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Golden ladder | Kevan & Tywin & Jeyne

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Golden ladder

semaine 2, Lune 10, an 298



Kevan & Tywin & Jeyne

« Tu es sûre que tu y vas ? »

La voix incertaine d’Elenya résonna dans la chambre modeste de son aînée. Celle-ci, debout au milieu de la pièce, se laissait déshabiller avant de grimacer lorsqu’on l’affubla d’un corset inconfortable. Les suivantes n’y allaient pas de main morte et tiraient à qui mieux mieux sur les cordelettes de cuir. Jeyne craignait qu’elles ne parviennent à lui briser les côtes ou à lui comprimer les poumons si fort qu’elle ne puisse respirer qu’à la manière d’un lapereau apeuré, multipliant les courtes inspirations pour éviter d’en craquer les coutures.

« Bien sûr que j’y vais, » affirma-t-elle sans la regarder, réajustant comme elle put le haut de son fond de robe. « Tu devrais comprendre mieux que personne. »

Avec une moue, silencieuse, la cadette détourna les yeux et ramena ses genoux sous son menton avant de perdre son regard bleu dans le paysage escarpé entourant Falaise.
Elles n’étaient que deux sœurs dans le fief des Ouestrelin et chacune possédait un caractère aussi similaire que foncièrement différent. La première née avait pour elle une incroyable volonté de bien faire et en dépit de sa réserve, se montrait toujours agréable et bien disposée, d’une bienveillance presque naïve, ce qui avait quelques fois le don d’agacer la troisième enfant du couple, bien qu’elle était plus jeune. Elenya était plus sauvage, boudeuse, mais terre à terre et pragmatique. Elle plus que n’importe qui souffrait de la mauvaise réputation de sa famille et éprouvait une rancœur amère envers quiconque osait critiquer les siens et la prétendue impureté de leur sang. Redorer leur blason était pourtant une nécessité pour toute la progéniture de Gawen.
Les deux sœurs avaient donc accepté sans sourciller les unions qu’on leur imposait. Si Jeyne avait dans un premier temps été promise à l’héritier des Fléaufort, les fiançailles avaient rapidement été brisées lorsqu’une offre plus alléchante s’était présentée au portillon. Lancel Lannister. C’était inespéré. Un miracle, presque. La jeune fille se rappelait encore du visage éclatant de sa mère lorsque la nouvelle leur était parvenue. Jamais elle ne l’avait vue aussi heureuse, aussi resplendissante. Sa fille allait devenir une Lannister ! Elle qui n’avait jamais cru en son aînée, presque fataliste à son égard, voilà qu’elle dépassait toutes ses espérances. Peut-être s’était-elle même intimement persuadée que ce coup du destin était grâce à elle. Jeyne l’ignorait. Les deux femmes ne se parlaient guère. Pour ne pas vexer les Fléaufort, ce fut donc Elenya qui remplaça sa sœur.
Au fond, elles étaient même soulagées. Leurs promis n’étaient ni vieux, ni séniles, ni aigris. Elles avaient une chance que toutes les jeunes femmes de l’Ouest n’avaient pas. Et si elles ne les connaissaient pas encore, elles avaient fait contre mauvaise fortune bon cœur. Après tout, pareils mariages ne pourraient être que bénéfiques pour les Ouestrelin.

Néanmoins, à l’heure du départ de sa sœur, la cadette n’était plus tout à fait sûre d’elle. Après tout, elles n’étaient encore que des enfants.

« Ne fais pas cette tête, » sourit Jeyne. « Tout va très bien se passer. »

L’adolescente tourna vers elle un regard dubitatif.

« Tu dis ça pour te convaincre. »

Elle haussa les épaules et cligna des yeux avec un petit sourire.

« Peut-être, » avoua-t-elle.

Sûrement. Mais elle n’en rajouta pas plus et laissa les domestiques finir de la vêtir. Elenya quant à elle resta mutique, recroquevillée sur la causeuse, sans oser regarder sa sœur.

La petite équipée qui voyagerait jusqu’à Castral Roc était composée de Gawen Ouestrelin, de Raynald, de deux soldats et de Jeyne. Ils étaient peu, mais ils n’en seraient que plus rapides. La plus grande crainte du lord était d’arriver en retard aussi, ils partirent avec deux bonnes heures d’avance pour être certains.

Les chevaux avalèrent la route sans encombre, peut être un peu trop rapidement pour l’adolescente qui aurait voulu légèrement retarder l’échéance. Quoiqu’elle ait pu en dire, elle était inquiète. Après tout, ils allaient se trouver face à lord Kevan et à lord Lannister. Seul un idiot ou un inconscient prendrait une telle rencontre à la légère. Et elle était d’un tempérament anxieux. Lancel serait-il là, lui aussi ? Elle l’ignorait. Mais elle se rassurait de la présence de son père et de son frère à ses côtés.

Enfin, se dressant à plus de deux cents pieds de hauteur, Castral Rock, le fief ancestral des lions de l’Ouest, apparut à l’horizon. Couronnée de dizaines et de dizaines de tours, de tourelles et de tours de guêt, la forteresse voyait toutes ses entrées obstruées par d’incroyables murs de pierres de cuivre, de portes de chêne et de portails en acier. Mais le château était bien plus qu’un simple fort. Il était la preuve du règne indiscutable des Lannister sur les Terres de l’Ouest, symbole de leur autorité et de la puissance de ses suzerains à travers les siècles. Jamais, dans son histoire, il n’aura été détruit par une tempête ou un siège. Même les Targaryen, chevauchant leurs puissants dragons, furent nargués par la force défensive de Castral. Enfoncée dans la pierre de la montagne, surplombait un fantastique réseau de galeries souterraines, le fief était réputé imprenable.
De merveilleuses légendes et histoires circulaient d’ailleurs au sujet de la demeure des lions. Si Jeyne ne pouvait toute se le remémorer, elle se souvenait très nettement de la ménagerie fabuleuse, attirant les foules et les curieux, dont on dit qu’un éléphant d’Essos aurait même grandi avant de mourir derrière ces murs.

L’émerveillement fut toutefois remplacé par l’appréhension –qui n’avait pourtant jamais quitté son esprit- lorsqu’un domestique partit les annoncer aux lords. Jeyne s’obligea à respirer profondément. Son visage avait le bénéfice de toujours afficher un air serein, grâce à l’ourlet naturel de la commissure de ses lèvres, leur donnant une apparence constamment souriante, malgré l’inquiétude qui broyait souvent son cœur.

Mais elle était prête. Voilà des lunes que les fiançailles se négociaient sans qu’elle n’en sache réellement ni les tenants, ni les aboutissants, volonté de sa mère de la tenir à l’écart. Un élan maternel inattendu visant à la protéger ou crainte d’une stratège de voir tout gâcher ? Aujourd’hui, la jeune femme faisait ses premiers pas dans le jeu des trônes.






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An 298 - Lune 10 - Semaine 2



Jeyne Ouestrelin & Tywin & Kevan Lannister


Des bruits de bottes se faisaient entendre dans le long couloir richement décoré qui menait aux appartements privés du Seigneur de Castral-Roc. La personne qui marchait ainsi à un pas militaire et cadencé était arrivée la veille au soir, et avait dîné en compagnie du Seigneur des lieux. Cette personne n’était autre que Ser Kevan Lannister, en visite à Castral-Roc pour une affaire des plus importantes. Aujourd’hui ou au plus tard le lendemain, il allait poser les yeux sur celle qui pourrait devenir la femme de son premier-né, Lancel. Le jeune homme, âgé de 15 ans, allait bientôt débuter sa vie de chevalier et en tant que tel, son père comme son oncle avait estimé nécessaire qu’il soit fiancé avant de se lancer dans cette vie où les écarts de conduite peuvent encore être tentants pour un jeune homme comme lui. Même si Lancel ne pouvait être comparé à Ser Patrek Mallister, qui le servit dignement en tant qu’écuyer durant de nombreuses années, une fois le statut de chevalier obtenu, il ne fut plus que débauche et dépravation. Fort heureusement rentré depuis dans le droit chemin grâce à l’intervention glaciale de son aîné, Kevan espérait que des fiançailles conclues avant l’acquisition du grade de chevalier le préserveraient de ce genre d’écarts…

Arrivant en vue des lourdes portes de bois savamment sculptées où deux gardes y étaient constamment postés, Kevan n’eut pas besoin de s’annoncer pour qu’on lui ouvre les portes. L’un des deux gardes le salua en ces termes :

Mes salutations Ser Kevan. Lord Tywin vous attend.

Kevan le remercia d’un simple signe de tête et pénétra dans la pièce, les portes se refermant sur son passage. L’immensité des appartements de son frère le laissait toujours abasourdi. Non pas que les siens, à Port-Lannis, ne soient dénués de richesses et de fastes, mais ils n’avaient rien en commun avec le déploiement d’or, de tentures rouges sombres brodés de fils d’or et de tableaux et autres peintures décrivant l’histoire de la maison Lannister depuis les Andals… Il souriait toujours intérieurement tant cette décoration surchargée était en totale adéquation avec la personnalité froide et austère de son frère. Il finit par le voir, les mains jointes dans son dos, contemplant la mer depuis l’une des fenêtres. Malgré le bruit qu’avait fait la porte en s’ouvrant et en se refermant, il ne s’était pas donné la peine de se retourner ou de l’accueillir. Peu importe, Kevan était habitué à ce comportement qui en déstabilisait plus d’un. Il entreprit donc de rejoindre cet homme, l’un des plus puissants de Westeros – pour lui, le plus puissant - …et qui se trouvait être son frère :

La journée sera agréable.

Le soleil venait illuminer le visage de Lord Tywin, faisant ressortir les éclats d’or dans ses yeux bleus et dans ses cheveux. Même blancs, ces derniers gardaient encore par endroit les traces de la blondeur dorée du passé. Sans quitter la mer des yeux, Tywin répondit un simple « Assurément »puis se replongea dans le silence, silence que vint briser son frère, quelques secondes plus tard :

J’espère qu’elle fera l’affaire. Les jeunes filles à marier commencent à se faire rare dans l’Ouest et je ne veux pas à voir une de ses petites Frey à Port-Lannis et au bras de mon fils.

Lord Tywin émit un léger ricanement :

Walder le Tardif t’a-t-il à nouveau relancé pour son idée de mariage ? Laquelle était-ce cette fois ?

Walda…ou Della…Que sais-je…Il frappe à toutes les portes des maisons influentes pour y placer tous ses enfants… Sous ses airs de vieil homme sénil et gâteux se cache un esprit stratège… Nous ferions mieux de nous méfier de lui.

Nous méfier en effet, approuva Tywin, et nous tenir proche de lui. Soyons d’autant plus proche de nos ennemis que de nos amis. Peut-être pourrais-tu le contenter en lui proposant Willem ou Martyn…

Proposition qu’il n’accepterait qu’à contrecœur… Lord Walder veut des futurs héritiers pour ses filles et fils…

Tywin se détourna de la fenêtre pour aller s’asseoir dans un imposant fauteuil d’or rembourré de velours rouge. Son frère l’imita, en prenant place dans celui situé à sa droite. Entre eux se trouvait une petite table de bois sur laquelle était posé un plateau d’or rempli de fruits. Tywin prit une pomme et, à l’aide d’un petit canif qu’il gardait constamment sur lui, entreprit d’en couper un morceau pour lui avant d’en proposer un autre à son frère. Pensif, il reprit :

Assez parler de Lord Walder. Je m’occuperai de son cas ultérieurement. Laisse sa lettre sans réponse pour l’instant…Au moins jusqu’à ce que nous nous soyons fait une idée de la petite Ouestrelin.

La Maison Ouestrelin est une des plus petites maisons nobles de l’Ouest. J’aurais souhaité quelqu’un issu d’une famille plus importante pour Lancel.

Lord Tywin fronça légèrement les sourcils :

Rappelles-moi la devise de la maison Ouestrelin ? L’honneur, non les honneurs. Je ne peux toujours favoriser les maisons Brax, Lefford, Preste ou Crakehall. La maison Ouestrelin nous a toujours fidèlement servi. Il est temps de récompenser leur loyauté dignement et je ne vois guère de meilleure récompense qu’une proposition de mariage. Lord Gaven ne pourrait espérait meilleure proposition qui plus est.

Kevan pinça les lèvres, sceptique. On frappa soudain à la porte. Les deux Lions tournèrent en même temps la tête vers cette dernière, tandis qu’un des deux gardes postés à la porte se dirigeait vers eux :

Veuillez m’excuser Lord Tywin, Ser Kevan. Lord Gaven vient d’arriver, en compagnie de Ser Raynald et de Lady Jeyne. Deux soldats les accompagnent. Ils viennent d’entrer dans la cour principale Mon Seigneur.

Bien, faîtes-les patienter dans  la Galerie d’Or et faîtes préparer une des salles attenantes. Nous venons.

Le garde s’inclina puis quitta la pièce. Tywin et Kevan s’échangèrent un bref regard puis le Vieux Lion se leva et dit à son frère :

Allons voir cette jeune fille.

Et tous deux quittèrent les appartements du Lion de Castral-Roc, marchant du même pas et à la même allure en direction de la Galerie d’Or et de la petite délégation Ouestrelin.

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semaine 2, Lune 10, an 298



Kevan & Tywin & Jeyne

Le serviteur qui s’était dépêché de les accueillir et d’annoncer leur arrivé au Vieux Lion et à son frère revint à grandes enjambées souples vers eux. Un sourire chaleureux ornait ses lèvres alors qu’il vint se poster face à eux, légèrement penché en avant et le bras tendu, les invitant à emprunter un large couloir dont les murs mêlaient des pierres de cuivre rougeoyante à la pierre rugueuse et brute de la montagne dans laquelle était encastré Castral Roc.

« Lord Lannister et Ser Kevan vont vous recevoir. En attendant, je vous invite à patienter dans la Galerie d’Or, » annonça-t-il d’une voix chantante.

Lord Ouestrelin hocha la tête et le trio suivi le domestique qui trottinait presque.
Jeyne avait entendu parlé de la fameuse Galerie d’Or. Malheureusement, elle n’avait jamais eu l’opportunité de la voir de ses propres yeux. Certains la surnommaient le « Bijou du Roc ». Ceux qui l’avaient vue en contaient les merveilles avec une petite lueur au fond du regard. Une petite lueur qui semblait dire « j’ai eu l’honneur de la voir, moi ». L’adolescente ne les avait jamais enviés pourtant, trop gentille pour être capable d’éprouver la moindre mesquinerie ou sournoiserie à leur égard. Il n’en restait pas moins que la Galerie d’Or était célèbre à travers tout Westeros. Fameuse et renommé car originale et correspondant si bien aux suzerains du Roc. L’agora des autres châteaux était d’ordinaire forgée dans le marbre ou dans la pierre. Chez les Lannister, leur goût ou leur attrait pour l’or était si prononcé qu’ils en avaient fait recouvrir l’entièreté de la galerie. Le résultat final n’était rien de moins qu’exquis : un vaste espace qui semblait changer d’aspect à chaque seconde qui passait alors que la lumière changeante du soleil venait jouer contre les parois de la pièce.

Les rumeurs étaient à la hauteur des espérances de l’adolescente. Les privilégiés n’avaient donc pas menti ni enjolivés les choses. La Galerie d’Or était splendide, brillant doucement sous les rayons discrets de l’après-midi, cachés derrière quelques nuages cotonneux, alors que les Ouestrelin pénétrèrent dans la grande salle. Si la jeune femme avait été impressionnée, presque dérangée par la Gueule du Lion qu’ils avaient dû traversé en entrant dans Castral Roc, elle était ébahie par la splendeur de l’intérieur de la forteresse, intérieur qu’elle avait si peu pu admirer lors de ses rares visites. En les laissant patienter quelques instants au cœur du Bijou du Roc, Jeyne était persuadée que le Vieux Lion ne voulait pas faire l’étalage des richesses de sa famille. Il n’en avait pas besoin, après tout. Mais peut-être voulait-il leur montrer la beauté de sa demeure. L’excellence dont étaient capables ses artisans. Et l’adolescente voyait dans cet orgueil positif un trait bien plus louable que celui de cupidité dont les affublaient les mauvaises langues.

Le serviteur avait disparu dans une des pièces attenantes dont l’aînée de la famille s’imaginait qu’ils s’installeraient pour l’entrevue. Bien qu’elle appréciait grandement la galerie, ils ne pourraient pas discuter en toute intimité ainsi dévoilé, au centre des regards de la cour des lions où au final elle n’était guère plus qu’une gazelle prête à être dévorée.

Le Bouclier de Port-Lannis et son cadet firent leur apparition. Les domestiques présents se dépêchèrent de baisser la tête dans une soumission respectueuse. Gawen et Raynald firent de même, bien que plus sobrement, tandis que Jeyne se pliait en une révérence qu’elle espérait élégante.

« Lord Lannister, Ser Kevan, » les salua son géniteur sans se départir de son sourire débonnaire. « Nous vous remercions de nous recevoir si vite, nous sommes un peu en avance, nous préférons être prévoyants. »

Le charisme que dégageait le père de Jeyne était complètement différent de l’aura des deux lions du Roc. Souriant, avenant, le ventre légèrement rebondi et vêtu de vêtements modestes, on avait du mal à croire qu’il ait un jour été adoubé chevalier et qu’il soit un lord de l’Ouest. En revanche, ces deux vérités étaient immédiatement vérifiables lorsque l’on considérait le suzerain et son frère. Austères, fermés et dignes, ils imposaient leur présence écrasante et la jeune femme avait bien du mal à soutenir leur regard tantôt bleu, tantôt vert.

« Voici mon fils aîné, Raynald, » dit-il pour présenter son héritier. « J’espère qu’il pourra assister à l’entrevue, elle sera formatrice pour lui. »

Raynald s’inclina à nouveau sans prononcer un mot. En tant que futur lord Ouestrelin, son apprentissage était constant et une opportunité comme celle-là ne se représenterait probablement plus jamais.

« Et voici ma fille Jeyne. »

Il l’invita à s’avancer un peu et elle s’exécuta avant d’hocher légèrement la tête sur le côté. Pour l'occasion, sa mère lui avait faite passer une de ses plus jolies robes, d'un beige chatoyant qui, pour une fois, correspondait exactement à sa taille.

« C’est un honneur, » dit-elle de sa petite voix claire.

Elle était incapable de sourire et son visage semblait être condamné à rester figé en une expression sérieuse et attentive.

Ainsi, Lancel n’était pas présent. Elle ne sut si elle devait prendre cela comme une bénédiction ou non. Était-il aussi nerveux qu’elle ? De la même manière, elle ne savait pas vraiment si elle aurait aimé s’entretenir avec lui. Il faudrait bien, un jour, qu’ils puissent échanger. Chaque chose en son temps, se dit-elle.






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An 298 – Lune 10 – Semaine 2



Jeyne Ouestrelin & Tywin / Kevan Lannister


Leurs pas résonnèrent dans la Galerie d’Or, les serviteurs s’écartant et s’inclinant sur leurs passages. Quant aux gens de la cour de Castral-Roc, ils cessèrent leurs discussions quand ils passaient à côté d’eux et s’inclinèrent à leur tour. Tywin et Kevan donnaient de bref signes de têtes secs à droite et à gauche en guise de salut, mais allèrent droit vers leurs invités, la petite délégation Ouestrelin. Ce fut Lord Gawen qui fit quelques pas vers eux et les salua en premier. Lord Tywin et Ser Kevan lui rendirent son salut sobrement, le Vieux Lion de répondre :

La prévoyance est une de vos qualités, Lord Gawen. Bienvenue à Castral-Roc.

Même s’il ne l’avait pas encore officiellement présenté, les regards des frères-Lions allèrent rapidement se poser de concert sur la jeune fille qui se tenait légèrement en retrait de son père et d’un autre jeune homme, qui s’avéra être le futur héritier de la Maison Ouestrelin. Kevan le salua à son tour, tandis que Tywin répondit à la demande du père de Raynald par un simple :

Bien entendu, avant de le saluer également.

Lorsque vint le tour de Lady Jeyne, les deux hommes se rapprochèrent pour la voir de plus près. Fine, d’une taille honorable pour une femme, des hanches généreuses, le port de tête élégant, elle avait toutes les qualités pour être une dame mariée à une famille telle que les Lannister. Pour la première fois depuis qu’ils étaient arrivés devant les Ouestrelin, Kevan se permit de commenter l’absence de l’intéressé, son fils Lancel :

Veuillez excuser l’absence de mon fils. Nous avons préféré vous rencontrer vous ainsi que Lady Jeyne en premier avant de la présenter à mon fils…si nous le jugeons opportun.

Tywin acquiesça d’un hochement bref de la tête, puis, désignant la petite pièce attenant à la Galerie d’Or et préparée pour les recevoir :

Après vous Lord Gawen, Ser Raynald, Lady Jeyne.

Une fois qu’ils furent entrés, deux gardes Lannister vinrent fermer la porte et se poster devant celle-ci, afin que le Seigneur des lieux ne soit pas dérangé. Une coupe d’un grand cru de La Treille attendait chaque participant. Trois sièges doublés de velours rouges brodés d’or faisaient face, de l’autre côté de la petite table, à deux fauteuils en bois d’acajou verni sculpté et veiné d’or, dans lesquels prirent place Ser Kevan et Lord Tywin. Les deux hommes fixèrent un long moment la jeune fille, avant de ne la laisser qu’à l’entière observation de son frère, Kevan. Le Vieux Lion s’adressa à Lord Gawen :

Lord Gawen, votre maison, bien qu’ayant toujours loyalement et dignement servi la maison Lannister, n’est pas la plus noble, ni l’une des plus riches des Terres de l’Ouest. Seulement, je ne peux toujours favoriser les mêmes maisons. Vous avez été patients et j’entends à présent la récompenser par ce qui vous amène ici aujourd’hui. Soyez certains que, si d’aventure nous conclurions cette entrevue positivement, vous, votre fille et votre famille ferez l’objet d’envie et de jalousie parmi l’Ouest. J’ose espérer que vous en êtes conscient.

Il fit une pause avant de reprendre, Kevan observant toujours Jeyne Ouestrelin silencieusement, les doigts joints sur ses jambes croisées :

Votre fille serait la Dame de Port-Lannis, la seconde cité la plus importante de l’Ouest. En cela, nous attendons de la future épouse de Lancel une jeune femme raffinée, élégante, intelligente et qui ne fera rien qui puisse entacher de près ou de loin la Maison Lannister. D’aucuns estiment que se lier à la Maison Lannister est tout aussi prestigieux que de s’unir à la Maison Targaryen… Je laisserais cette comparaison qui n’a pas lieu d’être de côté et vous dirais plutôt que j’attends un comportement aussi irréprochable de ceux qui rejoignent ma Maison que de ceux qui la composent de par leur naissance.

Kevan renchérit tandis que Tywin se mit à siroter son vin, son regard bleu-acier passant de Gawen à Raynald puis à Jeyne :

Nous avons pensé à votre maison en premier, Lord Gawen, pour les raisons que Lord Tywin vous a précédemment données. Seulement, je ne vous cache pas que nous avons d’autres jeunes femmes tout aussi ravissantes que votre fille pour Ser Lancel. Pourquoi devrions-nous arrêter notre choix sur Lady Jeyne plutôt que sur une autre ?

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semaine 2, Lune 10, an 298



Kevan & Tywin & Jeyne

Lord Ouestrelin prit le compliment du Vieux Lion avec un hochement de tête respectueux, un sourire obligé sur les lèvres. Pourtant, l’attention qui lui était jusqu’alors consacrée se détourna bien vite vers sa fille aînée. Les yeux bleus et verts des Lannister se posèrent de concert sur la silhouette fluette de l’adolescente. Curieux, ils observèrent un instant Raynald qui n’avait toujours pas pipé mot. Il hocha simplement la tête lorsque le Bouclier de Port-Lannis autorisa sa présence durant la réunion et le père des deux jeunes gens les remercia.
Les pas des félins, feutrés, résonnèrent à peine sur les dalles mordorées. Les muscles de Jeyne se rigidifièrent et elle resta là, plantée, immobile, le cœur au bord des lèvres alors qu’elle était scrutée comme un quartier de viande, en attente de savoir si elle pouvait être dévorée ou non. Était-ce réellement ce qu’elle était pour eux ? N’était-elle que ça ? Un corps à leur service ? Un corps uniquement utile pour donner naissance à des héritiers ? Sa gorge se serra. Elle savait peu de choses sur le mariage et le peu dont elle avait connaissance lui venait de ses parents. Son père qui avait épousé sa mère pour son argent. Un sac de dragons d’or. Voilà tout ce qu’était Sybelle. Sa mère qui avait épousé son père et plus largement sa maison pour un titre de noblesse. Pour un nom. Voilà tout ce qu’était Gawen.
Elle n’était certainement pas proposée comme fiancée à Lancel pour son argent, ni pour son titre. Les lions ne manquaient ni de l’un, ni de l’autre. Une récompense, avaient-ils dit. Une récompense pour leur loyauté sans faille. Si elle était fière de cette honneur, de n’être réduite qu’à ses hanches ou à son visage l’embarrassait. La dérangeait presque. Elle tenta pourtant de ne rien laisser paraître, bien que son visage délicat devait laisser trahir ses angoisses et son inexpérience à ce jeu là.

Kevan Lannister souleva l’absence de son fils. Il prit bien soin de peser chacun de ses mots. Si nous le jugeons opportun. Là encore, la brune sentit sa poitrine s’oppresser. Et s’ils ne la jugeaient pas apte ? S’ils changeaient d’avis ? S’ils la renvoyaient à Falaise ? Les questions tournaient dans sa tête comme une litanie lancinante, manquant de la faire tomber à la renverse. Elle ne pourrait supporter de faire honte de la sorte aux siens. Les Ouestrelin se relevaient à peine, avec l’argent des Lépicier, et leur gloire passée n’était qu’un souvenir en passe d’être enterré pour toujours en raison de la mésalliance avec une famille de basse naissance. Seule un bon mariage pourrait redorer leur blason. Seule Jeyne, à cet instant précis, semblait être capable de soutenir sa maison, de la reconstruire même. Elle ne pouvait pas échouer. Le poids d’une telle mission ne manquerait pas de la faire flancher et déjà, il lui semblait que ce lourd poids sur ses frêles épaules risquait de la faire vaciller. Elle tint bon, cependant.

« Évidemment, » termina lord Ouestrelin, toujours content. « Mais je ne doute pas de ma fille. »

Confiant, peut être trop, cette phrase anodine était un nouveau pieu dans le cœur de l’adolescente. Tous lui faisaient confiance. Tous. Et si elle tombait… Le mirage de sa défaite lui faisait serrer les dents.

Tywin leur présenta la petite salle préparée pour l’entrevue et la petite troupe y pénétra. La jeune fille était contente de pouvoir s’asseoir. La robe était lourde et l’émotion lui coupait les jambes.
C’est pourtant avec un dernier regard presque médusé qu’elle regarda les gardes fermer les portes derrière eux, laissant les Ouestrelin en tête à tête avec les lions. Ceux-ci les invitèrent à s’asseoir, juste en face d’eux, séparés par une table basse. Si Tywin se détourna de Jeyne pour s’adresser à son père, Kevan n’en fit rien. Le sourire bonhomme étalé sur le visage de Gawen ne disparut pas face aux menaces que soulevait le Vieux Lion. Au contraire, il hochait la tête en clignant des yeux, serein.

« Nous n’attendions aucune réponse pour notre loyauté. Elle est toute naturelle et vous êtes acquise depuis toujours. Peu importe notre richesse ou notre rang. Pour nous, cette proposition n’est pas prise comme des félicitations ou une gâterie bien méritée. C’est un honneur. »

Il posa ses mains à plat sur la table ouvragée, toujours décontracté.

« Nous avons conscience que toutes les maisons de l’Ouest ne pensent pas comme vous et qu’honorer une petite maison risque d’attirer les regards. Cependant, je crois en l’unité de notre région et qu’aucun ne sera assez simplet pour oser porter atteinte à l’harmonie que vous faites régner depuis de nombreuses années. »

Personne ne serait assez stupide pour laisser de simples jalousie risquer la cohésion de la région. De cela, Jeyne en était aussi convaincue. Et s’ils étaient effrayés par cela, méritaient-ils réellement qu’on leur accorde de l’importance ? Pouvaient-ils se permettre de vivoter, de survivre dans la fange ? Comme tous, eux aussi avaient des ambitions et si Jeyne ne rêvait ni d’or, ni de richesse, ni de gloire, ni de reconnaissance, elle rêvait d’honneur.

Le regard lourd du Vieux Lion rejoignit celui de son frère lorsqu’il mentionna les qualités que se devait de posséder une future Lannister. La brune se sentit rougir et ses mains se serrèrent un peu plus sur ses genoux.

Enfin, un sourire finit par illuminer le visage de la jeune fille lorsque la voix de Kevan mourut. Ils voulaient en savoir plus sur elle. Elle n’était pas qu’un corps. Contre toute attente, l’exercice la rassura plus qu’il ne l’inquiéta.

« Assurément, » la voix de Raynald résonnait pour la première fois. « Ma sœur pourra très certainement mieux vous parler d’elle que nous. »

Après un instant de flottement, la Ouestrelin finit par s’éclaircir. D’un hochement de tête, son père et son frère l’encouragèrent.

« C-Comme cela a déjà été soulevé précédemment… »

Sa voix était faible et elle mourut sur les dernières intonations. Intimidée. Elle inspira puis expira profondément.

« N-Navrée, » reprit-elle d’une voix plus posée. « Comme dit précédemment, notre maison est foncièrement loyale à la maison Lannister. J’ai grandi et été élevée dans cette fidélité que j’ai su faire mienne. Je suis respectueuse et je veux être une bonne épouse pour mon mari. »

Ses lèvres s’étirèrent sans cependant dévoiler ses dents.

« Trop modeste, ma Jeyne, » rit Raynald. « Modeste et avec un bon cœur. Un jour elle est même restée au chevet nuit et jour pendant une semaine d’un de nos soldats blessés par des brigands. Nous l’avons élevé pour faire d’elle une dame agréable, bien qu’elle n’ait guère eut besoin de nos enseignements pour cela. »

Deux ronds rouges vinrent colorer les joues pâles de l’adolescente alors qu’elle rit de gêne, écartant une mèche de cheveux bruns qui était tombée sur son front.

« L’Honneur, pas les honneurs, » termina-t-elle.





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An 298 – Lune 10 – Semaine 2



Jeyne Ouestrelin, Kevan & Tywin Lannister


Lord Tywin émit un léger ricanement lorsque Lord Gawen Ouestrelin parla d’unité de l’Ouest et qu’aucune autre maison ne serait assez stupide pour oser venir la troubler. Les mains jointes sur ses jambes croisées, il répondit d’un ton égal et neutre :

Vous dîtes vrai et ce n’est certainement pas la Maison Reyne qui viendra vous contredire, Lord Gawen.

Kevan laissa lui aussi s’échapper un ricanement semblable à celui de son aîné puis tous deux se turent pour continuer d’accorder toute leur attention aux trois Ouestrelins. Finalement, Lord Gawen se tut pour laisser la parole à Jeyne, parole que Kevan avait sollicitée. D’abord, ce fut son frère, Raynald, qui ouvrit la bouche sans y avoir été invité par les Lions. Si Kevan lui décocha un coup d’œil rapide, le Vieux Lion fit comme s’il n’avait jamais prononcé un mot et conservait son regard braqué sur la jeune fille et potentielle épouse de son neveu.

Elle eut du mal à se lancer, les Lions le virent, toute intimidée qu’elle était devant et entre tous ces hommes. Elle parla de son éducation, de sa fidélité envers la maison suzeraine de l’Ouest et de sa volonté d’être une bonne épouse pour son futur mari. Mais à nouveau, son frère crut bon de venir à la rescousse de sa sœur et intervint en sa faveur, vantant ses mérites, sa bonté d’âme et de cœur, son raffinement et tout ce qui faisait d’elle une dame et potentielle épouse agréable. Les compliments de Raynald Ouestrelin firent rougir la jeune fille qui ne sut quoi dire de plus que de répéter la devise de sa maison.

Les deux Lions échangèrent un regard, regard accompagné d’un pincement de lèvres pour Kevan Lannister. Après un moment où personne n’osa souffler mot ni même respirer trop fort, Lord Tywin prit la parole :

Lord Gawen, Ser Raynald, nous souhaiterions nous entretenir un instant seul avec Lady Jeyne. Veuillez je vous prie attendre dans le couloir. Ser Kevan vous avertira lorsque vous pourrez à nouveau nous rejoindre.

Les Lions restèrent assis, observant tranquillement les deux Ouestrelins quitter la pièce et laisser leur petite protégée seule en leur compagnie. Une fois que la porte se fut refermée derrière eux, le Seigneur de Castral-Roc prit la parole, gardant son ton neutre presque froid, à mille lieux donc de vouloir mettre la jeune fille à l’aise.

Lady Jeyne, il ne fait nul doute que votre Père et votre frère vous aiment et veulent que ces fiançailles soient prononcées, vu les qualités qu’ils vantent de votre personne. Si l’on en croit vos proches, vous semblez être l’épouse parfaite…Mais je vous trouve bien trop en retrait, effacée, alors qu’être l’épouse potentielle du fils-héritier de mon frère vous propulsera devant les regards de l’Ouest et même de Westeros.

Kevan renchérit :

Lancel est un jeune homme bon, galant, fidèle et fort déterminé. Mais il peut également se montrer très arrogant et impatient. Selon toute vraisemblance, le titre de chevalier lui sera attribué très prochainement et les joutes sont un de ses passe-temps favoris. Mais nous ne parlons pas ici d’un quelconque jeune homme et futur chevalier ; nous parlons de l’héritier de Port-Lannis, la seconde cité la plus puissante de l’Ouest, dont vous pourriez devenir la dame et la gestionnaire si mon fils devait s’absenter. Une jeune fille timide, introvertie et douce ne tiendrait pas longtemps et verrait vite son autorité remise en question, de ses domestiques aux Seigneurs et Dames des Sept Couronnes qui nous font l’honneur de séjourner de temps à autre entre mes murs. Si vous ne vous sentez pas de taille à affronter cela, je vous encourage à nous le dire immédiatement.

Et son frère de conclure, avant de laisser à nouveau la parole à la jeune fille :

Mon frère a arrêté son choix sur votre maison afin de récompenser la grande loyauté dont la maison Ouestrelin fait part depuis aussi longtemps que la maison Lannister régente les Terres de l’Ouest. J’ai accepté son choix pour ces mêmes raisons mais pour l’instant, je ne vous sens guère de taille à abandonner le nom de Ouestrelin pour celui de Lannister, raison pour laquelle j’ai demandé à votre père et votre frère de nous laisser seuls un instant. Dîtes-moi donc, Lady Jeyne, êtes-vous de taille à devenir la future Dame de Port-Lannis ou ne l’êtes-vous pas ? Ne me faîtes pas perdre mon temps si vous ne l’êtes pas ; exprimez-vous franchement et clairement.

©️ DRACARYS


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