Une mission dangereuse [Doran Martell & Nymeria Sand]
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Une mission dangereuse
An 297, Lune 11, semaine 2 - Lancehélion
Doran & Nymeria
Les fiançailles de sa fille Arianne et du frère du Roi le prince Viserys Targaryen étaient conclues depuis bien longtemps déjà, et ce même si les principaux protagonistes l'ignoraient totalement. Mais à quoi bon les en prévenir plus avant, ils étaient certes les principaux concernés, mais il ne s'agissait pas d'un mariage d'amour, il s'agissait d'un mariage arrangé, d'affaire, d'alliance entre les deux familles, les Targaryen et les Martell, deux familles dont les alliances avaient toujours eu des conséquences : le ralliement de Dorne à Westeros il y a longtemps, et une guerre plus récemment... Espérons pour le plus grand bien de Westeros que la nouvelle alliance entre les deux familles ne serait pas aussi dévastatrice, et pour cela, Doran avait besoin, non pas d'aide, mais d'une assistance. Il ne pouvait pas comme il le voudrait tant, jouer sur le monde comme il joue au jeu de Cyvosse. Au cyvosse, il contrôler chaque tour, chaque éléphant, alors que dans la cruelle réalité, il n'avait d'emprise que sur une part infime de personne, et il était obligé d'user d'intermédiaire pour avoir une influence sur les autres. C'est dans cet objectif qu'il attendait de s'entretenir avec sa jeune nièce, une des filles de son frère Oberyn Martell. Il avait besoin d'une personne pouvant influencer les autres ou tout du moins les surveiller, il en avait besoin partout où le pouvoir était présent, et en l'occurence Port-réal constituait le point névralgique du pouvoir, il ne pouvait décemment laisser la capitale sans espion à sa solde. Oh, il aurait aisément pu envoyer un dornien lambda, non connu de tous, pour devenir un de ses espions, son oreille, mais ce ne serait pas suffisant, et les sphères de pouvoir qu'il visait étaient trop étroites et prestigieuses pour que n'importe qui n'y accède. Alors que la nièce du Prince de Dorne possédait les entrées nécessaires à la Cour royale, après tout, elle était la cousine d'Aegon et Rhaenys, les propres enfants du Roi. Doran ne pouvait y envoyer sa propre fille, il devait la protéger un maximum en la tenant à l'écart de tout ce qui pouvait concerner son futur mariage. Elle était trop jeune et ne comprendrait pas. Nymeria elle était loyale et suffisamment détaché de l'affaire pour être objective et ne pas agir en fonction de ses sentiments mais seulement selon la raison d'Etat, ce qui en l'occurrence voulait dire les vœux de Doran.
Pour une fois, Doran n'était pas aux Jardins Aquatiques, mais il se trouvait à Lancehélion, profitant d'une pause dans ses continuelles crises de rhumatisme. Il pouvait même se lever et faire quelques pas sans trop grimacer, ce qui lui faisait le plus grand bien. Son mestre lui administrait des toniques et stimulait ses jambes pour qu'elles ne meurent pas, sous l'effet de l'inaction. Il se tenait d'ailleurs à cet instant précis dans son fauteuil donnant sur la cour princapale de Lancehélion, quand sa nièce arriva. Avec un sourire bienveillant comme il en avait l'habitude, il la regarda avec ses yeux clairs comme le ciel et bleu comme l'azur. Une belle jeune femme, qui avait sans doute hériter de la beauté de sa mère, Oberyn ayant toujours eu très bon goût en matière de femme, et d'homme aussi à vrai dire d'après les rumeurs. Une belle jeune femme au teint dornien qui mettait en valeur ses yeux olives, et ses grands cils. Une jeune femme que son père avait souvent complimenté, tant pour ses qualités de diplomate, ce qui était rare pour une Aspic, chacun les redoutant pour leur sanguinité, mais aussi pour ses talents de battante. Et sa beauté avait déjà dû faire tourner bien des têtes de soldats ici à Lancehélion, il en était sûr. Les Dorniens avaient une relation toute particulière avec les bâtards, alors que ceux-ci étaient la risée du reste de Westeros, cible du mépris et de l'opinion publique, ici à Dorne ils étaient vus comme les égaux des enfants légitimes. Dorne était bien plus progressiste que les régions voisines, tant au niveau de la pureté du sang que du sexe des enfants. A Dorne, les femmes pouvaient hériter, une hérésie au nord des Marches...
A son arrivée, Doran prit appui avec difficulté sur les bras de son fauteuil, et il poussa dans un grand souffle pour se relever et réveiller ses muscles endoloris, mais aussi ses articulations pernicieuses. Il n'était plus si jeune et son corps s'en ressentait, il était loin le temps où il pouvait marcher des heures sans jamais s'épuiser. Un temps révolu, mais son infirmité croissante n'altérait en rien sa capacité de jugement. Arrivé devant sa nièce, Doran posa ses mains carrées sur ses épaules frêles, affectueusement, et lui fit une bise sur le front.
Nymeria... Quelle jolie jeune femme tu es vraiment. Ton père ne cesse de me le dire, et je ne peux que le constater. Ca me fait vraiment plaisir que tu aies reçu mon invitation, j'espère que je n'ai pas dérangé tes plans pour l'après-midi ? J'ai tellement de choses à te dire... Mais viens, donc, prends place dans le salon, les servantes nous ont préféré un thé à la menthe et des loukoums pour nous. Que deviens-tu ces temps-ci ?
Doran la précéda et s'installa lui-même dans un fauteuil rembourré pour soulager ses muscles et fit signe à un domestique pour qu'il vienne leur servir le thé. Nymeria ignorait tout de la raison de cette entrevue, et il ne voulait pas la brusquer. Elle aurait bientôt un rôle primordial pour lui...
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A seven nation army couldn't hold me back.
doran & nymeria
Un message de son oncle. Pas que c'était inhabituel, mais plutôt inattendu. Elle n'avait pas su comment prendre cette missive au départ. Qu'elle soit appelée et non ses soeurs était inhabituel. Avait-elle fait une bourde ? Non, aucune. Elle revenait de Touche-au-Ciel, elle avait abandonné les jumelles Fowler, elle revenait enfin à Lancehélion, s'était comme à son habitude, amusée avec le lysien qui venait de temps à autre, elle portait même en ce jour un riche collier qu'il lui avait offert. Et ce jour, elle portait une robe dont la transparence ne laissait aucune place à l'imagination, signe de sa bonne humeur, elle laissait paraître les cinq dagues qu'elle portait sur elle, plus par habitude et confort que réelle nécessité. Rappeler sa dangerosité à chacun l'amusait aussi.
Elle avait fini par cesser ses inquiétudes quant à cette rencontre, son oncle avait fait le déplacement jusqu'à Lancehélion et l'avait demandé, chose rare et elle comptait bien profiter de sa présence. Car malgré ses airs désinvoltes, l'aspic tenait beaucoup à sa famille, plus qu'elle ne l'avouerait - sa fierté risquerait d'en prendre un coup. Et elle aimait tant sa famille qu'elle était prête à tout pour elle, comme pour leur rendre ce qu'ils lui avaient offert : une vie. Car même si elle se plaisait à laisser croire qu'elle avait oublié sa vie passée à Volantis, son accent ne trompait pas, ses airs ne trompaient pas, elle avait peut-être les yeux et la chevelure de son père, sa peau était bien trop clair pour être celle de son père et d'une dornienne salée, elle avait des airs bien trop nobles et trop fins, qu'elle tenait de sa valyrienne de mère. Sa posture, ses tenues, sa façon de parler aux hauts nobles, elle le tenait de sa mère ; elle aurait tout fait pour oublier tout ceci, oublier sa vie à Volantis, mais elle n'y parvenait pas. Mais Dorne, et plus particulièrement Oberyn et Doran, lui avaient offerts une possibilité d'oublier, de vivre une vie qui valait plus que l'or dans lequel se roulaient Maelys Vaelaros et ses frères. Cette vie qu'ils lui avaient offerte, elle en profitait chaque jour comme si c'était le dernier. Elle leur était reconnaissante, et c'était toujours pour cela, qu'elle était prête à leur rendre la pareille, sinon plus encore. Comme Obara était sûrement prête à le faire.
Elle s'était donc rendue là où l'attendait son oncle, elle fût surprise toute fois de le voir se lever pour venir jusqu'à elle, surprise mais aussi flattée qu'il fasse tel effort pour venir la saluer. Elle avait vu son état se décliner avec les années, sa maladie prendre plus d'ampleur. Elle ne pouvait donc que se montrer d'autant plus souriante face aux efforts qu'il faisait pour elle et, comme elle n'accordait qu'à sa famille, un sourire et un regard tendres. On connaissait Nymeria l'impétueuse mais la tendre n'était que très peu connue, car à ses yeux, seule sa famille méritait ses égards et sa gentillesse. Elle fermait les yeux alors qu'il venait jusqu'à déposer un baiser sur son front. Loin étaient maintenant les années où elle se baignait aux Jardins Aquatiques, dans l'insouciance, loin étaient les années de son arrivée où elle vivait auprès de son oncle, parfois plus souvent qu'auprès de son père. Mais de tout cela aussi, elle s'en souvenait. Mais s'il faisait tous ces efforts, cela ne devait pas être juste pour la saluer, non ?
Il prit enfin la parole, elle ne tarderait pas à savoir ce qui les avait tout deux amenés ici.
Elle eut d'abord un léger rire. Et avant de répondre, elle acceptait son invitation à s'asseoir. Des mouvements gracieux, elle eût toute fois un regard vers son oncle, comme si celui-ci aurait pu avoir besoin de son aide, mais constatant qu'il n'en n'avait pas besoin, elle s'asseyait.
- Quant à vous mon oncle, les années ne semblent pas vous atteindre, vous êtes toujours le bel homme que j'ai vu il y a seize années de cela.
Un brin charmeuse, un brin souriante.
- N'ayez donc crainte pour mes plans, ils seront remis à ce soir.
Le lysien pouvait attendre. A vrai dire, Nymeria adorait le faire attendre. Elle ne l'avait même pas prévenu qu'elle ne serait pas là, au rendez-vous qu'il lui avait donné. Il attendrait sûrement des heures et constaterait qu'elle n'était pas là, et comme toujours, cet idiot recommencerait à espérer au prochain battement de cils. Les hommes étaient tous les même et cela avait le don de l'amuser.
- Ce que je deviens ? Oh. Je reviens tout juste des Marches. J'ai souhaité saluer mes amis de la maison Forrest et Poulet, je suis aussi passée rendre visite à la maison Allyrion. Rien de bien exceptionnel, j'en ai peur. Et vous mon oncle ? Je suppose que tel déplacement n'est pas anodin. Allez-vous bien ? Le voyage n'a-t-il pas été trop désagréable ?
Elle était calme, là encore, un comportement qu'on lui connaissait peu et que seule sa famille pouvait voir. L'aspic se tenait droite, loin de s'affaler dans les coussins comme aurait pu le faire son aînée ou ses petites soeurs. Et elle n'hésitait pas non plus à user de charmes, de son sourire à son regard.
- Je suis toute ouïe mon oncle, dites moi donc ce qui vous tracasse.
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An 297, Lune 11, semaine 2 - Lancehélion
Doran & Nymeria
Doran était vraiment dans un bon jour, ses genoux le faisaient à peine souffrir, et il arrivait encore à marcher un peu. Très peu, il fallait l'avouer, à peine quelques pas, mais c'était déjà un prodige par rapport à son état permanent. Il ne supportait pas d'être cloué à son fauteuil tout le jour, et il ne cessait de réclamer à son mestre des potions toujours plus puissantes pour ne plus souffrir de la goutte et pour lui permettre de se tenir comme un vrai Prince de Dorne. Souvent, il regrettait le temps de sa jeunesse, où il pouvait aisément marcher des heures entières, ou se tenir debout, sans a voir mal nulle part, mais l'âge avait rattrapé sa fougue jeunesse et désormais il était aussi dure qu'ue statue, ses jambes se transformaient si souvent en pierre qu'il s'était contraint à se réfugier là où personne ne pourrait constater sa faible constitution. Heureusement, il ne régnait pas par la crainte mais par intelligence et par générosité avec son peuple, autrement, cela ferait longtemps que celui aurait réclamé un seigneur davantage capable, comme son frère Oberyn. Lui n'avait aucun soucis de santé, une exception dans leur fratrie. A part si l'on considère avoir beaucoup d'enfants un handicap, ce qui n'était son cas, au contraire, chacune de ses filles constituait un avantage pour la famille princière. Ce n'était pas pour rien qu'il avait demandé à Nymeria de venir le rejoindre à Lancehélion pour lui parler. Il leur faisait toutes confiance, pour des raisons plus ou moins différentes. Il les savait dangereuses, mais dévouées à leur famille et donc par extension à Doran. Nymeria avait cette particularité d'être à la fois dangereuse et langoureuse. Une beauté fatale en somme, et il savait de source sûre qu'elle usait et abusait de ses charmes pour avoir ce qu'elle voulait quand elle le voulait. Une faculté qui pourrait lui être utile dans un futur proche. La première des règles dans un jeu de cyvosse : toujours connaître les forces et les faiblesses de ses pions.
- Oh ma prime jeunesse est bien loin de moi désormais Nymeria. Tu es mielleuse comme ton père, et c'est ce qui fait ton charme, mais soyons réalistes, je suis dans un bon jour, pour une fois, la malédiction qui me touche semble s'être quelque peu dissipé, la douleur est acceptable. Mais je ne t'ai pas demandé de venir pour parler de ma santé. Cela faisait longtemps que nous n'avions pas eu de moments privilégiés. Je me souviens encore quand tu étais une petite fille, qui aurait pensé un jour avoir à faire à une si belle jeune femme... Je n'aurai jamais imaginé l'inverse néanmoins.
Doran avait beau se faire vieux, lui aussi savait utiliser le miel des paroles pour attendrir son interlocuteur. Dans ce cas, sa tendresse était sincère et non calculée, il chérissait réellement sa nièce, elle faisait sa fierté. Il aimait profondément sa famille et elle le lui rendait bien. Néanmoins, en ce qui concernait Nymeria, il en attendait encore plus que pour les autres.
- Je vois que tu voyages toujours aussi souvent, comme ton père j'ai bien envie de dire, mais au moins toi tu restes sur nos terres, tu ne vas pas parcourir Essos, c'est toujours une source d'inquiétude en moins. En parlant des Allyrion, dis-moi, le bâtard est-il toujours chez eux ? J'ai entendu dire qu'il avait quitté Dorne pour partir plus au nord, et être chevalier. Un objectif bien vain si tu veux mon avis...
Ne t'inquiète pas pour ton vieil oncle, le voyage a certes été fatigant mais finalement ce fut moins pire que d'ordinaire. Comme tu l'as deviné je pense, je ne suis pas venu sur Lancehélion uniquement pour prendre de tes nouvelles. Non, j'aimerais m'entretenir avec toi de sujets plus sérieux.
Devenir ambassadrice de Dorne sur la capitale et espionner le roi pour le compte de Doran était une mission sérieuse, et il ne pouvait pas se contenter de le lui demander rapidement. Non, il voulait une vraie entrevue avec elle, pour voir si elle était capable de remplir cette mission pour lui, et ainsi voir si elle était prête à sacrifier sa vie à Dorne pour le bien de la famille. Doran préféra commencer en douceur.
- Dis-moi Nymeria, que sais-tu de Port-Réal et de la Cour ? Ton père t'y a-t-il déjà emmené ?
La douceur, rien de tel pour commencer ce genre de discussion. Bien installé dans son fauteuil, Doran but son thé brûlant comme s'il ne ressentait pas la chaleur. Les Dorniens sont habitués aux hautes températures, ce n'est pas un thé qui va les effrayer.
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A seven nation army couldn't hold me back.
doran & nymeria
Elle avait parfois du mal à concevoir la chance qu'elle avait, en temps que bâtarde, d'être si bien considérée. Il lui arrivait parfois d'oublier le traitement qui avait été le sien pendant les six premières années de sa vie, surtout lorsqu'on lui rappelait combien elle pouvait ressembler à son père, d'autres fois elle ne s'en rendait que trop bien compte, mais feignait ne pas le voir. Parfois, ils étaient nombreux à se tromper sur son compte, la comparant aux premiers abords à Doran, car elle semblait calme et avisée. Mais tout ceci n'était qu'un jeu, que des images, elle ne faisait jamais que tester ses capacités sur les autres. Se faire les crocs. Car au final, même si on la pensait être semblable à Doran, elle ne rappelait qu'une fois son vrai visage à découvert : je suis la fille d'Oberyn Martell. Le fait était qu'elle avait simplement pris exemple sur son oncle toutes ses années, l'observant avec attention, ses faits et gestes, ses façons de faire, ce qu'il pouvait dire. Alors qu'importait, à ses yeux, qu'on dise le prince un peu mou, elle savait, au fond d'elle, qui il était. Et c'était pour cela que toutes ces années, elle l'avait gardé à l'oeil, pour essayer de l'imiter. Ca n'était pas toujours parfait, elle finissait toujours par éclater, mais on ne pouvait pas lui reprocher d'avoir essayé. Ou peut-être mettait-elle juste son oncle sur un piédestal, ce qui était fort probable aussi. Mais qui irait la blâmer de le faire ? Ses soeurs, très sûrement. En attendant, ce n'était pas elles qui avaient été appelées par Doran.
Nymeria s'était bien tenue plus de quelque minutes sans essayer de charmer son oncle ou l'entourage, ce qui pour elle était un vrai record, qu'elle brisait toute fois avec quelque paroles langoureuses. On ne la referait pas. Doran lui répondait et elle l'écoutait, un sourire amusée sur ses lèvres charnues. Quoi qu'il en dise, Doran restait un bel homme à ses yeux, ce n'était pas le gris qui s'installait sur ses cheveux ni les traits qui venaient assagir son visage, qui parviendraient à lui faire dire le contraire. Peut-être que Doran avait laissé cette vie de charme et de luxure derrière lui pour être plus sage, ça n'était pas le cas de Nymeria et elle doutait que ce le soit un jour. Ca ne l'empêchait pas de sourire sincèrement aux mots du prince de Dorne. Enfin, il terminait sur le fait qu'elle était devenue une belle jeune femme, d'un air amusé, elle levait la main, l'air de dire, n'abusons pas. Elle se sentait bien plus qu'une belle jeune femme. Et elle avait toutes les raisons du monde pour ça.
- J'ai de qui tenir, voilà tout.
Un regard un peu plus insistant et amusé vers son oncle, elle était fière du sang Martell qui coulait dans ses veines, ce n'était même plus de la fierté au stade de l'aspic mais purement et simplement de l'orgueil. L'aspic prenait finalement une tasse de thé à la menthe, encore que cette réunion lui semblait assez importante pour qu'elle évite de s'empiffrer de sucrerie, mais il n'y avait pour l'heure aucun fruit, elle restait donc sagement à boire son thé chaud, habituée à cette chaleur.
Son oncle parlait à nouveau de ses voyages, qu'au moins, elle restait à Dorne. Ce qui l'amusait, elle ne s'était aventurée qu'une fois à Essos, cela remontait à il y a quelque années et elle avait fait de très belles rencontres, cela avait commencé directement sur le bateau menant vers Braavos, elle se souvenait même de ces superstitions sur le bateau, disant qu'une femme à bord pouvait porter malheur et elle en souriait. Mais elle avait suffisamment vu des cités libres pour savoir que chez elle ne pouvait correspondre qu'à Dorne et depuis, elle s'était contentée de traverser le désert dornien qu'elle ne connaissait désormais que trop bien, malgré sa chaleur incandescente. Sa peau brunissait au soleil, tenant de son père, elle ne rougissait pas au soleil, quitte à perdre cette couleur de lait qu'elle tenait de sa mère. Ah, le désert. Mais elle se reprenait bien vite, posant sa tasse sur la petite table.
- J'ai parcouru le Bief, une fois, avec Tyerne, cela m'a passé le goût de sortir de nos frontières, vers cette région en tout cas. Tout ce vert, ces gens hautains, cette condescendance dans le regard sous prétexte qu'ils sont riches et haut placés, toutes ces manières ridicules et ces comportements et accoutrement qu'ils appellent "le raffinement", j'en ai bien assez vu pour savoir que cela ne vaudra jamais Dorne.
Elle levait les yeux au ciel puis laissait s'échapper un léger rire. Cette rancoeur envers le Bief était surtout par fierté et parce qu'on lui avait appris, car même là-bas elle avait trouvé des amants et amantes, des nobles coincés en public qui voulaient surtout se libérer une fois loin des regards. Non, de Westeros, elle avait nettement préféré les Terres de l'Orage qui l'avait accueillie, pour un tournoi, tournoi qui s'était révélé exaltant.
- Et comme cela ne vaudra jamais Dorne, je ne sais ce que Daemon Sand est parti faire si loin des frontières. Sûrement pour se découvrir.
Elle n'avait pas compris non plus pourquoi le bâtard Allyrion avait déserté les lieux. Mais grand bien lui fasse, s'il avait trouvé son compte ailleurs. Elle ne savait pas comment cela pouvait être possible, mais soit. Dès qu'elle avait quitté Dorne, elle avait souhaité y retourner au plus vite, elle avait donc du mal à concevoir comment d'autres pouvaient le quitter ainsi et servir d'autres personnes, mais soit.
- Je m'en suis doutée, oui.
Car elle n'était ni idiote ni aveugle, elle savait qu'il n'avait pas fait un déplacement de la sorte pour rien, il aurait aussi pu la demander aux Jardins Aquatiques, mais peut-être avait-il des choses à voir avec Manfrey aussi, il n'y avait qu'un moyen de le savoir. L'aspic s'était donc redressée, curieuse de voir ce que son oncle avait à lui dire de si important qu'il ait fait le déplacement malgré la chaleur et sa maladie. Elle baissait quelque instants le regard vers son poignet, regardant le bracelet qu'elle portait. Port-Réal, avait-elle déjà poussé jusque là ? Jamais encore.
- Je sais ce qu'il y a à savoir, je suppose. Une fosse aux serpents de ce que l'on dit. Je n'y suis jamais allée, père n'a jamais véritablement aimé la capitale il me semble, trop de souvenirs, je suppose aussi. On dit que la Couronne recueille beaucoup de gens raffinés, j'ose espérer que cela ne va pas jusqu'à être similaire au Bief, mais j'imagine sans mal les ladies vouloir se vêtir de leur plus beaux atours et parader devant la famille royale.
Est-ce qu'il y avait d'autres choses à savoir sur la capitale ? Elle avait côtoyé des personnes y allant, en revenant. Tous tenaient ce discours des excès des gens, des serpents qui y étaient, elle avait toujours ri de cette comparaison, déclarant qu'elle aurait donc pu y être à son aise ; n'était-elle pas appelée l'aspic ? Elle tout comme ses soeurs. Et comme bien des ladies, Nymeria savait les couleurs à porter, un serpent qui savait distraire par les couleurs chatoyante de ses écailles. C'était tout un art. Ces gens là ne l'effrayaient pas, la répugnaient tout au plus. Une vie de faux-semblant, une vie à se cacher plutôt qu'assumer qui ils étaient ; leur vies devaient être d'un triste.
Elle regardait curieusement son oncle, sourcils froncés. Pourquoi lui parlait-il de Port-Réal tout à coup ?
© DRACARYS