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[FB] Claws and stone | Myrielle

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► Port Réal | 299, Lune 11, Semaine 2
Claws and stone


Elle observe, étrangement silencieuse, la Tour; observe le Royaume qui aujourd'hui s'est rassemblée à ici pour célébrer l'union de l'héritier des Dragons. Ou du moins, chacun comptant - ou, dans sa folie, croyant compter - sur l'échiquier du pouvoir. Tous sont-ils ici, se dorant dans les bonnes grâces des dragons, et espérant certainement jeter un regard à l'élue du coeur dont, aujourd'hui, l'union est fêtée. Pourtant, le nom que portait cette dernière avant ce jour n'était point inconnu, a-t-elle passée assez de temps déjà à la Cour pour s'y faire une place - et à Port Réal même, celle-ci n'est pas uniquement dans le coeur du prince, mais également dans ceux de la simple population. La Rose parmi les Roses la surnomme-t-on, et certainement, ce surnom n'a-t-il jamais été aussi mérité qu'il l'est aujourd'hui, pense la Tour, alors que son regard se pose sur sa cousine, plus rayonnante que jamais. Et, pour un bref instant, les regards des deux bieffoises se croisent, transformant en un véritable sourire ce sourire feint qui étire les lèvres de la Hightower depuis le début des festivités déjà. Elle est heureuse pour sa cousine. Heureuse qu'au moins l'une d'entre elles voit ses ambitions assouvies: un jour, celle qui certainement est sa seule réelle amie, sera assise aux côtés du trône de fer, et dirigerait d'un gant de velours les affaires des Sept Royaumes. Un accomplissement qui mérite bien une aussi grandiose célébration que celle qu'affiche aujourd'hui la capitale, et la Tour devrait-elle célébrer elle aussi, a-t-elle également joué une petite part dans ce succès de son amie - et pourtant, son humeur, elle, en ce jour est maussade. Et pour cause, si ce jour marque l'avènement de sa cousine et amie, il est également annonciateur de changements dans la vie de la Tour: une fois ces célébrations révolues, c'est vers la route vers l'Ouest qu'elle prendrait, elle. La route vers Hautjardin, celle qu'elle a déjà pu prendre à plus d'une reprise dans le passé en compagnie de Margaery et de cette petite sotte qui traînait à l'époque encore dans leurs pattes, mettant à rude épreuve la patience de la Tour. Non, cette fois, devra-t-elle se hâter de retourner au Bief pour assister aux préparations d'un autre mariage. De son mariage à elle. La vie n'a-t-elle point une drôle d'ironie ?son grand-père a jugé insultante la proposition de voir lié le nain des Lannister à une femme de sa maison, lui épargnant une alliance avec un estropié,  uniquement pour la jeter dans les bras d'un autre ? A la place d'un époux lui arrivant à la taille, elle en aurait un marchant sur trois pattes... car face à une alliance avec les Tyrell, l'aîné des Hightower ne fait qu'afficher ce sourire béat, qui le caractérise tant, l'esprit bien plus avec ses livres tant aimé que dans le monde réel. Un événement dont la proximité aujourd'hui frappe de plein fouet la jeune Tour - une réalisation à laquelle la Rose brisée, assise elle aussi à la table d'honneur non loin de sa soeur, n'y est sans doute pas étrangère. Parfois se demande-t-elle si son père lui a choisi cet homme pour époux pour punition de ses transgressions passées - après tout, est-il bien au courant du mépris de son aînée pour la moins éblouissante des Roses. Mais Baelor Hightower ne se laisse point ainsi guider par les émotions.

Pinçant ses lèvres, la Tour détourne son regard de la table d'honneur. De ce cousin honteux, et fiancé plus honteux encore. Elle a besoin de prendre l'air, de ne point voir partout dans ces festivités un rappel que, dans dix semaines à peine, cela serait son mariage à elle que l'on célébrerait. Mais si le vent automnal fait parcourir sa peau de frissons, ce n'est point aujourd'hui qu'il saura balayer ses tracas. Et pour cause, lui faut-il uniquement quelques minutes pour réaliser que, dans les jardins du Donjon Rouge, elle n'est pas seule aujourd'hui. Que trop rapidement, son regard se pose sur un visage qui lui est des plus familiers, l'a-t-elle vu que trop souvent lors de ces séjours en ces lieux - ou peut-être n'est-ce là qu'une impression, car ce n'est point son minois qui démarque la petite lionne de la foule, mais uniquement ce nom illustre qu'elle porte ?

« Lady Myrielle »
finit par laisser échapper la Tour sur un ton doucereux, alors qu'un sourire moqueur se dessine sur ses lèvres. La lionne qui croyait pouvoir épouser un dragon, la voici forcé de prendre part, de par sa position auprès de la princesse, à voir sa défaite ainsi fêtée de tous... « Que peut donc vous attirer en ce jour joyeux si loin des festivités ? Peut-être devriez-vous faire plus attention ma chère, on pourrait presque croire que vous ne partagez point la joie de notre prince bien-aimé. » continue-t-elle, abandonnant d'emblée ce masque d'innocente dont elle aime tant se revêtir: en vue du lien qui les unit, la petite lionne est bien placée pour connaître que la fierté voilée derrière ce visage de porcelaine n'est en rien inférieure à celle des lions - ni ne l'est son sens de la repartie. Et en ce jour, la lionne de l'Ouest semble une proie toute trouvée pour évacuer son humeur maussade. « Mais j'oubliais, vous rêviez d'endosser vous aussi les écailles des dragons, n'est-ce pas ? »


CODE BY ÐVÆLING // groover par une licorne
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Claws and stone
Je souris. Pendant tous les préparatifs, pendant toute la cérémonie, pendant tout le repas je souris. Tellement que mes joues me font mal. Il ne pouvait en être autrement. Aujourd'hui que les Sept Couronnes marient leur prince, et Rhaenys son frère. Elle n'accepterait pas qu'une de ses dames de compagnie fasse mauvaise figure et j'ai à cœur de me montrer digne jusqu'au bout. Tentant d'oublier que tous ces mets et ces vins raffinés, ce manteau posé sur ses épaules, cette foule assemblée, tout cela aurait dû être pour moi. Ainsi -et surtout- que le titre de Reine présomptive. Je m'efforce de ne point trop songer à ma défaite, mais comment faire autrement? Tout ce faste me la rappelle. J'ai failli à mon clan. Comme je les aurais rendus fiers. Et en ce jour de liesse, les rires des convives auraient été des rugissements de Lions...
Finalement, les joues meurtries et engourdies de tous ces sourires, la chaleur devenue insoutenable dans la grande salle du Donjon Rouge et l'appétit m'ayant déserté, je demande mon congé auprès de la princesse, qui me l'accorde -fort heureusement- sans barguigner. J'ais besoin d'air. D'air frais.

Il ne me faut longtemps pour trouver le chemins des jardins. Instinctivement, mes pas me portent vers la fontaine que le clapotis régulier et apaisant me rend désirable. Appuyée sur sa margelle, je demeure ainsi quelques instants. La fraîcheur de l'air sur ma gorge est salvatrice et, fermant les yeux, je laisse mes poumons se remplir puis se vider. Je pourrais rester ainsi pendant des heures à savourer ce qui me semble être la plus précieuse des libertés. Finalement, je décide de faire quelques pas pour dégourdir mes jambes et ruminer, seule, mes aigres pensées. Mon destin ne s'annonce pas si flamboyant qu'il aurait dû. J'ai dû me résoudre à laisser mes rêves de couronne à une autre et, en lieu et place du jeune Dragon, me voir lier à l'Aigle de Salvemer. Pour avoir rencontré mon promis quelques fois, il a assez belle allure pour ne pas me le rendre inacceptable, mais pour l'heure, cela ne suffit pas à me faire oublier mes ambitions contrariées alors qu'elles viennent de m'exploser au visage tout aujourd'hui.
Et comme si cette journée pouvait être encore plus pénible, voici la Hightower qui avance dans ma direction. Je détourne brièvement la tête pour tenter de dissimuler mon agacement. Elle ne peut réprimer ce sourire satisfait, celui qu'elle arbore effrontément depuis que sa cousine a réussi à hameçonner le fils du roi, comme s'il s'agissait de son propre triomphe. Ce sourire satisfait que je rêve de lui faire perdre, en même temps que sa superbe. La défaite m'est, par principe, difficile à supporter, mais l'arrogance doucereuse de cette dinde me l'est plus encore. Les filles du Bief semblent être faites de ce bois là: une apparence vernie de raffinement qui dissimule habilement les vermoulures. Hors de question de la laisser boire mon amertume jusqu'à la lie, je réponds poliment:

« Non point, madame. La cause en est, je le crains, bien plus triviale. Toutes ces roses sont magnifiques... mais leur parfum entêtant me soulève l'estomac...»

Et ce n'est pas qu'une métaphore. Depuis toute petite déjà, je déteste l'odeur capiteuse des roses qui -ironie du destin- m'écœure au plus haut point. Or, il semble que les Tyrell sont résolus à me chasser de leurs festivités quoiqu'il en coûte, car ils ont imposé leur emblème partout. Celui du marié n'est présent qu'en tentures et drapeaux... Ce que je regrette car j'aurais assurément trouvé mon compte à voir des dragons semer la terreur et le chaos dans cette mascarade... Tandis que je sourie poliment à la Tour qui m'assène son dernier trait -résolue à ouvrir encore la plaie déjà béante infligée à mon orgueil- je me demande si cette toilette hors de prix dont elle s'est attifée pourrait aisément s'embraser...

« Je ne crois pas avoir jamais été la seule...»

Mon regard s'emplit d'un lourd sous entendu. Il s'était murmuré, fût un temps, que Margaery n'avait pas été la seule Bieffoise à avoir convoité la couche d'un Dragon. Avide de tout ce qui aurait pu nuire de près ou de loin à la faction de la Rose, j'avais laissé traîner mes oreilles de dame de compagnie de la princesse Rhaenys partout où il leur avait été possible de se trouver et si je n'avais rien décelé de compromettant chez Magaery, il n'en allait pas de même pour son arrogante cousine. Son nom s'était souvent trouvé lié à celui du frère du roi, le prince -et meurtrier- Viserys. Plus que la bienséance ne le permettait... Mais de preuve, je n'en avais aucune, ni hier, ni aujourd'hui. Aussi, mon propos peut tout aussi aisément désigner les autres jeunes femmes de bonnes familles qui s'étaient un jour laissées prendre à rêver de couronne et de trôner aux côtés du prince Aegon. Je la laisse libre de son interprétation. J'espère réussir à dissimuler mon amertume au mieux afin de ne lui prêter le flanc d'aucune manière, aussi je poursuis, faussement modeste et sage:

« Nous ne sommes plus des enfants, des fantaisies plein la tête... Et l'année qui s'annonce nous verra sceller les liens sacrés à notre tour.  »

L'œil extérieur qui nous a vu échanger des banalités de damoiselles nubiles pourrait s'en laisser attendrir. Mais aucune de nous deux n'est dupe. Il me revient, à mon tour, de lui rendre la politesse de ses piques:

« Tenez, les Sept n'auraient pu désigner meilleur époux pour vous... Comme vous devez être comblée! »

Mon visage s'éclaire d'un sourire radieux qui n'est qu'à demi feint. Lorsque l'annonce avait été faite de l'union de la fière Tour et de la Rose cassée, mon cœur avait raté un bond et j'avais dû demander à me retirer un instant des appartements de la princesse pour dissimuler ce rire qui était né dans ma gorge et savourer l'instant. Un infirme. Elle allait passer le restant de ses jours à parader aux cotés d'un infirme! Nous, Lannister ne croyons pas volontiers à la justice divine, lui préférant la nôtre. Mais jamais je n'aurais pu trouver meilleure vengeance contre les affronts faits et digérés avec peine par la faction de la Rose. A chaque fois que j'y repense, mon cœur s'en trouve plus léger et tout souci s'en trouve levé, rendu plus léger que la plume. Il n'en demeure pas moins que le parti est plus qu'acceptable et avantageux, mais imaginer le destin de cette sotte imbue d'elle-même vouée à une humilité forcée me laisse un petit goût de triomphe qui se savoure sans faim.
‹c› Vanka


HJ: