femme qu’il voulait protéger. Contrairement à ce qu’il pensait. Maege Mormont ne flancha pas et continua à s’opposer à l’écorcheur tout en se déclarant non indispensable, tout comme l’homme qui était en train de subir la jolie de Ramsay.

“ Mais dans le coeur de vos chères filles vous l’êtes. Je me réjouirai d’être l’instrument de leur souffrance. Elles voudront certainement vous venger. Mais qui saura où vous êtes ? Il restera de vous qu’un tas de cendre dispersé par les vents. Personne ne saura que vous avez été à Fort-Terreur et je demeurerai le maître de ces terres et de celles de Lonlac.” Le ton de l’homme était glaçant tandis qu’il continuait d’observer l’Ours qui continuait de le défier. Que croyait-elle ? Il n’était pas un saint homme, il ne lui accorderait aucune pitié. Si elle ne capitulait pas elle ferait en sorte de la briser. “ Reconduisez la à sa cellule, que jour et nuit elle soit bercée par les hurlements de ce cher Symond. Réfléchissez lady Mormont. Ma proposition n’est pas encore arrivée à expiration.” Il se tourna alors vers Symond un sourire mauvais aux lèvres. “ Comme tu n’es pas irremplaçable, je peux continuer à m’amuser avec toi.” Il éclata de rire et continua la tâche qu’il avait commencé précédemment, faisant de nouveau hurler de douleur sa proie.

Lune 5, semaine 4.
C’était un petit jeu qui s’était instauré au cours de ces dernières semaines. Au levé du soleil et au coucher du soleil, deux fois par jour, tous les jours, Ramsay venait rendre visite à Symond pour le torturer. Depuis la dernière rencontre, Ramsay n’avait plus revu lady Mormont, préférant la laisser dans sa cellule, la laissant sans nouvelle et lui permettant seulement d’entendre les hurlements de Symond. De temps en temps, quand le sommeil ne venait pas, Ramsay descendait dans les cachots pour une nouvelle séance avec l’homme, puis, il repartait se coucher auprès de sa délicieuse épouse. Ramsay n’avait pas de pitié pour Symond, il ne lui laissa pas de répi. Il faisait en sorte de le blesser dans la douleur, sans pour autant le tuer. Le lord de Fort-Terreur appelait cela une oeuvre d’art. Puis, après chaque séance, le mestre venait prodiguer des soins à Symond, continuant ainsi à le maintenir en vie, le nourrissant, l’abreuvant, puisque l’homme n’était plus libre de ses mouvements pour l’empêcher de se suicider.
Symond était dans un piteux état quand Ramsay fit venir Maege Mormont jusqu’à lui. Ramsay s’était amusé à couper certaines de ses phalanges de doigt. Aucune partie de son corps n’était pas entaillé. Il l’avait copieusement fouetté. Enfin, comble de l’horreur, il lui avait écorché le bras droit de l’épaule jusqu’au coude. Symond n’était plus qu’une plaie sanguinolente.

“ Lady Mormont. Cela faisait tellement longtemps. J’espère que vous vous portez bien. Comme vous le voyez, ce cher Symond est toujours en vie. Il a brisé sa voix la semaine dernière quand je l’ai écorché, mais il respire toujours.” Il fit un grand sourire à l’intention de l’Ours, tout en la regardant contempler son oeuvre d’art.

Durant ses semaines de captivités, Symond avait fini par craquer de nombreuses fois, implorant une mort qui ne venait pas, priant Bolton pour qu’il l’achève. A chacune de ses supplique, Ramsay se mettait à rire, faisant durer le plaisir plus longtemps. Dans ses moments de torture, la bestialité de l’Ecorcheur était à l’extrême. Il se délectait de la douleur d’autrui et des demandes infructueuses. Symond était devenu son jouet, si bien qu’il prenait beaucoup moins de temps pour torturer sa propre épouse. Geneva Bolton connaissait ainsi un certain répit. Présentait ainsi à sa maîtresse, Symond n’était plus qu’un tas de viandes sanguinolantes. Ramsay avait tout fait pour rendre la scène théâtralement et douloureusement dégoûtante. Personne ne pouvait résister face à telle chose, en tout cas, c’était ce que le maître de Fort-Terreur pensait.
Ramsay aurait voulu voir la lady de l’île aux Ours le supplier de cesser ses méfaits, de libérer sur le champ le pauvre malheureux installé sur la croix, mais elle n’en fit rien, au plus grand déplaisir du seigneur des lieux. Tout ce qu’elle voulait, c’était savoir ce qu’il voulait.

“ En effet, c’était pour vous sortir de votre solitude et il faut dire que notre cher Symond aime se faire entendre. “ Il ricana et fit de petite tape sur la joue de l’homme. Il s’éloigna de lui et fit face à l’Ourse. Maintenant, il était temps de lui laisser une dernière chance et de lui faire part de ses demandes.
“ Je n’ai pas envie de vous tuer lady Maege. Vous êtes une femme du Nord comme on en fait peu à ce jour. Je vous respecte pour cela. Ainsi, on va conclure à un pacte. Vous aurez par la suite la vie sauve, tout comme ce cher Symond. Je vous offre l’opportunité de rentrer libre chez vous, et de revoir votre famille, tout en continuant votre existence en toute quiétude. Je ne croiserai pas votre chemin et vous ne croiserez pas le mien.” Il la regarda intensément et reprit son discours. “ Pour cela, vous devrez dire ma version des faits. On vous a trompé, si bien que vous avez participé à un complot contre lady Geneva et ses enfants. Vous avez été malheureusement blessé et on vous a soigné ici à Fort-Terreur. Vous regretterez amèrement d’avoir cru en les belles paroles du beau-frère de mon épouse et vous me ferez passé comme son sauveur. En gage de votre bonne foi, je garderai Symond ici. Il entrera dans ma garde personnel et il vous fera parvenir à chaque lune de ses nouvelles. Ainsi, tout le monde vit dans le meilleur des mondes, pas de guerre entre nos familles.” Il s’approcha un peu plus de la dame, cette fois-ci son regard se fit plus menaçant. “ Au contraire, si vous n’acceptez pas cet accord, vous mourrez. Je mettrais votre île à feu et à sang. Je violerai chacune de vos filles et je les donnerai ensuite à mes hommes. Je les torturerai comme ce cher Symond le plus longuement possible, puis je les donnerai à manger à mes limiers. Je ferai en sorte que votre maison disparaisse et par votre faute, ce sera la guerre. Je ne reculerai devant rien lady Maege, je pense que vous savez désormais qui je suis. Vos proches ne seront pas en sécurité, si vous faites de moi votre ennemi.” Il se détourna cette fois-ci de la lady et prit le chemin de la sortie. “ Je n’attends pas votre réponse aujourd’hui. Prenez votre temps pour mesurer les conséquences de tel ou tel choix. “ Il quitta la pièce, laissant ainsi la femme être reconduite dans sa cellule.