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Retrouvailles de non-dits (pv Tavish Cafferen)

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Retrouvailles de non-dits.
An 302, Lune 5, semaine 1

Non, il n’était pas resté longtemps ce jour là...et comme il s’en voulait soudain d’avoir cédé à sa colère pour partir précipitamment. Fraîchement légitimé, complimenté par le roi Rhaegar qui avait dit voir en lui le digne héritier de son père, il était arrivé à Herbeval des rêves plein la tête. Il en avait presque oublié qu’il était possible qu’Elbois refuse. Qu’Elbois était seigneur d’Herbeval, qu’il était également profondément croyant et qu’il avait été élevé en parfait bieffois, une région profondément soucieuse du respect des convenances et profondément intolérante envers ce qu’elle considérait comme une insulte à celles-ci.
Alors qu’il avait senti le poids de toutes ses nouvelles responsabilités peser drastiquement sur ses épaules à son arrivée à Port-Réal, anxieux à l’idée de rencontrer le roi dragon, c’était le cœur léger qu’il s’était rendu ensuite à Herbeval. Et pourtant. Si tout s’était passé au mieux avec Rhaegar Targaryen, sa discussion avec Elbois l’avait à l’époque profondément déçu, sans qu’il ne l’ait anticipé.

Si seulement il avait pris le temps de préciser à Clarysse qu’elle n’était pour rien dans son départ précipité, au contraire. Si seulement. Mais, il n’aurait jamais pu prévoir qu’elle l’interpréterait ainsi…
Alors que la colère explosait maintenant chez Clarysse, Tavish tenta de la calmer en posant une main sur son bras. Prononcer cette phrase l’avait soulagé un court instant mais c’était très vite l’amer goût du regret mêlé à la crainte qui était venu se substituer à ce sentiment de libération. Il n’aurait pas dû.
« Clarysse… », dit-il calmement.

L’immense colère qu’il éprouvait envers Elbois, car il se sentait indéniablement trahi, ne l’empêchait pas aujourd’hui de raisonner et de se dire qu’il ne voulait pas créer la pagaille dans cette famille. S’était-elle déjà écrasée, la fougue de sa jeunesse, sous le titre d’héritier qui reposait désormais sur sa propre tête ? Il se faisait que son affection pour les De la Noue était sincère, d’Elbois à Clarysse, en passant par le petit Garth ou par son ancien maître, Ser Garrett. Bien sûr, il en voulait terriblement à Elbois. Il lui en voudrait peut-être longtemps encore, mais au fond de lui, peut-être le savait-il déjà ; il ne voulait pas perdre l’amitié de ces bieffois qui constituaient pour lui une seconde famille. Il ne voulait pas que s’évanouisse déjà la légende qui était en train de s’écrire au sujet de ses deux familles frontalières, si différentes et pourtant si liées. Et surtout, il ne voulait pas que Clarysse perde le soutien qu’elle pouvait trouver chez son frère. Car si Elbois avait menti, s’il avait aux yeux de Tavish indéniablement mal agi, le jeune orageois n’avait pas besoin de poser la question pour savoir que ce qu’il l’avait fait, il l’avait fait en croyant bien faire. Elbois lui devait l’honnêteté et il ne la lui avait pas accordée. La déception était immense. Mais, l’ancien Storm ne pouvait imaginer que celui qu’il appelait son frère ait agi ainsi le cœur léger. Depuis des années, Elbois s’en référait à ses principes étroits et inflexibles qui gouvernaient le Bief pour savoir ce qu’il convenait ou non de faire. Qu’il soit parvenu à comprendre sa conversion à R’hllor, ou du moins à ne pas la juger, alors qu’elle constituait sans doute pour lui une grande hérésie, relevait déjà du miracle quand on connaissait son attachement aux règles qu’il s’était fixées...

Et pourtant. Cette honnêteté, ne l’avait-il pas méritée ?

Cela lui fit l’effet d’un nouveau coup de poignard dans le coeur quand Clarysse lui apprit qu’elle avait tenté de faire comprendre à Elbois qu’elle apprécierait épouser Tavish. Il lui avait menti à elle aussi, lui inventant qu’il devait absolument épouser une orageoise. Et pire que tout, il savait.

Il savait que l’un et l’autre désirait ce mariage et il l’avait empêché malgré tout. Quelle horrible vérité que celle-là. Quelle déception, quelle trahison...

La réponse à la question de Clarysse était oui. Elbois les avait trahi tout les deux. Le jeune faon l’avait maintenant compris. La blessure était fraîche et béante et elle garderait sans doute une marque indélébile. Mais...
Le chevalier ravala pourtant sa colère. Car son regard ancré dans les iris larmoyantes de la jolie blonde, il sut qu’elle ne pourrait souffrir une autre déception. Il sut que s’il devait hurler sur Elbois et en venir aux mains avec lui dans un excès de rage, il le ferait plus tard. Mais que là, face à Clarysse, il devait se contenir. Ce qu'il avait compris, elle n'avait pas besoin de le comprendre aussi. Du moins pas maintenant. Il en était sûr désormais ; Elbois avait remarqué qu'ils s'aimaient tout les deux. Voilà pourquoi il avait inventé d'une part cette histoire de prétendant qu'appréciait Clarysse et de l'autre cette histoire de prétendantes orageoises. Comment aurait-il pu avoir déjà une nuée de prétendantes, au lendemain de sa légitimation ? Il était un ancien bâtard, après tout.

Son coeur souffrait de cette trahison mais pour l'heure il souffrait encore plus de voir Clarysse dans cet était. Elle avait besoin d’être rassurée. Ses yeux criaient ce besoin et il ne pouvait ignorer leur appel, même en vertu de son amour pour l’honnêteté. Il était trop tard, de toute façon. Elle était mariée. On ne pouvait plus faire marche arrière… Il ne comptait pas lui mentir. Mais, il n'allait pas non plus lui transmettre sa colère et partager avec elle ce qu'il croyait avoir compris. Pas maintenant. Il ne le pouvait.

« Non…Je crois qu’il voulait le meilleur pour vous. Je ne suis qu’un ancien bâtard et ma religion n’est pas la vôtre. Votre père espérait vous voir embrasser le plus glorieux des avenirs et votre frère a…simplement agit comme il pensait que votre père l’aurait fait. Ma position actuelle est fragile ; avec moi comme seigneur, ma maison perdra de son prestige en raison de mon ancien nom…Ce n’est pas le cas de celle de votre époux, qui vous permet de cotoyer les Tyrell…Votre frère vous aime. Il a sans doute pensé que même si cela vous effrayait, de prendre la route pour si loin, vous vous y plairiez finalement…», répondit Tavish, ses iris vertes éméraudes ancrées de celle de son amour déçu. Il soupira puis ajouta : « Votre père n’aurait jamais accepté. Nous le savons tous les deux ; il ne m’a accepté ici que parce qu’il devait la vie à mon père. Il aurait été bien embarrassé de refuser une telle demande à mon père mais il aurait trouvé un moyen de le faire, car cela allait à l’encontre de ses valeurs et de ce qu'il estimait être le meilleur pour vous. Et vous savez qu’Elbois tente  d’être son digne héritier et de ne pas décevoir sa mémoire… », dit Tavish. Une mèche des cheveux de Clarysse s’était prise dans la trajectoire de ses larmes et demeurait collée à son visage. Tavish la détacha de cette emprise humide et lui permit de rejoindre le reste de la chevelure blonde de Clarysse. Il avait toujours préféré les blondes, pensa-t-il avec nostalgie. Sans doute parce qu’il avait toujours préféré Clarysse.
« Et pourtant, il vous aime sincèrement. Et votre père vous aimait énormément, lui aussi. »

Elbois avait sans doute tâché de trouver un équilibre entre sa position de seigneur, et ce qu'il estimait être la bonne manière de gérer sa maison, et sa position de frère. Il aurait pu faire autrement. Il aurait pu. Bâtard, Tavish ne l'était plus. Et Bourgfaon était une riche ville. L'orageois se voyait obliger de dénigrer sa propre position et celle de son fief pour défendre Elbois et rassurer Clarysse mais la vérité était qu'il était un bon parti. Un parti controversé, peut-être, mais un parti possible car il n'était plus un bâtard. Il était noble et futur seigneur.

Cependant, il savait qu'en tant que seigneur, il devrait peut-être prendre lui aussi des décisions qui décevrait sa famille. Admettons que Shyra s'éprenne d'un dornien ; la raison d'état voudrait qu'il refuse de lui accorder son consentement. Même si son coeur lui criait que le bonheur de sa soeur importait plus que tout. Même s'il n'en avait rien à faire que l'homme qu'elle épouserait soit dornien, nordien ou braavien, tant qu'elle soit heureuse avec lui....Il y aurait désormais la raison d'état entre eux. Et que devrait-il choisir ? Un jour,  il ne serait plus seulement le frère de Shyra, mais aussi son seigneur. Il espérait que jamais, il n'aie à affronter de tels dilemmes... Et silencieusement, il maudit soudain cet honneur qu'était le port du nom de Cafferen.


*
HRP : J't'ai répondu vite mais comme on doit lancer le mariage mes rp avec les personnes concernées par le plot du mariage passe en priorité c'est pour ça ^^
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Retrouvailles de non-ditsA jamais votre
Tavish
Cafferen
Clarysse
Varnier
Clarysse avait ressenti de nombreux déchirements dans son existence. Peut-être était-ce dû au fait qu’elle n’ait jamais pris le courage d’avancer par elle-même dans sa vie. A chaque fois, elle laissait le fil de sa vie prendre la direction qu’une main plus avisée qu’elle trouvait juste. Puis, la main coupait le fil, sans scrupule, sans s’imaginer que le fil avait, quant à lui, imaginé un jour, atteindre l’autre bout du tissu. Non, il était coupé et reprendrait dans une autre direction l’ourlet de la robe de sa vie.

Son frère n’était pas Tavish. Il y avait des choses qu’elle ne dirait jamais aussi aisément à Elbois qu’à l’Orageois. Elle le respectait et l’admirait beaucoup trop pour cela. Sa droiture et son courage étaient constamment sources d’estime pour la jeune fleur. Elle le mettait sur un piédestal. En réalité, sa façon de réagir à la mort de leur parent avait, à la fois fait grandir le lien entre les de la Nouë, mais l’avait également rendu indomptable. Il fonctionnait d’une seule manière et était rigide au point de ne pouvoir accepter aucun écart. Clarysse avait donc nourri ce respect pour son frère et craignait plus que de perdre la vie, le fait de le décevoir. Lui qui avait tout donné pour la cause familiale ne méritait pas la trahison.

Pourtant, la jeune Varnier se sentait salie et véritablement déçue. Ce sentiment accentuait sa déception de la vie. Je ne rêvais que d’une chose, embrasser la condition de la Mère, avait-elle dit auparavant à Tavish. Ses paroles résonnaient dans son cœur et son esprit pour finalement voler en éclats. Comme tu es naïve, ma pauvre Clarysse, pensait-elle, désormais. Le monde ne lui ferait donc aucun cadeau. Elle est seule, et c’est seulement seule, qu’elle devrait avancer. Accomplir son devoir signifiait avancer dans l’inconnu sans pouvoir espérer aucun soutien ou espoir.

Sa respiration était quasiment haletante après que ces mots d’incompréhension lui avaient échappé. Encore une fois, son ami de toujours sut trouver les mots pour l’apaiser. Lui qui, même en étant le bourreau de son cœur, savait dérider la de la Nouë pour lui dévoiler les choses sous un autre point de vue. Tavish avait toujours eu ce rôle au sein de la fratrie.
Les arguments de son chevalier étaient tous extrêmement logiques et tranquillisaient un peu son humeur qui était un yoyo depuis ces derniers mois. La religion, la justice, l’ambition et le devoir, un mélange qu’on pouvait mettre à toutes les sauces et trouver la raison des maux des hommes depuis des millénaires. A vrai dire, la jeune bieffoise y avait déjà réfléchi auparavant. Elle en avait déjà conclu que cette conversion de son ami, bien qu’elle la révulse, n’était pas un obstacle à ce qu’il était. Elle avait même l’espoir que ce soit une mode éphémère ans l’Orage. Les Sept étaient implantés à Westeros depuis si longtemps, qu’elle se dit que la conversion à Rh’llor était simplement une conséquence de la récente peste. De plus, ses craintes de partir épouser quelqu’un d’autre que son chevalier orageois étaient bien plus grandes que celle de devoir s’adapter à quelqu’un qui adorait un autre dieu. De plus, connaissant Tavish à travers les lettres qu’ils s’étaient envoyés, elle savait que jamais il ne l’aurait forcé à la conversion. A vrai dire, dans le petit monde de Clarysse, le problème religieux était de moindre importance. Pour le rang, elle qui ne comprenait rien à la politique et aux positions des familles, à part ce qu’elle avait appris par cœur, il s’agissait également une notion abstraite qui n’aurait en rien empêché son mariage avec son bien aimé Tavish. Il était assez compréhensible qu’un noble Varnier la trouve cruche. Mais, à vrai dire, Ethan Varnier avait accepté d’épouser la de la Nouë en connaissant son côté niais. Bien que, désormais, il le regrettait peut-être amèrement.

Le portrait que dressait son ami d’Elbois était tout à fait plausible. Clarysse remerciait l’orageois de savoir toujours nuancer les éléments. Elle était déjà au bord de la crise de nerfs, mais il avait su lui parler. Elle gardait le silence alors que le chevalier tentait par tous les moyens de faire en sorte que Clarysse ne sombre pas dans la folie. Elle se trouvait, pourtant, sur le lit, la tête dans les mains. Mais, elle écoutait attentivement et buvait ses paroles.

Néanmoins, malgré tous ces arguments, une affirmation restait clairement dans l’esprit de la Bieffoise : Il a préféré mettre en avant le devoir que le bonheur de sa sœur.
Clarysse se sentait tiraillée entre la culpabilité de penser ainsi et le fait qu’elle se sentait profondément trahie. Peut-être que s’ils en avaient parlé plus ouvertement, elle aurait compris. Ou alors, elle aurait expliqué à Elbois qu’elle aurait fait tout ce qu’elle pouvait pour améliorer les contacts entre Herbeval et les terres de l’Orage. Peut-être même que cela aurait ouvert des portes commerciales ou diplomatiques une fois que l’été serait de retour. Peut-être même un mariage pour Orys… Vivre quelques mois à Midburg lui avait montré ce que signifiait être dame d’un fief. La femme de l’héritier avait été régulièrement sollicitée à observer ou à prendre parti, ce qui n’était pas dans le tempérament de la sœur du seigneur de la Nouë. Maintenant qu’elle se sentait différente, elle se dit qu’elle aurait pu être active dans son mariage et qu’elle aurait fait honneur à sa maison en plus d’être heureuse. Non, décidemment, elle aurait voulu qu’Elbois ne prenne pas cette décision seul.
Elle essuya de sa manche les larmes qui avaient coulé à flot et rougi ses yeux. Elle renifla sans élégance, mais elle n’était plus à cela près. Elle se sentait comme un fantôme parmi les vivants.
« Mer…Merci, Tavish. Je… Je vous dois tellement. » Elle releva les yeux et tenta de lui adresser un sourire.

« Je ne sais pas si je me sens plus soulagée de connaître la vérité ou encore plus troublée. »


Elle prit une inspiration et se releva. Elle tenta de lisser les plis de sa robe d’un geste grossier et inutile. Elle passa sa main dans ses cheveux pour replacer quelques mèches par une maladroite coquetterie.

« Je parlerais à Elbois. Je ne veux plus jamais qu’on me cache des choses concernant mon avenir. Il y a des jeunes filles qui sont dans des familles avec une situation bien plus compliquée que la mienne. J’aurais dû prendre les choses en main et ne pas laisser uniquement les Sept et les autres décider ce que je voulais faire. Je me serais pliée aux arguments, bien entendu. Mais, j’ai cette impression que tout m’a échappé depuis le début de cette année. »

Clarysse avait l’impression d’avoir pris dix ans de plus après cette conversation avec Tavish. Elle respira de nouveau, son corps était maladroitement crispé, mais en même temps, il avait retrouvé une tenue nouvelle, puisé dans une force inconnue.

« Les dieux sont cruels parce qu’ils sont des dieux. Mais toutes choses à une raison d’être et j’en tirerais une leçon. »

Elle élargit son sourire qui contrastait avec ses yeux bouffis par les larmes précédentes et ses cheveux en bataille.

« Je vous aime, Tavish Cafferen. Et cela depuis que je vous observais vous entraîner avec mon frère. Je vous souhaite vraiment tout le bonheur qu’il soit. »


Elle s’avança d’un pas gauche qu’elle s’efforçait à dissimuler.

« Je suis heureuse que nous ayons parlé à cœur ouvert et je sais que ce ne sera plus possible d’ici quelques lunes. Mais, vous trouverez en moi toujours une alliée et une amie… Je n’ai aucun doute sur le fait que vous remplirez votre devoir avec grâce et honneur. Je le vois encore à votre façon de rassurer une triste amie. »

Elle le remerciait sincèrement. Il ne profitait jamais de la situation… Clarysse se sentait réellement en sécurité sous le regard de son chevalier. Bien plus que sous le regard de son mari…

« Vous devriez partir, car très peu savent votre valeur et vos bonnes intentions. Si nous étions surpris ici, dans notre état et dans ma chambre, je ne sais pas ce qu’il se dirait… Ne tentons pas d’attiser la colère de l’Etranger. Nous nous reverrons plus tard ou alors bientôt si vous devez partir avant que je ne descende de mes appartements… »

Elle lui tendit une main, ne sachant si elle voulait qu’il la lui serre ou la lui baise. Mais, il était certain qu’elle souhaitait sceller le secret, leur histoire et son cœur… tout à la fois.


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Retrouvailles de non-dits.
An 302, Lune 5, semaine 1

« Non, vous ne me devez rien du tout. », répondit Tavish. Il était rassuré de voir Clarysse tenter, même faiblement, de lui adresser un sourire. Il avait su trouver les bons mots, visiblement.

Contrairement à Clarysse, Tavish savait très bien comment il se sentait face à cette vérité qu’il venait de comprendre. Il n’était pas soulagé, non. Il était troublé. Car l’explication qui s’était toujours imposée à lui, selon laquelle Clarysse s’était éprise d’un autre et que la distance qui s’était mise entre eux était donc tout à fait naturelle, l’empêchait d’avoir des regrets. Il pouvait se dire que c’était donc sans mieux ainsi. Que s’il lui avait demandé sa main, cela n’aurait pas été une bonne chose. Aujourd’hui, il ne pouvait plus penser de la sorte. Il savait que cela aurait pu se faire. Ils auraient pu. N’était ce pas la formule la plus triste de la langue commune ?

« Vous ne pouviez pas savoir. »,
répondit-il. Et lui non plus d’ailleurs. Seul Elbois savait, et il s’était caché derrière le mensonge pour empêcher que la vérité n’éclate. Il se demanda si Clarysse disait vrai. Si elle se serait véritablement pliée aux arguments de son frère ou si elle se serait rebellée. Quand tout était encore possible, si leur amour avait pu être révélé au goût du jour quand les liens du mariage ou de l’engagement ne retenait aucun d’entre eux, auraient-ils vraiment acceptés docilement de renoncer à une union sincère pour embrasser une union politique ? Ils ne le sauraient jamais…Mais il y avait des raisons d’en douter.

Malgré ses yeux rougis et quelque peu gonflés par les larmes qui s’en étaient échappées, Clarysse demeurait jolie. L’orageois lui sourit à son tour. Quelque chose dans cette déclaration d’amour l’étonna. Depuis qu’elle l’observait s’entraîner avec Elbois ? Que voulait-elle dire par là ? Il était arrivé qu’elle les observe s’entraîner bien avant que lui-même ne commence à ressentir pour elle ce qu’il n’avait jamais ressenti pour d’autres femmes. Serait-elle tombée amoureuse de lui la première ? Visiblement oui. Il s’abstint d’en demander la confirmation. A quoi cela servait-il désormais, puisqu’ils étaient contraints de renoncer à cet amour ?
« Je vous aime aussi, Clarysse. », répondit-il en la regardant dans les yeux.
Et comme elle s’était avancée vers lui, le besoin de contact fut très fort. Il approcha sa main de son visage et essuya une de ses larmes rebelles, qui coulait encore lentement sur sa joue. Plutôt que de retirer ensuite sa main, il la laissa un temps caresser sa joue.

« Oh vous savez, je crois que ma fiancée est aussi peu enchantée par son mariage que vous l’êtes pas le vôtre... », avoua-t-il avec un léger sourire qui pourtant, laisser échapper quelque chose de triste. C'était étrange d'y penser, mais Clarysse et Shoren devaient pouvoir se comprendre sur bien des sujets. « Et je serais toujours votre ami. Je vous l’ai bien souvent répété ; vous pourrez toujours compter sur moi. C’est toujours vrai », répondit-il. Il voulut également la contredire, lui dire qu’ils pourraient toujours se parler à cœur ouvert, sans tabou. Mais, il ne le fit pas car finalement, ils ne savaient pas si dans certaines situations, cela pourrait constituer une sorte de manque de respect à l’égard de sa propre épouse. Et puis, comment pourraient-ils se résigner s’ils parlaient de leurs sentiments à nouveau ? Maintenant, il leur faudrait sans doute enterrer le sujet en même temps que la possibilité…

Sa main avait quitté la joue de Clarysse, à regret, quand elle lui tendit la sienne, l’invitant à prendre congé pour ne pas risquer d’être repéré par quelqu’un, qui irait ensuite sans doute colporter des ragots. Tavish saisit délicatement la main de la jeune fille, voulut y déposer un baiser mais finalement entremêla ses doigts dans les siens et se rapprocha d’elle. Cela ne dura qu’un bref instant mais il déposa un baiser sur ses lèvres. Aussi fugace qu’une pluie d’été, il scellait sa résignation. C’était le premier et le dernier. Il disait au revoir à Clarysse mais il disait à adieu aux rêveries qu’elle avait animé chez lui. Quand il quitta la pièce, il n’en doutait nullement ; ils se reverraient, bien sûr. Leur amitié était loin d’être enterrée, il n’en doutait pas. Au contraire, leur conversation avait dissipé les doutes et expliqué la distance étrange qui s’était installée entre eux. Mais, ils avaient enterrés quelque chose aujourd’hui, malgré tout. Quelque chose qui ne serait jamais. Une idée, un rêve, qui ne pouvait plus exister.
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