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By name, by blood | fr. Dacey
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An 302, Lune 2, semaine 1
Dacey Mormont & Lyra Mormont
Le crépuscule opalin embrasait la Baie des Glaces de flammes froides. La nuit tombait tôt et vite ces derniers temps. Et avec sa cape d’encre, percée d’étoiles invisibles dans les brumes glaçantes, venait le froid mordant. Un froid que les hommes avaient oublié. Un froid cruel et viscéral. Un froid qui venait serrer les coeurs pour ne plus jamais les lâcher.
Sur la mer calme, les rares bateaux qui mouillaient sur les quais grinçaient en une symphonie morose et lugubre. Les coques se recouvraient de givre et une fine pellicule blanchâtre se tissait sur chacun des ponts de bois sombre à mesure que les ténèbres progressaient.
Alors que la lune maigre crucifiait une fois encore le soleil blanc insaisissable, les silhouettes emmitouflées échappaient à l’obscurité en se pressant dans les chemin boueux du village du port. Les retardataires quant à eux trottinaient hors des bois, tantôt chanceux les bras lourdés de quelques lapins, tantôt bredouilles, les mines hagardes et cireuses. Personne n’était assez fou pour se risquer en forêt de nuit. Si en été, la pratique était plutôt courante, l’hiver privait la sylve de présence humaine, lui préférant la compagnie seule et mystérieuse d’une nature endormie.
Alors que l’on rentrait tous chez soi, en quête de chaleur, réchauffant les carcasses fatiguées près du feu de maison, Lyra choisissait généralement cet instant suspendu, hésitant entre le jour et la nuit, pour sortir nourrir les bêtes. Les maigres terres cultivables de l’Île aux Ours avaient naturellement poussé ses habitants vers la chasse, la cueillette et l’élevage. Les Mormont, en dépit de leur noblesse gagnée il y avait de cela des décennies suite à un bras de fer - au sens propre comme au figuré - de Rodrik Stark et d’un fer-né, leur concédant la main mise sur le havre hostile perdu en mer, avaient conservé ses vieilles habitudes et ne s’accordaient en presque rien avec les autres maisons du continent. Et ces moeurs inhabituelles pour une famille de leur rang allaient de l’élevage méticuleux d’un cheptel, avec tout ce que cela signifiait - patauger dans les déjections, se griffer les bras avec la paillasse sèche et sentir la bête sauvage -, à la protection de leurs demeures, femmes ou hommes, que l’on élevait donc presque de la même façon.
La bergerie sentait le purin, l’animal et le moisi. Un rapide coup d’oeil apprit à la jeune femme que l’humidité s’était infiltrée à travers les lattes et la chaux qui recouvrait les murs. Il faudrait rapidement les changer. Alors qu’elle allait se faire une note mentale, se promettant de se mettre à la tache le plus vite possible, elle se souvint que demain, elle ne serait plus là. Demain, elle aurait quitté l’Île aux Ours. Pour une durée qu’elle ignorait encore. Une inspiration tremblante vint ébranler son corps menu et il lui sembla l’espace d’un instant qu’elle avait oublié comment respirer.
Les bêlements affamés des chèvres et des moutons la ramena à la réalité. Les bêtes, tantôt brunes tantôt blanches, s’étaient ramassées en un paquet de chair et de poils pour se tenir chaud. Leurs corps serrés les uns contre les autres dégageaient une vapeur moite et tiède. Des volutes de fumée blanches se dégageaient de leurs naseaux fins.
À l’approche de la jeune femme, certaines s’écartèrent derechef et plongèrent leur tête dans les mangeoires, habituées à être nourrie dès l’entrée de Lyra. Celle-ci se soumit à leur demande de bonne grâce, chantonnant presque alors qu’elle dispersait le fourrage séché presque aussitôt avalé par les affamées. Dans les corvées simples, la Mormont oubliait tout. Et c’était ce dont elle avait besoin, actuellement. Ne plus penser au mariage. Ne plus penser à son départ. Ne plus penser à personne.
Dans un coin, un énorme mouton était roulé sur le flanc. L’archère s’agenouilla à ses côtés. Le brebis remua légèrement, sans pour autant se relever. La brune tata son ventre à la peau rose et tendue avec attention. Elle était pleine depuis bientôt cinq lunes. Le bébé était censé naître sous peu. Elle avait espéré assister à la dernière naissance du cheptel qu’elle avait acheté elle-même et dont elle s’était si méticuleusement occupée depuis des années, avant son départ. Malheureusement, il lui semblait qu’elle n’aurait pas cette joie. Elle ne comptait plus les mises à bas auxquelles elle avait assisté et mis la main à la patte. Celle-ci n’était pas différente des autres. Et pourtant, cela lui tenait à coeur.
Un soupir pensif s’échappa de ses lèvres gercées par le froid avant qu’elle ne se lassa tomber à côté de la future mère qui ne protesta pas. Sans réellement y faire attention, elle laissa courir ses doigts dans sa laine blanche.
« Et qu’est-ce qu’il va se passer maintenant, hein ? » lui chuchota-t-elle naïvement.
Le silence n’était entrecoupé que par le bruit des mâchoires des autres chèvres qui s’activaient dans les mangeoires.
Depuis la nuit qui l’avait vue s’unir à Brandon Norroit devant les Anciens Dieux il y avait de cela six nuits, l’euphorie retombait lentement. L’impression était étrange pour une rêveuse comme Lyra, habituée aux songes sans fin dont l’onirisme exacerbée la berçait souvent d’illusions. Elle n’avait jamais plus été vraiment la même depuis Euron Greyjoy et le romantisme de son enfance l’avait définitivement désertée depuis son retour dans le Nord. Pourtant, son rapprochement avec son nouvel époux - à l’époque connaissance amicale -, l’avait peu à peu réconcilié avec son âme de poétesse. L’héritier du clan des montagnes n’étaient pourtant pas le plus sentimental ni le plus sensible des hommes. Peut-être son esprit réaliste et terre à terre avait-il fini par déteindre sur elle ? Elle apprivoisait encore cette nouvelle facette de sa personnalité, mais le contre-coup de la fin des festivités la rendait un peu confuse.
Alors que l’instant hésitait encore entre nuit et jour, il lui semblait qu’elle aussi oscillait entre deux sentiments bien distincts. Elle était cependant incapable de les nommer réellement.
« Tu ne le sais pas, pas vrai ? » demanda-t-elle encore une fois à le brebis allongée.
Au loin, les fanions à l’effigie du blason Norroit claquaient dans l’air glacé.
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An 302, Lune 2, semaine 1
Dacey Mormont & Lyra Mormont
Assise sur le bord du lit, ses deux filles dormaient l'une contre l'autre, elles respiraient la sérénité, malgré la révolte de Maeve avant de se coucher, celle-ci ne voulait pas voir sa mère partir pour plusieurs semaines. Par rapport à Joany, l'héritière de l'ile aux ours n'était pas certaine que sa dernière de deux ans eût véritablement compris que le lendemain à son réveil, elle ne serait pas là. Comme son dernier départ qui remontait à quelques années, alors que son ainée avait l'âge de sa dernière, son coeur se déchirait. Il lui était si difficile de les laisser en arrière, tout comme d'avoir demandé à Dryn de rester sur l'île pour veiller sur elles. Pour l'île-aux-ours, elle allait se rendre au mariage de Sansa Stark avec Hoster Nerbosc, pour les siens, elle allait quitter le Nord, alors qu'elle s'était fait la promesse de ne plus le faire depuis son long voyage dans le sud effectué avec Jorelle. Sa mère était partie quelques jours plus tôt chez les Lake, et à présent, elle allait elle-même partit avec Jorelle, Lyanna et Marthe pour le Conflans. Ses pensées se tournèrent vers Lyra, son autre petite soeur, allait aussi quitter l'île-aux-ours, mais pour une durée beaucoup plus longue. Sa vie l'appelait ailleurs, à présent, sur des terres qui pouvait se révéler même plus dangereuses que l'île-aux ours en période hivernale. Oui, elle ne pouvait que s'inquiéter à son sujet, aucune des filles de MaegeMormont ne s'était mariée avant Lyra et aucune se voyait à vivre auprès d'une autre famille. Lyra était la première et Dacey espérait qu'elle soit la dernière. Cela était trop dur de la laisser partir. Elle était un des piliers de l'Île. Finalement, tout en embrassant le front de chacune de ses filles, elle se décida à aller trouver sa soeur.
Depuis son mariage, Dacey avait été un peu distante avec Lyra. S'obligeant déjà à s'habituer à son absence. Certes, ayant pris sa place d'émissaire de la famille, il lui arrivait souvent de ne pas être présente sur l'Île, mais ce n'était pas la même chose. Sortant de la demeure des siens, elle entendit des pas lourds dans la neige et sans avoir besoin de se retourner, elle savait que Guerrier suivait ses pas, comme il aimait si bien le faire. Lui aussi, elle allait devoir le laisser sur l'île, alors que depuis qu'elle l'avait recueilli, ils ne s'étaient jamais quitté. Allait-il lui en vouloir à son retour ? Comme ses filles lui en voudront sûrement. Elle tenta d'extirper cette pensée négative de son esprit et se dirigea vers la bergerie, lieu ou elle était certaine de trouver Lyra, à cette heure. Chacune avait des habitudes bien précises, des journées qui semblait ressembler à la précédente sans que cela ne ressemble véritablement à la routine. C'était simplement, cette vie qui lui plaisait tant sur son île.
Tout doucement, elle ouvrit la porte et la referma avant que son gros ourson se précipite à l'intérieur. Sa présence effrayait les moutons, même s'il n'avait jamais cherché à leur faire le moindre mal, Guerrier était encore dans l'instinct de jeu. Un doux sourire éclaira son visage, à la vision qui s'offrit à elle. Une image qui venait de se graver dans son esprit et qu'elle espérait ne voir jamais disparaître. Aux questionnements de sa soeur qui ne semblait pas l'avoir remarqué, elle vint à répondre :
- Je ne suis pas certaine que les anciens dieux iraient embêter une brebis, prête à mettre bas, pour te faire passer un message.
Il était temps de briser la glace, d'être présente pour sa soeur sans lui en vouloir du choix qu'elle avait fait. Dacey était heureuse qu'elle ait trouvé l'amour, heureuse de la voir sourire auprès de Brandon, mais c'était son départ qui la rendait plus morose.
- Les filles se sont endormies. Le départ pour le convoi est demain aux premières lueurs du jour, Maeve a compris que je reviendrai après le mariage à Corneilla, mais pour elle, il en sera de même pour toi. On va devoir tous s'habituer à la nouvelle vie que va être tienne.
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An 302, Lune 2, semaine 1
Dacey Mormont & Lyra Mormont
Le gros oeil glauque du mouton l’observait sans la voir. Plus jeune, Lyra s’était longtemps interrogée sur la forme si étrange qu’avaient les pupilles horizontales des lapins, des biches ou encore des chèvres et des moutons. Sans en avoir peur, les yeux bizarres des proies qu’on lui apprenait à traquer la mettait mal à l’aise et dans ses cauchemars, elle s’imaginait parfois, le visage déformé par des yeux latéraux, poursuivie par des monstres qu’elle ne pouvait pas voir.
Aujourd’hui, elle savait que ces prunelles allongées permettaient aux herbivores d’avoir une vue plus globale pour repérer plus facilement les menaces tapies dans l’ombre autour d’eux. Quant à elle, elle partageait avec les autres prédateurs des pupilles verticales et perçantes pour mieux traquer les créatures qui finiraient tôt ou tard dans leur assiette. Les armes étaient différentes, mais égales. Et aujourd’hui, les rapaces prenaient soin des mulots. Les hommes des moutons et des vaches. Un pied de nez involontaire. Un pied de nez qui définissait la survie pour certains. Un paradoxe original pour ceux que l’on avait condamné à chasser ceux à être chassés, au prix de cette même survie.
Mais la nature aurait-elle pu imaginer que les chasseurs se piègeraient entre eux ? Qu’ils se tireraient dans les pattes pour se repaitre de leur carcasses encore tiède ? Probablement pas. Du moins, l’invisible qui les avait placés là ne s’était pas préparé à ça. Car avec leur vision étriquée, difficile de discerner le spectre de l’assassin, caché derrière soi.
De la proie ou du prédateur, Lyra ne savait guère plus ce qu’elle était, aujourd’hui.
Sous ses doigts las, la laine trembla. Dans un sursaut de surprise, la future mère battit des quatre fers, manquant de frapper l’ourse au tibia. Dans un même mouvement, les autres membres du troupeau s’agitèrent. L’atmosphère paisible s’effilocha alors que la peur gangrénait la petite bergerie miteuse. L’archère n’avait pas besoin d’ouvrir la vieille porte grinçante pour deviner qui rôdait. Guerrier, l’ours de sa soeur, devait sans doute passer non loin. L’animal n’était pas méchant. Après tout, son aînée l’avait recueilli très jeune. Apprivoiser un ursidé était complexe, mais loin d’être impossible. En particulier pour les Mormont. Néanmoins, apprivoiser ne signifiait pas dompter. Il était et demeurerait une bête sauvage et imprévisible. Un coup de griffe et il était toujours capable de trancher une gorge. Si les femmes ne l’île semblait l’avoir oublié, les moutons et les chèvres, eux, n’avaient pas la mémoire courte. Il était un prédateur. Et ils étaient les proies. Tous autant qu’ils étaient.
Si elle n’entendit pas Dacey pénétrer dans la cahute, il ne faisait aucun doute qu’elle était désormais là. Son ours l’avait trahie. Après tout, il la suivait comme son ombre. Sous ses pieds, la troisième filles de Maege entendit les brindilles se briser. Alysane était plus discrète que l’héritière, après tout. C’était bien pour cela que Lyra aimait tant chasser avec elle. Pourtant, il était certain qu’elle ne viendrait pas la voir.
Depuis l’annonce de son mariage, sa famille - en dehors de l’Ourse - s’était montrée distante et froide. La chasseuse s’était attendue à une telle réaction. Les Mormont ne prenaient pas d’époux. C’était une tradition ancrée dans leurs moeurs depuis longtemps. Les hommes, eux, se pliaient quelques fois à un tel sacrement, lorsqu’ils se sentaient le coeur amoureux. Les femmes, elles, jamais. Car cela signifiait quitter définitivement leur demeure. Leur demeure qui avait besoin d’être choyée et protégée. Prendre un mari était synonyme d’abandon. Et aucun être ici ne se risquait à être traité de lâche. Personne, sauf Lyra. Car s’unir à Brandon était, au contraire, pour elle, un acte de courage. Après toute ces épreuves, elle avait agi pour elle. Égoïstement, certes. Mais c’était peut-être la première fois qu’elle plaçait ses désirs avant ceux des autres.
Que ses soeurs ne le comprennent pas, elle l’entendait. Alysane était têtue comme une mule et brusque aussi, sa réaction amère n’avait pas été une surprise. De même pour Jory, si attachée à son indépendance.
En revanche, elle ne pouvait nier la déception qui avait serré son coeur devant la mine acariâtre de Dacey. La plus âgée, la plus mature aussi, voyait son choix comme tous les autres. Une faiblesse décourageante qui se solderait par un douloureux désappointement, sans aucun doute. Lyra avait espéré pourtant qu’elle, au moins, comprendrait. Et de l’expression contrariée sur le visage fermé de sa soeur était né un terrible sentiment de culpabilité chez sa cadette.
Le mariage avait été célébré dans la bonne humeur et la bonhommie propre aux Mormont. Il fallait cependant être aveugle pour ne pas voir, derrière les masques de joie, les grimaces acides. La femme de Brandon avait fait contre mauvaise fortune bon coeur et c’était donc bercée d’illusions, encore une fois, pour les festivités. Ce soir pourtant, l’excitation avait bel et bien disparue. Était-ce là la source de la confusion qu’elle n’arrivait pas à identifier ?
La voix claire de l’héritière résonna enfin dans l’air tiède de la bergerie. Une farce qui laissa apparaître sur les lèvres de la brune un petit sourire las.
« Peut-être demandais-je simplement à la chèvre… » fit-elle sans se retourner.
Un petit rire eut l’audace de se faufiler entre ses lèvres.
La pauvre bête était retombée mollement après le départ de Guerrier. Dans les paroles de sa soeur, elle décela une fois encore l’ombre du reproche se dissimuler sous un ton pourtant chaleureux.
« Je vais devoir m’habituer, moi aussi, » soupira-t-elle. « À me réveiller dans un lieu inconnu chaque jour qui passe. Arpenter des bois peu familier. Me fondre dans une famille qui n’est pas la mienne… »
Accroupie, elle se laissa finalement tomber sur les fesses et bascula sa tête en arrière. Dacey apparut, renversée.
« J’irai parler à Maeve. »
Après un court silence gêné, Lyra se fit violence pour reprendre la parole. Bizarrement, la honte s’était frayée un chemin dans son coeur. Jamais elle n’avait eu à se justifier devant sa soeur. Jamais. Il semblait qu’elle devait la faire maintenant. Pour un choix qui ne l’avait jamais rendue aussi heureuse et aussi triste.
« Je sais que je vous ai déçues, Aly, Jory et toi. Je le sais… Mais… Je n’arrive pas à demander pardon. Je suis désolée de ne pas y parvenir... Je… »
Cette fois, elle lui fit face, toujours assise en tailleur, le mouton chauffant son dos de son souffle brûlant.
« La vie est faite de souffrances… mais également d’amour et de joie. J’ai fini par le comprendre, aujourd’hui. J’ai fait le pari que l’amour existait. Et j’ai fait un geste d’amour. »
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An 302, Lune 2, semaine 1
Dacey Mormont & Lyra Mormont
Il s'était passé tellement de choses dans cette bergerie. Des éclats de rire, des jeux de cache-caches, ainsi que du labeur. Un lieu comme un autre sur l'île-aux-ours, un lieu qui resterait à jamais une empreinte dans la vie des soeurs Mormont. Les liens qui unissait les quatre premières étaient indescriptibles, elles avaient grandi ensemble, s'étant façonné les unes avec les autres, cachant les secrets, partant à l'aventure, s’entraînant aux jeux des armes, pleurant de joies autant de tristesses. Oui, elles étaient unies. Avec Lyanna, s'était différent, elles étaient déjà toutes plus grandes quand la dernière était venu au monde et la plus jeune était devenu la protégée de toutes. La différence était que Dacey avait veillé ainsi sur toutes ses petites soeurs et c'était avec Lyra qu'elle avait vécu le plus de moment de tendresse et de réconfort. Dans ses souvenirs, elle se souvenait des histoires qu'elle racontait à ses soeurs alors que la guerre faisait rage au sud et qu'aucune ne savait si Maege et Jorah ne reviendraient. Même si Lyra se devait de partir, cela restait leurs histoires et elle ne l'oubliera pas, même s'il était difficile de se dire que la vie sur l'île-aux-ours allait devoir continuer sans la présence de la plus douce des Mormont.
« Je vais devoir m’habituer, moi aussi. À me réveiller dans un lieu inconnu chaque jour qui passe. Arpenter des bois peu familier. Me fondre dans une famille qui n’est pas la mienne…J’irai parler à Maeve. »
Ses mots lui firent réaliser qu'elle avait été injuste avec Lyra. Sa froideur et sa distance l'avaient surement blessé, autant qu'elle était blessée de la voir partir. Sa soeur allait découvrir une autre vie, une autre famille, changer sa routine...des choses que Dacey serait bien incapable de faire. Celle qui avait tendance à toujours trouver les mots justes, ne savait pas quoi répondre pour une fois.
« Je sais que je vous ai déçues, Aly, Jory et toi. Je le sais… Mais… Je n’arrive pas à demander pardon. Je suis désolée de ne pas y parvenir... Je... La vie est faite de souffrances… mais également d’amour et de joie. J’ai fini par le comprendre, aujourd’hui. J’ai fait le pari que l’amour existait. Et j’ai fait un geste d’amour. »
Son visage prit des aspects plus tendres. La lueur de son regard exprimait sa compréhension, Dacey vint à s'installer sur le rebord de l'abreuvoir, plus sereine qu'à son arrivée. Elle avait saisi les paroles de soeur et malgré les sentiments qui la parcouraient, à ce moment précis, ils se devaient de se taire, car Lyra avait besoin d'elle.
- Lyra, personne ne t'en veut d'être tombée amoureuse. Je sais ce qu'est aimé et vivre auprès d'un homme sous le même toit. Cela te rendra sûrement heureuse de vivre auprès de lui, d'apprendre à comprendre tous les faciès de son visage, d'avoir envie de le faire disparaître quand il t'énervera. Il deviendra ton plus grand réconfort et très vite, tu te sentiras bien seul sans sa présence.
Dacey avait lutté contre l'amour qu'elle ressentait pour Dryn, voulant favoriser d'abord l'île-aux-ours, mais à présent, il représentait une force, car il lui était un soutien sans failles. D'ailleurs, son compagnon n'avait pas arrêté de tenter de faire entendre raison à Dacey à propos du mariage de Lyra. Pour lui, c'était une bonne chose, la preuve que sa soeur avait pu reprendre sa vie en main et surtout repris le goût à l'amour et il avait eu raison.
- Je ne veux pas t'empêcher de vivre tout ça, de découvrir tout ça. Tu n'as nullement besoin de t'excuser, cela serait plutôt à nous de le faire. Il est simplement difficile de te laisser partir, petite soeur, cela a été si rapide !
En à peine une lune, les fiançailles avaient été annoncés et le mariage s'était déjà préparé. Oui, Dacey n'avait pas eu le temps d'accuser le choc de cette révélation. Finalement, elle pouffa un grand coup et tapotant à coté d'elle, elle annonça d'une voix tendre :
- Viens donc me rejoindre Lyra et raconte-moi ce qui te plaît tant chez ton époux !
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