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Correspondances ✹ Daemon Sand & Oberyn Martell

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Correspondances




Du prince Oberyn Martell au Bâtard de la Grâcedieu, Daemon Sand

Lune 1, An 299

Les mots te concernant volent et vibrent à Dorne. Tu dois te douter qu’avec le temps j’y fus accoutumé. Néanmoins, mon frère semble furieux. Ta vaine demande en mariage ne sera, je le crains, jamais oublié. À en croire que cette douce démarche ne fut qu’affront.

Tu me connais d’une transparence rare à ton égard, et une nouvelle fois, ma pensée ne te restera pas étrangère. Refuser une telle union est concevable. Le refus de Doran fut compréhensible. Il dit avoir pris le fait avec humour ; je connais les profondeurs de ton cœur, je sais que tu ne voulais pas de cela. La dureté t’aurais été préférable. J’avoue ne pas m’inquiéter un seul instant, je sais que tu es acclimaté aux scandales et gouailleries. Tu es un bâtard. Un fier bâtard, le plus fier qu’il m’ait été de connaître, mais néanmoins un bâtard. Tes titres peuvent avoir doublé à présent : tu peux te venter d’occuper de quelconques postes à la capitale, mais ton cœur reste celui d’un bâtard du Sud. Jamais cela ne changera, ne te fais guère d’illusions. Si ces mots t'apparaissent rugueux, tu finiras par convenir que ce n'était guère ma volonté. Mes intentions à ton égard, tu ne les connais que trop bien.

Je me suis égaré, le soleil décline et je tiens à finir cette lettre et à y mettre la forme. Tu es conscient que jamais je ne bâclerai nos correspondances qui me tiennent particulièrement à cœur. Le propos que je voulais tenir est le suivant. Tu dois avoir deviné que je ne vois pas le mariage d’Arianne d’un très bon œil. Je n’ai pas encore eu le temps de débattre avec mon frère à ce propos, mais les choix qui se font en ces temps de paix me dépassent. Je ne connais ni les véritables couleurs de l’âme du Targaryen qui lui est promis, ni les attentes de Doran, et comme tu sembles être l’unique tête sensée ces temps-ci, je m’adresse à toi pour connaître ton avis. Peut-être m'éclaireras-tu, peut-être cette impulsivité qui t'est propre ne trouvera point ses échos en ma personne. Ton avis ne m'intéresse pas moins. Cela fait longtemps que nous ne nous sommes plus écrits ; ta dernière lettre dut s’égarer en chemin, comme cela arrive si souvent. Je regrette d’y donner suite si tardivement. Quelques mots sur ces rumeurs qui tournent autour d’Arianne et ta personne… Tant d’années à vivre dans ce peuple, et parfois je ne comprends pas leurs obsessions. Dis-moi mon cher Daemon, annonce-moi que vous partageâmes la même couche. Que je puisse sourire à chaque abruti qui viendra m’apporter la rumeur, pensant apprendre quelque chose de nouveau à la Vipère Rouge. Sur un nouveau sujet, je ne comprends pas mon frère. Si je ne l’aimais pas, je le détesterais.  

Aussi, je réclame lumière sur tes intrigues. Cela fait trop longtemps que ta sincérité est restée muselée. Je réclame une entière vérité et des mots sur tes agissements ; que fais-tu exactement auprès du patriarche Lannister ? Quels sont tes projets ? Fut un temps où tu me laissais dans la confidence. Si cette dernière phrase raisonna comme un reproche dans ta tête, sache que c’en était un. Tu me fais penser à mes filles qui prennent cette fâcheuse tendance à taire leurs déplacements. C’est d’ailleurs pour cela que je me trouve dans l’incapacité de te faire parvenir de fraîches nouvelles les concernant. Ellaria se porte bien, les petites dernières également. Celles-ci sont trop petites pour partir sans crier garde. M’entends-tu parler comme un vieillard ? Il faut que je me sorte de Dorne, je perds de l’intérêt. Peut-être viendrai-je en personne réclamer des nouvelles. Quoiqu’il en soit, tu peux me répondre à Dorne, mon écuyer se chargera de recevoir les lettres si je n’y suis plus et me les fera parvenir. Aussi, si tu as d’intéressantes anecdotes à partager, je suis preneur. Bien qu’à en croire mon expérience, Port-Réal n’a jamais été intéressante.

Me voilà en fin de soirée, à écrire une tirade lorsque je projetais de n’écrire qu’un mot. Reçois mes pensées et répond-moi vite, il me tarde de converser avec toi sur nos misérables sorts,



Oberyn Martell
Correspondances ✹ Daemon Sand & Oberyn Martell Martel11


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✹ CORRESPONDANCES ✹

An 299 | Lune 1 | Semaine 2



Oberyn Martell & Daemon Sand



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Au Prince Oberyn de la Maison Martell,


J'espérais tant ta lettre. Mon assiduité dans notre correspondance a toujours été déplorable, mais ton silence ces dernières semaines avait fini par m'inquiéter.

Encore une fois, ton frère t'a devancé dans la démarche de me rappeler la nature de ma naissance dans une missive qui a précédé la tienne, d'où ma crainte de te voir partager son aigreur. Encore une fois, ta franchise m'est préférable à son jugement. Je crains d'avoir été plus dur et arrogant encore qu'il ne me pense dans la réponse que je lui ai faite. Tu me jugeras peut etre inconscient, mais savoir sa fureur me réjouit. L'insulte d'encre et de papier que fut sa lettre a réveillé en moi les souvenirs de ce jour qu'il baptise de " funeste ", encore aujourd'hui. Etre bâtard ne m'a jamais pesé qu'en présence de Doran, peut-être est-ce parce qu'il a été le seul à me traiter ainsi à Dorne. Je sais les raisons qui l'ont poussé à me refuser sa fille il y a des années. Nul autre que moi ne les comprend  ni ne les respecte plus que je ne le fais. J'ai renoncé depuis longtemps à ce souhait, et mon coeur a depuis su faire son deuil. Le plaisir de lui tenir tête est tout ce qu'il me reste quand la logique a écrasé le reste, et je n'arrive pas à y renoncer.

Cela me plait de lire tes mots, et surtout d'y voir ta réticence envers le mariage à venir. Sâche que je la partage. Les intentions de Doran sont, comme bien souvent, brumeuses et je serais le dernier à prétendre pouvoir les percer à jour. Il n'en demeure pas moins que le sentiment de voir Dorne tendre l'autre joue après l'affront de Rhaegar est vif et brûlant, déconcertant. A défaut de pouvoir s'y opposer on va pouvoir s'en désoler ensemble!

La rumeur, aussi dangereuse soit-elle, m'a fait sourire et je suis ravi d'apprendre qu'elle t'a fait sourire toi aussi. Je crois qu'une part de moi considere même comme une petite victoire la facilité avec laquelle on la crut. Cela n'a pas plu à ton frère, comme tu peux l'imaginer, puisque le bruit aura aussi fait son chemin jusqu'aux oreilles du Targaryen. Je ne connais pas ce Viserys, mais nul doute que lui me connait désormais. Aussi, j'en profite pour te dire ceci: ne déteste pas ton frère, Oberyn, je le fais assez bien pour nous deux.
Et puisque cela semble devoir te rassurer, c'est donc avec joie que je t'affirme à nouveau avoir couché avec Elle, et je renouvelle par là même la grande affection que je porte à cette expérience. J'ai pourtant la conscience aigue de n'avoir été que le premier d'une longue liste de noms qui auront précédé le Prince dans son lit. Quel dur travail l'attend!
Comme il doit, semble-t-il, bientôt épouser ma femme j'ai écouté les mots  qui vibrent à son sujet dans les rues de Port-Réal. Le bas peuple loue sa déférence et sa générosité à son égard, on le dit aussi très pieux ce qui -je n'en doute pas- ne manquera pas de l'assurer de quelque qualité auprès de ma famille. Quant à son caractère, un jeune homme de la maison Velaryon m'ayant averti de sa colère à mon égard, je m'attends à le découvrir aussi imbu qu'un dragon peut l'être. A l'heure où je t'écris il a quitté Port-Réal, accompagné d'une importante suite pour escorter le jeune Robb Stark au Nord, ainsi que nombre d' hommes et d'armes qu'il destine à la Garde de Nuit. On loue sa "bienfaisance" dans les ruelles mais je ne peux m'enpécher d'imaginer que, comme tous les Targaryens, ce Prince s'appuie sur le principe absurde que les peuples des sept couronnes sont enchantés d'avoir été vaincus par eux.  

Tu réclames trop, pour un vieillard! Apprends donc à tenir ta bande de fillasses plutôt que de penser à me harceler de lettres, à la nuit tombée qui plus est! D'ailleurs, depuis quand t'inquiètes-tu de la course du soleil? Et comme tu geins à travers ces lignes! Mais qui est donc cet homme blasé, frileux et désoeuvré qui m'écrit? Décidément, oui, tu as bien vieilli.
Voilà pour ta franchise, en es-tu content? Tu devras t'en contenter, car de mes intentions dans l'Ouest je ne compte rien t'en dire. C'est ta nièce qui détient le secret de mon avenir auprès du Lion, et je ne puis en révéler la nature à personne, pas même à toi mon ami, mon Prince.

La Capitale est en effet d'un ennui parfait; Moi qui fait le pied de grue devant des portes chaque jour que les Sept font, je me porte garant de la fadeur de ces murs, de ces ruelles, et de ces gens. On me dit que Lady Nym  était elle aussi à la Capitale, mais nous ne nous y sommes pas croisé. Je devrais bientôt y retourner, une fois passé le mariage de Cersei Lannister, et je crains de m'y établir pour longtemps puisque Tywin Lannister semble avoir décidé qu'il en serait ainsi.
Quant aux anecdotes, j'en ai une qui, je le pense, te plairas. Tu sais que je ne fais jamais rien à moitié, pas même dans la médiocrité, et sache que lorsque ton ancien écuyer décide de se faire humilier à l'épée en public c'est par Barristan Selmy en personne qu'il choisit de le faire. Viens-donc à Port-Réal dès que tu le pourras, que je renouvelle l'exploit!

Embrasse Ellaria et celles de tes filles que tu parviendras à attraper pour moi, et rapporte moi des nouvelles de la Gracedieu, si tu le peux.

En espérant que cette lettre te parvienne avant que tu n'aies défintivement cédé le pas à la mélancolie,


Daemon Sand






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Correspondances




Du prince Oberyn Martell au Bâtard de la Grâcedieu, Daemon Sand

Lune 1, An 299

Ta dernière lettre ne provoqua que tourbillon de différentes émotions.

Si je reconnais avoir été perversement satisfait des confirmations qu’elles m’apportèrent, je dois avouer que les reproches qui la concluaient m’ont fait de l’humeur. Dans l’intervalle de l’envoi de ma lettre à la réception de ta réponse, je reçus les mots de ton père qui m’affirma qu’aucun mot de ta part ne lui est parvenu en cinq années d’absence. C’est pour cela que je ne remplirai pas ta requête, qui était de te donner des nouvelles de la Grâcedieu. Les quelques critiques à mon égard que je constatai à la fin de ta lettre, sûrement écrites sous le ton de cet humour particulier que je te concède, ne me décrocha pas l’ombre d’un sourire. Sans doute ne te rends-tu pas compte des sentiments paternels, lorsque je constate ta façon de traiter ton géniteur. Je ne peux que remercier mes filles qui, admirablement, passent du temps avec les Allyrion. Peut-être parviennent-elles à combler le vide que laisse ton ingratitude à l’égard de ton père.
Mais de cela, tu n’as nul besoin de t’en défendre. Pas à moi. Si quelques sentiments révoltés naquirent de l’annonce de ton père, cela ne m’intéresse guère. Tu es alors seul à devoir assumer ton glacial silence.
J’appris également avec dépit que ce vieillard de Selmy parvint à t’humilier publiquement. Tu dois savoir les sentiments de rancune qu’il cultive me concernant. Maintenant pourra-t-il avancer que tout ce temps passé à mon service ne t’apprit décidément rien.
Dernier reproche de la liste, ton silence sur tes affaires. J’irai m’enquérir de la vérité auprès d’Arianne, lors de nos prochaines discussions, mais cette attente ne me réjouis pas et ne me fais guère t’apprécier davantage. Je dois t’avouer que tu es en chute libre dans mon estime, et qu’il s’agit de la première fois. Peut-être as-tu changé ? Peut-être est-ce l’Ouest qui déteint sur toi et qui te fait oublier d’où tu viens. Il me tâte de te voir en face et de te le rappeler durement. Peut-être quelques soufflets suffiront, dis-moi ? Je compte les jours, ma main me démange.

Je vais dès à présent laisser ces sentiments de regret et de colère de côté, mais je ne veux pas que tu les oublies ou les négliges.
Ta lettre parvint à m’émouvoir quelques instants. En effet, cela fait si longtemps que personne ne parle de ma chère et défunte Elia que je pensais son souvenir envolé, ainsi que cet affront effacé. Mais tu ne l’as pas oublié et tu écris à ce propos, avec une fureur que je ne connais que trop bien et que je partage avec violence. Je tenais à te remercier pour cela et t’encourager à garder le fil de cette pensée, même si je sais cela inutile. Pour cela, tu me ressembles tant. Tu n’es pas prêt à oublier. Cette fierté, que certaines langues critiqueront avec ferveur, fait de nous de réels dorniens. Tu as parfaitement raison, nous sommes dans l’incapacité de nous opposer ouvertement à ce mariage. Ton invitation à nous en désoler sut me rappeler de toutes ces qualités que je te reconnais – malgré une montagne de défauts. Peut-être que tout cela ne sera pas si terrible, après tout. Mon écuyer me dit de garder foi, mais j’ai beaucoup de mal à faire cela.
Ce prince que tu décris de ta joli plume, je l’ai rencontré lors de ma dernière visite à la capitale. Un individu étonnant, impossible à cerner. Il diffère des autres dragons, je le confirme vivement, mais je ne puis dire si c’est une bonne chose. Je fus ravi, au premier abord, de ne pas rencontrer un second Rhaegar. Tu connais mes sentiments le concernant, et peut-être les partages-tu férocement. Ainsi, je ne peux qu’espérer la bonté de ce maudit Targaryen. Le détail qui me choqua le plus lors de mon entrevue fut l’affaire de son physique. J’ai le malheur de t’informer qu’il ne vaut pas nos dorniens, et que son long nez l’enlaidit lourdement. Je te le dis pour ton bien et je ne le répéterai pas - tu sais que mes compliments sont rares mais qu’ils coulent comme le miel et sont doux comme le sucre ; tu es cent fois plus beau que ce prince (mais cela l’auras-tu deviné, jamais je n’aurais partagé la couche d’un laideron ; tu fus une de mes plus belles trouvailles). Réjouis-toi de ces mots coquins, et reçois-les en compensation de ce début de lettre orageux – je ne te ménage pas non plus dans sa suite, prépare-toi.

De mes filles et d’Ellaria ne recevras-tu plus de nouvelles de ma part. Peut-être comprendras-tu ainsi le poids du silence. Le seul sujet sur lequel je réclame ton avis est Nymeria. Puisque tu atteindras sans doute la capitale avant moi, transmet-moi des nouvelles. Je ne suis pas rassuré de la savoir dans les pattes de Rhaegar. Comprends-tu donc cette obsession ? Que lui trouve-t-elle ? Ses choix parviennent à me désemparer quelques fois. Il fut déjà difficile de comprendre les raisons qui poussèrent mon frère à la nommer ambassadrice. Je ne doute pas une seconde de ses capacités que je ne connais que trop bien – elle les tient en grande partie de moi, mais certaines décisions me paraissent hasardeuses. Il me tarde de discuter avec mon frère. Je te tiendrai au courant de nos discussions qui devraient concerner Dorne et promettent d’être intéressantes. Oh ! Peut-être ne le ferai-je pas. Pourquoi mériterais-tu des nouvelles ?

Une nouvelle fois, les quelques lignes que je projetais de t’écrire se transformèrent en volume. Reçois mes pensées et répond-moi vite, sombre ingrat,



Oberyn Martell
Correspondances ✹ Daemon Sand & Oberyn Martell Martel11

P.S. : Je viens d’envoyer une seconde missive, celle-ci réservée à ton nouveau maître, le lion. Je le prie de bien vouloir me rencontrer lors de son prochain passage à Port-Réal, compte tenu de ces fâcheux événements entre lui et mon frère, Doran. Quand il reviendra vers toi, je te saurais gré de servir les tiens et de faire en sorte qu’il accepte cette rencontre. Si cet échange entre lui et Doran se prolonge, je crains bien que nous entrions en guerre. Rend-moi ce service (tu n'auras rien en retour).


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✹ CORRESPONDANCES ✹

An 299 | Lune 1 fin



Oberyn Martell & Daemon Sand



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Au Prince Oberyn de la Maison Martell,

Ce que tu m'écris et ce que j'entends dire ne me donne pas bon espoir à mon sujet. Tant de reproches en si peu de lignes, et voilà que je me retrouve amer devant le parchemin, moi qui me faisais une joie de découvrir tes mots. Amer et désemparé par la distance qui nous sépare, qui te fait regretter la gifle que tu me destine et moi celle que je te rendrais, par stupeur crois le bien,  non par insolence.Si nombre de choses m'effraient, il n'y en a que peu qui m'atteignent. Ton estime en fait partie. Je croyais que l'âge m'avait affranchi de ce genre de tracas. J'ai eu tord.
Malgré tout, je ne chercherai pas d'excuse à cette faute dont tu m'accuse, car il n'y en a pas, car tu n'en veux pas et car ce silence n'a d'autre raison d'être que la plus froide des négligences de ma part. Je l'admets sans honte. Ingrat, peut-être le suis-je réellement après tout, puisque je ne peux te prouver le contraire. Il m'est si facile de penser à Dorne et d'oublier le temps et la distance qui m'en sépare que je peine à me représenter ce que mon absence ou encore mon silence pourrait vous coûter. Pourtant, je te mentirais si je te disais que je suis indifférent à l'absence que j'impose à mon père, que sa réaction ne m'importe pas, ou encore si je te disais que mon silence était involontaire. Dire qu'autrefois vous me reprochiez ma langue trop pendue...
Comme je te déteste à cette seconde précise, si tu savais.
Mais ce que je déteste par dessus tout c'est ce besoin de me justifier que je ressens,qui est sans doute responsable de mon écriture nerveuse et décousue, mais qui m'apparait surtout comme l'orgueilleux substitut aux excuses que je dois faire.
Je sais maintenant la faute qui fut mienne. Aujourd'hui, je comprends, Oberyn, non seulement que je dois m'amender mais que je me transforme -non que je promette déjà ou que j'espère qu'il ne reste rien en moi à changer. J'essayerai. Mais je ne sais ce qui me contrarie le plus: la colère de mon père si j'échoue à accomplir ce devoir filial ou bien l'air satisfait que je lirais sur tes traits si jamais j'y parvenais.

Le silence dont tu me fais le reproche sur mes affaires ressemble fort à celui qui concerne mon père- bien que de nature plus personelle. Tu es contrarié, je le devine, et je ne peux rien faire pour soulager ce désagrément si ce n'est espérer que d'ici que ce pli parvienne à tes mains ta nièce t'aura mis dans la confidence. Je sais de longue date que tu fais partie des hommes auxquels sa fierté peine à résister, tu parviendras sûrement à lui arracher ce pauvre aveux. Souffre ces quelques jours qui t'en sépare; J'ai le sentiment que tu y survivras.
Quant à mon altercation avec Selmy, qui se noierait presque dans la mer de reproches de tes mots, sache que j'ignorais parfaitement la nature de votre relation et que j'ai le plus grand mal à concevoir la sensibilité que tu sembles éprouver par rapport à cet homme dont le jugement apparait étonnament important à tes yeux. Raconte moi si tu le veux bien l'altercation qui vous opposa autrefois, je ne parviens plus à m'en rappeler malgré ma bonne volonté (que tu devines bien maigre à cet instant où le poids de ta réprimande n'a pas encore tout à fait quitté ma poitrine).

Voilà que je termine la partie désagréable de la lettre. A  dire vrai, la suite ne m'enchante pas plus. Je ne te cache pas que j'éprouve des difficultés à me délester de tous ces sentiments indisposés et je serai bien tenté d'arréter ici ma rédaction. Comme tu le dis si bien, l'oubli n'est pas vraiment notre fort, et à chaque regard que je porte sur ta missive, j'ai l'impression  d'entendre tes phrases prononcées par ta voix inquisitrice. Mais je ne peux résister à la tentation de rebondir sur cette dernière révélation dont tu as parachevé ton parchemin. Nyméria et Rhaegar, dis tu? Je suis tout d'abord ravi de voir que mon avis t'importe encore malgré le mépris que je t'inspire. Ensuite je te dirais que je n'en savais rien, et, s'il n'en était du début de ta lettre, j'en aurai rit franchement. Depuis mon arrivée à la Capitale, nos routes ne se sont pas croisées une seule fois. Elle semble satisfaire à son poste puisque personne, à ma connaissance, n'a encore trouvé à redire au sein du Donjon-Rouge sur son comportement. Je ne doute pas qu'elle doit y être bien plus à son aise que moi, et espère qu'elle ne manquera pas de rappeler à l'approche du mariage à son royal amant que l'union de la Couronne avec Dorne est un processus volontaire et non un trophée supplémentaire de l'Histoire Targaryenne.
Je connais mal ta fille pour la juger sur ses actes et ses impulsions. Je la sais cependant trop attachée à sa famille pour avoir cédé aux bras du Roi sur une impulsion autre que celle de l'amour ou de l'orgueil. Pour porter un tel coup à l'honneur des Martell, il ne peut -selon moi- en être autrement.  Quant à savoir ce qu'elle aime chez cet homme je ne sais que dire, premièrement parce que je ne l'ai jamais rencontré, et deuxièmement parce que je sais que rien de ce qu'il pourrait avoir de beau ou de brillant ne parviendrait à atténuer le dédain profond qu'il m'inspire; un obstacle, s'il en est un, pour lui trouver le moindre attrait. La couronne, peut-être? La royauté  a des charmes qui pourraient assouvir la soif de conquête de Nym mais, encore une fois, cette option me parait absurde tant l'homme en question m'apparait méprisable et donc antipathique voire mortifère pour toute forme de luxure que ce soit. Le plaisir de la manipulation alors, auquel elle est loin d'être indifférente dans mes souvenirs. Si seulement elle pouvait lui briser le coeur! Plus que toutes les alliances imaginables, et que tous les plus grands mariages, ce serait là une victoire qui ferait honneur, enfin, à la mémoire de ta soeur.

Comment, maintenant, omettre de revenir à son frère?
C'était sans curiosité réelle que je m'interessais jusque là au Prince, mais maintenant oui je suis curieux. Laid, dis-tu?  Il faut maintenant prier pour notre Arianne, pour que ce freluquet compense dans la lit nuptial ce que la nature lui a refusé de volupté physique. Dans le cas contraire, je crains que le nouveau jeu de Lancehélion ne vienne rapidement à deviner qui sera le père de l'héritier.
 Tu le décris comme étonnant, différent et à ce que j'ai entendu, il faudra rajouter à cette liste qu'il sagit manifestement d'un individu exentrique, et à la férocité insoupçonnée (on m'a rapporté qu'il avait fait brisé les jambes d'un jeune chevalier sur motif d'irrespect envers une des dames de la cour). Mais sa laideur, par les dieux, ravira sans doute les amants de la Princesse (quels qu'ils soient en ce moment) et ne manquera pas d'en porter certains à l'impertinence, j'en suis certain, durant la cérémonie ou les festivités qui en découleront et auxquelles je serais présent; ainsi pourras-tu m'admirer en chair et en os très bientôt, toi qui te languis de ma beauté (et je te dis cela sans morgue ni fausse humilité).

Tywin Lannister retournera très vite à la Capitale où il siègera au Conseil Restreint. Il entend visiblement s'y établir durablement, à mon grand dam. J'étouffe rapidement dans les rues étroites de la ville rouge. Mon nouveau maître semble disposé à rencontrer mon ancien maître mais je doute que mon intervention y soit pour quelque chose, aussi rassures-toi, je ne te demanderai nul paiment pour ce service fantôme.

Mais déjà je dois fermer ma lettre. Elle fut fort longue et pourtant rapide à écrire, nourrie par mon humeur et par la frustration de ne pouvoir te hurler tous ces mots à la figure.
Malgré l'avanie que tu me réserve, il me tarde de te revoir pour partager enfin avec quelqu'un de cher toutes ces années passées loin de la principauté.
Aucun bien n'est agréable à posséder si l'on n'y associe personne. Hélàs pour moi, je n'ai que toi sous la main pour ce faire, puisque mes amis semblent solidement enracinnés sur les terres de Dorne et que je doute d'être très fluide dans mes récits si jamais je parvenais à envoyer un corbeau à la Grâcedieu.


Puisque je suis présentement à Hautjardin pour assister aux noces de Cersei et du pauvre Loras Tyrell, je t'envoie le doux souvenir des Tyrell, qui ne semblent pas avoir oublié ton séjour ici.



Daemon Sand





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