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Open the door and your heart my little sister [Arya]

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chapitre 1

 
Depuis que je suis de retour à la maison, je n'ai pas vu ma sœur. Arya a été attaqué par une meute de loup quand j'étais à Lestival avec Robb. Depuis, je n'ai plus vu le visage de ma sœur. Il me manque son visage, sa petite frimousse que j'aime tant voir. Oui, ma sœur me manque et bientôt je ne la verrais plus. Bientôt, je quitterais Winterfell pour Corneilla et plus jamais je verrais Arya  si elle continue d'agir de la sorte. Je veux voir ma sœur ! Je veux qu'elle m'autorise d'ouvrir sa porte et que nous puissions nous parler, rien qu'un instant. Or, la cadette des Stark refuse toujours que je pénètre dans sa chambre. Pourquoi rester dans un espace clos ? Pourquoi me ferme t-elle son cœur ? Veut-elle qu'on se quitte sans se dire au revoir ? Le temps de mon départ s'avance et je n'aurais pas pu entendre sa voix. Et, quand je serais à Corneilla ou Vivesaigues, est-ce que ma sœur accepta que nous puissions nous voir ? Ou de m'écrire ? Quand j'ai bien peur qu'Arya ne puisse jamais sortir de cette maudite chambre. Elle doit le soleil, s'il le faut, je l'aiderais. Pitié, faites qu'elle m'écoute, qu'elle me laisse ouvrir cette porte et son cœur. Où est la guerrière de Winterfell ? Est-elle morte ? Elle ne doit pas se cacher. Elle doit sortir, aidée certes par des gens mais voir la lumière ….

Je marche dans les couloirs de Winterfell à la recherche d'une occupation à faire, mon trousseau avance à grand pas. Hier, j'ai essayé ma robe de mariée, je suis heureuse du résultat et il me tarde de la porte le jour de mes noces. De même, avec Kylis, nous avions presque fini l'ouvrage pour mon fiancé. Je pense à Hoster, mon cœur bat un peu plus fort à l'idée de retrouver mon fiancé et d'être sa femme jusqu'à la mort nous sépare. Je soupire puis je décide d'aller à la crypte familiale. Je regarde ma louve puis nous partons en direction de la crypte. J'aurais pu rejoindre Jeyne Poole ou Beth mais je préfère aller dans cet endroit où je me sens si proche de mon père. Bientôt, je ne pourrais plus lui parler … Je pourrais plus me rendre quotidiennement à cet endroit si chère à mon cœur et à mon esprit.

Arrivée là-bas, je descends les marches après avoir allumée une torche. Je m'avance doucement dans ce lieu sacré. J'arrive près des statues des derniers Stark enterrés ici. Il s'agit de mon grand-père, de mon oncle, de ma tante et bien sûr de mon père. Je m'approche de mon père et je le regarde implorante. Il doit m'écouter et m'aider dans ma tâche ...Enfin, j'espère qu'il pourra le faire !

Sansa – Père, nous avons un grand problème. Peut-être pas très important mais je m'inquiète pour Arya. Elle refuse que j'ouvre sa porte. Mais, moi, j'ai envie l'ouvrir et passer du temps en sa compagnie. Je souhaite juste passer quelques minutes avec ma sœur ! Elle refuse, toujours la même réponse ou plutôt le même silence. Je ne sais pas quoi faire ni quoi dire … Je comprends qu'elle ne peut pas trop bouger … Je me mordille les lèvres. Cependant, elle pourrait nous autoriser à entrer et la voir de temps en temps. Bientôt, je quitterais Winterfell Père … Je la verrais plus ! Et si jamais, je mourrais à Corneilla et que ma sœur refuse toujours de me voir ? Est-ce qu'elle pense à cela ? Je ne serais plus à la maison ! Je ne serais plus auprès d'elle … Je serais avec mon futur époux, certes, je pourrais revenir à la maison mais je ne sais pas si Arya acceptera de me voir ainsi que mes enfants. Ses neveux et nièces ! Imaginez qu'elle reste cloîtrée à vie dans cette chambre. Père … Faites quelques chose, faites que ma sœur puisse entendre raison et qu'elle m'ouvre cette porte … Ainsi que son cœur. Je ne veux pas la laisser ainsi. Je ne peux pas … Je … Elle me manque ma sœur … Je m'agenouille. Père … Je vous en prie … Aidez-moi. Je souhaite juste parler à ma sœur. Encore une fois, peut-être plus si elle ne fait pas sa maudite tête de mule. Est-ce mal de passer du temps avec sa sœur avant que ce ne soit trop tard ? Bientôt je ne serais plus là, mon départ approche, c'est mon souhait Père pour mon seizième anniversaire. Si vous pouvez, je souhaiterais que ma sœur accepte que j'ouvre cette porte et son cœur. Père, c'est mon désir le plus ardent. Je regarde tendrement la statue de mon père. Vous avez toujours réalisé mes souhaits depuis que je suis née mon tendre père, alors, pour ce seizième anniversaire avant que je parte loin de vous, je souhaite qu'Arya me parle. Pas un simple bonjour non. Une vraie conversation.

Je me tais pendant quelques secondes, des larmes roulent le long de mes joues. Je désire seulement que ma sœur me parle de nouveau. Oui, le son de sa voix me manque autant que son visage. C'est vrai que parfois, j'ai envie de lui donner des claques quand elle ne m'écoute pas. Mais, c'était avant. N'ai-je pas grandi depuis ? Je ne suis plus cette enfant qui répétait les erreurs de ma sœur, cette fille qui se moquait de sa sœur car elle n'aimait pas coudre. Je ne suis plus la fille que j'étais autrefois. Je le dois aux épreuves de la vie. Je respire et je pense de nouveau à ma sœur. Le soleil ne peut pas exister sans la nuit. Sans ma sœur, je suis quoi ? Elle est mon opposée et sans elle, je me sens seule. Certes, il y a d'autres femmes dans mon entourage mais ce n'est pas ma sœur … Je repose mon regard sur la statue de mon père. A-t-il entendu ma requête ? Les anciens et les nouveaux dieux pourront m'aider dans cette quête  s'ils m'entendent.

Je me lève, je regarde de nouveau la statue de mon père puis celle de ma tante Lyanna. Je m'approche de Lyanna. Cette femme était une lady et une guerrière. Peut-être qu'elle pourra aider cette entêtée d'Arya à sourire de nouveau à la vie ? Si je ne fais Arya, j'ai peur qu'Arya se laisse mourir et qu'elle ne puisse pas sortir.

Sansa – Tante Lyanna, aides-moi, je t'en prie. Tu étais une guerrière comme Arya, tu es sa figure comme la princesse Nymeria. S'il te plaît … Aides-moi. Je veux ma sœur pour mon seizième anniversaire avant que je partes. S'il te plaît, s'il te plaît !

Ai-je fini de réclamer ceci ? Peut-être. Je ne suis pas sûre qu'ils puissent m'aider mais il faut bien y croire. Je me souviens des paroles que Wynafryd a prononcées quand j'étais au plus mal. Ou celles de Lady Marianne à Lestival. Les deux femmes m'ont apporté du soutien. Je dois faire de même à ma sœur. Non pas que je me sente obligée mais parce que c'est ma sœur et que je l'aime. Je prends une profonde inspiration, je décide de regagner la demeure familiale et de faire une nouvelle tentative, peut-être qu'Arya sera enfin d'humeur à parler. Faites qu'elle puisse vouloir. Pitié !

Peu de temps après, je croise mes amies, je leur souris. Puis, je leur dis que je vais voir Arya. Elles me laissent faire. Je continue mon périple en direction de la chambre de ma sœur. Allez Arya, accepte que j'ouvre cette porte ! Rien qu'une fois, une seule fois. Ou peut-être deux, si on compte que c'est bientôt mon anniversaire !  Je toque à la porte.

Sansa – Arya, c'est Sansa. Je peux entrer s'il te plaît ? Cela me ferait très plaisir que nous puissions parler. Je ne t'ai pas parlé de Lestival mais si tu ne veux pas en parler, je ne dirais rien. Je veux juste passer du temps avec toi. C'est permis qu'une sœur puisse partager un moment en compagnie de sa sœur avant qu'elle s'en aille ? Je soupire. Arya, je t'en prie. J'aimerais te voir avant que je parte à Corneilla. Il ne me reste quelques semaines.  Trois semaines avant mon départ, alors, je t'en prie, Arya. Laisse-moi entrer, rien qu'un instant ma sœur. Si ce n'est pas le cas, je continuerais jusqu'à la veille de mon départ. Je resterais tous les jours cinq minutes !

Je suis résolue à rester le temps qu'elle me dise que je peux entrer. Il est vrai qu'avant, je disais, je peux rentrer mais je n'avais pas de réponse. Je ne lui disais pas que je restais et je repartais après son refus. Là, je change la donne et j'espère qu'elle voudra bien que je puisse rentrer. Je regarde Lady. Je me baisse un peu et je caresse ma louve.

Sansa – Nyméria sort de temps en temps Arya ? Ou reste-t-elle enfermée ? Si tu veux, elle peut jouer avec Lady. Les deux sœurs doivent se voir … Lady m'accompagne, Nymeria ne verra plus Lady. Je pose ma main sur sa porte. Comme moi, je ne te verrais plus ma petite sœur. Je soupire. Tu manques à tout le monde. Je ne sais pas si Bran vient te voir. Est-ce qu'il grimpe le long du mur et pénètre ta chambre grâce à la fenêtre. Est-ce que tu le laisses entrer ? Ou tu refuses à lui aussi. Je respire. Et puis, tu n'as pas vu Lady Kylis, enfin si avant quand nous étions petites mais elle sera un membre de notre famille Arya. Vous avez des points en commun et je sais que tu ne peux plus faire ce que tu aimes mais tu peux lui donner des conseils ? Ou, je ne sais pas moi … Je sais que tu ne veux pas qu'on ouvre ta porte car peut-être tu ne peux plus faire ce que tu veux. Mais, dis-moi, Arya, souhaites-tu restée enfermée à vie dans cette chambre ? Respires-tu l'air frais du matin ? Je continue de regarder la porte close. J'ai peur que tu restes cloisonnée dans cette chambre et que tu ne profites pas de la vie. Ne sois pas aigrie Arya. Je sais que tu es diminuée, que tu ne peux plus exercer ce que tu aimes mais vie. Vie ma sœur, ne te laisses pas mourir. Je t'en prie. Je me tourne et je me laisse descendre sur le sol. Tu sais Arya, je ne veux pas que tu meures de cette façon. Je veux que tu te battes, que tu nous laisses te parler et que tu nous parles à ton tour. J'ai besoin de savoir comment tu vas, de te parler. Je le répète encore, bientôt je ne serais plus là et je ne sais pas si tu répondras à mes missives. Le feras-tu ? Je me tais quelques secondes. Je serais à Corneilla puis à Vivesaigues, quand tu sentiras prête, saches que tu seras toujours la bienvenue à la maison ma sœur. J'aimerais que mes enfants puissent rencontrer leur tante. Je leur parlerais de toi ma sœur, je ne t'oublierais jamais. Jamais. Je soupire. Tu sais, cela me fait peur de ne plus être entourée de ma famille et d'aller dans un autre endroit … Sans vous. Mais, je sais qu'il aura des missives mais j'ai peur que toi tu refuses de répondre à mes missives. Me laisseras-tu dans un silence complet sans de tes nouvelles ?

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Je n’avais jamais pris le temps de contempler le plafond de ma chambre, maintenant j’avais tout mon temps pour le regarder, le contempler, l’analyser, le redécouvrir à chaque fois que j’ouvrai les yeux. Pourquoi j’ouvrais encore les yeux ? Pourquoi mes poumons se gonflaient-ils encore d’air ? Pourquoi mon cœur battait-il encore ? Pourquoi… Pourquoi étais-je en vie ? Pourquoi n’étais-je pas allongée aux côtés de père sous la terre ? Pourquoi n’étais-je pas aller le rejoindre ? Pourquoi… Tant de pourquoi et aucune réponse. J’aurais adoré hurler et supplier le mester de me donner quelque chose de tellement fort pour la douleur que j’arrête de souffrir à jamais… Mais ce n’était pas à moi qu’il obéissait, mais bien à ma mère. Et… Ma mère n’avait pas l’intention de me laisser partir. Alors je restais seule dans ma chambre, refusant de voir des gens, de voir ma sœur, mes frères, je refusai même de voir mon seigneur et maître Robb.

Un sanglot déchira ma poitrine quand je pensai à mes deux grands frères. Je voulais tellement les voir… Robb… Il a été là quand Père est mort… Avec Jon il est le seul qui a vu toute ma faiblesse, il a été le seul devant qui j’ai accepté de pleurer, devant qui j’ai avoué que je voulais mon père, le seul contre qui j’ai tout relâché, j’ai sangloté comme une petite fille, comme l’enfant que je suis. Et pourtant, aujourd’hui, je refusai sa venue dans ma chambre. Qu’allait-il voir ? Une Stark brisée, jetée plus bas que terre, incapable de s’occuper d’elle-même seule… Un fantôme. Un déchet. Quelqu’un qui aurait dû mourir… Et pourtant, aujourd’hui encore je contemplai mon plafond. Oui, soi-disant mes plaies vont mieux, soi-disant le mester est en train de chercher quelque chose pour me faire marcher… Il y avait tellement de choses. Et moi je regardai mon plafond. Les plaies de mon torse avaient beaux être bien cicatrisées, mon visage, mon genou et mon épaule hurlaient dans un chœur cacophonique leur douleur et que tout était ma faute.

Nymeria se redressa pour venir poser sa grosse tête dans ma main. Avec lenteur je tournai le regard vers elle, exposant mon visage ravagé couvert de bandages à son regard. L’un des rares qui ne se détournait jamais. Avec délicatesse elle me lécha la main et je fermai les yeux laissant les lames couler à nouveau. Depuis combien de temps je pleure ? Depuis combien de temps je n’arrive pas à me secouer ? La douleur annihilant gentiment tout espoir de véritable repos ou de me reprendre en main. Je dois réfléchir à chacun de mes gestes, repenser tout encore et encore… Que vais-je faire de ma vie… ? Je ne savais plus qui j’étais, ce que j’allais devenir. Dehors, les étoiles brillaient encore. Je refermai les yeux pour ne plus rien voir d’autre que ce qui aurait dû m’accueillir : l’obscurité.

Je les rouvris en entendant la porte s’ouvrir. Quelle heure est-il… ? C’était le mester. Le matin forcément. Nymeria fila, ordre du mester : pas de louve pendant les soins ! Je me pliai à sa volonté sans rechigner, c’était bien par sa volonté que j’étais en vie. J’obéis en silence lorsqu’il m’aida à me redresser, dissimulant ma douleur et fermai les yeux quand il ôta les bandages de mon visage. Comme à chaque fois, je réclamai un miroir et à chaque fois tout ce que je vois c’est un visage ravagé par les crocs d’une bête. Je bats lentement des cils sans oser porter la main à mes cicatrices. Je refermai les yeux attendant simplement que le mester finisse son travail avant d’accepter à contre cœur de manger avec difficulté. Je refermais les yeux attendant à nouveau que le temps passe.

La voix de Sansa me tira de mes sombres pensées. Nymeria se dressa et observa la porte. Je détournai soigneusement le regard en essuyant mes larmes d’un mouvement. Tais-toi ! Silence ! La ferme ! J’ai envie de hurler de se taire, de ne plus parler. Mais à nouveau, penser à bouger les lèvres est insoutenable. Je fermais étroitement les yeux. La ferme ! Ma louve se rapprocha de la porte et je compris ce qu’elle voulait faire. Je tendis doucement la main vers elle et ma louve revient. J’entendis à nouveau des pas et la voix du mester à Sansa. Il ouvrit la porte et se glissa doucement dans ma chambre. Il s’approcha de moi et me parla doucement. Je n’avais pas vraiment le choix. Sansa n’abandonnerait pas sans m’avoir vu, autant que cela se finisse vite. Qu’elle comprenne, qu’elle vomisse, qu’elle ait peur et qu’elle s’en aille. Je hochai doucement la tête et il m’assit avec douceur contre les oreilles avant de m’aider à passer mon masque, celui qui cache la moitié de mon visage complètement réduit en lambeaux. Il m’aida à boire un peu avant d’aller ouvrir la porte à Sansa. Je l’entendis dire d’y aller très lentement et de ne pas me secouer.

Nymeria resta dans la chambre mais salua sa sœur et revient s’asseoir près de moi en posant sa tête contre ma main. Je préférais regarder droit devant moi pour ne pas exposer mon visage à ma sœur. Je ne la regardai que d’un œil mais s’était assez. Je lui laissais l’honneur de commencer la discussion. Elle n’avait pas intérêt à me prendre dans ses bras. De toute manière mon bras en écharpe devait lui indiquer d’éviter de le faire. Je ne voulais pas parler parce que cela tirait sur les muscles de mon visage. Mais d’un geste de ma main gauche, la valide, je l’invitai à parler. Je verrais si j’ai envie de répondre



   
 
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chapitre 2


Je souhaite voir ma sœur, c'est mon plus cher désir. Je toque à sa porte, mais, je n'ai pas de réponse. Dort-elle ? Le mestre est-il avec elle ? Je ne sais point. Je décide d'exprimer ce que j'ai sur mon cœur. Si ma sœur l'écoute tant mieux, sinon tant pis. Au moins, je n'aurais plus de poids sur mon écrin.
Je commence à parler, je lui pose des questions sur Nyméria. Est-ce que sa louve sort ? Ou non. Puis, je pose ma main sur la porte. Oh Arya, pourquoi tu ne dis rien ? Es-tu sourdes à mes mots ? Ne veux-tu pas répondre ? Je ne sais rien et je continue de parler. Je me libère de ce que j'ai.
Et puis, j'entends des pas dans le couloir. Est-ce le mestre ou mère ? Je me lève, j'enlève la poussière de ma robe et je me tiens face au mestre. Il me dit d'attendre un peu. Je lui souris et je m'éloigne de la porte.

Le mestre entre dans la chambre de la malade. J'attends avec impatience, je regarde avec tendresse ma louve. Elle pourra revoir sa sœur … Et, moi aussi. Ma sœur me manque. C'est quand on a perdu une personne qu'on a peur que ça recommence et qu'on prenne conscience que les membres de notre famille sont importants.  En perdant mon père, j'ai eu peur des membres du reste de la meute … Je ne pourrais pas vivre encore ce cercle. Et le fait que ma sœur soit ainsi me remplit d'une tristesse sans nom. C'est vrai qu'elle n'est pas morte, elle est là physiquement. Mais son corps est marqué par des blessures. Je respire. Puis, le mestre revient, il me dit de faire attention et de ne pas trop la fatiguer. Je vais revoir ma sœur, ma chair et mon sang.

Je m'avance dans la chambre de ma sœur, je souris en voyante Nyméria. Lady est joyeuse de voir sa sœur, je laisse les deux louves s'amuser ensemble. C'est un plaisir de les voir ainsi et cela réchauffe mon cœur. Je continue d'avancer et je vois ma sœur dans son lit. Je ne vois pas son visage. Elle doit vouloir me préserver … Certainement. J'arrive enfin au chevet de ma sœur, j'aurais aimé m’abaisser et embrassé son front. Je ne le fais pas. Je m'assois sur une chaise près de son lit.

Par quoi commencer ? Lui dire que je suis heureuse de la revoir depuis que je suis partie à Lestival ? Je ne suis pas sûre qu'elle soit ravie que je lui rappelle que j'étais à Lestival et elle non. Je ne sais pas si elle a su que je lui avais acheté un présent. S'est-elle servie de son arme ? Je me souviens que la dornienne Boadicée m'avait aidé à choisir une arme pour ma cadette. Je soupire.

Sansa – Bientôt je quitterais Winterfell pour rejoindre mon futur époux. J'avale ma salive. J'aimerais savoir si tu souhaites que je vienne passer quelques heures en ta compagnie avant mon départ. Je souris. Cela te conviendrait ?

Que dire pour commencer ? Je ne souhaite pas lui poser tant de questions au début. Je guette un signe de sa main.

Sansa – Pour un oui, tu peux faire un signe et pour un non, un autre. Pour oui, c'est quoi ?

J'espère que je n’agace pas ma sœur. Mais, je préfère qu'elle économise sa salive plutôt que de se faire plus mal. Je respire. Je la regarde. Pourquoi elle ? Elle ne mérite pas d'être alitée. Elle est la guerrière, elle ne doit pas rester ainsi. Elle doit se battre. Me protéger contre les méchants.



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Je reste bien droite dans mes coussins sans tourner le visage vers ma sœur. Je regarde le mur. Je ne veux pas lui faire peur. Kylis… Elle m’a vu avant, mais ce n’est pas pareil : Kylis n’a peur de rien, elle n’a pas le cœur tendre. Sansa beaucoup trop. J’évite soigneusement de croiser son regard. Je la vois en périphérie de mon champ de vision, mais je ne bouge pas, je sais que j’ai l’air boudeuse, mais je n’ai pas vraiment le choix, si je bouge trop les muscles de mon visage : je souffre. Autant rester neutre. Cela me fatigue moins, déjà que ma sœur peut rentrer parce que le mester a insisté… J’aurais dû refuser…

Au moins elle ne s’assit pas sur le lit, elle reste à une bonne distance. Je me demande bien comment elle me perçoit. Si elle sent l’odeur de la tristesse, du désir de mort, de la souffrance, de la douleur et du sang. Est-ce qu’elle le sent ? Ou seul les louves le sentent ? Je n’en sais rien. Je sens son malaise. Elle n’aurait pas dû venir, elle n’aurait pas dû rentrer. Et pourtant elle est là… Ma sœur est encore parfois terriblement stupide. Au moins, elle ne voit pas que j’ai pleuré. Elle soupire, si tu t’ennuies déjà… imagine-moi. Ma pauvre rouquine de sœur. Oui… parle-moi de ton époux si tu veux… Je m’en fiche de ton corbac à la noix. Je serre le poing sans émettre le moindre son. Passer quelques heures ici. Pourquoi faire ? Pour regarder le profil que je t’offre ? Pourquoi fait-elle ça ? Elle gâche ses derniers jours ici… Pour une idiote, pour une qu’on aurait pas dû sauver. Je fronce les sourcils. Un signe pour oui… Un signe pour non. Secouer la tête ça ne suffit pas. Je secoue délicatement la tête de droite à gauche. Non. Je ne veux pas qu’elle vienne tous les jours, plusieurs heures… Déjà qu’elle vienne aujourd’hui est largement suffisent je ne veux pas plus.

Je détourne la tête pour regarder par la fenêtre. J’ai trop chaud. Et Mester Ludwing n’aime pas beaucoup ouvrir la fenêtre. IL a peur que Bran monte par ici. Je me demande si ma sœur est vraiment heureuse de me voir. De me voir dans cet état. Si Robb ou Jon auraient été là, présent pendant l’attaque… Est-ce qu’ils auraient accepté ma supplique de me laisser partir rejoindre père ? Je n’en sais rien… Je doute. Des dieux ? Ou de la meute ? Non. De moi. De ma capacité à vivre maintenant. Est-ce que je vais accepter… Je ne peux pas être faible, je ne peux pas être une lady… Je serre un peu plus le poing et le relâche sans toujours regarder ma sœur. Elle devrait partir.



   
 
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chapitre 3



Ma sœur regarde le mur. Elle ne souhaite pas que je vois son visage. Il est vrai que je pourrais être écœurée de la voir défigurée. Et même si je vomirais à sa vue, je veux qu'elle sache qu'elle reste ma sœur. Elle ne sera jamais un monstre pour moi. Elle sera toujours Arya Stark, qu'elle soit défigurée ou non. Le sang du loup et de la truite coulent toujours dans ses veines. Je m'assois sur une chaise près de son lit. Je pourrais tendre ma main vers elle et serrer la main de ma sœur.

Je continue de parler à ma sœur. Je vois qu'elle secoue la tête ou qu'elle serre son poing. Visiblement, c'est un non. Je prends une profonde inspiration avant de reprendre la parole.

Sansa – Arya … Je ne veux pas te laisser avant que je parte pour vivre dans le Conflans. Pour moi, c'est important de passer du temps avec toi. Même si tu ne peux plus bouger ou parler comme avant, ta présence compte pour moi … Je soupire. Nous sommes toujours des sœurs Arya, nul ne pourra délier notre lien. Je me lève et je respire.  Tu es ma sœur et je t'aime comme tu es Arya Stark. Je me rapproche de la fenêtre.  Je regarde l'horizon. Quelque que soit la distance, Arya, je serais là. Je t'écrirais des missives pour te raconter ma vie à Corneilla. Mais, je t'en prie ma sœur … Ne me laisse pas dans un silence … Je me tourne vers elle. J'ai besoin de savoir si tu vas bien ou si tu as besoin de quelque chose.

Je commence à marcher de nouveau, je m’accroupis devant Nyméria et Lady. Je caresse Lady puis je regarde Nymeria. Je souris à Nymeria puis je touche le pelage de la louve de ma sœur. Ensuite, mon regard se porte sur ma cadette.

Sansa – Tu sais, j'ai peut-être le cœur tendre mais je veux que tu saches que je suis là pour toi. Tu peux me demander de partir, cela ne m'empêchera pas de revenir et de prendre de tes nouvelles car tu es ma petite sœur. Tu es une louve de la meute et de nous devons être soudées. Je soupire. Je crois qu'il est temps pour moi de prendre congé. Je reviendrai demain ma sœur. Je t'en fais la promesse. Chaque jour, je viendrais jusqu'à que je parte de Corneilla … Chaque jour, je montrerais que je t'aime. Oui, Arya, tu m'entends, je t'aime et personne ne pourra changer ce que je ressens pour toi. Tu peux être infirme, je t'aimerais toujours. Tu es et resteras ma sœur.

Je regarde Nyméria puis je fais signe à Lady de me rejoindre. J'attends que ma sœur puisse me donner un signe. Mais, je sais que demain, je reviendrais. Chaque jour, je passerais la voir. Et si elle refuse de m'ouvrir, je resterais dehors et je lui parlerais … Une conversation de sourd, sans doute mais je veux lui montrer que je serais là pour elle. Elle est une guerrière, elle doit puiser dans ses forces pour sortir de cette léthargie qui la guette. Si elle ne fait rien, elle se laissera mourir. Ma sœur ne doit pas se laisser mourir … Elle doit combattre. Je ferais tout pour qu'elle puisse retrouver de la lumière et la force … Mais si elle ne veut pas, je ne serais pas ce que je ferais pour qu'elle reprenne goût à la vie. Pourquoi ai-je tellement envie de la sauver ? Elle est ma sœur et je n'aime pas la voir ainsi ! Je sais qu'elle ne sera plus comme avant mais elle est en vie. Elle doit profiter de cette chance pour vivre.

Et si j'avais été à sa place, je ne sais pas comment j'aurais agi. Je pense que j'aurais laissé l'obscurité m'engloutir jusqu'à que je sois morte. Ou peut-être je me serais jetée dans un gouffre sans qu'une corde puisse me retenir. Me serais-je laissée mourir ? Sans doute … Si personne n'aurait pu me tendre la main. Si je n'avais pas eu Wynafryd ni le soutien de Beth et de Jeyne, je ne pense pas que j'aurais pu me relever … Les amis, comme les membres de la famille sont importants quand on est plongé dans l'obscurité des abysses de notre âme. Je pense à la sirène de Blancport, elle sera présente lors de mon mariage. Je suis ravie qu'elle soit là. Elle est mon amie, ma confidente et mon modèle. Je repose mon regard sur ma sœur alitée et sa louve. Je dois faire quelque chose pour Arya. Je dois la sauver.


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Le silence était d’or, si je fermais les yeux j’étais sûre de pouvoir sentir sur mon visage et mon corps les doigts froids et affamés de la tristesse, allant et venant devant mes yeux fermés. Je n’avais pas besoin de les voir pour les sentir. Si j’entrouvais les lèvres, je pouvais sentir son eau glisser sur ma langue pour empoisonner doucement la moindre fibre de mon corps. Si je fermais les yeux dans un silence complet, je pouvais entendre la sombre complainte de mes regrets se glisser jusqu’au profond de mon âme, s’y installer et dévorer lentement le soleil de mes souvenirs et installer en moi l’horrible certitude que j’aurais dû mourir ce jours-là dans la neige au milieu des pétales fanés de mon propre sang.

Mais pour l’instant, ma sœur était près de moi et réclamait mon regard mon attention. En avais-je encore à donner ? Ou non ? Pouvais-je encore me permettre de donner de l’attention ? Alors que je n’en méritais aucune ? Je n’en savais rien. Je savais que mon visage allait guérir, que j’allais conserver seulement quelques cicatrices, mon épaule aussi allait guérir, mon torse aussi… Mais mon genou ? Pourrais-je marcher seule ? Pourrais-je retrouver mes courses dans Winterfell ? Retrouver le poids de l’épée au creux de ma main ? Ou… devrais-je juste vivre ? Comme une poupée qui ne peut plus rien faire. Mester Ludwin affirmait qu’il avait une idée. Une idée… c’était beau. Du concret c’était mieux. Mais la petite voix dans ma tête souffla qu’il disait cela juste pour me faire tenir.

Je ne bougeais pas, l’écoutant. L’entendais-je seulement ? Ou juste ses mots n’étaient qu’une mélopée lointaine. Je détournai la tête quand elle me demanda de la regarder. Ce dont j’avais besoin ? Qu’elle prenne une dague et qu’elle abrège mes souffrances, qu’elle me fasse boire une potion de sommeil avec une pointe de poison. Qu’elle arrête les battements de mon cœur. Qu’elle me laisse partir rejoindre Père. Voilà ce dont j’avais besoin. Mais on me l’avait refusé, refusé le jour où on ne m’avait pas laissé mourir dans la neige. J’entendais les louves bouger, j’entendais le froissement de son tissu. Mais ses mots étaient trop loin de moi pour qu’ils puissent m’atteindre, ou que je puisse les toucher, les respirer, ou les sentir.

Je restai immobile, contre les oreillers, le regard plongé dans le regard antique des pierres. En leur sein je pouvais voir et sentir le jugement de tous les Stark ayant vécu ici. Qu’ils devaient être déçus de leur progéniture ! Silencieuse, mes lèvres ne frémirent pas, mon corps était loin de moi. Mon esprit se recroquevillait sur lui-même. Je sentis un museau frais se glisser dans ma main et enfin je baissai les yeux sur Nymeria qui me rendit un long regard silencieux. Je préférais retrouver l’obscurité et fermai les yeux.



   
 
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chapitre 4



Chaque jour, je rends visite à ma sœur, je ne reste pas longtemps mais je tente de la faire parler, de lui montrer que chaque jour est nouveau et qu'elle a de la chance d'être en vie. Je ne suis pas mère mais j'imagine que si Arya était décédée ce jour-là elle n'aurait pas supporté la perte de son enfant … Aujourd'hui, c'est mon anniversaire, je fête mes seize ans, j'ai plusieurs souhaits pour cet anniversaire où je célèbre ma majorité. De plus, c'est mon dernier anniversaire auprès de ma famille. Le dernier que je fête avec les gens du Nord. En effet, d'ici quelques jours, je quitterais Winterfell pour vivre auprès de mon futur époux à Corneilla dans un premier temps puis à Vivesaigues. C'est dans la région de ma chère mère que je fêterais mes prochains anniversaires. Mais, qu'est-ce que je veux pour ce seizième anniversaire. Des gemmes ? Des étoffes ? Je peux en avoir mais ce que je désire, c'est de retrouver ma sœur. Où est ma guerrière ? Où est Arya Ganache ? Je me souviens de ce surnom que je l’affublais petite, j'étais hideuse avec ma sœur. Mais, j'essaye de ne plus l'être.

Je me regarde dans une glace en pensant à ces idées. Je n'arrête pas de penser à ma sœur et à mon mariage qui arrive. Je continue de préparer mes effets pour mon départ à Corneilla, il ne me manque pas grand-chose de mes malles. Je réfléchis aux objets que je dois prendre. Est-ce que je dois laisser ma poupée ? Je n'aurais pas l'utilité là-bas. Je dois me conduire comme une lady et l'épouse du seigneur de Vivesaigues. Devrais-je l'emporter pour l'offrir à ma fille ? Enfin, quand elle sera née. Je ne sais pas. Je respire puis je me souviens d'une boîte en bois de rosier. Est-ce qu'Arya se souvient de ce dernier ?

Je ferme les yeux et je me laisse envahir par le passé de notre enfance. Malgré que certains souvenirs flous, je me rappelle que j'avais envie de jouer avec ma sœur. Elle avait quel âge ? Je ne sais plus. Elle avait la taille de trois pommes ou plus ! Je souris en tentant de me rappeler de ma sœur à cet âge. Puis, je continue d'essayer de me souvenir de la boîte. Peut-être que je devrais la chercher . Je suis parfois idiote … J'ouvre les yeux puis je vais chercher la boîte. Où est-elle ? Je fouille ma chambre puis j'arrive à trouver une petite boîte. Elle est cachée au fond d'une malle contenant des fourrures de mon père. Je sens l'odeur des fourrures de mon père et je pense à lui. Oh père … Que dirais-tu de tes filles ? Si seulement, tu pouvais être là pour aider Arya … Un frisson me parcourt et je renifle. Père me manque de temps en temps … Aujourd'hui, il ne sera pas là pour m'offrir son sourire. Où est le roi qui me surnommait sa petite princesse ? Où est le roi qui me prenait dans ses bras et me faisait tournoyer en disant que j'étais le soleil de Winterfell ? Il est mort … Envolé. Je ne le verrais plus. Mais, je me dis quand je pense à lui, alors, il est encore vivant encore dans ma mémoire et mon cœur. Je ne peux plus le voir physiquement mais il sera toujours là dans mes pensées. Je chasse ces pensées ternes et je regarde la boîte qui me rappelle un de mes souvenirs avec ma sœur.

Je caresse la boîte avec une tendresse inouïe. Il n'avait pas de mèches de cheveux mais une fleur. J'ouvre la boîte et je regarde cette fleur qu'Arya avait cueillie ce fameux jour. Je respire et je continue d'observer ce témoin de l'enfance de deux louves. Elle est belle cette fleur rouge. Arya avait préféré celle-ci plutôt qu'une autre fleur. Les fleurs d'hiver n'avaient pas la préférence de ma cadette, moi oui. J'avale ma salive et je fonds en sanglot. Oh Arya … Si je te montre cette boîte, comment vas-tu réagir ? Seras-tu contrarié ? Émue ? Je ne sais pas … Je ne peux pas le savoir.

Par la suite, une personne me tire de mes pensées. Il s'agit de ma servante, Serena, elle m'apporte une collation. Elle m'aide à me relever puis je la remercie et je m'installe à une table. Je décide qu'après avoir pris cette collation, j'irais voir ma sœur. Je veux lui prouver que je l'aime et que je tiens à elle. Peut-être dois-je prendre cette boîte finalement ? Oh, je ne sais pas. Je croque dans une tartine puis je demande à Serena de me verser du lait dans mon gobelet en céramique. Je la remercie puis je continue de savourer cette collation.

Après avoir terminé ce déjeuner, je me rafraîchis le visage pour que personne voie mes yeux rougis. Une Lady ne pleure pas en public. Je soupire et je décide d'aller voir ma sœur. Sera-t-elle d'humeur à parler ? Pourra-t-elle me regarder ? Elle ne me montre pas son visage. Je prends la boîte et je marche en direction de la chambre de ma sœur.

Je toque à la porte de ma sœur puis le mestre me laisse rentrer. Je m'approche doucement de ma sœur, je caresse Nyméria et je souris. Les deux louves s'amusent ensemble et je continue mon chemin en direction de ma sœur. Je m'assois sur une chaise à ses côtés et je la regarde. Je ne vois pas ses blessures, elle les cache toujours. A-t-elle peur que je vomisse à sa vue ? Il est vrai que je suis bien fragile. Je suis une poupée de porcelaine. Je ne suis pas aussi robuste qu'elle.

Sansa – Bonjour Arya déclarais-je en souriant. Aujourd'hui, c'est mon anniversaire, je désire rester près de toi avant de me préparer pour la fête. J'ai apporté quelque chose. Je peux te le monter ? Il s'agit de notre boîte d'enfance … Tu avais mis quelque chose dedans.

J'aimerais tellement remonter à cette période joyeuse … Or, nous ne pouvons pas. Nous n’avançons pas à pas sur le sillon de la vie et nous ne pouvons pas nous retourner en arrière. Je regarde la pièce de ma cadette. Peut-être que je pourrais ouvrir les volets pour qu'elle respire l'air frais ? Peut-être voudra-t-elle voir les lueurs du soleil sur sa peau blême ? Ou, est-ce qu'elle préfère continuer à veiller avec une lampe à huile ? Je ne sais pas. Je respire et je continue d'observer ma sœur. S'ennuie-t-elle dans son lit ? J'imagine qu'elle voudrait bien utiliser son aiguille.

Je me souviens que la petite sauvage des louves préférait se battre avec une arme plutôt que coudre. Elle a toujours été différente de moi. En effet, ma cadette est la lune de Winterfell tandis que je suis le soleil de Winterfell. Elle est brune avec les yeux des Stark, alors, que je suis la réplique parfaite de notre mère. Je ressemble au Tully. Malgré ces différences, Arya et moi, nous sommes sœurs. Et pour rien au monde, je voudrais qu'elle soit morte plutôt qu'en vie. Je veux qu'elle vive. Faites qu'elle puisse voir la lumière et sortir de cette torpeur qui l'habite.

Sansa – Il me reste quelques jours avant de devoir te quitter ma sœur … Après, tu seras débarrassée pour de bon de ton agaçante sœur.

J'aurais aimé poser une main sur elle mais je ne sais pas si elle désire que je la touche. Alors, je ne me risque pas de faire ce geste. Je respire et je me laisse envahir par d'autres souvenirs que j'ai en commun avec ma sœur. Nous avons tant vécu depuis notre enfance …

Se souvient-elle quand Père nous a montré les petits loups et qu'on a mis des heures à choisir les noms de nos compagnons de l'hiver ? Se souvient-elle de nos moments dans la crypte ? Depuis, j'ai toujours évité de venir quand elle était là enfin je venais à des heures où je ne pouvais pas croiser ma sœur … Au moins, cela évitait qu'on se chamaille devant nos ancêtres … Se souvient-elle de cette bataille de boule de neige avec Robb ? C'était une belle soirée, une nuit étoilée, je voulais faire un vœu. Je me suis toujours demandée les vœux de mon frère et de ma sœur. Qu'avais-je désiré cette nuit-là ? Je ferme les yeux pour mieux me souvenir de cet instant. J'avais souhaité que mon frère reste plus longtemps et que nous soyons heureux. Mon frère Robb est revenu quand Père était malade. Sommes-nous heureux ? Je ne sais pas … La perte de Père nous a affectée,  chacun panse ses blessures liées à cette tragédie. Je chasse cette idée de mon esprit et je me concentre sur ce moment vécu avec les aînés des loups. C'est Arya qui a commencé l'hostilité de la bataille de boule de neige. Où est cette Arya ? Où est la guerre ? Git-elle encore derrière ce masque froid ? Où, est-elle envolée ? Je me souviens que ma sœur et moi-même, nous avons réuni nos forces pour gagner la bataille de boule de neige. Et oui, j'ai préféré être de son côté plutôt que celui de Robb … C'était la première fois que nous étions ensemble. Par la suite, Arya avait questionné Robb sur le prince Viserys. Je me souviens du Prince à la chevelure blonde. Le prince a commis un crime … Est-ce qu'Arya se souvient qu'elle avait surnommé le prince « le lézard » ? Je ne sais pas. J'ignore ce que pense ma sœur à présent. J'ouvre les yeux et j'observe ma sœur. Je décide de me lever, je pose ma boîte sur la chaise puis je m’agenouille au chevet de ma soeur. Je pourrais lui prendre sa main mais je n'ose pas le faire. J'ai toujours peur qu'elle me repousse.

D'autres souvenirs se mêlent à mon esprit. Est-ce qu'Arya se souvient de ce jour où je suis revenue de Blancport avec un présent pour elle ? Oui, Robb et moi-même, nous avons ramené un pourpoint d'entraînement pour notre cadette. Je me souviens encore des paroles de ma sœur par rapport aux hommes et aux contes. Elle m'a mise en garde contre les méchants. Avait-elle raison ? Elle a ouvert mes yeux sur les êtres. En effet, la tromperie, la duperie et la trahison existent à Westeros … Mais, devenons-nous pensés  qu'à ces mécréants qui causent tant de souffrance ? On doit se souvenir qu'il y a des gens qui ont de l'honneur. Comme Père,Robb et les Nerbosc … Je soupire. Je regarde de nouveau ma cadette.


Sansa – Tant de souvenirs me remontent en mémoire malgré moi … Tu me manques Arya. Ton côté guerrier me manque … Tu as toujours été celle qui m'ouvrait les yeux sur le monde alors que les autres ont préservé mon cœur.

Je prends une large inspiration. Je décide de continuer à parler sans me soucier d'une censure dans mes paroles. Si ma septa veille à mes paroles quand elle est avec moi, elle ne peut pas agir ici. Non, là, je suis seule avec ma sœur.

Sansa – Arya, je sais que tu ne peux pas bouger mais si je pouvais te faire sortir. Je le ferais. Si je pouvais, je ferais tout pour toi. Je veux te retrouver ma sœur … Tu me manques. Des larmes perlent le long de mes joues. Tu ne sais pas à quel point, tu me manques. Je vais quitter Winterfell et je  ne  te reverrais plus … Tu ne seras pas là à mon mariage. J'avale ma salive. J'aimerais te prendre la main, peut-être que tu me prends pour une pestiférée et que tu ne veux pas que je te touche … Je ferais attention à ne pas te blesser.

Je soupire, je ne lui ai pas encore montré la boîte. Je me lève et je me saisis de la boîte. Je me rapproche de ma sœur. Je lui sors la petite fleur.

Sansa – Cette fleur rouge, c'est toi qui l'as cueillie. Tu as toujours été la plus téméraire, à te battre plutôt qu'être une parfaite lady. Un sourire orne mon visage de porcelaine malgré que j'ai pleuré quelques secondes plus tôt. Si, on pouvait patiner sur la glace, tu l'aurais fait. Tu aurais utilisé des patinssur la glace, alors, que je n'aurais pas fait. Je me serais contentée de te regarder … Je soupire. Je ne sais pas quoi te dire pour te montrer que je t'aime et que j'ai besoin de te retrouver. Tu es mon sang Arya. Tu es ma sœur et personne ne pourra changer que nous sommes les deux filles de Ned Stark. Je continue de respirer. Oh Arya … Ma petite sœur.

Si Arya n'avait pas été blessé par ses loups, peut-être qu'elle aurait assisté à mon mariage ? Peut-être … Or, je ne peux pas imaginer ceci car ma sœur est blessée.

Sansa – Les dieux n'ont pas été clément avec toi, tu es blessée, mais, je préfère que tu sois en vie plutôt que tu sois morte ma sœur. Je n'aurais pas pu supporter que tu sois morte alors que j'étais sur le chemin de retour. Je n'aurais pas aimé apprendre par missive que ma sœur est morte … Je soupire. Je ne sais pas si tu aurais aimé Lestival. Je n'ai jamais osé t'en parler de vive voix, mais, tu n'aurais pas aimé que je te parle de quelque chose qui me tenait à cœur. Alors, j'ai préféré ne rien te dire … Il est vrai que je t'écrivais des missives concernant ce voyage mais je voulais te le dire de vive voix … Je n'ai jamais pu te dire que j'avais trouvé une arme pour toi, une dague pour être exacte. C'est Boadicée Sand qui me l'avait conseillé. Pourquoi je ne t'ai rien dit ? Car, tu es blessée et que peut-être tu aurais été triste … Je mordille mes lèvres. Je me sens sotte de te le dire maintenant.

Je laisse tomber la fleur de mes mains et je regarde ma sœur. Je ne sais pas si je dois lui dire pour Lestival. Elle ne voudra pas que je parle de ce que j'ai entendu ou ce que j'ai vu. Elle ne pourra pas comprendre car elle n'a pas assisté là-bas … Elle ne pourra pas entendre la douce mélodie que j'ai entendue venant des clairons lors des festivités. Oui, elle n'était pas là, elle était à Winterfell. Je pourrais émettre des hypothèses. Et si ma sœur avait choisi de venir à Winterfell, elle n'aurait pas été blessée …

Sansa - Je … Je suis désolée Arya.

Je me lève et je regarde ma sœur. J'époussette ma robe et j'observe les deux louves qui continuent de s'amuser.

Sansa – C'était une pure folie de venir ici et que je dise tout cela. J'aurais dû me taire ou faire comme d'habitude. Pardonne-moi … Je peux partir, si tu veux … Je comprendrais que tu souhaites que je parte. Je te laisserais, je fermerais la porte pour ne plus jamais revenir si tu le désires. Je respire. Je voulais que tu ouvres ta porte pour que je puisse ouvrir ton cœur … Belle image, n'est-ce pas ? Mais, j'ai tout gâché. Je suis une petite fille stupide, avec des rêves stupides. Je respire. Mais, n'oublies pas une chose Arya, que tu le veuilles ou non, je t'aimerais toujours. Tu pourras me rejeter mais cela ne changera pas que je t'aime.

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Je ne disais rien, j’observais le plafond sans bouger. Sonner le clairon le soldat est tombé, avait perdus ses armes et ne pourrait plus jamais se relever. Pourquoi est-ce qu’on me tentait encore la main ? On avait beau me déclarer que tout irait bien… que je guérirais… Tout cela n’était que tromperie et censure sur mon état véritable. Je n’arrivais plus à ressentir, mes sentiments et mes sensations étaient devenues des gemmes précieuses enfermées à double tour dans un coffret bien loin de moi. Qui étais-je ? Pourquoi étais-je véritablement encore vivante ? Pourquoi mes yeux regardaient encore ? Pourquoi… Pourquoi… Pourquoi… Il n’y avait pas de réponse à cette question qui me dévorait lentement. Pourquoi… Comment… Mon futur… Pourquoi… Pourquoi m’avoir refusé le droit de retourner voir père, de pouvoir lui sauter au cou et me cacher contre lui ? Pourquoi. Pourquoi ce mester avait jugé bon de préserver un pantin de chair ? Pourquoi n’avait-il pas accepté de me laisser partir ? Qu’avait-il fait ? Pourquoi ne m’avait-il pas préparé une potion pour que je parte sans souffrance ? Faire souffrir…

La souffrance… Elle était devenue presque une amie. C’était l’une des rares choses que je ressentais encore. Souffrir et pleurer. Encore… Pourquoi… Je n’aurais pas d’exister. Est-ce que je vivais encore ? Ma voix se bloquait lentement dans ma gorge, mes yeux ne se détournaient plus des murs ou du plafond. Être seule… même entourée de sa famille. Voir… sans regarder, entendre sans écouter, sentir son cœur battre, mais ne plus vivre. Mère, Sansa, Brandon, Jon, Le mester, Kylis, Robb… Je ne parlais presque plus. Je ne soutenais plus les regards. Pour quoi faire… J’étais un cadavre qu’on obligeait à vivre. Cette attaque ne m’avait pas arraché la vie. Elle avait arraché mon âme. Peut-être que c’était pareil… On me disait de faire des efforts, de parler, de me secouer… Mais je n’y arrivais pas. Le visage que me renvoyait de miroir, décoré de cicatrices qui s’effaceraient avec le temps, n’était pas le mien. Ce n’était pas Arya Stark en face de moi. C’était une fille, laide, aux cernes et aux yeux rouges qui pleurait en silence. Nymeria restait pratiquement toujours près de moi, ses blessures à elle avaient guéris. Mais c’était moi qui la retenais. Sans le vouloir. Pourquoi tu ne m’avais pas arraché la gorge toi aussi ? Nymeria ne disait rien, pendant que je gaspillais ma salive a tenté de lui parler. Même dans la nuit, sans la moindre lampe pour éclairer les ténèbres, elle restait près de moi. En face de moi, se dessinait une Arya forte, vêtue comme une combattante, une épée à la main, tenant par ses cheveux blonds blanc la tête du serpent Viserys qu’elle levait bien haut avant de la lâcher. La tête se brisait au sol comme une céramique. Sauf que quand je battais des cils ce n’était pas moi ni le lézard, c’était le roi et la tête de mon père.

Les jours glissaient autour de moi sans que je ne bouge, sans que je ne reprenne vie. Je restais silencieuse quand Sansa venait, portant le masque. Qu’est-ce qui était plus lourd… ? Le masque… Ou le fait de savoir qu’elle ne pourrait plus jamais me regarder sans reculer, hurler de terreur et s’évanouir. Je ne voulais pas qu’elle parte avec l’image de sa sœur mutilée. Je tendis la main et Nymeria se colla à mes doigts. Je fermais les yeux et laissais les larmes couler à nouveau en silence. Le mester arriva et m’aida à me redresser. Il me tendit un verre et j’observais le liquide, de quoi neutraliser un temps la douleur. Pour combien de temps ? Je bus seule en me servant de ma main gauche, laissant l’homme de science faire son travail. Il me regarda et je soutiens son regard en posant le gobelet presque plein sur la table. Je ne lui avais jamais dit qu’il aurait mieux fait de me laisser mourir. L’avait-il deviné. Sansa toqua, elle passait toujours à la même heure. Le mester me passa délicatement le masque et m’assit avant d’aller ouvrir.

Nymeria se porta à sa rencontre alors que je fixais le vide sans rien dire. Je ne lui avais pas adressé le moindre mot… Pourquoi faire ? Pour lui demander si elle était allée faire du patin. Les louves s’amusaient et je laissais ma sœur s’installer à sa place. Ah… oui… Son anniversaire. J’avais perdu le compte des jours. Je ne dis rien, mais tournais très légèrement la tête pour voir la boite. La boite à trésors… Je m’en souvenais… un peu. Pourquoi elle me montre ça ? Je sentais le regard de ma sœur sur moi, les lueurs des bougies ne devaient pas me donner bonne mine. Je montrais la fenêtre de la main pour l’inviter à ouvrir les volets et la fenêtre. Même si le mester le faisait tous les jours. Peut-être que je pourrais me traîner jusqu’à la fenêtre pour glisser dans le vide ? Je loupais une partie du dialogue de ma sœur, mais je repris au vol. Je regardais la boite sans rien dire de plus. Je sentais son regarder tenter de me sonder. Elle pouvait tenter… Je la suivis du regard, une première c’était mon cadeau d’anniversaire, quand elle s’agenouilla près de moi. Je ne pleurerais pas devant elle. Le seul qui avait le droit de me voir faible c’était bien Jon. Et pas les autres. J’évitais le regard de ma sœur en tendant la main pour prendre la cassette. Sa voix stoppa mon geste

Mon côté guerrier… Il était mort ce côté guerrier. Mort. Arya… Pourquoi portais-je encore ce nom ? Si tu pouvais, si tu avais pitié de moi Sansa, tu prendrais une dague pour me tuer. Tu me ferais sortir de ce corps brisé. Ma main… Pourquoi veut-elle prendre ma main ? Tout ce qu’elle sentira c’est un manque de force. Peut-être pour son anniversaire. Elle ouvrit la boite en souriant. La rose rouge… Je ne me souvenais pas de cette fleur. Patiner… Pourquoi parlait-elle de ça… Les filles de Ned Stark… Non. Je n’étais plus rien. Juste un corps sur un lit qui regardait et qui était obligé de vivre. Je sentis mon poing se serrer quand elle évoqua ma vie. J’avalais ma salive avec difficulté et la colère, j’avais oublié ce qu’était ce sentiment, pointa le bout de son nom. Une dague… Boadicée… Ça ne me disait rien. Elle se lève pour partir et pour une fois je tendis la main pour prendre la sienne. Et j’entrouvris les lèvres laissant un filet de voix sortir de ma gorge.

« Tu me préfères peut-être vivante Sansa… Mais j’ai tout perdu… J’aurais dû mourir ce jour-là… On ne m’a pas laissé retrouver Père. J’ai froid, Sansa, je… ne sais plus ce que je dois faire… J’ai perdu tout ce que j’avais de moi-même. Tu n’as pas à pleurer pour moi. Tu vas être heureuse avec ton corbac… Je te connais, tu le seras pour deux… »

Je lâchais sa main pour me détourner à nouveau avant de tapoter le lit. Nymeria se précipita et se hissa avec souplesse. Je retiens un grondement de douleur. D’un mouvement de queue la louve balaya la tasse qui se fracassa au sol répandant son liquide au sol. Je passais mon bras gauche, le valide, autour du cou de ma louve et me cachai derrière elle. Je n’avais pas envie que ma sœur voit que j’étais touchée par ce qu’elle disait ou par son comportement.



   
 
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chapitre 4



Je me lève puis mon regard se porte sur la jeune louve, sa main est tendue. Dois-je la prendre et la serrer ? Je décide de la serrer dans ma main, avec une certaine timidité. Je regarde ma petite sœur, elle est si fragile dans ce lit. Elle est un petit oisillon qu'on doit préserver. C'est mon rôle de grande sœur de la protéger. Elle a su me protéger, je dois faire de même. Mais, comment faire ? Je n'ai pas sa force, je n'ai pas d'arme pour la sauver en cas de danger.  Je suis qu'une petite fille rêveuse. Je ne suis pas une guerrière. Non. Ce n'est pas moi la guerrière de la famille, c'est ma sœur. Or, Arya ne pourra jamais se servir de son aiguille pour se battre. Elle sera clouée dans son lit. Il est triste son destin.

Je regarde ma sœur, j'écoute les mots qui franchissement de sa bouche. J'ai des frissons en entendant la voix de ma sœur. Elle n'a pas parlé depuis si longtemps. Entendre sa voix me donne envie de pleurer. Pourquoi ? Ma sœur parle. Elle m'a parlé. Je respire et je me focalise sur ma sœur. Je ne dois pas pleurer.  J'écoute ma sœur. Elle explique qu'elle aurait aimé mourir. Mais, moi, non. Je ne veux pas qu'elle meurt ! Pas de cette façon. Je n'aurais pas supporté qu'elle meurt sur le champ de bataille … J'aurais voulu qu'elle soit  morte d'un âge avancé. Or, ce n'est pas à moi de décider de la mort des personnes. Ce sont les dieux qui décident quand une personne doit mourir. Je continue d'écouter ma sœur, elle dit qu'elle a froid. Qu'est-ce que je peux faire pour la réchauffer ? A-t-elle besoin que je lui apporte une couverture ? Elle me dit que je serais heureuse avec mon corbrac. Et que je dois être heureuse pour deux.

Par la suite, elle laisse tomber sa main, sa louve se précipite sur son lit. Mon regard se porte sur Lady, elle s'allonge près du lit de ma sœur. Puis, je remarque que Nymeria a fait renverser la tasse en céramique. J'aurais pu gronder Nymeria ou me plaindre mais je ne fais rien. Je regarde de nouveau ma sœur. La cadette câline sa louve.

Je décide de m'agenouiller de nouveau. Tant pis pour la saleté de ma robe, je la changerais pour le repas de ce soir mais avant je souhaite profiter de ce moment avec ma sœur. Je pourrais partir mais elle n'a pas que je dois partir. Donc, je préfère rester auprès d'elle. Si je l’accommode, elle me le fera comprendre. Puis, mon regard se porte sur la fleur sur le sol, je la prends et je la contemple. Par la suite, je range précieusement cette fleur dans le coffret posé sur la chaise valide. Je ne dis rien pendant un long moment.  Je respire profondément avant de me tourner en direction de ma sœur.  

Sansa – Arya, je t'aime …. Je comprends que tu veuilles mourir pour rejoindre Père mais si on t'a sauvé, c'est pour une bonne raison ma sœur. Les anciens et les nouveaux dieux ne veulent pas que tu rejoignes Père pour l'instant car tu dois faire quelque chose ici. Je respire de nouveau. Tu sais, je n'aurais pas la force de te tuer même si tu me le demandais. Dis-je avant d'avaler ma salive. Je ne pourrais jamais me regarder dans le miroir et je ne pense pas qu'on puisse me pardonner ce geste. Déclarais-je avec douceur.

Est-ce égoïste de ne pas vouloir ôter la vie d'une personne qui souhaite en finir en ces jours ? Peut-être. Mais, je ne pourrais pas tuer ma sœur. C'est au-dessus de mes forces. Je préfère me sacrifier pour elle, pour qu'elle vive plutôt que lui dérober son dernier souffle de vie. Je me redresse et je caresse Nymeria.

Sansa – Je ne serais pas heureuse si tu ne l'es pas Arya. Comment veux-tu que je le sois quand je sais que ma sœur ne se sent pas bien ? Je serais heureuse là-bas mais je ne le serais pas entièrement car je me ferais du souci pour toi. Je suis ta grande sœur et je dois veiller sur toi.

J'entends un bruit et je vois Lady se lever, elle se pose à mes côtés. Je donne une caresse affectueuse sur la tête de ma louve puis je reporte mon attention sur ma sœur. Je pourrais me rapprocher un peu plus d'elle, mais, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

Sansa – Je suis persuadée qu'un jour ou l'autre, on trouvera une solution pour que tu puisses sortir de cette chambre. Peut-être que le mestre a trouvé quelque chose pour que tu quittes ta chambre ?

Oh si seulement, Arya pouvait sortir de sa chambre et être là pour mon anniversaire. Si seulement, elle pouvait venir à mon mariage … J'aurais tellement aimée que ce soit possible. Or, c'est une belle illusion, une chimère d'une jeune fille.

Sansa – Quand je serais à Corneilla ou à Vivesaigues, saches que si tu veux venir, tu pourras. Enfin, si c'est possible.

Ma sœur ne pourra pas m’assister quand je donnerais la vie à mon premier-né. Je n'aurais pas le soutien de la battante. Mais, je peux compter sur celui d'autres personnes. Je porte mon regard sur ma sœur. Oh, j'aimerais tant la serrer dans mes bras. Or, elle est si fragile que j'ai peur de lui faire du mal.

Sansa – Et, nous pourrions toujours nous écrire ma petite sœur. Je me tais quelques secondes . Je pourrais censurer mon bonheur pour toi … Je pourrais me taire sur les joies là-bas pour que tu ne sois pas mal.

Que dire de plus à ma sœur ? Je ne suis pas sûre qu'elle m'écoute, est-ce qu'elle dort ? À quoi pense-t-elle ? Rêve-t-elle à ses rêves tués dans l'oeuf ? Si ma sœur aurait été valide, elle aurait affronté mille dangers. À son retour, on aurait chanté ses prouesses. On aurait dansé en écoutant la mélopée des musiciens jouant des clairons. Pourquoi imaginer ceci ? Arya ne fera jamais cela. Elle sera obligée de vivre dans la pénombre, à peine allumée par une lampe. Ai-je le droit d'ouvrir la fenêtre pour qu'elle puisse voir les lueurs du soleil ? Je respire.

Sansa – Si seulement, j'avais un pouvoir, je te sauverais ma sœur … Je te ramènerais dans la lumière, tu ne marcheras plus la pénombre seule. Je t'accompagnerais sur le sillon de la vie. Mais, laisses-moi t'aider … Laisses-moi … Je t'en prie, je veux t'aider.

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Je restais cachée derrière Nymeria. Sonnez le clairon, déposez les armes que s’arrête le combat… Quel combat ? Ah oui… celui contre la mort. Pourquoi ne l’avait-on pas laissait gagner ? Tout aurait été beaucoup plus simple pour tout le monde. Tout le monde aurait été plus heureux. Moi je ne souffrirais pas à être une infirme, ma sœur ne me verrait pas dans cet état de faiblesse, ma mère ne serait pas inquiète pour moi… J’enfouis mon visage dans le pelage soyeux de ma louve pour cacher mes larmes. Qu’on arrête cette tromperie. Que quelqu’un arrête cela ! On ne m’a pas sauvé ! Loin de là ! On me torture en me forçant à vivre. Il n’aurait dû avoir que Sansa en fille Stark, la précieuse gemme de Winterfell. Pas moi. J’aurais dû mourir dans la neige. J’entendais les froufrous de la robe de ma sœur, mais je ne la voyais plus et elle non plus.

J’aurais aimé me crever les tympans pour ne plus l’entendre. Elle comprenait ? J’en doutais… La bonne raison… on m’a sauvé parce qu’ils pensaient que je pourrais vivre. Mais si je ne peux plus du tout faire ce que j’aime… est-ce que je suis encore véritablement en vie ? On m’a préservé de la mort… Mais pas contre la souffrance. Moi… moi je lui aurais pardonné de me tuer. Parce que je lui aurais demandé. Je l’entends continuer de déblatérer je ne sais quelle sottise. Veiller sur moi… À qui voulait-elle faire croire ça ? Depuis toujours c’était moi qui veillais sur elle, certes pas toujours gentiment, mais c’était moi qui lui disais franchement les choses. Je déclarais tout bas :

« Tu ne comprends pas… Je pourrais quitter ma chambre quand je serais guérie. Mais je suis infirme. Je vais boiter toute ma vie, mon épaule peut guérir, mon torse et mon visage aussi, mais mon genoux… »

Je gaspillais ma salive j’avais l’impression qu’elle n’écoutait pas. Je ne voulais plus quitter Winterfell. Enfin… vivante du moins. Je ne voulais pas aller à Corneillia. Je voulais qu’on me laisse tranquille, qu’on m’oublie. Qu’on me laisse mourir. Je ne dis rien, laissant juste ma sœur parler de ses rêves d’enfants. Je ne pouvais pas lui en vouloir… Mais je ne voulais pas qu’elle reste ici à me regarder. Je pris sur moi. Cela me faisait mal… mais je n’avais pas le choix. Je restais derrière ma louve pour cacher mes larmes.

« Va t’en Sansa… Je ne veux pas que tu gardes ce souvenir de moi quand tu seras avec ton époux. Va t’en et garde juste le souvenir de moi guerrière. Sois heureuse avec ton Corbac. Tu as ma bénédiction. Sois heureuse et va t’en. »

Je me mordis la lèvre, cela me causa une cuisante douleur, mais elle ne m’entendrait pas sangloter. Rien du tout. Il fallait qu’elle soit heureuse. Quitte à être loin de moi. Ma louve sentit que je n’étais vraiment pas bien et tourna la tête vers Sansa et Lady. Qu’elles s’en aillent et ne reviennent pas.



   
 
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chapitre 5



Ma sœur parle de nouveau. Elle me dit qu'elle pourra sortir quand elle sera guérie. Elle dit qu'elle sera infirme. Certes, elle ne pourra plus faire ce qu'elle veut. Je continue de l'écouter. Que dire de plus ? Je ne connais aucune guerrière infirme et brisée par la vie. Cependant, Arya ne mérite pas d'être cloîtrée dans cette chambre. Que fera-t-elle toute la journée ? Et, même si elle pourra sortir, elle n'aura pas de but. Elle doit trouver quelque chose à faire, un but. Ou, elle finira par se laisser mourir à petit feu. Comment lui redonner la force de se battre ? Je suis qu'une petite fille avec des stupides rêves et je ne suis pas sûre que mes paroles feront réagir ma sœur. Je ne peux pas la secouer comme un prunier et lui dire qu'elle doit se réveiller et ne pas se laisser jeter dans le précipice. Je pose mon regard sur Nymeria. Je réfléchis avant de pouvoir parler. Peut-être que je devrais me taire ou me censurer concernant mes mots et laisser ma sœur en paix. Or, pour l'instant, je ne souhaite pas la quitter. Je pourrais partir mais il serait trop facile de la planter là sans essayer de faire germer dans esprit qu'elle doit vivre et non mourir. Je dois lui faire comprendre qu'elle est peut-être infirme mais qu'elle n'est pas inutile dans ce monde. Elle a des capacités qu'elle peut maîtriser mais elle doit le vouloir. Est-ce une mission impossible ? Je ne sais pas. Je chasse ces idées et je continue de réfléchir avant de pouvoir me lancer dans ma tirade.

Sansa – Je ne connais pas de guerrière infirme dans notre Histoire. Mais, il y a d'autres moyens pour toi d'accomplir ton dessin. Tu ne peux plus bouger aussi facilement, mais, sers-toi de ta tête. Développe d'autres compétences pour être une guerrière. Je soupire. Ne te laisse pas diminuer par ton infirmité. Laisses toi grandir. Je fixe Nymeria. Puisses tes forces dans les personnes que tu aimes tant. Tu ne seras pas Nymeria Martell, non. Tu seras Arya Stark. Tu seras toujours ma guerrière, celle qui m'a préservé de tant de choses. Je suis peut-être stupide de penser que tu pourras devenir une guerrière car tu es infirme mais tu n'es pas idiote. Il est vrai que je me moquais de toi par le passé mais ne te sous-estime pas. Derrière ta façade, tu caches un potentiel, alors, je t'en prie, relèves toi et bat toi. Tu n'as pas d'arme pour nous protéger contre nos ennemis. Je comprends que cela puisse te déranger mais utilises d'autres moyens pour sécuriser notre famille. Je me tais quelques secondes. Mais, si tu veux mourir, parles en à Mère. À moins que tu préfères qu'on te tue et qu'on se laisse dévorer par la culpabilité. Oui, si on te tue, on se sentira coupable de t'avoir tué et qu'on n'a pas pu te sauver. J'avale ma salive. Je n'ai plus envie d'épiloguer dessus. Je soupire. Tu as deux solutions ma sœur. La première, tu te bouges et tu arrives à te ressaisir La seconde, tu me demandes honnêtement qu'on te ôte la vie sachant qu'on n'aura ta mort sur la conscience.

Ai-je baissé les bras ? Ai-je vraiment le choix de continuer sur cette lancée ? Arya a décidé dans sa pénombre. Je ne sais plus comment faire pour lui faire entrevoir qu'elle doit vivre et non mourir. Je change de sujet et je parle du bonheur que je pourrais avoir avec Hoster. Mais comment penser à un tel bonheur quand on doit se soucier de sa sœur ? Je continue de parler à ma sœur. Je lui dis que je souhaite l'aider. Car même après avoir dit que je ne connais pas de guerrière infirme dans notre histoire, je suis encore persuadée que je pourrais aider ma sœur. Et si elle ne veut pas ? Comment lui faire entendre raison ?

Elle finit par me dire que je dois partir. Ai-je vraiment envie de la laisser seule dans cette pénombre ? Que faire ? Je la laisse continuer à parler. Je respire. La cadette me dit qu'elle ne veut pas que je garde de souvenirs d'elle, enfin, pas dans cet état. Elle me donne sa bénédiction. Nymeria me regarde. Je souris tristement à la louve de ma sœur. Je caresse de nouveau la tête de Lady.

Sansa – Je penserais toujours à toi comme une guerrière, Arya. Mais, je crois que mes mots ne serviront à rien. Je ne sais plus quoi te dire pour te faire réagir, à te prouver que tu dois vivre et combattre. Je te dis encore une fois et ouvres tes oreilles. Je suis là pour t'aider à traverser cette épreuve mais si tu continues à t'enfermer comme cela … Je ne sais plus comment faire pour te montrer que je tiens à toi et que je ne veux pas que tu te laisses t’abattre à ton sort. Je soupire. Il aura toujours des épreuves à surmonter. Si tu te laisses ainsi, tu couleras dans les abysses et tu ne pourras jamais remonter. En revanche, si tu as assez de force, tu arriveras à soulever des montagnes. Si tu as envie, tu seras capable de tout. Mais, si tu n'as pas envie, alors, à quoi bon … Je me mordille mes lèvres. Je me répète et je m'embrouille dans mes pensées. En affrontant ce que tu dois affronter, tu te sentiras grandie. Mais, peut-être que je devrais partir et te laisser te morfondre dans cette pièce. Tu veux que je parte, alors, je pars. Je reviendrais te voir dans deux jours pour faire mes adieux … Et, encore … Peut-être que je devrais te faire passer une missive sous ta porte afin que tu la lises. Peut-être, je ferais ça puisque ma vue t'insupportes.

Je me lève, j’époussette ma robe. Je regarde Lady et Nymeria. Je me tourne vers ma louve, je lui fais comprendre que nous partons.

Sansa – À présent, je vais me préparer pour ma soirée. Si le cœur t'en dit, tu peux me faire quérir. Je reviendrais. Mais, si tu ne veux pas, je te laisse dans cette chambre à peine éclairée. Veux-tu rester seule dans la pénombre, dans ce froid glacial ? Ou, enfin, affronter la vie comme une guerrière.

Je respire de nouveau. Il m'est difficile de la quitter … Je n'ai pas envie de partir, mais, elle veut que je parte. À quoi ça sert de rester si elle me chasse de sa chambre ? Je me mouille les lèvres. Je soupire. Je fais quelques pas, j'arrive à la porte de ma sœur puis je me tourne vers elle.

Sansa – Je n'ai pas réussis à ouvrir ta porte de ton cœur aujourd'hui mais j'arriverais à le faire ma sœur. Tu pourras toujours me dire d'être heureuse, je ne perdrais pas espoir car tu ne seras jamais une cause perdue. Tu es ma sœur.


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Je ne voulais plus écouter ma sœur. Ses mots étaient comme des poignards qui me lacéraient. Elle était stupide. Elle ne comprenait rien. Stupide petite fille. Elle croyait quoi ? Que je le faisais exprès ? Que je n’avais pas demandé à ce qu’on souffle la lampe de ma vie ? Qu’on arrête de tenter de préserver un vague souffle de vie dans ma carcasse. Mais on m’avait dit non. Non parce que j’étais obligée de vivre. Elle croyait que j’aimais ça ? Ne pas réussir à me secouer… à ne pas savoir comment faire ? Elle ne comprenait que ce qu’elle déclarait comme une évidence était horriblement compliquée pour moi. Elle n’avait pas grandi… Rien du tout. Elle était toujours autant la petite fille qui croyait pouvoir tout faire. Stupide enfant ! Elle qui rêvait à son beau et blond chevalier sur son cheval blanc.

Je ne réagis pas. Je me refusais de réagir. Je ne voulais pas qu’elle sache qu’elle m’avait blessé. Je censurais mes sentiments et mes réactions. Nymeria sentit que j’allais encore moins bien et elle se dégagea légèrement pour gronder en regardant Sansa. Elle sentait que je voulais être seule, que Sansa arrête de parler. J’avalais péniblement ma salive en me bouchant comme je le pouvais les oreilles. Nymeria me protégeait comme elle le pouvait. Je sentis la colère monter en moi et cette fois la rage me fit hurler malgré la douleur de mon visage.

« VA T’EN SANSA ! VA T’EN ET JE T’INTERDIS DE REVENIR ! TU M’ENTENDS NE REVIENS PLUS JAMAIS ME VOIR ! »

J’avais tourné totalement le visage vers elle pour la regarder dans les yeux, malgré le masque qui me couvrait la moitié du visage. Qu’elle retourne se préparer et qu’elle ne revienne plus jamais. Nymeria, sentant ma colère gronda plus fort en hérissant sa fourrure. J’entendis Lady japper, mais je tournais trop vite le dos et mon torse grimaça. Je ne voulais plus voir ma sœur je voulais être seule. J’attendis d’être à nouveau seule pour arracher mon masque et le jeter loin de moi avant d’exploser en sanglot dans la fourrure de Nymeria.



   
 
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chapitre 6



Ma sœur me dit de partir. Elle ne veut plus me revoir. Mon cœur saigne quand elle prononce ses mots. Je respire et je tente de ne pas pleurer. Je la regarde, la cadette des Stark porte toujours son masque.

Sansa -  Soit, je te laisse. Au revoir Arya.

Je fais signe à Lady que nous partons puis je quitte la chambre de ma sœur. J'aurais pu la claquer mais je le fais pas. Je cours en direction de ma chambre puis je m'allonge sur mon lit et je pleure. Je n'ai pas accompli mon devoir, j'ai échoué. Je respire puis je regarde le plafond. Serena rentre dans ma chambre, je me redresse à sa vue et je frotte mes yeux rougis par les larmes. La servante s'avance vers moi, elle s’incline et me dit qu'il est temps de me préparer pour mon repas d'anniversaire. Je la regarde.

Sansa – Oui … Tu as raison Serena. Tu crois qu'un jour qu'Arya comprendra que je l'aime ? Que je veux l'aider … Je suis malade qu'elle soit ainsi … Je n'aime pas la voir ainsi. Je soupire. Elle a perdu tant de chose mais elle ne veut pas se relever. Que faire ?

La servante me regarde avec douceur puis je m'assois près de la coiffeuse, je laisse la servante me coiffer. J'aimerais tellement qu'on puisse me répondre. Je devrais demander des conseils à Wynafryd. Elle saura comment m'aider à résoudre ce problème. Je soupire.

Ensuite, je quitte ma chambre puis je vais à ma fête, je reçois des cadeaux, un collier serti de gemmes ainsi que des robes. Je remercie les personnes m'ayant offert ces présents, je les garderais précieusement. Puis, je me souviens que je n'ai pas repris ma boîte où j'avais ma rose à l'intérieur. Dois-je récupérer cette précieuse relique ? Je ne sais pas.

Deux jours sont passés depuis mon anniversaire. Deux jours où je ne me suis point rendue dans la chambre de ma sœur. Je me lève de mon lit avec cette peur qui me ronge mes entrailles, je dois faire mes adieux à Jon, Rickon et à Arya. Si pour les deux premiers, la tâche sera plus aisée car ils seront présents quand je partirais, celle avec Arya sera plus complexe. Premièrement, elle ne pourra pas quitter sa chambre. Secondement, je ne pense pas qu'elle veuille que je lui dise quoique ce soit.

Je déjeune dans mes appartements puis je m'habille et je vais à la crypte. Je dis au revoir à mon père. Je lui promets que je ferais attention et que jamais je n'oublierais le Nord et Winterfell. Puis, je retourne dans mes appartements, je regarde Serena et je lui demande s'il me reste encore du temps avant de partir. Normalement, je devrais pouvoir écrire une missive pour ma sœur. Pourquoi l'écrire plutôt que de la confronter ? Elle ne veut pas me voir. Elle ne voudra plus jamais que je l'approche.

La servante me fait que oui puis je m'installe à mon bureau. Je sors une feuille, je la dépose sur le bureau puis je me tourne en direction de la lampe posée là. La luminosité émanant de la lampe m'aide à m'éclairer quand j'écrirais mes mots sur la feuille.

An 302, lune 2 semaine 2 à Winterfell
à la destination de lady Arya Stark

Ma très chère sœur,

Deux jours se sont passés depuis notre dernière entrevue, je me suis mal comportée et je te demande pardon d'avoir dit les mots qui t'ont fâché. Je n'aurais pas dû exploser  … J'aurais dû me censurer dans mes mots comme nous le dit souvent notre septa.

Que dire de plus qu'avant-hier ? Que si j'ai fait cela, c'est parce que je tiens à toi. Je n'ai jamais voulu faire te faire de la peine en prononçant mes mots. Je sais que tu ne pourras plus faire ce que tu aimes, tu n'auras plus la même dextérité pour manier ton aiguille, ton arme et utiliser le pourpoint qu'on t'avait offert avec Robb pour tes entraînements. Tu ne pourras jamais user de mon présent, j'ignore si tu le veux encore … Si tu as envie de le garder près de toi, tu pourras demander à Mestre Luwin de te le donner. Je comprendrais que tu ne souhaites rien garder de moi … Que mon comportement t'ait offensé et que tu ne veuilles rien garder de moi.

Je parle beaucoup de mon ressentis face à cela, je m'excuse. Je m'excuse d'avoir été la princesse que tu as due préserver des dangers de la tromperie des hommes et des femmes. Je ferais tout pour garder en mémoire les leçons que tu m'as donné. Ranges ton arme pour moi ma sœur, et bat toi pour toi. Je veux que tu consacres tes prochaines batailles pour toi. Je veux que tu vives.

Est-ce égoïste de ma part de vouloir que tu vives alors que tu désires rejoindre Père ? Sans doute. Je ne sais pas si j'arriverais à te faire fléchir dans ta décision de te plonger dans les abysses du monde. J'aurais aimé t'aider à ouvrir les yeux, à ouvrir ton cœur … Il est plus simple d'ouvrir une porte que d'ouvrir un cœur qui ne désire  pas s'ouvrir.

Il y a tellement de choses que je dois te dire mais je ne sais pas si c'est utile de les dires, je ne suis pas sûre que tu liras en entier cette lettre. Peut-être que tu demanderas qu'on brûle cette lettre … Je comprendrais que tu la brûles mais lis là …

Lis moi ma sœur …

Oh Arya, ma petite sœur. Je n'ai jamais joué le rôle de grande sœur et je me rends compte que j'étais une mauvaise sœur. Je m'excuse pour cela aussi …

Je m'égare dans mes pensées, je ne sais pas quoi te dire …

Je serais heureuse dans le Conflans auprès de mon époux, j'en suis persuadée … Je serais heureuse, oui. Mais, je continuerais de m’inquiéter pour toi, je me demanderais comment se porte ma sœur. Que fait-elle ? Est-elle sortie dehors pour respirer l'air frais ? Reste-t-elle dedans enfermé dans cette chambre ? Fais moi plaisir Arya, sors quelques minutes. Rien qu'un instant.

Et si tu veux venir à Corneilla ou Vivesaigues, tu seras la bienvenue. La chair de ma chair et le sang de mon sang sera toujours bien accueillie. On fera sonner les clairons pour ta venue. Tu sais pourquoi ? Tu es importante à mes yeux. Je ne me suis pas imaginée à quel point, tu es importante à mes yeux.  J'ai commencé à le réaliser quand Père est mort … C'est à ce moment-là que mes yeux se sont ouverts et je me suis dite que je dois profiter des membres de ma famille. Je dois être une louve et être soudée avec les membres de ma meute. Oui, les Stark seront toujours dans mon cœur. J'épouse Hoster mais je n'oublierais jamais les Stark.

J'ai toujours voulu vivre dans le Sud, mon rêve s'est réalisé. Je vais épouser mon chevalier, certes, Hoster n'est pas un chevalier comme je rêvais dans mes contes d'enfant mais il est un homme admirable et courageux. Son savoir est sans limite. Je suis heureuse d'être la future épouse d'un homme comme lui et je ne regrette pas de me marier avec lui.  Je sais qu'avec Hoster, mon cœur, celui que tu as protégé depuis tant d'année sera en sécurité. Je ne veux plus que tu te soucies pour moi. C'est au rôle de mon époux de me protéger. De même, je serais là pour épauler Hoster, je serais là pour le soutenir à toutes épreuves. Je n'ai pas d'arme, je suis qu'une petite lady, une jeune fille sans cervelle qui ne connaît rien à la guerre et à la politique mais je me donnerais corps et âme pour aider mon époux dans les tâches seigneuriales. Je ferais en sorte de ressembler à dame notre mère et de ressembler à mes modèles.

Que dire de plus ? Le temps est compté ma sœur … Je vais bientôt devoir te laisser et partir en direction de ma destiné.

Arya, ma sœur, je t'en prie … Laisses moi agir comme une grande sœur, laisse-moi t'aider. Je veux être la main qui te retient et qui t'oblige de ne pas sauter dans les abysses. Être ta béquille quand tu as besoin. Être là tout simplement.

Mais, si tu ne veux rien de moi, alors, je me tairais à jamais. Cela me fera mal de ne plus te parler ni t'écrire mais si telle est ta volonté, alors, je me fermerais à jamais.

Je fermerais la porte de cette tour qui commençait à s'ouvrir à toi, cette porte ne sera plus ouverte mais close. Je fermerais mon cœur à double tour pour que je ne puisse plus penser à toi. En effet, j'aurais mal quand je penserais à toi car tu ne voudras pas que je te parle ou que je t'aide. J'aurais mal, mais, j’encaisserais. Je serais prête à éteindre mes émotions te concernant si telle est ta volonté … Tu n'existeras plus pour moi. Tu ne seras plus là.

Je ne veux pas en arriver là, je ne veux pas que notre relation soit ainsi … Souvenons-nous des paroles de notre père.

Il est temps pour moi de te quitter ma sœur,

Je ne sais pas si je t'écrirais  durant mon voyage et après le mariage, je ne sais pas si tu liras mes quantités de missives …

Au revoir ma sœur, ce n'est pas un adieu car je l'espère que nous pourrions nous revoir … Si tu laisses m'ouvrir la porte de ton cœur.

Je t'aime ma sœur,

Que les anciens et les nouveaux dieux puissent t'aider à surmonter cette épreuve,

Lady Sansa Stark,
Lady de Winterfell

Je respire et je regarde la missive que j'ai entre mes mains. Il est temps de remettre la lettre à ma sœur, je commande à Serena de prendre mes effets et de les amener dans le carrosse. La bonne s’exécute puis je cours en direction des appartements de ma sœur accompagnée de Lady. Je vois la porte s'ouvrir sur Mestre Luwin. Je lui demande de donner la missive à ma sœur, puis, des larmes coulent le long de mes joues.

Sansa – Dites lui qu'elle restera gravée dans mon cœur et que je l'aime. Elle peut garder la petite boîte avec la rose. Si elle a envie, donnez-lui la petite dague que je lui ai offerte mais évitez qu'elle ait envie de se trancher les veines. Je soupire. J'aime ma sœur et elle me manque déjà … Dites-lui que … Je souhaite qu'elle puisse retrouver le bonheur.

Puis, la septa me dit qu'il est temps de partir, je confie la précieuse missive au mestre. Je quitte le couloir, je m'éloigne progressivement de Winterfell. Je suis maintenant dans le carrosse me menant à mon mariage. Est-ce que ma sœur lira ma lettre ? Est-ce qu'elle la brûlera ? Je ne sais pas … Dois-je continuer à elle alors que je vais me marier ? Elle est de mon sang. Je ne pourrais jamais l'oublier complètement. Je pourrais toujours fermer mon esprit à la vision de ma sœur … Mais, arriverais-je réellement à oublier ma sœur ? Les souvenirs que j'ai en commun avec elle ? Je soupire. Je finis par m'endormir dans le carrosse.

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Quand ma sœur partit j’explosais en sanglots silencieux dans la fourrure de Nymeria qui poussa un bref jappement de tristesse en se nichant contre moi avec toute la douceur du monde. Je me cramponnais à elle d’une main et elle resta contre moi. Je finis par m’appuyer à nouveau contre mes oreillers, la tête de Nymeria sur mon torse. Ma louve faisait tout pour me préserver, faire en sorte que je me sente bien… Sentir bien… C’était un état que je n’arrivais plus à trouver depuis l’attaque des loups. J’avais l’impression de retourner en enfance… Et même enfant je ne me souvenais pas d’être aussi pleurnicharde. Ça c’était Sansa la pleurnicharde. Lorsque le mester revient je demandais d’avoir une potion pour dormir. Forte. Je dus négocier, mais je finis par m’enfoncer dans un sommeil agité.

Deux jours seule, à regarder le plafond… Comme d’habitude. Visite de Sansa ou pas, je n’avais fait que ça pendant des jours. Je savais qu’elle devait se préparer pour son mariage. Je fermais les yeux avant de les rouvrir quand la porte s’ouvrit. Le Mester entra, une lettre en main, il avait laissé la boite de Sansa sur le bureau. Il me tendit la lettre, je lui fis signe de la lire à la lueur de la lampe. Je restais de marbre tout le long avant de le regarder avec attention. Sansa…Elle ne laisserait jamais tomber jusqu’à ce que je parle. Je dictais une très courte réponse pour ma sœur.

« J’aurais aimé te voir en robe de mariée et discuter avec ton Corbac. Je rendrais pas les armes, je ne deviendrais pas une lady. Que les clairons soient prêt lorsque je viendrais te voir à cheval.

Que les anciens te gardent temps que je n’aurais pas retrouvé ma force.

Arya. »

Cette idiote de rouquine avait réussi à me secouer plus que jamais je ne le déclarerais jamais. Le mester confia la lettre à un serviteur et après avoir écoutait ma demande m’aida à m’installer devant la fenêtre grande ouverte qui donnait sur la cours où je voyais Sansa partir. Je pris une profonde inspiration. Je ne me censurerais pas. J’avalais ma salive avant de lancer le plus fort que je pouvais.

« Fais un bon voyage Sansa ! »

Je me cachais à nouveau derrière l’embrasure de la fenêtre. Je ne voulais pas qu’elle me voie, elle ne devait voir si elle levait la tête vers la tour, que le Mester près de moi. Je me renfermais à nouveau. Je restais un long moment à la fenêtre, sous la surveillance du Mester avant que celui-ci ne m’ordonne d’aller me reposer à nouveau. Je retournais sagement dans mon lit et soupirais en regardant à nouveau le plafond. J’avais promis à Sansa de me relever… Est-ce que j’en serais vraiment capable ? Il faudrait tester.



   
 
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