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By name, by blood | fr. Dacey

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An 302, Lune 2, semaine 1



Dacey Mormont & Lyra Mormont

Le crépuscule opalin embrasait la Baie des Glaces de flammes froides. La nuit tombait tôt et vite ces derniers temps. Et avec sa cape d’encre, percée d’étoiles invisibles dans les brumes glaçantes, venait le froid mordant. Un froid que les hommes avaient oublié. Un froid cruel et viscéral. Un froid qui venait serrer les coeurs pour ne plus jamais les lâcher.
Sur la mer calme, les rares bateaux qui mouillaient sur les quais grinçaient en une symphonie morose et lugubre. Les coques se recouvraient de givre et une fine pellicule blanchâtre se tissait sur chacun des ponts de bois sombre à mesure que les ténèbres progressaient.
Alors que la lune maigre crucifiait une fois encore le soleil blanc insaisissable, les silhouettes emmitouflées échappaient à l’obscurité en se pressant dans les chemin boueux du village du port. Les retardataires quant à eux trottinaient hors des bois, tantôt chanceux les bras lourdés de quelques lapins, tantôt bredouilles, les mines hagardes et cireuses. Personne n’était assez fou pour se risquer en forêt de nuit. Si en été, la pratique était plutôt courante, l’hiver privait la sylve de présence humaine, lui préférant la compagnie seule et mystérieuse d’une nature endormie.

Alors que l’on rentrait tous chez soi, en quête de chaleur, réchauffant les carcasses fatiguées près du feu de maison, Lyra choisissait généralement cet instant suspendu, hésitant entre le jour et la nuit, pour sortir nourrir les bêtes. Les maigres terres cultivables de l’Île aux Ours avaient naturellement poussé ses habitants vers la chasse, la cueillette et l’élevage. Les Mormont, en dépit de leur noblesse gagnée il y avait de cela des décennies suite à un bras de fer - au sens propre comme au figuré - de Rodrik Stark et d’un fer-né, leur concédant la main mise sur le havre hostile perdu en mer, avaient conservé ses vieilles habitudes et ne s’accordaient en presque rien avec les autres maisons du continent. Et ces moeurs inhabituelles pour une famille de leur rang allaient de l’élevage méticuleux d’un cheptel, avec tout ce que cela signifiait - patauger dans les déjections, se griffer les bras avec la paillasse sèche et sentir la bête sauvage -, à la protection de leurs demeures, femmes ou hommes, que l’on élevait donc presque de la même façon.

La bergerie sentait le purin, l’animal et le moisi. Un rapide coup d’oeil apprit à la jeune femme que l’humidité s’était infiltrée à travers les lattes et la chaux qui recouvrait les murs. Il faudrait rapidement les changer. Alors qu’elle allait se faire une note mentale, se promettant de se mettre à la tache le plus vite possible, elle se souvint que demain, elle ne serait plus là. Demain, elle aurait quitté l’Île aux Ours. Pour une durée qu’elle ignorait encore. Une inspiration tremblante vint ébranler son corps menu et il lui sembla l’espace d’un instant qu’elle avait oublié comment respirer.

Les bêlements affamés des chèvres et des moutons la ramena à la réalité. Les bêtes, tantôt brunes tantôt blanches, s’étaient ramassées en un paquet de chair et de poils pour se tenir chaud. Leurs corps serrés les uns contre les autres dégageaient une vapeur moite et tiède. Des volutes de fumée blanches se dégageaient de leurs naseaux fins.
À l’approche de la jeune femme, certaines s’écartèrent derechef et plongèrent leur tête dans les mangeoires, habituées à être nourrie dès l’entrée de Lyra. Celle-ci se soumit à leur demande de bonne grâce, chantonnant presque alors qu’elle dispersait le fourrage séché presque aussitôt avalé par les affamées. Dans les corvées simples, la Mormont oubliait tout. Et c’était ce dont elle avait besoin, actuellement. Ne plus penser au mariage. Ne plus penser à son départ. Ne plus penser à personne.

Dans un coin, un énorme mouton était roulé sur le flanc. L’archère s’agenouilla à ses côtés. Le brebis remua légèrement, sans pour autant se relever. La brune tata son ventre à la peau rose et tendue avec attention. Elle était pleine depuis bientôt cinq lunes. Le bébé était censé naître sous peu. Elle avait espéré assister à la dernière naissance du cheptel qu’elle avait acheté elle-même et dont elle s’était si méticuleusement occupée depuis des années, avant son départ. Malheureusement, il lui semblait qu’elle n’aurait pas cette joie. Elle ne comptait plus les mises à bas auxquelles elle avait assisté et mis la main à la patte. Celle-ci n’était pas différente des autres. Et pourtant, cela lui tenait à coeur.

Un soupir pensif s’échappa de ses lèvres gercées par le froid avant qu’elle ne se lassa tomber à côté de la future mère qui ne protesta pas. Sans réellement y faire attention, elle laissa courir ses doigts dans sa laine blanche.

« Et qu’est-ce qu’il va se passer maintenant, hein ? » lui chuchota-t-elle naïvement.

Le silence n’était entrecoupé que par le bruit des mâchoires des autres chèvres qui s’activaient dans les mangeoires.
Depuis la nuit qui l’avait vue s’unir à Brandon Norroit devant les Anciens Dieux il y avait de cela six nuits, l’euphorie retombait lentement. L’impression était étrange pour une rêveuse comme Lyra, habituée aux songes sans fin dont l’onirisme exacerbée la berçait souvent d’illusions. Elle n’avait jamais plus été vraiment la même depuis Euron Greyjoy et le romantisme de son enfance l’avait définitivement désertée depuis son retour dans le Nord. Pourtant, son rapprochement avec son nouvel époux - à l’époque connaissance amicale -, l’avait peu à peu réconcilié avec son âme de poétesse. L’héritier du clan des montagnes n’étaient pourtant pas le plus sentimental ni le plus sensible des hommes. Peut-être son esprit réaliste et terre à terre avait-il fini par déteindre sur elle ? Elle apprivoisait encore cette nouvelle facette de sa personnalité, mais le contre-coup de la fin des festivités la rendait un peu confuse.
Alors que l’instant hésitait encore entre nuit et jour, il lui semblait qu’elle aussi oscillait entre deux sentiments bien distincts. Elle était cependant incapable de les nommer réellement.

« Tu ne le sais pas, pas vrai ? » demanda-t-elle encore une fois à le brebis allongée.

Au loin, les fanions à l’effigie du blason Norroit claquaient dans l’air glacé.


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An 302, Lune 2, semaine 1



Dacey Mormont & Lyra Mormont

Assise sur le bord du lit, ses deux filles dormaient l'une contre l'autre, elles respiraient la sérénité, malgré la révolte de Maeve avant de se coucher, celle-ci ne voulait pas voir sa mère partir pour plusieurs semaines. Par rapport à Joany, l'héritière de l'ile aux ours n'était pas certaine que sa dernière de deux ans eût véritablement compris que le lendemain à son réveil, elle ne serait pas là. Comme son dernier départ qui remontait à quelques années, alors que son ainée avait l'âge de sa dernière, son coeur se déchirait. Il lui était si difficile de les laisser en arrière, tout comme d'avoir demandé à Dryn de rester sur l'île pour veiller sur elles. Pour l'île-aux-ours, elle allait se rendre au mariage de Sansa Stark avec Hoster Nerbosc, pour les siens, elle allait quitter le Nord, alors qu'elle s'était fait la promesse de ne plus le faire depuis son long voyage dans le sud effectué avec Jorelle. Sa mère était partie quelques jours plus tôt chez les Lake, et à présent, elle allait elle-même partit avec Jorelle, Lyanna et Marthe pour le Conflans. Ses pensées se tournèrent vers Lyra, son autre petite soeur, allait aussi quitter l'île-aux-ours, mais pour une durée beaucoup plus longue. Sa vie l'appelait ailleurs, à présent, sur des terres qui pouvait se révéler même plus dangereuses que l'île-aux ours en période hivernale. Oui, elle ne pouvait que s'inquiéter à son sujet, aucune des filles de MaegeMormont ne s'était mariée avant Lyra et aucune se voyait à vivre auprès d'une autre famille. Lyra était la première et Dacey espérait qu'elle soit la dernière. Cela était trop dur de la laisser partir. Elle était un des piliers de l'Île. Finalement, tout en embrassant le front de chacune de ses filles, elle se décida à aller trouver sa soeur.

Depuis son mariage, Dacey avait été un peu distante avec Lyra. S'obligeant déjà à s'habituer à son absence. Certes, ayant pris sa place d'émissaire de la famille, il lui arrivait souvent de ne pas être présente sur l'Île, mais ce n'était pas la même chose. Sortant de la demeure des siens, elle entendit des pas lourds dans la neige et sans avoir besoin de se retourner, elle savait que Guerrier suivait ses pas, comme il aimait si bien le faire. Lui aussi, elle allait devoir le laisser sur l'île, alors que depuis qu'elle l'avait recueilli, ils ne s'étaient jamais quitté. Allait-il lui en vouloir à son retour ? Comme ses filles lui en voudront sûrement. Elle tenta d'extirper cette pensée négative de son esprit et se dirigea vers la bergerie, lieu ou elle était certaine de trouver Lyra, à cette heure. Chacune avait des habitudes bien précises, des journées qui semblait ressembler à la précédente sans que cela ne ressemble véritablement à la routine. C'était simplement, cette vie qui lui plaisait tant sur son île.

Tout doucement, elle ouvrit la porte et la referma avant que son gros ourson se précipite à l'intérieur. Sa présence effrayait les moutons, même s'il n'avait jamais cherché à leur faire le moindre mal, Guerrier était encore dans l'instinct de jeu. Un doux sourire éclaira son visage, à la vision qui s'offrit à elle. Une image qui venait de se graver dans son esprit et qu'elle espérait ne voir jamais disparaître. Aux questionnements de sa soeur qui ne semblait pas l'avoir remarqué, elle vint à répondre : 

- Je ne suis pas certaine que les anciens dieux iraient embêter une brebis, prête à mettre bas, pour te faire passer un message.

Il était temps de briser la glace, d'être présente pour sa soeur sans lui en vouloir du choix qu'elle avait fait. Dacey était heureuse qu'elle ait trouvé l'amour, heureuse de la voir sourire auprès de Brandon, mais c'était son départ qui la rendait plus morose.

- Les filles se sont endormies. Le départ pour le convoi est demain aux premières lueurs du jour, Maeve a compris que je reviendrai après le mariage à Corneilla, mais pour elle, il en sera de même pour toi. On va devoir tous s'habituer à la nouvelle vie que va être tienne.



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An 302, Lune 2, semaine 1



Dacey Mormont & Lyra Mormont

Le gros oeil glauque du mouton l’observait sans la voir. Plus jeune, Lyra s’était longtemps interrogée sur la forme si étrange qu’avaient les pupilles horizontales des lapins, des biches ou encore des chèvres et des moutons. Sans en avoir peur, les yeux bizarres des proies qu’on lui apprenait à traquer la mettait mal à l’aise et dans ses cauchemars, elle s’imaginait parfois, le visage déformé par des yeux latéraux, poursuivie par des monstres qu’elle ne pouvait pas voir.
Aujourd’hui, elle savait que ces prunelles allongées permettaient aux herbivores d’avoir une vue plus globale pour repérer plus facilement les menaces tapies dans l’ombre autour d’eux. Quant à elle, elle partageait avec les autres prédateurs des pupilles verticales et perçantes pour mieux traquer les créatures qui finiraient tôt ou tard dans leur assiette. Les armes étaient différentes, mais égales. Et aujourd’hui, les rapaces prenaient soin des mulots. Les hommes des moutons et des vaches. Un pied de nez involontaire. Un pied de nez qui définissait la survie pour certains. Un paradoxe original pour ceux que l’on avait condamné à chasser ceux à être chassés, au prix de cette même survie.
Mais la nature aurait-elle pu imaginer que les chasseurs se piègeraient entre eux ? Qu’ils se tireraient dans les pattes pour se repaitre de leur carcasses encore tiède ? Probablement pas. Du moins, l’invisible qui les avait placés là ne s’était pas préparé à ça. Car avec leur vision étriquée, difficile de discerner le spectre de l’assassin, caché derrière soi.
De la proie ou du prédateur, Lyra ne savait guère plus ce qu’elle était, aujourd’hui.

Sous ses doigts las, la laine trembla. Dans un sursaut de surprise, la future mère battit des quatre fers, manquant de frapper l’ourse au tibia. Dans un même mouvement, les autres membres du troupeau s’agitèrent. L’atmosphère paisible s’effilocha alors que la peur gangrénait la petite bergerie miteuse. L’archère n’avait pas besoin d’ouvrir la vieille porte grinçante pour deviner qui rôdait. Guerrier, l’ours de sa soeur, devait sans doute passer non loin. L’animal n’était pas méchant. Après tout, son aînée l’avait recueilli très jeune. Apprivoiser un ursidé était complexe, mais loin d’être impossible. En particulier pour les Mormont. Néanmoins, apprivoiser ne signifiait pas dompter. Il était et demeurerait une bête sauvage et imprévisible. Un coup de griffe et il était toujours capable de trancher une gorge. Si les femmes ne l’île semblait l’avoir oublié, les moutons et les chèvres, eux, n’avaient pas la mémoire courte. Il était un prédateur. Et ils étaient les proies. Tous autant qu’ils étaient.

Si elle n’entendit pas Dacey pénétrer dans la cahute, il ne faisait aucun doute qu’elle était désormais là. Son ours l’avait trahie. Après tout, il la suivait comme son ombre. Sous ses pieds, la troisième filles de Maege entendit les brindilles se briser. Alysane était plus discrète que l’héritière, après tout. C’était bien pour cela que Lyra aimait tant chasser avec elle. Pourtant, il était certain qu’elle ne viendrait pas la voir.

Depuis l’annonce de son mariage, sa famille - en dehors de l’Ourse - s’était montrée distante et froide. La chasseuse s’était attendue à une telle réaction. Les Mormont ne prenaient pas d’époux. C’était une tradition ancrée dans leurs moeurs depuis longtemps. Les hommes, eux, se pliaient quelques fois à un tel sacrement, lorsqu’ils se sentaient le coeur amoureux. Les femmes, elles, jamais. Car cela signifiait quitter définitivement leur demeure. Leur demeure qui avait besoin d’être choyée et protégée. Prendre un mari était synonyme d’abandon. Et aucun être ici ne se risquait à être traité de lâche. Personne, sauf Lyra. Car s’unir à Brandon était, au contraire, pour elle, un acte de courage. Après toute ces épreuves, elle avait agi pour elle. Égoïstement, certes. Mais c’était peut-être la première fois qu’elle plaçait ses désirs avant ceux des autres.
Que ses soeurs ne le comprennent pas, elle l’entendait. Alysane était têtue comme une mule et brusque aussi, sa réaction amère n’avait pas été une surprise. De même pour Jory, si attachée à son indépendance.

En revanche, elle ne pouvait nier la déception qui avait serré son coeur devant la mine acariâtre de Dacey. La plus âgée, la plus mature aussi, voyait son choix comme tous les autres. Une faiblesse décourageante qui se solderait par un douloureux désappointement, sans aucun doute. Lyra avait espéré pourtant qu’elle, au moins, comprendrait. Et de l’expression contrariée sur le visage fermé de sa soeur était né un terrible sentiment de culpabilité chez sa cadette.
Le mariage avait été célébré dans la bonne humeur et la bonhommie propre aux Mormont. Il fallait cependant être aveugle pour ne pas voir, derrière les masques de joie, les grimaces acides. La femme de Brandon avait fait contre mauvaise fortune bon coeur et c’était donc bercée d’illusions, encore une fois, pour les festivités. Ce soir pourtant, l’excitation avait bel et bien disparue. Était-ce là la source de la confusion qu’elle n’arrivait pas à identifier ?

La voix claire de l’héritière résonna enfin dans l’air tiède de la bergerie. Une farce qui laissa apparaître sur les lèvres de la brune un petit sourire las.

« Peut-être demandais-je simplement à la chèvre… »
fit-elle sans se retourner.

Un petit rire eut l’audace de se faufiler entre ses lèvres.
La pauvre bête était retombée mollement après le départ de Guerrier. Dans les paroles de sa soeur, elle décela une fois encore l’ombre du reproche se dissimuler sous un ton pourtant chaleureux.

« Je vais devoir m’habituer, moi aussi, » soupira-t-elle. « À me réveiller dans un lieu inconnu chaque jour qui passe. Arpenter des bois peu familier. Me fondre dans une famille qui n’est pas la mienne… »

Accroupie, elle se laissa finalement tomber sur les fesses et bascula sa tête en arrière. Dacey apparut, renversée.

« J’irai parler à Maeve. »

Après un court silence gêné, Lyra se fit violence pour reprendre la parole. Bizarrement, la honte s’était frayée un chemin dans son coeur. Jamais elle n’avait eu à se justifier devant sa soeur. Jamais. Il semblait qu’elle devait la faire maintenant. Pour un choix qui ne l’avait jamais rendue aussi heureuse et aussi triste.

« Je sais que je vous ai déçues, Aly, Jory et toi. Je le sais… Mais… Je n’arrive pas à demander pardon. Je suis désolée de ne pas y parvenir... Je… »

Cette fois, elle lui fit face, toujours assise en tailleur, le mouton chauffant son dos de son souffle brûlant.

« La vie est faite de souffrances… mais également d’amour et de joie. J’ai fini par le comprendre, aujourd’hui. J’ai fait le pari que l’amour existait. Et j’ai fait un geste d’amour. »  


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An 302, Lune 2, semaine 1



Dacey Mormont & Lyra Mormont

Il s'était passé tellement de choses dans cette bergerie. Des éclats de rire, des jeux de cache-caches, ainsi que du labeur. Un lieu comme un autre sur l'île-aux-ours, un lieu qui resterait à jamais une empreinte dans la vie des soeurs Mormont. Les liens qui unissait les quatre premières étaient indescriptibles, elles avaient grandi ensemble, s'étant façonné les unes avec les autres, cachant les secrets, partant à l'aventure, s’entraînant aux jeux des armes, pleurant de joies autant de tristesses. Oui, elles étaient unies. Avec Lyanna, s'était différent, elles étaient déjà toutes plus grandes quand la dernière était venu au monde et la plus jeune était devenu la protégée de toutes. La différence était que Dacey avait veillé ainsi sur toutes ses petites soeurs et c'était avec Lyra qu'elle avait vécu le plus de moment de tendresse et de réconfort. Dans ses souvenirs, elle se souvenait des histoires qu'elle racontait à ses soeurs alors que la guerre faisait rage au sud et qu'aucune ne savait si Maege et Jorah ne reviendraient. Même si Lyra se devait de partir, cela restait leurs histoires et elle ne l'oubliera pas, même s'il était difficile de se dire que la vie sur l'île-aux-ours allait devoir continuer sans la présence de la plus douce des Mormont.

« Je vais devoir m’habituer, moi aussi. À me réveiller dans un lieu inconnu chaque jour qui passe. Arpenter des bois peu familier. Me fondre dans une famille qui n’est pas la mienne…J’irai parler à Maeve. »

Ses mots lui firent réaliser qu'elle avait été injuste avec Lyra. Sa froideur et sa distance l'avaient surement blessé, autant qu'elle était blessée de la voir partir. Sa soeur allait découvrir une autre vie, une autre famille, changer sa routine...des choses que Dacey serait bien incapable de faire. Celle qui avait tendance à toujours trouver les mots justes, ne savait pas quoi répondre pour une fois. 

« Je sais que je vous ai déçues, Aly, Jory et toi. Je le sais… Mais… Je n’arrive pas à demander pardon. Je suis désolée de ne pas y parvenir... Je... La vie est faite de souffrances… mais également d’amour et de joie. J’ai fini par le comprendre, aujourd’hui. J’ai fait le pari que l’amour existait. Et j’ai fait un geste d’amour. »  

Son visage prit des aspects plus tendres. La lueur de son regard exprimait sa compréhension, Dacey vint à s'installer sur le rebord de l'abreuvoir, plus sereine qu'à son arrivée. Elle avait saisi les paroles de soeur et malgré les sentiments qui la parcouraient, à ce moment précis, ils se devaient de se taire, car Lyra avait besoin d'elle.

- Lyra, personne ne t'en veut d'être tombée amoureuse. Je sais ce qu'est aimé et vivre auprès d'un homme sous le même toit. Cela te rendra sûrement heureuse de vivre auprès de lui, d'apprendre à comprendre tous les faciès de son visage, d'avoir envie de le faire disparaître quand il t'énervera. Il deviendra ton plus grand réconfort et très vite, tu te sentiras bien seul sans sa présence.

Dacey avait lutté contre l'amour qu'elle ressentait pour Dryn, voulant favoriser d'abord l'île-aux-ours, mais à présent, il représentait une force, car il lui était un soutien sans failles. D'ailleurs, son compagnon n'avait pas arrêté de tenter de faire entendre raison à Dacey à propos du mariage de Lyra. Pour lui, c'était une bonne chose, la preuve que sa soeur avait pu reprendre sa vie en main et surtout repris le goût à l'amour et il avait eu raison.

- Je ne veux pas t'empêcher de vivre tout ça, de découvrir tout ça. Tu n'as nullement besoin de t'excuser, cela serait plutôt à nous de le faire. Il est simplement difficile de te laisser partir, petite soeur, cela a été si rapide !

En à peine une lune, les fiançailles avaient été annoncés et le mariage s'était déjà préparé. Oui, Dacey n'avait pas eu le temps d'accuser le choc de cette révélation. Finalement, elle pouffa un grand coup et tapotant à coté d'elle, elle annonça d'une voix tendre :

- Viens donc me rejoindre Lyra et raconte-moi ce qui te plaît tant chez ton époux !


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An 302, Lune 2, semaine 1



Dacey Mormont & Lyra Mormont

Dans l’ambiance lourde d’humidité de la petite bergerie, la paille vernissée par le souffle las des bêtes crissait sous les sabots. Le prédateur brun s’étant éloigné, la future mère avait retrouvé son calme. Etendue sur le côté comme un énorme morceau de bois flotté échoué, elle respirait profondément, ses côtes ondulant à chacune de ses inspirations. Lorsqu’elle expirait, de gros creux venaient se former sur ses flancs. De son œil voilé et mi-clos, elle toisait les sœurs Mormont sans les voir. Lyra, toujours agenouillée non loin, laissait traîner ses doigts à quelques pouces de son museau brulant. Elle aurait pu la mordre, agacée par cette proximité agaçante, mais elle était bien trop fatiguée pour tenter le moindre mouvement.

L’œil nostalgique de l’aînée de Maege traîna un instant, observant avec attention l’intérieur de l’abri. Puis, son visage toujours sévère finit par se dérider. L’ombre de la tendresse vint ramollir ses traits et éclairer ses iris d’un éclat rare. Les mots – peut-être trop – sincères de Lyra semblaient avoir atteint le cœur rude de l’héritière. L’archère, peu habituée à observer un tel changement d’attitude chez sa sœur, resta interdite. Depuis plusieurs jours, elle n’avait récolté que les rebuffades amères et les regards peu amènes de sa fratrie et elle accueillit ce soudain revirement avec un soulagement brutal. Les muscles, inconsciemment contractés, de ses épaules se détendirent si forts qu’elle en sursauta presque. Ses doigts, enroulées dans les plis de sa longue jupe sans couleur se relâchèrent. Ses jointures la faisaient presque souffrir d’être restées emmêlées pendant si longtemps. La chasseuse détestait les conflits. Elle les avait toujours fuis. Une qualité pour certain. Un défaut pour d’autres. Alors de se trouver être l’objet d’une dispute avec ses sœurs était pour elle pire qu’une hantise. Et que cette situation soit le débouché d’un événement prétendument heureux l’avait troublée d’autant plus.

Dacey s’appuya contre la vieille mangeoire qui protesta sous son poids. Autour d’elle, le cheptel s’agita, pas vraiment ravi qu’on le déloge. Quelques bêlements belliqueux s’élevèrent, mais aucun des moutons ne tenta de se rebeller. Ils connaissaient bien les mains qui les nourrissaient et ils n’étaient pas stupides.

Les mots qu’elle prononça finirent d’apaiser le coeur trop lourd de l’aînée de Jorelle et Lyanna. Enfin, une joie pure vint étirer ses lèvres. Que n’avait-elle pas espéré ce moment ! Que n’avait-elle pas craint qu’il n’arrive jamais ! Elle s’était déjà imaginée grimper sur les bateaux des Norroit, prendre place à côté d’un Brandon peu à l’aise sur le pont du navire, et observer l’Île aux Ours rapetisser, diminuer à l’horizon pour ne devenir qu’un point flottant au milieu d’une mer plate. Puis, elle aurait disparu sans que ses soeurs ne lui pardonne son écart aux traditions Mormont instaurées par leur mère. Et c’est dans la tristesse et la culpabilité qu’elle aurait commencé sa nouvelle vie loin de chez elle et loin des siens qui désormais ne la verraient jamais plus que comme celle qui avait déserté. Lyra aurait voulu bondir pour élancer sa soeur qui se tenait là, devant elle, compatissante et compréhensive comme elle ne l’avait jamais été, effaçant de quelques syllabes ces quelques semaines de mésentente qui avait tant mis à mal l’âme fragile de la jeune mariée. Car la chasseuse n’avait même pas besoin de leur pardonner leurs griefs. Ils étaient légitimes. Elle s’étaient mise à leur place et les comprenait.

« Je suis rassurée… Tellement rassurée ! » sourit-elle. « Tu ne peux pas t’imaginer ce que cela m’aurait fait de partir ainsi… J’aurais été d’une humeur exécrable. Brandon aurait fini par me jeter par-dessus bord. »

Entre deux hauts le coeur, il aurait peut-être trouvé la force de saisir par le col son épouse malheureuse comme les pierres et de la jeter au creux des vagues pour ne plus voir son visage contrit. Un saut d’humeur légitime que Lyra n’aurait - là encore - pas eu besoin de pardonner.

Lors sa soeur parlait, il était indéniable qu’elle songeait à son compagnon. L’archère lui en était d’ailleurs reconnaissante. En dehors de Maege, il avait été un des seuls à soutenir sa décision et avait même encouragé Dacey et comprendre son choix.

« J’espère que tu as raison, Dacey. Non, je sais que tu as raison. »

N’était-ce pas toujours le cas ? Lyra secoua la tête lorsqu’elle tenta de s’excuser.

« Ce n’est pas la peine. Nous avons beau être différentes, nous autres Mormont, nous sommes tout de même des soeurs. Nous avons le droit de nous quereller un peu, de temps en temps. Mais seulement si nous nous réconcilions après, » ajouta-t-elle en se redressant.

Oui, elle avait envie de vivre. Pleinement. Férocement. Pendant longtemps, elle avait oublié comment. Peut-être était-ce Brandon qui l’avait guidée le long du chemin de cet apprentissage inné. Peut-être pas. Dans tous les cas, dans son esprit, il était foncièrement lié à son regain d’éclat et à la sortie lente, mais sûre, d’une léthargie héritée de son séjour sur les Îles de Fer. Bien sûr, elle ne l’aimait pas que pour cela. Néanmoins, sa réserve l’empêchait de s’étendre sur le sujet. Ces choses là, elle préférait les garder pour elle et pour elle seule. Étrangement, Dacey se révélait une âme beaucoup plus lyrique qu’elle et le romantisme de ses dernières phrases était évident.

Lyra obéit cependant et délaissa l’énorme mouton, qui fit à peine attention à cet abandon, pour s’installer à côté de l’héritière.

« Il m’aime. Et je l’aime en retour. Je pense que cette unique raison est suffisante, » dit-elle simplement.

Gênée, elle ne l’était pas vraiment pour ces raisons. Son pied droit trifouillait dans le tas de paille, à la recherche de tout et de rien. Depuis quelques jours, en plus du conflit larvé avec sa famille, une autre question la taraudait. Mais elle n’avait trouvé aucune oreille attentive.

« Dis Dacey… Je me demandais… Je ne m’appelle plus Mormont, aujourd’hui. »

Elle inspira. De prononcer cette simple phrase remettait déjà en question toute l’identité qu’elle s’était bâtie, en opposition violente avec Lyra Greyjoy, ce fantôme qu’elle avait été. Qui était Lyra Norroit, désormais ?

« J’ai un peu peur. »


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Dacey Mormont & Lyra Mormont

La tension entre les deux soeurs avait disparu, comme si celui-ci venait d'être emporté par le léger courant d'air frais qui se faufilait dans la bergerie. Il était difficile de quitter sa soeur, mais Dacey ne voulait que son bonheur et si son souhait était de le trouver au loin, elle se devait de l'accepter pour ne plus voir Lyra souffrir. Comme une main tendue vers elle, l'héritière de l'île-aux-ours, installé sur l'abreuvoir, proposa à sa soeur de la rejoindre. Une fois, à proximité, elle lui demanda ce qu'elle aimait tant chez son Norroit.

« Il m’aime. Et je l’aime en retour. Je pense que cette unique raison est suffisante »

Et pour dire vrai, c'était la meilleure raison dans l'esprit de Dacey. N'étant pas du tout une adepte des mariages arrangés entre familles de nobles. Il lui tenait à coeur de choisir son compagnon avec son coeur, non pour unir deux familles. À sa première rencontre avec Dryn, l'amour avait été une évidence, un seul regard avait suffi. Ils avaient pourtant dû se séparer, chacun reprenant sa route de son côté. Une courte idylle, mais pourtant l'un et l'autre ne s'étaient pas oublié après beaucoup d'années écoulées.

« Dis Dacey… Je me demandais… Je ne m’appelle plus Mormont, aujourd’hui. »

Le regard de Dacey, se fit surpris, elle n'avait pas imaginé que Lyra abandonnerait le nom Mormont pour prendre celui de son époux. Après tout, en vue du statut de la maison, elle était en droit de garder le nom des siens, mais le choix appartenait après tout à Lyra et si elle voulait devenir une Norroit, elle se devait de respecter sa décision. Ce n'était qu'après tout qu'un détail, plus simple à accepter que le fait de le voir quitter l'ile-aux-ours.

« J’ai un peu peur. »

Attrapant la main de sa soeur, elle tourna son visage vers le sien. Son envie de la protéger était toujours présente, et surtout de lui faire disparaître toute peur de son esprit, même si ce sentiment permettait de se dépasser. 

- Qu'importe le nom que tu portes, tu es née sous l'emblème de l'Ours et tu resteras à jamais une Mormont.

Lyra était sa soeur, mais surtout avait vécu sur l'ile-aux-ours, suivi l'éducation spécifique de cet endroit. Elle ne pouvait pas devenir une autre, juste parce qu'elle s'était marié, cela lui semblait invraisemblable. 

- Toute maison a besoin de son émissaire, pouvoir tenir ce rôle pour les Norroit te permettra sûrement de te faire plus facilement à la nouvelle vie qui t'attend.

Une bonne transition, même si elle ignorait si cela était possible. Les Norroit avaient peut-être déjà un émissaire, bien qu'elle-même ait toujours eu affaire au père de Brandon quand elle venait à la rencontre de ce clan. 

- D'ailleurs, vas-tu te rendre au mariage de Sansa ? Nous partons dès demain matin avec Jorelle, Lyanna et Marthe pour rejoindre la délégation Nordienne.



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An 302, Lune 2, semaine 1



Dacey Mormont & Lyra Mormont

La révélation soudaine du sentiment si bien enfoui laissa Lyra pensive. Le nom Mormont l’avait toujours définie. Ou du moins, avait été un point de repère. Petite, elle avait longtemps été fascinée par cette famille qui semblait la dépasser. Essence des femmes fortes qui étaient ses sœurs et sa mère, elle se rappelait que la simple mention de leur patronyme suffisait à inspirer des sentiments paradoxaux, tantôt admiratifs, tantôt méfiants, tantôt mauvais. Le nom de famille était alors devenu un objectif. L’enfant voulait être digne de le porter et surtout, souhaitait rendre les siens fiers d’elle.
Puis, il s’était terni. En un clignement d’yeux, le digne nom Mormont avait pris une vilaine teinte et résonnait désormais dans les bouches synonyme d’opprobre et de honte. Par ses actions, Jorah avait humilié plus que son père, sa tante et ses nièces. Il avait jeté un voile sombre sur ses ancêtres et ses descendants. Encore aujourd’hui, la famille restait persuadée que le moindre faux pas était proscrit, la menace de l’anathème présente comme une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes brunes. Sans jamais se sentir gênée par leur patronyme, Lyra s’était attelée à redorer leur blason, bien consciente que si la faute était humaine, le pardon également.
Enfin, Mormont était devenu son phare dans l’obscurité. Son oxygène. Son incarnation. Et cela au moment le plus paradoxal qui soit, lorsqu’il lui avait été brutalement arraché pour l’affubler du nom Greyjoy. Pour ne pas se laisser étouffer par Lyra Greyjoy, Lyra Mormont naissait à nouveau, plus vigoureuse et plus forte. Depuis, c’était ce qu’elle s’acharnait à personnifier.

Or, aujourd’hui, voilà qu’on lui enlevait de nouveau. Mais cette fois, de plein gré. La fille de Maege ne connaissait pas encore Lyra Norroit et cette inconnue qui lui ressemblait, parlait et agissait comme elle réveillait en elle le sentiment sourd de l’appréhension. Car au-delà de cette étrangère, le futur incertain sans son île, sans ses sœurs et sans sa mère la plongeait dans une mélancolie mâtinée de crainte. Elle n’était plus une petite fille, elle en avait conscience. C’était en petite fille, pourtant, qu’elle s’en remettait à sa sœur en lui faisant l’aveu d’une voix claire.  

Et c’est en sœur aînée, presque maternelle, que Dacey lui prit la main. Un geste tendre, habituel pour les filles de l’Île aux Ours, mais que Lyra attendait avec la peur qu’il n’arrive jamais. Les mots prononcés, s’ils ne suffirent pas à la rassurer entièrement, finirent par dessiner un maigre sourire sur son visage. L’archère avait l’âme d’une poète et comme tous les artistes, sa sensibilité et ses pérégrinations mentales rencontraient peu d’écho chez les insulaires. Elle ne leur en voulait pas, c’était elle qui pensait trop.

« Devenir émissaire à peine arrivée sur les terres des Norroit… Ils penseront que je cherche à m’échapper, » rit-elle doucement.

Le sud du Mur était un environnement hostile et rude. Rien qui n’effraie réellement la jeune femme, elle y était habituée. Elle avait d’ailleurs hâte de découvrir ce nouveau visage du Nord, un visage qu’elle ne connaissait pas. Dacey, elle, avait déjà rendu visite aux clans des Montagnes.

« Bien sûr, » répondit-elle. « Brandon s’y rend en tant que représentant de sa maison. Son père est trop âgé désormais pour voyager. »

L’événement dans le Conflans promettait d’être grandiose. Une bonne partie du Nord quittait – pour certains, pour la première fois – leur région pour assister à l’union de la fille aînée de Ned Stark. Pour une raison égoïste, Lyra était ravie. Ainsi, il lui semblait que la séparation avec les Mormont serait plus douce. Elles feraient route ensemble et ne se sépareraient qu’au terme des festivités. A leurs côtés, quitter l’Île aux Ours se ferait sans déchirement.

A leurs pieds, la brebis se réveilla d’un sursaut. Elle tordit sa grosse nuque en direction de la porte et remua ses pattes lourdes, sans pourtant parvenir à se mettre debout. Son agitation se répandit comme la peste dans la bergerie et un concert de bêlements lui répondit. Le cheptel agissait comme une seule créature, bruyante et piétinante. La paille se froissait sous leurs sabots et les corps cognaient contre le bois humide et les auges d’acier. Bientôt, le vacarme réveillerait les habitations les plus proches.
La brune quitta la mangeoire pour s’agenouiller non loin du mouton étendu.

« Ne t’inquiète pas… Guerrier est parti. »

Mais les paroles réconfortantes n’eurent, sans surprise, aucun effet. L’œil glauque de la bête regardait la chasseuse, complètement affolé. La main ferme de la Mormont se posa sur le ventre protubérant. La peau pâle était tendue au point de craquer, révélant le complexe réseau de veines bleutées de l’animal. Contre sa paume chaude, des violents soubresauts agitaient la future mère.

« Dacey… Je pense qu’elle va mettre bas ! » s’exclama-t-elle d’une voix où se mêlaient alarme, joie et excitation.



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An 302, Lune 2, semaine 1



Dacey Mormont & Lyra Mormont

Il était vrai que devenir émissaire, à peine arriver dans une famille, ne serait sûrement pas particulièrement vu. Puis comment défendre les intérêts des Norroit, alors qu'elle ne connaissait pas encore réellement leur style de vie. Daceyréalisait bien son erreur, mais l'idée restait tout de même intéressante, Lyra avait ce talent pour la diplomatie avec douceur. Une qualité qui pouvait manquer à bien des nordiennes de l'ile aux ours. Finalement, Dacey vint à évoquer le mariage de Sansa Stark avec Hoster Nerbosc. Un mariage entre deux maisons suzeraines, mais surtout qui venait à ramener un sang de Tully dans le Conflans. Un fait bien plus qu'emblématique. Il était certain que Daceys'était habituée à ne plus quitter son île et sûrement un peu trop, mais sa place était en cet endroit et en plus du soutien aux Stark, elle voulait être là-bas pour Jorelle. Très peu savaient qu'elle était la fille de Brynden Tully, mais ce mariage touchait cette partie d'elle cacher, comme Daceyse retrouvait de plus en plus toucher par ses racines sauvageonnes.

« Bien sûr, Brandon s’y rend en tant que représentant de sa maison. Son père est trop âgé désormais pour voyager. »

Elle ne pouvait que sourire à cette nouvelle, du moins, sa soeur n'allait pas les quitter de suite. Une séparation en douceur qui ne viendrait qu'après leur retour dans le Nord. Ce voyage allait durer quelques lunes et si Lyra se retrouverait auprès de son époux, Dacey préférait que Dryn reste auprès de leurs filles pour veiller sur elle. Non, qu'elle n'avait pas confiance en Alysane pour le faire, mais elle avait déjà ses propres enfants à s'occuper. D'un coup, la brebis vint à se réveiller en sursaut, de sa douceur habituelle, Lyra vint à s'approcher d'elle :

« Ne t’inquiète pas… Guerrier est parti. »

Elle ne put s'empêcher de lever les yeux aux ciels. Jamais, Guerrier n'avait fait du mal aux brebis, une poule peut-être une fois, mais plus pour jouer qu'autres choses. Il était peut-être gros, il ne restait encore qu'un ourson qui avait besoin de se dépenser et d'être câliné. 

« Dacey… Je pense qu’elle va mettre bas ! »

D'un coup, elle reconnut l'innocence de Lyra. Une innocence qu'elle croyait à jamais perdu depuis son retour des îles de Fer. Lyra était certainement devenu moins naïve, mais une part d'elle avait bien survécu à ce cauchemar. Là, d'un air faussement sérieux, elle répondit : 

- Il faudrait laisser rentrer Guerrier, il mettrait fin à sa douleur ! 

Une petite pointe d'humour, peut-être pas de circonstance, mais le dernier accouchement de Dacey, pour ne pas dire la grossesse en général, c'était si mal passé qu'elle ne souhaitait cela à personne, même à une brebis. Finalement, elle ajouta face aux mouvements de la brebis qui cherchait déjà à propulser son petit : 

- Je n'ai rien dis, je pense qu'elle lui ferait peur à gesticuler de la sorte.

Se levant, elle-même de l'abreuvoir, elle s'approcha de sa soeur et de la brebis. Pour dire vrai, elle n'y connaissait pas grand-chose, c'était Lyra qui aimait s'occuper des animaux divers. Dacey avait Guerrier et par chance, c'était un mâle. 

- Tu penses qu'elle a besoin d'aide où elle va réussir à agneler seule ?

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Dacey Mormont & Lyra Mormont

Le cheptel des Mormont était présent dans la famille depuis maintenant plus de quinze ans. Ils n’étaient certes pas les moutons et les brebis achetés en cette froide matinée de printemps – la plupart était mort de vieillesse, de maladie, de froid, de mise à bas compliquée ou tout simplement tué pour un bon repas – mais ils étaient leurs enfants et leurs petits-enfants. Lyra se rappelait très nettement cette journée. Deux semaines auparavant, un froid terrible avait emporté toutes les âmes du petit troupeau. En faisant l’horrible découverte alors qu’elle s’était mise en tête d’aller les couvrir avec des peaux au lever du soleil, la petite fille avait pleuré si fort qu’elle en avait réveillé sa mère. Alors, il avait été convenu qu’au passage du prochain navire marchand, et si celui-ci avait quelques bêtes à la vente, les ourses en feraient l’acquisition. Ce fut donc pleine d’espoir que la cadette de Dacey s’était rendu au petit port brumeux en compagnie de l’Ecorce, sa main bien fermée autour de la petite bourse de cuir confiée par sa génitrice. Le temps était épouvantable. Il tombait une sorte de neige fondue qui venait recouvrir la boue gelée du chemin qui menait au village. La croute de terre ainsi recouverte de flocon laissait penser qu’un géant avait déposé du sel sur une immense tartine brune et répugnante.
Arrivée sur la jetée, les bêlements affolés des moutons firent trottiner Lyra qui manqua à plusieurs reprises de se casser la figure, catastrophes évitées par l’attention particulière du soldat. Les poils laineux étaient tout recouverts de neige, eux aussi et elle se remémorait leurs yeux immenses et noirs rouler dans leurs orbites. L’île était hostile et pleine de créatures affamés et de cela, ils en avaient bien confiance. L’Ecorce négocia et en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, ils entamaient le chemin du retour, encombrés de dix-sept têtes agitées. Leurs sabots glissaient sur la fange congelée et les derniers ne cessaient de s’écarter de la file. Après une bonne heure de lutte, ils étaient tous au chaud dans la bergerie nouvellement aménagée.

La brebis qui roulait sous ses doigts était une des plus jeunes du troupeau. Lyra avait même aidé sa mère lors de sa naissance. De pouvoir assister une nouvelle fois à ce miracle la rendait plus heureuse que de raison. Était-elle retombée en enfance ? Redevenait-elle la petite fille émerveillée et terrifiée qu’elle avait été lors de la première mise à bas ?

C’est les yeux brillants qu’elle leva le nez vers son aînée. Celle-ci, très sérieuse, constatait l’événement avec une moue perplexe. Lyra répondit à sa proposition en fronçant les sourcils, un sourire désabusé sur les lèvres. Dacey avait un humour bien à elle, mais sa sœur ne s’en formalisa pas. Au contraire, derrière sa façade lasse, elle cachait une humeur bien plus joyeuse. Le pont qui semblait s’être fissuré entre ses sœurs et elle finissait par se fortifier, finalement. La complicité était retrouvée.

« Viens donc m’aider, » sourit-elle en secouant la tête. « Je crois que la poche des eaux n’est pas percée… »

En effet, la grosse protubérance translucide sortait bien de sous la queue de la future mère. Celle-ci ne semblait pourtant pas vouloir se lever pour la crever. Habituellement, les brebis se relevait et tournait en rond jusqu’à ce que la poche cède. Un liquide gluant se répandait alors sur leur laine sale et une tête et des longues pattes d’agneau suivaient rapidement. Lyra n’avait plus alors qu’à tirer sur les membres pour arracher le bébé à la chaleur réconfortante du ventre maternel pour le jeter dans la bergerie humide. Ce soir, cependant, cela ne semblait pas vouloir se dérouler de la sorte. Inquiète, elle observa la bête gigoter sans pouvoir se redresser.

« Aurais-tu un couteau ? » lui quémanda-t-elle, tendue. « Je crois que nous allons devoir le faire nous-même. »

La main gauche toujours perdue dans le duvet cotonneux de l’animal, elle tentait désespérément de la rassurer à coup de caresses inutiles. Mais la pauvre ne sentait rien d’autre que le déchirement au creux de ses entrailles.

« Tu es prête ? » demanda-t-elle à sa soeur.

Lyra était inquiète, mais elle s’obligea à repousser ses doutes très loin, vers d’obscures contrées où son esprit ne s’aventurait que rarement. Elle ne voulait pas laisser la bête mourir. Et elle était contente d’avoir Dacey à ses côtés.




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Dacey Mormont & Lyra Mormont


Dacey n'avait pas cette approche avec les animaux, comme cela pouvait l'être avec Lyra. Depuis aussi loin qu'elle se souvienne, sa jeune soeur s'attachait à toute être vivant, se souvenant des pleurs quand un des hommes avait tué sa lapine préférer pour pouvoir la manger. Là, elle remarquait la différence avec sa propre fille, qui déjà avait saisi, que tous ses animaux servait à se nourrir, mais cela ne l'empêchait pas de s'en occuper et de se montrer douce auprès d'eux. De toute manière, le favori de Maeve restait Guerrier, comme elle-même. C'est pourquoi, Daceyn'avait pas vu tant que Brebis mettre bas et prenait tout d'abord tout cela à la rigolade avant que sa soeur ajoute :

« Viens donc m’aider, je crois que la poche des eaux n’est pas percée… »

L'expression qui s'afficha sur le visage de l'héritière de l'île-aux-ours fut de l'incompréhension. Que pouvait-elle bien faire pour aider à percer la poche des eaux. Dacey n'avait vraiment aucun savoir à ce sujet et se retrouvait à devoir devenir l'apprenti d'un soir de sa soeur. Pas que cela lui plaise réellement d'assister à ce genre de scène, mais pour Lyra, elle le ferait.

« Aurais-tu un couteau ?  Je crois que nous allons devoir le faire nous-même. »

Un couteau ?! Bien sûr, Dacey avait un couteau, elle ne sortait jamais sans en avoir caché une série de couteaux sur elle. Quoique qu'aujourd'hui, elle n'en avait pas caché dans ses cheveux, ayant sa longue chevelure libre sur son dos. Sans attendre, elle sortit une de ces lames de sa manche et la donna à sa soeur. Tandis qu'elle, tentait de rassurer la brebis.

« Tu es prête ? »

Ce n'était pas certain, mais Lyra avait besoin de son soutien et donc elle resterait près d'elle. Un léger sourire au visage, elle vint à dire : 

- On va dire que oui ! 


Plus un mot sorti de sa bouche. Elle observa les différentes actions de sa soeur, il semblait qu'elle avait toujours fait cela. Qui avait pu lui apprendre ces gestes ? Dacey ignorait totalement la réponse. Finalement, quand le jeune agneau vint à être éjecter du corps de sa mère et qu'il vint à crier. Le coeur de Dacey vint à se remplir d'amour. Au final, c'était au beau moment à observer. Posant sa main sur l'épaule de sa soeur, elle lui souffla : 

- Et tu viens encore de sauver deux vies !

L'émotion était palpable à ce moment précis. Il n'y avait sans doute rien de plus beau que de voir qu'une vie venait de commencer. Dacey avait su après son dernier accouchement qu'elle ne viendrait plus jamais à avoir d'autres enfants. Une certitude qu'elle pensait venir des anciens eux-mêmes, mais Lyra, tout juste marié, se verrait de passer par cet instant, en tout cas, elle l'espérait.

- Bientôt, ça sera peut-être toi qui donneras vie !


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An 302, Lune 2, semaine 1



Dacey Mormont & Lyra Mormont

Une lame argentée scintilla dans la main blanche de Dacey en un clignement d’yeux. Lyra en saisit le manche en faisant mine de ne pas être étonnée. Elle savait que sa sœur avait pour habitude de se recouvrir de couteaux et de dagues et cela peu importait où elle se rendait. Réceptions à Winterfell, chasse à l’Île aux Ours, promenade avec Maeve… L’archère se demandait encore comment il lui était possible de se mouvoir sans se perforer et surtout dans le silence le plus total. Une prouesse que seule son aînée était capable de réaliser.
Malgré sa promptitude à lui offrir l’arme tranchante, elle lui répondit sans grand entrain, perdue entre confusion et hébètement. Un bêlement affolé creva l’air saturé de la bergerie. Dans le fond, près des mangeoires, le reste du troupeau s’agitait en remuant le foin à qui mieux mieux.

D’un geste habile et habitué elle incisa délicatement la bulle transparente qui empêchait l’agneau de sortir. A peine avait-elle posé le couteau que la protubérance éclata, répandant joyeusement le liquide nauséabond sur la laine, le foin et les mains de la troisième ourse. Lyra ne s’en formalisa pas et évita de justesse un nouveau coup de sabot de la future mère paniquée. Elle bloqua les pattes arrière de la bête entre ses genoux.
Enfin, des pointes noires de sabots vinrent à poindre, bientôt suivies par le bout d’un museau rose, fripé de chaleur et d’humidité. Ses doigts s’en saisirent et elle tira de toutes ses forces. Après quelques minutes de lutte, le nouveau-né fut libéré avec un dernier cri de délivrance de sa mère. Celle-ci se redressa, toute tremblante sur ses pattes, pour venir entourer le corps encore tendre de son bébé. Ses grands yeux noirs et brillants clignaient pour se débarrasser de liquide gluant qui glissait de ses paupières et que la brebis se mit en tête de nettoyer.

Encore sur les fesses, Lyra observait ce spectacle comme si elle le voyait pour la première fois. Il y avait dans la scène tant de pureté et d’innocence que durant un instant, elle douta qu’un monde capable de porter de si nobles créatures puisse être capable de méchanceté et de violence.
Au contact de la main de sa sœur sur son épaule, elle s’ébroua à son tour, la rêverie oubliée.

« Peut-être, » sourit-elle. « Mais maintenant, ça sera à vous de vous en occuper. Me diras-tu comment ils se portent tous ? Tu sais que je tiens à eux… »

La brune n’avait aucun doute quant à la capacité de ses sœurs à veiller sur le cheptel des Mormont. Après tout, elles avaient tout comme elle qu’il était une ressource vitale de la famille et que de s’en passer, si ce n’était pas impossible, était loin d’être confortable. Avec son départ et celui de l’Ecorce, les deux habitués de la bergerie, il faudrait trouver un nouveau chef de file.

Dacey rebondit sur un sujet qui fit rougir Lyra jusqu’à la racine des cheveux. Le nez encore rivé sur la brebis et son bébé, dos à l’héritière, elle espérait que celle-ci n’avait pas vu sa gêne. Pour la dissimuler, elle fit mine d’aplatir ses mèches brunes pour cacher un peu mieux son visage.

« Peut-être, » répéta-t-elle dans un souffle.

Elle avait assisté ses sœurs lors de leurs accouchements et les voir aussi démunies, inquiètes et abandonnées l’avaient brusquée plus d’une fois. C’était une chose d’assister à la mise à bas d’un mouton. C’en était une autre de voir ses neveux et ses nièces naître. En particulier lorsque la vie de leur mère était menacée. Ainsi, si l’archère avait envie d’avoir des enfants, elle espérait qu’ils tarderaient un peu à venir. Mais enfin, ce genre de choses ne se commandait pas.

Finalement elle se décida à se mettre debout et à se tourner vers la première née de Maege.

« Merci Dacey, » sourit-elle. « Mon départ de l’île m’effrayait un peu… mais je vais mieux. Grâce à toi. »

Elle la remerciait en réalité pour tout ce qu’elle avait fait pour elle. Pour ses paroles d’encouragements, pour son sérieux, pour sa fiabilité, pour l’avoir aidé à remonter les pentes les plus ardues… Elle la remerciait d’être elle, tout simplement.

« Je te prendrais bien dans mes bras, mais… »

Elle agita sous son nez ses doigts encore collants du fluide de la poche des eaux de la brebis. Jorelle, elle, n’aurait pas hésité une seule seconde à s’essuyer dans les vêtements de ses sœurs.





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