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(Lucas) Can we make a memory of this ?

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Un périple vers un renouveau.
An 299 Lune 1 Semaine 1
La brume se dispersait doucement mais surement dans les environs de Castel-Bois. Epaisse, elle avait tenté d’encercler sa victime de la plus douloureuse des façons. Osant même lui intimer l’idée que l’espoir d’un mieux ne saurait jamais trouvé une quelconque voie. Ces nuages les plus hostiles n’avaient fait qu’engendrer lourdeur et étouffement à mesure que le deuil filait parmi les fantômes d’un passé tout aussi enclin à ce difficile. Traître, ce brouillard avait aveuglé rendu chacun des mirages inaccessibles voire oubliés alors que le monde, lui, continuait à tourner. Il s’était plu à figer le temps de la plus vile des manières, éradiquant ainsi les aspirations les plus bénéfiques et bienveillantes de toute tentative d’entraide. Peut-être avait même t-il eu raison de sa principale victime ? Alors qu’il lui avait chuchoté des messages visant à lui faire admettre que le monde s’assombrissait plus que de raison et qu’il l’engloutissait. La bête était féroce, voire même, infatigable et d’autant plus redoutable. Cette dernière visait à entraîner vers le fond chacun des soubresauts de sa peine, la plongeant ainsi dans un typhon qu’elle ne pouvait plus escalader. Chacune de ses prises n’en devenaient qu’une épreuve de plus, un effort vain, dans lequel elle osait placer ses espoirs qui faillaient dès l’instant où les souvenirs douloureux s’implantaient dans son esprit. Intarissables, ils l’épuisaient à mesure que le temps donnait l’impression de puiser dans ses ressources les plus profondes et l’amaigrissait à vue d’œil. Et puis, la bise s’était révélée. Fidèle à celle qui avait eu raison de sa signification, de ses souffles les plus légers, elle avait su repousser quelques unes de ces menaces. Veillant à les éloigner sans vergogne, sa surprise n’en demeurait pas moins bien ancrée dans ses aspirations, alors que les pleurs commençaient à se tarir. Doucement, le chagrin avait fait place à de la tristesse. Celle là, qui, se lisait en permanence dans le regard de la jeune fille, mais qui signifiait de sa volonté à s’en sortir. Non pas pour elle, mais pour ceux qui avaient tenu pour elle. La présence de sa cousine avait su lui révéler à quel point certaines différences participaient à l’élaboration d’une relation sincère et d’autant plus bénéfique pour l’une et l’autre. Le chemin avait été difficile et pourtant, Marianne n’y serait pas arrivé sans Azilys, tout comme, il lui était impossible d’imaginer poursuivre ce long périple qui la mènerait vers une acceptation totale sans elle. Sa patience avait eu raison de l’ombre qui planait dans le cœur de la veuve, sa détermination, elle, avait su écrouler les remparts qu’elle avait veillé à ériger afin de ne plus souffrir. Et même si elle la sommait de ne plus donner son cœur comme elle avait pu le faire dans le passé, la lady de Castel-Bois savait qu’elle avait faillit à cette mission. Car elle le lui avait tendu à elle, sa propre cousine, non pas pour en prendre soin, mais bien plus pour qu’elles puissent se protéger toutes les deux de ces aléas douloureux. Le sourire ne lui revenait pas encore, étape quelque peu précoce pour l’heure, néanmoins ses intentions bienveillantes lui donnèrent l’opportunité de se raviver petit à petit. Les sorties de ses appartements se faisaient de plus en plus fréquentes, au point où, il ne lui suffisait que d’un seul regard en direction de sa cousine pour que le message n’en devienne véridique. Il en était de même avec sa plus grande amie, Camelya, qui tenait absolument à les accompagner à chacune de leurs promenades. Marianne recouvrait de ses réflexes, allant même jusqu’à oser retourner auprès de ceux pour qui la peine était aussi douloureuse que la sienne. Les parents de Torvald renfermaient cette force dont elle aspirait à trouver un jour. Survivre de cette manière était probablement le plus beau cadeau qu’ils pouvaient offrir à leur défunt fils et ce même si la difficulté ne cessait de s’intensifier de jour en jour. A maintes reprises, la Harlton s’était encouragée d’elle-même afin de partager un peu de son temps avec celle qui fut jadis sa belle-mère. Un temps que toutes les deux chérissaient à leur manière et veillait à les rassurer quant à la place qu’elle garderait pour toujours l’une auprès de l’autre. Les souvenirs se joignaient bien souvent aux paroles, mettant en exergue un temps qui paraissait déjà éloigné, ou du moins ne prenait que des tournures irréelles pour ainsi apaiser les tourments. Et lorsque Roadney venait pour la sommer de rentrer, Marianne ne pouvait retenir son élan de générosité à l’égard de la vieille dame et l’assénait toujours d’une étreinte dans laquelle, elle espérait transmettre l’amour qu’elle lui portait.

Le quotidien devenait moins difficile à affronter, la solitude tendait à lui accorder des instants de répit. Marianne réapprenait à devenir à nouveau celle qu’elle avait pu être. Certes, a jamais changée, mais pourtant ses intentions restaient louables et bonnes envers son prochain. Elle s’accordait de ce temps dans lequel certaines de ses aptitudes lui permettaient d’appréhender les attentes de son vieil Oncle. Arwood avait su la surprendre par sa patience et son silence devant le chagrin qui l’a rongé. Ce qui avait fait naître dans son âme une sorte de dette qu’elle se devait de payer à tout le monde. Parce qu’ils restaient présents à ses côtés mais surtout parce qu’ils parvenaient à lui apprendre qu’elle avait sa place dans ce monde. Les attentions des Nerbosc n’en devenaient qu’un exemple de plus en raison de cette attention qu’ils lui assignèrent. Et cette dette grandissait à mesure que son cœur lui donnait l’impression de battre à nouveau. Pour ce monde, pour ces personnes qui l’aidaient, pour ces sourires qu’elle ne parvenait pas encore à rendre, mais qui atténuaient la douleur qui la rongeait. Les petites gens de son domaine avaient également leur lot de participation à cet essai et Marianne ne devenait que plus fière encore de ce qu’ils lui offraient. « Marianne ! Marianne ! » Un chuchotement était en train de mettre un terme à ce silence qui régnait dans la nuit noire des appartements. Une petite main était en train de la secouer légèrement pour qu’elle se réveille. « C’est l’heure Marianne, il faut que tu viennes. » Les yeux encore endormis, la lady essaya de déterminer à qui cette voix appartenait. « Le jour n’est pas encore levé, c’est plutôt  l’heure de dormir. » Dans une tentative vaine, la lady entreprit de camoufler son visage dans le coussin vide et froid à ses côtés avant d’entendre un léger rire qui tendait à prendre les rythmes des secousses de son bras. « Tu dormiras plus tard, tu voulais qu’on te prévienne quand Baie mettrait bas et c’est le moment. » A l’entente de ce nom, les yeux de la jeune fille s’ouvrirent difficilement alors qu’elle essayait de se redresser dans un grognement tout en s’étirant. « Il est vrai que je t’avais demandé de me prévenir, j’avais simplement oublié que cela s’effectuait la nuit au changement… » « … de lune. » finirent-elles par prononcer en chœur. « Allez viens, on ne va pas rater ça ! » Quand Camelya avait une idée dans la tête rien ni personne ne pouvait la dissuader de l’exécuter, Marianne songeait intérieurement qu’elles n’avaient pas été sœurs de lait pour rien, tant elles partageaient ce trait de caractère à merveille. Sans plus attendre, la veuve s’étira et se mit à bailler avant de finalement s’empresser de passer un peu d’eau sur son visage tout en se laissant habiller par son amie. Plus vite elles iraient et plus vite elles pourraient venir en aide à ceux qui allaient célébrer l’arrivée d’un nouveau poulain. Se laissant nouer ses cheveux au niveau de la racine, Marianne finit par entreprendre les dernières exécutions de cette tresse de fortune alors que toutes les deux prenaient le chemin en direction de l’écurie. Plusieurs heures passèrent durant lesquelles chacun veillait au bien être de la jument jusqu’à la bonne naissance de l’heureux nouvel arrivant. Et lorsqu’enfin le terme arriva à son apogée, Marianne eut l’honneur de pouvoir rassembler ses forces afin d’aider au mieux Baie à extraire ce petit être d’elle. Le jour avait d’ailleurs pointé son horizon depuis plusieurs minutes laissant présager que l’aube n’avait plus lieu d’être. Chacun se hâtait au bon réchauffement du poulain, par des frottements effectués à l’aide de la paille. Tous souriaient, tous sauf elle, qui effectuait encore des caresses rassurantes sur le flanc de la mère. « Nous devrions les laisser se connaître. » laissa t-elle échapper avant d’entendre des signes d’approbations de la part de quelques curieux. Aussi se hâtèrent-ils de s’éloigner du box de fortune afin de permettre à la mère et au petit de partager leurs premiers instants. Quelques uns commencèrent d’ailleurs à partir alors que d’autres attendaient l’instant où le poulain parviendrait à puiser dans ses forces pour se redresser. « Je dois partir pour aider Nina dans les cuisines. » La voix de Camelya prouvait à Marianne qu’elle s’inquiétait de laisser son amie seule, chose à quoi la jeune lady se contenta d’acquiescer d’un signe de tête tout en gardant ses yeux rivés sur les deux chevaux. « Va, je ne tarderai pas à rentrer de toute manière. Je tiens juste à vérifier que tout est en règle. » Le mouvement qu’elle sentir sur son côté eut tendance à lui faire comprendre que son amie s’en était allée. La solitude la rejoindrait plus tard. La jeune Harlton y songeait alors que ses yeux protégeaient de cette manière douce le spectacle qui lui était donné d’admirer. Rien n’’était probablement plus beau que cet instant où une mère découvrait pour la première fois son enfant. Ses songes la transportaient vers des élans passés qui lui permirent de laisser quelques autres barrières tomber.

Peut-être resta t-elle une heure de plus dans cette étable, profitant du calme mais surtout de tout ce merveilleux qui l’habitait. L’innocence rayonnait de partout et visait à illuminer l’espace prévalant sur l’idée que rien ne serait en mesure de ternir ce tableau. Cette rencontre avec l’avenir fit énormément de bien à la jeune fille, qui finit par se redresser et entreprendre sa route vers l’entrée de sa demeure. Le bas de sa robe était parsemée de constellations boueuses, du sang maculé également quelques parcelles de sa peau blanchâtre alors que ses cheveux virevoltaient selon le grès de leurs envies. Dans cet état, rien ne pouvait laisser présager que cette jeune fille était une lady, néanmoins, il s’agissait là de sa véritable identité. Celle mettant en exergue le fait que son rôle n’était pas seulement de donner son avis pour des dispositions à prendre, mais ce dernier était également de partager les joies et les peines de chacun. Déambulant dans l’allée, le regard rivé vers le sol pour rentrer, Marianne se surprit à sourire délicatement. Les raisons d’un tel geste lui parurent complètement dérisoires, puisque le sentiment qui l’habitait avait raison de tout le reste. Elle franchissait une nouvelle étape, elle y parvenait et survivait. Néanmoins ses intentions s’envolèrent complètement lorsqu’une voix derrière elle annonça haut et fort l’arrivée imminente d’un seigneur. Se retournant sous l’effet de la surprise, la jeune fille n’eut même pas le temps de faire un pas de plus vers l’arrière qu’elle reconnaissait la silhouette élancée de Lucas Nerbosc. Sa surprise devait probablement se lire sur son visage et même si elle se savait en piteux état, la jeune fille essaya d’arranger quelques mèches de ses cheveux dans l’espoir qu’il la reconnaisse. « Bien le bonjour mon Seigneur. » Une révérence marqua le signe de son respect alors qu’elle s’empressait de rattacher ses yeux émeraude dans le regard amical du jeune homme. « Veuillez pardonner mon accoutrement, vous nous surprenez par votre visite, aussi bienvenue soit-elle, bien entendu. » La honte devait probablement se lire à présent sur ses traits alors qu’elle tentait de dissimuler le bas de sa robe par le biais de pli qu’elle effectuait soigneusement. « Seriez-vous porteur d’une nouvelle ? Ou mon oncle vous attend-il ? Il m’est étrange qu’il ne m’ait pas prévenu de votre arrivée à moins que cela ne soit précipité pour une raison ou une autre ? » Son regard essayait de percer des réponses dans celui du jeune homme alors qu’elle laissait ses prunelles alternaient entre l’une et l’autre de Lucas. Néanmoins, la conscience parut lui revenir alors qu’elle abaissait son regard, consciente de son caractère surement trop intrusif sur l’instant. « Ma hâte n’a pas lieu d’être, je m’en excuse. Voudriez-vous m’accompagner jusqu’à la Grand-Salle, ainsi vous pourrez vous restaurer à votre guise, enfin nous pourrons. La nuit a été rude et je n’ai pas encore mangé. » Alliant le geste à la parole, la jeune fille se dégagea sur le côté et entreprit de mettre en avant un mouvement tout en invitant Lucas à la suivre à ses côtés. « Lady ma cousine sera ravie d’apprendre votre venue, elle ne tarit pas d’éloges sur vous depuis votre rencontre. » s’amusa t-elle à laisser échapper dans l’espoir que cette remarque puisse au moins avoir le mérite de faire oublier à Lucas dans quel piteux état elle se trouvait en cet instant.

AVENGEDINCHAINS
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Toute la mascarade n’était partie que d’une phrase anodine de son frère Brynden. Il avait été décidé que cela serait l’héritier des Nerbosc, et non son émissaire habituel, qui se rendrait au mariage des Lannister et des Tyrell à Hautjardin. C’était une façon pour les suzerains du Conflans d’honorer la savante valse des alliances qu’Olenna Tyrell avait mise en place et qui allait unir les Corbeaux et les Dragons une nouvelle fois depuis Betha Nerbosc et Aegon Targaryen. La présence de la princesse argentée n’était pas confirmée à l’événement, mais cela serait peut-être l’occasion de la rencontrer. Et c’est quelque jour avant le grand départ pour le Bief que Brynden avait demandé à son frère de prendre des nouvelles de Marianne Harlton. Les deux frères n’étaient restés guère plus de quelques jours à Castel-Bois la lune passée, le devoir les rappelant à Corneilla assez rapidement. Même si c’était l’aîné qui avait passé le plus de temps avec la jeune veuve, cela avait été l’occasion pour le cadet de faire un peu plus ample connaissance avec elle, dans la mesure où elle ne cherchait pas à s’isoler. Si la première fois Lucas avait accompagné son frère par bonne volonté, depuis cette visite, rendre le sourire à la jeune femme était devenue une mission toute personnelle qu’il s’était fixée. Il l’avait vu, il avait remarqué les ravages du chagrin sur son visage et sur son corps pourtant bien camouflé derrière les épaisseurs de tissus. Cette vision l’avait bouleversé et il n’avait souhaité qu’une chose, revoir un jour le même sourire sur ses lèvres et la même lueur briller dans ses yeux que lorsqu’il l’avait rencontré la première fois lors d’une visite de la Harlton à Castel-Bois. Tant de bonté, de gentillesse et de force de caractère, gâché de la sorte, par un coeur déchiré, voilà quelque chose que Lucas ne voulait pas accepter. Il fut ravi de voir que c’était aussi la conviction de sa cousine ouestrien, Lady Azilys Serrett avec qui il avait passé un certain temps lors de son séjour à Castel-Bois.

Alors quand son frère lui avait laissé cette nouvelle mission, le cadet avait pris les choses au pied de la lettre et s’était mis en quête d’une idée pour pouvoir prendre des nouvelles de la jeune femme, pourquoi pas la faire sortir de Castel-Bois pour lui changer les idées, sans qu’elle n’ait l’occasion de se dérober. Il n’y avait là aucune mauvaise idée derrière ses tentatives de mascarades, il ne voulait que son bien, mais il craignait que la jolie brune ne se cache derrière des prétextes de peur d’affronter une nouvelle fois le monde. Après quelques jours de réflexion, le Nerbosc tenait enfin son plan et lorsqu’il le soumis à son aîné, ce dernier le valida entièrement et le soutint activement. Il fut donc décidé que Lucas quitterait Corneilla en même temps que son frère et prendrait lui aussi la direction du Bief, comme s’il se rendait à Hautjardin pour les festivités. Mais leurs chemins se sépareraient juste avant Corval et la frontière entre l’Ouest et le Conflans, où Lucas bifurquerait vers le domaine de Arwood Harlton. Une fois sur place, il prétexterait n’être que de passage, en route vers Harrenhal d’où Shella lui aurait envoyé un corbeau demandant son aide. Marianne ne pourrait guère lui refuser de l’accompagner voir une vieille dame esseulée qui demandait assistance. La Whent n’était pour l’instant au courant de rien, mais Lucas savait pertinemment que celle qui lui faisait office de mère adoptive jouerait le jeu sans broncher. C’était l’occasion pour lui de prendre des nouvelles du Seigneur d’Harrenhal, mais également de montrer à Marianne qu’il était possible de vivre des tragédies familiales et pourtant de se relever et de vivre encore longtemps. Lucas ne doutait pas que la jeune femme avait cela en elle, cette force qui avait permis à Shella de tenir le cap, elle avait simplement besoin d’être inspirée. Et il lui semblait qu’il n’y avait pas mieux qu’elle pour faire ça.

Après une semaine de voyage commun, les deux frères s’étaient dit au revoir et s’étaient mutuellement souhaité bonne chance pour ce qui les attendait. Brynden avait continué sa route vers le sud avec son escorte armée, alors que Lucas avait bifurqué légèrement vers l’ouest pour rejoindre Castel-Bois, accompagné de son écuyer Gareth et de deux soldats. En tant normal, Gareth lui aurait suffit comme compagnon, mais il considérait que la deuxième partie du voyage, avec la lady Harlton serait différente, il ne pouvait guère prendre de risque sur sa sécurité et même s’il se sentait parfaitement capable de l’assurer, cela aurait au moins le mérite de la rassurer, surtout aux vues de ses dernières péripéties sur les routes. Une fois au niveau de Corval, la route n’était plus très longue, seulement pas des plus pratiques à cause du relief. La dernière nuit, Lucas fut presque incapable de dormir, pas que la lune le dérangeait non, à cette époque elle ne formait qu’un tout petit croissant, mais il se savait proche, presque arrivé à destination. Il était partagé entre l’excitation et l’appréhension. Et si finalement son idée était bien trop bancale pour être acceptée par Marianne et Arwood ? S’il s’était emballé sur la confiance qu’elle pourrait lui porter ? Il n’aimait pas se trouver si proche du but et pourtant ne rien pouvoir faire. Il reconnaissait cette impatience qui le caractérisait aussi bien lui que son père. Alors à peine les premiers rayons du jour avaient fait leur apparition que Lucas avait réveillé son petit groupe et les avait sommé de reprendre la route, alors que certaines étoiles brillaient encore par endroit. Mais au moins, il faisait assez jour pour que le chemin ne soit pas dangereux pour ses compagnons et lui-même.

Après quelques heures de périple, au milieu de la matinée, la demeure des Harlton était enfin visible devant eux. Il ne pouvait plus faire marche arrière à présent et serait rapidement fixé sur les intentions de la jolie lady. Mais il ne s’attendait certainement pas à être directement accueilli par la dame en question. Il lui fallut d’ailleurs quelques secondes pour la reconnaître tant elle lui semblait différente de la dernière fois où il l’avait vue. Il y avait certes la tenue, très sobre, trop sobre pour une dame même d’après les critères de certains, mais surtout maculée de boue et ce qui semblait être du sang. Les épais sourcils du chevalier se froncèrent un instant, il quitta la jeune femme du regard pour regarder ce qui les entourait. Ce sang ne semblait pas être le sien et le comportement de Marianne ne laissait certainement pas entendre qu’elle ou quelqu’un d’autre venait d’être attaqué. Ses cheveux s’étaient échappés d’une tresse, volant au grès du vent et camouflant parfois son visage quelques instants malgré ses gestes pour les dompter. Mais c’était surtout ce qu’elle dégageait qui lui semblait différent. Elle affichait un véritable sourire, pas un que la politesse imposait. Il n’y avait plus ce regard morose dans ses yeux mais de nouveau l’étincelle d’une lueur. Le Nerbosc en resta idiot, bouche bée et muet l’espace de quelques minutes. Il fallait croire que la Lady Serrett avait fait un excellent travail durant son temps passé à Castel-Bois. Lucas parvint finalement à reprendre ses esprits. Il ôta un pied de l’étrier et entama sa descente en basculant une jambe de l’autre côté du cheval. Il laissa la bride de sa monture à Gareth qui avait déjà démonté. “Il n’y a pas de seigneur ici à part votre oncle ma lady.” dit-il en inclinant la tête. “Mais si vous tenez absolument à m’affubler d’une étiquette hiérarchique, Ser sera plus approprié. Mais entre nous, je préférerais qu’on s’en tienne à Lucas.” conclut-il avec un doux sourire. Il ne s’agissait pas là de forcer une quelconque familiarité, mais le jeune homme n’était pas là pour affaire politique ou au nom de sa maison, alors il n’aimait pas sentir cette hiérarchie pesait sur leurs discours.

“Ne vous excusez pas, c’est de ma faute, nous aurions dû prévenir de notre arrivée… malheureusement nous avons été plutôt pris de court… Je m’en excuse.” répondit-il lorsqu’elle s’excusa pour son accoutrement. “Non, non, cette visite n’était aucunement planifiée, votre oncle ne sait même pas que je me tiens dans sa cour à moins qu’un de vos hommes ne soit en train de lui annoncer à l’instant.” Il offrit un sourire qui se voulait rassurant, le but n’était pas de laisser Marianne qu’il pouvait se passer quelque chose de grave. “Je me rendais à Hautjardin avec mon frère Brynden, qui vous salue chaleureusement d’ailleurs, lorsque j’ai reçu un corbeau de la part de Shella Whent en arrivant à Corval, réclamant ma présence à Harrenhal… elle n’a pas vraiment donné de détails, mais comme Brynden était bien assez pour représenter les Nerbosc à Hautjardin et que j’ai une affection toute particulière pour Lady Whent, je me suis tout de suite mis en route. Il se trouvait que Castel-Bois était sur la route, alors je me suis permis de m’arrêter pour prendre quelques nouvelles.” Lucas se racla doucement la gorge, son histoire se tenait et la Harlton n’avait pas vraiment de raisons d’en douter, mais il était curieux de ce qu’elle pourrait bien en penser. Mais il serait encore plus curieux de voir sa réaction lorsqu’il lui proposerait de l’accompagner. “Mais voilà que je parle déjà trop, pardon, je vous suis, je mangerais en votre compagnie avec plaisir Lady Marianne, à moins que vous ne souhaitiez vous changer d’abord ?” demanda-t-il en se mettant à marche à ses côtés en direction de la grande salle. “Pas que votre tenue m'incommode loin de là, je ne pense qu’à votre confort bien entendu.” Le déjeuner accompagné de boue et de sang n’était peut-être pas des plus agréables pour elle. Lui, habitué à être sur la route en avait connu d’autres, mais habituellement, ça n’était pas le cas des dames de haute naissance. “Oh, Lady Azilys est toujours avec vous ? Ou est-elle repartie dans son Ouest natal ?” demanda alors le jeune homme, assez surpris par la référence de la cousine. Il était certain qu’il fallait être aveugle pour ne pas voir que ce joli petit bout de femme avait toutes sortes d’idées derrière la tête, mais il était bien curieux de savoir ce que la Serrett avait pu dire à Marianne sur son compte. “C’est une femme assez remarquable, on n’en rencontre pas tous les jours des comme elle.” conclut-il avec un air légèrement amusé. Il n’avait pas eu vraiment l’occasion de passer du temps avec son récent mari, mais il se demanda s’il s’en félicitait ou s’il le regrettait au contraire, cela devait dépendre de son caractère.
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Un périple vers un renouveau.
An 299 Lune 1 Semaine 1
Le temps semblait perpétuer ses traditions par delà les frontières d’un domaine isolé. Etendant de ses droits vers des horizons qui auraient pu en dérouter plus d’un, les rouages de son édifice dévoilait combien l’Homme n’était qu’un pantin articulé pour ce dernier. Les décisions s’étaient prises, les alliances commençaient même à se profiler alors que son ami avait gardé sous silence cette nouvelle qui aurait peut être pu la faire sourire. Le geste n’en était qu’honorable une fois de plus. Probablement désireux de protéger l’âme meurtrie de la jeune fille, ne voulant certainement pas lui imposer quelques mauvais souvenirs juste devant son cœur. De toutes les manières, l’officialisation de ces fiançailles n’avait pas encore été proclamée et la nouvelle ne se savait point. Du moins, pas à Castel-Bois. Restait à savoir de quelle manière les Harltons apprendraient une telle avancée pour leur région. Bien sûr la joie finirait par se lire sur leurs visages alors que leurs cœurs se satisferont de cette continuelle paix qui saurait se perpétrer pour quelques lunes de plus. Paix, qui, en sommes et pour toute saurait peut être raviver les élans doucereux des attentions particulières de la jeune fille. Y croire à nouveau lui permettrait certainement d’ouvrir pour une fois de plus ses attentions les plus bienveillantes pour les êtres qui l’entouraient. Ceux qui nécessitaient son aide pour peut être lutter contre la famine, voire même les mauvaises conditions visant à éradiquer ainsi la maladie ou du moins la repousser pour quelques temps. Marianne avait besoin de se retrouver d’une quelconque manière. De pouvoir à nouveau croire en cet espoir qui avait su forger son caractère et rendait à son être tout entier la véritable signification de qui elle était réellement. Elle n’était pas cette ombre. Elle n’était pas non plus cette lady aux allures indifférentes et semblable à la courbure d’une échine bien tracée devant les ordres qu’elle recevait. Non. Son chagrin l’avait perdu et ce malgré les bonnes volontés de sa cousine. Ce dernier avait su envahir l’ensemble de ses rêves aussi bien ceux endormis que ceux éveillés. Il l’avait assigné de ce poids qui ne cessait de peser sur ses épaules et tendait à lui donner l’impression de s’enfoncer encore et encore dans cette boue humide. Et il n’avait fallut que la naissance d’un petit être innocent pour enlever une pression de ses frêles épaules. Sa respiration n’en était devenue que plus délivrée à mesure que ses yeux accompagnaient les premiers instants qu’une mère partageait avec son enfant. Les animaux avaient cette capacité à savoir puiser dans leurs instincts pour adopter un comportement naturel. Leur bonté grandissait à vue d’œil alors que les quelques détails visant à dévoiler l’amour au sens propre, se dégageait un peu plus de leurs deux silhouettes réunies. La facilité dans laquelle ils partageaient chaque instant était telle qu’il paraissait évident que rien ni personne ne saurait jamais venir à bout de ce lien. Une relation saine dans laquelle l’apprentissage se mêlerait à la protection et la bienveillance pour ainsi permettre à ce jeune poulain de devenir aussi grand et puissant que sa mère. Certes, des difficultés viendraient à s’immiscer dans ce magnifique tableau mais aussi bien la mère que le petit sauraient trouver le courage nécessaire pour affronter le reste. Parce qu’il s’agissait là d’une nécessité, mais surtout d’une survie à part entière. Survivre à l’autre pour toujours.  En comprenant ce message, la pression s’avérer moins alourdie encore. Encline à lui permettre de comprendre que l’âme de son époux veillerait toujours sur elle d’une manière ou d’une autre et que ses volontés n’allaient pas dans ce retranchement dans lequel elle s’était enfermée pendant plusieurs lunes, mais bel et bien dans ce sentiment de survie qu’elle apprenait tout juste à découvrir. Une émotion vive la frappait, dans laquelle chacun de ses sens lui donnait l’impression de se réveiller les uns après les autres après toutes ces heures de torpeur. Marianne réapprenait doucement à vivre. Grâce à son oncle, qui, même si ses tendances veillaient à la protéger du reste, l’appelait à chacune de ses réunions. Grâce à son chevalier, qui cherchait encore le moyen de la faire sortir du domaine pour une raison ou une autre afin que sa confiance lui revienne. Grâce à sa cousine, qui, par sa présence et ses remarques osait lui faire comprendre que Westeros était douloureux mais qu’il avait encore besoin d’elle. Grâce à Camelya, qui l’accompagnait toujours et veillait à lui faire gagner ce rythme visant à se rapprocher des siens. Grâce à Brynden, avec qui, elle continuait d’entretenir une correspondance et qui lui permettait de garder intact le souvenir de celui pour qui elle se devait de se relever. Ce constat lui apprenait que sa solitude n’avait pas lieu de s’immiscer dans son esprit, tant elle n’existait pas. Etait-ce une victoire face à l’une des batailles de son chagrin ? Au fond d’elle, la lady de Castel-Bois savait pertinemment que la guerre n’était pas terminée et que les assauts la submergeraient avec une traitrise déroutante. Mais pour l’heure, elle s’accordait un moment de légèreté, dans lequel ses barrières tombaient doucement pour se laisser le privilège de sourire.

Sa surprise continua à lui faire retrouver quelques unes de ses habitudes passées au moment où le son des sabots battant contre la terre l’obligea à redresser son regard. La silhouette élancée du chevalier ne lui en devenait que plus nette à mesure que les quelques mètres qui les séparaient veillaient à rapprocher leur proximité. Son cœur lui donna l’impression de réagir à cette arrivée à moins que ce ne soit là qu’un malaise concernant son oubli. Si sa cousine avait été là, elle lui aurait probablement vanté les mérites du jeune homme avant de finalement revenir sur son accoutrement et siffler des reproches concernant ce dernier. Cette pensée tendit d’ailleurs à accroître un peu plus sa gêne alors que divers détails des conversations tenues avec Azilys lui revenaient eux aussi en mémoire. Des dires vantant le charisme d’un homme aux allures élégantes, bel-homme de surcroît. Même si elle était en deuil, Marianne disposait de ses yeux pour se rendre compte que la description donnait par la jeune femme convenait parfaitement à l’allure du chevalier. Celui-là même, qui déchaussait déjà ses étriers pour descendre à son niveau et la couvrir de l’un des sourires qu’elle lui avait déjà vu par le passé. Son regard s’en dévia pour quelques secondes, le temps d’incliner à nouveau sa tête pour ainsi saluer la présence de l’écuyer. « Alors je tâcherai de ne pas vous décevoir, Lucas. » Ses yeux émeraude croisaient à nouveau les pupilles ambrées de son invité dans le même temps que ses mains serraient un peu plus les plis de sa toilette. Ce nouveau sourire qu’il lui offrit lui parut si lointain dans ses souvenirs qu’elle tenta de l’inscrire cette fois-ci dans son esprit. Les raisons de cet agissement n’étaient autre que celles de veiller à y songer lorsque le désarroi la frapperait à nouveau. Mais alors que les bonnes manières du chevalier lui permirent d’admettre de sa sincérité, les mots qu’il employait, eux, veillèrent à semer le doute dans ses gestes. Fronçant ses sourcils en signe d’incompréhension, la jeune lady ne pu retenir sa curiosité plus longtemps en alternant à la fois son regard entre celui du jeune homme devant elle et l’arrière de son dos. Les Nerboscs étaient-ils en proie aux troubles ? Ses incertitudes furent bien vite rassurées par le sourire que Lucas lui offrait à nouveau et ses dires ne purent que radoucir davantage ses appréhensions. Surtout devant la générosité devant laquelle elle faisait face en cet instant. Jamais elle n’aurait cru être capable d’attiser un tel intérêt surtout pour un chevalier tel que lui et déjà la jeune fille sentit le malaise lui revenir alors que son regard se radoucissait petit à petit. « Oh… » laissa t-elle échapper dans un premier temps avant de finalement se mettre à sourire tout en abaissant son regard pour constater de son idiotie. « Les divers évènements m’ont tellement brusqué que j’en avais oublié la courtoisie. » Une part d’elle continuait d’être honteuse de ses pensées violentes et toujours enclines à désirer la rendre aveugle de ce monde trop vaste. « Vos attentions tendent à emplir mon cœur d’une réelle gratitude à votre égard. Merci de votre générosité à l’égard de ce petit domaine, sachez que j’en apprécie réellement le geste. » Ses joues s’empourpraient doucement alors qu’elle ramenait son regard en direction du chevalier, néanmoins l’inquiétude vint à s’immiscer délicatement dans ce dernier. « J’ose espérer que ce corbeau envoyé par Lady Whent ne contenait pas de tristes nouvelles. Connaissant le lien qui vous unie à cette famille, je suis certaine que la fidélité que vous lui accordez saura lui redonner le sourire. » Lucas était un homme bon. Marianne avait pu déjà le constater par le passé, mais elle ne faisait que le remarquer à nouveau devant la bienveillance qu’il mettait en exergue juste là devant elle. Sa dévotion n’avait d’égale que dans l’honneur qu’il préservait envers et contre tous. Des qualités qui ne cessaient de prôner la modestie dans laquelle il se terrait alors que tout l’assignait à se présenter comme un grand homme. Le Conflans était entre de très bonnes mains, Marianne n’en doutait plus depuis longtemps à présent. Réajustant ses mèches, qui virevoltaient selon leurs grés, il convenait à la jeune fille qu’une invitation à la restauration permettrait aussi bien au chevalier qu’à ses hommes de reprendre des forces pour la suite de leur séjour. Les excuses de Lucas n’eurent d’autres effets que d’alimenter un peu plus le sourire de la lady. « Ne vous en excusez pas, j’apprécie vous entendre. » L’innocence de sa voix révélait à quel point cela lui faisait du bien de pouvoir avoir droit à autre chose que des sujets lui rappelant combien son existence n’en devenait que dérisoire depuis la tragédie. « De grâce, si vous me permettez de vous appeler Lucas alors nommez-moi Marianne à votre tour. » le somma t-elle de cette même voix encline à profiter simplement de cet instant sans craindre en quelques remontrances. Sa cadence allait de paire avec celle de son invité, néanmoins, la gêne tendit à reprendre de ses droits alors que les dires du chevalier lui rappelaient une fois de plus que sa tenue n’était pas convenable. « Je m’empresserai de changer mon apparence et la rendrai plus convenable avant de vous rejoindre dans la Grand-Salle. » Ses yeux cherchèrent un peu de répit sur les quelques pavés qu’ils foulaient ensemble avant d’admettre que les dires du chevalier étaient certainement plus sages que ses propres intentions. « Veuillez pardonner une nouvelle fois ma toilette… C’est que… Même si je me dois d’être une lady, je ne peux retenir mes ardeurs pour aider les miens. Nous avons donné naissance à un très beau poulain ce matin. » De quoi ennuyer le chevalier… Si sa cousine avait été présente, Marianne ne donnait pas cher d’un pincement au niveau de son bras avant que cette dernière n’en vienne à critiquer les coutumes rustiques du Conflans. Néanmoins, la jeune lady avait ressenti ce besoin de se justifier devant le jeune homme, sans trop en comprendre les raisons d’ailleurs, elle désirait simplement pouvoir rattraper les déceptions qu’il avait eu à faire face en la croisant toute à l’heure.

Ce fut en songeant ainsi à sa cousine que la jeune fille laissa ses pensées prendre le dessus sur le reste. Cette référence fut d’ailleurs l’occasion de laisser l’amusement s’inscrire dans les regards des deux protagonistes. Peut-être parviendrait-elle à se reprendre en évoquant ainsi Azilys ? Les réactions du chevalier lui parurent enclines à cette option, ce qui laissa ainsi le droit à Marianne de laisser la légèreté reprendre le dessus sur le reste. « Elle est toujours à Castel-Bois, fière de présenter son paon et à même de pouvoir partager ses idées avec qui veut bien l’entendre. » Un rire lui échappa devant cette dernière remarque. Azilys était une femme unique tant sa détermination n’avait probablement aucune égale. « D’ailleurs me semble t-il que Montargent accueillera de nouveaux résidents d’ici quelques lunes. Mais… je n’ose lui dire mon avis à ce sujet. Ce terrain est beaucoup trop pentu pour oser l’aborder. » Avec un regard entendu, Marianne osa croiser les yeux déjà curieux du chevalier dans le même temps qu’elle accueillait quelques descriptions bien véridiques concernant sa cousine. « Peu de femmes possèdent son courage, son unicité la rend assez fidèle à l’image de l’Ouest tout en lui accordant quelques qualités d’une autre région que nous connaissons bien tous deux. » Cette fois-ci, son sourire s’entendait avec Lucas comme si il s’agissait là d’une des premières fois que leur complicité osait se chatoyer. Les portes s’ouvrirent dans le même temps, devant eux, laissant ainsi l’opportunité à la jeune fille d’accompagner le chevalier jusque vers la salle prévue à leur bonne entente. Mais alors, qu’elle introduisait le jeune homme à son oncle, la veuve s’aperçut presque aussitôt du regard inquisiteur de ce dernier. Surtout lorsqu’il vérifia de sa tenue. S’inclinant tout en se confondant en excuses, la lady de Castel-Bois demanda à se retirer pour quelques instants de manière à pouvoir se laver et se changer, laissant ainsi Lucas seul avec le Seigneur de Castel-Bois ainsi que ses cousins. Elle revint, accompagnée de Camelya, quelques minutes plus tard. Vêtue d’une robe toujours sombre, décrivant ce deuil qu’elle ne pourrait délaisser qu’avec le temps. Et alors qu’elle se joignait à l’attablée, la jeune fille remarqua le sourire en coin de sa cousine ainsi que son regard insistant qui était non sans lui rappeler les conversations tenues au sujet de Lucas Nerbosc. « Mon Oncle vous a quitté ? » Demanda t-elle tout en cherchant du regard la carrure spécifique du vieil homme. « Il se sentait souffrant et a préféré se retirer, Ma Dame. » Roadney lui lança un regard dans lequel Marianne comprit instantanément qu’elle avait déçu sa figure paternelle. Chose à quoi, elle s’empressa de dévier ce dernier pour se confronter à celui de Lucas. « Je vais faire amener de quoi permettre à Gareth de prendre des forces pour le reste de votre voyage. » Son sourire entendu espérait dissimuler la gêne de son être avant que finalement la conversation ne lui revienne en mémoire. « J’ai omis de vous demander à mon tour comment se portent les membres de votre famille. J’ose croire que votre frère, Brynden, fera bon voyage et saura profiter des festivités que le Bief a à offrir pour des épousailles. »

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Lucas se contenta de hocher la tête avec un sourire lorsque lady Marianne l’appela par son prénom plutôt qu’un quelconque titre qu’elle avait employé quelques secondes plus tôt. Après quoi le chevalier ne tarda pas à résumer le plus simplement possible la raison officielle de sa venue sur les terres de Lord Arwood Harlton. Il avait répété sur le trajet, silencieusement, son texte. Lui d’habitude si habile avec les mots et la prestance n’en menait pas bien large en cet instant. Il s’était montré plus sérieux qu’il ne l’aurait été d’habitude dans une telle situation. Par chance, Marianne ne s’en rendrait probablement pas compte puisqu’ils ne se connaissaient pas encore suffisamment. Lucas était habitué à amuser les foules ou bien à faire naitres des émotions, des motivations. Il pouvait lui arriver parfois d'enjoliver la vérité, de jouer sur les mots, de mentir le temps d’une taquinerie. Mais servir des mensonges n’étaient vraiment pas sa spécialité. Il s’était répété maintes fois qu’il ne s’agissait pas là de mensonges à proprement parlé et bien que cela ne soit pas la vérité, cette version de la réalité ne blesserait personne, bien au contraire, c’était là tout le but du voyage. Et pourtant Lucas ne se sentait pas à l’aise dans ce role, une pointe d’acidité lui demeurait au fond de la gorge. Même après que Brynden l’ait rassuré et lui ait dit qu’il trouvait que l’idée était bonne. Une fois son récit Lucas réussit néanmoins à se détendre un peu, voyant que Marianne ne s’offusquait en rien de sa présence et de sa témérité à passer sur ses terres. Il ne serait pas pris la main dans le sac comme un enfant en train de commettre une bêtises. Mais la rancoeur persistait dans sa bouche, il avait l’impression de se jouer de la bonté de la jeune veuve, elle n’avait décemment pas besoin de ça. Sa gentillesse alla même jusqu’à espérer que le corbeau envoyé par sa mère d’adoption ne contenait pas de tristes nouvelles. Aussitôt Lucas se mit à secouer la tête pour réfuter l’hypothèse. “Comme je vous l’ai dit, elle ne s’est pas étendue en détails, mais je ne pense pas que cela soit trop grave. Et puis Lady Shella se sent un peu seule là-bas à Harrenhal, alors c’est aussi un bon prétexte pour elle d’avoir un peu de compagnie. Si c’était vraiment grave, je pense qu’elle aurait contacté mon père ou bien les Darry. Mais ça me fait plaisir de lui rendre visite, je dois avouer que l’idée d’assister au mariage de Cersei Lannister et Loras Tyrell ne m’enchantait pas plus que ça. Et puis cela me permet de pouvoir prendre de vos nouvelles Marianne.” ajouta-t-il pour montrer qu’il avait lui aussi bien entendu la directive quant à la manière de se référer à la jolie brune.

Après quoi la jeune Harlton avait finalement proposé à Lucas de partager un déjeuner en sa compagnie, ce que l’émissaire du Conflans avait accepté avec plaisir, mais non sans proposer à la demoiselle de changer de tenue d’abord. Il lui avait déjà dit que son allure ne l’offusquait guère, mais il s’était dit que Marianne serait plus à l’aise dans une tenue propre plutôt que des vêtements séchés dans la boue, sans compter la possibilité d’abimer la toile des fauteuils. Mais ça n’était peut-être pas le genre d’éléments qui traversaient l’esprit de la jeune femme. Lui n’avait pensé qu’à son confort mais voilà qu’il avait l’impression de lui obliger une certaine prestance pour le recevoir alors que ça n’était rien de tout ça. “Encore une fois Marianne, il n’y a rien à pardonner, je vous l’assure. Je passe la moitié de mon temps à vivre sur les routes, je sais que parfois nous n’avons pas le choix et nous composons avec ce que nous avons. Bien sûr une tenue propre est toujours agréable sur sa peau, mais il y a des choses plus importantes.” Quand il aurait même donné ses pantalons et ses chaussures aux plus pauvres sans se questionner à deux fois. “J’espère en tout cas que la naissance s’est bien déroulé et que vous aurez là un bel et vigoureux destrier. A-t-il déjà un nom ? En tout cas, vos gens sont chanceux d’avoir une Lady comme vous à la maison, qui se soucie du fonctionnement et de les aider, je suis certain qu’ils vous le font sentir d’ailleurs.” Il y avait cette bienveillance et cet oubli d’elle même qui se dégageait de la nièce d’Arwood. Le Nerbosc était prêt à parier que la demoiselle était le genre à toujours se sacrifier au détriment d’autrui. Bien que le sentiment lui paraissait noble, il était attristé qu’elle n’accorde pas plus d’importance et d’attachement à sa propre vie, à sa propre valeur.

Marianne avait ensuite évoqué sa cousine, la jeune Lady Serrett et un flos de pensées était venu submerger le chevalier. Comment oublier une telle femme ? Malgré sa petite taille, elle ne manquait pas de faire un effet inversement proportionnel à celle là ! L’audace dont elle avait fait preuve alors en évoquant un mariage entre lui et la demoiselle de Castel-Bois. Lucas aurait aimé oublier cette proposition qu’elle lui avait faite, tant elle la gênait pour des raisons qu’il ne saisissait guère. Pourtant elle était venue le hanter et le questionner. Etait-ce ainsi qu’il regardait Marianne ? Etait-ce ce qu’il attendait d’elle ? Un mariage ? Etait-ce pourquoi il culpabiliser autant à l’idée de mentir sur ses prétextes pour lui rendre visite et passer du temps en sa compagnie. Lucas hésitait quant aux réponses de toutes ces questions. La jeune femme était belle, c’était une chose qu’on ne pouvait pas ne pas remarquer en la rencontrant. Il l’avait déjà pensé lorsqu’il l’avait vu pour la première fois accompagnée de son cher et tendre Torvald. Outre sa beauté, il ne s’était posé aucune question, elle n’avait d’yeux que pour son protecteur, le sujet n’existait même pas. Il savait aussi qu’elle était courageuse, loyale et dévouée aux siens. Cela, il le savait de son frère et il avait pu le voir de ses propres yeux lors de sa dernière visite et encore en ce matin même. Mais il respectait son deuil, malgré les élans que lui avait insufflés Azilys à ce sujet. Il savait que Marianne pourrait voir une protection dans une telle alliance, mais quelque chose lui disait qu’elle se sentirait également oppressée et probablement dans une sorte de détresse s’il lui faisait une telle offre. Se marier avec elle n’était pas ce qu’il recherchait, Lucas voulait simplement que la jeune femme retrouve le sourire. Peu importait les sentiments qui avaient pris semence en son coeur et qu’il tentait de faire taire depuis quelques lunes, ça ne serait pas sa décision à prendre, mais bien celle de Marianne, si c’était ce qu’elle voulait. Lui aussi voulait fonder une famille avec une femme qu’il aimerait comme il avait vu son père aimer sa mère, mais il n’était pas pressé, il pouvait attendre. Et si Marianne ne venait jamais à le regarder de cette façon, mais retrouvait le sourire avec un autre, cela serait tout de même une victoire. Il n’aurait plus qu’à panser son coeur et  attendre que les Anciens ne lui mettent la fameuse créature attendue sur sa route. Le regard de Lucas s’échappa alors vers les escaliers, craignant de voir la fameuse cousine apparaître sur les marches. Nul doute qu’elle n’aurait pas fait preuve de plus de retenue que la fois précédente et aurait mis les deux conflanais dans un état de gêne incommensurable. Mais la nouvelle de sa grossesse dans la bouche de la Harlton repris son attention. “Oh. Vous ne manquerez pas de la féliciter pour moi.” Il fit une pause, doutant soudainement de la nature joyeuse ou bien au contraire d’un événement comme celui-ci pour une Lady comme elle. “J’espère qu’elle trouvera là une nouvelle joie pour son quotidien.” A défaut de l’avoir trouvé dans son mari comme il semblait l’avoir compris.

Mais alors que le duo avançait dans la demeure, leur route croisa celle du seigneur des lieux. Lucas n’eut le temps de rien dire que déjà Marianne disparaissait en se confondant en excuse après un regard très compréhensible jeté par son oncle. Le jeune homme se redressa alors, rentrant à nouveau dans son rôle d’émissaire face à Arwood. Ils échangèrent alors quelques banalités sur la région, sur les dernières nouvelles données par le suzerain. Et si Lucas avait craint de voir Azilys arriver par les escaliers, il ne put contenir une légère surprise en la découvrant déjà attablée, face à son mari. Il salua alors le jeune et pris place à table, soulagé que Marianne ne soit pas là en même temps pour entendre les propositions aventureuses du paon argenté. Si l’hypothèse lui avait semblé jusqu'alors impossible compte tenu de l’état du deuil de la Harlton, Lucas se demanda subitement si lady Azilys avait avancé le mariage à sa cousine ? Ou s’il était le seul qui y avait eu droit. Arwood fini par quitter le groupe avant même que le paon n’est commencé à se lancer sur le terrain glissant qui lui tenait tant à coeur et Marianne revint quelques minutes après cela. Lucas fut alors partagé entre le soulagement de ne plus avoir à faire face seul, à la petite magicienne assise à côté de lui, mais la crainte de lui donner là une occasion de parler alors qu’il aurait préféré qu’elle se taise. Il sentit la jeune femme à ses côtés frémir mais heureusement, celle qui s’était installée en face de lui pris la parole avant, coupant l’herbe sous le pied de la future maman. “Merci Lady Marianne.” devant les cousins de la veuve, Lucas préférait reprendre les conventions habituelles, sans quoi il craignait une réaction digne de ce nom de la part de Lady Azilys. “C’est vraiment aimable à vous.” La jolie brune le questionna ensuite sur des nouvelles de sa famille, s’enquérant plus particulièrement du cas de son aîné Brynden. Alors que le cadet allait répondre, la jeune Serrett à ses côtés poussa sa chaise avec précipitation pour courir hors de la pièce, une main sur la bouche. Ser Humfrey resta quelques instants hébétés avant de partir à sa poursuite, l’air inquiet. “Tout va bien ?” demanda alors Lucas à Marianne, pas bien plus rassuré que le jeune mari. Il avait entendu que certaines femmes enceintes pouvaient être malades, mais ayant était loin de sa mère lors de la grossesse de ses frères et soeurs, ça n’était pas réellement quelque chose dont il avait pu témoigner.

Une fois que Marianne l’eut rassuré sur la condition tout à fait habituelle de sa cousine, le chevalier pris son courage à deux mains et décida qu’il n’aurait probablement jamais une meilleure opportunité, s’il ne voulait pas repartir bredouille. “Les Nerbosc vont très bien dans l’ensemble. Mon père continue son travail pour le Conflans et se réjouit des dernières fiançailles pour notre famille, vous avez probablement entendu ? Brynden a été assez surpris, et il n’est pas le genre à s’extasier devant une promesse de mariage, mais je pense que dans le fond il est heureux d’être le futur protecteur de la princesse Daenerys. Les animations sociales ne sont pas vraiment son fort, mais il ne pouvait guère manquer le mariage du Lion et de la Rose, pas après le rôle qu’Olenna à joué dans ces fiançailles. Hoster lui est toujours dans ses livres et Bethany est un peu plus belle et intrépide chaque jour, pour la plus grande crainte de notre père, mais qui la chérit toujours comme son plus grand trésor.” Le regard de Lucas s’était égaré et un sourire nostalgique s’était dessiné sur ses fines lèvres. Elle ressemblait un peu plus chaque jour à Arwyn et cette idée lui réchauffait le coeur autant qu’elle lui rappelait l’absence de sa mère. Le jeune homme se ressaisit alors et plongea alors son regard vert dans celui de Marianne qui offrait alors un miroir. “Pardonnez-moi impudence Marianne, mais je me demandais si vous m’accompagneriez jusqu’à Harrenhal ? Je sais que vous avez des invités ici, que vous avez sans doute beaucoup à faire sur votre domaine, mais je me suis dit que de sortir un peu pourrait vous faire du bien ? Revoir d’autres Conflanais ? Je suis sûr que Lady Shella apprécierait beaucoup de voir quelqu’un qui ne porte pas de barbe pour changer un peu.” ajouta-t-il avec un petit rire. Il lui semblait que sa meilleure chance pour convaincre la douce Marianne était de la faire se sentir utile auprès des gens qu’ils croiseraient sur la route et de la Lady Whent. C’était aussi un bon moyen pour elle de retourner sur les routes, de faire face à ce qui avait coûté la vie à son mari, mais cet argument là devait venir d’elle, pas de lui. “Shella a beau m’aimer, sa fille lui manque et son entourage est principalement masculin. Sans compter que vous pourriez profiter de ce court voyage pour prendre la température de la régions sur vos terres et les voisines pour votre oncle.” Lucas se racla la gorge et tentant une dernière fois. “Je ne peux pas vous forcer Marianne évidement, mais vous ne laisseriez tout de même pas le fils de votre suzerain sur les routes sans compagnie digne de ce nom ? Vous avez bien vu de vos propres yeux ce qui me servent d’escorte ?” Le sourire amusé qu’il afficha ne laissait aucun doute sur l’humour de ses propos, bien loin de dénigrer ses hommes. Il essayait de la faire rire en employant ce simulacre de chantage. Il aurait pu prétendre avoir besoin de sa protection, mais il craignait qu’une telle touche d’humour ne lui rappelle l’attaque qu’avait subit Torvald.
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Un périple vers un renouveau.
An 299 Lune 1 Semaine 1
L’aisance illuminait la silhouette du chevalier. Telle une lumière dans l’obscurité, elle renvoyait l’image même d’un resplendissant inaccessible dans lequel bonté et dévotion se mêlaient. Le jeune homme dégageait une prestance des plus élégante et ce même les journées de voyage tiraient légèrement certains traits de son visage. Il n’en restait pas moins que sa force ne cessait d’irradier dans son allure et qu’elle témoignait d’une présence des plus accueillantes. Son sourire à cet instant était probablement l’un de ces détails devant lesquels la jeune veuve devait se raccrocher. Un geste, aussi anodin, soit-il, grâce auquel le temps lui prouvait à quel point tous en valaient la peine. Son deuil resterait présent probablement pendant longtemps, néanmoins, les exemples se succédaient afin de lui prouver qu’elle détenait assez de force pour l’affronter. Le jeune homme le lui prouvait sans même en avoir réellement conscience par ce simple sourire. Il ne cessait de la confronter face à cette volonté de se sortir de cette torpeur, de laisser enfin la bise chasser doucement mais surement le brouillard pour que les nuages en soient moins étouffants. Peut-être parviendraient-ils à instaurer des éclaircies dans ce ciel emprunt à la lourdeur ? L’espoir redonnait l’impression de chasser doucement le chagrin, lui aussi. Bienveillant, il revêtait des formes dessinant divers traits de visages grâce auquel le poids devenait moins encombrant. L’air en était même plus respirable jusqu’à ce qu’elle ne rejoigne ses appartements. Voilà pourquoi sortir avait été une solution pour laisser de côté le reste. Pour ainsi partager un peu de ce qu’elle était avec ce qu’elle était devenue. Avait-elle changé à tout jamais ? Une part d’elle savait pertinemment que la Marianne d’antan devait apprendre à côtoyer celle du présent, ce qui l’effrayait d’une certaine façon, alors qu’elle devrait se confronter à ses erreurs et ses échecs. Y parviendrait-elle un jour ? Probablement qu’avec l’aide des siens, même si le chemin en serait délicat et long, la destination, elle, n’en serait que plus certaine. Aussi, les souvenirs de ce passé vinrent doucement se heurter à cette scène. L’amenant à quelque temps en arrière, dans cet exode où la légèreté avait encore le droit d’exister. Un sentiment d’appréciation vint à naître en son sein au moment où ce sourire devant lequel elle pouvait s’imprégner, lui laissait sous entendre qu’elle était encore à même d’appréhender un peu de bonté pour  autrui. Un bonheur ou plutôt une joie qui embellissait ainsi les traits du jeune homme. Du plus loin qu’elle puisse s’en souvenir, Lucas avait toujours eu cette capacité à partager sa joie par le biais de son sourire. Ce dernier prenait des allures sincères et révélatrices d’une réelle bienséance dès lors qu’il adoucissait ses traits. Certes, son rôle d’émissaire jouait probablement beaucoup en cette faveur, cependant, il résidait une honnêteté qu’elle percevait aisément en cet instant. Les regards qu’ils échangèrent croisèrent quelques émotions devant lesquelles l’inquiétude trouvait son berceau dans les yeux de la jeune fille. La nouvelle lui donna l’impression de la heurtait à ce présent qu’elle n’avait que trop repoussé. Lui laissant ainsi le goût amer d’un oubli qui commençait à la culpabiliser. Son chagrin avait figé son rôle, ce pourquoi elle s’était battue jusqu’alors. Aussi, sa conscience lui donna l’impression de la rattraper au moment où l’évocation de cette pauvre Lady Whent esseulée vint à éveiller des troubles honteux. Leurs conditions étaient semblables, pourtant Marianne sentait les remords abattre leurs courroux sur son âme à mesure que les mots déliaient la langue du chevalier. Là, la lady de Castel-Bois se heurtait inexorablement à cette image qu’elle avait toujours eu en dégoût, à savoir un égoïsme la privant de toute vraisemblance avec le monde extérieur. Son regard changea, prenant des élans dans lesquels son repentir cherchait à se confondre dans ses excuses qu’elle avait laissé échapper. « Vous êtes un homme bon. » laissa t-elle échapper timidement avant de finalement baisser ses yeux. Lui l’était alors qu’elle… Sa torpeur lui donna l’air de l’assaillir pour une fois de plus, avant que la bonne entente de Lucas ne lui fasse réaliser à quel point tous deux partageaient des traits de caractère assez semblables. Sa générosité était un trésor que beaucoup chérissaient. Et sa gratitude veilla à faire taire ce sentiment houleux au moment où elle prenait conscience des mots qu’il lui accordait. Ses yeux parvinrent à affronter les siens avant de finalement lui accorder un sourire dont les esquisses étaient sincères et délicates. « Je vous remercie, Lucas. » Son ton gardait cette timidité intacte alors que les attentions tendirent à lui prouver à quel point sa force se devait de lui revenir. Non pas pour elle, mais pour ceux qui osaient croire en elle. Lucas lui renvoyait l’image de tout ce dont elle aspirait à devenir, lui laissant ainsi l’opportunité de se confronter à une bonté dont les habitudes veillaient à ce qu’elle l’offre plutôt qu’elle ne la reçoive.

Sa prévenance eut raison de la réalité qui les rattrapait alors que leurs pas les rapprochaient considérablement de l’entrée de la maisonnée. La conscience de la jeune fille eut tôt fait de s’imposer devant ses yeux sous les rythmes des échanges avec le jeune homme. Lui faisant ainsi se rendre compte que sa tenue n’était pas en équation avec le rôle qu’elle se devait de tenir. Gênée d’une telle révélation, Marianne s’enquit de se confondre en excuses devant l’émissaire de sa région. Mais bien vite ses appréhensions furent rassurées par les bienveillances de Lucas, lui permettant ainsi d’apaiser les ardeurs de son cœur et de laisser de côté ce que le protocole se devait d’imposer entre suzerains et vassaux pour ne se présenter que comme un homme face à une femme. Pour une fois de plus, Marianne osait trouver dans les dires du chevalier quelques similitudes avec son propre caractère. Les apparences ne lui faisaient aucun effet, privilégiant ainsi des priorités sur le reste. Ce constat veilla à faire redresser le regard de la jeune veuve pour oser essayer de trouver ces vérités qu’elle entendait depuis toute à l’heure. Chose qu’elle ne manqua pas de déceler dans les yeux doux et encourageant du jeune homme. Cela était à la fois surprenant et déroutant de pouvoir se plonger dans un miroir comme celui-ci. Une aubaine qui était sans pour lui rappeler à quel point sa dévotion pour la famille Nerbosc grandissait de jour en jour tant l’honneur les encerclait d’une telle bonté. Peut-être paraissait-elle troublée devant les aspirations du jeune homme et déjà, la jeune fille essayait de retrouver une certaine contenance afin de ne pas paraître plus idiote qu’elle ne devait probablement se montrer. « Tout s’est passé pour le mieux, la mère et le petit se toisent tout en appréciant les liens qui les unissent. Hélas, nous n’avons pas encore trouvé un nom pour le ravir, nous attendons généralement que quelques jours passent pour vérifier de son comportement ou même de sa bonne survie. » Dès lors qu’elle pouvait conter un peu de ce que ses gens avaient à lui offrir, le cœur de Marianne se mettait à bondir contre sa poitrine. Gonflé d’une véritable fierté, ce dernier se chargeait aussi de cet amour qu’elle veillait à leur porter à tous. Ses yeux s’illuminaient devant l’évocation du jeune homme. La lady de Castel-Bois reconnaissait là ses torts que de participer à cette vie, et pourtant, elle veillerait à toujours le faire parce que cela faisait partie d’elle. « Nobles ou pas, nous nous devons de nous protéger les uns les autres et cette protection passe obligatoirement par l’entraide. Il me suffit d’un simple sourire et d’une bonne entente avec les miens pour que mon cœur soit comblé. » se confia t-elle sans vergogne dans l’espoir que la compréhension de ses agissements puissent toucher la bonté du second fils de Tytos Nerbosc. Une part d’elle osait croire en cette possibilité, surtout grâce à ce qu’elle avait pu entendre jusqu’à maintenant. Si tous deux se ressemblaient de cette manière, alors Lucas était à même de déceler les raisons pour lesquelles Marianne témoignait autant de gratitude envers ses petites-gens. Mais bien vite se sujet donna l’air de se suffire à lui-même alors que l’évocation de sa cousine amena d’autant plus de légèreté que d’amusement pour la suite de la conversation. En effet, les sourires ne tardèrent pas à se confondre en une sorte de complicité naissante dès lors que son nom fut évoqué. A en juger par le comportement du jeune homme, Marianne pouvait percevoir ô combien la lady de Montargent avait laissé une trace indéniable dans l’esprit de ce dernier. Peut-être s’était-il amusé de son côté avenant et très imposant aussi, il fallait le noter ? A moins qu’il n’ait pu lui aussi remarquer à quel point ce petit bout de femme était à même de pouvoir redonner le sourire à n’importe qui ? Certes, les relations entre les deux cousines paraissaient vraiment difficiles de prime abord, néanmoins le temps et les épreuves avaient su leur révéler, à toutes les deux, à quel point les apparences pouvaient être trompeuses. Délaissant sa vanité au profit d’une réelle présence, Azilys avait su prouver à Marianne que les confidences qu’elles avaient partagées avaient pu souder le lien qui les unissait. Les différents concernant leurs divergences quant à leurs avis concernant leurs rangs perduraient, mais qu’est ce que cela pouvait-il représenter en comparaison du reste ? De ce soutien, de cette écoute, mais surtout de cette voix qui avait su parler à son cœur dans les instants les plus douloureux. Si Marianne avait eu le courage de se ressaisir, si elle avait su trouver un peu de repos dans ses tourments, les résultats en venaient directement du Paon Argenté. Et bien sûr cette dernière n’avait pas tari d’éloges concernant le chevalier. Lui assénant des qualificatifs mettant en évidence combien son éloquence et sa générosité étaient des qualités propres au Conflans. Des qualités que Marianne appréciait et qui révélaient la réelle bonté d’un homme. La lady de Castel-Bois n’avait pu qu’acquiescer les qualités que sa cousine lui vantait avant de finalement admettre qu’il était également un bel homme. De quoi faire jubiler le Paon, qui n’avait pas attendu plus de quelques secondes pour embellir le charisme du chevalier. A croire qu’elle en avait le béguin. Cette conversation avait amusé Marianne alors qu’elle envisageait déjà des occasions où Azilys serait capable de trouver des instants pendant lesquels Lucas et elle pourraient peut être conversés. D’ailleurs la surprise n’en serait que plus évidente et plus amusante surtout lorsque tous les deux pourraient se retrouver. Néanmoins, la jeune fille avait jugé utile d’informer de l’état de sa cousine à Lucas. Un sourire sur le bord de ses lèvres, Marianne appréciait chacune des réactions du jeune homme, même si elle remarquait la fuite qu’il s’évertuait d’entamer avec son regard. Venait-elle de dire une sottise ? Finalement, la jeune fille prenait conscience que des vérités lui échappaient, probablement à cause de son deuil qui l’avait tant aveuglé. Ce sourire s’effaça doucement, laissant place à une mine dépitée non pas à l’encontre du chevalier mais envers sa propre personne. « Je n’y manquerai pas. » rétorqua t-elle simplement tout en imitant le même geste que Lucas. Ses yeux fuirent à leur tour, se dérobant devant des escaliers qui lui renvoyaient l’image de cette froideur qu’elle avait revêtit pendant plusieurs lunes, avant que sa tête ne finisse par se secouer d’une manière affirmative devant la prévenance qu’elle retrouver. « Nous l’espérons tous également. » finit-elle par admettre tout en partageant pour quelques secondes de plus ce sourire timide qu’elle retrouvait à peine. L’annonce d’une grossesse à Castel-Bois était une réelle bonté, même si cette dernière ne touchait pas celle que tous avaient espérée. Les remords la rongeaient malgré sa volonté de ne rien montrer à autrui. Et puis, peut-être devait-elle simplement attendre en un meilleur pour son fief ? Le temps finirait forcément par lui souffler une direction à prendre ou du moins de nouvelles opportunités à envisager.

Pour l’instant, l’heure n’était pas à ce genre de questionnements mais plutôt à la bonne restauration de ses invités. Tous devaient probablement avoir le ventre vide et désiraient simplement trouver un peu de repos après le voyage qu’ils venaient de traverser. Aussi partager le pain et le vin ne serait qu’un prétexte de plus pour profiter davantage de la compagnie du chevalier. Excusée pour mieux revenir par la suite, Marianne se hâta de changer ses apparats et s’enquit de trouver Camelya pour l’aider à mettre un peu d’ordre dans ses cheveux. Chose faite, elle s’empressa de regagner la grande salle et s’enquit de la santé de son oncle. Ser Roadney ne manquait à sa place et l’informa rapidement de l’indisposition de ce dernier. Retrouvant les siens, Marianne salua l’ensemble de l’attablée avant de finalement mettre en évidence sa profonde implication concernant le bien être des hommes qui accompagnaient Lucas en leur proposant un repas à eux aussi. Quelque peu troublée par cette proximité, la lady se contenta ensuite d’accueillir les remerciements du chevalier par un acquiescement de tête avant de déporter ses yeux en direction de sa cousine. Son regard se fronça doucement, signe de son incompréhension devant le sourire en coin d’Azilys, sourire qui donna l’air de s’accentuer au moment où le jeune homme mettant en exergue son amabilité. « Ce n’est rien. » rétorqua t-elle en quittant ses yeux du visage de sa cousine pour trouver celui de Lucas.  Bien entendu les commodités ou plutôt les réflexes la concernant ne tardèrent pas à lui revenir, privilégiant alors des nouvelles de ses suzerains. Attentive à la moindre des réactions du jeune homme, sa surprise rejoignit celle de ce dernier au moment où sa cousine se leva précipitamment pour courir en direction de la porte. Humfrey sur ses pas, voilà que cela eut tendance à surprendre Marianne qui connaissait la grossesse d’Azilys pour être plutôt calme et bien moins maladive que ce que l’on avait pu leur conter. Jouait-elle la comédie ? Interloquée par ce comportement, la jeune fille laissa son regard déambuler sur la porte ainsi que les carreaux du sol. « Les grossesses sont parfois difficiles dans les premiers mois. Le repas matinal doit être une épreuve pour ma cousine. » Sa voix prenait des allures de stupeur avant que ses yeux ne se reportent sur la porte. Mais valait mieux t-il laisser cela de côté et se remplir le ventre par le biais de ses gourmandises qui lui tendaient les bras.

Ainsi seuls, partageant un repas, Marianne s’enquérait de présenter certains mets à Lucas pour que ce dernier puisse se restaurer convenablement. Son attention fut captivée par les nouvelles qui trouvaient une place réelle dans son cœur. Ainsi, l’ensemble des Nerbosc se portaient à merveille. La jeune veuve accueillait chacune des informations avec la plus grandes des attentions et son visage témoigna d’une joie sans précédent au moment où Lucas lui annonçait les fiançailles de son frère aîné. Jamais Brynden ne lui avait annoncé une telle nouvelle, probablement en raison de ce qu’elle avait pu vivre. Aussi, cette annonce veillait à raviver un peu plus les chaleurs du cœur de la jeune fille concernant les belles prouesses de leur région tant chérie. « L’annonce de ces fiançailles m’emplissent de joie. Votre frère ne m’en avait pas informé encore, mais c’est une très grande nouvelle pour le Conflans. » lassa t-elle échapper dans un sourire sincère. « Vous me voyez ravie d’apprendre que tous se portent pour le mieux et que votre jeune sœur devient notre plus belle fleur. » Son regard osait cette fois, détailler le visage du jeune homme. Il lui donnait l’impression de vivre ou plutôt de revivre des instants partagés avec les siens. Sa bonté irradiait encore chacune des parcelles de ses traits, l’embellissant et lui accordant des allures d’un fier protecteur des siens. Selon la jeune fille, rien n’était plus beau que de se confronter à ce spectacle : celui dans lequel le cœur donnait l’impression de se dévoiler d’une certaine manière. Et il s’agissait là de ce qu’il se passait. Et alors que leurs regards se croisaient à nouveau, le temps donna l’air de se figer au moment où Lucas recommençait à prendre la parole. Avait-elle bien entendu ? Dès les premiers mots énoncés, Marianne eut l’impression que son cœur s’arrêtait de battre contre sa poitrine et que l’oxygène ne parvenait plus à gonfler ses poumons. Spectatrice, elle dévisageait encore les traits du visage de Lucas avant de prendre connaissance de la couleur de ses yeux.  Verts. Pas comme les siens, ni comme ceux de feu Torvald, ils se déclinaient sous une autre teinte beaucoup plus foncée, mais tout aussi belle. L’on aurait cru y voir des dorures dans ce soleil chaleureux. Que devait-elle répondre ? Plus les arguments étaient énoncés et plus la jeune fille prenait conscience des vérités la concernant.  Revoir d’autres résidents du Conflans était une idée qui lui plaisait énormément tout comme celle de pouvoir partager de son temps aussi bien avec Lady Whent qu’avec lui. Pourquoi avait-elle droit à de telles attentions ? Pourquoi elle et pas une autre ? Le rire du chevalier tendit à lui faire prendre conscience qu’elle pouvait respirer ou du moins que son regard devait arrêter de se poser autant de questions. Partir les routes. Là était le problème le plus difficile à affronter, se confronter à nouveau à ce danger, y revoir des signes distinctifs qui la ramènerait probablement vers cet épisode insurmontable. Le doute la guettait à la moindre occasion et voilà qu’elle lui avait laissé une opportunité de plus pour la figer. Mais bien vite, les diverses attentions qu’elle recevait parvinrent à la toucher. Les arguments donnaient l’air de jaillir de nulle part, lui permettant ainsi de comprendre à quel point le jeune homme tenait à sa présence à ses côtés. Ses yeux cherchaient encore à déterminer une comparaison face à cette couleur qu’elle découvrait alors que petit à petit ses lèvres se pinçaient au moment où son cœur lui, retrouvait une course sans rythme dans sa gorge. « Vous accompagner ? Moi ? » L’on aurait cru qu’elle questionnait Lucas dans un souffle alors que son regard commençait à se dérober pour trouver un refuge dans la tarte qui se tenait entre eux. « Ne vous serai-je pas un fardeau ? Ne vous retarderai-je pas ? » Etait-elle en train de chercher des excuses ? D’un regard extérieur, certainement que cela devait paraître sous cet augure alors qu’elle ne songeait qu’au bien être de son invité. Bien vite, ce constat l’obligea à remonter son regard pour justifier sa démarche. « Je ne cherche pas des excuses pour me dérober, j’apprécierai réellement vous accompagner et pouvoir à nouveau retrouver des nôtres… » Alors quoi ? Pourquoi laissait-elle sa peur prendre le dessus sur le reste alors qu’elle n’empruntait pas la même route et qu’elle savait que plus elle retardait l’échéance et plus douloureuse serait l’épreuve. « C’est juste que… je ne sais comment mes réactions se dévoileront sur la route… Et je crains de ne pas être à la hauteur de vos espérances, vous méritez… » Par les Sept qu’elle s’énervait à se laisser influer par ses craintes alors que sa délivrance se présenter juste là devant ses yeux. « Veuillez pardonner mes craintes, elles tendent à exercer des moments d’égarement qui me rappellent le désespoir que j’ai connu. » Pour une fois de plus, ses yeux se dérobèrent pour se poser cette fois ci sur les mains de Lucas. « Si j’accepte de vous accompagner, m’aiderez-vous à aller de l’avant ? » osa t-elle demander d’une voix si douce et si petite qu’elle n’était pas certaine qu’il l’ait entendu. « Puis-je me reposer sur vous Lucas ? » Cette question avait bien de valeur rhétorique et symbolique que tout le reste. Marianne venait d’accepter et ce en démontrant au chevalier que sa confiance lui était dû entièrement.

AVENGEDINCHAINS
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Un sourire quelque peu gêné vint étirer les fines lèvres du chevalier l’espace de quelques secondes. Un homme bon. Voilà ce qu’elle pensait de lui pour se rendre aussi serviable auprès de Lady Whent. Malheureusement cela faisait écho à ses doutes et à sa culpabilité de jouer avec les faits de la sorte, tout cela pour prendre de ses nouvelles et tenter de la faire sortir de son domaine. Shella ne savait même pas qu’il arrivait, quel homme bon faisait-il là. Il n’était pas mauvais, ça il pouvait le concéder plutôt facilement, il était confiant d’œuvrer pour de bonnes causes, de nobles causes à ses yeux. Mais cela ne suffisait pas à faire de lui un homme bon, pas en manipulant les faits de la sorte. Il se félicitait simplement que lady Azilys ne soit pas réellement une magicienne et ne soit pas capable de lire dans les pensées. Après leur discussion quelques semaines plus tôt, elle n’aurait pas manqué d’appuyer sur tous les points qu’il jugeait douloureux à présent. Mais Lucas ne pouvait pas continuer à se questionner et se violenter intérieurement pendant des heures, sinon il n’obtiendrait aucun résultat, si ce n’est conserver cette amertume bien trop longtemps dans sa bouche. Il préférait remettre ses remords à plus tard et essayer de mener à bien sa mission. Il la regarda baisser les yeux, le remercier timidement une nouvelle fois. Il dut se retenir de passer sa main sous son menton pour le lui relever délicatement. Il avait l’impression que la lueur qu’il avait vu émaner autour d’elle en arrivant venait de s’estomper à nouveau. Mais il avait conscience que ce geste aurait été déplacé et aurait causé plus de tort que de mal à tous les deux. Une nouvelle fois, il voulait lui laissait le temps qu’elle jugeait nécessaire, ne pas la brusquer de trop. Sa proposition tout à l’heure serait déjà assez ambitieuse pour ne pas en rajouter maintenant. Mais il était curieux de savoir ce qui pouvait bien se passer dans sa tête, derrière ce joli visage si doux et innocent, ayant pourtant vécu bien trop de tristes histoires malgré son jeune âge. Il craint que sa présence ne l’ai mise mal à l’aise. Peut-être n’aurait-il du jamais venir ? Les poulains se débrouillaient bien mieux que lui pour lui redonner le sourire.

Il n’était pas sûr de savoir ce qui lui avait fait baisser les yeux de la sorte quelques instants plus tôt, mais il était heureux de voir que ce qu’il avait à dire sur sa tenue la détendait quelque peu. Jamais il ne se serait permis de critiquer les vêtements de ses hotes, dans aucun contexte imaginable. Si Marianne s’était sentie honteuse de le recevoir dans sa robe ensanglantée, il lui avait assuré qu’il ne fallait pas qu’elle y attache d’importance, qu’avec son quotidien, il était bien placé pour savoir que la praticité primait sur la coquetterie. La lady Harlton ne lui avait jamais semblé être le genre à se passionner pour les tissus nobles et les bijoux. Il l’avait toujours vu élégamment vêtue, mais sans fioritures inutiles. Il devait également reconnaître que la jeune femme n’avait pas besoin de grand chose pour être mise en valeur. Les bijoux lui étaient inutiles tant l’attention était captée par les lignes gracieuses de son visages. Les seules pierres précieuses qui brillaient et qui étaient importantes étaient ses yeux. Lucas baissa soudainement le visage lorsqu’il se rendit compte qu’il était en train de détailler le visage de la jeune femme, se laissant aller dans ses pensées. Il espérait simplement ne pas avoir été trop insistant au point de la mettre mal à l’aise. Le Nerbosc profita alors de l’occasion pour questionner lady Marianne sur le poulain qui venait de voir le jour pour la première fois. Une distraction tombée à pique. Mais une distraction de courte durée puisque déjà Lucas se mettait à la complimenter à nouveau. Il n’avait pas entendu beaucoup d’histoires de Lady qui aidaient leurs chevaux à mettre bas, ou qui participaient activement à la vie de leur domaine, pas simplement en signant des missives, c’était quelque chose qui plaisait à l’émissaire, il devait bien le reconnaître. “Vos paroles font plaisir à entendre Lady Marianne. Si seulement un peu plus de gens pouvaient penser comme vous, le monde ne s’en porterait que mieux… et je me retrouverais sans travail probablement.” Lucas émit un petit rire. Ça n’était qu’une plaisanterie. Son travail ne se résumait pas à régler les conflits et quand bien même son occupation d’émissaire n’aurait-elle plus de nécessité, il n’en serait pas moins activité, il y avait toujours quelque chose à faire, quelqu’un à aider.

La conversation dévia une nouvelle fois, cette fois-ci évoquant la cousine de la jeune lady. L’un comme l’autre n’avaient pu retenir des sourires assez évocateurs de l’impression laissée par le paon d’argent. Il était impossible de ne pas être marqué par une rencontre avec cette jeune femme. Lucas devait reconnaître qu’elle suscitait également une certaine crainte chez lui. Quand la brunette avait une idée en tête, il semblait impossible de la lui ôter. Comme Marianne lui annonçait sa récente grossesse, Lucas lui demanda alors de la féliciter de sa part. Mais il eu l’occasion de la féliciter de vive voix quelques instants plus tard alors qu’il prit place à table aux côtés de la Serrett, pendant que Marianne allait revenir une tenue propre. Lorsqu’elle revint, elle apprit au chevalier qu’elle s’était chargée de faire parvenir un repas à ses hommes également, et Lucas la remercia chaleureusement. Alors qu’il redoutait une intervention piquante de la cousine, il fut surpris de la voir quitter précipitamment la pièce, son mari à ses trousses et questionna lady Marianne à ce propos. Elle le rassura alors, expliquant que cela faisait parti des conséquences de la grossesse. Pourtant quelque chose laissait penser au chevalier que la jeune femme n’était pas bien convaincue par ses propres dires. Alors le regard de Lucas suivit celui de Marianne et se posa lui aussi sur la porte. Soupçonnait-elle Azilys de feindre la maladie ? De jouer la comédie ? Quel en serait l’utilité ? Ne préférait-elle pas les assommer de tous ses commentaires ? Dire haut et fort devant tout le monde à quel point elle les trouvait parfaitement adapté l’un pour l’autre ? Lucas avait du mal à croire qu’un tempérament comme le sien préférait leur laisser un moment en tête à tête plutôt que de s’en mêler… Il ne le saurait peut-être jamais, il devait s’y résoudre.

Le nouveau calme fut alors propice pour Marianne pour demander des nouvelles de sa famille. Lucas ne manqua pas de parler de son frère, de son père et de sa jeune soeur, ceux qui étaient probablement les plus familiers à la jeune femme. L’émissaire fut surpris de voir qu’il était celui qui apprenait la nouvelle des fiançailles à Marianne. Il était vrai que la nouvelle était plutôt récente, mais il était persuadé qu’elle avait déjà fait le tour de la région, plusieurs fois même. Il s’en voulu de ne pas avoir mieux présenté les choses. Peut-être que dans ce cas, Brynden aurait préféré être celui qui l’annonçait à son amie. “Je suis désolé, j’étais persuadé que la nouvelle vous était parvenu. Peut-être que mon frère voulait vous l’annoncer lui-même ? Voilà que j’ai marché sur ses plates-bandes. Mais oui, c’est une excellente nouvelle. Voilà que l’héritier du Conflans va enfin se marier, quand la princesse aura atteint sa majorité. Nous espérons qu’elle puisse se rendre à Corneilla avant ça, pour commencer à découvrir sa future demeure. Si c’est le cas, j’espère alors que vous viendrez chez nous pour l’accueillir, notre foyer est tellement masculin, je pense qu’elle aura besoin de toute la compagnie féminine qu’elle pourra trouver. On dit qu’elle est réservée, qu’elle ne parait pas beaucoup à la cour de son frère. Votre douceur pourrait lui être d’un certain réconfort ?” Et voilà que Lucas s’était emballé une nouvelle fois, tirant de nouveaux plans sur la comète. Il ne savait même pas si la princesse allait venir à Corneilla, ou si les quelques rumeurs à son propos détenaient un semblant de vérité. Il craignait à présent la réponse de la jeune femme, quoique sa politesse l’emporterait peut-être. Après tout il n’y avait aucune date, aucun impératif.

Puis ce fut pour lui l’occasion de faire sa proposition à la jeune femme. Il était venu là avec un but et il ne voyait guère meilleure opportunité devant lui pour faire sa proposition. Il parla. Beaucoup, vite. Cherchant à se montrer convainquant mais nullement oppressant. Il regardait Marianne dans les yeux et tentait de ne pas se laisser déconcentrer par les émotions qu’il y voyait défiler. Il savait qu’il lui en demandait beaucoup. Il voulait qu’elle accepte, mais pas parce qu’elle aurait l’impression de ne pouvoir le lui refuser, parce qu’il était un Nerbosc. Visiblement, c’était la surprise qui avait pris le pas sur tout le reste chez la jeune femme. “Oui, vous Marianne.” répondit-il d’un ton on ne peut plus calme. Puis vint le moment où la jeune femme exposa ses doutes, ses craintes. Lucas supposait que ses craintes étaient plutôt tournées vers elle même plutôt que la mission en tant  que telle. Il voyait que la jeune femme doutait encore beaucoup de ses capacités. Il pouvait le comprendre cependant avec ce qu’elle avait vécu. Elle s’était sentie heureuse, épanouie et en sécurité et tout cela lui avait été enlevé en l’espace de quelques instants. Il y avait de quoi douter de soi ensuite, et de tout ce qui nous entourait. Lucas secoua la tête, toujours aussi calme. “J’imagine que vous êtes le genre à monter, ma lady, pas de celles qui se déplacent dans de lourds carrosses, vous ne nous retarderez pas. Quand bien même, Shella ne sera pas à un ou deux jours près. Il faudra peut-être se faire pardonner en restant un peu plus à Harrenhal.” dit-il en reprenant son air farceur. Le Nerbosc laissa ensuite Marianne lui faire part de ses doutes. Elle ne cherchait pas d’excuses, mais elle avait peur, Lucas le voyait. Après tout, elle avait perdu Torvald dans un voyage plutôt similaire, il ne lui semblait pas qu’elle avait repris la route depuis, il y avait de quoi craindre ses propres réactions.

Si le chevalier avait retenu son geste un peu plus tôt, cette fois-ci, cela ne fut pas la cas. Lucas vint poser sa main sur celle de Marianne, sur la table, réconfortante, sereine. “Marianne, j’espère que vous me pardonnerez mon audace de vous parler ainsi, mais je pense que vous vous posez trop de questions concernant mes espérances. Je n’arrive pas à imaginer un scénario dans lequel vous pourriez me décevoir d’une quelconque sorte. Et quand bien même, si je venais à être déçu par vous, alors je serais un idiot de réagir de la sorte, et il ne faudrait nullement vous en vouloir.” Il avait parlé doucement, d’un ton rassurant, cherchant à la faire relever le visage. “Je vois déjà là des bribes de votre fier courage réapparaître et cela me fait chaud au coeur. Brynden m’a dit de quoi vous étiez capable, c’est pour cela que je vous propose ce voyage. Je lui fais confiance, et du peu que j’ai eu l’occasion de voir de vous, vous avez également ma confiance. Peu importe ce que vous venez de vivre et ce que cela a changé en vous, je suis persuadé que votre courage est toujours là et qu’il ne sera que plus grand avec le temps.” Il fit une petite pause le temps de reprendre sa respiration. “Si vous avez besoin d’aide en attendant de le retrouver et de vous faire à nouveau confiance, sachez que je suis là. Je serais là à chaque pas Marianne.” Comme pour confirmer ses dires, Lucas serra légèrement la douce main qu’il tenait. “Vous pouvez vous reposer sur moi comme vous vous reposez sur n’importe lequel de vos amis. Nous voulons tous la même chose pour vous. Je veux vous aider moi aussi. Alors, allons rendre visite à Shella ensemble.” Il laissa à la jeune femme quelques instants pour digérer ce qui venait de se dérouler. Il préférait qu’elle prenne sa décision à tête reposée, pour pas qu’elle ne le regrette quelques heures après leur départ. “Je peux vous laisser un peu de temps pour réfléchir, ne vous précipitez pas. Je souhaitais repartir en début d’après-midi, si vous acceptez de venir, vous saurez où nous trouver.” Sur ce, Lucas se releva doucement, serra une dernière fois la main de la jolie Marianne dans sa main et s’en alla retrouver ses hommes pour s’assurer que tout allait bien.
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Un périple vers un renouveau.
An 299 Lune 1 Semaine 1
L’air donnait tout lieu d’être à nouveau respirable. Empli de cette fraîcheur grâce à laquelle les poumons savaient se gonfler pour ainsi permettre une meilleure délivrance quand à un poids qui pesait à l’intérieur des cœurs. Telle une source à peine découverte, cette révélation accompagnait de surcroît la présence du chevalier, admettant par cela de sa participation dans cet ouvrage. Et ce, même si son sourire se transforma quelque peu en une sorte de gêne qu’elle n’avait pu anticiper. Avait-elle dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Ses compliments étaient-ils mal avisés ? Les jugements de la jeune fille paraissaient biaisés à mesure que l’écho de sa prise de conscience lui révélait combien son isolement avait eu raison de son expression et de ses manières. Peut-être n’aurait-elle jamais dû évoquer une qualité, tant la conséquence qui en résultait donnait l’air d’être impromptue. Cette vérité lui permit de comprendre combien le temps l’avait suspendu et englouti dans ses méandres alors qu’elle n’aspirait à rien de mal. Sa gêne n’en devenait que plus grande alors que cet aveu veillait à déclencher de nombreux questionnements dans son esprit. Lui, qui, ne cessait de lui renvoyer l’image même de ce que la générosité et la bienveillance représentaient. Lui, qui, témoignait d’une si grande gentillesse à son égard et lui accordait le privilège de se mettre à son niveau sans même qu’elle ne lui ai demandé. Voilà que la culpabilité la rongeait petit à petit à mesure que les éclats de son sourire donnaient lieu de s’estomper au profit de ce malaise. Devait-elle s’excuser de son audace ? Pour tout avouer, la lady se sentait complètement perdue en cette heure. Silencieuse pour quelques secondes de plus, Marianne pu heureusement compter sur la bienséance de Lucas pour laisser de côté cet instant de doute. Sa gratitude essayait de parcourir l’ensemble de son être pour ainsi trouver refuge dans ce regard qu’elle lui portait. Des yeux dans lesquels il était possible d’y admirer la dévotion qu’elle portait à sa famille mais surtout dans ce caractère qui lui renvoyait des attitudes semblables aux siennes. Le naturel reprenait doucement de ses droits, accommodant ainsi cet instant pour ainsi le figer dans des esquisses calmes et sereines. Ce refuge qui se construisait petit à petit laissait entrevoir combien la simplicité était à même de les accueillir tous les deux afin de leur laisser envisager des amitiés naissantes les concernant. A l’image de son frère aîné, Lucas ne cessait de prouver, par ses bonnes intentions, combien Marianne donnait l’impression de compter pour lui. Ce constat, aussi simple pouvait-il s’avérer, éveillaient des bienveillances dans le cœur de la jeune lady. Bienveillance, dans laquelle gratitude et générosité parvenaient à se répondre de concert afin d’échanger un peu plus de cette complicité avec le jeune homme. Cette dernière les mena, d’ailleurs, sur des chemins dans lesquels les aspirations les plus connues de Marianne furent touchées. Révélatrices de la personne qui se dissimulait derrière le masque protocolaire, la jeune fille s’était accordé le droit de pouvoir confier ses intentions en raison de son peuple au chevalier. La luxure n’était certainement pas le pêché qu’on aurait pu lui reprocher, alors que l’empathie, elle, était probablement son plus grand défaut. Toutefois, sa déclaration n’en prit que des tournures des plus sincères à mesure que son cœur parlait à sa place. Désireux de transmettre cette passion qui l’animait au quotidien et parvenait à faire naître l’espoir. Survivre lui devenait de moins en moins difficile dès lors que les requêtes des personnes qui vivaient avec elle s’émettaient aux alentours pour lui prouver de sa bonne participation dans les tâches quotidiennes. Peut-être n’aurait-elle jamais du agir de la sorte ? Une dame de son rang devait tenir ce dernier et ainsi établir une distance entre les petites gens et elle. Mais jamais, elle n’avait pu se résoudre à rester derrière des masques. Jamais, elle n’avait laissé quiconque l’empêcher d’agir au profit de ces gens qui tenaient une place particulière dans chacune des familles nobles de Westeros. Qu’est ce qu’une paire de bras de plus dans un champ ? Qu’est ce qu’une présence de plus dans le bon rangement d’un grenier ? Rien, excepté lorsque ses bras se mettaient à se mouvoir en canon avec les autres, ou bien lorsque cette présence suait de la même manière que les autres pour ainsi ajuster des sacs de grains. Pour Marianne, vivre sur un domaine signifiait aussi son bon maintien et cela passait obligatoirement par ce même travail qu’ils se devaient tous endosser pour ainsi leur bonne survie. Son implication dans la vie commune était très souvent jugée, pointée du doigt, voire même critiquée. Combien de fois sa cousine l’avait-elle traité de paysanne en raison de ses agissements ? Pourtant, une part d’elle savait au fond que Lucas ne lui en tiendrait pas rigueur. Et qu’il serait probablement l’un des seuls à même de comprendre son unique désir : se rendre utile. Lui-même exerçait une fonction dans laquelle ce désir devait probablement primer sur tout le reste. Aussi, s’était-elle surement emportée au moment où sa conscience la ramena à la réalité et lui laissa percevoir la manière dont le jeune homme la fixait.  Son malaise renaissait de ses cendres alors que ses yeux se baissèrent pour quelques instants. Mais heureusement la bonté du chevalier ne tarda pas à lui faire redresser son visage, qui répondit à son rire amusé par un sourire qui se voulait doux et gratifiant. « Le monde est fait de sorte que l’écoute et l’entente sont primordiales pour son bon fonctionnement. Je reste persuadée que votre fonction perdurerait malgré tout. Surtout grâce à cette bienveillance qui vous habite et que vous appréciez transmettre. » Son ton se voulait sincère voire même convaincant alors que chacune de ses paroles mettaient en évidence combien elle l’admirait pour cela.

Lucas détenait des qualités à même de pouvoir mettre en exergue écoute, confidence, conciliation, détermination et certainement bien d’autres qui lui étaient inconnues pour l’heure. Sa joie illuminait sa silhouette et transmettait des oraisons dans lesquelles l’espoir tenait une place centrale. Mais ce qu’elle notait davantage était cette faculté qu’il détenait de manière à ce que l’aisance puisse étendre de ses droits pour participer à cette légèreté. Le son de son rire apaisait les gênes de la jeune fille alors que son humour veillait à lui faire comprendre que son accoutrement n’était pas aussi catastrophique ce qu’elle voulait le croire. Mais il s’agissait plus du sujet mettant en évidence les caractères spécifiques de sa cousine et de ses comportements qui eut raison de toute cette tension qui l’habitait. La jeune lady ne put retenir son rire au moment où quelques révélations lui échappèrent, tant l’amusement avait pu être palpable au moment de l’annonce de sa grossesse. Et elle se félicitait intérieurement d’avoir réussi à passer outre le malaise de toute à l’heure afin de permettre au jeune homme de trouver un peu de repos en sa compagnie à son tour. Timide dans ses agissements, Marianne profita des sourires que lui offrait Lucas. Songeant que les retrouvailles avec Azilys seraient certainement propices pour permettre à sa cousine de vanter à nouveau le charisme du chevalier. La jeune fille se surprit à envier quelque peu ce tempérament, prompt à satisfaire chacune de ses envies, à même d’assumer la moindre de ses pensées concernant les hommes. La réserve de Marianne était une sorte de frein l’obligeant à détourner le regard dès lors qu’un homme lui plaisait. Combien de fois avait-elle rougit au moment où feu son époux avait croisé son regard avant leur mariage ? Combien de fois avait-elle ressenti cette chaleur l’enivrer et la forcer à détourner le regard dès lors qu’elle avait entendu sa voix ? Les émotions de ce temps lui paraissaient irréelles tant elles s’accommodaient à la peine à présent. Et regarder un homme aujourd’hui lui paraissait être une simple image inaccessible. Cependant les commentaires de sa cousine concernant Lucas eurent l’occasion de l’amuser. Veillant à lui faire découvrir des attentions qu’elle n’avait jamais eues jusqu’alors, comme oser avouer qu’il était un bel homme par exemple, ou bien lui accorder le mérite de posséder un charisme à part entière. Bref, les conversations avaient amené Marianne à croire que le Paon Argenté ressentait quelques attirances pour le chevalier. Aussi, et ce même si elles étaient différées, leurs arrivées soudaines dans la grande salle ne manqua pas de susciter une réaction de la part de la lady Serret. Néanmoins, cette dernière ne fut pas celle que la lady de Castel-Bois attendait d’elle, cela en était tout le contraire. Chose qui suscita de réels questionnements concernant les désirs de sa cousine. Cela lui permit toutefois de retrouver une certaine intimité avec Lucas, avec qui le discours perdurait malgré les évènements. Le confort ne tarda pas à reprendre de ses droits, prévalant sur des nouvelles qui veillaient à laisser la jeune fille songer à la bienséance de sa famille suzeraine. Rassurée d’entendre que tous se portaient bien, la jeune fille nota à quel point le chevalier devant elle tenait à l’ensemble des membres de sa maisonnée. Une émotion qui embellissait chacun de ses traits alors que la révélation concernant de nouvelles noces ne tarda pas à lui échapper. Bien entendu, le ravissement s’éprit dans l’être de la lady alors que l’espoir touchait enfin leur région tant chérie. Et la suite du discours qu’il lui confiait ne put que lui insuffler un peu plus de ce bien être à mesure que Lucas portait des projets donnant lieu à des honneurs qui faisaient rougir ses pommettes. « Je feindrai la surprise lorsqu’il me l’annoncera, ainsi vous n’aurez marché sur aucune plate bande. » tenta t-elle de le rassurer sur un ton qui se voulait amical et complice alors que déjà son esprit s’égarait vers ce temps lointain que le chevalier lui présentait. « Je serai honorée de pouvoir remplir un tel rôle pour vous et pour la Princesse. Je ne sais comment vous remercier d’accorder autant de confiance en ma personne et vous remercie de me concéder un tel compliment. » Cette fois-ci sa voix se teinta de cette touche de réserve qu’on lui connaissait depuis toujours. Une timidité dans laquelle Marianne se trouvait quelque peu mal à l’aise devant le qualificatif qu’elle venait de recevoir. Douce. Torvald la dénommait ainsi dans les moments les plus intimes lui aussi et cela veillait à lui procurer une certaine chaleur dans le fond de son cœur. Chaleur qu’elle retrouvait à présent grâce à Lucas.

La discussion prit des élans inattendus. Amenant avec elle des surprises qui eurent l’occasion d’éveiller des soubresauts dans son cœur. Cette dernière fut d’une telle envergure que les propos tenus par le chevalier lui parurent irréels et intemporels. Est-ce que ses oreilles venaient de lui jouer des tours ? Est-ce que le sérieux habitait présentement cette conversation ? Marianne se perdit pendant quelques secondes dans le regard du jeune homme. Découvrant par ce biais, des teintes qu’elle n’avait jamais cru voir jusqu’alors. Le doute s’immisçait d’une façon perfide dans ses allures, alors qu’elle concevait pendant quelques secondes de plus n’être pas suffisamment adaptée pour un tel voyage. L’était-elle réellement ? Sa compagnie ne serait-elle pas un frein pour Lucas ? Ne le décevrait-elle pas par des réactions qu’elle ne pourrait anticiper ? D’ailleurs pourquoi songeait-elle en une telle déception le concernant ? Les questions fusaient rapidement dans son esprit, l’obligeant à baisser ses yeux pour ainsi commencer à se confier quand à ses dernières. La prévenance de Lucas et son sens aiguisé de l’observation ne tardèrent pas à effacer d’un revers de main les doutes concernant ce possible retardement dans les délais. Sa gentillesse était telle que la jeune fille parvenait à reconnaître dans son ton quelques tonalités qu’elle avait déjà pu entendre toute à l’heure. Son éloquence était probablement un don qu’il savait enrichir grâce à ses expériences et cette dernière veillait déjà à rassurer la jeune fille sur ce premier point. La monte ne lui était pas un obstacle, bien au contraire et déjà un doux sourire se dessina timidement sur le coin de ses lèvres devant cette évocation. Voilà pourquoi, elle poursuivit ses confidences de manière à confier ses secrets les plus enfouis. Figée par la peur, par la froideur du deuil, Marianne s’empêchait tout bonnement de vivre par crainte d’avoir à nouveau à vivre la peine. Y survivre était une épreuve qu’elle avait réussi ou presque à franchir deux fois déjà, qu’en serait-il si une troisième devait se présenter devant elle ? Nul ne pouvait prétendre connaître le futur, tant bien même, la jeune fille ne désirait pas le connaître. Néanmoins, ses intentions demeuraient pour autant louables et enclines à développer une réelle amitié envers Lucas. Puisque dans son discours, il pouvait réellement entendre à quel point son désir de l’accompagner était réel. Son regard se figea sur les mains du chevalier alors que la honte l’encerclait déjà devant un tel malaise. Et la surprise la gagna à nouveau au moment où sa main se posa sur la sienne. Douce, chaleureuse, Marianne comprit que ce geste se voulait amical à son égard et d’autant plus confiant et sincère à mesure que les mots échappaient de la bouche du jeune homme. Plus le chevalier parlait et plus la jeune fille prenait conscience de sa volonté de l’avoir à ses côtés. Il la rassurait de la plus belle des manières : en lui confiant lui accorder sa confiance. Et plus son discours se poursuivait plus la lady concevait déjà les allures de ce voyage. Et si Lucas était celui qui saurait la rassurer sur divers sujets ? Et si le chevalier était la personne à même de pouvoir lui faire franchir une nouvelle difficulté ? Pouvait-elle y croire ? Elle réalisait à quel point cet homme semblait tenir à elle alors qu’elle n’en comprenait pas les raisons. Cependant les divers arguments qu’il mettait en évidence eurent l’opportunité de lui prouver à quel point son ancien elle lui manquait. Cette Marianne qui connaissait les dangers mais parvenait à les braver parce qu’elle avait foi en l’humanité. Cette lady qui osait prétendre en un fort courage à même de lui offrir des rencontres aussi belles qu’enrichissantes. Cette jeune fille était toujours là et c’est elle qui redressait doucement son visage pour ainsi planter son regard émeraude dans celui un peu plus foncé du chevalier. Lucas avait su parler à son cœur dans son récit, le rassurer mais surtout lui confier assez de courage pour lui accorder le privilège d’envisager ce voyage. Ses paupières établirent un rythme inconstant au moment où son cœur lui donna l’impression de battre à tout rompre dans sa poitrine lorsque le chevalier lui assura de sa présence pour l’aider. Jamais elle n’aurait cru recevoir une telle aide et cette dernière veillait à lui insuffler un peu plus de courage encore. La certitude d’y parvenir gagnait un peu plus d’ardeur devant l’engouement devant lequel elle admirait les traits du jeune homme s’embellir de plus belle. Comment lui refuser une telle requête ? Comment ne pas se laisser séduire devant une telle confiance ? Marianne avait probablement pris sa décision bien avant qu’il se ne redresse pour lui laisser le temps de songer à tout ce qu’elle venait d’entendre. Silencieuse, elle se contenta de hocher d’une façon positive de la tête au moment où il lui accorda du temps. « Je ne sais comment vous remercier de votre amitié si ce n’est en vous offrant la mienne à mon tour. Merci pour vos intentions, merci pour votre présence et votre sincérité. Sachez que vos dires ont trouvé écho dans mon cœur et que ce dernier vous témoigne d’une gratitude réelle et d’autant plus honnête qu’elle gardera en mémoire chacune de vos paroles. » La chaleur recommençait à envahir son être alors que leurs yeux se croisaient pour une dernière fois avant qu’il ne disparaisse à son tour derrière la porte.

Esseulée à table, la jeune fille baissa doucement son port de tête pour songer à tout ce qu’il venait de se passer juste à l’instant. Des termes tels que courage, capable, confiance, repos, amis lui revenaient naturellement en mémoire, mais ce qui suscitait son sourire fut bien plus « sachez que je suis là » qui résonnait encore et encore dans son esprit et touchait irrémédiablement son cœur. Ser Lucas était là pour elle, avait fait ce détour pour prendre de ses nouvelles et lui offrait son amitié. Ce fut donc tout naturellement que la jeune fille envisageait déjà lui offrir la sienne et alors que cette idée veillait à agrandir un peu plus son sourire, ses yeux se portaient à l’endroit même où il se tenait avant son départ pour libérer dans un chuchotement audible uniquement pour elle-même. « … sachez que je suis là aussi. » Bien sûr, il ne l’entendait pas mais le dire lui permit de témoigner de sa gratitude et d’éveiller de nouvelles volontés. Celles qui lui assignèrent l’instinct de se redresser de cette table et de rassembler quelques plats pour aider la jeune fille en charge du débarras de la table avant de finalement rejoindre ses appartements pour rassembler quelques affaires. Ce n’était pas la peine de revenir sur cette décision, la lady de Castel-Bois l’avait prise et elle l’assumait pleinement. Elle allait rejoindre Lady Whent, accompagner Ser Lucas dans son périple et prendrait des nouvelles des alentours. Elle renaissait à cet instant ou du moins ses premières ardeurs lui offraient l’occasion de croire en une bonne guérison de son désarroi. D’ailleurs, elle ne manqua pas de rejoindre sa cousine pour la prévenir de sa décision et cette dernière lui donna tout lieu d’accepter cette dernière et l’encouragea même à le faire. Son oncle fut le deuxième averti et bien sûr Roadney ne manqua pas de lui offrir un sourire d’encouragement avant de laisser sa joie l’emporter sur le reste. Il l’accompagnerait comme toujours il l’avait fait, voilà pourquoi il se chargea de se rendre aux écuries afin de préparer leurs montures. Ne restaient plus que Ser Lucas et ses hommes à prévenir avant de se lancer dans ce voyage. Ses affaires furent rapidement prêtes, grâce à l’aide de Camelya, aussi, la jeune fille se hâta de descendre pour rejoindre le chevalier et ses hommes avec une détermination qui donnait lieu de renaître. « Ser Lucas ? » l’appela t-elle alors qu’elle se rapprochait doucement de leurs silhouettes. Ses yeux cherchaient à trouver ce même réconfort que toute à l’heure dans le regard du jeune homme alors qu’elle rétablissait une proximité plus rapprochée pour qu’il puisse lire sur ses traits sa volonté. « Si votre requête de toute à l’heure tient toujours, je serai honorée et ravie de pouvoir vous accompagner dans votre voyage et ainsi rendre visite à Lady Whent à vos côtés. » Elle lui souriait pas comme toute à l’heure ni comme ce qu’elle pouvait offrir habituellement, mais d’une façon beaucoup plus enjouée et propice à lui révéler combien elle espérait le rendre fier par son choix. Bien sûr, ce départ annonçait celui de sa cousine pour un retour à Montargent et Marianne comprenait totalement ce dernier. Aussi les préparatifs terminés et l’au revoir donné, c’est en suivant le cortège d’équidés que la jeune fille inspira profondément de manière à trouver son courage et ainsi parvenir à éloigner la tension qui l’avait figé jusqu’alors. En faisant confiance à Lucas, Marianne s’apercevait qu’elle parvenait à se faire confiance.
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Lucas avait fait sa proposition et avait argumenté ses choix. Mais à présent, il n’y avait plus rien qu’il pouvait faire, toutes les cartes étaient entre les mains de la Lady Harlton. S’il venait à insister bêtement, cela finirait par avoir l’effet contraire de celui qu’il recherchait. Le Nerbosc connaissait la danse, il avait l’habitude des échanges d’idées, il savait comme il était important de prendre le temps de réfléchir et de prendre du recul. Le but n’était pas de créer une envie éphémère chez la jeune femme, qu’elle regretterait au bout d’une journée. Il fallait que la motivation du voyage vienne d’elle et il savait que pour cela, il était mieux de lui laisser du temps. Le chevalier avait donc fait ses salutations, il avait lâché cette main si douce et délicate qu’il avait pu tenir entre ses doigts l’espace de quelques instants. Il avait incliné la tête en signe de respect et s’était volatilisé en toute légéreté. Il était sorti de la demeure, retrouvant la chaleur du soleil au contact de sa peau. Il s’arrêta un instant sur le pas de la porte et releva son visage, les yeux clos, vers l’astre luisant. Si la brume était restée assez épaisse dans la matinée, le soleil annonçait à présent une belle journée à venir. La pluie était assez commune dans le Conflans, mais ça n’était rien de comparable aux Terres de l’Orage. Sur une semaine de voyage, il y avait de fortes chances qu’il la rencontre, mais aucun homme n’était fait de sucre, il survivrait et ses hommes aussi. Un sourire persistait sur son visage alors qu’il reprenait sa marche lentement. Ses pas le guidèrent vers les écuries où il trouva leurs chevaux, libérés de leur selle, en train de manger tranquillement, de l’eau à leur disposition. Ses hommes s’étaient installés au dehors de l’écurie, non loin d’un arbre au tronc massif. Ils étaient assis par terre et grignotaient ce qui leur avait été apporté par les gens des Harlton, comme Marianne l’avais promis, profitant eux aussi du soleil et du repos qui leur était accordé après la dizaine de jours de voyage qu’ils avaient déjà dans les pattes. Lucas les rejoint, toujours son sourire sur les lèvres. Il avait confiance en eux. Gareth n’était pas son écuyer depuis très longtemps mais il s’était toujours montré débrouillard et volontaire, même courageux. Les deux soldats provenaient de la garde de Corneilla, il s'entraînait fréquemment avec eux. C’était de bon hommes. Même si finalement Marianne n’acceptait pas son invitation, il se rendrait quand même à Harrenhal pour rendre visite à Lady Shella Whent et il savait que le voyage ne lui serait pas désagréable en une telle compagnie, bien que ça ne serait pas dans ces conditions qu’il l’aurait imaginé initialement. Lucas se semblait étrangement plus détendu à présent. Peut-être était-ce parce qu’il avait joué son rôle et qu’à présent cela ne dépendait plus de son bon vouloir. Peut-être était-ce parce qu’il ne culpabilisait plus autant que lorsqu’il était arrivé. Même si son prétexte avait été un mensonge et qu’il avait menti à son amie en la regardant droit dans les yeux, toutes les conversations qui avaient suivi n’avaient été qu’honnêteté et discours du coeur. Le Nerbosc avait l’impression que cela avait quelque peu rééquilibré la balance. Gareth lui demanda alors si toutes ses affaires s’étaient déroulées en ordre et quand ils repartiraient de Castel-Bois et des terres Harlton. Ce fut l’occasion pour le chevalier de prévenir ses hommes qu’ils avaient quelques petites heures de repos devant eux encore s’ils voulaient se reposer, manger ou panser leurs bêtes.

Lucas de son côté, finit par s’eloigner de quelques mètres à peine pour venir trouver refuge à l’ombre du vieil arbre et s’appuyer contre son tronc. Ses paupières ne mirent pas longtemps à se refermer, mais le jeune homme ne s’endormit pas tout de suite pour autant, repensant à ce qu’il s’était passé quelques minutes plus tôt. Les traits de visage de la douce Marianne se dessinait devant ses yeux. Voilà une vision qu’il ne trouvait pas désagréable à avoir. Il n’aurait pas été contre de l’avoir plus souvent pour l’accompagner. Jusque alors, la tâche s’était avérée difficile puisqu’ils n’avaient passé que peu de temps en compagnie l’un de l’autre. Mais à présent, il parvenait à visualiser son visage avec précision. Ce visage s’accompagna alors de la voix  de sa cousine et Lucas se renfrogna légèrement. Maudite Serrett ! Tout était de sa faute. Il n’avait accompagné son frère qu’en tant qu’ami rien de plus ! Et c’était la même chose aujourd’hui. Mais cela était-il bien vrai ? N’y avait-il rien de plus ? N’attendait-il pas d’autres choses de la jeune femme ? Passer le dos de ses doigts sur ses joues si douces ? Glisser une main dans sa nuque, derrière sa belle crinière ondulée pour venir déposer un baiser sur ses lèvres carmins, et son autre main doucement entourant le creux de sa taille pour la tenir contre lui, à l’abris de tous les dangers dans une étreinte qui serait éternelle. L’image se dessinait nettement pour le Nerbosc et il se sentit rougir. Maudite Serrett. La culpabilité allait à nouveau le ronger à présent. Voulait-il que Marianne soit simplement heureuse ou heureuse avec lui ? Evidemment la deuxième option avait sa préférence. Mais Lucas était un homme altruiste, le bonheur de Marianne primait. Il la respectait à ce point… l’aimer à ce point aurait dit le Paon Argenté. Mais pouvait-il vraiment parler d’amour ? Il ne la connaissait pas vraiment, pas depuis longtemps. Elle était belle, c’était certain, il fallait être aveugle pour être insensible à la perfection de ses traits. Elle avait une force de caractère, une joie de vivre qui plaisait aux Nerbosc de manière générale, que ça soit Tytos, Brynden, ou bien maintenant Lucas. Hoster lui-même devait l’apprécier ! Pensa-t-il soudainement en riant intérieurement. Mais il devait le reconnaître, une affection pour la fière Harlton avait pris racine en lui. La graine avait germé et à présent se propageait à travers tout son être. Et l’affection n’était pas uniquement synonyme de sentiments amoureux, voilà ce qu’il pensait pour tenter de se rassurer. Après tout, il avait de l’affection pour beaucoup de personnes, hommes et femmes. Il avait de l’affection pour Gareth, il en avait pour l’héritière Bracken, pour cette ourse du Nord, pour son dompteur de dragons favori. Et il n’était pas amoureux de ces personnes là. La différence était pourtant qu’il ne s’imaginait pas en train de les embrasser et de les serrer contre lui. Voilà ce que lui aurait jeté Lady Azilys au visage, triomphante. Mais bien heureusement, elle n’était pas dans ses pensées alors elle n’en dirait rien. Il garderait tout ça pour lui.

Le jeune homme tenta de faire taire ses réflexions comme il le pouvait. Il avait besoin de repos, pas de se remettre à se poser bien trop de questions. Viendrait-elle, ne viendrait-elle pas ? Il le saurait bien assez tôt. Si elle ne venait pas, il aurait l’occasion de la revoir dans quelques temps à Corneilla, si la princesse Daenerys venait leur rendre visite. Il l’avait entendu le lui dire lorsqu’il avait évoqué les fiançailles de son frère avec le dragon argenté, alors il ne manquerait pas de lui rappeler son serment, si on pouvait appeler ça ainsi. Il avait son amitié à présent, c’était chose évoquée et scellée et il en était heureux. Les amis de sa famille étaient ses amis. Tous ceux qui les avaient soutenus depuis le début, plutôt que de les traiter de traîtres et de lâches méritaient toute leur attention, toute leur confiance et leur amitié. Alors qu’il s’assoupissait lentement, Lucas se demanda ce qu’allait choisir son amie. Une main secouant son épaule le tira de sa sieste. Il eut quelques secondes de battements, ne sachant plus où il se trouvait, comme cela lui arrivait si souvent lorsqu’il était en vadrouille. C’était le visage de Gareth qui se dessinait devant lui. “Ser Lucas. Si nous voulons atteindre Pierremoûtier d’ici demain soir, nous n’allons pas devoir tarder à partir.” Le dit chevalier se fronta doucement les yeux de ses poings fermés et chercha le soleil dans le ciel. Ce dernier avait dépassé son point de zénith et venait tout juste d’amorcer sa courbe descendante. L’après-midi était engagé, il était temps pour eux de reprendre la route. Lucas se releva, non sans prendre appui sur le vieil arbre, encore quelque peu étourdi par le sommeil dont il venait d’être tiré. “Tu as raison Gareth, commence à faire préparer les chevaux, nous n’allons pas tarder.” Le Nerbosc se penchait pour ramasser son ceinturon, ôté un peu plus tôt pour être installé plus confortablement, lorsqu’une voix à présent familière l’interpella derrière lui. Il était en train de finir de rattacher sa ceinture et son épée lorsqu’en se retournant, il vit la belle Marianne approcher vers lui. Il lui offrit aussitôt un sourire. Moins grand, moins radieux que les précédents, mais qui exprimait toute la sympathie qu’il avait à son égard. Il était prêt à entendre sa décision, quelle qu’elle soit, et il ne lui tiendrait nullement rigueur de vouloir rester dans cette maison si c’était là qu’elle se sentait en sécurité. “Lady Marianne.” n’avaient-ils pas dit qu’ils abandonnaient les titres ? Lucas était confus. Son sourire se fit finalement plus grand, dévoilant alors quelques dents blanches et bien alignées, lorsqu’elle lui annonça qu’elle avait accepté sa proposition. Comme attiré vers elle par un aimant à l’entente de cette décision, Lucas fit un pas vers elle, réduisant alors la distance qui les séparait. “Pourquoi aurais-je changé d’avis Marianne ?” Il avait à nouveau abandonné le lady, après tout, les hommes les plus proches d’eux étaient à plusieurs mètres et déjà bien occupés. “Vous m’en voyez on ne peut plus ravi.” Son sourire et la lueur qui brillait dans ses yeux en disait long sur la sincérité de son propos. “Et Shella le sera tout autant, j’en suis persuadé. Merci.” Il inclina légèrement la tête alors qu’il la remerciait. La voir sourire de la sorte ne faisait qu’entretenir le sien. Elle ne semblait pas s’être forcée par politesse ou peur de le décevoir, lui ou ce qu’il représentait pour le Conflans. Non, la Harlton semblait vraiment se réjouir du voyage à venir et cela faisait chaud au coeur du chevalier. Elle reprenait confiance, se faisait violence sur la morosité et tenait à nouveau les rênes de sa propre vie. Il n’en demandait guère plus.

Il ne fallut pas trop longtemps au petit groupe pour se mettre en route. Marianne venait accompagnée de Roadney, un fidèle chevalier dévoué à la maison Harlton et plus particulièrement à son héritière. Ce dernier ouvrait la route avec Gareth. Marianne et Lucas suivaient côté à côté quelques mètres derrière. Et les deux chevaliers Nerbosc clôturaient la petite file, encore un peu plus loin. Castel-Bois disparaissait peu à peu derrière eux alors qu’ils avançaient au trot en direction d’Harrenhal. Cette nuit ils seraient obligés de dormir à la belle étoile, quoi que Lucas avait de quoi offrir une tente de fortune à Marianne, mais la nuit prochaine, ils pourraient dormir dans des lits plus ou moins confortables, mais tout du moins à l’abris et au sec à Pierremoûtier. “Lady Azilys ne vous en pas trop voulu de l’avoir abandonné de la sorte à Castel-Bois, Marianne ? Ne m’a-t-elle pas maudit de vous emporter loin d’elle de la sorte ?” Finit par demander Lucas en tournant le visage vers son amie, un sourire malicieux suspendu à ses fines lèvres. Il pourrait peut-être se mordre les doigts de demander ainsi ce que le Paon argenté avait bien pu dire, parce qu’il ne pouvait qu’imaginer ses propos. Mais il se doutait que Marianne ne rapporterait jamais des paroles qui auraient pu le mettre mal à l’aise. Dans tous les cas, ils pourraient rire ensemble, complice, de la franchise et du piquant de sa cousine ouestienne. Après un nouveau silence, le chevalier pris un air un peu plus sérieux. “Comment allez-vous Marianne ? Quelles nouvelles de vous vais-je pouvoir donner à mon frère ?” Le but n’était pas de rendre l’atmosphère pesante, loin de là. La jeune veuve n’était pas obligée de répondre si elle n’y tenait pas. Mais depuis le début, Lucas s’était targué d’être là pour voir comment elle allait, et au final, il n’avait pas vraiment eu l’occasion de lui demander, simplement de voir certaines évolutions. Des évolutions prometteuses. Lucas pouvait comprendre qu’elle ne souhaite pas se confier plus que de raisons, qu’elle n’ait pas à coeur de rentrer dans les détails, après tout leur amitié n’était que naissante, mais il tenait à connaître l’état d’esprit de sa compagne de voyage.
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Un périple vers un renouveau.
An 299 Lune 1 Semaine 1
La vision du chevalier s’affrétant sous le panache de l’Arbre eut raison de ce sourire qui grandissait aux rythmes de ses foulées. Leur amitié naissait et aspirait à devenir aussi sereine que délicate avec le temps. L’espoir gagnait doucement cette orientation alors que Marianne comprenait enfin à quel point la simplicité était à même d’apporter de ce courage qu’elle pensait perdu à jamais. Cette dernière donnait l’air de la bercer, lui insuffler tant de force qu’elle parvenait enfin à comprendre que la brume qui avait eu raison du reste l’avait simplement aveuglé. Du monde, de sa région, mais surtout de ceux qui participaient quotidiennement à son bien être. Leurs présences restaient intactes voire même plus sujette à se dévoiler comme telles. La lady de Castel-Bois ouvrait enfin les yeux et en admirait cette vision qu’elle osait porter sur le monde : celle de ce soutien indéfectible et omniprésent qui la conduisait directement vers la silhouette de Lucas. Sa détermination reprenait de ses droits alors qu’elle s’autorisait le droit de pouvoir rester à ses côtés. Le temps d’un voyage, le temps de cette découverte qui étreindrait surement les prémices de leur belle amitié. Elle n’en doutait plus, pas après tout ce dont elle avait pu remarquer dans ces quelques instants qu’ils avaient partagé. Lucas était un homme dont l’attention était à chérir dans les soins les plus délicats, tant son amitié donnait tout lieu de s’apparenter au plus beau cadeau que l’on puisse recevoir dans une vie. Sa sincérité avait eu raison de ses craintes alors que son éloquence n’était plus à prouver. Comment aurait-elle pu refuser une telle demande ? L’espoir du mieux était bien trop prometteur pour envisager ne pas le saisir. Il n’en devenait qu’une nécessité, une paix intérieure mais surtout un enrichissement à mesure que ses yeux avaient su parler à ceux de la jeune fille. L’étincelle qu’ils avaient su échanger toute à l’heure avait su éveiller les ardeurs du cœur de la lady. Y déposant quelques chaleurs dont les oscillations prouvaient à faire naître de nouvelles croyances les concernant. Lucas serait surement celui qui aurait raison de cette peur permanente. Ses convictions n’en devinrent que plus fortes au moment où tous les deux échangeaient à nouveau ce même regard juste ici, sous cet Arbre. L’avait-elle déjà remarqué sourire de la sorte ? Marianne détailla son visage avec une douceur bien palpable à mesure que leurs espoirs donnaient lieu de se répondre. Ainsi ne le décevait-elle pas en acceptant sa requête et la surprise veillait à s’immiscer doucement alors qu’elle s’accordait le droit d’accepter à nouveau de voir du bonheur sur le visage d’un homme. En était-ce d’ailleurs ? La jeune fille ne connaissait certainement pas assez le chevalier pour reconnaître ses expressions et pourtant il lui semblait qu’il se voyait sincèrement ravi de son choix. Ceci eut d’ailleurs l’opportunité d’augmenter un peu plus les battements de son cœur, éveillant par ce biais ce courage qui la définissait, à moins que cela ne soit le résultat de cette proximité qu’il rapprochait volontairement pour continuer à lui prouver sa joie ? « Me voyez-vous ravie de pouvoir vous combler tous les deux. » Sa voix témoignait de sa joie mais aussi de cette gratitude qui ne cessait de grandir en son sein alors que ses yeux osaient trouver ceux du chevalier. Elle lui faisait confiance et appréhender une telle aubaine lui procurait déjà une réelle délivrance. Surtout lorsqu’elle remarquait que ses choix étaient soutenus. Elle se surprenait à nouveau d’apprécier lire ce message dans les yeux verts du jeune homme. Une missive dans laquelle tout portait à croire qu’il détenait là une joie dans laquelle il lui conférait une place toute particulière. Ainsi donc lui renvoyait-il à nouveau l’image de cette générosité qui le caractérisait tant. Et cela plaisait beaucoup à Marianne, tout comme il lui plaisait d’admirer son sourire. Jamais elle n’avait eu l’occasion de pouvoir en admirer un aussi sincère et voilà qu’il lui accordait le droit de l’inscrire à jamais dans sa mémoire. Sans même s’en rendre compte, le chevalier soufflait doucement sur les cendres de son cœur meurtri et veillait à raviver la flamme qui lui rappelait qu’elle existait. Pouvait-elle le prétendre aux yeux de Lucas ? Cette idée eu raison de cet instant intime et l’obligea à détourner le regard pour se concentrer sur l’Arbre de ses aïeuls. Si fier, si robuste, Marianne y chercha quelques bourgeons du regard avant de finalement tenter d’escalader un peu le bois une fois sa convoitise trouvée. « J’ai pris pour habitude… » Elle se hâta pour se saisir d’une branche à la volée et entreprit de choisir une des fleurs les moins ouvertes tout en poursuivant son explication. « … de cueillir l’une d’entre elles et la glisser entre les pages d’un livre lors d’un voyage… » La petite délicatesse entre ses doigts, voilà qu’elle prenait garde de redescendre pour ainsi rejoindre Lucas. « Ainsi les souvenirs m’offrent l’opportunité de préserver courage et détermination quand à ma volonté de retrouver les miens. » Un nouveau sourire vint trouver naturellement l’embrasure de ses lèvres alors qu’elle remontait son regard de la fleur jusque dans les iris du chevalier. « Celle-ci me confèrera force et saura me rappeler notre amitié naissante en cette heure. D’autant plus qu’une fois sèche, elle peut devenir éternelle. » lui confia t-elle avant d’incliner doucement la tête à son tour dans l’espoir que Lucas puisse découvrir dans cette révélation à quel point elle appréciait ce nouveau tournant qu’ils franchissaient ensemble.

Il ne fallut guère longtemps pour que les préparatifs s’achèvent et les au revoir se donnent. Une partie du cœur de la jeune lady se pinça au moment où Azilys et Marianne se serrèrent les mains pour une dernière fois. Ainsi sa cousine retournait chez elle. Cette nouvelle tendit à la fois à rassurer la lady de Castel-Bois quand au rôle que celle de Montargent désirait retrouver, tout en lui fendant doucement le cœur en raison de son absence à venir. Marianne s’était faite à la présence d’Azilys et l’inverse était surement vrai. D’autant plus, que le Paon Argenté allait devoir reprendre cette route qui lui rappelait sans cesse le désarroi de perdre un être cher et aimé. Combien de fois lui avait-elle demandé d’envoyer un corbeau à Harrenhal pour la prévenir de sa bonne arrivée ? Azilys avait finit par s’énerver, prétendant que si elle l’entendait lui demander une fois de plus, elle ne lui enverrait rien du tout. Avant de finalement profiter de cette occasion pour rassurer la jeune fille sur ses bons choix. Cette révélation eut raison de ses inquiétudes la concernant, alors que sa cousine enchaîna cette fois sur les mérites de Ser Lucas. Voilà qu’elle recommençait avec son charisme et sa gentillesse mais surtout avec le fait que tous les deux se ressemblaient beaucoup. Levant ses yeux en direction du ciel, ses dires eurent au moins l’opportunité de prouver à Marianne que sa cousine ne lui en voulait certainement pas de son départ inattendu, mais bien au contraire, qu’elle s’en trouvait ravie et rassurée quand à l’état de cette dernière. Sa seule recommandation arracha un choc à Marianne avant de finalement lui offrir l’occasion de souhaiter un bon retour à sa cousine, son cousin ainsi qu’à Silver. Après quoi il lui fallut dire au revoir à son oncle. Solennel, comme à son habitude, Lord Arwood lui adressa un sourire dans lequel elle y comprit sa fierté et sa protection pour le trajet. Lui permettant d’alléger son cœur au moment où elle retrouva Lucas, ses hommes, Gareth et Roadney pour que débute la chevauchée.

Un bref regard vers l’arrière lui apprit que son domaine s’évanouissait sur l’horizon. Dissimulé derrière les hautes cimes et autre végétations, voilà qu’ils commençaient leur périple pour venir en aide à Lady Whent. Marianne ferma les yeux l’espace d’un instant bref. Désireuse de laisser l’air frais et libérateur s’engouffrer dans ses poumons pour ainsi lui procurer cette même sensation qu’elle redécouvrait. Celle de l’altruisme. Celle de cette liberté qu’elle avait pu connaître et apprécier avant sa perte. Les fragments de son âme s’imbriquaient à nouveau petit à petit, lui administrant ainsi cette force qui lui permettait de sourire. Elle ne tarda pas à ouvrir les yeux et c’est là qu’elle eut l’occasion de redécouvrir les environs. Verts, gorgés d’eau, remplis de cette vie qui s’étendait à perte de vue, son sourire ne tarda pas à venir trouver une place naturelle sur ses lèvres au moment où son regard se déposa sur les narcisses qui jonchaient le sol. Même si ils n’avaient pas encore énormément de miles derrière eux, la jeune lady saisissait chacune des beautés de sa région. Elle appréciait les retrouver tout comme elle affectionnait les présences qui avaient eu raison de ses craintes. Le silence qui régnait ne se voulait pas pesant mais bien au contraire, il révélait ce soutien qui se renforçait à mesure du temps. Son regard fut capturé par celui du chevalier et déjà le sourire qu’elle arborait se transforma peu à peu en ce rire qu’ils avaient su déjà partager. Un rire qui exprimait à quel point la situation se voulait détendue. « L’avez-vous vu s’empresser de regrouper ses affaires pour préparer son retour à Montargent ? » A sa manière, Marianne essayait de transmettre de cet humour qu’ils échangeaient volontiers avec les siens dès qu’il s’agissait d’un discours concernant sa cousine. La situation l’amusa beaucoup d’ailleurs. « Si je l’osais je vous répondrai être celle qu’elle a maudit pour partager votre présence. » Puisqu’il lui semblait que sa cousine avait le béguin du chevalier depuis qu’elle avait eu l’occasion de le rencontrer, la jeune fille ne voyait là aucun mal dans ses propos. « Rassurez-vous, le seul qu’elle maudit n’est autre que son pauvre époux. » finit t-elle par admettre dans l’espoir de rassurer le jeune homme. Ses yeux rieurs croisèrent cette malice qui avait raison sur le sérieux l’incitant alors à rire de bon cœur avec le chevalier. Néanmoins cette belle entente s’acheva dans le naturel constant des habitudes veillant ainsi à prouver à Marianne que Lucas était un très bon complice. Le calme ne tarda pas à revenir, l’incitant à porter son regard sur Roadney et Gareth devant eux jusqu’à ce que la voix familière de son ami lui rappelle un peu plus de cette réalité qu’ils partageaient ensemble. « Bien… » lui confia t-elle alors qu’elle cherchait les vérités concernant son état actuel. « … mieux pour être plus exacte… » Ses yeux se baissèrent doucement pour ainsi porter une attention à l’encolure de sa monture alors qu’elle inspirait doucement. « Certains jours sont plus difficiles que d’autres, il arrive aussi que certains instants soient vraiment douloureux, mais tous s’accordent à dire que ce mal s’inscrit dans une normalité concernant cette nouvelle condition… » Un triste sourire s’inscrivait doucement sur ses lèvres alors que pour l’une des rares fois Marianne se confiait véritablement sur son état. « J’ose croire que le temps saura dissiper la douleur. » Azilys le lui avait dit, tout comme Camelya. Toutes les deux s’accordaient pour laisser comprendre à la veuve que même si la douleur ne disparaîtrait jamais, il n’en restait pas moins qu’elle saurait s’évanouir doucement. Mettre des mots sur ses ressentis n’en devenait que plus réel et même si cela éveillait le mal, il n’en restait pas moins que cela la soulageait. Lucas ne la jugerait probablement pas pour ce qu’elle venait de lui avouer, du moins elle osait l’espérer.

Soucieuse de ne pas laisser son désespoir prendre une place en ce lieu et surtout pas maintenant, la jeune fille releva sa tête pour ainsi accorder un sourire timide au jeune homme. « Vous pourrez rapporter à votre frère que son amie vous a suivi et qu’elle vous témoigne d’une profonde gratitude pour ce que vous lui offrez. » Ses yeux s’attachèrent à rester dans son regard pour lui exprimer l’ampleur de sa reconnaissance jusqu’à ce qu’elle ne se décide à sourire un peu plus. « Merci Lucas. » avoua t-elle sans demi-mesure avant de finalement hausser ses deux sourcils et désirer à son tour en apprendre davantage sur le jeune homme. « Et vous comment allez-vous ? Nous avons beaucoup de route à parcourir ensemble et j’apprécierai vous connaître plus en tant qu’amie. » A nouveau, ses yeux cherchaient à trouver refuge dans cette amitié qu’ils construisaient pas à pas et qui veillait à trouver des fondements dans ce qui les caractérisait. « Brynden m’a beaucoup parlé de votre faculté à oser reconnaître le bon dans tout, et j’ai pu aussi le remarquer aux travers les divers discours que j’ai pu vous entendre prononcer. » Elle marqua une courte pause alors qu’elle prouvait à nouveau de son malaise en raison de sa timidité concernant cette intimité qu’elle franchissait doucement. « Aurai-je le droit de connaître vos passions ? Me laisserez-vous l’opportunité d’en apprendre davantage sur vous en tant qu’homme grâce à vos goûts et vos rêves ? Je suis persuadée qu’un homme tel que vous doit regorger de belles anecdotes ainsi que de très beaux souvenirs pour façonner une telle générosité. Et j’aimerai apprendre divers détails vous concernant pour ainsi pouvoir avoir à nouveau la chance de revoir le sourire que vous m’avez offert toute à l’heure. » Ses joues s’empourpraient alors qu’elle gonflait ses poumons pour ainsi tenter de garder sa convenance devant les mots à peine prononcés. « Puis-je vous demander l’endroit que vous préférez par exemple ? » osa t-elle conclure dans l’espoir que ses intentions ne fussent pas mal interprétées. Marianne désirait simplement pouvoir partager cet instant sans en regretter la moindre seconde. Soucieuse d’en apprendre un peu plus sur Lucas dans le but de connaître à son tour un peu de cette délivrance dans laquelle il lui permettait d’accéder grâce à ses bonnes intentions.

AVENGEDINCHAINS
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La jeune femme avait finalement pris sa décision, le chevalier n’aurait plus à se questionner sur l’issue de cette journée. Lady Marianne se tenait là, devant lui, tout sourire à lui annoncer qu’elle avait accepté sa proposition. Il avait senti son coeur faire un léger bon dans sa poitrine. Quelque chose s’était serré en lui alors qu’il avançait vers elle, non content du choix qu’elle avait fait. Les Anciens lui offraient au moins une semaine à passer en sa compagnie. Il savait pour sûr qu’ils se rendraient à Harrenhal ensemble. Après ? Il n’en était pas certain, il avait appris avec le temps et son rôle d’émissaire qu’il lui été difficile de planifier trop de choses bien à l’avance. Pour tout ce qu’il savait, à Harrenhal, il recevrait un corbeau urgent de son père Tytos, lui demandant d’aller au plus vite à tel ou tel endroit. Mais s’il n’y avait rien de tel, si un corbeau comme celui là n’existait pas, alors après quelques jours en compagnie de Shella, il aurait à nouveau une semaine à passer avec la courageuse Harlton pour la raccompagner sur ses terres. Avec un peu de chances, si cela se déroulait ainsi, il pourrait même retrouver Brynden au niveau de Corval pour finir la route ensemble jusqu’à Corneilla. Mais tout ceci n’était qu’hypothèses, ils étaient loin d’être rendus là encore. Cependant, il savait avec certitude que les sept prochains jours et les sept prochaines nuits se dérouleraient en compagnie de la brune qui occupait les pensées de l’émissaire, un peu plus qu’il n’aurait envie de l’avouer. Même pas à lui-même. Surtout pas à lui-même. Elle était en deuil, comment pouvait-il imaginer une telle chose. Lucas s’empressa alors de lui faire part de son ravissement, ainsi que celui qu’il imaginait déjà pour Shella Whent. Son sourire s’étira un peu plus, un léger éclat de rire sortant de ses lèvres alors que la jeune femme s’amusait de combler les deux de la sorte. Ses yeux cherchèrent ceux de la jeune femme, souhaitant prolonger cet instant de complicité. Il ne savait pas si elle avait intentionnellement cherché à le faire rire en lui répondant de la sorte, mais c’était bien le cas. Il y avait à la fois quelque chose de poli, mais aussi quelque chose d’un peu moqueur il lui semblait à le formuler de la sorte et cela lui plaisait. “Vous voyez, ils nous en faut peu… Un sourire de votre part et le tour est joué…” conclut-il l’air amusé. Il aimait la voir joyeuse de la sorte. Elle avait de nouveau cette légèreté, cette liberté dans laquelle il avait pu l’admirer le matin même alors qu’il était arrivé à l’improviste. Pas un sourire poli, pas un sourire gêné, pas de barrières propres à l’étiquette, juste une âme dénudée, pure donc le rayonnement le bouleversait un peu plus chaque instant. Une part de lui avait envie de se sentir fier d’avoir pu redonner ce genre de sourire à la jeune femme, à lui insuffler le manquant de confiance qui semblait lui avoir pesé jusqu’alors. Mais ça n’était pas une compétition, ni même un but qu’il s’était fixé pour se prouver quoi que ce soit à lui-même, alors il chassa rapidement cette réflexion de ses pensées.

Il se concentra alors à nouveau sur Marianne, la regardant se diriger vers l’arbre qu’il avait quitté quelques instants plus tôt. Il s’écarta pour la laisser passer et la suivit, légèrement en retrait. Cependant, lorsqu’il la vit commencer à grimper sur le tronc, il se précipita vers elle en un geste réflexe, parcourant la distance qui les séparait en une fraction de seconde. “Marianne…” commença-t-il à protester. Peut-être était-ce son côté protecteur qu’il devait surtout à sa petite sœur. Elle était aventureuse et il avait se faisait souvent du soucis pour elle. Mais en voyant agir la dame Harlton avec autant d’agilité et d’assurance, il se retint. Après tout elle était chez elle, c’était son arbre, elle n’avait probablement pas attendu qu’il daigne lui rendre visite pour commencer à y grimper, elle devait faire ça depuis des années. Il voulait qu’elle retrouve confiance en elle et l’empêcher de faire des choses comme celle là n’irait pas dans ce sens il en était certain. Il n’avait aucune envie de la voir se blesser, mais il savait tout autant qu’elle n’était pas faite de cristal et si jamais elle venait à basculer, il serait là pour la rattraper, en attendant elle avait le droit d’agir comme il lui semblait bon. Alors Lucas se contenta de se tenir au pied de l’arbre, bras légèrement écartés, suivant du regard ses moindres faits et gestes. Ses sourcils froncés exprimaient assez clairement sa concentration. Il n’écouta que d’une oreille distraite, du moins dans un premier temps, ce que la belle jeune femme lui racontait. Comme il avait finit par s’en rendre compte, Marianne n’avait effectivement pas eu besoin de lui et elle était redscendue comme elle était montée, gracieusement, tout sourire et sans une égratignure. Le Nerbosc avait donc fait un pas en arrière pour lui laisser de la place et pu écouter avec plus de soin ce que sa nouvelle amie lui confiait. Lucas fixa alors la fleur que Marianne était allée cueillir et tenait à présent entre ses doigts pour lui présenter. Ses yeux quittèrent la plante pour remonter vers son visage au moment où la jeune femme en faisait de même. L’émissaire du Conflans ne se rappelait pas la dernière fois qu’il avait senti son coeur peser aussi lourd dans sa poitrine. Elle lui semblait si proche et pourtant si inaccessible. Son âme n’était peut-être pas de celle qu’il fallait approcher au risque de les changer. Elle était belle et forte comme elle était. Azilys avait sous-entendu qu’elle était de celles qui étaient plus belles et plus fortes encore quand elles aimaient et étaient aimées. Mais n’était-ce pas déjà le cas ? Tous ses amis, tous les gens du domaine de Castel-Bois l’aimaient, et elle les aimait en retour. Puis il la revit tel qu’il l’avait vu pour la première fois, au bras de Torvald. Non, elle pouvait être plus belle encore, plus brillante qu’il ne la voyait là. Mais Torvald n’était plus là, et il ne pouvait l’imaginer regarder quelqu’un d’autre avec cette même intensité qu’il avait vu miroiter dans ses yeux d’émeraudes. Pourtant, une pointe de folie s’accrocher à cet espoir. Après tout, n’était-elle pas celle qui venait de parler d’amitié et d’éternité. Le Nerbosc se contenterait de son amitié cent fois, et bien plus encore, si cela la rendait heureuse, si la voyait sourire, tant qu’elle acceptait de passer du temps avec lui, d’agréables moments, il ne demandait rien de plus. “Il n’y aucune raison pour que cela ne soit pas le cas…” dit-il simplement, la laissant s’éloigner pour mettre sa fleur à sécher et faire ses au revoir à la maisonnée.

Ainsi le voyage commençait. Ils allaient avoir le temps de discuter, c’était certain compte tenu de la route qui les attendait. Le groupe se mit en place assez naturellement et Lucas pu chevaucher aux côtés de Marianne, alors qu’ils étaient protégés devant et derrière. Lucas ne craignait pas trop de mauvaises rencontres sur la route. Ce coin là du Conflans était plutôt sûr et chacun des hommes présents étaient suffisamment équipés pour dissuader les quelques brigands dont ils pourraient croiser la route. D’autant plus que Lucas s’en doutait, à force de vadrouiller à travers toute sa région, son visage commençait à se faire connaître un peu partout et plus uniquement du côté des nobles, il faudrait qu’ils tombent vraiment sur des idiots pour que des hommes n’osent lever la main sur le fils de leur suzerain, tout bandits qu’ils étaient. Perdre une main ou finir sa vie au Mur était une chose, mais d’aucun ne voulait perdre sa tête. Lucas profita donc de ce début de voyage pour aborder un premier sujet assez léger, questionnant alors la jeune femme sur sa cousine. La réponse qu’elle lui fit lui fit hausser un sourcil. Apparemment son départ s’était révélé plutôt comme une libération d’une certaine façon. L’émissaire finit par lâcher un éclat de rire. “Et moi qui pensait qu’elle était tombée amoureuse du Conflans, je me sens trahi de la voir se précipiter ainsi vers l’Ouest.” Il n’y avait pas plus ironique évidemment. En parlant de la sorte, Lucas n’avait misé que sur le lien qui lui avait semblé avoir vu unir les deux cousines, mais il n’avait pas pensé au rôle que la jeune femme tenait à Montargent, et il était vrai qu’il lui avait semblé on ne peut plus important à ses yeux. Le Nerbosc cessa pourtant de rire lorsque Marianne évoqua alors les malédictions qu’elle aurait pu prononcer à son encontre. Il se tourna à nouveau vers la jeune femme, les sourcils froncés, cherchant à décrypter ce qu’elle venait de dire là. Il n’était pas idiot, il comprenait bien que la fière Harlton laissait entendre que le paon argenté était jaloux du moment qu’ils partageaient. Ce qu’il ne comprenait pas, c’est pourquoi Marianne pouvait-il imaginer ceci une seule seconde ? Alors que la Serrett n’avait cherché qu’à le pousser dans les bras de Marianne, non pas se l’approprier pour elle-même… Avait-elle osé vanter ses mérites à Marianne, comme elle avait vanté ceux de la belle dans les oreilles du chevalier ? Lucas secoua la tête de manière quasiment imperceptible. Décidément, rien n'arrêtait l’ouestienne, pas même une veuve éplorée. Surtout pas une veuve éplorée apparemment. Mais Marianne ne semblait pas avoir vu clair dans son jeu si elle pensait que c’était elle qui s’amourachait du Nerbosc. “Au moins, il y a des choses qui ne changent pas.” reprit-il alors, retrouvant son air amusé quelques instants alors qu’elle évoquait le sort qu’elle réservait à son mari. “Mais qu’est-ce qui vous a fait dire ça ? Je veux dire, qu’elle vous maudirait vous ?” Le conflanais n’appréciait pas vraiment le pouvoir que continuait d’avoir la Serrett sur les deux voyageurs alors qu’elle n’était même plus présente. C’était peut-être l’occasion pour eux de clarifier les choses et d’en rire une nouvelle fois.

Après un petit moment, Lucas avait repris la parole et avait questionné la jeune femme sur son état d’esprit, son deuil. Il s’était douté qu’elle ne voudrait peut-être pas lui répondre, qu’elle le remettrait à sa place poliment, sans jamais lui manquer de respect. Mais étonnamment, la jeune femme se livra assez facilement même et Lucas apprécia à sa juste valeur la confiance qu’elle lui accordait à ce sujet. Il ne regardait plus la route puisqu’il ne la quittait plus du regard à ses côtés alors qu’elle évoquait ce qu’elle traversait. Il lui offrit un sourire légèrement teinté de tristesse lorsqu’elle annonça aller mieux. C’était tout ce qu’on pouvait lui demander et espérer. Il y avait de quoi être heureux que ça soit le cas, mais aussi de quoi être triste qu’elle ait à traverser ça finalement. Et puis la douleur était toujours là, elle ne s’en cacha pas. Lucas apprécia l'honnêteté dont elle faisait preuve. Elle acceptait de se montrer vulnérable, de se mettre quelque peu à nu juste parce qu’il le lui avait demandé. Il ne l’en admirait que plus, même lorsque la tristesse l’habitait, il voyait cette force qui l’animait. Quand Marianne Harlton donnait son amitié, elle ne faisait pas semblant et ne faisait pas les choses à moitié, si Lucas en avait jamais douté une seule seconde, il était maintenant fixé. Étonnamment, certaines de ses paroles trouvèrent un écho en Lucas. Il n’était pas veuf, il n’avait pas perdu son épouse, son premier amour. Mais voilà un peu plus de cinq années que Arwyn Nerbosc avait rendu l’âme, cette mère qu’il avait aimé de tout son coeur pour sa douceur, sa bonté et son grand coeur, toujours juste dans ses reproches et ses punitions, toujours chaleureuse et bienveillante. “Et vous avez raison de le croire Marianne, c’est la vérité. Il y aura toujours une part de cette douleur en vous, une petite fêlure liée à cette perte. Mais peu à peu, trop lentement au goût de certains, vous chérirez vos souvenirs et votre histoire plutôt que de déplorer ce qui est à présent immuable. Vous avez vécu une belle histoire d’amour et il me semble que Torvald vous a apporté beaucoup comme vous lui avez apporté beaucoup. Il n’y a rien à regretter ou à ressasser, que de beaux souvenirs à apprécier, tout comme ce que vous êtes devenue.” Il avait osé prononcé son nom. Peut-être avait-il était trop franc et n'aurait pas du. “Il y a une part de solitude dans le chagrin. On pense qu’on est le seul à souffrir autant de la perte. On a l’impression que personne ne nous comprend parce qu’ils n’ont rien vécu de tel. Et pourtant nous sommes des idiots de le penser, mais cela fait partie du deuil et du chagrin. J’ai eu énormément de mal à me tourner vers mon frère ou mon père après la mort de ma mère, il y a quelques années de cela. J’ai mis du temps à accepter qu’ils vivaient la même chose que moi. Pas forcément à l’identique, mais la perte demeurait.” Lucas avait momentanément baissé les yeux, fixant ses doigts autour des lanières de cuir. Quel idiot insupportable il avait alors été. Mais il avait fini par se tourner vers ses proches et partager sa peine. Tous les humains connaissent cette perte, parfois qui semble si insurmontable, certains y succombent d’ailleurs, mais l’homme est toujours là, il doit bien avoir une raison à ça. Lucas est toujours là lui aussi, même si Arwyn n’est plus. Un petit malaise s’était installé. Le mot n’était probablement pas le bon d’ailleurs. Le calme régnait dans le groupe, Lucas entendait un des soldats derrière lui qui sifflotait une mélodie qu’il ne reconnaissait pas. Peut-être n’avait-il pas été des plus judicieux d’aborder aussi tôt un sujet aussi délicat et lourd. Mais Marianne lui prouva le contraire en reprenant la conversation avec un ton un peu plus léger. Il releva alors brusquement le visage pour le tourner vers elle. Il l’avait sous-estimée cette fois-ci. Et elle n’avait pas menti, elle allait mieux. Il était tout simplement heureux de la voir capable d’autant de force. Elle était probablement plus forte que lui d’ailleurs. “Brynden sera ravi de l’entendre alors.” reprit-il finalement, le ton un peu plus léger, son sourire ayant retrouvé sa place habituelle sur ses lèvres. “Mais je ne lui dirais pas que vous m’avez offert votre amitié, voilà qu’il me reprocherait de lui voler ses amis, déjà qu’il n’en a pas beaucoup… Il sait que je suis bien meilleur que lui pour m’en faire et pour les garder !” Un air malicieux était revenu briller dans ses pupilles alors qu’il avait ajouté ceci sur le ton de la plaisanterie. Marianne était fille unique, mais elle devait bien avoir côtoyé des fratries par le passé, elle devait se douter du lien fort qui pouvait exister entre les deux frères. Mais fort ne voulait pas dire qu’ils ne se taquinaient pas dès qu’ils en avaient la moindre occasion, bien au contraire.

Lucas ne put cacher son air surpris l’espace de quelques secondes, il ne s’était pas attendu à ce que la conversation ne se détourne sur son cas. Le Nerbosc baissa les yeux vers sa monture, lâchant une main pour lui flatter l’encolure alors que Marianne reprenait, rapportant des propos que Brynden aurait tenu à son égard, tirant alors un sourire au jeune homme. Voilà qu’il visualisait parfaitement son frère en train de tenir de tels propos sur son compte. “Je me porte très bien Marianne. Je m’en vais rendre visite à une très chère amie et je ne pourrais guère rêver meilleure compagnie.” répondit-il en trouvant son regard, un sourire toujours aussi éclatant sur les lèvres. Néanmoins l'enthousiasme du chevalier diminua d’une tonalité et il reprit avec un peu plus de sérieux, bien que ses propos précédents étaient on ne peut moins véridiques. “Je suis heureux d’avoir votre confiance et de pouvoir vous aider un peu si je puis parler de la sorte. Vous êtes cher à mon frère, et à moi à présent, si l’on puis parler ainsi.” Une grimace était venue tordre sa bouche. S’il l’avait pu, il se serait probablement frapper le front pour avoir parlé de la sorte. “Je m’excuse pour l’expression, j’espère qu’elle ne vous mets pas mal à l’aise, ce que je veux dire, c’est que je suis content de vous voir aller mieux et continuer dans cette direction. Si je peux vous aider de la moindre façon, vous n’avez qu’à demander. L’amitié Nerbosc ne change pas aux grès des vents, elle est forte et honorable.” Il hocha doucement la tête pour finir d’appuyer son propos. “Quant à ma faculté à voir le bon dans chaque j’ose, j’aime à me dire que je tiens cela de ma mère et je ferais tout pour honorer sa mémoire en restant ainsi jusqu’à mon dernier souffle. Je crois que je trouverais la vie bien déprimante et bien triste si je ne voyais pas les choses de cette façon.” conclut-il avec un petit rire sarcastique. S’il n’y avait pas du bon en chacun et en chaque chose, la vie ne valait pas la peine d’être vécue, il en était certain. L’émissaire leva néanmoins à nouveau un sourcil sur la surprise lorsque Marianne évoqua ses passions et ses rêves. Craignait-elle le silence durant le voyage ou avait-elle vraiment envie de le connaître de la sorte ? “Si je vous dévoile déjà mon moi le plus profond à travers mes rêves, il n’y aura plus aucune surprise à découvrir pour vous Marianne. Et plus aucuns sujets de discussions pour les jours de voyage qu’il nous reste.” répondit-il dans un premier temps entre deux rires. Il n’y avait cependant aucune moquerie pour l’intérêt qu’elle avait prononcé à son égard. Il plutôt était flatté. “Je n’ai aucun problème à vous parler de mes rêves et du monde auquel j’aspire Marianne, je vous promets de me laisser démasquer au fil de notre voyage ensemble. Il n’y a rien que je ne souhaiterais vous cacher.” Le faux prétexte de son voyage vint le heurter de plein fouet, mais il ne laissa rien paraître. Si elle le lui demandait, il rétablirait la vérité, il s’en fit la promesse. “Peut-être qu’à la fin de ce voyage, vous pourrez lire en moi comme dans un livre ouvert. Et alors là, vous saurez tout de moi…” Son sourcil se haussa une nouvelle fois lorsqu’elle l’interrogea sur le lieu qu’il préférait. Existait-il une telle chose ? Il était pris de court et ne savait guère que répondre. “Voilà bien une question bien plus compliquée que vous ne le pensez. Ou alors, vous le savez pertinemment et attendez avec soin ma réponse pour la décortiquer.” dit-il l’air amusé. Il quitta un instant le beau visage des yeux, relevant la tête vers le ciel. Si en cet instant, il pouvait choisir d’être n’importe où ailleurs ? Ou souhaiterait-il être ? La réponse n’était pas évidente à trouver, il ne souhaitait échanger sa place aux côtés de Marianne pour rien au monde. Ou presque rien au monde. “Chaque lieu est unique et avec ma position, j’ai eu l’occasion d’en voir un certain nombre ! J’ai vu les beautés de plusieurs régions, les foyers chaleureux de plusieurs maisons. Des miracles de la nature qui vous font vous asseoir et l’observer pendant des heures.” Tytos avait raison, il tenait parfois plus du poète et de l’artiste que du combattant. “Je ne sais pas tant si c’est vraiment le lieu que je préfère, peut-être le moment que j’y associe… mais il y a ce banc dans les jardins de Corneilla. Pas là où le barral se couvre de corbeaux, mais là où c’est vert et boisé. J’aimais me promener là avec ma mère étant plus jeune, sa main sur mon épaule ou ébouriffant mes cheveux. Elle avait toujours une histoire à raconter. Encore aujourd’hui j’ai l’impression que le temps se suspend quand je m’y trouve.” Ses yeux s’étaient perdus dans le vide alors que son esprit l’avait ramené à l’un de ces moments. Voilà la seule chose contre laquelle il pourrait échanger ce qu’il vivait en cet instant, revoir sa mère quelques secondes, sentir son parfum, sa main dans ses cheveux à présent trop courts. Puis il revint au réel et trouva les yeux de Marianne posés sur lui. “Mais je pense que ce lieu semblerait tout à fait anodin pour quiconque d'autre poserait ses yeux dessus…” conclut-il avec un léger sourire amusé aux coins des lèvres. “Et vous Marianne ? Quel est le lieu que vous préférez ?” Il y avait des chances pour que cela soit un lieu qui lui rappelle Torvald, il en était presque certain.
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Un périple vers un renouveau.
An 299 Lune 1 Semaine 1
Leurs regards silencieux étaient à même de créer une complicité dans laquelle la sérénité trouvait sa place sans contrainte ni appréhension. Elle puisait sa source dans ce désir quasi imperceptible de vouloir accorder un peu de bonheur à l’autre grâce à une présence bien voulue. Les sourires ne faisaient que construire chacune des bases selon lesquelles aussi bien le chevalier que la veuve sauraient trouver refuge si l’ombre venait à revenir à nouveau. Marianne désirait tant la chasser à tout jamais, l’effacer de son cœur sans pour autant l’oublier. Mais la tâche s’avérait encore difficile voire même inenvisageable d’autant plus que le délai n’était, pour l’heure, toujours pas assez éloigné. Aussi, préférait-elle laisser son deuil de côté pour Lucas. Pour ainsi obtenir la chance d’admirer ce sourire qui illuminait son visage et dans lequel il était aisé d’y trouver le réconfort nécessaire pour avancer. La clé résidait certainement dans cette optique. Dans cet espoir qu’ils caressaient du bout des doigts et qui soufflait quelques perceptions quand à ce que pouvait être une existence sans tourment. Ressasser le passé était une erreur. Marianne l’avait bien compris dans ses plus tendres années, lorsqu’elle avait admis que la bonne survie de son domaine ne pouvait s’effectuer que par ce regard qu’elle devait porter sur l’avenir. Le sort de sa famille était une épreuve douloureuse à surmonter, néanmoins elle avait réussi à franchir ce seuil pour ainsi vivre des bontés qu’elle n’aurait jamais pu envisager. La perte de son époux était une affreuse vilénie qui planait au dessus de son âme et émiettait son cœur de manière constante pour ne plus lui laisser l’opportunité de se reconstruire à nouveau, pourtant, sa volonté renaissait de ses cendres et lui insufflait d’avantage l’idée de surmonter cela. De retrousser ses manches pour une fois encore pour que l’inattendu puisse lui prouver que tout n’était pas vain. Elle s’y confrontait en cet instant précis, dans ce regard qui l’encourageait, dans ce sourire qui lui renvoyait des images grâce auxquelles son courage réapparaissait. Et pour la première fois depuis toutes ces lunes, la lady de Castel-Bois désirait préserver chacun de ces instants pour y construire des souvenirs qui sauraient la rendre plus forte pour l’avenir. L’amitié du chevalier était une surprise qu’elle n’aurait jamais cru connaître, et pourtant, cette dernière l’incitait à participer à ce bien être qu’elle retrouvait à peine. Lui intimant quelques comportements quelque peu aventuriers, elle n’avait de cesse que de pouvoir admirer ce sourire sans y déceler la moindre once d’inquiétude ou de remords. Lucas avait su lui offrir cette main qu’elle n’aurait jamais cru voir tendue vers elle et jamais elle ne la laisserait s’évanouir dans quelques oublis ou inconforts qu’ils soient. Le récit qu’elle évoquait avait pour but de rassurer le jeune chevalier quand à ce nouvel espoir qui l’habitait. Grâce à lui, Marianne pouvait laisser de côté cette lourdeur qui habitait constamment son cœur pour y laisser pénétrer de l’oxygène et ainsi le rendre plus léger. Redescendue du tronc, la jeune fille témoigna de sa gratitude aux travers des mots et une volonté qui laissait sous entendre qu’elle chérirait ce qu’ils établissaient. Qu’elle lui accorderait une attention toute particulière dans laquelle la douceur se mêlerait volontiers à la témérité pour que d’autres occasions puissent les réunir. Peut-être envisageait-elle l’avenir d’une manière trop présomptueuse en accordant autant d’importance à ce lien ? Mais elle ne s’en voulait pas, tout comme elle pouvait reconnaître dans le regard du chevalier quelques encouragements, veillant à lui prouver qu’il en était de cet augure pour lui aussi. La simplicité résidait dans cette proximité qu’ils avaient su établir, prenant sa source directement dans cet espoir qu’ils partageaient, celui qu’ils découvriraient surement au fil du temps et au cours de ces quelques jours à passer ensemble. L’idée de d’un tel partage ravissait davantage le cœur de la jeune fille qui se mit à sourire pour une fois de plus devant la certitude de cette voix encline à lui faire croire en un meilleur. Cette fleur avait cette teinte d’anodin qui pourtant révélait une force qui conviait la jeune fille à désirer chérir cette délicatesse. Fragile, elle lui accorderait un intérêt particulier visant à renforcer chacun de ses pétales et lui accorder le privilège de trouver une sureté par leurs attentions. L’image n’en devenait que plus réelle alors qu’ils mettaient un terme à ce regard riche de sens et d’encouragement pour se séparer pour quelques minutes. Minutes durant lesquelles, la joie de la délivrance dansait autour de l’amitié afin de permettre à son cœur de s’alléger de ce poids pour une fois de plus.

Le départ avait été annoncé depuis un petit moment déjà, laissant ainsi l’opportunité à la jeune veuve de profiter de l’élan de sa monture d’une autre manière que de celle de vouloir galoper toutes foulées en avant pour faire taire la rage qui guettait son deuil. Cette fois, le calme veillait à accueillir chacun des sons propices à cette élaboration de voyage pour ainsi la bercer aux travers un pas qui se voulait rassurant. Marianne avait l’impression de se mouvoir dans un cocon de soie. L’un de ceux dont la douceur primait même sur la délicatesse tant la sécurité qui y régnait était palpable. La silhouette de Roadney en avant et aux côté d’un des chevaliers de Lucas, lui assurait la même vision, même si il était fort à parier que sa méfiance demeurait intacte tant qu’ils n’auraient pas franchis certains miles de plus. Il n’en restait pas moins que l’air n’en devenait que plus pénétrant à mesure que les pas les éloignaient un peu plus du domaine. Le ciel n’était plus aussi obscurci, laissant même entrevoir quelques éclaircies révélatrices quand à ce réchauffement qui s’éveillait sur sa peau. Marianne osait laisser son regard se perdre aussi bien sur les environs que sur la silhouette qui se tenait juste à côté d’elle. Lui accordant un nouveau sourire, elle appréhendait chacune de ses caractéristiques, telles que la manière dont ses doigts encerclaient les rennes ou bien encore l’assiette qui épousait parfaitement la cambrure naturelle de sa monture. Lucas dégageait une douceur qui savait se mêler à une dextérité qui se voulait à la fois rassurante mais aussi menaçante pour ses ennemis. Même si, il n’en portait pas le titre, sa prestance voulait lui offrir l’appellation de Lord. Pas celui qui caractérisait son père ou son frère, mais bien l’un de ceux que l’on honorait pour leurs sens légitime de la justice et de ce bon charisme qu’ils mettaient en exergue par le biais d’actes qui se voulaient bons. Plus elle l’admirait et plus Marianne percevait le bon en Lucas. Cet attrait qu’il dégageait par ses attentions, mais aussi par ce rôle qu’il employait à merveilles tant il accordait des bienséances à leur région, oubliée de tous. La jeune veuve se perdit dans ses pensées à cet instant. Désireuse d’offrir son amitié mais aussi sa dévotion à cet homme qu’il lui semblait découvrir à peine. Mais elle s’en extirpa rapidement au moment où la complicité reprenait de ses droits et les conviait à partager un trait d’amusement qu’ils soulignèrent volontiers par le biais de ce rire à l’unisson. Sa cousine serait certainement un sujet qui aurait toujours l’avantage de les rapprocher. « Allons ne vous sentez pas offensé de son choix. Malgré son rapide retour, elle vous concède le titre de fier chevalier de la région paysanne. » Un éclat de rire lui échappait alors qu’elle entendait parfaitement le dédain dans lequel Azilys se plonger dès lors qu’elle devait reconnaître quelque chose de bon dans le Conflans. « Il s’agit là d’un compliment de la grande Azilys Serrett. » Son regard tenta de s’accrocher à celui du chevalier pour y exprimer sa complicité mais également son apaisement quand à cet humour qu’ils parvenaient à trouver tous les deux. Cela lui faisait énormément de bien tout comme le fait de pouvoir entrevoir un peu de bonheur dans le regard du jeune homme. Néanmoins la réalité parut sujette à les rattraper derechef au moment où ce qu’elle espérait transmettre comme une continuation directe par rapport à ce qu’ils étaient en train de vivre, se révéla être, au contraire, un doute qui venait s’abattre sur les questionnements du jeune homme. Son sourire s’évanouit à cet instant, alors que son regard se dérobaient devant la gêne et la lourdeur qu’elle venait de faire naître entre eux. L’idiotie de sa complicité commençait probablement à lui jouer des tours, la rendant par ce biais naïve quant à des confessions qu’elle devait garder pour elle sous peine de tourmenter son ami. Elle avait certainement du aller trop loin, à moins que la réciprocité dans ce qu’elle avait cru voir dans les comportements de sa cousine en soient véritables pour le chevalier ? La veuve n’avait pas compris les agissements de sa cousine à son égard concernant Lucas. Aussi y avait-elle concédé des attachements qui se désiraient un peu plus qu’amicaux devant les diverses caractéristiques qu’elle lui avait –elle-même reconnues aussi. Marianne nota toutefois que le ton du jeune homme désirait avant tout préserver ce qu’ils partageaient en cette heure. Peut-être même y décelait-elle de l’amusement ? Elle notait à quel point, il établissait des efforts de manière à la rassurer sur son idiotie passée, sur cette liberté qu’elle s’était accordée de partager et dont elle n’aurait pas du. A croire que son deuil l’avait meurtri au point de lui en faire oublier les convenances à partager avec autrui. Probablement n’aurait-elle jamais l’occasion de pouvoir se sentir aussi libre que lorsqu’elle était avec Torvald. « Oh… » Ses yeux toujours baissés en direction de l’encolure de son destrier, la jeune fille tenta de renouer avec son titre et sa place de manière à apaiser les tourments de son ami. « Comme je vous l’ai appris toute à l’heure, vous lui avez fais bonne impression lors de votre dernière visite et … il me semblait trouver dans ses discours des affections à votre égard, d’où ma conclusion hâtive et déplacée. Veuillez pardonner ma familiarité. » Son ton exprimait sa gêne de l’instant alors que son regard lui témoignait de cette culpabilité qui commençait à la ronger. Celle prouvant de ce désir de délaisser l’inconfort alors qu’elle venait à peine de l’inviter à cause de son imbécilité.

De nouveaux silences prirent place à juste titre après ces révélations. Des moments durant lesquels, la lourdeur s’apaisait à nouveau pour laissait l’occasion à la légèreté de reprendre de ses droits. Peut-être Lucas ne lui tiendrait-il pas rigueur de cet instant. Sa gentillesse et sa bonne conscience sauraient mettre des prétextes sur les dires d’une pauvre veuve encore éplorée. L’espoir de Marianne semblait s’enfuir d’entre ses doigts timides alors que des visions dans lesquelles son passé se heurtait à son présent lui prouvaient à quel point elle était changée. Sa force ou plutôt son désir de la recouvrer l’avait ébloui toute à l’heure au point de lui faire croire qu’elle était la même. Son innocence lui jouait des tours. Pourtant, elle comptait bien remédier à son erreur de toute à l’heure en prouvant à Lucas qu’elle appréciait son amitié et désirait la préserver. Son silence prouvait cette fois, de cette volonté. De cette envie de complicité qu’elle savait devoir transmettre par le biais d’une confession honnête et naturelle. Combien de fois avait-elle entendu cette question ? Combien de voix s’étaient trouvées à prononcer ces mots aussi simples que l’eau se dévoilait comme limpide ? Trop de fois. Beaucoup trop de fois selon la tristesse de la jeune femme. Et même si d’ordinaire, elle se dissimulait derrière des barrières, cette fois, elle avait laissé la sincérité prendre le dessus. Afin ‘y trouver peut-être un écho ou simplement un refuge dans lequel sa torpeur pourrait s’évanouir pour quelques temps. « Mieux » était une vérité derrière laquelle elle ne désirait plus se dissimuler, pas avec Lucas. Pas avec celui qui lui renvoyait ce sourire dans lequel elle pouvait trouver un réel réconfort. Il ne la jugeait pas et veillait au contraire à lui témoigner de sa présence autrement que par des comportements qu’elle avait eu à faire face tout au long de son quotidien. L’accueil de sa réponse lui prouva qu’elle n’était pas seule à devoir faire face à une telle tristesse. Les ressentis qu’elle pouvait reconnaître dans les descriptions du jeune homme lui prouvaient qu’il était lui aussi en proie à ce mal d’une absence. Celle d’un être aimé et chéri dans son intégralité. Le cœur de Marianne se serra doucement devant ce témoignage, non pas en raison de l’écho qu’elle y trouvait mais bien plus par rapport à ce regard éteint devant lequel elle se confrontait. Jamais, elle n’aurait cru qu’un homme tel que lui, aussi enjoué et heureux, puisse connaître un tel mal. Il ne le méritait pas, tant bien même, ils se heurtaient ensemble devant cette injustice offerte par la vie de manière générale. Elle eut l’impression que son cœur s’arrêtait de battre lorsque l’évocation du prénom de Torvald vint à s’entendre d’entre les lèvres de son ami. Elle ne parvenait pas encore à prononcer son prénom, peut-être même n’y parviendrait-elle jamais. Et pourtant, elle accueillait chacun des conseils avec une attention toute particulière dans l’espoir que la vérité parvienne un jour à s’adonner sous cet augure. Ses yeux s’embuaient doucement et pourtant, Marianne n’avait pas envie de pleurer. Ce fait ne s’effectuait que grâce à cette compréhension qu’elle trouvait enfin dans les dires d’une personne, dans les témoignages de celui qui osait croire en elle tout comme elle pouvait croire en lui. Le courage lui revenait à cette pensée. Dès lors qu’elle plongeait à son tour son regard dans le sien et qu’elle se heurtait à cette silhouette emprunte d’autant de bonté. « Merci. » fut le seul mot qu’elle parvint à articuler alors que sa main se détachait de sa bride pour venir se poser sur celle du chevalier. La reconnaissance se lisait aussi bien dans son regard que dans son geste, tant ces derniers se voulaient doux et désireux de transmettre une gratitude inaudible. Et même si il avait momentanément baissé ses yeux pour trouver une contenance, Marianne sentait son cœur battre à nouveau. « Merci pour votre honnêteté et votre compréhension. » Cette fois-ci, elle espérait que Lucas parvienne à redresser son regard pour oser se confronter au sien. Il n’était pas nécessaire de renchérir face à ces sujets qui les blessaient tant les regards qu’ils échangeaient transmettaient une force incommensurable qu’ils découvraient. Le temps aurait certainement raison de la tristesse mais en attendant le soutien avait raison de la douleur. Et dans son sourire, aussi triste pouvait-il se présenter, Marianne désirait prouver à Lucas qu’il avait trouvé une amie sur laquelle il pouvait se reposer à son tour. Concentrée dans cet instant, la veuve n’accordait que peu d’intérêt aux alentours tant son unique préoccupation voulait accorder à nouveau de bien être au chevalier. Le courage lui insuffla assez de forces pour oser prétendre en une volonté de rassurer à son tour le jeune homme. Avançant à son rythme, désireuse de repousser cette tristesse qu’elle n’avait que trop connu, Marianne espérait que ses dires trouveraient une résonnance certaine dans le cœur de Lucas pour ainsi lui faire comprendre qu’elle ne voulait pas perdre ce qu’ils construisaient. Pas à cause de la peine, surtout pas à cause d’elle. Il fallait que le deuil soit affronté pleinement et quoi de mieux pour réaliser ce combat que de pouvoir se reposer sur cette personne qui veillait à maintenir sa main fermement contre la sienne et à lui sourire de manière à lui prouver que le monde n’était pas si difficile qu’elle voulait bien le croire. Elle désirait se libérer de ses chaînes invisibles qui la maintenaient encore et encore serrées afin de l’étouffer dans son désarroi. Et pour se faire, elle osait s’en donner tous les moyens afin de pouvoir partager un peu plus d’intimité et de complicité avec Lucas. Une once de fierté arriva même à s’immiscer dans le fon de son regard, timide, cette dernière se voulait encline à révéler à quel point sa présence lui faisait du bien. Peut-être était-elle-même parvenue à amener un peu de cette légèreté dans l’âme de son ami ? Pour une fois de plus, la jeune fille osait laisser l’espoir reprendre de ses droits pour accompagner le sourire qui se présentait devant elle en répondant sous les mêmes traits. Leurs sourires se partageaient pour quelques secondes supplémentaires et déjà la lourdeur se dissipait au profit de l’amusement qui apparaissait à nouveau.  D’un geste délicat et timide, Marianne abaissa doucement son port de tête, signe de sa reconnaissance à l’égard de Lucas avant de laisser un rire lui échapper. « Les complicités entre frères sont toujours des affaires de famille. » commença t-elle à rétorquer en essayant d’adopter ce même air de malice qu’elle pouvait reconnaître sur le visage du chevalier. « Vos deux amitiés me sont chères et je m’en voudrai d’être au milieu d’une querelle. » Un nouveau sourire vint à se partager avec le jeune homme alors qu’une vision de rêverie s’imposa devant ses yeux. Cette dernière rassemblait les deux frères à ses côtés et tous les trois trouvaient le moyen de s’entendre pour quelques sujets légers. Cela éveilla une nouvelle chaleur dans le cœur de la jeune lady alors qu’elle se sentait presque gênée de ressentir un tel sentiment à l’égard du chevalier.

Et petit à petit, Marianne osait retrouver des élans de son ancienne personne. Curieuse quant à son désir de connaître un peu plus le jeune homme, elle se laissa aller vers des affections qu’elle retrouvait à peine. Cela éveillait de nouveaux espoirs dans son âme, alors qu’elle désirait apprendre des détails sur celle de Lucas. Forte de cet élan, la veuve osait même rapporter quelques paroles partagées avec celui qu’elle considérait comme un ami très cher à son cœur à l’égard du chevalier. Cependant, elle ne s’était pas attendue à reconnaître quelques éléments propices à témoigner d’une profonde modestie concernant ce dernier. Accueillant ce comportement par un sourire qui se voulait bienveillant, la jeune fille trouva énormément d’affection dans cet anodin. Son sourire n’en devint que plus grand, désireux d’amener un peu plus de ce bien être entre eux au moment où sa voix lui confiait se sentir bien en sa compagnie. Le jeune homme ne devait certainement pas se douter de la résonnance de ses dires dans le cœur de Marianne. Elle les accueillait avec la plus belle des tendresses et osait les chérir pour ainsi laisser à cet espoir l’opportunité de perdurer un peu plus encore. Les confidences ne tardèrent pas à s’inviter devant cette complicité. « Vous m’êtes cher également. » Sa voix se voulait timide, alors qu’elle baissait momentanément son regard pour retrouver une certaine convenance quant à son aveu. Elle aurait tant aimé lui répéter à quel point elle lui était reconnaissante de ce qu’il effectuait pour elle. « L’amitié Nerbosc est pareille à celle des Harltons. » finit-elle par conclure alors que ses yeux se redressaient pour oser se perdre dans les iris éclaircis qui l’admiraient sous cet aspect nostalgique mais surtout à même de prouver de cet honneur qui habitait son être. Marianne se reconnaissait énormément dans cette description, dans cette gentillesse mais surtout cette générosité qui ne cessait d’illuminer la silhouette du jeune homme. « La beauté se dissimule toujours dans des recoins que nous n’attendions pas. La nature de toute chose sait se montrer bonne dès lors qu’elle ne se sent pas menacée, n’est-ce pas ? » Son sourire se voulait beaucoup plus encourageant que toute à l’heure. Elle cherchait à lui prouver qu’elle le comprenait et qu’elle savait à quel point la difficulté d’une telle vision pouvait s’avérer délicate à surmonter. Et pourtant, une part d’elle lui souffler l’idée que Lucas était probablement aussi fort qu’un roc et aussi téméraire que le vent pour ne pas laisser le reste le détourner de sa plus belle des convictions. Cela incita d’ailleurs la curiosité de la lady à vouloir en apprendre davantage sur lui. Aussi, s’était-elle laissée emporter par cette vision et eut-elle l’occasion de demander quelques détails plus personnels à l’émissaire pour apprendre de l’homme qu’il était. La surprise eut tôt fait de la gagner, toutefois, en vue de la réponse qu’il lui rapportait. Pour une fois de plus, la jeune fille se sentit gênée, dans la mesure où elle se confrontait devant ce laissé aller qui la plongeait vers un autre chemin que celui des convenances. Bien heureusement, la gentillesse et la politesse du jeune homme lui rappelèrent ce fait sans pour autant l’accuser d’un tort trop intrusif. « Je n’avais pas envisagé le délai sous cet aspect et comprends tout à fait votre réticence de l’instant. Je patienterai jusqu’à ce que vous le désirerez et ne prétendrez pas vous hâter tant que vous ne l’aurez pas décidé. » Un nouveau sourire lui échappa avant de finalement laisser ce dernier rester fixe sur ses lèvres. « Je l’accepterai que si vous parvenez à faire de même de votre côté. » Un regard complice vint à appuyer un peu plus ses dires même si elle se doutait qu’il lisait déjà en elle comme dans un livre ouvert. Cependant, elle délaissa cette pensée pour accorder une attention toute particulière à ce sujet qui se voulait doux et à même de délivrer des vérités sur leurs cœurs à tous les deux. Attentive, Marianne se mit à rire devant la remarque qui visait à faire probablement gagner du temps au chevalier et pendant l’espace de quelques secondes elle craignit même qu’il ne la remette à nouveau à sa place poliment. Mais la surprise ne tarda pas à la rassurer au moment où elle notait que Lucas allait jouer le jeu avec elle. Se pinçant doucement sa lèvre inférieure, la jeune fille appréhendait chacun de ses gestes et comportements pour ainsi apprendre à connaître le jeune homme de cette manière. Son regard se fit beaucoup maternel alors qu’elle se délectait de chacune des informations qu’il osait lui partager. Cela lui prouvait d’autant plus la confiance qu’il lui accordait alors qu’elle trouvait dans ses dires, les témoignages d’un homme qui savait voir le monde et lui accorder des valeurs justes. La jeune fille apprécia chacune de ses confessions et sentit même son cœur battre un peu plus fort contre sa poitrine au moment où Lucas lui apprit le véritable lieu dans lequel il se sentait chez lui.  Son récit la transporta directement jusqu’à Corneilla et plus précisément vers cet instant qu’il lui décrivait. Dans les détails qu’il y associait, la jeune veuve pouvait nettement comprendre à quel point l’amour de sa mère lui manquait. Cet état eut raison du reste et l’incita à ressentir à nouveau de ce désir de le soutenir qu’elle avait pu déjà ressentir toute à l’heure. A nouveau, elle aurait désiré retenir sa main pour l’aider à affronter cette étape, mais se ravisa alors que le moment n’était certainement pas le bon pour oser l’envisager. « Qu’il soit anodin pour d’autres n’est pas important. » répondit-elle d’une voix douce alors qu’elle souriait à nouveau à Lucas pour lui témoigner sa gratitude. « Les lieux que nous apprécions à leur juste valeur sont ceux qui ont touché nos cœur à un moment de notre vie. Et j’ose croire qu’un jour vous puissiez retrouver cette même sérénité en franchissant ce même chemin. » Son regard maternel couva le visage du chevalier. « Merci d’avoir partagé ce souvenir avec moi. » Son sourire se fit beaucoup plus tendre, ses yeux se perdirent quelque peu dans ceux du chevalier jusqu’à ce que la pareille ne lui soit concédée. A vrai dire, elle ne s’était jamais posé la question elle non plus. Ou du moins, aucune de ses expériences ne lui avait offert cette hypothèse. Aussi, préféra t-elle couper ce lien qui les unissait pour fixer à son tour l’encolure de sa monture. Son sérieux lui revint presque aussitôt alors que plus elle y songeait et plus l’évidence trouvait échos dans son cœur. « Il y a cette cabane dans laquelle j’ai passé quelques instants volés de mon enfance avec ma servante. Je lui apprenais à lire alors qu’elle effectuait mes devoirs de couture en échange – je ne suis pas très adroite de mes mains avec une aiguille. Bien sûr, ce lieu est chargé de souvenirs aussi bien avec elle qu’avec … » Prononcer son nom était difficile et le serait probablement pour un très long moment encore. Elle déglutit pour continuer à se donner du courage et finit même par retrouver son sourire devant l’image qu’elle voyait juste là sous ses yeux. « Il y a de l’autre côté de la berge, un saule pleureur dont les branches sont si imposantes que leurs cimes touchent l’eau. J’apprécie m’y assoir dessous pour regarder en direction de la cabane et voir les canards et les cygnes faire leurs nids. C’est apaisant et j’ai toujours imaginé mes parents de l’autre côté, heureux de profiter de la grossesse et de l’enfant à venir. Comme si ils étaient figés dans une peinture qui n’a jamais pu être aboutie. » Il lui fallut quelques secondes pour retrouver une certaine contenance en raison de ce qu’elle venait d’avouer. Jamais, elle n’avait confié cet état d’âme à quiconque, pas même à Camelya, ni à Torvald lorsque celui-ci était encore en vie. Pourtant, cette image avait probablement été celle qui avait accompagné toute l’enfance et une bonne partie de l’adolescence de la jeune fille. « Comme pour vous, pour beaucoup il s’agit d’une simple bâtisse sans grand intérêt, pourtant c’est l’endroit que je préfère. » Un nouveau sourire vint trouver une place certaine sur ses lèvres au moment où elle redressait son regard pour oser le perdre dans celui du chevalier.

La suite de la chevauchée fut à placer sous cette même découverte mais aussi les facilités grâce auxquelles tous les deux trouvaient refuge. La jeune veuve profitait de chacune des informations données par le jeune homme pour les inscrire directement dans son esprit et dans son cœur. Lucas se révélait être un chevalier dont la bonté n’avait aucune égale. Plus les heures défilaient et plus Marianne percevait dans son comportement des rapprochements avec son propre caractère, au point que cela pouvait en être déroutant. Tous les deux aspiraient à maintenir la paix, mais surtout à accorder une importance particulière à toutes les bienséances qui pouvaient emplir leur région d’innombrables beautés. Les autres hommes qui les accompagnaient ne tardèrent pas à se joindre pour quelques conversations. La jeune fille les accueillit à leur tour, désireuse d’en apprendre davantage sur les hommes qui assuraient leurs protections à tous. Finalement le temps donna l’impression de fuir à une vitesse qu’ils n’avaient pas envisagée. Si bien, que Marianne n’avait pas vu le soleil commencer à s’affaisser doucement pour laisser place en quelques ombres prévenant de la nuit à venir. Le chevalier ne tarda pas à donner l’ordre à ses hommes ainsi qu’à Roadney de trouver un endroit pour établir leur camp pour la nuit. Marianne s’empressa alors de faire un signe de tête au chevalier de sa maisonnée pour lui assurer qu’elle ne risquait rien et qu’elle lui faisait confiance. Elle porta son regard en direction des silhouettes qui s’évadaient de plus en plus et en profita pour regarder derrière eux afin de constater de leur solitude. « Vos hommes sont louables de part la dévotion qu’ils vous témoignent. On sent à quel point vous leur accorder une importance à leur juste titre. » Parler pour surement essayer de taire l’angoisse qui commençait doucement à naître en son sein et lui rappeler à quel point l’éphémère avait son lot de tristesse lui aussi. Néanmoins, elle retrouva rapidement son courage ainsi qu’une contenance bien réelle au moment où ses yeux croisaient ceux du chevalier. A nouveau, Marianne ressentit un soutien présent et d’autant plus marqué alors que son cœur s’apaisait doucement contre sa poitrine. Bientôt, ils rejoignirent les hommes sans les sous bois de la forêt et bientôt Marianne mit pied à terre et s’attacha à remplir quelques unes des tâches pour la bonne gestion du camp de fortune. Le petit groupe mangea ensuite et lorsque le temps fut venu, tous se souhaitèrent une bonne nuit avant que leurs yeux se ferment pour trouver repos. La jeune fille mit un certain temps à trouver le sommeil. Trop méfiante à l’égard des bruits pourtant communs à la forêt, il lui semblait entendre dans les moindres craquements de brindilles, des pas calfeutrés pour venir ôter la vie des pauvres âmes. Elle sursauta plusieurs fois, alors que le sommeil s’abattait enfin sur elle et lui accordait le privilège d’appréhender la noirceur totale de l’ombre. Malheureusement, cette dernière se tentait doucement de fumées grisâtres qui virevoltaient dans tous les sens au point de céder la place à des voix éloignées. Ces dernières étaient pour l’instant imperceptibles voire inaudibles jusqu’à ce que le sifflement dégage le bourdonnement pour les rendre plus nettes, enfin la rendre plus nette. Marianne eut l’impression d’être retenue par des liens qui sortaient de la terre alors que la fumée de dissipait pour lui montrer le visage de Torvald. Qu’était-il en train de lui dire ? Même si sa voix était perceptible, les mots qui en sortaient, eux, se voulaient incompréhensibles. Et plus elle essayait de se concentrer pour leur donner une signification moins elle y parvenait. « NON » cria t-elle au moment où elle vit une ombre fondre dans le dos de Torvald pour planter une épée dans son dos. Marianne essayait de se débattre de ses liens pour le rejoindre et le sauver, mais elle n’y parvenait pas. « Arrêtez… de grâce… » Elle gigotait dans tous les sens et pourtant elle n’avait pas assez de force pour venir à bout de ses chaînes. Le visage de Torvald se décomposait devant elle et elle pleurait en se laissant tomber à genoux. L’ombre lui donnait l’impression de rire derrière le cadavre qui gisait devant elle et cette dernière se rapprochait à présent d’elle d’une façon menaçante. Sa respiration s’accéléra, prouvant de cette peur qui continuait à s’écouler dans ses veines, elle se redressa rapidement sur ses jambes et dans un instinct de survie chercha à fuir dans la direction opposée. Encore une fois ses liens furent trop serrés pour l’empêcher d’aller où elle le désirait la mettant ainsi à la merci de l’ombre. Elle se débattit à plusieurs reprises et sentit la chaleur parcourir l’ensemble de son corps devant cette adrénaline qu’elle ressentait. Et puis, l’ombre finit par fondre complètement sur elle, la faisant se redresser, des gouttes de sueurs perlant de son front et l’air complètement perdu. Elle venait tout juste de se réveiller d’une nouvelle terreur nocturne et comme à chaque fois, Marianne avait besoin de temps pour reconnaître les environs. Sa respiration était toujours autant saccadée et bruyante, pareille à un animal terrifiée qui avait perdu l’ensemble de ses repères. Ou étaient les siens ? Sa vision était encore brouillée par la noirceur de l’ombre et elle avait l’impression que son cœur s’était déplacé jusqu’au niveau de sa gorge, l’empêchant par la même occasion de respirer.

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Le petit groupe de conflanais avait pris la route à une allure plutôt tranquille, laissant les chevaux trotter calmement. Mais ils ne traînaient pas non plus, l’objectif étant d’atteindre Pierremoûtier pour le lendemain soir. Cela leur permettrait de se ravitailler mais également à Marianne de dormir dans un véritable lit, bien que Lucas n’imaginait pas la belle Harlton se plaindre d’un manque de confort, elle ne ferait probablement aucun commentaire à ce sujet, elle ne semblait pas du genre. Une fois le rythme de course assez stable, le Nerbosc avait commencé à discuter tranquillement avec Marianne qui trottait à sa hauteur. Le premier sujet qui lui était venu à l’esprit était évidemment sa cousine, Azilys Serrett. Une jeune femme pour le moins marquante et qui leur prodiguait là une bonne matière à discuter. Ils s’amusèrent d’abord de l’empressement avec lequel elle avait demandé à ce que ses affaires soient rassemblées pour retrouver son foyer à Montargent, de l’autre côté de la frontière du Conflans. D’un air moqueur, Lucas s’était empressé d’évoquer le sentiment de trahison que cela lui avait fait ressentir. Marianne, semblant tout aussi amusée, le rassura sur les qualités que la jeune femme lui attribuait. Tout n’était pas perdu. Un nouvel éclat de rire moqueur résonna au dessus du petit groupe. Le paon argenté ne manquait certainement pas de toupet, au cas où la Corneille du Conflans aurait encore pu en douter. “Elle devrait remercier les régions paysannes de fournir la nourriture qui se trouve dans ses assiettes…” dit doucement Lucas, sans aucune animosité, mais avec un peu plus de sérieux que sa précédente intervention. “Mais mon avis est qu’elle ne connait pas beaucoup de conflanais si c’est à moi qu’elle attribue un tel compliment. Nul n’est sans ignorer qu’il y a de bien meilleurs chevaliers dans la région, à commencer par mon frère tout simplement !” Cette fois-ci, ce fut un doux éclat de rire qui s’échappa de ses lèvres. Lucas n’était pas un piètre combattant, sans quoi il n’aurait jamais obtenu son titre de chevalier, mais il n’en était pas un brillant non plus. Il savait se défendre, il s’entraînait régulièrement, mais il n’avait là aucune facilité, aucun don naturel, aucune passion dévorante comme d’autres pouvaient l’avoir. Il savait cependant faire preuve de ressources pour le moins inattendues et pouvait parfois ainsi se faire remarquer et marquer les esprits, mais tout cela n’était que de la poudre aux yeux, du spectacle, pas ce qui définissait un bon chevalier. Mais Lucas avait bien conscience que le commentaire de Marianne n’était qu’une façon de prolonger la complicité taquine qu’ils avaient établi. Il n’y avait pas de raison que Azilys Serrett soit la seule personne à se moquer tout ce qu’elle voulait. Lucas et Marianne étaient fier de leur région, alors il y avait de quoi rire du dédain affiché de l’ouestienne pour le Conflans. Même si le jeune homme se rappelait d’à quel point cet endroit était synonyme de deuil pour elle. Cela n’empêcha pas l’émissaire des Nerbosc de vouloir aller au fond de l’histoire, surtout maintenant que Marianne avait fait certains sous-entendus. Azilys repartait chez elle à Montargent et les deux conflanais se rendaient à Harrenhal, Lucas ne voulait plus que ça soit elle qui tire les ficelles, même à distance, il voulait reprendre une certaine autonomie de ses manigances. Malheureusement, l’interrogation de Lucas, pourtant sans aucun reproche, sans aucune vilenie sembla gêner la douce Marianne au plus haut point. Le froncement de sourcils du jeune homme s’accentua, alors qu’il regardait la jeune femme d’un air toujours aussi curieux. Puis au fur et à mesure qu’elle s’expliqua pour le moins clairement sur ce qui l’avait amener à penser qu’Azilys avait quelque affection pour lui, ses sourcils se redressèrent de manière excessive, les yeux écarquillés. Lucas ne revenait pas du culot que cette jeune femme possédait. Ses pressentiments avaient été les bons. Il fallut quelques minutes à Lucas pour digérer l’information et chercher quel était la meilleure réponse à donner à Marianne. “Encore une fois, vous n’avez rien à faire pardonner Marianne, aucune limite de familiarité n’a été franchi à cause de vos paroles, je vous rassure.” dit-il dans un premier temps avant de la quitter du regard pour regarder droit devant lui. Lucas ne voulait pas aborder trop franchement les discours que la Serrett lui avait tenu, il avait peur que cela soit trop bouleversant pour la jeune femme, de savoir que ses proches parlaient déjà d’une nouvelle union pour elle. Il craignait aussi qu’elle ne fasse faire demi-tour aussi sec à sa monture, craignant alors que tous les comportements de Lucas soit calculés et intéressés. La seule chose qui l’intéressait, était de lui rendre le sourire, de la distraire. Il n’attendait rien de plus. Il ne se le serait jamais permis. Mais il lui semblait trop tôt pour lui demander de faire un acte de foi tel et de le croire lui plutôt que son propre sang. Après quelques instants de réflexions, Lucas se tourna à nouveau vers la belle Marianne et lui répondit avec un doux sourire, un visage détendu. “Il me faut donc peut-être revoir mon interprétation de ce qu’elle m’a confié lors de ma précédente visite alors… Peut-être vous aime-t-elle autant que ce qu’elle ne semble m’aimer, d’après ce que vous avez pu entendre…” Le sourire de Lucas était grand, il se retenait d’éclater de rire. Peut-être était-ce là le problème d’Azilys Serret, elle s’entichait bien trop facilement. Cette pensée ne l’aidait pas à lutter contre le rire nerveux qu’il sentait naître en lui. A Marianne à présent de lire entre les lignes si elle le souhaitait et de conclure ce qu’elle voulait. Si elle avait des questions, il lui répondrait, mais s’il pouvait éviter de lui parler des propositions qu’il avait jugé indécentes, il le préférait.

Le calme s’était à nouveau installé entre les deux nouveaux amis, chacun profitant de l’occasion pour admirer le paysage ou bien mettre de l’ordre dans ses pensées. Puis Lucas avait repris la parole, demandant alors à Marianne comment elle allait. Aussi simplement que ça. Il n’avait pas voulu la forcer à lui donner une réponse. Il était prêt à entendre un refus ou un silence si elle ne s’était pas sentie prête à parler. Mais à sa plus grande surprise, la douce Harlton avait accepté de s’ouvrir. Lucas avait chérit cette confiance et écoutait attentivement ce que la jeune veuve avait sur le coeur. Il ne pouvait pas faire autrement, pas après une telle confession. Et comme ses révélations avaient trouvé un écho en lui, le Nerbosc s’était mis à parler de sa défunte mère, Arwyn. Pas pour ramener le sujet à lui, pas pour diminuer ce que Marianne pouvait ressentir dans sa perte et dans son deuil. Il était loin de penser à tout ça. Les mots s’étaient presque échappés naturellement de sa bouche, tellement il avait ressenti le besoin de le partager en retour avec elle. De lui donner un équivalent de ce qu’elle lui avait offert. Et puis c’était sa façon de lui dire qu’elle n’était pas seule. Que la vie continuait. Si elle avait continué pour lui, il n’y avait pas de raison qu’elle n’en fasse pas autant avec une femme aussi forte que l’héritière de Castel-Bois. Il n’en doutait pas même pour une seconde. Il y avait un avant et un après. Lucas voulait que Marianne puisse voir cet après. Il était différent, mais il pouvait être agréable. Heureusement, Marianne compris ce qu’avait tenté de faire le Nerbosc. Lucas sentit sa mains se poser délicatement sur la sienne. Il n’avait même pas fait attention au mouvement de son bras vers lui, tellement il avait été absorbé par son regard. Alors que Marianne baissa les yeux, il en fit autant avec son visage, regarda la main aux doigts gracieux qui s’était posée sur la sienne. Lucas pivota doucement sa main pour pouvoir contenir celle de Marianne dans la sienne et doucement la serrer. Il releva alors les yeux vers elle et lui offrit un sourire. Elle ne le vit probablement pas puisque ses yeux s’étaient à nouveau échappé ailleurs. Et il ne pouvait rien répondre à ça. Il n’y avait rien à répondre à cela. Il pouvait simplement apprécier le moment qu’ils venaient de partager. Estimer la confiance qui s’était faite et donnée entre eux. Il exerça alors une légère pression sur sa main. Ainsi, elle n’aurait peut-être pas vu son sourire, mais elle saurait qu’il l’avait entendu, et qu’il n’en pensait pas moins. Éventuellement, Marianne finit par relever doucement son visage et lui offrir un sourire teinté de tristesse. Pas malheureux. Simplement doux et empli des sentiments qu’ils venaient d’évoquer. Lucas exerça une dernière fois une pression réconfortante sur la main de Marianne avant de lui rendre sa liberté. Il n’y avait vraiment rien à dire, aucun mot à exprimer. Tout se passait dans leur regard et ils se comprenaient. Ils partagaient les mêmes peines et elles n’avaient plus besoin d’être évoquées. Elles étaient sues, elles étaients comprises et surtout respectées. Et il était là si elle avait besoin de lui. Puis les sourires retrouvèrent leur éclat naturel lorsque Lucas ne put s’empêcher une nouvelle taquinerie, après un nouvel instant de calme et de silence respectueux. Les élans fraternels n’avaient pu être retenu et même sans que Brynden ne soit présent, Lucas n’avait pu s’empêcher de faire référence à son frère et de le taquiner devant les yeux de son amie la plus fidèle. “Je ferais en sorte que cela n’arrive jamais, voilà une de mes promesses à présent.” Cela faisait écho à la fleur que Marianne avait cueilli juste avant leur départ, bien que la symbolique soit à présent bien plus légère, mais cela n’enlevait pas pour autant la sincérité du propos. Il se permit un semblant de clin d’oeil pour accompagner son sourire amusé. “Il nous arrive de nous disputer, bien évidemment, mais cela ne dure jamais bien longtemps, je vous rassure.”

La discussion s’était totalement détendue par la suite, et les sujets se firent à nouveau plus léger. Marianne semblait à présent curieuse d’en apprendre un peu plus sur son escorte et il fallait dire que ça n’était pas pour déplaire au chevalier. Il s’était amusé de l’empressement et de la multitude de questions que Marianne lui avait posé, mais il ne s’agissait nullement de moqueries. Juste le bonheur d’un instant léger et convivial qu’ils pouvaient partager. Lucas avait ensuite regretté ses mots, les jaugeant trop maladroits alors qu’ils avaient quitté ses lèvres pour s’épanouir dans l’air. Mais son coeur fit un bond quand il entendit Marianne les saisir et les utiliser à son tour. Nerveusement, il jeta un bref regard de biais, cherchant à comprendre ce qu’elle avait voulu dire par là. Probablement qu’elle ne faisait référence qu’à l’amitié qu’elle chérissait toujours de cette sorte. Après tout, c’était ainsi que Lucas l’avait reformulé par la suite. Et elle le confirma quelques instants plus tard en parlant de l’amitié qui unissait leur deux familles, et la façon dont les Nerbosc et les Harlton entretenaient leurs amitiés. Et pourtant, il avait entendu ses mots prononcés tout doucement. Et il avait senti son coeur se serrer l’espace de quelques instants de l'espoir qu’ils faisaient résonner en son coeur. Mais quel espoir ? S’il ne voulait rien s’avouer ? N’attendait rien d’autre de la courageuse Harlton ? Lucas chassa alors ces questionnements de ses pensées, et pourtant, il ne pouvait ignorer le ressenti provoqué par une telle phrase, aussi petit et simple soit-elle. Après quelques instant qui furent nécessaire au jeune homme pour retrouver un rythme cardiaque normal et une chaleur corporelle habituelle, son regard trouva à nouveau celui de sa compagne de route. Il semblait alors qu’ils partagaient la même vision des choses concernant la beauté et la nature. “Je n’aurais pas pu mieux dire Marianne.” conclut-il avec un franc sourire. “Et pourtant, nombreux sont ceux qui vantent mes talents d’orateur… peut-être faudrait-il que je fasse appel à vous plus souvent pour les éblouir et les convaincre plus encore.” ajouta-t-il en retrouvant son air taquin. C’était avec ce même ton, ce même air qu’il lui avait répondu que ses réponses sur ses rêves et ses ambitions viendraient plus tard, se dissimulant entre autre derrière le long voyage qui les attendaient et les sujets de discussions qui viendraient à manquer. Et puis il fallait dire que le jeune homme n’était pas non plus habitué à se livrer de but en blanc de la sorte, surtout pour de tels sujets, il avait l’impression qu’il fallait des occasions assez particulières, spéciales. Mais il avait fait une nouvelle promesse. Celle que ces révélations viendraient en temps et en heures, et que surtout, il ne comptait pas mentir à la jolie brune qui voyageait à ses côtés. Marianne pris sa réponse avec un certain amusement et lui promit de patienter, sans le brusquer, tout en évoquant une réciproque de son côté. Lucas ne perdit pas son sourire, mais il arqua un de ses sourcils légèrement alors qu’il l’observait d’un doux regard. “Si vous en doutiez encore un seul instant Marianne, sachez que je ne vous brusquerais jamais. Et si un jour c’est le sentiment que je vous procure, j’espère que vous n’hésiterez pas une seule seconde pour me remettre à ma place comme il se doit. Mais je chérirais vos paroles et vos confidences si vous souhaitez les partager avec moi.” Il hocha doucement la tête comme pour marquer la véracité de ses propos. La complicité continuait de se nouer au travers des mots et des regards entre les deux jeunes gens. Lucas était heureux de ce qu’il partageait là comme moments avec Marianne, mais il n’avait pas encore conscience des sentiments qui prenaient racines à chaque nouveau kilomètre qu’ils parcouraient, à chaque nouveau sourire entendu, à chaque remarque taquine, à chaque dévoilement que l’un ou l’autre acceptait de faire. Le regard de Lucas se perdit à nouveau dans le vague alors qu’il évoquait sa mère. Ca n’était plus avec la même tristesse à présent, il avait gardé son sourire aux lèvres alors qu’il revivait cet instant du passé. Comme il l’avait dit un peu plus tôt à Marianne, avec le temps, on finissait par chérir les souvenirs, plutôt que d’y penser avec tristesse et c’est ce qu’il faisait, même si cela ne le laissait évidemment pas indifférent. Une fois qu’il eu finit de partager ce moment pour le moins personnel avec Marianne, la réflexion de cette dernière le surprit et il tourna soudainement un regard curieux vers elle. Il vit dans ses yeux une toute autre lueur qui brillait alors qu’elle le regardait. Il n’aurait su la définir, mais elle était chaleureuse, enveloppante et il l’apprécia grandement. “Vous avez raison Marianne. Je n’ai pas du tout voulu diminuer la préciosité que ce banc à pour moi. C’était simplement ma façon de dire qu’il ne s’agit pas de ces lieux universels qui coupent le souffle à quiconque à le plaisir d’en savourer la vue. Mais vous avez raison, ce lieu n’est certainement pas défini pour moi, parce que les autres en pensent…” Il lui offrit alors un sourire alors qu’elle le remerciait. A présent, il faisait preuve d’une plus grande attention. Il avait retourné la question à la Harlton et il était curieux de la réponse qu’elle allait lui donner. Ce fut à son tour de rompre la connexion entre leur regard et d’observer le paysage environnant, alors qu’elle réfléchissait à la réponse qu’elle pouvait lui donner. L’endroit qu’elle lui décrivit lui évoqua un mélange de sérénité, de chaleur et d’interdit. Après tout c’est bien là-bas qu’elle s’échappait, avec sa servante comme avec son mari, dont elle n’avait pu prononcer le nom. Mais cela remontait aussi à ses parents, comme un point d’ancrage. Lucas laissa le silence se prolonger un instant, jusqu’à ce que Marianne se sente capable de trouver ses yeux une nouvelle fois. “Je crois comprendre pourquoi c’est ce lieu que vous choisissez…” dit-il d’une voix une ne peut plus calme et rassurante. Il ne s’y inviterait pas, ne s’y imposerait pas. Comme elle avait d’ailleurs fait attention à ne pas le faire pour son jardin. Ils respectaient la sacralité du souvenir et du lieu aux yeux de l’autre. Nul ne s’y forcerait sans invitation.


* * *


Lucas fixait les flammes dansantes du feu, écoutant la mélodie formée par le crépitement du foyer avide. Bien loin de l’adoration du Dieu Rouge, le jeune homme avait pourtant toujours trouvé cet élément réconfortant, appréciant se laissant hypnotiser par ses couleurs et ses mouvements chaque fois unique. Et puis il y avait ce bruit. Ce son qu’il entendait depuis des années et des années à chevaucher ainsi sur les routes. Il y trouvait un certain réconfort. Il l’avait associé à ce mélange de danger et de liberté. Le campement dormait à poings fermés puisque c’était son tour de garde et le jeune homme profitait du calme pour repenser à sa journée et à la route parcourue. Les sujets de discussions avaient été assez nombreux. Ils avaient alterné des moments plus calmes, plus silencieux, abordés des thèmes très légers ou parfois un peu plus sérieux. D’ailleurs ils n’avaient pas discuté qu’entre eux, la formation du groupe avait évolué plusieurs fois et Marianne avait eu ainsi l’occasion de faire connaissance avec les hommes Nerbosc qui accompagnaient Lucas. Ce dernier avait d’ailleurs pu faire un peu connaissance avec Roadney mais sa méfiance était forte. Son allégeance et son désir de protection envers Marianne ne faisait aucun doute. Même quand Lucas lui avait demandé de trouver un lieu ou dormir, simplement parce qu’il s’était dit que le chevalier de Castel-Bois devait être plus familier avec le lieux, pas du tout pour l’éloigner de sa protégée, il avait vu le regard qu’il lui avait lancé, puis le questionnement silencieux qu’il avait fait à sa dame. Adossé contre un tronc d’arbre, le regard de Lucas allait du feu à l’ensemble de la petite clairière dans laquelle ils avaient monté leur camp. Il s’attardait parfois plus longtemps sur la petite tente de fortune qu’ils avaient pu confectionner pour Marianne, lui conférant ainsi un peu plus de confort et d’intimité qu’au reste des voyageurs, comme cela était attendu pour quelqu’un de sa stature, même s’il l’avait vu s’activer pour aider à monter le camp sans que rien ne lui soit demandé. Lucas avait découvert Marianne et pourtant, leurs points communs étaient tels, et leurs visions des choses si similaires, qu’il avait eu l’impression de la connaître depuis toujours. Ou cela était-ce dû aux discours de son frère à son propos qu’il entendait depuis des années ? Et aux idées que la lady de Montargent avait insinué dans son crâne ? Il n’aurait su donner une réponse avec exactitude, mais cela ne changeait pas la présence du sentiment. Lucas faisait tourner son épée entre ses mains par le manche, laissant ses doigts en serrer le cuir déjà un peu trop usé à son goût. Il était attentif à tous les bruits qui n’étaient pas celui du feu ou d’un ronflement de ses hommes. Mais il n’y en avait pas trop, les lieux étaient calmes, hormis un lapin qu’il avait vu filer le plus rapidement possible après s’être aventuré trop près de Gareth et s’être fait surprendre. Lucas avait déjà dormi un peu en tout début de soirée, juste après le dîner, alors la fatigue ne se faisait pas trop sentir, mais son tour de garde allait bientôt toucher à sa fin, ça serait à un des deux gardes de Corneilla de prendre le relais, ce qui lui permettrait d’être relativement frais et reposé au réveil et pour la journée qui allait suivre. Soudainement un cri le fit bondir sur ses pieds. Sa main se resserra sur le manche de son épée qu’il venait de brandir. Il fit un tour sur lui même, cherchant à établit d’où était venu le cri et s’il représentait une menace pour son groupe. Il vit alors que ser Roadney s’était réveillé et redressé sur un coude de sa couche, poignard brandit. Lucas mis un doigt sur ses lèvres pour lui faire comprendre qu’il cherchait à entendre la source du fameux cri. Mais ce fut un tout autre bruit qui suivit cette fois-ci, c’était un sanglot et il ne faisait pas de toute qu’il provenait de la tente de Marianne. Lucas rengaina son épée et se précipita vers la tente, sans un regard pour le chevalier des Harlton. Peu lui importait d’avoir son autorisation en cet instant, bien qu’il pouvait se douter que sa réaction n’était pas pour lui plaire et qu’il aurait préféré être celui qui s’occupait d’elle. Il s’était trouvé être le plus proche de la tente, déjà habillé, déjà debout, si ser Roadney avait quelque chose à redire, il aurait tout le loisir de le faire plus tard. Lucas mis quelques secondes à s’habituer à l'obscurité qui régnait derrière les tissus tendus, mais une fois que ce fut fait, il vit Marianne, assise sur sa couche, l’air apeurée et complètement perdue. D’un geste vif et souple, le Nerbosc s’agenouilla à ses côtés, posant délicatement une main sur ses cheveux. “Tout va bien Marianne. Vous êtes en sécurité.” Sa main se mit à décrire quelques caresses dans sa chevelure, alors que de l’autre, il lui attrapa doucement le menton pour l’obliger à sortir de sa transe pour le voir. “C’est moi, Lucas. Ser Roadney est dehors. Tout va bien, vous êtes en sécurité.” répéta-t-il doucement jusqu’à ce qu’elle l’entende. Comme il la vit se mettre à trembler, sans doute à cause de la torpeur de son cauchemar, Lucas n’y réfléchit pas à deux fois et la serra dans ses bras, la berçant doucement. “Chuuut, ça n’était qu’un mauvais rêve, tout va bien.”
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Un périple vers un renouveau.
An 299 Lune 1 Semaine 1
L’amusement arrivait à se créer une place toute particulière dans le cortège. Elle entourait chacun des acteurs dans une bulle visant à apaiser les quelques appréhensions connues toute à l’heure. L’amitié grandissait, encourageait à la confession, alors que les rires, eux, se répondaient de plus belle pour encourager la bonté à s’immiscer dans les cœurs des deux amis. La jeune fille se plaisait à répondre aux sourires de Lucas de manière véridique et honnête. Comme un cadeau qu’elle apprenait à chérir, Marianne se réfugiait pour quelques temps de plus, dans le regard du chevalier, afin d’y retrouver cette sensation agréable et apaisante qu’elle ne connaissait plus. Le bien être s’éveillait doucement en son sein. Il recouvrait assez de force pour peut être rassembler les éclats de son cœur petit à petit afin de lui laisser l’opportunité de respirer tout simplement. L’air s’engouffrait facilement dans ses poumons, il se dispersait dans la totalité de son corps, lui rappelant ainsi à quel point ses bienfaisances lui étaient vivifiantes. Les discours s’enchaînaient naturellement les uns après les autres, ils émettaient de ce sentiment dans lequel la douceur s’alliait volontiers à la complicité pour leur permettre à tous les deux de profiter de leur présence. Des amis en devenir, la lady de Castel-Bois apprenait à déceler la malice dans le fond du regard de l’émissaire des Nerbosc. Une caractéristique qui lui plaisait de plus en plus, tant elle commençait à l’associer à un état de plénitude qu’il désirait simplement lui offrir à son tour. Tous deux se prêtèrent volontiers au jeu de ces moqueries, ou plutôt de ces quelques révélations au sujet de sa cousine. La veuve appréciait de plus en plus entendre les tonalités que prenait le rire de Lucas. La joie s’y engouffrait, naturelle, instinctive, elle donnait l’impression de se conforter dans chacune de ses impulsions dans le même temps qu’elle l’invitait à répondre à son appel. D’ailleurs, elle n’hésita pas à s’y harmoniser autour, grâce aux remarques qui cherchaient à partager un peu plus encore. Des confessions, qui, seraient à même de prouver de l’amitié naissante entre eux et qui, par ce biais, participaient à la confiance qu’ils apprenaient à construire. Marianne en venait même à oublier le poids de son départ alors qu’elle se réfugiait sans vergogne dans cette atmosphère créée par le jeune homme. « Ne soyez pas si sévère envers vous-même. » Le sourire de Marianne devint légèrement timide alors qu’elle désirait laisser à Lucas ce bénéfice qu’il réfutait. « Un chevalier n’est pas qu’une épée et un honneur, il est aussi un protecteur et un soutien. » Elle ne comprenait pas pourquoi elle tenait tant à partager ceci avec Lucas, pourtant son cœur s’était envolé doucement à cet instant. Il l’obligea même à baisser son regard dans l’espoir de reprendre une certaine contenance. N’était-elle pas simplement encline à partager une vérité ? Son rythme cardiaque s’accommoda de cette réponse et lui insuffla le courage nécessaire pour redresser ses yeux et sourire de cette même manière à son ami. Marianne reconnaissait énormément de qualités chevaleresques dans les agissements de Brynden, probablement se présentait-il comme le plus honorable de tous. Mais Lucas avait ce quelque chose de plus qui veillait à l’entourer d’une aura dans laquelle la confiance et l’espoir se répondaient mutuellement et permettaient ainsi des croyances bien plus grandes que celles qu’il voulait reconnaître. Peut-être était-ce cela que sa cousine avait su déceler lors de leur dernière conversation ? Peut-être était-ce de ce charisme là dont elle lui avait confié les atouts et les attirances au cours de leur dernière discussion ? Petit à petit, Marianne avait l’impression d’ouvrir les yeux et de voir à ses côtés la définition même du chevalier que toutes les petites filles attendaient. Aussi se permit-elle de laisser ses confessions lui échappaient un peu plus devant les interrogations du chevalier. Ses conclusions n’eurent aucun écho dans les comportements du jeune homme et déjà, Marianne se sentait troublée par la familiarité qui venait de la conduire vers des inattentions qu’elle aurait du préserver. Bien heureusement, la bonté de Lucas ne tarda pas à la rassurer et lui permettre de retrouver les quelques espoirs qui avaient su prendre place depuis toute à l’heure. La timidité lui revint derechef à mesure que les mots du jeune homme trouvèrent une résonnance dans son cœur. Pourtant, la coupure entre ce lien qui avait su les réunir quelques secondes plus tôt veilla à glacer doucement ses doigts. Marianne nota rapidement à quel point le chevalier se sentait troublé, son regard perdu vers l’avant, son léger froncement de sourcil et l’attitude de ses lèvres mettaient en évidence sa réflexion interne. Elle, qui, ne désirait pas le mettre mal à l’aise, voilà qu’elle l’avait plongé vers des tourments qu’elle aurait pu lui éviter. Elle était même prête à reprendre la parole pour le ramener à elle et ainsi lui prouver de son idiotie pour une fois de plus, mais fut devancée par la générosité du jeune homme qui continuait à illuminer son visage par ce doux sourire qu’il lui offrait. A nouveau, la jeune fille répondit à son appel en faisant de même et reconnût les quelques éclats d’amusement de toute à l’heure dans les remarques qu’il lui confiait. « Aussi exigeante soit-elle envers son entourage et elle-même, Azilys Serrett possède d’un cœur en or. » finit-elle par conclure en appuyant le regard de son ami et en se laissant bercer par le rythme des foulées de sa monture.

Les aléas des conversations engrenèrent des sujets plus ou moins variés. Alternant confessions, amusements, puis légèreté. Lucas et Marianne apprenait à se connaître d’une façon naturelle et plus le temps passait plus la lady rapprochait les traits de caractère du chevalier au sien. Comme un miroir dans lequel elle pouvait se voir pour la première fois, elle acceptait chaque détail devant lequel elle se confrontait pour le chérir une fois de plus. L’espoir de Lucas résonnait dans son cœur, surtout lorsqu’il se confia à son tour de cette manière. Il la plongeait littéralement dans son monde, sans se dissimuler derrière des artéfacts, sans aucune retenue et en cela Marianne lui en était d’une extrême reconnaissance. Elle se laissait conduire sans aucune méfiance, il n’y avait aucune raison d’en concevoir une moindre once, il n’y avait que leur amitié et cette confiance qui exerçait une pression de plus pour rétablir son espoir. Celui dans lequel le monde avait sa place et où les attentions se répondaient mutuellement dans les gestes qu’ils s’offraient. La main de la jeune fille épousait parfaitement celle du chevalier. Il n’y avait besoin d’aucun mot pour parfaire cet instant, seul ce geste comptait par-dessus tout. Lui seul était à même de conclure de leur amitié et de la force de cette dernière alors qu’ils se prouvaient de leurs présences. Lucas venait de gagner celle de Marianne et à jamais cette dernière veillerait à la chérir et la préserver. Aussi douloureuse pouvait être la confession, il n’en restait pas moins que la douceur dans laquelle ils se plongeaient les enveloppait de ce bien être dans lequel ils pouvaient se recueillir ensemble. La pression que le chevalier exerça prouva de ce désir et de cette vérité qui initia le mouvement de son regard pour le plonger dans le sien. L’entente n’en devint que plus forte encore au moment où leurs sourires se répondaient sous ce si bel augure. La tristesse n’aurait pas raison de leur dessein, mais la force de leur amitié les entraînerait tous deux vers ce meilleur auquel ils aspiraient. Maintenant, Marianne y croyait et elle parvenait à se convaincre de maintenir cette croyance intacte. La légèreté finit par reprendre de ses droits alors que le sujet fraternel amena un nouvel élan de confessions de la part du chevalier. La jeune veuve accueillit les informations avec une attention bien marquée, surtout devant ce sourire qui semblait lui rappeler celui d’un petit garçon pris la main dans le sac. Brynden était toujours sur la retenue, rares étaient les occasions où la jeune fille avait pu reconnaître un lâcher prise le concernant, qu’il lui paraissait amusant d’essayer d’imaginer les deux frères en train de se chamailler gentiment. La promesse de Lucas veilla à la faire rire légèrement. Surtout au moment où elle comprenait les messages qui s’y dissimulait derrière et les rappels de la fleur de toute à l’heure. « Une promesse est une promesse Lucas. » Ses yeux rieurs cherchèrent du réconfort dans ceux du jeune homme. Cela lui plaisait de plus en plus. Cette complicité lui faisait un bien fou, au point qu’elle se laissait aller sans même en avoir conscience. D’ailleurs le clin d’œil qu’elle perçut parvint à la faire rire de plus belle, peut être était-ce même la première fois depuis tout ce temps qu’elle y parvenait de cette manière. Et cela lui donna l’impression de la délivrer d’un poids immense. Ses épaules se déchargeaient doucement du poids du deuil. « Vous m’en voyez rassurée. » conclut-elle en souriant toujours dans cette même entente. Cela lui faisait autant plaisir de pouvoir reconnaître de la légèreté dans les attentions de Lucas. Comme si, il se sentait bien avec elle, comme si il était heureux quelque part. Cela lui permettait encore plus de profiter des moindres instants.

Les foulées restaient les mêmes, le paysage, lui, changeait à mesure que les miles les transportaient d’un endroit à l’autre. Même si la végétation restait la même, il y avait quelques petits détails qui participaient à une nouveau souvenir. Celui dans lequel, la jeune fille oserait se plonger dans ses moments de doutes, un rappel, qui, saurait lui offrir des bienséances au moment où elle retrouverait le sourire de Lucas dans ses songes. Elle savait qu’elle l’y retrouverait, tout comme elle croyait fermement à ses paroles concernant son apprentissage. Une part d’elle s’impatientait déjà de ces instants, durant lesquels tous les deux se conteraient des anecdotes. Probablement se rapprocheraient-ils pour favoriser le secret, ils riraient de plus belle et se consoleraient aussi bien par leurs sourires que par leurs regards qu’ils échangeraient. Cette idée la conforta d’avantage puisqu’elle mettait en exergue ce qu’ils étaient en train de partager en ce moment même. Ils parlaient ouvertement, sans chercher à se dissimuler derrière des mots ou des expressions, ils osaient de confier encore. Si bien qu’ils se rassuraient mutuellement sur les intentions de chacun. Bien sûr, la timidité reprenait de ses droits devant l’honnêteté qui franchissait la barrière des lèvres de la jeune fille mais cela participait pour une fois de plus à ce bien être qu’elle apprenait à reconnaître grâce à Lucas. Il était le seul déclencheur de cet état et de cet espoir qui renaissait de ses cendres. La reconnaissance ne faisait que jaillir aussi bien dans les propos de Marianne que dans ses attentions même les plus minimes. Et puis l’accueil des révélations n’en devint que plus fort à mesure que les images se dessinaient devant ses yeux. La beauté était souvent subjective pourtant elle se dissimulait partout à la fois. Elle éveillait le cœur de qui voulait bien la voir, elle transportait les âmes vers des illuminations uniques. Mais surtout, elle participait à cette bonté dans laquelle tous les deux aspiraient. D’ailleurs, elle se trouvait également ici, dans ce voyage, dans les révélations du jeune homme et dans ce sourire qu’il osait lui confier grâce à son souvenir. Son évocation n’en devint que plus belle encore et parvint à toucher le cœur de Marianne qui ne tarda pas à confier ses propres vérités à ce sujet. La réponse du chevalier la fit sourire de plus belle et lui prouva pour une fois de plus à quel point ils se ressemblaient. « Un orateur parle avec sa sagesse, il suffit d’y mêler un peu de son cœur pour que les arguments touchent. Et vous savez très bien agir de cette façon Lucas. » Elle espérait pouvoir le convaincre quant à son espoir qu’elle plaçait en lui. Même si l’air taquin de Lucas la rassurait au sujet de ses intentions, il n’en restait pas moins qu’elle n’appréciait pas le voir douter de lui de cette manière. « Ne doutez pas de vous. » ponctua t-elle tout en souriant d’une manière beaucoup plus maternelle afin de lui prouver de ses sentiments en ce moment même. Le cocon dans lequel ils se trouvaient devenait coton. Doux et léger, il les transportait doucement mais surement vers ce terrain sur lequel ils trouvaient leur place. Plus les conversations défilaient et plus Marianne sentait réellement que sa place se tenait ici, jute aux côtés de Lucas. A même de pouvoir le soutenir dès l’instant où il le désirait mais aussi de se confier à son tour lorsqu’elle sentirait que son oreille se reposait sur elle. Le bien être lui offrait des bontés qu’elle n’avait pas connu depuis un certain temps déjà et même si des piqûres de rappel se perdaient de temps à autre dans la discussion. Il n’en restait pas moins qu’elle parvenait à reprendre contenance pour les délaisser. Parce que Lucas l’y encourageait une fois de plus. « Je n’ai jamais douté de vous et de vos intentions. » se confia t-elle dans une timidité palpable au moment où elle reconnaissait avoir froissé Lucas. Jamais, elle n’aurait désiré agir de la sorte et elle ne voulait pas qu’il pense à tort de ce qu’elle avait pu avancer juste à l’instant. « Si je peux me confier librement alors je vous le dis à présent, vous réussissez à me redonner de l’espoir pour affronter le reste. Je vous en suis reconnaissante. » Pour une fois de plus, la jeune fille essayait de perdre son regard dans celui du chevalier pour lui prouver de la sincérité de ses avancées. Si elle y parvenait, c’était aussi bien par les encouragements reçus par sa cousine, Ser Roadney, mais surtout par cette force qu’elle parvenait à saisir grâce à Lucas. Il lui insufflait le courage nécessaire pour oser aller de l’avant et ses conseils ne faisaient que renforcer cette idée à mesure qu’elle pouvait concevoir que le temps aurait surement son effet.  De nouvelles images se dessinèrent doucement dans son esprit. L’amenant vers Corneilla, lui permettant de déambuler dans les allées qui lui étaient familières pour ainsi reconnaître ce banc que le jeune homme évoquait. La préciosité de l’endroit n’en devenait que plus réelle aux rythmes des confidences et le cœur de Marianne se laissait bercer par la mélodie de ce souvenir inconnu. Elle reconnut là des teintes plus mélancoliques, pourtant, le beau reprenait de ses droits et la conviait à chérir une fois de plus cet instant. La sacralité des lieux permettait cette confidence pour le moins précieuse et bientôt la jeune fille appréhendait le courage de son ami pour lui témoigner de sa reconnaissance. Et comment le lui prouver qu’en partageant à son tour l’élaboration de sa préciosité à son tour. L’éveil de ses souvenirs la confina un peu plus vers cette atmosphère de secret qu’elle appréciait beaucoup. Si bien qu’elle se laissa aller vers des dires qu’elle n’avait jamais rapporté jusqu’alors.  La berceuse sortir cette fois-ci de sa propre bouche et les tonalités qui s’en extirpaient se prêtaient volontiers au duo qu’elle confectionnait avec le chevalier. L’impression de se perdre pour mieux se retrouver n’en devint que plus équivoque au moment où son reflet se trouva dans le regard bienveillant de Lucas. Elle y lisait tant de choses secrètes, qu’elle cru même y percevoir un peu de cette étincelle qu’elle échangeait avec lui. Le message n’était pas encore clair, néanmoins la tenue, elle la confortait dans son espoir. Elle l’enivrait petit à petit et lui ouvrait un nouveau chemin qu’elle appréciait prendre en compagnie du jeune homme.

Et puis la nuit tomba. Elle déversa de sa noirceur quelques unes de ses farces pour plonger la lady Harlton dans des tourments qui lui étaient incontrôlables encore. Le sommeil la gagna comme il devait le faire. L’air l’avait fatigué comme il avait également éreinté chacun des participants à ce voyage. Elle ne tarda pas à plonger dans l’obscurité la plus totale. Mais des ombres jaillirent à mesure que le tourment l’emportait encore. La bataille paraissait inconstante, injuste et se répétait nuit après nuit. Selon des tumultes plus ou moins grands et marqués, celle de cette soirée était bien plus violente que celle des derniers jours. Bientôt l’ombre remporterait la victoire et la jeune fille se réveillait en trombe dans sa tente de fortune. Effrayée, elle avait perdu ses repères au point de ne rien reconnaître. Les acouphènes sifflèrent à ses oreilles, si elle avait été debout peut être aurait-elle perdu l’équilibre. Ses mains tremblaient, ses genoux s’entrechoquaient alors qu’elle essayait de les rassembler pour les encercler. Devait-elle crier à nouveau ? A quoi bon… La chaleur l’étouffait au point que l’air lui donnait l’impression de lui manquer. Si elle fermait ses yeux, Marianne craignait de revoir cette ombre, d’entendre à nouveau sa voix… Ses yeux s’embuaient à mesure que les souvenirs de son vécu lui revinrent et petit à petit il lui semblait entendre une autre voix plus éloignée. Elle n’osait pas bouger, ses yeux essayaient simplement de chercher un rappel de l’endroit où elle se situait. Fixes, ils regardaient juste devant elle. La voix se clarifiait et il lui semblait sentir des mouvements au niveau de sa chevelure. Lucas. Lucas. Petit à petit l’écho de son prénom arrivait à percer la noirceur de son cauchemar et ses yeux finirent par trouver les siens. D’abord fixes, la jeune fille essayait de se raisonner pour percevoir la réalité. Chose qui lui revenait petit à petit alors que ses yeux commençaient à recouvrer la brillance qu’elle avait pu acclimater à son regard dans l’après midi. Ses prunelles cherchaient encore des réponses et finalement le refuge vint à elle dans cette étreinte qui la réchauffa. Son souffle s’arrêta au moment précis et déjà la tension s’affaissa lorsque le contact de son menton sur l’épaule du jeune homme lui rappela que la réalité était là. A cet instant précis, Marianne parvint à souffler, lâchant entièrement la pression qui l’habitait dans le même temps où sa main droit remontait doucement le dos du jeune homme pour saisir l’arrière de sa chemise. « Je suis tellement désolée… » furent les premiers mots qu’elle parvint à balbutier avant que les sanglots se saisissent d’elle. « Tellement… » se mit-elle à répéter alors qu’elle serrait un peu plus les pans du tissus de la chemise derrière le dos du chevalier. La conscience lui revenait pas à pas, accompagnée d’une respiration encore saccadée mais dont la fluidité laissait présager de son retour. Les sifflements arrivaient à s’estomper doucement pour ne de venir qu’un bourdonnement. Elle pouvait se reposer ici, sur son épaule. Et c’est ce qu’elle fit pour quelques secondes de plus avant de se reculer doucement pour sécher ses larmes. « Lucas… » Elle ne savait quels mots devaient être employés alors qu’elle ramenait la main qui tenait son dos de manière à saisir sa main à présent. Des soubresauts lui échappèrent encore un peu mais ses yeux restèrent figés sur les doigts qu’elle tenait. Elle ne savait pas quoi dire, la gêne la gagnait en plus de cet inconfort qui veillait à mettre à mal tout l’espoir qu’ils avaient pu façonner ensemble pendant la journée. « Je … » la jeune fille se mit à secouer rapidement sa tête de gauche à droite alors qu’elle sentait à nouveau une vague de tourments la submerger à l’intérieur. « … » Malgré les inspirations qu’elle prenait, aucun mot ne sortait de ses lèvres, elle ne savait même pas quel fil tirer pour essayer de démêler le nœud de ses idées. « Je suis perdue. » Elle serra un peu plus sa main dans la sienne sans oser redresser son regard par honte, ou peut être était-ce simplement par crainte de lire dans le sien un message qui aurait pu mettre un terme à leur amitié.

AVENGEDINCHAINS
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Devant le feu de bois crépitant, seul avec ses pensées, Lucas avait tiré orgueilleusement un bilan positif de la journée. S’il était arrivé à Castel-Bois avec un noeud au ventre, il était à présent persuadé de se coucher dans quelques heures avec l’esprit léger, un sourire béat accroché à ses fines lèvres. La route avait cet avantage de rapprocher les gens pour le moins rapidement. L’activité ne laissait guère la place à d’autres loisirs que la discussion et l’observation, alors c’était ce que le petit groupe avait fait, alternant entre les deux. Lucas et Marianne avait été deux interlocuteurs privilégiés, il fallait bien le reconnaître, même si les autres voyageurs n’avaient pas été laissés en reste. L’émissaire du Conflans avait ainsi pu mieux cerner la jeune femme et voir de ses propres yeux ce qu’il avait toujours entendu de la bouche de son frère aîné Brynden ou bien plus récemment de la cousine de ladite Harlton, Azilys Serrett. Cette dernière avait d’ailleurs représenté un sujet de conversation assez conséquent à elle seule. Il fallait dire que la jeune femme avait un caractère pour le moins remarquable et par la même, un moyen de faire rire gentiment les deux conflanais, tant l’ouestienne différait d’eux par de nombreux aspects. Le chevalier avait également cherché à éclaircir certains point que la jeune femme aurait pu aborder avec sa cousine, compte tenu de ce qu’elle avait osé avancer lorsqu’ils s’étaient rencontrés pour la toute première fois juste après la mort de Torvald. Mais c’était aussi un sujet à double tranchant, Lucas n’avait pas particulièrement envie d’avouer à la belle Marianne les idées qu’Azilys lui avait mises dans la tête, tout comme la Harlton ne semblait pas vouloir confier les confidences de sa cousine à quelqu’un d’autre. Il n’y avait donc plus rien à ajouter, mais Lucas se promit de toujours prendre ses précautions dès que son nom serait associée à la conversation, pour mettre le plus de choses possibles au clair. Les discussions avaient ensuite touché différents sujets, certains avaient pu sembler plus terre à terre, moins sérieux et pourtant. Les réactions de l’un comme de l’autre en disaient long sur qui ils étaient vraiment et cela avait permis à Lucas de continuer à appréhender la jeune femme qu’était Marianne Harlton. Si le jeune homme n’en avait jamais vraiment douté des qualités qu’on lui avait vantées sur la jeune femme, il avait pu se rendre compte avec ses propres yeux de tout ce qu’elle avait de bon en elle et de sa volonté de le partager avec le plus grand nombre. Il n’y avait pas qu’avec ses yeux qu’il avait ressenti tout cela. Il avait sentit son coeur se serrer dans sa poitrine ou bien se soulever plus d’une fois à l’entente de sa voix, à certains de ses regards plus tendres, à certaines de ses paroles qui se voulaient réconfortantes et tellement généreuses. Il lui semblait admirer un miracle. Comment pouvait-on être si jeune, si doux, si généreux et si fort à la fois. Il y avait une pureté et une vérité qui se dégageait de Marianne sans aucune froideur pour autant et il avait été heurté en pleine poitrine. Elle était une évidence à présent. Si pendant longtemps il avait été ce petit garçon à maman qui était persuadé qu’aucune femme n’arriverait un jour à la cheville de sa mère, tout en ayant conscience d’avoir mis sa mère sur un piédestal, il lui semblait à présent qu’aucune autre femme n’arrivait à la cheville de lady Marianne. Lucas avait tout juste conscience des sentiments qui commençaient à prendre racines en lui, il n’avait guère le temps de les décortiquer. Cela ne semblait d’ailleurs pas possible, ils faisaient partie intégrante de lui à présent et pouvaient même le définir. Il n’était pas question de les regarder sous toutes les coutures et d’essayer de s’en débarrasser. Ils étaient là. Point. Il ne ferait probablement jamais rien d’eux et rendrait un jour, par la même occasion, une femme malheureuse à cause d’eux, mais il n’y pouvait rien, plus à présent. Marianne avait été radieuse, souriante et douce tout au long de la chevauchée. Il n’y avait que l’évocation de Torvald à un moment qui fut plus douloureuse et pourtant, elle avait gardé la tête haute, prête à affronter ce que les Dieux, les Sept ou les Anciens cela importait peu le résultat était le même, avaient placé comme épreuve sur sa route.

Si Lucas avait été plutôt sûr de lui et fier de son succès de la journée, un cri déchirant vint tout remettre en question. S’il avait cru à des intrus dans un premier temps, il ne lui avait pas fallu bien longtemps pour comprendre que le cri provenait de la tente de fortune de la jeune Harlton. Le sang de Lucas n’avait fait qu’un tour. Il n’avait vu personne s’approcher du lourd tissu tendu, pourtant on n’était jamais trop certain. Il avait pénétré dans son repère de manière fracassante. Malgré la peur qui l’avait habité quelques instants, la logique revint immédiatement. Aucune personne en chair et en os ne tourmentait la belle brune. Pour ce qui était des démons et des fantômes, c’était une tout autre histoire. L’instant d’après, le Nerbosc se trouvait déjà à genoux, à côté de la couche de la jeune femme, tentant de la rassurer du mieux qu’il le pouvait. Il avait doucement posé une main rassurante sur sa longue et sombre chevelure. Il avait dit tout ce qui lui passait par la tête pour lui faire comprendre qu’elle était en sécurité, avec lui mais aussi avec Roadney, que tout ce qu’elle venait de voir n’était qu’un sombre cauchemar. Finalement, le chevalier arrêta de se poser trop de questions sur les convenances et les bonnes manières et pris Marianne, toute tremblante dans ses bras. Il la serra mais sans la contraindre et se mit à basculer légèrement d’avant en arrière pour la bercer, comme on le ferait avec un enfant, comme il avait appris à le faire avec ses jeunes frères et soeurs. Il continuait d’essayer de la rassurer avec des phrases courtes et simple, avec sa voix qu’il espérait familière à présent. Il sentit la jeune veuve se détendre entre ses bras et inspirer profondément. Il lui sembla que c’était un bon signe, cela veut dire qu’elle se sentait un minimum rassurée et plus à l’aise. Pourtant les sanglots ne s’arrêtaient pas, les tremblements étaient toujours présents, bien que moins nombreux. Le coeur du jeune homme commença à se serrer lentement. Il était pris de court et la culpabilité s’implantait doucement mais sûrement en son être. Marianne s’excusait une nouvelle fois. Alors Lucas continuait de lui répondre doucement, chuchotant. “Chuuuut, tu n’as pas à t’excuser voyons, tu n'as rien fait de mal…” Le tutoiement s’était instauré sans que le chevalier n’y réfléchisse vraiment. Il y avait une familiarité indéniable dans le moment qu’il partageait et le vouvoiement l’avait quitté sans qu’il ne s’en rende compte. L’étreinte dura un moment que Lucas aurait été incapable de mesurer, le temps lui sembla alors suspendu. Pourtant, au bout d’un certain temps, Marianne finit par se dégager doucement de l’étreinte. Elle garda la tête baissée, comme si elle était honteuse, et chercha sa main pour la prendre dans la sienne. Lucas se tut pour écouter avec attention ce que Marianne avait à lui dire. Il lui laissa le temps de trouver ses mots, ne l’interrompant à aucun moment. Mais la jeune femme eu du mal à trouver ses mots. Chaque nouvel essai faisait remonter un sanglot dans sa gorge. Lucas serrait sa main dans la sienne, cherchant à lui communiquer sa force, son soutien d’une manière silencieuse. Et puis enfin elle put parler et ses mots résonnèrent comme un aveu. Elle était perdue. Les sourcils du jeune homme vinrent se froncer au dessus de ses yeux un instant. C’était lui qui était perdu. Décontenancé. Il la voyait désemparée de la sorte et ne savait pas vraiment par où commencer pour lui venir en aide, alors que c’était la seule chose qu’il désirait en cet instant. Il essaya de se rappeler ce qu’il faisait pour Bethany, il y a quelques années de cela lorsqu’elle était sujette aux cauchemars, mais il n’était pas sûr que les méthodes s’applique au cas de Marianne. Il se sentait désemparé et impuissant. Lui qui avait promit à Brynden et à la principale intéressée de prendre soin d’elle… Il n’était qu’un incapable, la mettre en danger de la sorte, créer un climat qui la plongerait dans l’effroi. Même si la culpabilité lui ronger l’âme, il ne pouvait pas baisser les bras maintenant, il ne pouvait pas la laisser perdue de la sorte, il ne faillirait pas à sa promesse, il fallait qu’il agisse, qu’il fasse quelque chose. Il lâcha la main de la jeune femme pour venir prendre son visage entre ses deux mains et le lui relever tout doucement. Ses mains étaient grandes et calleuses à cause des rênes et des entraînements, le contraste sur la peau douce et immaculée de Marianne était saisissant. “Je suis là Marianne. Nous ne sommes uniquement qu’à quelques heures de cheval de Castel-Bois.” Ses pouces s’étaient détachés du reste de sa main pour venir caresser doucement les joues de la jeune femme. Son visage n’était qu’à quelques centimètres du sien, cherchant à capter son regard afin de lui transmettre toute sa conviction. “Il ne faut pas vous excuser, vous n’y êtes pour rien, tout est de ma faute.” A présent que le moment était redevenu plus solennel, le vouvoiement avait repris le dessus aussi naturellement qu’il lui avait échappé quelques instants plus tôt. Lucas lacha le visage de la jeune femme pour venir se passer une main sur son propre visage, honteux. “C’est de ma faute, je n’aurais jamais dû vous traîner dans la nature de la sorte, c’est trop tôt… Je suis désolé de vous avoir mis la pression ce matin pour entreprendre ce voyage.” Il ne disait pas qu’elle n’était pas capable de le faire, ça n’était pas ce qu’il pensait, mais il assumait sa responsabilité. Marianne n’aurait jamais quitté Castel-Bois d’elle même aujourd’hui s’il ne lui avait pas proposé si fortement. Il avait été irresponsable. Il était persuadée qu’elle serait bien mieux dans son propre lit, confortable, mais surtout dans un lieu qu’elle connaissait et qui la rassurait. Lucas pris finalement les mains de Marianne dans les siennes. “Si c’est ce que vous voulez, je peux préparer votre cheval dès à présent et nous repartirons pour Castel-Bois dans l’heure. Je suis navré de vous avoir laissé tomber de la sorte, c’était inconscient de ma part… Je veux que vous sachiez que ça n’arrivera plus. Je…” Il fit une pause. Il avait l’impression que ses phrases n’avaient ni queue ni tête et qu’il ne faisait qu’empirer la situation. Même si Lucas voulait l’aider plus que tout, il avait l’impression de ne pas être la bonne personne à cet instant, il se sentait on ne peut plus maladroit. Ils ne se connaissaient que peu, elle ne voudrait probablement pas se confier à lui. Il voulait la serrer dans ses bras, qu’elle se sente réconfortée, aimée, en sécurité, et pourtant toutes les étiquettes allaient à cet encontre, ils se connaissaient tout juste. “Je ne laisserais rien vous arriver Marianne, je vous en ai fait la promesse plus tôt et je la réitère maintenant.” Il laissa échapper un petit soupir. “Voulez-vous que j’appelle ser Roadney ?”
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Un périple vers un renouveau.
An 299 Lune 1 Semaine 1
La lumière perçait doucement dans les sombres abysses de son effroi. Chaleureuse, suivant les rayons qui l’investissaient, elle n’en devenait que plus coriace à mesure que la prise de conscience quant au cauchemar parvenait à s’acheminer doucement dans son esprit. Le désarroi avait ses raisons d’exister, il ne pouvait qu’en être légitime en raison du passé qui l’avait construite. Néanmoins, la volonté pouvait prendre le dessus sur la douleur. Timidement, difficilement aussi, il n’en restait pas moins que les derniers instants de cette journée étaient la preuve tangible qu’elle pouvait y parvenir. Jamais Marianne n’aurait cru en être capable. Du moins, pas alors que l’angoisse la saisissait à l’idée même de chevaucher en dehors des frontières des terres Hartlon. Les doutes avaient eu raison de son caractère téméraire, de son altruisme quant à connaître les besoins de ses voisins et des siens. Ils l’avaient enfermé dans cet égoïsme qui lui était complètement étranger et qu’elle n’avait pas su reconnaître. Pas avant l’intervention du chevalier. Sa bienveillance avait eu raison de son aveuglément, sa prévenance avait su l’encourager pour qu’elle puisse enfin se délivrer de ce qui la figeait. Lucas avait su faire répondre ses croyances et son espoir pour qu’ainsi tous deux parviennent à dépasser les difficultés du chagrin. La jeune veuve ne l’oublierait jamais et laissait même le désir de ne pas décevoir s’engouffrer un peu plus dans ses convictions. Lucas se révélait être un ami fidèle et ce même si le temps leur était à peine favorable pour le découvrir. Jamais, Marianne n’avait pu trouver cœur si bon, volontés si simples et pourtant véridiques, au sein de sa région. Torvald disposait d’une noblesse dans son âme, mais cette dernière était différente en comparaison à l’or dans les yeux du jeune homme. Toutes ses intentions étaient bonnes et louables, au point que la jeune lady avait l’impression de se voir, quelque fois, dans un miroir. Les reflets qu’elle y admirait se dévoilaient réels et enclins à tant partager que ses intentions lui échappaient dans un naturel déroutant pour venir trouver refuge dans le même espoir que lui. Lucas devenait de plus en plus sa lumière dans l’obscurité, la direction sur ce chemin sinueux et effrayant. Ses encouragements n’avaient de cesse que de réveiller les sourires qu’elle avait oublié de donner depuis l’accident. Il la libérait sans même s’en rendre compte et lui permettait à nouveau de croire en des convictions qu’elle avait délaissées. La gratitude l’emportait aux travers des virages qu’elle n’avait pas appréhendé, des instants durant lesquels, son cœur avait su devenir plus léger grâce aux sourires qu’il lui donnait. Mais tout bascula à cause de ce songe. De cauchemar qui s’était répété encore et encore aux travers les nuits. La ramenant dans cet état de torpeur et de crainte qu’elle ne parvenait plus à effacer. Du moins, pas encore. Peut-être aurait-elle du rester éveillée pour ne pas se plonger dans une telle difficulté ? Peut-être aurait-elle du se méfier un peu plus de ses noirceurs les plus secrètes ? Peut être…Le résultat demeurait présent et s’évertuait à lui faire admettre de son erreur. Néanmoins ce qui l’atteignait le plus résidait dans cette honte qui ne cessait de l’envahir, face à la déception qu’elle renvoyait à Lucas. Il ne méritait pas cela. Tout comme il ne méritait pas d’avoir à assister au chagrin d’une veuve éplorée. Lui, qui avait tant placé d’espoir en elle, voilà qu’elle éradiquait toutes ses tentatives à cause de ce manque de contrôle. La culpabilité la rongeait de plus belle jusqu’à ce que la lumière franchisse à nouveau les prunelles dorés du jeune homme. Son nouveau refuge l’encerclait de ses bras, la berçait en suivant des mouvements qui lui apprenaient à lâcher prise et à souffler. Son soubresaut laissait présager de cette envie, de ce réconfort qu’elle appréciait connaître et dans lequel elle se sentait bien. Si seulement le facile pouvait lui revenir. La berceuse s’avérait être un moyen doux, dans lequel Marianne retrouvait l’intégrité de la générosité du chevalier. Elle s’y laissa transporter, osant même fermer ses paupières pour quelques secondes. Son odeur lui rappelait le voyage, ce voyage grâce auquel elle apprenait à connaître un homme qui osait croire en elle. Ce voyage qui lui ouvrait les yeux sur le reste du monde et qui lui révélait des surprises qu’elle n’avait pas envisagé. Celles de son cœur battant à nouveau, sans qu’elle ne puisse en comprendre les raisons, celles d’un oxygène qui la délivrait et d’un sourire qu’elle appréciait admirer. L’étreinte la convia à se livrer. Ou plutôt à s’excuser en raison de son état. Désireuse de partager ses ressentis afin de préserver l’honnêteté qu’ils avaient promis de garder entre eux, la jeune fille sentit son cœur bondir un peu plus contre sa poitrine devant la familiarité qu’elle entendait. Etait-elle dans un autre temps ? Là, où, la légèreté y tenait sa place la plus naturelle et où la facilité de la situation était telle que le passé n’y avait plus sa place. Sa main serra un peu plus l’étreinte dans le dos du jeune homme, puisant également de cet instant pour inspirer et dégager la lourdeur de son chagrin pour une fois de plus.

Cependant, la honte persistait. Poison qui se déversait lentement dans les veines de la jeune fille au détriment du reste, sa conscience veillait à la ramener dans cette réalité. Sous cette tente de fortune, mais surtout devant la déception qu’elle devait probablement amener à Lucas. Les images se succédaient devant ses yeux. Silencieuses, mais pourtant riches de sens en raison de tout ce qu’il lui avait offert en échange de ce qu’elle était en train de lui rendre en retour. Marianne s’affublait silencieusement des insultes lui prouvant qu’elle n’était qu’une égoïste et qu’elle n’avait pas à se victimiser de la sorte. Aussi, son recul témoigna de son désir de s’excuser véritablement. Puisant dans ses convictions les plus profondes pour essayer de mettre des mots sur ses émotions. Peut-être qu’en y apposant des termes, elle parviendrait à se délivrer et répondre aux mieux aux encouragements du jeune homme ? L’espoir quant à cette révélation l’habitait petit à petit, tout comme celui de prouver à Lucas qu’il n’était pas un simple ami pour elle. Il était bien plus que cela, il revêtait les formes et le reflet de ce pourquoi elle devait recouvrer ses forces pour se battre. L’espoir irradiait de sa personne, la réchauffer mais surtout oser lui insuffler la force nécessaire pour se tenir à ses côtés et le soutenir à son tour. Mais comment y parvenir en étant perdue ? Sa main dans la sienne, son regard rivé sur le lien qu’ils établissaient ensemble, elle essaya de parler. Une première, puis une seconde. Elle n’y parvint que sous l’impulsion offerte par le jeune homme, qui, silencieusement, lui prouvait une fois de plus de sa présence. Les mots lui échappèrent sans qu’elle ne puisse redresser le regard. Lourds de sens, révélateurs quant à ce qu’elle essayait de dissimuler aux yeux de tous depuis. Marianne ne savait pas encore si les sentiments qui l’envahissaient la renvoyaient vers son chagrin ou si au contraire, la soulageaient. Pas alors que le silence s’abattait de cette manière et qu’elle comprenait avoir surement commis une erreur. Celle de s’être montrée à nouveau égoïste en songeant que sa confession serait une preuve pour Lucas de la manière dont elle l’appréciait. Les convenances lui échappaient complètement au point qu’elle en avait oublié qui il était. Elle n’était qu’une femme désireuse de se confier à l’homme qui avait placé tant d’espoir en elle. Surement était-elle allée trop loin, si bien, qu’elle s’attendait déjà à essuyer son absence qui la plongerait à nouveau dans le néant. Elle recula un peu sa main au moment où le froid mordit cette dernière dès l’instant où les doigts de Lucas quittèrent les siens. Sa bouche s’entrouvrit doucement alors que son regard n’en devenait que plus peiné. Persuadée qu’il allait partir, Marianne fut toutefois surprise de sentir ses deux mains réchauffer à présent son visage afin qu’elle redresse ce dernier. Ses émeraudes, timides, arrivèrent à se relever pour trouver refuge dans les dorures de Lucas. Sa douceur releva son cœur qui s’était rendormi. Au point, où ce dernier lui assigna la volonté de soutenir un peu plus son regard dans l’espoir d’y lire des messages secrets. Petit à petit son regard attristé se déclina pour devenir autre chose. Mêlant à la fois nostalgie et compassion, la jeune fille accueillit le soutien de Lucas comme une nouvelle délivrance à part entière. Néanmoins, le discours qu’il lui tenait eut pour prime abord, l’effet d’une incompréhension mesurée. Pourquoi mettait-il en exergue Castel-Bois ? Elle s’apprêtait à lui sourire, du moins à en esquisser les prémices, au moment où elle sentit ses pouces caresser ses joues. Mais arrêta la course de sa bonté pour laisser sa surprise s’éprendre de l’ensemble de ses traits lorsqu’il évoqua sa propre faute. Elle n’y comprenait rien. Pourquoi se l’infliger alors qu’il n’était en rien responsable de son cauchemar ? Ses yeux se froncèrent davantage alors qu’il relâchait son visage et qu’il lui renvoyait l’image d’un doute qui ne cessait de grandir en lui. Silencieuse, Marianne essaya de reprendre le cours des choses dans l’ordre que Lucas lui présentait pour tenter de démêler les raisons d’une telle culpabilité. Au fil de ses confidences, la jeune fille revint sur cet instant durant lequel elle avait pu reconnaître à quel point Lucas pouvait parfois manquer de confiance en lui. Ce discours lui fit mal au cœur, dans le sens où, il n’avait en rien raison de se jeter la faute dessus comme il le faisait. Il l’avait encouragé le plus simplement du monde, et elle avait accepté de le suivre aussi bien pour lui que pour elle.

Si le temps avait su se suspendre il y avait de cela quelques minutes plus tôt, voilà qu’il les rattrapait tous les deux et qu’il veillait à émettre des hypothèses qui n’avaient pas lieu d’exister. Elle n’avait même pas eu le temps de prendre le recul nécessaire pour comprendre les intentions du jeune homme que déjà elle retrouvait ses mains dans les siennes. Surement était-elle en train de le dévisager en cet instant. Désireuse de trouver des réponses dans les traits qu’il adoptait et qu’il essayait de contenir pour ne pas l’effrayer. Repartir à Castel-Bois paraissait être une priorité pour lui, du moins si elle lui en faisait la demande. Naturellement, les mains de la jeune fille serrèrent celles du jeune homme dans l’espoir cette fois de le retenir ou du moins d’essayer de lui faire comprendre qu’elle ne désirait pas repartir. L’idée ne lui en avait même pas effleuré l’esprit. Les yeux encore embués, même si les brillances se destinaient à d’autres desseins à présent, Marianne eut l’impression que son cœur s’arrêtait de battre au moment où Lucas continuait à s’assaillir de tant de défauts infondés. « Lucas… » essaya t-elle de balbutier pour s’immiscer dans son discours et l’arrêter dans sa hâte. Mais son murmure s’évanouit dans l’écho de la culpabilité à laquelle elle assistait impuissante. La peine lui revenait, refroidissant pour une fois de plus son sang alors que ses yeux retombaient impuissants sur leurs mains liées. Il n’était en rien fautif dans cette histoire. Elle n’était que la seule responsable ou plutôt irresponsable dans tout cela. Lucas n’avait aucun tort à se reprocher, si ce n’était surement le fait d’avoir voulu croire en elle. Un sourire attristé se dessina sur l’embrasure de ses lèvres au moment où le chevalier réitérait ses vœux de la matinée. « Non. » rétorqua t-elle lorsqu’enfin elle put laisser sa voix répondre face à l’incertitude du jeune homme. Son ton s’était voulu doux, désireux de continuer dans cet espoir qu’elle avait placé toute à l’heure, mais qu’il ne lui avait pas laissé exprimer. « Et je ne veux pas rentrer non plus. » Cette fois-ci, Lucas avait surement pu entendre la conviction de la lady quant à sa ferme intention de vouloir remporter la victoire face à ses fantômes et ses tourments. « Cela n’a jamais été et ne sera jamais votre faute. Vous ne m’avez pas traîné, je vous ai suivi et ce de mon plein gré. Vous n’avez à vous affliger d’aucune irresponsabilité quelle qu’elle soit. » Cette fois-ci, il s’agissaient de ses propres pouces qui dessinaient des cercles sur les mains de Lucas, dans l’espoir d’y glisser de la conviction mais surtout des croyances qu’elle pouvait fonder grâce à lui. « Lucas, je… » Ses yeux cherchaient à capter son attention à son tour et cherchèrent à lui témoigner de cette reconnaissance et de cette gratitude qu’il ne cessait de lui accorder grâce à sa bienveillance qu’elle ne méritait pas. « Jamais je ne douterai de vous, non pas parce que vous êtes le fils de mon suzerain, mais parce que vous êtes vous. Nous ne nous connaissons pour ainsi dire pas, mais du peu que nous venons de vivre ensemble, il ne me semble pas me tromper en osant vous accorder des qualités telles que la bienveillance, la prévenance, la générosité, la compassion, la confiance et le respect. Vous avez placé vos espoirs en moi alors que rien ne vous y obligeait. Vous continuez à me soutenir et à vouloir participer à mon bien être alors que vous avez vos propres besoins et vos propres envies. Pourtant vous les délaisser pour moi, sans rien attendre en retour si ce n’est peut être que je puisse recouvrir un peu de qui j’étais jadis. Et vous y arrivez. » Un timide sourire parvint à se dessiner sur ses lèvres au moment où elle serrait pour une fois de plus ses mains dans les siennes. « Vous me l’avez répété, ce n’est qu’un cauchemar. » Aussi difficile et aussi douloureux pouvait-il se montrer, ce n’était qu’un cauchemar oui. « Je ne laisserai pas un cauchemar nous séparer. » Emportée par l’instant, la jeune fille se laissa aller à laisser le protocole derrière. « Reste avec moi, pour qu’il s’envole et ne revienne pas. » C’était à son tour de laisser le naturel prendre le dessus sur le reste et faire en sorte que la familiarité lui échappe dans l’espoir de le retenir. Bien sûr, elle ne s’offenserait pas si il la quittait, au contraire, elle comprendrait son choix, mais au moins elle aurait réussi à lui prouver qu’elle aussi le soutiendrait et l’encouragerait comme elle lui en avait fait la promesse.


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