Caraval - Teora Uller et Edwyn Cendregué
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An 299, Lune 2,
Lancéhelion
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A l'attention de ser Edwyn Cendregué.
Ser,
Il y a des tas de portraits, dit-on, sur les murs en pierre des châteaux du Bief. Nous n’avons pas cette habitude ici, les gens que nous aimons, il est inutile d’avoir leurs images peintes sur des murs froids. Vous ne me connaissez pas pourtant ser Cendregué, un portrait me semble donc juste et je vous le fais donc avec plaisir.
Spectremont fait face à la mer, le soleil de Dorne en astre nourricier sur notre cité. Lancéhelion n’est pas très loin et si je vous écris de la demeure scintillante des Martell, je n’en suis pourtant pas la fille. Peut-être que mon prénom aura flotté autour de vous, dans un écrin - je l’espère - de gentillesse. Il y a quelques années, Boadicée est venu chez nous. C’est effrayant de penser qu’il y ait tant de choses qui se font et se défont avec des mots ; il y a quelques années me semblent irrécupérables. J’étais plus jeune alors, pas encore mariée. Vous connaissez Boadicée, elle a été brise fraîche dans une tempête de sable. J’y suis très attachée comme vous l’êtes, je le devine. Ou tout du moins j’ai cru le remarquer entre les lignes des missives de mon amie. C’était là, caché sous l’encre sombre, blottie dans le grain du parchemin.
Oh Edwyn - puis-je ? Il me semble que lorsque nous aimons nous entourer des mêmes êtres, un passe-droit les uns envers les autres nous est accordé – j’ai appris que vous vous êtes enfuis ensemble, comme des amoureux dont les baisers vont moins vite que leurs pas. Je n’ose demander de détails à mon amie par peur de la heurter. Le monde change sans cesse, les espoirs deviennent tantôt plus brillants, tantôt plus visqueux et les couleurs miroitent des regrets indicibles. J’aimerai l’avoir près de moi mais je crois qu’elle ne veut pas vous quitter. Vous êtes un rempart et un abri, les fondements et le toit.
Or, on dit que les bieffois sont de fiel, que les sourires cachent des dents acérées. Personne ne ressort les mains propres d’un jardin de roses, le sang perle toujours quand on veut trop s’en approcher. Les légendes sont dorniennes, certes, les mots -si durs- ont la couleur du thé, de la menthe recouverte de sucre et des biscuits dorés mais tout mythe à un fond de vérité. Vous ne la mènerez pas à sa perte, n’est-ce pas ? Nous sommes tous en danger pendant que nous vivons, on élargit nos cœurs en y laissant entrer l'infini. Je n’aurai pourtant de repos qu’en étant certaine de votre caractère et de vos bonnes dispositions. N’y voyez là qu’un zèle amical qui se veut empressé bien que lointain. Je ne peux me résoudre à vous savoir sur des routes chaotiques.
C'est toujours plus facile de dire au revoir quand on sait que ce n'est qu'un prélude à un bonjour. Ecrivez-moi, Edwyn. N’y manquez pas.
Que les Septs vous accompagnent,
Lady Teora Uller.
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A l'attention de Dame Teora Uller, à Lancehélion
An 299, lune 2
An 299, lune 2
Dame Teora,
J'eus sans doute été bien plus doué à vous peindre un de ces portraits donc vous parliez qu'à prendre la plume en ce jour. Les mots m'ont tonjours semblé infiniment plus complexe à manier que toutes les couleurs, toutes les notes de musique que ce monde est capable d'offrir. J'espère par conséquent que vous pardonnerez ma maladresse.
Je vous prie également de m'appeler par le seul nom qui compte, mon prénom. Je ne mérite ni n'ai besoin du reste, Dame Teora, et vous qui semblez être une amie à ma douce Boadicée pouvez d'ors et déjà vous considérer comme la mienne car rien ne plus cher que son bonheur.
Vous avez raison, les portraits ne manquent pas sur les murs des châteaux du Bief. Ils sont souvent demandés par les seigneurs et dames de leur vivant, pour que les enfants puissent se souvenir d'eux au détour d'un corridor, que la beauté de leurs yeux ou la fierté de leur silhouette ne soit pas oubliée. Cet orgueil peut sembler futile dans le regard des Sept et dans leur jugement, cependant les Bieffois considèrent souvent les futilités comme les seules indispensables choses en ce monde, et à ce titre j'en suis le plus parfait exemple. Sans doute ne peut-on s'attacher qu'à l'éphémère quand on vit au milieu des roses.
Je ne doute pas que vos origines dorniennes vous ai fait entendre de nombreuses légendes à l'encontre de la région dans laquelle je suis née. Je suis moi-même le fils d'un loyal vassal de feu Mace Tyrell, qui partage avec feu son suzerain la méfiance ancestrale pour les peuples au delà des Marches. Si les Bieffois ne sont qu'épines de rose, pour nous les Dorniens ne sont que poison. Croyez bien cependant que je parle à la première personne car mon nom me suivra toujours où que j'aille, mais que ces histoires me sont parfaitement indifférentes.
Il y a maintenant une décennie de cela, l'un de mes plus chers amis fut cruellement blessé par votre Prince, Oberyn de la maison Martell. Lui qui devait devenir un grand chevalier, fut cloué au sol alors qu'il commençait seulement à déployer ses ailes. Le Bief pleura avec ce jouvenceau fauché dans la beauté de la jeunesse, pourtant la Rose a éclos, plus belle encore, et ne nourrit plus à l'encontre de votre Prince aucune rancoeur. Les roses blessent les mains qui cherchent à s'en emparer ma Dame, sans doute parce qu'il leur suffit d'être effleurées pour perdre leurs pétales et leur beauté.
Je me dois quoi qu'il en soit d'émettre une réserve quant à l'idée selon laquelle nous nous serions enfuis ensemble. Boadicée avait après tout nul besoin de moi pour décider de ce voyage, et a croisé ma route dans une auberge de l'Ouest, déjà bien loin de chez elle. Nous parcourons les routes pour des raisons bien différentes, et nous avions seulement décidé de servir l'un à l'autre de compagnon de voyage. Je ne vois là nulle fuite.
Mais je comprends que vous soyiez inquiète pour votre amie. Elle m'a bien sûr déjà parlé de vous, en des termes très tendres , que je ne peux que partager à votre endroit. Boadicée étant la personne la plus chère à mon coeur, il me semble que nous sommes tous les deux liés par notre affection pour elle. Je vous prie d'être certaine que je ferai tout pour la protéger de sa perte, et que son salut m'est plus cher la vie. Je ne suis certes pas le meilleur protecteur dont elle aurait pu rêver, je l'avoue sans honte. Cependant je lui suis totalement dévoué.
Je ne me suis encore jamais rendu sur les terres brûlantes de Dorne. Pourtant, je ne doute pas de la beauté sauvage du désert et de celle, plus douce, des oasis verdoyants. J'aimerais un jour découvrir votre contrée, cependant j'ignore si cela sera possible. Boadicée vous a-t-elle sans doute déjà parlé de mon allure, qui inspire bien souvent la méfiance, et mon nom est susceptible de m'attirer le mépris de bien des vôtres. Croyez bien que cela ne me toucherait en rien, et que cela fait bien longtemps que j'ai abandonné de mon plus gré tous les bienfaits comme les règles de l'étiquette de la noblesse. Mais je ne souhaite certainement pas attirer des ennuis à notre amie commune, Dame Teora, et je m'exilerai au Mur avant que cela soit seulement susceptible d'arriver. Pourtant, je sais Boadicée attachée à sa terre, et son retour arrivera, un jour ou l'autre.
Que pensent les Dorniens des étrangers venus d'Essos, Dame Teora? Si la Rose que je suis porte préjudice à notre Boadicée, alors je peux m'inventer de nouveau pour elle. Si Edwyn Cendregué est un poids pour elle, alors je serai quelqu'un d'autre, cela m'importe peu.
J'espère avoir dissipé vos doutes, ma Dame, et prie les Sept qu'ils vous accompagnent.
Edwyn.
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An 299, Lune 4,
Lancéhelion
Lancéhelion
Ser Edwyn,
Oh poison ! Comme vous y allez… Le sable s’insinue, c’est dans notre nature, mais il peut être aussi chaud que vous ne l’imaginez irritant.
J’espère que ma missive vous trouve en bonne santé, Edwyn. J’ai été ravie de la recevoir, elle m’a permis un changement bienheureux. Le récit que vous faites de votre rencontre avec Boadicée est aussi choquant qu’amusant et je reconnais bien là mon amie n’ayant peur de rien et prête à entrer seule dans une auberge de par les routes du royaume. Quand à vos paroles, elles me rassurent et je vous en remercie. Boadicée est de nature frondeuse et si j’admire ce trait de caractère, il n’est pas de tout repos. Me voilà réconfortée à l’idée qu’elle puisse bénéficier d’un ami dévoué à sa cause, même si votre situation risque de faire jaser. Je sais bien que Boadicée n’accorde que peu de crédit aux réputations et c’est là tout à son honneur, mais Westeros est parfois cruel comme vous semblez vous-même le savoir, et le reste du royaume n’a pas la grâce de Dorne au sujet des femmes.
Votre portait esquissé avec tant d’humilité me permet de comprendre pourquoi vous lui avez de suite plu. J’aime à croire que votre allure étrange vous vaudra admiration ici mais je ne peux en être certaine. Denfert vous ouvrira ses portes néanmoins, soyez en assuré. Souvent on gonfle les rumeurs et un lézard devient dragon. Le mur semble une option un peu trop radicale qui plus est. Pendant longtemps, mon mestre m’avait affirmé qu’il s’agissait là d’une légende : quelle idée qu’un groupe d’hommes en noir aillent garder une muraille naturelle de glace déjà de par elle-même infranchissable. Je me suis toujours demandé quel intérêt pouvait-il y avoir dans tout ceci, mais les gens du Nord pensent différemment, sans doute est-ce dû au froid. J’espère en croiser bientôt et peut-être que je pourrais le leur demander de vive voix.
Dorne fourmille à l’heure actuelle, vous n’êtes probablement pas sans le savoir. Dans quelques semaines nous célébrerons à notre tour des noces prestigieuses. Je pars pour Spectremont en compagnie de mon époux. Nos princes sont en ébullition et je suis un peu lasse. Je l’ai écrit à Boadicée aussi a-t-elle surement dû vous en faire part, je suis enceinte. C’est toujours un peu étrange à écrire et encore plus à dire. Heureusement, cela commence à se voir. Ou malheureusement, je ne sais pas.
Après la cérémonie princière, nous partirons sans doute pour Denfert, et j'ose à peine mais mon désir est bien trop grand: venez. C’est un appel du cœur et Boadicée n’ira nulle part sans vous, or avoir mon amie prés de moi dans cet étrange moment me rassurera énormément. Essos n’effraye pas les habitant qui vivent au bord du Soufre.
Venez.
Que les Septs vous gardent,
Lady Teora Uller.
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A l'attention de Dame Teora Uller, à Lancehélion
An 299, lune 4
An 299, lune 4
Dame Teora,
Tout d'abord, permettez-moi de vous adresser mes plus sincères félicitations quant à votre grossesse. Boadicée m'en avait bien sûr fait part dès qu'elle avait eu ven de la bonne nouvelle, mais je tiens à vous féliciter par mes mots. Je prie les Sept que cet heureux évènement se déroule avec le moins de désagréments possibles pour vous, et qu'il vous apporte le bonheur d'un enfant en bonne santé.
Je ne doute pas que l'annonce d'une telle nouvelle puisse être quelque peu déroutante pour vous. Après tout vous êtes bien jeune, et vous apprêtez à devenir mère. Je veux bien croire que tout cela vous inspire de bien contradictoires pensées. Pour ma part, j'ose imaginer ma réaction si je vais me plier aux responsabilités de la parentalité, et ce alors même que ce ne serait pas à moi d'accomplir le plus difficile! Néanmoins,je ne doute pas que cela vous apportera beaucoup de bonheur.
Je me réjouis que vous soyez rassurée par ma présence auprès de Boadicée. Rien ne me soucis plus que sa sécurité ainsi que son bonheur, et elle doit sans doute être rassurée de savoir qu'il y a des personnes qui l'attendent à Dorne. En tout cas, cela personnellement me rassure. Chaque personne en ce monde devrait être aimée, et elle plus que n'importe qui. Je ne doute pas qu'un jour viendra, où l'appel de sa terre se fera de nouveau entendre en elle, et ce jour-là elle aura besoin de vous comme vous avez besoin d'elle.
Quand cela arrivera, il me faudra également prendre la décision de me rendre dans vos terres brûlantes, car je ne m'imagine plus vivre sans elle. Cependant, je garde à l'esprit les complications que cela risque d'engendrer. Les jaseries ne m'ont jamais fait peur, et après tout je suis d'ors et déjà considéré comme un fou par la moitié du Bief. Mais j'ai également conscience des animosités qui existent entre nos régions, et je ne souhaite certainement pas que mon nom apporte le danger à notre amie commune. Je me moque bien de recevoir le mépris de vos compatriotes, Dame Teora, je m'inquiète que pour elle.
Votre invitation à Denfert est un plaisir que je ne saurais dissimuler, bien sûr. Je ne doute pas qu'elle réjouisse Boadicée, qui adorerait revoir son amie. Moi-même n'y suis bien sûr aucunement opposé, simplement inquiet pour les raisons que j'ai déjà mentionné. Après tout j'ignore l'opinion de votre époux ou de votre seigneur à l'idée de recevoir un Cendregué. Dans le doute, et si d'aventure vous évoquiez le sujet avec eux, peut-être feriez-vous mieux de taire mon lieu de naissance. Si mon nom est nécessaire, nommez moi Edwyn Han. Il s'agit du nom de jeune fille de Dame ma mère, et je ne suis donc nullement illégitime à le porter, et il n'a les accents d'Essos qui devraient potentiellement éviter les problèmes à notre Boadicée.
Mais ces considérations sont encore lointaines, puisque dans l'immédiat nous venons enfin de franchir le Neck et de commencer notre (re)découverte des terres glacées du Nord. Elles semblent faire un bien fou à notre amie commune, qui y semble y retrouver l'aisance de quelqu'un qui rentrerait chez soi après un long voyage. C'est un véritable plaisir de l'observer ainsi. Pour ma part, je la regarde et de découvre des terres qui me sont encore inconnues. Sans doute Boadicée aurait-elle ri de votre mestre qui imaginait le Mur comme une invention. J'aurai sans doute ri également d'ailleurs. J'ai passé suffisamment de temps à la citadelle parmi les mestres et la connaissance pour m'étonner de la superstition du votre.
Quoi qu'il en soit, je vous adresse mes plus affectueuses pensées nordiennes, et prit les Sept qu'ils veillent sur vous et votre famille.
Edwyn Cendregué
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