Pas à pas | pv Maddy
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Depuis la mort de son père, la jeune Ysilla se terrait dans la solitude de son deuil. Elle mangeait avec les siens mais cherchait à faire passer sa peine seule, sans entendre les mots réconfortants des autres qui tentait de la consoler. Mais ces mots, bien que parfois sincère, ne faisait que ramener le flots de larmes aux yeux de la jeune fille qui se battait pour les faire disparaître et avoir un peu plus fière allure. Durant le retour à Roches-aux-Runes, la valloise n’avait pas voulu cependant s’enfermer dans une cabine. Elle s’était trouvée un petit coin tranquille sur le pont et elle laissait l’air iodé sécher son visage, ses lèvres et ses cheveux qui s’emmêlaient au grès du vent. Mais cela lui fit plus de bien qu’elle ne l’aurait cru. Désormais, elle arrivait à tarir ses larmes sans trop de difficultés. Le fait de rentrer chez elle, lui donnait la force de se battre contre son chagrin.
Mais si seulement les malheurs s’étaient arrêtés là. Ysilla avait retrouvé Robar, également Maddy. Elle avait passé beaucoup de temps avec son frère, il réussissait à lui tirer des sourires sur ses lèvres tristes. La jeune fille avait cru qu’elle retrouvait petit à petit le gout à la vie quand un nouveau drame s’abattit sur leur famille. Alys perdit l’enfant qu’elle portait. Les fortes émotions de ses dernières lunes et les trajets étaient probablement responsables de cette fausse couche. Ysilla vit Andar s’enfermer encore plus. Si elle était moins durement touchée par cette perte, elle était navrée pour son frère, pour Alys. Elle n’aurait donc pas de neveu ou de nièce à dorloter pour tenter d’oublier le chagrin de la perte de son père. Mais elle espérait sincèrement que les drames se termineraient là. Bien que certains qualifieraient de drame l’annonce de possibles fiançailles entre Robar et la princesse Rhaenys. Cela viendrait agiter la vie à Roches-aux-Runes car la dragonne ne serait surement pas autant la bienvenue qu’on pourrait l’imaginer. Même si leur père avait voulu tourner la page, les souvenirs restaient, les Royces se souvenaient.
Ysilla déambulaient dans les couloirs de Roche-aux-Runes, se perdant dans ses pensées, se laissant aller à la solitude qui lui semblait un peu moins douloureuse ses derniers temps. Ses pas résonnaient entre murs de pierre et quand elle croisait des serviteurs, personne n’osait la déranger. Finalement elle se trouva un petit coin tranquille sur un balcon. En contrebas, l’activité extérieure de la cour était visible. La jeune fille s’assit, ramenant ses genoux contre sa poitrine, laissant son regard brun scrutait les gens qui allaient et venaient sans s’apercevoir que la jeune lady les observaient distraitement. La vie ne semblait pas avoir changé pour les gens de la maisonnée de leur famille. Tout le monde conservait son rôle, sa place et le château vivait comme si de rien n’était. Ysilla aimerait bien faire de même, mais son cœur était trop serrée à cette idée, elle avait désormais peur d’oublier son père, de ne plus penser à lui. Elle avait appris à ne plus voir son visage le matin, elle avait appris à ne plus entendre sa voix. Elle contrôlait ses larmes et les laissait même couler de temps en temps pour alléger sa peine. Mais elle avait peur qu’un jour, elle ne se souvienne plus…
Des bruits de pas lui firent relever la tête et elle vit la silhouette familière de Maddy. Ysilla la connaissait depuis toujours, elle l’avait toujours apprécié. Elle n’avait pas compris pourquoi elle était partie, elle était encore trop jeune à cette époque. Mais elle avait été heureuse de la voir revenir. Désormais c’était une personne chère à son cœur, une figure féminine pour son quotidien. La jeune fille lui fit un bref sourire forcé mais ne bougea pas. Elle n’avait rien à cacher à la jeune femme.
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Encapuchonnée dans un long manteau noir, une jeune femme au teint blême observait le paysage qui lui faisait face. Les côtes caillouteuses se dressaient à l’horizon, se dessinant dans les lambeaux de brumes comme des apparitions funestes et menaçantes. L'obscurité régnait en maître sur le château des Royces, cela était d'autant plus vrai lorsqu'on connaissait le mal qui rongeait ses habitants. Tant de tristesse, tant de perte en si peu de jour qui laisserait à coup sûr des cicatrices douloureuses. Le silence environnant la fascinait et l'angoissait par la même occasion, mais malgré la contradiction de ses sentiments, elle avait l'impression que ses poumons pouvaient à nouveau se gonfler d'air. C'est face à cette vue imprenable sur Roches-aux-Runes qu'elle se sentit apaisé et sereine. Elle profitait alors de cet instant de calme. Au milieu du crépuscule et des bruits étouffés par les animaux, un cheval aussi noir qu'un ciel sans étoile se trouvait à ses côtés, broutant l'herbe arrosée par l'humidité d'une nuit glacée. Tirant sur sa bride, elle détourna le regard de ce château qui fut sa maison et se hissa sur le dos de sa monture. Et le temps d'un souffle coupé, elle le fit avancer d'un claquement de langue. Sans un au revoir, son cheval détala loin de ses problèmes et plus ils s'éloignèrent, plus le brouillard engloutissait le château.
La servante sentait ses muscles se contracter tandis qu'il galopait à travers les terres des Royces. Ses jambes amortissaient chacun de ses sauts et au bout de quelques mètres, elle se mit à respirer au rythme de ses mouvements. À cette vitesse, elle n'entendait plus le vent, seulement ses sabots qui frappaient violemment le sol. Tous soucis étaient oubliés, jusqu'au moment où elle vit au loin un oiseau planer dans le ciel. Elle ne pouvait le décrire, ni deviner la couleur de son plumage, mais voir son ombre la poussa à ralentir la cadence de sa monture. Cet animal cristallisait les souvenirs d'une enfance partagé avec Andar. Elle comprit alors l'erreur qu'elle venait de commettre, elle fuyait encore. Maddy était incapable de surmonter le drame qu'elle vivait et c'était de cette manière qu'elle réglait ses problèmes, elle agissait telle une lâche. Une perle salée roula sur sa joue, elle pouvait encore faire demi-tour, mais elle repensa au serment qu'elle s'était faite des années plus tôt. Se protéger de n'importe qu'elle souffrance, mais cela n'était pas possible, puisqu'il était déjà trop tard. L'insulaire caressa l'encolure du cheval de son père qui s'était arrêté pour reprendre son souffle et malgré les larmes qui obstruaient sa vue, elle pouvait distinguer la vapeur blanche qui s’échappait de ses narines. Le remords arrivait par vague, lui rappelant peu à peu les personnes qu'elle venait de laisser derrière elle. Pouvait-elle être aussi égoïste tout ça parce qu'elle ne pouvait pas accepter l’inévitable ? Tous ont perdu une personne chère à leurs yeux, un frère de cœur, un mentor, un père, un enfant... Elle ne pouvait pas les abandonnés de cette manière, pas encore.
C'était la première fois qu'elle se laissait aller de la sorte, les larmes coulaient sans qu'elle puisse les arrêter. Elle était restée forte lorsqu'elle apprit les futures fiançailles de Robar, elle n'avait pas flanché, mais c'était si difficile de se retenir davantage. Alors seule l'obscurité serait le témoin de sa faiblesse. Maddy savait que jamais elle ne deviendrait son épouse et jamais il ne lui avait fait miroiter ce rôle. Elle connaissait la place qui était la sienne et ne c'était faite aucune illusion, mais elle n'était pas prête à le quitter, pas maintenant, pas dans un tel contexte... L'entendre confirmer qu'il allait se marier avec une autre fut un choc violent pour cette servante. Pourrait-elle vivre dans l'ombre de son mariage ? Le voir heureux alors qu'elle dépérirait à petit feu ? Elle le fuirait, se cacherait derrière de fausse excuse pour l'éviter le plus et peut-être arriverait-elle à être heureuse. Maddy inspira profondément cet air glacé qui lui brûlait les poumons et donna un léger coup dans les côtes de l'animal. Son père, Andar, Alys et Ysilla ne paieraient pas le prix de leur échec. Elle galopa de nouveau, mais cette fois-ci, alors qu'elle rentrait à la maison, elle sentit un violente douleur dans la tête et perdit connaissance avant même de toucher le sol.
Lorsqu'elle ouvrit à nouveau les yeux, le soleil venait à peine de reprendre sa course. La douleur pulsait dans son crâne. Son cheval galopait si vite qu'elle n'avait pas fait attention à la branche qui se tenait – à présent – au-dessus d'elle. La souffrance était indescriptible. Le destrier de son père était près d'elle, il continuait sa vie en broutant les herbes qui l'entouraient. Il était loyal. Sa main, encore engourdit par un sommeil provoqué, dissimula une blessure pas encore cicatrisée. Ses doigts s’enfoncèrent malheureusement dans sa chaire et sous le contre coup, une larme salée se mit à glisser sur sa joue. Une petite perle qui s'évapora très rapidement sur sa cape. Tout son corps était paralysé par cette douleur lancinante, mais malgré toute cette souffrance qui refusait de s'atténuer, elle tenta tout de même de se mettre debout. Son visage se déforma par une grimace de tourment. Tout tournait autour d'elle et il ne fallut à peine quelques petites secondes pour qu'elle tourne à nouveau de l’œil. Lorsqu'elle reprit connaissance, elle était étendue sur le sol, couché sur le ventre. Il fallut encore quelques minutes à la valoise avant de pouvoir se relever et encore une poignée de secondes en plus pour calmer ses sueurs froides. Avec une lenteur infinie, elle s'agrippa à l'encolure et grimpa. Cette fois-ci, il n'eut ni petit trot, ni galop. Saisis de vertige, elle reposa sa tête sur la sienne et tout deux, rentrèrent à la maison.
Le mestre la soigna du mieux qu'il pouvait pendant que son père la sermonnait. Il était déçu. Il ne connaissait pas les réelles raisons de son escapade, mais il n'appréciait pas qu'elle prenne son cheval sans son consentement. Maddy pouvait déceler à travers ses divers grognements la peur qu'elle lui avait insuffler, il ne pouvait pas perdre une personne de plus et surtout pas sa propre fille. Après avoir mangé une mélasse écœurante et un peu de repos, les douleurs qui martelaient son corps s’apaisèrent. Ce n'est que plus tard, qu'elle se rendit vit l'immonde blessure qui ornait le côté droit de son front. Elle avait beau décaler une mèche de ses cheveux, elle ne voyait que cela, cette petite plaie recousue.
Même si elle ne souhaitait que ça, elle ne pouvait rester toute la journée dans sa chambre, alors elle fit comme d'habitude. Elle donna des ordres aux servantes qui la dévisageaient et alla faire briller l’argenterie de cette grande maison, mais s'arrêta en chemin. La jeune Ysilla était dans un couloir, les yeux emplis de larme, les jambes remontées vers son buste. Voilà pourquoi elle était restée, parce qu'elle ne pouvait pas l'abandonner une fois encore.
- Ses larmes, pour qui sont-elles ?
Maddy se comportait comme une mère, avec une voix chaude et s’asseyant à ses côtés. Elle n'était qu'une servante, mais ne se comportait pas comme une domestique.
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Maddy était là face à elle. Elle ne loupa pas les traces des sillons salés qui marquait les joues rondes d’Ysilla. Au son de sa voix, certaines se remirent à rouler sur cette peau pâle. D’un revers de manche, elle essuya les perles d’eau qui s’échappaient de ses yeux sans son consentement. Il fallait qu’elle arrête de pleurer quand on lui en parlait mais c’était plus facile à dire qu’à faire. Elle se demandait comme son frère réussissait à contrôler aussi bien ses émotions. Elle ne doutait qu’il devait être dévasté à l’intérieur de lui-même mais il ne laissait rien transparaître, et au jour d’aujourd’hui, elle aurait aimé savoir-faire cela. Pour se protéger des regards, pour pouvoir avoir une discussion qui ne tourne plus autour de son deuil. Si ses joues retrouvaient leur couleur d’antan, les gens arrêtaient de s’apitoyer sur elle. Mais elle n’y arrivait pas. C’était trop dur. Etait-ce son jeune âge ? Le temps permettait-il de cacher ses émotions ? Elle ne savait pas. Pour le moment, elle ne pouvait qu’essayait de les tarir du mieux qu’elle peut.
« Je ne sais pas….je ne sais plus… Pour père ? Pour l’enfant d’Andar et d’Alys ? Je ne sais même plus pourquoi elles coulent s’en retenue. Je suis fatiguée de pleurer Maddy…. »
Ysilla ne voulait plus souffrir et elle ne voulait plus que les gens la voient dans cet état. Elle passait pour quoi ? Une jeune fille incapable de contrôler ses sentiments ? Comment faire honneur à sa famille, si elle n’arrivait même pas à faire cela ? La petite fille devait absolument grandir. Elle devait cessait d’être cette petite dernière. Elle devait devenir une femme et aller de l’avant. Elle ignorait comment faire mais elle devait trouver absolument. Comment son frère pourrait lui trouver quelqu’un si elle ne faisait que pleurer aux souvenirs de son père et de son neveu partit trop tôt ? Personne ne voudrait d’elle et elle refusait que cela n’arrive. Elle n’avait pas été éduquée ainsi.
Elle leva les yeux sur la tignasse rousse de Maddy. Elle remarqua alors une vilaine plaie sur le visage de son amie. Elle fronça les sourcils légèrement, que lui était-il arrivé pour avoir une si vilaine plaie ? Ce n’était surement pas Robar le responsable, jamais il ne lèverait la main sur elle, ce n’était probablement pas un autre serviteur car elle dirigeait tout le petit monde de Roche-aux-Runes. Ysilla décida de se servir de cela pour changer le sujet de conversation, d’éloigner la discussion de ce qui la faisait souffrir et qui pouvait raviver les flots de larmes qui viendrait dévaler la pente de ses joues. Elle ne voulait pas retomber dans les méandres de ses tourments, elle voulait essayer de tourner la page et d’avancer.
« Que t’est-il arrivé pour que tu ais une si vilaine plaie ? »
Elle ne préférait accuser personne pour le moment, parfois c’était un simple accident, parfois non. Ysilla préférait ne pas désigner un fautif avant de savoir ce qu’il s’était passé pour qu’elle puisse avoir une telle marque.
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Il existe des peurs qu'on ne peut concevoir. Lorsqu'elle était plus jeune, à peine plus haute que trois pommes, la jeune fille sans nom était terrifié par le noir. À chaque fois que le soleil disparaissait, elle grelottait de peur dans son lit d'enfant. Dans cette obscurité la plus totale, elle ne pouvait voir ce qui se cachait sous son lit ou encore ce qui se dissimulait derrière ses rideaux et dès lors, elle était envahit par cette angoisse inflexible qui l'empêchait de trouver le sommeil. Cette même angoisse était exacerbée lorsque ses cousines lui racontaient ses atroces histoires sanglantes qui avaient marqué l'île aux crabes. La petite Maddy craignait alors qu'un homme se tapissait dans l'ombre et qu'il attendait le meilleur moment pour s'en prendre à elle. Rester seule dans le noir était un réel supplice, parce qu'elle se sentait vulnérable, prise au piège sans trouver sa porte de chambre et fuir le plus loin possible. À cet âge, elle avait son arrière-grand-mère qui veillait sur elle. Lorsqu'il faisait froid, elle obligeait ses servantes à alimenter toutes les deux heures le feu de sa cheminée. Et parfois, elle allumait des bougies près de sa tête de lit, suffisamment pour qu'elle puisse voir ce qui l'entourait et encore une fois, c'était ces pauvres servantes qui devaient changer les chandelles. Chaque nuit, elle venait la prendre dans ses bras dès qu'elle l'entendait éclater en sanglots. Ce n'étaient pas ses douces paroles qui l'a rassuraient, mais belle et bien sa présence maternelle. Malgré sa folie manifeste, elle se sentait en sécurité dans ses bras. Ce n'est qu'en grandissant, qu'elle apprivoisa sa plus grande peur et l'a dépassa. Ce n'était qu'une peur parmi d'autres qu'elle avait oublié. Mais aujourd'hui, elle vivait à nouveau dans l'angoisse, mais ce n'était pas celle qui la tenait éveillé la nuit. C'était une autre peur, bien plus diabolique et dévastatrice.
Maddy vivait ce qu'elle redoutait le plus. Un mariage. Il n'y avait ni réjouissance pour la servante, seulement de la tristesse. Robar allait se marier avec une autre femme et dès lors, elle le perdrait. Toutefois, même si cette idée la hantait, elle se concentra sur la jeune femme qui pleurait dans le coin d'un couloir. Ysilla était réellement bouleversé et cela se comprenait parfaitement. Elle avait rencontré la mort bien trop de fois pour son jeune âge. Et contrairement à son frère, son cœur ne ressemblait pas à un iceberg, quoiqu'Andar l'avait surprise. Lui aussi avait pleurer auprès d'elle. Durant ses quelques jours, Maddy était devenue une véritable éponge à douleur, elle endossait ce rôle alors qu'elle n'avait nullement l'envie. Et pourtant, elle n'arrivait pas à s'en empêcher, c'était son instinct de mère qui l'a poussait à prendre soin des personnes qu'elle aimait. L'insulaire voulait la réconforter, la prendre dans ses bras et caresser sa longue chevelure, agir comme une mère l'aurait fait, mais ce n'était pas là sa place. Alors elle se contenta de se rapprocher au plus près d'elle et l'écouta déverser sa peine et la laissa même changer de sujet.
« Que t’est-il arrivé pour que tu ais une si vilaine plaie ? »
Instinctivement, elle posa sa main sur son front et appuya sur sa blessure. Son visage se déforma sous la douleur.
- Oh ça... Ce n'est rien... Je n'ai pas fait attention. Mon cheval allait de vive allure et ma tête à percuté une branche d'arbre. Je peux être gourde parfois.
En soit, elle ne mentait pas. C'était juste un mensonge par omission, mais comment pouvait-elle lui dire la véritable raison de sa blessure ? Pouvait-elle lui dire qu'elle avait été faible et égoïste ? Qu'elle avait décidé une nouvelle fois de fuir ? Mais si elle lui disait la vérité, elle connaîtrait le cœur du problème et la relation qu'elle entretenait avec son frère. Bien sûr, ce n'était plus un secret, il existait bien des rumeurs, mais les connaissaient-elles ? Le risque était trop grand... Alors comme la petite dernière des Royce, elle changea de sujet.
- Le mestre à dit que j'allais bien. Ne vous inquiétez pas, cette blessure va vite disparaître, dans quelques jours, ça ne sera qu'un mauvais souvenir.
Maddy souriait à la jeune dame de Roche-aux-Runes, elle se montrait douce et compatissante. Pourtant, même si elle ne souhaitait pas lui faire de mal, elle ne pouvait pas la laisser changer de sujet une fois encore. À l'image d'une mère qui rassure son enfant en lui assurant qu'il était normal d'avoir peur, la servante posa sa main sur la sienne.
- Quand j'étais petite fille, mon arrière-grand-mère me disait souvent qu'il était normal de pleurer une perte et que ce n'était pas être faible de montrer sa peine. Cela voulait simplement dire qu'on est pas prêt à tourner la page.
Son arrière-grand-mère était un moulin à paroles, elle disait parfois des choses insensées pour après avoir les idées claires. Dans ses moments de lucidité, elle était aussi sage qu'un mestre et aussi rassurante qu'une mère.
- Vous avez trop perdu pour rester de marbre et c'est normal que cela vous affecte autant. Les larmes cesseront, je vous le promets. Il faut juste savoir se laisser du temps.
Prenant garde à ne pas laisser la tristesse ou le regret transparaître dans sa voix, elle continua sur sa lancée.
- Le plus difficile c'est de s’habituer à l’absence...
Maddy s'était laissé distraite durant une seule petite seconde. Elle réalisa pour la première fois qu'elle n'allait pas pouvoir faire le deuil de son amant, parce qu'il sera toujours auprès d'elle. La servante assistera à toutes les étapes de leurs unions et servirait leurs enfants. Comment pouvait-elle s'habituer à l'absence d'un futur ancien amour quand il étalera son bonheur devant ses yeux ?
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Les allées et venus, les incessants retours à ce qu’on ne voulait pas vraiment affronter. Maddy passa bien vite sur sa blessure, prétextant une mauvaise chute de cheval dû à une branche prit à pleine vitesse. Cela aurait pu être dangereux mais la servante aux cheveux de feu ne sembla pas vouloir s’attarder sur ce détail. Peut-être avait-elle quelque chose à cacher ? Ysilla n’en savait rien et elle n’avait pas la force de faire sa petite curieuse, elle se concentrait suffisamment pour tenter de se changer les idées, pour ne pas éclater en sanglots à chaque minute qui passaient. Chaque seconde où ses yeux restaient secs étaient une seconde de victoire. En vérité sans vraiment que la jeune fille s’en aperçoive, la servante de Roche-aux-Runes usa du même stratagème que la benjamine de fratrie Royce. Mais la concentration de la brune sur ses émotions étaient telles, qu’elle ne remarqua absolument rien.
Les yeux bruns de la jeune fille se posèrent sur la main de Maddy se posant sur la sienne, écoutant ses paroles, laissant son esprit réfléchir à ses sons qui sonnaient de façon étrange dans sa tête. Pas prête à tourner la page…Cela faisait pourtant plusieurs semaines désormais que son père était partie. Mais rien n’y faisait, elle n’arrivait pas à se faire à l’idée que plus jamais elle ne verrait le visage du Bronzé, qu’elle n’entendrait plus sa voix, qu’elle ne verrait plus sa silhouette. Tout ceci ne resterait qu’un souvenir désormais, et Ysilla désirait conserver les meilleurs, les souvenirs où elle pouvait rire aux éclats, où elle pouvait sourire, où elle pouvait se serrer dans les bras puissant de cet homme qui avait été une force de la nature tout le long de sa vie. Ses yeux porteraient le souvenir de ce père parti trop tôt, terrassé par un sanglier que le prince héritier avait fini par abattre. Un lourd fardeau que d’honorer la devise des Royce dans ces moment-là mais au-delà de cela, elle avait surtout peur d’oublier son père si la page se tournait. Mais cette réalité, la petite lady avait bien du mal à l’admettre.
Le temps était un allié et un ennemi. C’était parfois un véritable labyrinthe et s’y frayer un chemin, retrouver le fil précieux qui guidait les pas de chacun était parfois compliqué. Des pas maladroit, voilà comment avancé la jeune fille en ce moment précis. Avec la peur que chaque pas soit plus douloureux que le précédent. C’était parfois vrai, parfois faux. Mais elle ne pouvait se laisser abattre. Ses frères ne s’étaient pas laissés abattre quand leur mère dont elle portait le nom, avaient rejoint les Sept. A cette époque-là, Andar avait quasiment son âge et Robar et Wymar étaient plus jeune, alors s’ils avaient réussi, elle pouvait réussir à surmonter cela. Elle le devait.
Les derniers mots de Maddy raisonnèrent douloureusement dans le cœur d’Ysilla. C’était l’absence qui lui faisait le plus mal. C’était cette partie caché de l’iceberg qui laissait une plaie béante ouverte dans le cœur de la benjamine des Royce. Ne plus voir son père, plus jamais. Sa gorge se serra, et elle sentit la brûlure des larmes chauffés ses yeux mais elle se mordit la lèvre inférieur pour ne pas les laisser couler, elle ne voulait plus que les perles d’eaux salées ne viennent tracer des sillons sur sa peau opaline. Alors elle retenait encore une fois les larmes qui menaçaient de couler.
« L’absence…Il me manque terriblement… Et j’ai tellement peur de l’oublier… Je n’ai pas de souvenir de ma mère… Je ne veux pas oublier père… Et s’il n’est plus là… »
Une larme audacieuse se glissa hors des paupières de la jeune fille et dévala la courbe de sa joue, qu’elle essuya d’un revers de manche.
« J’aimerais avancer, mais je n’y arrive pas… »
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Sans qu'elle veuille réellement l'admettre, la servante sans nom était – elle aussi – exténuée. Elle n'arrivait plus à sourire devant les miroirs, ni à personne et encore moins à l'homme qu'elle aimait. C'était trop difficile d'accepter l'inévitable, alors elle se retrouvait coincé dans cette tristesse qui la noyait bien malgré elle. Il y a bien des années, lorsque Maddy avait perdu sa famille et c'était retrouvé sans enfant à embrassé, sans mari à faire rire, elle avait glissé dans les méandres de la mélancolie. Elle savait déjà ce que c'était de ne plus pouvoir se lever, ni manger. Elle avait connu le désespoir le plus terrible. C'était sans doute pour cette raison qu'elle avait décidé de rester et non de fuir, puisqu'une fois encore elle avait choisit la vie. Elle voulait se battre pour rester la même et ne plus retourner dans cet état second qui avait été le sien. Pourtant, elle aussi voulait pleurer, mais elle estimait qu'il était tant que cela cesse. Mais au lieu de se noyer dans un flot de larmes, elle allait se noyer dans son travail. Ici, ce n'étaient pas les corvées qui manquaient.
Malgré la situation, Maddy s'était comportée comme une mère. Elle avait essayé de trouver les mots justes et d'adoucir le chagrin qui la malmenait. Toutefois, elle n'arrivait pas à savoir si cela avait été le cas. La douce Ysila était un oiseau rare et elle souhaitait réellement prendre soin d'elle, mais elle avait l'impression d'être maladroite. Pourtant, même si le doute était omniprésent dans son esprit, elle lui souriait timidement.
« L’absence…Il me manque terriblement… Et j’ai tellement peur de l’oublier… Je n’ai pas de souvenir de ma mère… Je ne veux pas oublier père… Et s’il n’est plus là… »
Une larme roula sur sa joue. Et une fois encore, Maddy avait l'impression d’être inutile. Elle ne savait pas comment l'aider, ni ce qu'elle devait faire pour qu'elle se sente mieux. Devait-elle continuer de dire des mots réconfortant ou devait-elle changer de sujet ? Et à dire vrai, elle aussi avait oublié la mère qui lui avait donné vie. Elle se souvenait juste de sa gentillesse, c'est tout ce qui était resté d'elle. Aussi, elle savait parfaitement qu'elle ne devait pas continuer sur ce terrain, parce que rien de ce qu'elle pourrait dire la réconfortera. Cela lui rappellera juste que les souvenirs s'effacent avec le temps.
- Ma grand-mère disait aussi : quand tu te crois seule dans la nuit, fermes-les yeux et rappel toi des bons moments. Cela à toujours bien fonctionner avec moi.
C'est à ce moment où elle comprit que tout ce qu'elle disait ne faisait qu'empirer les choses. Alors elle devait changer de sujet... Et vite.
- Je peux te confier un secret ?
L'insulaire d'une île infesté par les crabes n'arrivait pas à croire qu'elle venait de dire ça. Elle allait vraiment mettre ce sujet sur le tapis ? Mais bien qu'elle ait voulu retourner en arrière, il était trop tard. Elle devait assumer.
- C'est vraiment une branche qui m'a blessé, mais ce n'était pas seulement une ballade. Je comptais partir... Une fois de plus.
Maddy savait que les autres servantes avaient parlé sur sa relation avec Robar, mais est-ce qu'Ysilla avait entendu ses rumeurs ? Elle allait bientôt le savoir.
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Maddy tentait de la rassurer comme elle pouvait, avec sa douceur et son regard maternel habituel. Ysilla tentait de retenir les conseils mais son cœur était pour le moment trop à vif pour qu’elle puisse les mettre en application. Son esprit n’arrivait pas à faire la part des choses, comme s’il voulait reste focalisé sur sa souffrance alors que son cœur voulait avancer et ne plus sentir la douleur à chaque battement qu’il faisait. Elle pouvait bien chasser les larmes qui coulaient le long de ses joues rondes cela ne changeait rien à l’intérieur. Une façade soignait n’était qu’une illusion d’un corps brisé par le chagrin, pourtant elle désirait plus que tout avancer et ne plus se morfondre dans les méandres de ses tourments et de ses souvenirs qui l’emplissait, qui la caractérisait beaucoup trop. La jeune fille devait réussir à tourner la page, à se figurer que tout allait s’arranger, que tout irait mieux, que ce n’était pas la fin de sa vie. Elle n’avait que seize ans, l’avenir s’étendait à ses pieds, elle devait le saisir et le vivre pleinement. Elle ne pouvait rester dans son chagrin. Elle pouvait se montrer têtu, ce n’était pas souvent, ce trait de sa personnalité ne sortait qu’en de rare occasion.
Heureusement la servante à la chevelure chatoyante changea de sujet. Et comme à chaque fois qu’il s’agissait de secret, les yeux bruns de la petite Royce furent interrogatifs. Que pouvait-elle bien lui confier à elle ? Mais sa curiosité était piquée au vif, alors elle acquiesça silencieusement, prête à entendre la confiance de Maddy. Et cela ne tarda pas. Elle avait voulu partir. Les quitter encore une fois. Cette annonce eu pour effet de faire se redresser Ysilla, qui regardait la jeune femme avait des yeux écarquiller de surprise et d’effroi. Pourquoi avait-elle voulu partir ? Ce n’était pas la période pour le Royce de perdre un nouvel être qu’ils aimaient. La benjamine de la famille ne savait même pas comment elle aurait réagi si on lui avait appris le départ de la servante qu’elle connaissait depuis sa naissance. Elle aurait surement été effondré, cela aurait dépoussiérer de vieux souvenirs, de son précédent départ. Heureusement cette fois ci, elle n’était pas allée au bout. Dans un sens, Ysilla remercier les Sept d’avoir mis cette branche sur le chemin de la jeune femme. Bien que sa chute aurait pu être très grave, il n’en était rien.
« Mais…pourquoi tu voulais partir ? Que cherchais-tu à fuir ? »
La jeune fille se remit sur ses pieds pour se mettre à la hauteur de cette femme qu’elle considérait comme une grande sœur, comme une mère. Maddy était précieuse à Ysilla, elle souffrirait de son absence, de son départ. Elle était une sorte de guide pour sa vie de femme, sur des points auxquels les hommes ne pouvaient guère répondre, ne pouvait la rassurer. Il y avait certes Alys désormais mais la jeune Royce ne la connaissait pas aussi bien que la servante, et elle ne pouvait pas vraiment se permettre de déranger sa belle-sœur avec ce qu’elle venait de vivre. La femme d’Andar avait besoin de repos et non d’être déranger par une adolescente aux proies à des inquiétudes et des doutes.
« Je suis soulagée que tu ne sois pas partie, je n’aurais pas supporter de te perdre toi aussi Maddy. Tu es la seule figure féminine que je connaisse à Roche au Runes et qui me connait. J’ai besoin de toi… »
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LLe temps s'écoulait sans que la domestique ne puisse le mesurer, mais elle avait l'impression d'être debout depuis des heures, d'autant plus lorsqu'elle laissa échapper la véritable raison de sa blessure. Ses jambes tremblait presque à l'idée d'en avoir trop dit. Elle avait cherché à réconforter sa petite Ysilla, mais avait eut l'impression d'empirer son état et à présent, elle la menait sur un secret qui n'était pas très bien gardé. Maddy tentait d'être présente pour tout le monde, s'exposant à leurs émotions les plus vive et devenant une véritable éponge à douleur. Jamais elle n'avait été préparée à accueillir autant de souffrance, et pourtant elle se donnait corps et âme pour venir en aide à cette famille. Pour elle, c'était au-delà d'un simple devoir de servante, bien plus qu'une simple allégeance, c'était l'amour pour eux qui la poussait à se dépasser. Mais c'était trop. Beaucoup trop. Leurs pertes faisaient écho aux siennes. Depuis lors, elle était devenue nostalgique et avait dévoilé des parties – encore méconnue jusqu'alors – de son histoire à Andar. Sa force se craquelait et elle n'arrivait plus à tout garder pour elle.
La jeune demoiselle ressemblait à une poupée de porcelaine, intacte et pure, dont personne n'ose toucher, par peur de la casser. Mais sous cette inquiétude presque viscérale, son si doux visage se déforma, effaçant son air enfantin. Malgré tout ce qu'elle ressentait et son sentiment d'être totalement perdu, Maddy se mit à sourire, faisant apparaître ses fossettes.
- Je n'étais pas prête à faire face à la réalité. Mais à présent, je le suis.
L'insulaire savait que ce n'était qu'une manière de plus pour détourner la conversation, mais rester dans le flou l'a ne satisferait pas. Ce n'était que le début d'une longue angoisse à peine audible.
- J'aime un homme qui ne peut... Jamais je ne serais sienne.
Elle tentait de gagner du temps, gardant le nom de Robar sous silence. Elle était en train de le perdre et elle ne pouvait rien faire. Personne ne pouvait lutter contre une princesse ensoleillée. Maddy était prise tout entière par cette sueur froide qui la paralysait peu à peu. C'était trop difficile de lui dire au revoir, mais elle devait s'y préparer. Finalement et contre toute attente, Ysilla réussit à trouver les mots pour la réconforter. La dernière des Royces la toucha par cette douceur particulière qui la caractérisait tant.
- Et moi de toi
La domestique se rapprocha de la brunette et la prit dans ses bras, un acte dangereux pour une femme dans sa position, mais elle avait prit le risque, parce qu'elle n'était pas qu'une simple servante et Ysilla venait de lui prouver.
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Les mots de Maddy n’étaient pas faciles à entendre pour la jeune Ysilla, c’était des révélations qui faisait mal alors que le monde autour d’elle la maltraitait de tous les côtés. Elle tentait de s’accrocher à des choses et elle apprenait que ces choses avaient failli disparaître elles aussi. Heureusement, la jeune femme aux cheveux de feu n’était pas partie, rassurant la benjamine de la famille Royce. La réalité était dure pour tout le monde à Roche-au-Rune. L’affronter demandait du courage de la part de tous. Ils avaient tous subis des moments de faiblesse, la petite brune en subissait quotidiennement, mais elle tentait de faire face avant de replonger dans les méandres de son chagrin. Maddy avait visiblement trouvé la force d’affronter tout cela, un point qui réchauffait légèrement le cœur d’Ysi. Si son amie avait réussi à trouver cette force, elle le pouvait également. Il ne tenait qu’à elle de la trouver, de s’en saisir et de ne pas la laisser repartir.
L’aveu de la servante fit froncer les sourcils de la jeune lady. L’amour était une chose qu’Ysilla ne connaissait pas qu’elle pouvait comprendre. Mais elle se demandait bien pourquoi cet amour était impossible. Il y avait surement une raison et la jeune fille cherchait cette raison. Pourquoi Maddy ne pourrait jamais être sienne ? Ce n’était surement pas une question de sentiment non réciproque…c’était trop simple comme raison. Petit à petit, la douce jeune fille comprit. La seule chose dans ce monde qui empêchait souvent l’amour d’être vécu c’était la différence de rang. Un roturier ne pouvait épouser une personne noble ou un bâtard sous peine de tout perdre. Des histoires bien tristes, bien tragique.
« C’est un noble c’est ça ? Oh Maddy je suis tellement désolée pour toi. Tu mérites tellement d’être heureuse. Qui-est-ce ? S’il n’est pas marié tu peux encore vivre avec, faire en sorte qu’il n’épouse pas de noble dame. Je suis sure qu’on peut trouver des moyens pour que tu puisses être avec lui ! »
Ysilla ne voulait pas voir son amie souffrir à cause de cela, elle voulait rendre cela possible. Elle voulait l’aider, c’était une réaction bien naïve car si c’était cette réalité qu’elle avait cherché à fuir, cela signifiait que c’était impossible. Qui pouvait bien faire battre le cœur de la jeune servante des Royce ?
Les mots qui s’échappèrent des lèvres de Maddy touchèrent la jeune fille en plein cœur, elle se laissa prendre dans les bras de la servante et enfouis son visage dans les boucles rousses, la serrant légèrement en retour. Elles ne partageaient peut-être pas le même sang, mais dans le cœur d’Ysilla, Maddy était une Royce comme elle. Cette forteresse était leur maison et le serait toujours. Peu importe les mariages, peu importe le rang. Ils étaient tous des Royce dans leur cœur, dans leur âme et personne ne pourrait changer cela.
« Qu’est ce que je ferais sans toi ? Tu me manqueras affreusement quand je devrais partir d’ici… »
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Toute leur vie, les hommes pour se divertir cherchent de nouvelles choses à acquérir. Des envies, des désirs, des caprices... Tout ce qui est susceptible de les occuper assez longtemps pour qu'ils puissent se lancer dans une perpétuelle quête d'assouvissement. Alors, le but de toute leur existence est d'obtenir ce qu'ils souhaitent par tous les moyens. Mais une fois que ce désir est finalement assouvi, ils retombent dans l'ennui. Puis ils cherchent toujours de plus en plus de choses à avoir, bien qu'ils n'en aient pas besoin, ou n'en possèdent pas les droits. Car après tout, c'est l’inaccessible qui attire. Et qui finit par rendre fou si on ne l'obtient pas malgré tous nos efforts.
Maddy était lasse de vouloir ce que jamais elle ne pourrait obtenir. Ce qu'elle désirait était au-delà d'un besoin matériel, elle ne souhaitait aucun titre, aucun pouvoir de décision, ni aucune richesse d'ailleurs, non, ce qu'elle voulait, c'était simplement obtenir ce qu'elle méritait, le bonheur. Après tout ce qu'elle avait vécue, l'insulaire souhaitait se marier avec l'homme qu'elle aimait, mais jamais elle ne pourrait devenir son épouse, parce que lui avait tout ce qu'elle n'avait pas. L'homme aux pommettes saillantes avait un titre, un pouvoir certain, une richesse à ne plus compter et par-dessous tout, il était fiancé à une autre femme qui possédait aussi toutes ses choses. Les pauvres disent souvent qu'ils ont au moins la chance d'épouser les personnes qu'ils aiment réellement, mais dans le cas de Maddy, ce n'était pas vrai. Ysilla avait réussi à deviner, même si cela n'était pas difficile, mais elle avait compris que cet homme n'était pas du même rang qu'elle.
- J'aimerais qu'il puisse en avoir un... souffla-t-elle comme une âme en perdition.
La servante caressa la joue humide d'Ysilla et lui sourit à la manière d'une mère. Elle était encore si pure et si confiante. Cela lui faisait du bien, tellement de bien.
- Cet homme... Il ne peut pas tourner le dos à son destin, cela serait catastrophique pour sa famille, sa région. Un chevalier ne peut dire non à une princesse, dit-elle avec une douceur infinie. Il est de mon devoir d'accepter de le laisser partir, même si c'est difficile.
Jamais elle n'aurait cru un jour reprendre les termes de Robar, mais dans le fond, il avait raison, personne ne peut dire non à une femme de sang royal. Maddy espérait qu'elle est comprise de qui elle parlait, que cet homme était bel et bien son frère.
L'insulaire sentait bien qu'elle avait besoin d'une présence étayante et de réassurance, alors elle prit le rôle d'une mère, enfin autant qu'elle le pouvait.
- Je serais toujours là, peu importe où tu vas, tu m'emporteras avec toi. Avoir peur de son futur est normal, mais j'ai foi en tes capacités à me surprendre.
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Malgré la candeur qui pouvait parfois caractériser la benjamine des Royce, elle était loin d’être naïve et stupide. Elle comprenait les sous-entendu. Et les mots de Maddy la surprirent mais elle les comprit. Il s’agissait de Robar. La seule autre princesse fiancée à un chevalier était la princesse Daenerys et elle doutait que Maddy connaisse réellement Brynden Nerbosc. Elle n’aurait pas soupçonné que son frère et la jolie rousse ait une liaison, mais Ysilla pouvait sentir la peine de son amie. Une peine sincère, preuve que l’amour régnait vraiment entre ces deux personnes. Il y avait une certaine beauté là-dedans bien que la réalité les avait rattrapés, teintant le tout d’une infinie tristesse. La jeune Royce n’avait jamais connu ce genre d’amour, il ne devait pas être bien différent de ce qu’elle pouvait ressentir pour ses frères ou ce qu’elle avait ressenti pour son père, mais elle savait qu’il pouvait rendre heureux comme rendre triste. Elle ne savait que dire, que faire pour Maddy. Il était vrai que son aîné ne pouvait se défiler avec cette alliance. Il ne pouvait refuser la main d’une princesse. Mais cela le privait du bonheur qu’il pouvait ressentir en étant avec Maddy.
« On ne peut dire non à une princesse il est vrai. Mais ce mariage n’est pas pour tout de suite, profites-en autant que tu le peux, vis, sois heureuse à ses côtés. Je suis sûre que cela le désole tout autant que toi. »
Si elle avait été à la place de Maddy, c’était surement ce qu’elle aurait fait. Profitez un maximum avant qu’on ne lui arrache son aimé parce que le devoir l’appelait à honorer une promesse d’alliance. Quelque chose de malheureux mais la vie était parfois injuste, préférant les mariages d’intérêt à l’union de deux être qui s’aimait. Les lois étaient ainsi faites et personne ne pouvait les changer hormis le Roi, qui n’allait surement pas le faire alors que le mariage de sa propre fille était en jeu. Il n’y avait donc aucune solution au problème de la servante des Royce.
Les mots de Maddy réchauffèrent le cœur de la jeune demoiselle. Elle pourrait compter sur la présence rassurante de son amie lorsque sa vie changerait, lorsque qu’un autre manteau autre que celui des Royce viendrait draper ses épaules.
« J’ignore si j’arriverais à te surprendre mais je ferais en sorte que tu sois fière. »
C’était surement la seule chose qu’elle pouvait promettre à la jeune femme qui lui faisait fasse, tout faire pour la rendre fière. Affronter les épreuves de la vie en gardant la tête haute, ne pas faiblir et continuer d’avance quoiqu’il arrive, quoiqu’il se passe.
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Malgré à ce qu’elle pensait, avouer son secret lui avait fait plus de bien que de mal. Elle ne s’en était jamais rendu compte, mais c’était la première fois qu’elle l’annonçait à une personne qui ignorait tout de sa relation avec le chevalier. Robar avait fait beaucoup de sous-entendus autour de lui et des gestes envers sa personne qui ne trompait personne, c’est de cette manière que les autres domestiques avaient compris et une fois qu’elles avaient un secret à partager, rien ne pouvait les empêcher de le troquer contre un autre. Et depuis, il traîne dans les couloirs, proliférant comme un virus, il était même arrivé aux oreilles d’Andar, l’homme qui n’écoutait que très peu les commérages de ses laquais. Mais cette fois, c’était elle qui avait dévoilé leurs secrets, elle qui avait pris la décision de mettre la dernière des Royces au courant. Maddy avait repris une sorte de contrôle imaginaire et cela l’a délivrait d’un poids tout aussi invisible.
Ce n’était pas son rôle de la réconforter, surtout pas une femme au rang inférieur comme Maddy, mais elle l’avait fait, parce qu’elle était comme ça. Le cœur sur la main, même avec ceux qui ne le méritait pas toujours. Ses paroles étaient douces et arrivaient à embaumé son cœur meurtris, mais la douleur persistait. Dès l’annonce de cette funeste nouvelle, l’insulaire savait qu’elle ne pourrait pas jouer la comédie et qu’ainsi, elle ne pourrait pas profiter de leurs derniers moments. Dès que ses yeux se posaient sur lui, la domestique l’imaginait avec la princesse, toujours avec un visage différent. Et cela, elle ne pouvait le supporter plus longtemps.
Prise par l’émotion, ce fut un sourire qui répondit aux paroles de la jeune femme. Ses mots à elle étaient coincés dans sa gorge et elle avait peur que s’ils sortent, elle ne s’arrêterait jamais de pleurer. Et ce fut le coup de grâce lorsque la domestique entendit : « je ferais en sorte que tu sois fière » . Une larme salée roula sur sa joue tandis que ses bras l’enroulèrent de toute sa chaleur maternelle. Maddy aurait voulu rester indéfiniment dans cette position, la garder auprès d’elle durant encore des années, mais son devoir de servante l’appela. Ysilla était destiné à se marier et Maddy à rechercher ses maudites cuillères qui avaient disparu.
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