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(FB) of fawns and owls ♘ Tavish & Shoren

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of fawns and owls
(FB)  Bosquebrume, 302, Lune 3, semaine 4

« That's the ideal meeting...once upon a time, only once, unexpectedly, then never again. »
Un soupire échappe de ses lèvres, alors que son regard s'évade dans ces vallons lointains qu'elle voit depuis sa fenêtre. Depuis quelque temps déjà, l'humeur de la chevêchette est des plus maussade, et pour cause: elle, qui tant aime déclarer que nul ne peut enchaîner une chouette se voit rappeler que, dans le jeu des alliance, elle n'est que  se doit de se préparer à accueillir celui qui, dans un futur proche, lui passera ces chaînes tant redoutées du mariage. Ser Tavish Cafferen. Ou devait-elle dire, Storm ? Car le respectable nom de celui qu’ils s’apprêtent à accueillir aujourd’hui n’est finalement que tromperie, voilant sous un voile de respectabilité la bien plus crue réalité sur les origines de celui qui depuis peu faisait jaser les terres orageuses en se faisait nommer Ser. Est-ce là une alliance aussi précipité qu'elle est indigne d'une chouette de la maison Mertyns - et ce peu importe la richesse des Cafferen sans doute supérieure à la leur. Et le plus rageant de cette histoire n'est autre que le simple fait que, de cette humiliation, elle en est sans doute l'auteur involontaire. Si seulement elle n'aurait pas cherché des patins à son oncle... une  seule décision de son oncle qu'elle aura défié, et pourtant, désormais, elle voit que cette vase en céramique balancée sous l'emprise de la colère n'aura fait chuter que le premier d'une série de dominos qui, aujourd'hui encore, continuent de tomber. Après tout, cela ne peut être une coïncidence que, quelques lunes plus tard, son oncle ne vienne lui faire part cette - comment l'a-t-il appelé? - bonne alliance qu'il lui a conclu. Peut-être que si elle aurait d'avantage contrôlé ce caractère enflammé comme si souvent le lui a rabâche sa grand-mère, rien de tout cela ne serait arrivé... mais comme la grande chouette le disait si bien, cela ne sert à rien de se lamenter de ce qui est arrivé. L'important, n'est pas de se lamenter du présent, mais bien de lui faire face afin de modeler un plus plaisant futur. Et sur ce point du moins, la sagesse de la chouette  n'est point tombée dans l'oreille d'une sourde: dans cette histoire, la chevêchette n'a pas encore dit son dernier mot, et le silence qui durant ces derniers jours a lié ses lèvres n'a servi que préserver sa salive, et à ce sujet, elle n'a pas encore dit son dernier mot. Ah, qu'aurait-elle aimé qu'à ce moment précis, Mary soit à ses côtés! Plus que jamais, elle a besoin des conseils de celle qui dans le passé, a su se défaire si habillement de ses prétendants... mais hélas, aujourd'hui au moins, il semble qu'elle devra faire face à ce Ser Tavish sans sa douce Mary... « Lady Shoren?» Une voix bien connue tire la jeune femme de ses pensées. « Votre oncle souhaite que vous vous joignez à lui pour accueillir les invités. Attendez, je vous aide si vous permettez. » Sans attendre une réponse, la servante s'approche de celle qu'elle a vu naître bien des années plus tôt, lui aidant de quelques gestes habilles à dompter ses boucles brunes. Et, confondant sans doute le silence de l'oisillon pour une invitation au discours, elle finit par ajouter.  « Ser Tavish sera ravi d'avoir une aussi jolie fiancée. Quel beau couple vous allez être! » Des mots de bonne intention, sans doute, et pourtant, face à eux, les traits de la chevêchette se durcissent. « Je ne me souviens pas de t'avoir demandé ton avis. Ni avoir ne serait-ce que suggéré que ce dernier m'importe. » laissa-t-elle échapper, alors que d'un geste suave, elle quitte cette coiffeuse à laquelle elle était assise. Mais si ses traits durcis témoignent d'une assurance certaine, ces doigts ne tarde pas de se refermer autour de son collier, trahissant le doute qui a ce moment précis gouverne son esprit. Et comme toujours dans de tels situations, c'est vers ce bijou hérité de sa grand-mère qu'elle se tourne. Peut-être la valeur pécuniaire de cette gemme ancienne n'est que peu importante, mais la valeur sentimentale n'en est que décuplée. Et sans doute que jamais elle n'a-t-elle eu plus besoin de la force de la grande chouette qu'aujourd'hui. Rassemblant son courage, elle laisse la sécurité de sa chambre derrière elle pour aller rejoindre son oncle.

Dans la grande salle, plusieurs lampes d'huiles ont été allumées, sans doute dans un vain espoir de chasser ces ombres d'un hiver approchant. De toute évidence, pour accueillir le si récent héritier de la maison Cafferen, peu de dépenses ont été épargnées, comme le prouve également la grande table un peu plus loin, dressée de leurs meilleurs couverts. Mais avant que l'oeil aiguisé de la chevêchette ne puisse d'avantage survoler la pièce, la voix de son oncle se fait entendre. « Ah, Shoren, te voilà. » D'un geste presque tendre, il s'approche d'elle, avant de lui poser la main sur son bras et la mener jusqu'aux invités, comme s'il craignait que, sans son soutien, jamais elle ne comblerait ces derniers mètres. « Ser Tavish, permettez-moi de vous présenter ma nièce, Shoren. J'espère que vous saurez lui pardonner son retard - après tout, n'est-ce pas le privilège des femmes que de nous faire patienter? » « Ser Tavish. » Sous le regard du rapace, la chevêchette feint une légère révérence, avant de laisser vaguer son regard sur son interlocuteur, observant pour un court instant les reflets blonds danser dans sa chevelure brune, avant de ne résumer ce rôle d'hôte gracieuse qu'on lui a attribué. « Soyez le bienvenue à Bosquebrume, Ser. J'espère que le voyage n'a pas été trop éprouvant? » Face à l'exclusion la notion même d'un plaisir feint face à cette visite de cet homme que l'on souhaite lui imposer, l'invité du rapace devra se contenter des polies platitudes. Le regard du rapace pose sur elle, alors qu'avec les autres membres de sa famille et les invités, elle s'approche de la table déjà garnie pour le banquet en honneur du faon.


La bataille ne vient que de commencer, et à l'image de sa soeur tant adorée, jamais elle ne baissera si facilement les bras devant une alliance qu'on lui impose. Alors qu'il sonne, ce clairon des batailles, car la partie ne vient que de commencer. Ses mots sont peut-être soumis à la censure de son oncle, mais les armes des femmes sont nombreuses - et celles des chouettes sont particulièrement acérées.

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Of faws and owls
An 302, Lune 3, semaine 4


« Bosquebrume porte bien son nom », avait pensé Tavish alors qu’enfin, la plus haute tour de la forteresse des Mertyns émergeait devant eux tel un fantôme flottant dans le ciel nuageux. Le chevalier s’était retourné un instant et avait observé la brume que le convoi des Cafferen laissait derrière lui en s’éloignant des bois. Il ne servait à rien de regarder derrière, c’était un nouveau chapitre de sa vie qu’il s’apprêtait à écrire devant.

Les Cafferen arrivèrent aux portes du château de pierres grises en fin d’après-midi. Ils furent accueillis par le seigneur des lieux, Lord Michael Mertyns et les présentations se firent alors que des serviteurs venaient s’occuper de leurs chevaux et de leurs affaires.  Shoren Mertyns, de son côté, brillait par son absence. Tavish leva un instant les yeux vers les fenêtres de la demeure, se demandant si sa fiancée les observait d’où elle se trouvait. Il sortit de ses pensées lorsque sa sœur posa une main sur son bras, l’invitant à suivre le seigneur de Bosquebrume qui proposait de guider ses compatriotes orageois dans sa demeure afin de présenter à chacun leurs appartements. Lord Michael Mertyns ouvrit la marche en racontant quelques anecdotes au sujet de Bosquebrume alors que les faons pénétraient dans l’antre des chouettes. Il leur parla notamment de la tapisserie monumentale qui ornait la grande salle de banquet alors que le petit groupe traversait la pièce. La grande salle était déjà prête à recevoir ses invités, les tables étaient dressées et les lampes étaient allumées, projetant sur les murs gris et froid de la forteresse les ombres élégantes de quelques flammèches blondes. Par de simples regards, Tavish échangeait avec sa sœur. Lord Mertyns semblait avoir sorti les grands moyens pour les accueillir. Il leur faudrait lui rendre la monnaie de sa pièce en organisant un mariage à la hauteur des attentes qu’il nourrissait pour sa nièce. C’était en effet en héritier et non en ancien bâtard que le seigneur de Bosquebrume traitait Tavish. Le contraire aurait été certes surprenant puisqu’il souhaitait unir sa nièce au futur seigneur qu’était le chevalier de Bourgfaon. Cela n’était donc pas dans son intérêt de mettre l’accent sur les origines illégitimes du futur lord. Une  censure semblait même s’exercer sur le statut de la jeune fille de la famille qu’il avait aimablement choisi de désigner comme Lady Shyra et non comme Lady Storm. Ayant quittés la salle de banquet où ils étaient censés se retrouver plus tard pour profiter des festivités données en l’honneur des fiançailles, les Cafferen découvrirent  les appartements que Lord Mertyns leur avait réservé à chacun. La chambre attribuée à Tavish était joliment meublée et le lit qui s’y trouvait semblait tout à fait confortable. De beaux tapis recouvraient le parquet et un timide feu brûlait déjà dans l’âtre. Ce feu avait-il été allumé afin que le chevalier ne doive pas attendre trop longtemps pour que la pièce se réchauffe, lorsqu’il irait se coucher plus tard dans la nuit ? Ou était-ce parce que, comme eux, Lord Mertyns était converti à R’hllor et connaissait l’importance des flammes ? Peut-être un peu des deux. Le seigneur de Bosquebrume laissa à ses invités le temps de se préparer et éventuellement de troquer leur vêtement de voyage pour des vêtements plus appropriés, leur indiquant qu’ils étaient attendus pour dîner dans la salle de banquet à dix-neuf heures trente. Sa nièce y serait, avait-il précisé. Tavish avait déclaré, avec un sourire, qu’il était impatient de la rencontrer.

Le chevalier de Bourgfaon se décida à quitter sa chambre une quinzaine de minutes avant que ne sonne le clairon de l’heure établie par Lord Mertyns. Il avait tâché de soigner sa présentation, replaçant les mèches rebelles de ses cheveux bruns à leur place, astiquant la broche représentant les armoiries de sa maison, qu’il portait sur son vêtement, jusqu’à ce qu’elle brille comme une gemme à la lumière de l’été.

Lorsqu’il arriva dans la salle de banquet, son père était déjà là, discutant en compagnie de Lord Mertyns sublime comme à son habitude. La conversation était partie d’un vase en céramique qui ornait le coin de la pièce, dont les décorations représentant une partie de l’histoire de l’Orage. Les seigneurs de Bosquebrume et de Bourgfaon discutaient des anciennes prises d’armes qui avaient opposés l’Orage à Dorne. Lorsque Shyra arriva à son tour, peu après lui, la conversation était axée sur l’une des grandes forces des Mertyns ; le commerce. En cela aussi, l’alliance entre Bourgfaon et Bosquebrume était pleine de promesses. Tavish hocha la tête à certains propos mais laissa essentiellement son père mener la discussion. Ses pensées étaient ailleurs. Dans sa correspondance avec Lord Arstan, Lord Michael Mertyns avait décrit sa nièce comme étant une jeune fille ravissante. Alors que cette dernière se faisait attendre, Tavish espérait que les mots du lord n’ait pas été une tromperie. Il était déterminé à offrir à sa fiancée sa plus sincère affection. Cependant, il lui serait certes plus facile de l’aimer comme un mari le devait si elle était à son goût. Il croisa le regard de sa sœur, qui devait probablement lire dans ses pensées. Celui-ci se voulait rassurant, comme elle avait tâché de l’être sur la route qui les avait amenés jusqu’ici.

Une porte s’ouvrit enfin et le seigneur des lieux se dirigea immédiatement vers celle-ci, offrant son bras à celle qui s’avérait être sa nièce, la menant à son fiancé. Un sourire se dessina sur le visage du chevalier. Tavish avait toujours eu une préférence pour les blondes, mais Lady Shoren était tout à fait ravissante. Une épaisse chevelure brune, aux boucles régulière et soyeuse, tombait librement en cascade dans son dos. Elle avait le teint clair et d’agréable traits. Lord Mertyns n’avait pas menti ; sa nièce était bien jolie.

« Soyez rassuré, il n’y a rien à pardonner », répondit Tavish à Lord Mertyns.  « Lady Shoren », la salua-t-il à son tour, inclinant respectueusement la tête devant la demoiselle.
« Non, notre trajet s’est très bien passé, je vous remercie de votre sollicitude. », lui répondit-il lorsqu’elle l’interrogea sur le déroulement de leur voyage. C'était plutôt le trajet de Castral-Roc à Bourgfaon qui l'avait fatigué et non celui de Bourgfaon à Bosquebrume. Nul sourire ne se dessina sur le visage de la jeune fille qui gardait une expression neutre, visiblement méfiante ou peu enthousiaste à l’idée de ses fiançailles. « C’est un plaisir de vous rencontrer enfin. Permettez moi de vous dire que vous êtes ravissante et que cette robe vous sied à merveille», ajouta-t-il.

Tavish suivit ensuite sa promise jusqu’à leurs places respectives devant la table qui avait été dressée en leur honneur et recula lui-même la chaise sur laquelle elle devait prendre place, comme tout bon gentleman le ferait. Il s’assit ensuite à ses côtés et tenta de capter son regard, qu’elle semblait désireuse d’éviter. Il comprit sans peine que la jeune Shoren ne se mettrait pas à lui parler de son plein gré. Le jeune homme remercia d’un signe de tête et d’un sourire un serviteur qui vint lui remplir sa coupe de vin. Il tâcha de préserver l’optimisme qui le caractérisait habituellement, ravala sa salive et chercha en lui le courage de lancer la conversation. Quel sujet lancer ? Il avait l’impression de marcher avec des patins adaptés pour la glace sur une marée de rochers de tailles inégales et de formes diverses. Les possibilités de trébucher étaient nombreuses et pourtant, il n’avait pas le droit à l’erreur s’il souhaitait que sa promise garde de lui une bonne image et qu’elle se sente à l’aise en sa présence.

« Et bien, je dois dire que Bosquebrume est une forteresse très impressionnante…De loin, elle semble communier avec le ciel. Je comprends pourquoi on l’a souvent décrite comme l’endroit idéale pour surveiller les arrivées impromptues des dorniens.», commença Tavish. « Le château de Bourgfaon est bâti en hauteur également, même s’il est très loin de rivaliser avec la taille atteinte par votre tour de garde. Des remparts du château, on peut observer la ville et les champs qui s’étendent à perte de vue. Le climat y est toutefois un peu différent…» Tavish se demanda à la seconde où il terminait de prononcer cette phrase si le sujet qu’il avait choisi n’était pas un peu maladroit. Comptait-il vraiment rassurer sa promise en lui disant d’emblée que Bourgfaon ne ressemblait guère à l’endroit où elle avait grandi ? Désirait-il déjà provoquer chez elle le mal du pays ? Trop tard, il lui fallait bien continuer. « Je ne sais pas si vous avez déjà voyagé dans le Bief ? Le climat de mon fief natal semble parfois plus proche de celui de nos voisins de l’ouest que de celui de notre propre région. Mais, cela permet à nos gens de cultiver diverses céréales avec laquelle nous fabriquons notamment une cervoise fort appréciée. Appréciez-vous la cervoise, Lady Shoren ? », lui demanda-t-il.

Tavish comptait bien sûr rassurer sa fiancée sur les sujets qui devaient probablement l’inquiéter à l’heure actuelle. Mais avant cela, il fallait bien commencer quelque part, lancer la conversation d’une manière ou d’une autre. Pour l’heure, avec ces quelques mots au sujet de leurs fiefs respectifs, il espérait simplement pouvoir capter son regard et entendre à nouveau sa voix, ce qui serait un premier pas.

[2.4]
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(FB)  Bosquebrume, 302, Lune 3, semaine 4

« That's the ideal meeting...once upon a time, only once, unexpectedly, then never again. »
Avec discrétion, son regard les toise ces invités qui aujourd'hui envahissent la grande salle du Château, alors que, encore inaperçue, elle se tient là dans l'entrée. Le voilà donc, ce fameux bâtard qui tant à fait jaser la région, il y a si peu, lorsque le Roi de part son royal décret lui a accordé ce si désirable titre de Ser. Pour l'instant, seul son dos est dans son champs de vision, ne la laissant apercevoir de son fiancé uniquement ces boucles rebelles dans lesquelles, sous la lueur des lampes dansent quelques reflets blonds . Combien dans la solitude de sa chambre, a-t-elle pu déclarer ne nullement désirer rencontrer cet homme que veut lui imposer son oncle? Qu'elle ne désire point savoir d'avantage sur cet inconnu, espérant au fond de son être que les dieux auront la grâce la préserver d'une rencontre? Et pourtant, maintenant qu'il se trouve à Bosquebrume, elle ne peut s'empêcher de l'observer en secret, se demandant bien quel destins les dieux ont-ils bien pu lui préparer. Mais avant qu'elle ne puisse d'avantage s'abandonner à ses contemplations, la voix de son oncle l'interrompt dans ses pensées. Désormais, l'attention de toute la pièce se porte sur la chevêchette, et devant tant de regards interlocuteurs, elle qui pourtant habituellement jamais ne manque d'assurance se surprend à nerveusement ravaler sa salive. Et pourtant, c'est tête haute qu'elle avance pour faire face aux convives. Et pendant un bref instant, son regard croise celui avec qui aujourd'hui elle est censée célébrer ses fiançailles uniquement pour finalement se poser sur la jeune femme qui se tient à ses côtés et que son oncle finit par présenter comme étant "Lady" Shyra. La bâtarde de Ser Cafferen, lui a-t-on soufflé avant même leur arrivé. Mais ce sont tromperies et faux-sourires qui sont à l'ordre du jour, et la vérité, elle, demeure silencieuse. De cette alliance, Michael Mertyns semble bien décidé d'en voir la conclusion, alors il danse de ses patins de velours autour de cette potentielle offense, soumettant  sa maisonnée entière à une censure des plus strictes là où les écarts du Seigneur des Faons sont concernés. Un interdit auquel la chevêchette se plie - pour l'instant du moins. Alors se contente-t-elle de poliment saluer celui qui, ce soir, porte si fièrement les armes pleines de cette maison qui de son nom l'a tout juste vêtu.

« Vous me flattez Ser Tavish. Mais hélas, je crains que crains d'être bien pâle  comparée à mes chères cousines. »

Une marque de modeste retenue, qui accompagné d'un innocent sourire en direction de cette cousine qui désormais se tient aux côtés du patriarches de chouettes, voile élégamment cette première pique de la soirée. Des femmes de la famille Mertyns, c'est elle qu'a choisi Michael comme épouse potentielle pour le paon. Elle, dernier rejeton sans signification d'une branche mineur. Et pas Branda, son héritière. Ni Mary, leur cousine, celle dont on murmurait que la beauté lui apporterait un grand mariage. N'est-ce pas là déjà un certain jugement porté aux faons? Une manière de signaler que, si on désirait une union entre les deux familles, on n'est pas pour autant prêt à payer tout prix. Ou n'est-ce là que le produit de son imagination? Mais sous le regard du rapace, rapidement la chevêchette se ressaisit. De toute évidence, son oncle est bien loin de lui faire confiance, car même plongé dans une discussion avec Lord Cafferen, il semble prêt à sonner le proverbial clairon pour rappeler sa nièce si jamais il le jugeait nécessaire. Car si à bête sûre, il ne faut pas de clairon, ce dernier semble des plus nécessaires face aux chevêchettes - du moins, si l'on en croit à la chouette suprême. Sans doute qu'aux yeux  de son oncle, aurait-elle du se contenter d'affirmer au jeune faon à quel point elle est heureuse, ou du moins honorée, d'enfin le rencontrer - mais le rapace aurait du savoir que de telles duperies sont bien éloignées du caractère de sa nièce. Les filles de la chouette peut-être savent mâcher leur mots pour ne pas offenser, et pourtant, nul ne peut les empêcher de dire leur véritable pensée. C'est ainsi qu'est la réputation des femmes issues de cette famille, et la chevêchette est bien loin de rompre avec cette longue tradition. Pour l'instant, elle voile pourtant ce fort caractère derrière un masque de bienséance, consciente que l’œil aiguisé du rapace repose sur elle. Ravalant un soupire, elle finit par se plier à ce rôle qui, ce soir, lui a été attribué.

« Le repère d'une chouette se doit d'être le plus haut des environs. finit-elle par évoquer, un léger sourire dessiné sur son visage, alors qu'avec délicatesse ses doigts effleurent la chouette en céramique posée devant elle sur la table. Elle ne saurait exister sans cette sensation de hauteur et la douce caresse des nuages. Ou du moins, est-ce là une des versions - d'autres vous diront certainement qu'à force de toujours avoir la tête dans les étoiles, les pieds des chouettes ont perdus tout contact du sol. Ou du moins, est-ce là une des descriptions sans doute bien peu flatteuses circulant au sujet des Mertyns. Une diffamation à laquelle Shoren porte bien peu d'importance en temps normal, mais qui aujourd'hui du moins n'a pas moins l'avantage de combler le silence. Et, à défaut d'être avenante, on ne pourra du moins pas lui reproché de n'avoir point conversé avec son partenaire de table.  Peut-être aurez-vous l'occasion de monter en haut de la tour durant votre visite. Par bon temps, on peut observer tout le territoire environnant - mais avec l'hiver, ce sont les nuages qui sont venues remplacer cette vue.» Ou plutôt, la brume qui couvre tout le territoire de son voile blanc, mais ce léger détail ne prenait rien à cette vue spectaculaire. A la simple pensée de devoir un jour quitter ce lieu auquel elle tient tant, son cœur se sert et devant ce malaise certain, ses doigts doucement se referment autour de cette gemme de sa grand-mère qu'elle porte toujours à son cou, comme en espérant que cette dernière lui donnera le courage nécessaire pour survivre à cette soirée. Le problème pourtant n'est pas que son interlocuteur soit si peu agréable. Du moins, face à certains des anciens prétendants de Mary, il ne peut que briller par comparaison. Et pour l'instant du moins, il semble se forcer à se montrer agréable - et cette légère maladresse qui semble accompagner ses paroles ne le rend que d'autant plus naturel. Non, le véritable problème ne vient pas tant de l'homme qui lui fait face, mais bien du simple fait qu'elle ne se voit pas quitter ce château qui l'a vu naître. Et encore moins se marier. « Pour un émissaire de votre famille, vous faites un bien piètre travail lorsqu'il s'agit de décrire les beautés de votre domaine. Ne devriez-vous pas m'assurer que je n'ai jamais rien vu de tel, et que je succomberais aux charmes de Bourgfaon au moment même où mes yeux se poseront sur le domaine? » Pour la première fois de la soirée, une lueur d'amusement anime les yeux de la chevêchette alors que cette dernière doucement laisse transparaître la franchisse légendaire de sa famille. « J'ai eu l'occasion de me rendre à l'Alcamie, à l'occasion du mariage de notre Sire liège et de celui de son frère. Mais en dehors de cela, j'avoue de m'être essentiellement rendue sur les domaines avoisinants, et surtout à Grain-La-Pluie où résident ma sœur et son époux, Blurd Mervault. Peut-être le connaissez-vous? Un bref silence marque ses paroles, avant que la chevêchette ne finisse par enchaîner, répondant enfin à la question que lui a posé son interlocuteur. Je crains donc que ma connaissance des notre région soit plutôt limitée. Contrairement à la votre, je présume. Votre rôle auprès de votre famille a du vous faire voyager. » Une ouverture, dont elle laisse soin à son interlocuteur de la saisir ou non, mais par laquelle elle espère bien parvenir à détourner la conversation de la vision sans doute restreinte que lui a apporté une enfance des plus protégées à Bosquebrume. « La cervoise? Est-ce donc là l'atout de votre région que vous choisissez de mettre en avant? » Une question prononcé d'un ton innocent, mais le regard aiguisé de la chevêchette scrute le faon, tentant de jauger quel type d'homme il est. Car la simple notion de cervoise a fait remonter à la surface le vif souvenir d'une des descriptions faites par Mary d'un de ses anciens prétendants - et autant dire que le portrait tracée par l'aînée des chouettes était tout sauf flatteur. Alors est-ce que le jeune faon porte-t-il lui aussi trop d'attention aux boissons alcoolisées? Mieux vaut espérer que non, car contrairement à son aînée, la chevêchette ne bénéficie pas du soutien d'une grand-mère pour s'en débarrasser...

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An 302, Lune 3, semaine 4


« Vous n'avez point à le craindre », répondit Tavish à la modeste réponse de sa future lady, un sourire à la fois aimable et rassurant dessiné sur son visage. Le chevalier n’avait guère prêté attention aux autres femmes de la famille Mertyns. C’était à Shoren qu’il allait s'unir, c’était donc à Shoren qu’il désirait consacrer son temps et son attention.

C’est avec soulagement que le chevalier accueillit la réponse de sa promise. En effet, cette dernière avait sourit après qu’il lui eut évoqué le caractère impressionnant de la forteresse de Bosquebrume et semblait en parler bien volontiers.  Se désignait-elle elle-même, derrière cette chouette incapable de vivre loin des hauteurs et de la caresse des nuages ? Etait-ce là le reflet de sa crainte de quitter son lieu de naissance, auquel il la devinait très attachée ? Venait-il, avec cette promesse d’alliance qu’il apportait, l’arracher cruellement à ses rêves pour la ramener vers le sol,  face à une réalité devant laquelle elle ne désirait nullement être confrontée  ?

« Et bien, je serais ravi de découvrir un tel panorama. », répondit Tavish. Peut-être accepteriez vous de me le montrer ?, pensa-t-il à proposer. Il se ravisa cependant. Il ne connaissait pas encore assez Shoren pour savoir ce qu’une telle proposition pourrait susciter comme réaction chez elle. Il avait porté le nom de Storm durant de longues années et certains attribuaient aux bâtards de bien mauvaises intentions. Peut-être s’offusquerait-elle de l’entendre déjà lui proposer de passer un moment seul à seul, peut-être même que Lord Mertyns en serait lui-même offusqué. Il y renonça donc.

D’autres hommes auraient peut-être éprouvé un sentiment de vexation face à la réponse de Lady Mertyns, mais pas lui. Au contraire, cette franchise lui plut et lui arracha même un léger rire amusé. Il préférait les femmes qui osaient exprimer le fond de leur pensée, à l’image de sa sœur par exemple, plutôt celles qui s’effaçaient en permanence de peur d’offenser quelqu’un.
« Le devrais-je ? », répondit-il d’un air amusé, plus à l’aise. « Si je désire rester honnête envers vous, et je le désire, je ne peux vous affirmer que vous succomberez au charme de Bourgfaon à la minute même où vous y poserez les pieds. Je ne vous connais point encore suffisamment pour pouvoir tenir de tels propos sans risquer de me tromper. Ce que je peux vous assurer avec certitude en revanche, c’est que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que vous vous y sentiez chez vous. », déclara-t-il, sincère, après avoir planté ses iris émeraudes dans celle de l’adolescente.

La jeune Mertyns lui apprit ensuite qu’elle s’était déjà rendue par deux fois à Accalmie ainsi que dans les fiefs avoisinants le sien, notamment celui de son beau-frère, Grain de Pluie. Shoren n’avait donc jamais pu observer un endroit comme Bourgfaon, aussi différent que le reste de l’Orage et il était presque certain que la découverte d'une telle ville serait pour elle une bonne surprise.
« Vraiment ? Je ne me suis pas rendu au mariage de notre suzerain mais je me trouvais bien, en revanche, à celui de son frère. » Et pourtant, ils ne se souvenaient pas de l’y avoir rencontrée. Mais, le mariage de Renly Baratheon avait été un grand mariage avec de très nombreux invités. Il n’était pas si étonnant qu’ils ne s’y soient pas croisés. « Nous aurions donc pu nous y rencontrer. » Mais leur différence d’âge ne les aurait guère rapprochés. Et de toute évidence, ses pensées étaient alors tournées vers une autre femme, une bieffoise aux longs cheveux blonds et au sourire taquin, qu’il s’était imaginé, son nom de Storm abandonné, voir porter le titre de Lady Cafferen. Un songe lointain qu’il ne servait à rien de raviver. « Non, je ne pense pas l’avoir déjà rencontré », lui répondit-il au sujet de son beau-frère, membre de la famille de chevaliers fieffés de Grain-La-Pluie.

« En effet », répondit Tavish, saisissant l’ouverture aimablement laissée par Shoren pour lui parler de ses propres voyages. « Avant même d’obtenir la charge d’émissaire, j’ai passé de nombreuses années dans le Bief, à Herbeval, où j’ai fait mon écuyage auprès de Ser Garrett De la Nouë. Herbeval est très proche de Bourgfaon, à seulement un jour de trajet en navire sur la Brûlebleue, mais j’ai parfois accompagné Ser Garrett dans des voyages, à la rencontre d’autres maisons bieffoises avoisinantes. Ensuite, lorsque j’ai revêtis le rôle d’émissaire, j’ai eu l’occasion de découvrir un peu mieux notre belle région, du nord au sud. Je me suis également rendu à Port-Réal pour rencontrer le roi afin de le remercier pour l’honneur qu’il m’a fait en m’accordant le nom de mon père. Et je reviens à vrai dire d’un long voyage en direction de Castral-Roc où j’étais parti rendre visite à un nouvel, et pourtant déjà très cher ami dont j’ai fais la connaissance lors du tournoi de Lestival », expliqua-t-il. C’était d’ailleurs à son arrivée au Roc qu’il avait appris l’alliance prévue entre leurs maisons respectives. « Mais assez parlé de moi ! Y a-t-il un endroit dans les Sept Couronnes que vous seriez particulièrement curieuse de découvrir, Lady Shoren ? », lui demanda-t-il.

« Un choix un peu maladroit, j’en conviens. » dit Tavish en grimaçant avec humour, après qu'il eut mentionné la cervoise typique produite par sa ville. Un léger rire s’échappa de ses lèvres, puis il reprit plus sérieusement. « Les céréales cultivées à Bourgfaon ne servent pas qu’à produire de la cervoise, bien entendu, et mon fief d’origine jouit également d’une bonne réputation dans d’autres domaines, comme par exemple dans le travail du bois. Les artisans ébénistes et menuisiers de Bourgfaon sont capables de produire de vraies merveilles, si bien qu’on se demanderait si l’ébénisterie n’est pas finalement un travail d’artiste. », répondit-il. « Alors, il est vrai que j’apprécie beaucoup notre cervoise, comme je peux également apprécier un bon vin, mais je n’en abuse pas, soyez en rassurée », répondit-il à Shoren, sur un ton rassurant, après avoir décelé sa possible inquiétude. Il lui était déjà arrivé de boire un verre de trop lors de festivités, bien sûr, mais cela n’était point du tout une habitude. Tavish n’éprouvait pas d’amour outrancier pour la boisson et possédait en plus une assez bonne résistance aux effets de l’alcool. Loin de lui l’idée de faire de la boisson un compagnon envahissant, asservissant et toxique qui mettrait mal à l'aise ou repousserait sa future épouse.

Un serviteur vint alors leur apporter le premier plat, servant Shoren d’abord, comme les bonnes manières le voulait et Tavish ensuite. L’orageois s’écarta poliment et se tint alors bien droit contre le dossier de son siège afin de faciliter la tâche au serveur puis le remercia d'un léger sourire. L’héritier de la maison Cafferen n’avait guère pour habitude de traiter les roturiers comme des fantômes, sans leur accorder le moindre regard. Il n’oubliait pas que son grand-père était maître de chenil et que sa mère était roturière. Il n’oubliait pas que durant les premières années de sa vie, avant que son père n’hérite funestement du titre de lord, c’était à la table des domestiques qu’il prenait ses repas et non à celle des nobles de la famille Cafferen.

« Avez vous le vin et la cervoise tout à fait en horreur ou accepteriez vous de trinquer avec moi,  Lady Shoren ? », demanda-t-il en saisissant sa coupe de vin, un sourire avenant dessiné sur son visage. «A notre rencontre ?», proposa-t-il tout simplement, évitant soigneusement de lui proposer de lever son verre en l'honneur d'un mariage qu'elle n'avait point désiré et au sujet duquel Tavish comptait pouvoir la rassurer davantage au cours de la soirée.
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(FB)  Bosquebrume, 302, Lune 3, semaine 4

« That's the ideal meeting...once upon a time, only once, unexpectedly, then never again. »
« Et est-ce donc là ce que vous désirez?  Être honnête envers la femme que d'autres ont choisi pour partager votre vie? » Et, pour la première fois de la soirée sans doute, le regard curieux de la chevêchette se plonge dans celui de son compagnon de table. Dit-il vrai en prétendant vouloir être honnête avec celle qui lui a été choisie pour épouse, sans qu'il ne l'ait jamais rencontré au préalable? Son regard le scrute, le jauge, et si elle est dans l'incapacité de déceler la moindre tromperie sur les traits du faon, elle ne reste pas moins sur sa réserve. Après tout, n'est-ce pas là de son devoir au faon que de se montrer agréable, ici dans l'antre de la chouette, s'il désire voir la réalisation de cette alliance? Car si la venue des faons marque l'officialisation de cette annonce à venir, de longs lunes séparent encore cette annonce de l'union à venir. Des mois durant lesquels la position des deux partis vis-à-vis de ce mariage peut encore être amené à changer - un doux espoir qui réchauffe le cœur de la chevêchette, bien que son esprit doucement commence à envisager le contraire. Prenant une profonde gorgée de ce mélange d'eau et vin que les serviteurs ont posé devant elle, elle finit demander : « Peut-être  pourriez-vous d'avantage me parler de Bourgfaon? J'ai cru comprendre que nos deux domaines sont des plus différents, mais à part cela, j'ignore encore tout du domaine de votre père. Y trouve-t-on également ces immenses forêts  embrumées qui nous entourent ici? » Et si, en silence, elle prie la jouvencelle de la préserver de ce mariage, elle se prépare pour autant à l'éventualité que ses prières restent inouïes. Et qui sait, peut-être parviendra-t-elle à d'avantage se faire à l'idée de prendre son envol pour des terres inconnues si elle sait qu'elle y retrouver du moins certaines des ces traits qu'elle aime tant à Bosquebrume? Si, à défaut de ne point avoir la sensation, juchée sur la haute tour du domaine, de voler au milieu des nuages, elle pourrait du moins garder l'illusion de se promener dans ces bois brumeux qui l'ont vu naître... mais sans doute n'est-ce là qu'un rendu plus doux encore par le fait qu'il était inatteignable. Après tout, Ser Tavish ne vient-il pas de lui conter du climat si différent de sa région? Mais à abandonner ce rêve si infantile, et pourtant si rassurant, d'au moins retrouver certaines traits commun entre l'endroit de sa naissance et ce domaine qui un jour risquait de devenir sien, elle est loin de pouvoir le faire. Pas encore, du moins.

Mais qui sait, peut-être au lieu de s'attarder sur toutes ces différences séparant leurs domaines, qui ne font finalement que nourrir les réticences de l'oisillon, est-ce mieux de s'orienter vers des sujets moins insidieux. Tel le mariage révolu du fils de leur Seigneur suzerain, par exemple. « Je doute que nous ayons cherché la même compagnie, Ser Tavish » Une remarque qui, sans doute, peut être perçue comme une autre pique envers les circonstances de la naissance du faon, et, conscient du regard de rapace posé sur elle, la chevêchette s'empresse d'ajouter : « Après tout, je ne devais être à peine plus d'une enfant à vos yeux, loin de pouvoir retenir votre regard. » A peine un an s'est écoulé depuis le mariage de Renly, et pourtant, ces quelques lunes ont suffi pour transformer l'adolescente svelte en jeune femme. Et aujourd'hui, le faon la regarderait-il s'il ne serait pas forcé à payer attention à sa fiancée? Une question qui, sans doute, ne devrait pas lui importer, et qui pourtant à ce moment précis lui semble d'une certaine importance - mais pourquoi, elle ne savait vraiment le dire. Après tout, l'inconstance des hommes n'est-elle pas une vérité connue de tous? Alors que cela changera-t-il qu'il la trouve à son goût ou non? Il ne l'épousait point pour son physique après tout, mais bien pour assurer la continuation de sa lignée. Et cela ne l'empêchait pas de s'égarer dans d'autres lits au nom du plaisir... Prenant une autre gorgée de son vin dilué, la chevêchette finit par ajouter sur un ton plus malicieux: « Et sans doute étiez vous un peu trop âgé pour retenir le mien. » Au fond d'elle, elle est consciente qu'elle devrait s'estimer heureuse devant un fiancé jeune aux traits agréables - et si, par miracle, elle parvenait à s'échapper à ce mariage, qui pouvait lui assurer que le prochain homme auquel son oncle la promettrait ne serait pas de plusieurs hivers son aîné? Peut-être ferait-elle mieux d'accepter ce parti en espérant pour le mieux, plutôt que de courir le risque de tomber sur bien pire? Peut-être est-ce là la décision la plus raisonnable, et pourtant, elle est encore loin de pouvoir s'y résigner. Et sans doute est-ce là une des raisons pour lesquelles elle est bien soulagée d'entendre le faon accepter ce changement de sujet introduit dans le seul but d'éloigner la conversation de cette union future. Parler de soi-même et de ses exploits, voilà un sujet que malgré son jeune âge, la chevêchette sait qu'il ne plait que trop aux hommes. Et même l'ancien bâtard des Cafferen ne semble que trop heureux de s'engager sur cette voie - même si bien rapidement, celle-ci semble de nouveau conduire à elle. Est-ce là une marque d'intérêt de sa part, né d'un désir réel d'apprendre d'avantage sur la femme avec laquelle il risque de devoir finir sa vie, ou n'est-ce là que l'expression d'une certaine politesse? Tout ce qu'elle peut dire à ce moment précis, c'est que le faon ne semble pas aussi imbu de lui-même pour saisir l'occasion d'élaborer sur ses voyages. « Vous devez en effet être des plus reconnaissant au Roi pour cette bénédiction qu'il a posée sur vous. » commenta-t-elle, brisant ainsi la censure imposée de part son oncle à ce sujet. Mais après tout, le faon lui-même n'est-il pas le premier à l'avoir évoqué? « Avez-vous pu le rencontrer en personne? Comment est-il? On entend tant de choses à son sujet... » Un air curieux dessiné sur son visage, elle plonge une fois de plus son regard dans celui de son interlocuteur, visiblement intéressée par la réponse que ce dernier pouvait bien lui donner. « En tout cas Ser, vous devez être las de tous ces voyages. En plus, en plein hiver. » Si le froid ne tient peut-être pas les Terres de l'Orage aussi fortement dans ses griffes qu'il ne le fait avec d'autres régions, les voyages de part un tel temps sont pour autant loin d'être aisés... « Hm, j'avoue que les récits que j'ai pu entendre au sujets des vallées fleuries du Bief ont toujours titillé mon intérêt. Et sans doute les trésors de la capitale et le Grand Septuaire de Baelor méritent certainement d'être vue. Mais je crains qu'au fond de mon cœur, je resterais toujours une orageoise, et aucune autre région, aussi magnifique soit-elle, ne saura dépasser à mes yeux ma région d'origine. Avec tous les voyages que vous avez fait, une telle vision doit vous sembler d'un grand ennui. » Mais que peut-elle bien dire d'autre? Bien que dotée la demeure de ses ancêtres commence dernièrement à se faire des plus étouffantes, elle ne peut s'imaginer en partir pour ne plus revenir. Certes, elle a apprécier les courts voyages qu'elle a pu faire à diverses occasions dans le passé, découvrant ainsi d'autres coins orageux magnifiques. Et pourtant, à la fin de ces voyages, a-t-elle toujours été heureuse de revoir le Nid des chouettes se dresser au loin.

« Mes amis. » L'hulule du rapace prive la chevêchette de l'obligation de répondre à la demande du faon. « C'est un plaisir de voir nos familles aujourd'hui réunies en une si joyeuse occasion. J'aimerais donc vous demander de lever les verres en l'honneur des deux deux personnes auxquelles nous devons ces joyeuses retrouvailles. Ma chère nièce, Shoren, et Ser Tavish.» « Il semble que l'on vous a dépassé, Ser Tavish. » laisse-t-elle échapper à voix basse, visiblement déchirée entre sarcasme et amusement. « Aux jeunes fiancés. Et à nos deux maisons, qui bientôt, aux yeux de R'hollor, seront  unies par le plus sacré des liens. » Et si la chevêchette peut encore faire bonne figure à la première partie de ce toast, rapidement ses traits se durcissent à la mention de la folle croyance à laquelle a succombé de son oncle. Et à en juger des paroles de ce dernier, également la famille de son fiancé. Et alors, que les autres membres installés autour de la table répètent "A Lady Shoren et Ser Tavish", la chevêchette reste muette, et sa coupe immobile sur la table. Non, il n'a pas pu lui faire cela. Que croit-il, qu'à défaut de ne pas parvenir à la faire convertir lui-même, il lui suffit de la marier à un autre adorateur du feu? Dommage pour lui que l'allégeance de la chevêchette n'est point si facilement acheté, ni croyance si faible qu'elle puisse être si facilement échangée pour une autre. Ce n'est finalement que de longues secondes plus tard, quand son regard colérique ne parvient plus à maintenir le regard acéré du rapace, que, d'un geste lent, elle finit par porter sa coupe à ses lèvres pincées.
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An 302, Lune 3, semaine 4

Shoren était encore très jeune et pourtant elle semblait déjà bien méfiante. D’autres jeunes filles auraient peut-être bu ses paroles et auraient cédé à de douces rêveries romantiques, mais pas Lady Shoren. Du haut de ses dix-sept ans, elle paraissait déjà dotée d’une certaine clairvoyance sur les mauvaises intentions qui pouvaient fleurir dans l’esprit des gens, nourris par des intérêts aussi divers que nombreux. Ainsi, le désir d’honnêteté avancé par son fiancé la surprit, comme si elle ne considérait pas cela compatible avec le genre masculin.
« Union arrangée ou non, les liens du mariage sont sacrés, n’est ce pas ? L’honnêteté est l’un des piliers sur lesquels un mariage solide se construit et je ne vois pas pourquoi cette honnêteté n’incomberait qu’à l’épouse.», déclara-t-il, sincère alors que pour la première fois depuis leur rencontre, la demoiselle avait plongé ses iris dans les siennes, tentant sans doute de découvrir dans le reflet de son âme s’il disait la vérité. La méfiance de sa fiancée ne le rebuta pas ; elle pouvait même être preuve d’intelligence et de maturité.
En prenant place au côté de la jeune fille, il s’était demandé, en raison de l’impression de distance qu’elle lui avait d’abord donné, s’il ne serait pas le seul à tenter de mener à bien leur conversation. Le chevalier orageois fut dès lors ravi d’entendre Shoren se montrer curieuse à l’égard de son fief natal.

« Dois-je comprendre que vous chérissez les promenades en forêt ? », demanda-t-il d’abord. « Rassurez vous dans ce cas, il est rare que Bourgfaon se retrouve plongée dans la brume caractéristique du fief de votre famille, mais elle se trouve en revanche à l’orée du Bois-Du-Roi. Il m’arrive d’y chasser en compagnie de mon père et il est très agréable de s’y promener également, notamment par de belles journées ensoleillées, l’été, lorsque par endroits certaines fleurs sauvages apparaissent et apportent une dose de couleur. Actuellement, avec le retour de l’hiver, c’est d’une nouvelle sorte de beauté que les forêts se vêtissent mais à condition de bien se couvrir pour se prémunir des dangers du froid, il est fort plaisant, je trouve, d’observer la neige recouvrir les arbres de blanc immaculé. », expliqua-t-il. L’orageois se méfiait de l’hiver, une saison qui rimait avec dangerosité, et pourtant, il ne pouvait nier qu’elle recouvrait la nature d’une beauté singulière. « Ce qui différencie Bourgfaon de Bosquebrume, c’est aussi que Bourgfaon est l’une des très rares villes de notre région. Le château mêle architecture orageoise et bieffoise, en région de sa proximité géographique avec nos voisins, et il est bâti au sommet d’une colline, de laquelle on peut observer les champs de céréales d’un côté et le bois avoisinant de l’autre. Mais lorsqu’on descend la colline, on se retrouve rapidement au milieu de multiples commerces et auberges. C’est une ville qui peut bouillonner d’activité comparé au reste de l’Orage, tout en demeurant loin de ce que j’ai pu observer à Port-Réal, où je ne savais plus où mettre les yeux tant j’étais étonné de voir de si nombreuses bâtisses et personnes au même endroit. A Bourgfaon, on peut trouver le calme comme l’effervescence, le climat typiquement ensoleillé et doux du bief comme les pluies sans fin auquel le reste de la région est accoutumée. » Le jeune homme avait tenté de fournir une description à la fois fidèle et agréable de cette ville qu’il aimait tant. Il n’avait point exercé de censure sur la réalité des différences existant entre le fief dans lequel il se trouvait actuellement et celui qui l’avait vu grandir, préférant répondre avec honnêteté à la curiosité de Shoren. La conversation s’orienta ensuite sur les endroits qu’ils avaient chacun eu l’occasion de visiter tandis que les fiancés réalisaient qu’ils auraient pu se rencontrer quelques années plus tôt, au mariage de Renly Baratheon.

« J’espère ne pas être trop âgé pour pouvoir retenir votre regard aujourd’hui, Lady Shoren. En tout cas, nul doute que vous puissiez de votre côté retenir le mien. », répondit-il en souriant. Il avait prononcé la première phrase avec une once d’humour, sachant qu’épouser un homme plus âgé pouvait avoir un côté angoissant pour une demoiselle. Mais lorsqu’il avait posé ses iris verts émeraude sur Shoren, poursuivant ses propos, c’était la sincérité qui transparaissait de son regard. De huit ans sa cadette, Shoren ressemblait déjà à une jeune femme plus qu’à une jeune fille. Elle avait été gratifiée de jolis traits, de beaux cheveux mais aussi de formes féminines qui se faisaient parfois encore trop discrètes chez d’autres adolescentes de cet âge.

Parmi les autres endroits cités par Tavish, c’est l’évocation de son voyage dans la Capitale qui retint l’attention de Shoren.
« En effet. Je me devais de lui présenter en personne mes remerciements, même si étonnamment, il m’a lui-même appris, lors de notre entrevue, que j’étais le premier noble légitimé à avoir fait le déplacement pour le faire. », répondit-il. Tavish ne comptait guère faire sonner le clairon pour rappeler à tout Bosquebrume qu’il était un ancien Storm. Visiblement, les Mertyns préféraient taire ce fait qui pour eux, étaient sans doute porteur de gêne. Mais, le chevalier n’allait pas non plus s’en cacher auprès de sa future épouse. C’était une vérité qu’il ne renierait pas. Il savait d’où il venait et il n’allait pas, comme d’autres auraient pu le faire, tracer une croix sur ses origines et interdire quiconque de les évoquer. « Je dois dire que lorsque je suis entré dans la salle du trône, j’étais un peu anxieux. La salle du trône est vraiment étonnante, je n’aurais pu imaginer le trône de fer si imposant. Quant au Roi, c’est un homme impressionnant lui aussi. C’était étrange pour moi, de me retrouver devant lui. Mais sa Majesté le roi sait également faire preuve d’humour et détendre l’atmosphère peut-être un peu lourde auquel peuvent faire face ceux qui viennent s’entretenir avec lui. », expliqua Tavish. Du moins, tel était le souvenir qu’il gardait de sa rencontre avec le roi à la fin de l’année trois-cent. Mais, depuis, bien des événements avait marqué le roi, à commencer par la renonciation de son fils aîné à ses royales prétentions.

« Je vous avoue que mon retour de Castral-Roc m’a paru bien pénible par moment. », répondit Tavish avec un léger sourire. Il écouta ensuite sa fiancée répondre à sa question et lui citer les endroits qu’elle aimerait visiter un jour. « Pas du tout. Je comprends tout à fait. », répondit-il. Le jeune homme n’imaginait pas, lui non plus, apprécier un autre endroit plus qu’il n’appréciait Bourgfaon. « C’est la même chose pour moi ; je crois qu’aucun endroit ne pourra jamais détrôner la ville qui m’a vu naître dans mon cœur ».

Comme Shoren le fit remarquer, Tavish venait de se faire devancer alors qu’il avait proposé à sa fiancée de trinquer avec lui. Lord Mertyns leva son verre en l’honneur du futur couple et l’ensemble de l’assemblée l’imita, comme le voulait la tradition. Le chevalier leva son verre, souriant et le porta à ses lèvres avant de remarquer que sa fiancée ne l’avait pas imité. Son regard s’était durablement fixé sur son oncle, comme celui des prêtres rouges se fixaient sur les flammes qui émaner des plus petites lampes à huile, et elle ne semblait pas pouvoir s’en défaire. Afin de préserver les apparences, sans doute, la jeune fille finit par boire, avec quelques secondes de décalage par rapport au reste de la salle, mais ces quelques secondes  de délai en disaient déjà long sur la tromperie à laquelle elles devaient leurs existences.

Elle ne savait pas, comprit Tavish, abasourdi. Le vin, pourtant délicieux, prit un goût amer alors qu’il se mêlait à sa salive. A cet instant, il maudit Michael Mertyns de n’avoir point du tout préparé la future mariée à cette nouvelle et de la lui apprendre d’une manière aussi abrupte, le mettant dans une situation véritablement délicate. Il décelait sans peine la colère de sa fiancée à l’égard de son oncle et la comprenait sans peine. Ce n’était point une manière honnête de procéder. Elle aurait dû être prévenue à l’avance…

« Vous n’avez pas été mise au courant de la conversion de ma famille ?
», demanda-t-il, d’une voix qui laissait transparaître le sentiment de révolte qu'il partageait avec sa fiancée. Il n'était pas du tout satisfait par le fait qu'on ait laissé celle qui s'apprêtait à devenir sa femme dans le mensonge à son sujet. Il soupira et tâcha de reprendre son calme. « Je suis vraiment désolé que vous l’appreniez de la sorte. Sachez que pour ma part, je ne comptais absolument pas vous le cacher. », déclara Tavish, d'une voix qui se voulait douce et apaisante. Cela s'entendait qu'il était sincère. L'orageois ne ferait pas semblant d’avoir donné son consentement à ce que l’on tienne sa fiancée éloignée de la vérité au sujet de sa foi. Il ne voulait pas que celle-ci se mette à douter du désir d’honnêteté qu'il avait affirmé plus tôt en raison du manque de transparence de son oncle. Ces manières là n’étaient pas les siennes et il se devait de le réaffirmer.

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De ce que vient de déclarer son interlocuteur, qu'en est-il vrai? Voilà une question qui taraude dans l'esprit de la chevêchette, alors que de longues secondes durant, elle scrute le visage du foan. Si le ton de  ce dernier a pourtant semblé sincère, ce ne sont pas moins là des paroles bien trop proches de ce qu'elle aurait aimé entendre pour ne pas éveiller en elle les soupçons d'une tromperie. Et pourtant, au fond de son cœur, elle place sous censure certaines retenues, doucement ses traits s'adoucissent face à cette déclaration de cet homme avec lequel elle doit se préparer à passer le restant de ses jours. « Si c'est là votre véritable pensée, Ser Tavish, alors vous êtes certainement un meilleur homme que nombreux de nos contemporains.  » Et si ces paroles de la part du brun s'avèrent vraies, alors qui sait, peut-être échapperait-elle à une vie de faux-semblants et de tromperies qu'elle redoutait tant - ou au contraire, ces dernières ne se feraient peut-être pas dans l'ombre, là où elle ne pourrait pas les voir, mais bien devant elle. Sous son nez. Et au lieu d'en avoir des doutes, elle aurait la certitude même des lippes de son époux... La demandera-t-il également d'accepter sous leur toit d'éventuels petits Storms de Bourgfaon? Après tout, il ne serait pas le premier à faire une telle chose, il suffit de penser aux boucles blonds du petit Storm qui résidait dans la famille de sa sœur... mais pour la chevêchette, est-ce bien là un prix qu'elle n'est point prête à payer au nom de l’honnêteté. Enfin, pour l'instant, ils n'y étaient point encore: peut-être leurs fiançailles sont-elle désormais officielles, mais seuls les dieux peuvent dire si elles tiendront jusqu'au mariage. Après tout, de tels débuts d'alliances ne sont pas inscrits dans la pierre, mais sont tels de la céramique brisé à tout instant - et Mary n'en est-elle pas la meilleure preuve? Durant de longues années, l'aînée des chouettes a su préserver son célibat en repoussant les prétendants qui se présentaient devant elle. Alors que les Cafferen ne sonnent pas trop tôt le clairon de la victoire, car dans cette histoire, chacun n'a pas encore dit son dernier mot. Mais si cette pensée jamais n'a quitté l'esprit de la chevêchette, doucement celle-ci se voit atténuée par une toute autre question: cela en vaut-il la peine? Ce n'est pas tant le fait que de s'y opposer égalerait à chercher des patins à son oncle qui sème le doute dans son esprit, mais bien une simple vérité: ce prétendant qu'on lui a imposé n'est peut-être pas des plus désagréables. Ou du moins, est-il mieux que ceux ayant laissé traîner désireux leurs regards sur l'aînée des chouettes. Et même si elle parvient à se défaire de cette alliance, qui peut bien lui assurer que la prochaine qu'on cherchera à lui imposer ne sera pas pire? Car depuis le peu de temps à peine qu'ils ont passé en compagnie de l'un de l'autre, Ser Tavish n'a peut-être pas gagné s confiance, mais du moins a-t-il su atténuer le vif rejet de sa personne et semer le trouble dans l'esprit de la chevêchette. « Vous êtes observateur, Ser Tavish. » finit-elle par ajouter sur un ton presque coquet. « J'aime en effet les promenades en pleine nature.  » Est-ce là une activité dont il n'approuve guère? Cela expliquerait pourquoi il ait relevé cet innocent plaisir qu'à la chevêchette - mais si mécontentement il y a de sa part, alors le faon le voile à merveille derrière un masque d'intérêt poli, tout en enchaînant sur la description d'une région qui, visiblement, lui tient à  coeur. « Cela doit être... joli » Joli... et pourtant, d'un ton poli, tente de voiler toute trace de déception face à la perte future de ces forêts embrumées qu'elle aime tant. « Mais sans doute n'avez-vous pas le temps de profiter de ces scènes que vous décrivez, avec tous ces voyages qui vous tiennent si loin de votre maison.  » Loquace, elle ne l'est finalement que trop peu, et pourtant, derrière toute la retenue dont elle fait preuve, la chevêchette dirige ses questions dans l'espoir d'en apprendre d'avantage sur la vie que pourrait être la sienne si ces fiançailles aboutissent en mariage. Serait-elle une de ces épouses enfuie sur les propriétés retirées de son époux, pendant que ce dernier poursuivait ses vagabondages? Un destin avec lequel elle pourrait vivre, devait-il être bien préférable aux avances non-désirés d'un époux méprisé... ou du moins, est-ce là ce qu'elle imagine. Tournant entre ses doigt cette gemme pendue à son cou, la chevêchette lutte pour chasser de telles pensées de son esprit pour se concentrer de nouveau sur son interlocuteur. « J'espère que vous pouvez excuser ma franchise, mais je doute que d'autre dans votre... condition... en parlent aussi ouvertement. »  Et encore moins se rendent à la Cour pour l'exposer encore d'avantage aux yeux du monde entier. « Et encore moins de l'exposer en se rendant à la Cour avant que les rumeurs ne se soient tues. Vous semblez être un homme surprenant Ser Tavish. Et ce sur bien des points. » De tous les hommes ayant croisé la route de la chevêchette, le faon se démarque par de désir de franchise, et encore plus de part sa langue si déliée lorsqu'il s'agit de parler de son honteux passé. « Qu'a-t-il donc pu vous amener à Castel-Roc? Votre famille entretient-elle des liens avec les Seigneurs de ces lieux? Enfin, si cela n'est pas trop indiscret de ma part de demander cela. » Recluse est peut-être sa vie, et pourtant, même à Bosquebrume, la chevêchette a pu entendre le nom de l'impressionnante forteresse de Castel-Roc - et surtout, les histoires entourant les divers membres de la famille régnant en ces lieux. De l'intrigante Cersei qui n'a su garder l'attention de son époux, au point de peu à peu le pousser dans les bras d'un homme, du légendaire Tywin, ou encore du petit lion Tyrion, les noms sont sur les lèvres de tout le monde, même loin des terres de l'Ouest. Mais un simple batard d'une maison de petite importance ne peut de toute évidence pas fréquenter de telles personnes, n'est-ce pas?

Mais rapidement, cette conversation qui pourtant s'est avéré être moins désagréable que ne l'a cru la chevêchette en arrivant dans la pièce, prend une fin des plus abruptes face aux paroles de son oncle. Comment peut-il lui faire cela? De la religion de sa nièce, ce dernier n'en est que trop conscient: n'est-ce pas justement là la raison pour laquelle la branche cadette de Raymund est-elle une épine dans son pied? Alors de faire deux pierres d'un coup, cette alliance en est l'occasion rêvée: non seulement lui permettra-t-elle de se défaire d'au moins une parti du gène ressenti, mais présente-t-elle également une opportunité pour convertir un autre membre, en lui forçant la main. Mais sur ce dernier point du moins, il échouera. Elle, frêle chevêchette qu'elle est, lui montrera que sa croyance n'est point si faible qu'elle puisse être échangée aux grès des désirs - ni sa loyauté si facilement échangée. Les lèvres pincées, elle tente de contrôler  colère et dégoût que sont siens.Et alors que son regard se fige sur une des lampes posées devant elle, le silence doucement tombe sur leur conversation. Si bien que ce n'est que plusieurs secondes plus tard que ses lèvres silencieuses se délient de nouveau.  « Il semble que cela ait échappé à son esprit que de m'en informer. » Une omission intentionnelle, sans nul doute, visant à priver la branche cadette de toute protestation, sans mettre en péril la si précieuse unité des chouettes. Mais que le rapace se détrompe, le clairon des batailles vient tout juste de sonner. Entre oncle et nièce, la guerre vient d'être déclarée - et sur ce champs de bataille, toutes les armes sont autorisées. Y compris - et peut-être même, surtout?- les sujets religieux. « J'ose espérer qu'il ne s'est pas permis de me dépeindre devant vous comme fidèle de votre dieu. Vous avez dit aimer la franchise, alors sachez que ma croyance est bien loin d'être aussi muable que de me permettre  de me détourner de mes dieux. Je ne me convertirais pas.  » Des paroles qui, sans doute, manquent de la politesse à laquelle une telle tablée est accoutumée, mais sur ce point du moins, la chevêchette refuse de s'adonner à cette tromperie initiée par son oncle.  Alors que cela soit clair, on pouvait lui prendre son nom ou même mettre sous censure toutes ses protestations face à cette alliance, mais il est hors de question qu'elle ne laisse sa croyance lui être dérobée par quelques tours détournés. Et si le faon prend offense à ces paroles, alors soit. Si la chance lui sourit, il se rétracterait même de ces fiançailles...
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An 302, Lune 3, semaine 4

Tavish s’était contenté de répondre au compliment de sa fiancée par un léger sourire. Il n’avait pas la prétention de s’estimer meilleur que d’autres, même s’il tendait du mieux qu’il le pouvait à être un homme de bien. Hommes ou femmes, pauvres ou riches, chaque individu est confronté au même choix ; la lumière ou les ténèbres. Ainsi parlait R'hllor. Il est vrai qu’il avait croisé sur sa route des hommes doté de peu d’honneur, qui pourtant recevaient plus de respect que lui, qui subissait les préjugés allant de pair avec son nom de Storm. Pour se montrer si méfiante, sans doute Lady Shoren devait avoir rencontré des hommes de la trempe de ceux qui ne traitaient pas les femmes avec le respect qui leur revenaient.

« A vous entendre, Lady Shoren, on croirait que vous avez croisé de nombreux menteurs sur votre route. Est-ce le cas ? »

Le chevalier orageois pouvait déjà déceler une certaine nostalgie dans la voix de sa fiancée à l’idée de ne pas retrouver les forêts embrumées caractéristiques de son fief dans sa nouvelle demeure à venir. Tavish pouvait la comprendre. Herbeval était similaire en termes de paysages et de climat à Bourgfaon et pourtant, il s’y était senti quelque peu dépaysé aux balbutiements de son écuyage. «Ca l’est », dit-il, d’un air rassurant. Comme il l’avait dit à Shoren, il ne la connaissait pas encore assez que pour assurer qu’elle serait totalement sous le charme de Bourgfaon dès qu’elle y poserait le pied mais il peinait néanmoins à imaginer que sa ville natale ne lui plaise pas du tout. Bourgfaon avait de quoi séduire, après tout. « Chaque fief a son charme caractéristique, plus au moins différent de son voisin mais c’est ce qui fait la richesse du royaume. », ajouta-t-il.

Shoren le soupçonna ensuite de ne pas pouvoir beaucoup profiter des paysages qu’il décrivait, en raison de sa fonction d’émissaire qui l’obligeait à voyager. D’apparence réticente à ce mariage, craignait-elle paradoxalement de se retrouver face à un époux trop absent ? Peut-être craignait-elle surtout que cet époux absent ait d’autant plus de possibilités de fréquenter d’autres femmes sur les routes, dans les auberges et les bordels ? Après tout, on disait des bâtards qu’ils avaient une sexualité débridée. C’était là des préjugés sans réels fondements, et pourtant, certains y croyaient dur comme fer. « Oh non, je ne suis pas toujours sur les routes ! Je peux largement profiter de ma ville bien aimée. Ce n’est pas comme si j’étais l’émissaire de la maison Baratheon », répondit-il. « De plus, mes voyages ne se résument d’ordinaire qu’à notre région ou à quelques fiefs avoisinants Bourgfaon, dans le Bief ou dans les terres de la couronne ».

« Au contraire de vous excuser votre franchise, je l’encourage. », répondit Tavish. « L’honnêteté et la franchise sont des qualités que je chéris particulièrement et que j’apprécie beaucoup chez les autres. J’ai l’impression que je ne me tromperai pas en avançant que c’est aussi votre cas ? », supposa-t-il, esquissant un sourire complice. « Et bien, j’espère que je vous surprends dans le bon sens, dans ce cas », dit-il ensuite,  lui souriant. Les choses semblaient évoluer plus rapidement qu’il ne l’aurait pensé vers le positif entre la jeune fiancée qui venait de lui être présentée et lui-même. Il en était ravi. « Je dois dire que vous me surprenez aussi, Lady Shoren », ajouta-t-il. En effet, âgée de seulement seize ans, la Mertyns était visiblement loin de manquer de personnalité, comme certaines demoiselles au sang bleu qui brillait par leur transparence et leur manque de caractère. En plus d’être une jolie jeune fille, Shoren semblait dotée d’une grande maturité, d’intelligence et de perspicacité, ce qui n’était pas pour déplaire à Tavish.

La jeune fille de la maison Mertyns se montra curieuse au sujet du mystérieux lien entre son fiancé et les Lannister de Castral-Roc. « Pas du tout », répondit-il lorsqu’elle lui demanda si ce n’était pas trop indiscret de lui poser cette question qu’elle venait de formuler. Après tout, elle serait bientôt son épouse, si les fiançailles tenaient le coup jusque là. « Ce ne sont pas des liens ancestraux entre nobles familles qui m’ont amenés à Castral-Roc, mais simplement une amitié nouvelle et néanmoins déjà bien solide. », déclara-t-il. «  J’ai rencontré Tyrion de la maison Lannister, l’héritier de Castral-Roc, à Lestival lors du tournoi. Le contact est tout de suite bien passé entre nous et nous sommes devenus ami aussi rapidement qu’il faut de temps à une simple pluie pour se transformer en tempête dans notre tumultueuse région. Lord Tyrion m’a invité à venir lui rendre visite dans son fief afin de se revoir mais aussi de me permettre de découvrir l’Ouest et surtout Castral-Roc. J’ai bien sûr accepté. C’était un long voyage mais très enrichissant. Et surtout, j’étais très heureux de revoir mon ami et son épouse, Lady Walda, très sympathique elle aussi. »

Un froid fut jeté sur cette conversation qui paraissait pourtant s’épanouir dans la chaleur lorsque le seigneur des lieux évoqua leur mariage futur devant R’hllor, maître de la lumière. L’autrefois Storm comprit que sa fiancée n’avait pas été mise au courant de la nouvelle foi de la famille Cafferen, aussi s’en montra-t-il contrit et lui assura-t-il qu’il ne comptait pas, pour sa part, garder cela caché. La jeune chouette avait parlé d’une voix assurée, ne laissant aucune place à l’argumentation. Elle ne se convertirait pas, clama-t-elle, n'exerçant aucune censure sur sa pensée.

Tavish avait pour sa part été mis au courant de la religion de sa fiancée. Si évidemment, une conversion rendrait les choses plus simples, il comptait se montrer patient, faire découvrir à Shoren la foi qui était la sienne, et si elle ne se sentait pas, dans son fort intérieur, appelée par la lumière de R’hllor, la laissait prier les Sept. Les fidèles de R’hllor considéraient qu’il n’y avait qu’un seul véritable Dieu et que les autres dieux étaient soit des faux dieux, soit une des manifestations de leur propre dieu. Les Sept pouvaient représenter les divers visages que les hommes désiraient voir dans le maître de la lumière, Tavish n’était pas contre cette vision des choses. Cependant, la famille Cafferen avait opté pour la lumière de R’hllor ce qui signifiait que son mariage, comme l’éducation de ses futurs enfants, devrait se faire dans la foi de R’hllor.
« J’avais été pour ma part informé de votre foi », répondit-il, après les quelques secondes de rude silence qui avait suivi l’affirmation claire et sans concession de Lady Shoren. « Et je la respecte », ajouta-t-il, même s’il n’avait pas perçu de véritable tolérance religieuse dans la voix de son interlocutrice. Beaucoup considéraient les partisans de R’hllor comme des adorateurs d’une secte, qui s’étaient détournés du véritable chemin tracé par les dieux. Un silence s’installa quelques instants, durant lesquels  Tavish regretta cette tournure chaleureuse que prenait la conversation avant que Lord Mertyns ne lève son verre en leur honneur, dévoilant en plein jour la tromperie dont il s’était rendu coupable vis à vis de sa nièce. « J’imagine que vous connaissez les préceptes de ma religion, étant donné la conversion d’une partie de votre famille…Mais…Peut-être ignorez vous comment se déroule une union devant R’hllor ? Avez-vous des questions à ce sujet ? », demanda-t-il, relançant la conversation peut-être un peu maladroitement, car il se doutait que la manière dont allait se dérouler cette union déplaisait à Lady Shoren. Cependant, il convenait de se montrer transparent sur ce qui attendait sa fiancée à Bourgfaon et dès lors, il préférait lui laisser la possibilité de discuter de ce sujet avec lui, tant qu’il se trouvait à Bosquebrume, même si cela constituait sans doute un sujet plus rebutant pour la jeune femme.

[4.3]
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(FB)  Bosquebrume, 302, Lune 3, semaine 4

« That's the ideal meeting...once upon a time, only once, unexpectedly, then never again. »
Surprenant est sans doute le mot qui le mieux décrit ce début de rencontre avec cet homme dont le destin a jugé bon de faire croiser sa route. Car si en arrivant dans la salle, ses patins de velours lourdement frottant contre le froid sol de pierre, elle était encore persuadée que cet homme aux armes brisées si récemment reforgées ne saurait lui inspirer uniquement une profonde répugnance, elle se trouve désormais forcée d'avouer que, sur bien des points, l'homme assis à ses côtés la surprend. Peut-être n'est-ce là point assez pour estomper cette réticence qu'est la sienne face au mariage, mais du moins est-ce suffisant pour adhérer à cette censure qu'a été déclarée de par son oncle au sujet des origines si peu flatteuses de l'héritier du faon. Après tout, ne racontait-on pas que ce dernier n'est nul autre que le fils d'une servante? Mais au sujet des origines de cette dernière, les rapports diffèrent, laissant pour seul point commun la si basse naissance de cette dernière. Et maintenant, le fils d'une simple roturière se présente à Bourgfaon dans l'espoir d'obtenir en mariage une chouette - une audace qui, certainement, fait se retourner dans sa tombe la grande chouette. L'égarement de toute une branche de la famille, ainsi que cette union, comment le rapace aurait-il pu plus clairement signalé qu'il se prépare à jeter au feu ces valeurs que la grande chouette a œuvré toute sa vie pour les voir préservées dans sa famille ? Des valeurs basées sur la cohésion et la fierté, que cette dernière a toujours déclarées être plus précieuses encore que toutes les gemmes des Terres de l'Orage réunies. Un enseignement qui, hélas, semble avoir été remplacé dans l'esprit du rapace par les tromperies insufflées par ces adorateurs des flammes. Au fond d'elle, la chevêchette méprise son oncle pour s'être ainsi détourné du droit chemin - mais, face aux visiteurs, quelle autre option lui reste-t-elle si ce n'est que de mimer cette apparence unie  que l'on lui a toujours inculquée comme étant la plus grande force des chouettes? Alors s'est-elle laissée allée à entretenir une polie conversation avec le jeune faon, sans pour autant se douter que cet exercice s'avérera bien plus facile qu'elle ne l'a pensé - mais sans doute est-ce là bien plus l'oeuvre de Ser Tavish que la sienne, puisque depuis le début, c'est bien le faon et non la chouette qui cherche à lancer la conversation.

« Nécessite-t-on d'avoir croisé la route des Dieux afin de croire en leur existence ? » Une question pour une autre, une dérobade à peine cachée face à ce sujet qui doucement prend une tournure trop personnelle aux yeux de la chevêchette. « Peut-être ne sommes nous pas une grande maison, Ser Tavish. Mais si les chouettes ont persisté malgré tous les orages ayant ravagé notre région, cela est bien parce que nous n'accordons point notre confiance facilement. Et même lorsque celle-ci est gagné, nous préférons le récit de nos propres yeux à ceux de langues étrangères. Les mots, bien trop souvent, ne sont que du vent. Ou du moins, est-ce là ce que notre grand-mère avait pour habitude de dire. » Des mots qui, de toute évidence, ont eu la plus grande des influences sur la jeune chevêchette, au point d'aujourd'hui encore guider ses pas. Tout comme nombreux autres enseignements que lui a accordé autrefois la grande chouette. « C'était une grande dame. » Et si un léger sourire accompagne ces paroles, celui-ci n'est que tromperie, voilant ce vide que presque deux ans après le dernier envol de la grande chouette, la chevêchette ressent toujours. Cette grand-mère, la vie la lui a arraché bien trop tôt - mais sans doute n'est-ce pas là le moment de se laisser aller à de si tristes pensées. Alors pour l'espace d'un court instant, le regard de la chevêchette reste rivé sur la lampe de céramique aux couleurs des Mertyns qui aujourd'hui orne la table. Un court instant, juste assez pour lui permettre de reprendre contrôle sur ses émotions et de monter à nouveau cette image de jeune fille bien éduquée qu'on lui demande aujourd'hui d'endosser. Dans cet esprit, tente-t-elle d'obtenir d'avantage d'informations sur ce que pourrait-être sa vie, si ses prières aux Sept restent inouïes, et que ses Dieux ne la préservent point d'une telle union. Et, pour l'espace d'un court instant, a-t-elle vu naître dans son cœur un certain espoir face aux apparentes si nombreuses absences de celui qui deviendra peut-être un jour son époux: elle qui craint tant le mariage trouve réconfort dans l'idée de passer de longues semaines - voir lunes? - loin d'un époux indésiré. Mais ce doux espoir rapidement se voit anéanti avant même d'avoir pu germer.

« En effet, l'honnêteté et la franchise sont des qualités que je chéris particulièrement. » Et si au cours des années, on a bien tenté d'apprendre à la jeune chevêchette de cacher ses véritables pensées derrière un masque de convenance et des paroles d'un vide poli, que trop souvent le fort caractère des chouettes remontait à la surface - et de ses sentiments, elle n'en fait que trop rarement un secret. Et dans cet état d"esprit, elle ne tarde point à répondre à la question du faon. « Je crains que cela reste encore à déterminer. » finit-elle par ajouter d'un ton sérieux, alors que sur les coins de ses lèvres un léger sourire se dessine. Une chose est pourtant certaine: de part son caractère du moins, le faon semble bien plus agréable compagnie que nombreux des prétendants qui, d'antan, ont espéré obtenir la main de sa soeur aînée. Et même son physique est bien plus agréable - et mis à part ses basses origines, sans doute ferait-il un bon époux. Du moins, pour celle qui souhaitait se marier - un désir qu'est bien loin d'être celui de la chevêchette.  « Et qu'aurais-je donc fait pour ainsi vous surprendre, Ser Tavish? » La distance imposée par la jeune chouette doucement commence à se rétrécir, sans que pour autant quelque chose ou quelques paroles ne puissent la faire disparaître complètement.

« C'est de bien nobles relations que vous entretenez, si le Lutin en personne vous a étendu une telle invitation. » A peine voilé est dans son ton la surprise et la grande impression que font de telles paroles de la part du faon. Jamais la chevêchette ne se serait attendu à entendre que l'héritier de la plus riche famille du Royaume n'étende une telle invitation à un bâtard si récemment légitimé. Ni même à un autre membre d'une famille moins influente des Terres de l'Orage, d'ailleurs. Mais si la révélation de cette étrange amitié n'est pas la seule faite à ce moment précis, puisque la surprise, voir même l'admiration, que montre la chevêchette sans doute n'évoque que trop clairement cette naïve insouciance propre la jeunesse. Et ses paroles suivantes sont bien loin de pouvoir estomper cette impression. « Lady Walda est-elle donc aussi belle que le suggèrent les rumeurs? » Imposantes ont été ces rumeurs clamant la si grande beauté de cette femme pourtant issue d'une famille habituellement dotés de physiques si peu avantageux. Un contraste qui rapidement a délié les langues, permettant à ces récits de traverser le royaume entier. A ces paroles, de mauvaises langues ajoutaient bien souvent que cette beauté n'est qu'exagérée par opposition au physique si peu avantageux de l'époux de cette dernière - de viles rumeurs, qui pourtant sont des plus divertissantes lors des longues soirées orageuses.

Mais que trop rapidement, cette conversation entre les deux jeunes fiancés qui enfin commençait à être moins forcée se voit avortée face à l'intervention du rapace. Quelques mots prononcées sur le ton de la célébration, et qui pourtant donnent à la chevêchette l'impression de s'étouffer de par sa propre salive. Mais tout autant que le tromperie de son oncle, s'est bien sa propre stupidité qui l'aberre : comment a-t-elle pu être aussi blonde que de croire que son oncle lui choisirait pour époux un homme qui partageait sa religion à elle? Trop longtemps le rapace a-t-il tenté de convertir les divers membres de sa famille à ce culte d'imposteur - et de toute évidence le travail de ce dernier est loin d'être terminé. Cherchant de l'aide auprès de ses parents, le regard de la chevêchette pour un court instant croise celui de sa mère, qui de par ses boucles blondes tant contraste avec la famille qu'elle a intégré par mariage. Mais si elle espérait y trouver un soutien, ne serait-ce que silencieux, cette dernière se contente d'esquisser un non discret: peu importe la frustration de la chevêchette face à cette nouvelle, ceci n'est point le moment de sonner le clairon des batailles. « Et cela ne vous dérange-t-il pas, que votre future épouse ne partage point votre foi? » Si son oncle vient peut-être de rappeler à l'assemblée l'influence non existante qu'à la récente fiancée sur cette question, la situation du faon, elle, est bien différente. En tant qu'homme, ne jouit-il pas d'une bien plus grande liberté ? Certes, son devoir envers sa famille et son domaine est de se trouver une épouse, mais cela pourrait fort bien être une demoiselle avec qui il partageait du moins cette folie qu'il appelait croyance. Ne serait-ce que pour des raisons pratiques, tel que ne point se faire humilier durant la cérémonie par une mariée ignorante des procédés de la cérémonie. « En effet, j'ignore comment se déroulent de telles cérémonies. » Tout comme elle s'efforçait d'ignorer les autres pratiques touchant à ce culte. « Peut-être... peut-être pouvez-vous me conter comment se déroule une telle cérémonie? Peut-être qu'ainsi je parviendrais à ne point m'humilier devant les convives. » 'Juste devant ma propre famille ajoute-t-elle d'une voix silencieuse. Qu'allait donc dire sa douce Mary en apprenant que sa soeur serait membre d'une telle charade? La chevêchette ne peut qu'espérer que jamais son aînée ne la verrait ainsi rabaissée - et de cette espérance naît une détermination nouvelle: celle de ne jamais nécessiter l'enseignement que le faon est en train de lui fournir. Après tout, cela ne serait point la première fois que les fiançailles d'une chouette ne conduisent pas à un mariage, n'est-ce pas?
(c) DΛNDELION


[2.1]
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An 302, Lune 3, semaine 4

La question qu’utilisa Shoren en guise de réponse arracha un sourire à Tavish. La jeune fille savait décidément user de répondant. Il était d’accord avec les enseignements que sa fiancée lui dit avoir reçu de sa grand-mère, c’est pourquoi il tentait pour sa part de faire correspondre ses mots à ses actions. « Je veux bien le croire », répondit le chevalier orageois quand Shoren décrivit feu sa grand-mère comme une grande dame. « En tout cas, ce sont en tout cas de sages enseignements qu’elle vous a transmis ».

Il n’y avait nulle tromperie dans les mots de Tavish quand celui-ci disait chérir l’honnêteté. Pourtant, au vu des responsabilités nouvelles qui pesaient sur lui et du rôle futur qu’il était amené à endosser, il serait de plus en plus souvent amené à garder le silence sur ses opinions. C’était une chose qu’il avait appris à faire il y a longtemps. S’il n’avait guère d’attrait pour le mensonge et qu’il avait pour principe de se montrer des plus sincères en compagnie de ses proches et amis très chers, il avait souvent eu à ravaler sa salive et à garder ses propres pensées pour lui, dans le silence et la discrétion qui convenait à un Storm qui avait déjà bien trop de chance de se retrouver écuyer. La censure ne pesait pas que sur les enfants illégitimes, de trop basses naissances que pour s’exprimer à leur guise. Elle pesait aussi sur les seigneurs et les représentants de nobles maisons soucieux de préserver de bonnes relations avec leurs voisins dans le respect de la diplomatie ainsi que de point ternir l’image des armoiries qu’ils faisaient graver sur les boucliers comme sur leurs céramiques.
« Je crains que cela reste encore à déterminer », avait déclaré Shoren quand Tavish lui avait demandé s’il la surprenait de manière positive. Un sourire amusé se dessina sur le visage du jeune homme. Voilà une réponse qu’aurait tout à fait pu formuler une autre noble demoiselle, aussi blonde que Shoren était brune et dont les armes florales avaient récemment été remplacées par celle d’une belette blanche sur champs d’hermine. Clarysse était mariée désormais et bientôt il le serait lui aussi. Tavish ne pouvait qu’espérer que la jolie bieffoise serait traitée par son époux comme la plus précieuse des gemmes. A ses yeux, elle méritait le plus heureux des mariages et le plus aimants des maris.

« Rien d’autres qu’être vous-même, je présume », répondit Tavish quand Shoren lui demanda ce qu’elle avait pu faire pour le surprendre. Il s’expliqua. « J’ai croisé bien des demoiselles de votre âge qui brillaient par leur manque de caractère et même parfois, si j'ose dire, par leur transparence. Je suis positivement surpris par votre franc-parler. Après tout, les conversations perdent vite de leur saveur lorsque l’on se trouve face à quelqu’un qui n’a rien à dire ou qui n’ose tout simplement pas formuler de phrases, ne pensez vous pas ? »
Shoren ne semblait pas préparée à apprendre que son futur époux avait un ami si riche et haut placé que le futur seigneur de Castral-Roc. Il faut dire que Lord Tyrion n’était point un homme à juger les gens sur leurs origines, et le nom qu’il avait longtemps porté ne les avaient absolument pas empêché de devenir amis. Tyrion appréciait d’ailleurs également sa petite sœur, qui elle, portait toujours le nom de Storm. L’orageois ne reprit pas sa fiancée mais il n’était pas un grand fan de ce genre de surnom. Il avait très tôt appris à ne pas s’offusquer de ce qu’on pourrait lui trouver comme sobriquet, tout bâtard exilé dans le Bief qu’il était. Elbois l’avait d’ailleurs toujours appelé Storm plutôt que Tavish et il avait toujours répondu par le sourire à cette appelation. Après tout, Storm il avait été et il n’avait pas de quoi en avoir honte. Renier ce nom serait renier l’amour qui avait existé entre sa mère et son père, la lumière qui étincelaient dans leurs regards lorsque ceux-ci se croisaient, la force de leurs sincères sentiments. Quant à Tyrion, il était en effet un nain et le lutin était certes un surnom approprié à sa stature. Mais, il était plus que cela. Il était Tyrion Lannister, son ami, un grand Lord en devenir, derrière sa petite taille.
La mention de la nouvelle dame de Castral-Roc sembla piquer la curiosité de Shoren Mertyns. Il est vrai que tout le royaume avait entendu parler des rumeurs concernant la beauté de Lady Walda de la maison Frey, contrastant avec les descriptions physiques traditionnellement entendues au sujet des autres membres de sa maison.
« Je ne vais pas vous mentir, Lady Walda est en effet d’une très grande beauté. », commença-t-il. Prétendre le contraire aurait été mentir. Avec ses traits fins, sa belle chevelure blonde, son doux regard et son sourire angélique, Lady Walda donnait raison aux rumeurs à son sujet. Tavish espérait cependant qu’alors qu’il parlait, sa fiancée ne se mettrait pas à se comparer à la dame de l’Ouest et à se dénigrer mentalement, comme le faisait bien des femmes en regardant leurs voisines. Car il n’était point déçu par l’apparence de sa future épouse. Shoren n’avait pas la chevelure d’or qu’il avait toujours affectionné chez la gente féminine, mais ce n’était qu’un détail car elle était malgré tout très jolie. « On pourrait croire que cette réputation l’aurait rendue hautaine, mais point du tout. C’est une jeune femme très douce et bienveillante, d’une grande bonté. R’hllor a véritablement béni ce mariage. Lorsqu’on regarde Lord Tyrion et Lady Walda, on voit transparaître la sincérité de leurs sentiments. Et comme vous le savez sûrement, ils ont déjà quatre adorables enfants. La tendance à avoir des jumeaux semblent décidément très forte chez les Lannister ! », s’exclama Tavish. En effet, après Cersei, née jumelle, avait donné naissance à des jumeaux, de même que Walda, par deux fois.
Le choc devait être grand pour Lady Shoren qui apprenait seulement, durant son banquet de fiançailles, qu’elle épouserait un homme à la foi différente de la sienne. Sans surprise, le ton de la conversation avait changé, devenant un peu plus froid, obligeant Tavish à avancer avec autant de prudence que s’il portait des patins. « Et cela ne vous dérange-t-il pas, que votre future épouse ne partage point votre foi? », avait demandé la chouette. Quand bien même cela l’aurait-il dérangé, Tavish n’avait pas vraiment le choix, contrairement à ce que Shoren pouvait s’imaginer en raison des privilèges masculins dans cette société machiste qu’était la leur.
Malgré le très bon parti que représentait Tavish en tant qu’héritier de Bourgfaon, il traînait avec lui deux désavantages notables ; une foi considérée par beaucoup comme une hérésie et un passé d’enfants illégitimes qui lui collerait encore un moment à la peau. C’est avec prudence que la famille des faons blancs avait donc du se pencher sur la question du mariage de son dernier héritier. Proposer une alliance à une famille qui risquait de la refuserait constituerait un affront et refroidirait les relations diplomatiques…C’est pourquoi Tavish avait d’ailleurs abandonné l’idée de demander la main de la jeune fille qu’il avait vu grandir à Herbeval, en raison du refus assuré de son pourtant si proche ami Elbois.
Alors, lorsque Lord Mertyns s’était lui-même adressé à Arstan Cafferen pour lui proposer une alliance, un refus n’aurait absolument pas été envisageable. Le seigneur des chouettes faisait abstraction de l’ancien nom de Tavish et proposait respectueusement d’offrir la main de sa nièce à cet ancien bâtard de sa région…Refuser aurait été faire le plus grand des affronts à Lord Mertyns. Cela aurait été comme lui dire que sa  noble maison n’était pas digne de l’ancien bâtard de la leur. Outrage suprême. Il n’y avait bien sûr aucune raison de refuser. Ce mariage arrangeait visiblement Michael Mertyns comme Arstan Cafferen, les deux familles y trouvaient leurs comptes…Mais que Shoren ne s’y trompe pas car en y réfléchissant un peu plus, on pouvait parvenir à la conclusion que malgré son statut d’héritier mâle, Tavish n’avait pas plus son mot à dire que sa fiancée.
« J’ai prié les Sept de longues années durant. C’est une foi que je comprends, même si elle n’est plus la mienne. J’aurais tort de me montrer intolérant à l’égard d’une foi que j’ai partagé un jour », répondit-il, diplomate. Mais cette religion n’était plus la sienne, certes. Et s’il ne voyait pas d’inconvénients, a-priori, à ce que son épouse continue à prier les Sept, les dogmes du Dieu de la Lumière était clair sur ce point ; il n’y avait qu’un seul dieu, les autres étaient de faux dieux ou simplement le dieu R’hllor lui-même représenté sous d’autres visages. Tavish préférait voir les Sept comme d’autres visages de R’hllor, ce qui le rendait plus enclin que d’autres à la tolérance. Néanmoins, il gardait l’espoir de parvenir à faire découvrir à Shoren cette religion qui semblait ne lui inspirer que réticences sous un autre jour et peut-être, sans prétendre à la convertir, susciter chez elle un intérêt ou du moins une plus grande indulgence.
« Bien sûr. Je ne permettrais pas que ma fiancée soit humiliée le jour de son propre mariage », répondit-il, lui souriant d’un air qui se voulait bienveillant. « Lors d’un mariage sous le regard de R’hllor, une fosse est creusée au préalable afin d’accueillir un grand feu derrière lequel se dispose le prêtre ou la prêtresse qui récitera les litanies et les chants », commença-t-il. Et oui, dans la foi du Maître de la Lumière, des lampes ne suffisaient point pour éclairer l’union. Des flammes s’élèveraient et réchaufferaient l’assemblée, ce qui, par cet hiver, n’était pas une mauvaise chose. « Lorsque vient le moment pour les futurs époux de s’approcher, la promise s’avance accompagnée par son père. Le prêtre demande qui la revendique, puis demande à ce dernier s’il veut partager son feu avec cette promise, même dans la nuit sombre et pleine de terreurs. Il pose ensuite la même question à la promise et après le recueil des consentements, leur demande de venir à lui, pour ne faire qu’un. » Il fit une pause avant de reprendre avec un petit commentaire personnel. « La suite peut paraître un peu effrayante, mais je vous rassure, elle ne l’est point autant qu’elle n’y parait ; les deux promis doivent ensuite sauter par-dessus le feu pour être officiellement marié et ne faire plus qu’un aux yeux de R’hllor. Cependant, rassurez vous, une fosse étant construite pour accueillir le feu ; les flammes ne sont point trop hautes. Ensuite seulement, l’époux enveloppe l’épouse du manteau au couleurs de sa nouvelle maison, comme dans la religion des Sept, puis le baiser, comme dans la religion des Sept également. »

[4.4]
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(FB)  Bosquebrume, 302, Lune 3, semaine 4

« That's the ideal meeting...once upon a time, only once, unexpectedly, then never again. »
« Messire Tavish, n'avez-vous donc point entendu les dires aux sujets  des femmes issues de la lignée des chouettes? » Là où taquinerie se mêle à l'innocence, c'est là que situent les paroles de la chêvechette, avant que ses lèvres ne se closent une nouvelle fois pour tremper dans ce vin qui ce soir coule plus qu'à l'accoutume. « Jamais l'une d'entre elles ne s'est démarquée de part son manque de caractère. Certaines mauvaises langues se plaisent même à dire que nous sommes aussi farouches que l'animal qui orne les armes de  notre famille. » Après tout, que bien conseillé est celui désirant une femme obéissante et effacée que de détourner son regard des chouettes? Depuis bien des générations, les femmes naissant avec le patronyme des Mertyns sont réputées pour leurs caractères des plus marqués - une réputation qui, certainement, ne s'est qu'accentuée sous la gouvernance de Mary Mertyns, puisque toujours cette dernière a-t-elle encouragé sa descendance à former son propre caractère au lieu que de s'estomper face aux attentes de la société. Contrairement à tant d'autres, la grande chouette a-t-elle su voir que d'être une Dame digne de ce nom ne rime pas exclusivement avec un effacement de son propre caractère. Un enseignement qu'elle a par la suite transmise à sa nombreuse descendance, enseignant particulièrement à ses petites filles que de concilier caractère marqué et dignité. Mais peut-être ces dires n'ont-ils jamais traversé toutes les terres orageoises, s'arrêtant aux terres avoisinantes? Cela expliquerait la surprise du faon - mais alors que les Dieux le préservent , car si le faon espérait une épouse docile au caractère malléable, mieux vaut-il qu'il se prépare à certaines surprises, puisque jamais  la chevêchette placerait sous censure son caractère uniquement pour plaire à un fiancé qu'elle n'a souhaité avoir. De telles tromperies, elle a bien trop de fierté pour en faire usage - et puis, si cela ne vienne à déranger l'héritier des faons, ce ne serait qu'un pas de plus vers la dissolution de ces fiançailles, n'est-ce pas? Mais hélas, elle est bien loin d'égaler le talent de son aînée lorsqu'il s'agit d'éloigner des prétendants indésirés, puisqu'à en juger de part les paroles de ce dernier, ce caractère tant marqué des Mertyns est bien loin de répugner le faon. Bien au contraire. Alors peut-être serait-il temps de changer de stratégie si elle veut garder espoir d'arriver à ses fins... mais quelle stratégie serait-ce? Comment pousser le faon à vouloir se retirer de cette union, sans que ses actions à elle ne fassent sonner le clairon des batailles entre leurs deux familles? Et en même temps, est-ce réellement sa meilleur option que de faire chavirer cette alliance? Des prétendants potentiels, sans doute que le faon blanc n'est-il pas le plus désagréable: doté d'un physique agréable, il n'a pas  moins réussi le miracle que de vaincre la réserve initiale de la chevêchette, l'entraînant dans une conversation bien plus vive qu'elle n'a osé l'espérer. Certes, les circonstances de ce dernier jouent en sa défaveur - et sans aucun doute est-ce là la raison qui a poussé les faons à se déclarer en faveur d'une alliance avec les chouettes. Alors peut-être la question est-elle si passé honteux, qui pour toujours entache la réputation de cet héritier est préférable à l'incertain. Et ayant dans le passé pu voir les prétendants qu'a du recevoir sa sœur, la chevêchette doute si elle n'est pas assise à côté du moindre mal. Et alors que le doute persiste toujours dans l'esprit de la jeune chevêchette, elle laisse le faon la distraire avec le récits de ces voyages dans les terres qui lui semblent si lointaines. « Quatre enfants déjà?  La Mère en personne a du toucher Lady Walda de sa grâce pour lui offrir tant d'enfants, alors que si peu de temps a écoulé depuis leur mariage. Mais peut-être n'est-ce aussi là que l'expression de cette légendaire fertilité des Freys. » Combien cette famille comptait-elle déjà de membres? La mémoire de la chevêchette lui fait défaut sur ce point précis, et uniquement de vagues moqueries lui viennent à l'esprit, selon lesquelles Lord Frey en personne serait-il incapable de nommer sa si nombreuse descendance... Mais n'est-ce là qu'un détail qui finalement n'importe que bien peu à la chevêchette. Ce qui en cette soirée l'intéresse bien plus, ce sont bien ces récits au sujet de cette femme à laquelle aujourd'hui elle se sent étrangement liée. Malgré leur différence de rang, et celle des hommes que d'autres leurs ont destinés, elles sont toutes deux forcées d'épouser des hommes aux attributs si peu flatteurs: l'un à la stature si désagréable aux yeux de nombreux de leurs semblables, l'autre à la si basse naissance... et pourtant, à en croire au récit du faon, de son destin peu enviable, Lady Walda semble s'être accoutumée à merveille - ou n'est-ce là qu'un rôle qu'elle joue, une tromperie destinée à éconduire les regards curieux?  Mais sans doute la vérité n'importe-t-elle que trop peu à ce sujet, car comment peut-elle comparer son cas à celui de la plus précieuse des gemmes de la famille Frey?

De telles comparaisons presque enfantiles ne furent que trop rapidement interrompues par l'annonce que le rapace vient de faire, dévoilant le coup de maître que, dans l'ombre, ce dernier leur a préparé.  Une union devant R'hollor - en vue des tentatives de son oncle que de convertir son frère et sa nièce réticentes, sans doute la chevêchette aurait du penser à cette éventualité. Et pourtant, sa naïveté à ce sujet l'a-t-elle aveuglée à cette possibilité même. Jusqu'à ce qu'elle se trouve confrontée à une réalité qu'elle préférerait ignorer. Et alors que la démange l'envie de faire ravaler son sourire satisfait à son cher oncle, la chevêchette ravale sa salive, tentant de garder devant leurs invités le peu de dignité qu'il lui reste encore. Au lieu de laisser libre cours à sa colère, voilà qu'elle se voit condamnée à écouter la description de ce mariage qui risque d'être le sien - et autant dire que ce récit est bien loin de la rassurer. Une telle cérémonie semble si... et bien, paysanne. Et c'est là même avant que le faon ne lui révèle le détail le plus choquant d'une telle union. « Sauter par dessus le feu? Cela semble si... difficile pour une Dame. Les partisants du Dieu rouge n'objectent-ils donc pas à ce que les jambes de leurs épouses et filles soient dévoilés aux yeux de toute l'assemblée lors d'une telle pratique ? » Car à en juger de part le récit de l'exercice que le faon vient de lui faire, les mariées ne semblent point avoir d'autre choix que de dévoiler une partie de leur jambes si elles ne souhaitaient pas voir leur robe partir en fumée... « Mais vous jouez de mon ignorance, n'est-ce pas Ser Tavish? De telles pratiques ne peuvent être vraies. »
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[2.3]

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Of faws and owls
An 302, Lune 3, semaine 4

A peine revenu de Castral-Roc, Tavish avait du prendre la route pour Bosquebrume en vue de ses fiançailles. Il n’avait donc pas vraiment eu l’opportunité de s’arrêter très longtemps sur l’Histoire de la famille Mertyns. Cependant, ces rumeurs là n’étaient point passées sous censure et il ne fallait guère creuser pour y être confronté. Tavish avait donc bel et bien entendu déclarer que les femmes de la maison des chouettes avaient d’ordinaire un caractère téméraire. Il ignorait cependant que celui-ci se marquait si vite, quand celles-ci étaient encore adolescentes. Mais cela n’était point pour lui déplaire. Il n’avait jamais été amateur de femmes effacées dans la bienséance et la transparence du paraître qui asservissait la personnalité. Ces tromperies hypocrites propres à la société de cour ne pouvaient séduire un homme comme lui qui été né entre deux mondes, comme en avait témoigné auparavant les armes brisées séantes à sa situation de bâtard. « J’en avais entendu des écho mais les rumeurs sont parfois trompeuses et j’ai coutume de tenter de me faire mon propre avis sur toutes choses plutôt que d’écouter ce que l’on raconte. », dit-il, souriant légèrement.

« Ces mauvaises langues sont peut-être empreintes de jalousie et d’envie, si vous voulez mon avis.», ajouta-t-il ensuite avec un léger sourire empreint d'une légère complicité. Après tout, en quoi était-ce une mauvaise chose de ressembler à un animal qu’il était peu aisé d’apprivoiser ? Tavish pouvait tout à fait imaginer que l’assurance et le caractère marqué des jeunes femmes de la maison Mertyns en intimideraient certaines, qui seraient ensuite poussées par leur malaise à en dire du mal. Sa petite sœur Shyra ne faisait pas toujours l’unanimité et ce pour les mêmes raisons.  

La conversation dévia ensuite sur le voyage que Tavish avait entrepris vers l’Ouest et sur les rumeurs qui touchaient la nouvelle dame de cette région et plus particulièrement, sa beauté . Le chevalier orageois ne put que les confirmer. Lady Walda était visiblement la gemme de la famille Frey avec ses cheveux blonds comme le blé et ses traits fins. Non contente d’être très jolie, la jeune femme était en plus dotée de sympathie et de bienveillance, ce qui ne retirait rien à son charme naturel.
« La fertilité des Frey combinée à la gémellité présente chez les Lannister…Cela promet un solide héritage, en effet ! », répondit Tavish. Si Lady Walda continuait de donner naissance de manière si régulière, et à plusieurs enfants en même temps, les héritiers de Lord Tyrion seraient bien nombreux, même si la maison Lannister avait bien du chemin à faire avant de pouvoir égaler la maison Frey en termes de nombre de membres. Il était étonnant de constater qu’une jeune femme aussi menue que Lady Walda était parvenue à donner naissance par deux fois à des jumeaux, et en hiver, en plus.

Tavish s’y était bel et bien préparé alors qu’il formulait à sa fiancée des explications sur le déroulement des unions devant R’hllor ; aux yeux d’une croyante des Sept, cela pouvait être choquant. Toutefois, la situation devenait embarrassante car Lady Shoren soupçonnait une mauvaise blague de sa part, ne pouvant croire que de telles pratiques existaient réellement. Pourtant, était-ce vraiment plus choquant que la pratique de la cérémonie du coucher, présente dans la religion des Sept ? Lady Shoren s’étonnait qu’une épouse, dans la religion de R’hllor, ait à soulever sa robe pour sauter par-dessus les flammes, dévoilant ainsi une partie de ses jambes. Mais dans la religion des Sept, c’était dans la nudité la plus totale que l’épouse se retrouvait, après avoir été déshabillée par les invités masculins pour rejoindre la chambre nuptiale à la lumière des lampes nocturnes.

« Je ne permettrais pas de me moquer ainsi », dit Tavish. « Pour moi aussi, la connaissance de ces pratiques est nouvelle. » Le chevalier orageois était converti à cette religion d’au-delà du Détroit depuis moins de deux ans seulement. Il n’en connaissait point encore toutes les particularités. « Le saut au dessus du feu est bel et bien un passage clé du rituel de mariage, mais comme je vous le dis, les flammes n’atteignent pas des hauteurs insensées et cela ne dure qu’un bref instant. De plus, l’assemblée se trouve au dos des mariés qui prononcent leurs vœux. », confirma-t-il, se voulant toutefois rassurant. Les invités se trouvant derrière la mariée, ils ne pouvaient guère détailler les jambes de celle-ci. Tavish restait cependant étonné d’entendre Lady Shoren s’enquérir d’avoir à dévoiler ses jambes, alors que la cérémonie du coucher, toujours bien ancrée dans la religion des Sept, en demandait bien plus. Si l’idée de se dévêtir l’effrayait, ce qu’il pouvait comprendre, ne devait elle pas être rassurée d’apprendre qu’elle échapperait à cette cérémonie typique de la religion des Sept ? « Et puis, si je comprends tout à fait que les flammes puissent avoir un caractère effrayant, ne trouvez vous pas qu’avoir à soulever sa robe un bref moment est peu de chose en comparaison avec la cérémonie du coucher traditionnellement perpétrée dans la religion des Sept ? Je ne suis pas en train d’émettre le moindre jugement de valeur sur cette tradition, rassurez vous, mais je sais que bien des jeunes mariées craignent ce moment et j’imagine sans peine à quel point cela peut être déstabilisant pour une jeune femme d’être dévêtue par les invités de ses noces. Cela ne nous choque guère d’en parler, car c’est ancré dans les mœurs de notre royaume depuis fort longtemps. Mais lorsqu’on y repense à deux fois, cette tradition ne peut-elle sembler aussi curieuse que celle du saut par-dessus les flammes de la religion de R’hllor ? »,  philosopha-t-il, dans le but de dédramatiser les faits qu'il venait d'énoncer au sujet des pratiques de sa foi.


[5.1]
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of fawns and owls
(FB)  Bosquebrume, 302, Lune 3, semaine 4

« That's the ideal meeting...once upon a time, only once, unexpectedly, then never again. »
« Peut-être ne devriez-vous point commencer une rencontre  en mettant en cause la réputation qui fait la fierté de la maison qui vous accueille.» Une caractéristique que certains des membres des chouettes n'aimeraient que trop voir s'estomper, et à cette simple mention, la chevêchette ne peut s'empêcher de laisser, pour un court instant, son regard vaguer vers le rapace perché à tête de table. « Ou du moins de la moitié de cette maison. » Elle qui habituellement aime croire qu'un certain talent pour la conversation est la sienne doit aujourd'hui avouer que doucement, la situation lui échappe. Face à cet hommes aux armes brisées si récemment ressoudées, elle s'est préparée à n'être que dédain et froideur, et voilà qu'elle se laisse que cette rencontre prend une tournure des plus inattendues. Car si la chevêchette tente bien de préserver une certaine distance, un léger sourire accompagne cet échange qui certainement peut être vu tel un timide début de flirt des deux côtés. Et pouvait-on en vouloir à la chevêchette? Après tout, cela serait mentir que de déclarer qu'avec sa conversation facile, le faon nouvellement anobli n'était point une agréable compagnie. Pour l'espace d'un dîner du moins. Pas plus. Ah, qu'aurait-elle besoin de sa soeur à ce moment précis! Sa douce Mary, elle lui aurait su être d'un conseil si précieux à ce moment pour lui aider à naviguer au travers de cette soirée sans risquer de s'enfoncer toujours d'avantage dans un marais d'où elle ne pourrait ressortir. Mais hélas, en cette soirée, la chevêchette ne peut compter sur l'expérience et l'adresse de son aînée, et au lieu que d’œuvrer à une dissolution de ces fiançailles, elle se laisse d'avantage entraîner dans le récits des voyages du faon. « Le lionceau doit être des plus comblés d'avoir une telle épouse à ses côtés. La chance semble sourire à l'hériter des Lannisters, faisant sien tout ce dont autres hommes ne peuvent que rêver. » laisse-t-elle échapper au sujet du mariage du lion et de la gemme des Frey, sans pour autant que ne se ressente la moindre envie dans sa voix. De toute évidence, Lord Tyrion devait être des plus heureux d'avoir à ses côtés une épouse dont la beauté est louée à travers tous les Sept Royaumes, et qui de plus, en un si court temps depuis leur mariage, a déjà assuré la descendance des Lannisters. Ce que Lady Walda en revanche pensait de ce mariage, eh bien, voilà certainement une toute autre histoire. Après tout, dans de telles alliances, ce ne sont jamais les femmes qui tirent la courte paille, ainsi liées par les chaînes dorées du mariages  à leur nouveau foyer alors que leurs époux parcourent leurs terres,  courtisant blondes et brunes.

Mais rapidement, l'annonce glaciale de la tromperie du rapace envers le reste de sa famille ne tarda point à mettre un terme au caractère chaleureux qu'a été celui de la conversation des deux fiancés jusqu'à présent. Si doucement, au cours de cette soirée, ils ont au moins réussi à abaisser certaines des barrières construites entre eux, quelques petits mots seulement suffisent pour anéantir tout effort. Et alors que l'étiquette cloue la chevêchette à sa chaise, à l'intérieur, elle bouillonne. Comment peut-on attendre d'elle que devant une annonce aussi explosive, elle reste assise là, telle la lady en laquelle la grande chouette a souhaité l'enlever? Ah, qu'aimerait-elle donner libre cours à cette colère qui brode en elle, pour qu'elle se déverse tel un violent orage d'été sur son oncle - mais de sa dernière explosion, elle en a retenue la leçon: ce n'est pas en balançant quelques figurines en céramique qu'elle parviendrait à changer quoique ce soit. Au contraire même, c'est sans doute justement ces effusions d'émotions qui l'ont conduit droit dans une telle situation. Alors, une fois de plus, elle doit tenter de prendre exemple sur son aînée et ravaler sa salive en attendant un moment opportun pour agir. Mais à la lueur des lampes, elle jure qu'un tel affront de son oncle ne sera point placé sous censure. En signant une telle alliance, ce dernier a fait sonner le clairon des batailles, bafouant ainsi les souhaits de la branche cadette - et ça, c'est bien un affront que la chevêchette n'est pas prête à oublier.

Mais pour l'instant, l'oisillon ne peut que sortir ses griffes pour restaurer la distance dont elle n'aurait jamais du se défaire - tout en apprenant bien des détails sur ce méprisable culte dont elle aurait préféré être gardée dans l'ignorance. Sur ce point du moins, le plan du rapace est du génie, l'oblige-t-il ainsi de s'intéresser de plus près à cette travestie de religion qu'elle ne l'aurait consenti le faire dans d'autres circonstances. « Alors peut-être ces détails sont-ils encore si nouveau pour vous que vous faites erreur. » lance-t-elle sur un ton froid, et dans lequel pourtant se reflète un espoir lointain. « Quelle religion pourrait bien forcer une dame à sauter au-dessus un feu! Qu'il soit de petite taille ou non! Cela semble si peu... digne. Si peu pratique. Et tant risqué pour la robe de cette dernière. » La cérémonie du mariage après tout n'est-elle pas le reflet de la dignité des deux maisons cherchant à unir leurs destins? Mais de dignité, les pratiques ainsi dépeintes par le faon en semblent dépourvues. Tout comme de grâce et beauté, car comment une mariée peut-elle bien espérer arriver à son mariage dans une robe taillée à la dernière mode des Sept Royaumes sans n'avoir à craindre qu'au cours de la cérémonie, sa traîne de robe ne soit réduite en poussière? Non, de telles cérémonies sont certainement plus adéquates pour les roturiers que pour les représentants de la noblesse, pour lesquels union rimait avec grâce et puissance. Et pourtant, si de tels récits du faon sont déjà parvenus à choquer la chevêchette, ce n'est certainement rien comparé au propos qui suivent. Et alors que le brun évoque des sujets qui peu adéquats pour être évoqués autour d'un dîner, les joues de la cadette des chouettes s'empourprent, témoignant à l'assemblée entière le gène qu'elle ressent à ce moment précis. La cérémonie du coucher... voilà bien un sujet auquel elle a pour l'instant soigneusement évité de songer, espérant bien ne point en arriver là.  Alors se mêlent surprise et indignation dans sa voix quand elle finit par répondre à celui qui , jusqu'à quelques minutes à peine, a encore été d'une si bonne compagnie. Mais visiblement, s'il est parvenue un temps durant à masquer les déficits de son éducation, ces derniers finissent bien rapidement par faire surface. « Ser Tavish! Comment pouvez-vous parler d'une telle chose ? Peut-être ne vous l'a-t-on point appris, mais ce n'est guère là un sujet à évoquer autour d'une table, et encore moins en présence d'une dame! » Et alors que les regards se posent sur eux, la chevêchette tente tant bien que mal à noyer son indignation dans une autre gorgée de vin: le dîner est encore trop peu avancé pour qu'elle puisse se retirer impunément. Alors elle n'a point d'autre choix que de rester à sa place, espérant que ces propos quelques peu déplacés du faon restent les derniers.

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Of faws and owls
An 302, Lune 3, semaine 4


Tavish Cafferen avait senti l’espoir de la création d’une ébauche de complicité l’envahir doucement durant cette première rencontre entre l’héritier faon et la nièce de la chouette mais cet espoir semblait s’être envolé au loin, emportant avec lui les quelques sourires de Shoren Mertyns qu’il ne semblait pas prêt de revoir égayer son visage de sitôt.

Le ton de la demoiselle était froid, comme ces hivers où l’on pouvait glisser sur les lacs à gelé à l’aide de patins, et cassant comme la céramique la plus fine et la plus fragile.Il préféra se taire alors qu’elle osait remettre en cause ses connaissances concernant sa propre foi, puis en qualifier les pratiques comme peu dignes. En déclarant cela, sans exercer la moindre censure sur ses mots, Shoren Mertyns manquait de respect à l’ensemble de la maison Cafferen, qui s’était entièrement convertie à R’hllor. Les convertis étaient également nombreux parmi les gens de Bourgfaon, dont elle serait un jour sans doute la lady, et elle ne montrait guère de respect pour les croyances de son futur fief en cet instant. Un sentiment de désillusion se fit ressentir ; les choses risquaient d’être compliquées... D’un côté, certes, Shoren venait d’apprendre que son fiancé ne partageait pas la foi des Sept. Cela avait de quoi la mettre dans un état de colère, peu propice à la tolérance et à l’ouverture d’esprit. Il le comprenait tout à fait. Cependant, il se pourrait aussi qu’un obstacle non négligeable soit en train de se dresser entre le faon et la jeune chouette et que l’intolérance religieuse de Lady Shoren persiste encore avec les lunes à venir, solide comme des armes.

Il n’était pourtant pas question de sonner le clairon des conflits à l’encontre de sa fiancée et même si les propos de celle-ci avaient de quoi blesser, Tavish se contenta de se resservir en vin tout en réfléchissant à ce qu’il convenait de répondre. Le jeune homme n’était pas de nature susceptible. Quelques secondes s’écoulèrent avant que l’orageois ne reprenne la parole, le temps pour lui de trouver les bons mots, tâchant malgré tout de prendre un air rassurant, très toujours calme. « Je vous le répète, Lady Shoren ; les flammes proviennent d’une fosse. Cela peut paraître étonnant, je le conçois, mais vraiment, elles ne sont pas hautes et ce n’est point aussi risqué que cela ne le semble lorsque je vous le décris. Il n’y a point d’inquiétude à avoir pour les jeunes femmes qui se marient devant R’hllor, ce n’est tout de même pas le but de leurs époux que de les mettre en danger ou d’abîmer leurs robes ! », dit-il, sur un ton plus léger, tentant de détendre l’atmosphère. S’il avait utilisé une formule impersonnelle, Tavish sous entendait évidemment qu’il ne mettrait pas son épouse en danger devant les flammes de R’hllor, qu’elle n’avait pas à s’en faire. Pour ce qui était du vêtement, la robe de mariée de son épouse ne s’enflammerait pas, il ne laisserait jamais une telle chose se produire. La sécurité de sa fiancée serait sa priorité. Le seul danger pour cette robe serait d’être un peu salie sur les bords, mais la future dame de Bourgfaon seraient de toute évidence gâtée en robes, gemmes et parures.

C’était aussi dans le but de détendre l’atmosphère et de rassurer sa promise que Tavish évoqua la tradition de la cérémonie du coucher, comparée à laquelle le saut par-dessus les flammes de R’hllor était une bien petite chose. Mais cela n’eut guère l’effet escompté…Au contraire, le visage de sa fiancée s’empourpa alors qe la gêne l’envahissait.
« Ser Tavish! Comment pouvez-vous parler d'une telle chose ? Peut-être ne vous l'a-t-on point appris, mais ce n'est guère là un sujet à évoquer autour d'une table, et encore moins en présence d'une dame! », s’exclama-t-elle. Tavish ne s’était pas préparé à une telle réaction. Il ravala sa salive, qui prenait le gout amer de l’échec, alors que sa fiancée buvait une gorgée de vin, tentant de préserver les apparences et de masquer sa gêne face aux invités pour qui ils constituaient tous deux le centre d’intérêt principal.

L’orageois n’avait guère besoin de l’étincelante lumière d’une lampe pour y voir clair dans les sous-entendus qui se cachaient derrière les propos de sa fiancée. En supposant que Tavish n’avait point appris ce qui se disait ou non à table, elle remettait en question son éducation et ce pour la raison évidente qu’il portait autrefois le nom de Storm. Pourtant, ce patronyme ne l’avait pas empêché de bénéficier d’une bonne éducation dès son plus jeune âge. Après tout, il était né dans un château et y avait vécu, tout comme elle. Et à Herbeval, le temps de son écuyage, c’était bien dans une famille très soucieuse des convenances qu’il avait atterri. Mais il ne s’en offusqua pas. Il s’était fait à l’idée que sa promise aurait sans doute des préjugés sur sa condition et il était prêt à se montrer patient à ce sujet. Clarysse aussi en avait, au début. Et pourtant, l’orgueilleuse bieffoise blonde était devenue une jeune femme tolérante, très amie avec un Storm. Les choses peuvent changer. Les a-priori peuvent disparaître. Il suffit de temps, le temps nécessaire pour apprendre à connaître autrui. Peut-être Tavish avait-il été un peu maladroit dans ses propos, cependant, il avait parlé avec les meilleures intentions ; celles de rassurer sa fiancée. Et si Shoren Mertyns était choquée par ses paroles, Tavish restait persuadé que d’autres femmes auraient pu trouver du positif dans ses dires, voir du réconfort face à la perspective toujours un peu stressante d’un mariage avec un inconnu, et dès lors ne point s’en offusquer. Pourtant, il était mal à l’aise lui aussi. Il n’avait jamais voulu mettre la jolie brune dans l’embarras, au contraire, et il aurait souhaité être en mesure de remonter le temps pour ravaler ses mots avant qu’ils ne traversent ses lèvres.

« Je suis désolé, je ne voulais absolument pas vous mettre mal à l’aise, Lady Shoren », dit-il, sincèrement contrit. « J’ai peut-être été un peu maladroit… J’ai simplement pensé que vous seriez peut-être rassurée de savoir que de telles traditions ne font pas partie des unions officiées devant le Maître de la Lumière. Ce n’était pas très réfléchi de ma part, je le reconnais. Mais il n’était absolument pas dans mes intentions de vous gêner…Je m’en excuse sincèrement. Je n’aborderais plus le sujet, dans ce cas. », dit-il. La situation  était étrange pour lui aussi ; C’était très probablement sa future épouse qui se tenait à ses côtés en cet instant. Le désir de faire bonne impression, de commencer sur de bonnes bases, était très fort et amenait avec lui son lot de pression. Il n’était pas aisé de trouver le discours parfait à tenir dans une situation aussi inhabituelle et importante. Et pourtant, en cet instant, il se sentait bel et bien à la fois sot et désolé de ne pas avoir réfléchi plus longuement avant de parler. Après tout, Shoren était encore une adolescente, de près de huit ans sa cadette. C’était une pucelle, elle ne s’était jamais dévêtue devant un homme. Alors qu’en ce qui la concernait, évidemment…Son épouse ne serait pas sa première. Il laissa un léger silence s’installer, le temps à Lady Shoren d’accepter ses excuses. « Peut-être pouvons nous parler d’autre choses ? J’ai cru comprendre que vous avez une sœur aînée. Êtes-vous proches, toutes les deux ? Ou peut-être êtes-vous plus proches de vos cousines, qui vivent ici avec vous ? » Tavish avait retenu que la sœur aînée de Shoren était plus âgée et déjà mariée, peut-être était donc plus proche de ses cousines. Il abordait là un sujet plus léger, espérant que la conversation puisse repartir sur de bonnes bases et que cette première impression ne soit pas condamnée à être négative aux yeux de Lady Shoren Mertyns, potentielle future lady des faons.
[5.2]
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(FB)  Bosquebrume, 302, Lune 3, semaine 4

« That's the ideal meeting...once upon a time, only once, unexpectedly, then never again. »
Assise sur sa chaise, tel sur un brasier, la chevêchette ravale sa salive et surtout les mots qui lui pèsent sur le bout de la langue. Dures sont déjà ses paroles, blessantes sans doute même, mais face à une telle tromperie, comment pourrait-elle rester de marbre? Calculateur, le rapace a attendu de faire rententir le clairon des batailles jusqu'à pouvoir s'assurer qu'il ne ferait que le son de ce dernier sera étouffé celui de la victoire. Et maintenant que l'union future entre les deux maisons vient d'être déclarée, ses opposants pouvaient bien sortir leurs armes  - mais que peuvent-ils espérer obtenir? En retenant cette information capitale, le rapace a placé sous censure toute potentielle opposition - et opposition, il y aurait eu, comme il n'a que trop bien du savoir. Mais il a fait fi des désirs des autres membres de sa famille, et a bafoué de part cette alliance non seulement leur fierté, mais également leur croyance. Et si à cette simple pensée, la colère ravage l'esprit de la chevêchette, ce n'est pas tant contre son oncle que cette dernière se dirige - du moins, pas entièrement. Non, c'est bien envers elle-même que se dirige sa rage. Comment a-t-elle pu être si blonde pour ne pas se douter de cette possibilité? Avec cette folie du feu touchant une majorité des terres de l'Orage, n'aurait-elle pas du être préparée à une telle éventualité? Mais a-t-elle laissé l'infantile espoir d'être préservée d'un tel destin prendre le dessus sur sa raison. Et les larmes aux yeux et la rage au ventre. Déchirée entre l'envie de laisser libre cours à sa colère en balançant au mur cette stupide statuette en céramique qui sembler couve d'un regard moqueur, et celle de se réfugier sous les draps de son lit, pour ne remontrer son visage une fois ce mauvais rêve passé. Si l'éducation de sa grand-mère la force à rester assise là, assumant le rôle de simple pantin qu'est le sien dans ce jeu des alliances, loin, très loin d'elle est-il de contrôler ses émotions. Et de ce manque de contenance associé à son jeune âge, c'est ironiquement celui qui pourtant ne tente que de la rassurer qui en paie les frais.

Pendant un bref instant, le regard acéré de la petite chouette frôle son promis, avant de ravaler la cinglante réponse qui pourtant est déjà sur le bout de sa langue. Non, en effet, le jour même du mariage, les hommes traitent encore leur promise telle une gemme des plus précieuses avec laquelle ils peuvent s'orner - jusqu'à n'en trouver une plus brillante encore. Cette fois pourtant, aucune réponse ne franchit ses lèvres: ces doutes, elle les garde au plus profond d'elle. Après tout, à quoi bon que de les dévoiler? Rien ne changerait. Sa condition de femme l'amenait inlassablement à un jour devenir épouse, et avec grande probabilité de n'être dès lors vu uniquement en tant que ventre capable de donner des héritier à l'homme dont elle portera le nom. Une condition qui, étrangement, semble tant faire rêvasser sa cousine, qui ne cessait de parler d'amour et d'alliance - mais  sur ce point du moins, la chevêchette est bien plus terre à terre. Loin est-il d'être enviable à ses yeux, ce statut de femme mariée et tout ce que ce dernier entraînait - et que ce ne sont point les paroles du faon qui vont y changer quelque chose. Qu'ils sont mal choisi ses mots s'il espérait ainsi la rassurer! La nuit de noce... voilà un sujet que jusqu'à présent elle est parvenue à confiner dans une coin si profond de son cerveau qu'il n'a pas effleuré une seule fois ses pensées... jusqu'à maintenant. Portant une fois de plus son gobelet à ses lèvres, la chevêchette espère bien faire usage de ce courage liquide dont elle a tant entendu les récits de ses exploits. Les joues d'un rouge écarlate, et incapable de regarder de face son interlocuteur, elle finit par répondre d'une voix légèrement plus posée: « Peut-être est-ce une tradition pour certains, mais cela est difficilement considéré comme étant un sujet de conversation adapté. » Même s'ils vont devoir passer par là, cérémonie du coucher ou non, si les souhaits de leurs familles respectives encore d'avantage se concrétisent. Un sujet auquel la jeune femme ne désire point penser. De ce qui, exactement, se passerait une telle nuit une fois la porte de la chambre fermée derrière les jeunes mariés, elle préfère en rester dans l'ignorance. Du moins, pour un certain temps encore. « Y a-t-il... d'autres... traditions auxquelles je dois m'attendre? » finit-elle par demander d'une voix hésitante. Par là, elle ne parle point de ce qui se passera l'abri des regards des invités, mais bien de la partie bien plus publique de cette alliance. Car bien qu'elle soit bien loin d'être en mesure de toujours voiler son mépris de cette secte - un mépris quelque peu alimenté par le comportement de ce soir - elle ne désire point plonger son potentiel époux et elle-même dans l’embarras lors de la cérémonie. Du moins, si cette dernière venait réellement à se produire.

Mais bien rapidement, le glissant terrain de religion et cérémonies est abandonné au grand soulagement de la chevêchette. Depuis tout à l'heure, elle a eu l'impression de marcher sur des patins, incapable de dissocier colère envers le rapace et elle-même de sa conversation. Et pourtant, à la simple mention de Mary, son coeur se pince. Que cette dernière dirait-elle d'une telle union? La chevêchette que trop bien peut s'imaginer le choc et l'indignation de cette dernière. Cette soit disant religion à laquelle ont adhéré leur oncle ainsi qu'une grande parti des seigneurs de la région a toujours déplu autant à Mary qu'elle ne l'a à chevêchette. Plus, peut-être même. Alors, au moment où le faon n'évoque l'aînée des chouettes, la cadette ne peut s'empêcher de se demander  si Mary viendrait à son mariage, ou si elle déciderait d'en demeurer absente en signe de protestation. Cette simple pensée plonge la chevêchette en désarroi. S'il n'y aurait pas sa sœur pour lui prêter force et soutien, comment pourrait-elle surmonter cette journée encore lointaine? Pinçant  ses lèvres, la chevêchette tente de ravaler cette vague de désarroi qui s'empare de son cœur. « Je... . » balbutie-t-elle après un long silence. « En effet, Ser Tavish, j'ai la chance d'avoir une sœur aînée de laquelle ces dernières années m'ont énormément rapprochée. Elle vit sur des terres non loin d'ici, avec son époux.  » Elle déglutit, la chevêchette. Dire que si elle épousera l'héritier des faons, les visites entre les deux sœurs risquent bien de devenir moins fréquentes encore... « Elle a toujours été mon plus grand modèle et mon plus grand soutien. » finit-elle par ajouter, le regard rivé sur une lampe, dans l'espoir d'ainsi voiler la tristesse qui y est inscrite. Je crains qu'elle me manquera. Énormément même. Voilà ce qu'elle aurait aimé ajouter, mais dont elle s'abstient. « Me permettrez-vous de la visiter de temps à autre? » Une question, petite de par la voix à laquelle elle est prononcée, et pourtant de la plus grande des importances aux yeux de la chevêchette.


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