[EXPRESS] Leo Lefford & Alysanne Lefford

La conversation jouait avec son moral et ses émotions. En dent de scie, Alysanne passait de l'assurance au doute, de l'angoisse à la colère selon les réponses que lui faisait son grand frère. Pinçant les lèvres, elle rétorqua alors « Et la confiance aveugle rend stupide, ce que je ne souhaite pas être non plus.» Faible. Combien de fois lui avait-il donné des leçons particulières pour ne pas paraitre faible. La faiblesse vous rendait vulnérable, vous plaçant une cible sur la tête. Elle défendait les intérêts de la famille sans se laisser démonter par les préjugés quand à son appartenance au sexe faible. Sifflante, elle l'écoute deviser sur l'avenir, un monde où il ne serait plus, un domaine dont il ne serait plus le maitre. Sans Leo, Alyx devenait l'héritière. Il lui faudrait décider, choisir entre rester auprès des Lannister comme simple dame de maison et lui confier l'intendance comme Leo le faisait, ou revenir à la Dent d'Or pour en devenir la Dame. « Et où veux-tu que je sois ? Alyx sait qu'elle pourra compter sur moi quand son devoir la rappellera ici. » Leo l'avait bien éduquer, Alysanne n'avait point trop d'ambition personnelle, c'était La famille qui comptait, qui venait avant tout. L'indignation la gagna alors que Leo sous-entendait de revenir sur sa promesse « Je n'ai jamais dis cela ! Je préfère mille fois rester ici, afin d'épauler le seigneur des lieux que d'être venue comme une pouliche au premier venu ! » Elle ne se laisserait pas donner à n'importe qui ! Le mariage n'était pas un élément de sa vie qui était fondamental: elle s'était fait à l'idée de choisir, de rester ici auprès de son frère, de sa nièce sans se donner à un homme. Elle n'était pas particulièrement contre l'idée de se marier, mais nul prétendant n'était à sa hauteur, elle en était persuadée et l'idée de devoir vivre loin des terres où elle était née lui brisait le coeur.« Leonella auprès des Frey, Alyx et Myrranda chez les Lannister, quelles autres familles mériteraient ton attention ?» Des unions avec leurs voisins étaient déjà engagées. Qui aurait-il bien pu lui trouver ? Qui était digne de son attention au point qu'il pouvait donner sa soeur en mariage ? Le sujet de la trahison du défunt Lord Lefford revint à travers l'histoire bien connue des pluies de Castamere. « Certes ... Personne de cette maison ne souhaiterait connaitre le funeste destin de la maison Reyne. » Eteinte depuis qu'ils avaient tenté de supplanter la maison suzeraine. « Comment père aurait-il pu faire cela ...? Ne craignait-il donc pas les foudres de Lord Tywin ?»

Alysanne s’indigna quand il lui demanda si elle voulait qu’il revienne sur sa promesse. « Bien dans ce cas ne vient plus me dire que tu tournes en rond. Ta vie ne peut pas être plus palpitante en étant non marié. » Il l’a pris si facilement à son propre jeu. Si elle s’ennuyait tant que cela, elle n’avait plus rien à faire à la Dent d’Or, mais si elle souhaitait rester alors il en voulait plus entendre de complainte sur ses activités ou son manque d’activité. « Il y a encore de nombreuses familles d’importance acceptable dans toutes les régions de Westeros. Lydden, Prestre, Crane, Hightower, Vance d’Atranta, Belmore, Swann… Je peux t’en citer plus d’une ayant des hommes à marier et qui pourraient être utile à notre famille. » Il avait toujours trouvé de bon parti pour les siens, trouver un bon parti pour sa petite sœur ne serait pas compliqué. Un jeu d’enfant même, tout comme la mort de leur père. Les explications officielles étaient les même partout, une entente entre lord Tywin et Leo. « Tu as du entendre parler du défi de Sombreval ? Aerys le Fol avait été enlevé par le seigneur des lieux car sa confiance envers Lord Tywin était au plus bas. Les six mois qui suivirent continuèrent de creuser un fossé entre le Roi et notre suzerain. Notre père a voulu profiter de cette perte de confiance envers lord Tywin pour faire retourner l’Ouest contre lui. Visiblement il pensait que l’absence de Tywin sur ses terres le protégerait. »

Alysanne se trouvait dans une situation délicate, perdue entre sa volonté de ne pas se laisser écraser par son aîné et le côté assommant des révélations que cette discussions entrainaient dans son esprit. « Je ne viens pas m'adresser à mon seigneur ... Je parle à mon frère ! Si nous ne pouvons avoir d'instant de doute au sein de la famille, que nous reste-t-il, Leo ?» Nul ne pouvait être sans faille et elle était encore jeune. Elle aurait aimé pouvoir bénéficier d'une épaule réconfortante pour digérer la nouvelle des plans paternels avortés par la main salvatrice de son héritier. Cependant, la discussion ne prenait pas la route d'une conciliation familiale. Alysanne n'appréciait guère que le mariage soit la seule option proposé par Leo pour l'aider à se remettre du départ d'Alyx mais elle manqua de s'étouffer en entendant quelques noms. « Hightower ...? » dit-elle avant de partir dans un rire nerveux. « Les mariages bieffois ont décidément la côte ces derniers temps ... » Faisant référence aux unions Lannister et Targaryen que les Tyrell avait réussi à faire. Quand elle se souvenait des retours de sa nièce sur cette région, il était absolument hors de question qu'elle soit envoyé dans cette région.« Mais ce serait un bon moyen de te débarrasser de moi. » dit-elle, une fois la nervosité calmée, plantant un regard froid dans celui de son frère. L'histoire de Leo éveilla de nouveau son intérêt. « Dans ce cas père n'était pas un traitre, il avait totalement perdu la tête ! » La question était de savoir si leur mère était au courant de tout cela. Pire, Leonella avait-elle toujours sut également ?

« Tu parles également à ton seigneur et maître dans cet office. Tu ne peux dissocier les deux et tu le sais parfaitement. » Alysanne était beaucoup trop étrange, qui était allé mettre le doute dans l’esprit de son arme ? Il n’en savait rien mais il trouverait la raison et ferait en sorte de l’éliminer afin qu’elle ne se dresse plus de la sorte contre lui. Elle sembla s’ettoufer au nom des familles du Bief, notemment pour les Hightower. Leo haussa de façon négligente les épaules l’air de rien. « C’est la famille la plus riche du Bief donc oui famille très intéressante et la main du Roi est un Hightower… » Que des détails faisant de cette famille un parti intéressant pour les Lefford. L’accusation qu’elle proclama comme une enfant boudeuse. S’il avait été plus proche d’elle, la gifle serait partie dans la seconde. Mais la distante qu’il les séparait était trop importante. Il se leva dangereusement et se glissa derrière, elle prenant appuie de ses mains sur le dossier de sa chaise portant sa bouche à ses oreilles. « Nous allons faire comme si je n’avais rien entendu. Mais c’est la dernière fois que tu prononces de telles paroles contre moi Alysanne. Je ne tolère pas l’insubordination de la part des miens. Cela fait dix huit années que je t’ai fait cette promesse, elle peut tenir dix huit année mais ne joue pas avec mes nerfs Alysanne car il se pourrait bien que je revois mes plans si tu tires trop sur la corde raide. » Il retourna s’assoir à son bureau. « Perdu la tête ou traite, c’est bien la même chose quand l’on complote contre les Lannister. Le résultat est le même. Il a comploté contre eux, il a perdu et l’a payé de sa vie malheureusement. Prendre le noir n’a pas été une option proposé par Lord Tywin. »

En d'autres jours, en d'autres circonstances, Alysanne aurait sans doute baissé la tête, penaude face à tout ce qu'elle avait dit à son frère. Il disait la vérité, en accédant au titre de seigneur de la Dent d'Or, Leo n'était plus seulement son aîné, il devenait son seigneur, et le chef de famille, il possédait tout droit sur elle. Cependant, ressassant ses doutes depuis plusieurs semaines, la jeune femme avait l'illusion de n'avoir plus rien à perdre. Ses souvenirs bafoués remettaient en cause l'intégralité de son existence et de ses croyances et se retrouver mariée, loin de tout, semblait être l'ultime punition - si l'on omettait sa disparition plus définitive- qu'il pouvait lui infliger. Il n'y avait rien à répondre à la remontrance de Leo et Alysanne sentit sa colère s'accentuer. Il l'avait habitué à une certaine forme d'égalité et elle vivait mal d'être ainsi rabaissée au simple rang de dame de la famille. « Bien. Puisqu'il en est ainsi, qu'il soit fait selon vos désirs, Mon Seigneur. » dit-elle de cette voix qu'elle réservait pour l'extérieur, à la fois faussement soumise et empreinte de ses véritables émotions. « Avec votre permission ?» Avec une révérence protocolaire, Alysanne n'attendit l'autorisation de son frère pour se diriger vers la porte, trouvant plus sain pour son esprit de quitter la pièce avant qu'ils n'en viennent aux mains. C'était la première fois que frère et soeur avaient une telle divergence d'opinion, la première fois qu'Alysanne ressentait l'amère déception, la brulure déchirante de la frustration. Elle qu'elle ouvrait la porte, elle tourna la tête une dernière fois vers Leo « Mais je trouve tout cela fort étrange malgré tout. » Puisqu'elle ne pouvait croire aveuglément en ce que son frère lui avait conté, elle devrait faire son enquête elle même. Et cela commençait peut être par demander l'avis d'un esprit éclairé ...