Le Deal du moment : -17%
Casque de réalité virtuelle Meta Quest 2 ...
Voir le deal
249.99 €


Live fast, die young, bad girls do it well {Gysella}

Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 

LIVE FAST, DIE YOUNG, BAD GIRLS DO IT WELL
Gysella & Asha | 298, lune 9, semaine 4
❇  ❇  ❇

Asha avait pris la mer avec son Vent Noir sur un coup de tête. Elle ne supportait plus la bibliothèque de son oncle Rodrik à Dix-Tours. Voilà plusieurs semaines que la fille de Balon Greyjoy avait l’impression de tourner en rond et que les réponses qu’elle cherchait n’existaient pas, du moins pas encore, pas dans les livres. Elle ne voulait pas partir sans suffisamment d’éléments, pour ne pas mettre des gens inutilement en danger pour ses propres rêves, peut-être des illusions. Et pourtant, plus les lunes passaient, plus il lui semblait qu’elle allait peut-être devoir s’y résoudre et compter sur le bon vouloir et le courage des fer-nés. Mais pour le moment, elle avait besoin d’une pause, elle avait besoin d’oublier l’impasse dans laquelle elle se trouvait pour le moment, sans quoi elle allait lâcher sa frustration sur son oncle adoré et c’était une chose qu’elle préférait éviter. Alors elle avait pris le large. Elle avait demandé le minimum de marins pour l’accompagner, certains n’étaient même pas dans son équipage habituel, mais dans celui du Chant de la Mer. Mais ça n’était que pour la journée, alors ils avaient bien voulu dépanner la capitaine.

Elle s’était dit qu’un tour en mer lui ferait le plus grand bien. Le vent qui fouettait son visage, le bruit de la poupe du bateau découpant les vagues, l’agitation des marins pour mener à bien le voyage… voilà des choses qui la détendaient toujours, lui permettaient de penser à autre chose que ses préoccupations sur terre. Ce n’est qu’une fois les amarres larguées qu’elle décida du cap qu’ils allaient prendre. Son choix se porta sur Shatterstone, sur Vieux Wyk. Aux dernières nouvelles, son amie Gysella y était et cela faisait un petit moment qu’elles n’avaient pas eu l’occasion de se voir et de partager les dernières nouvelles. Cela serait l’occasion d’y remédier, et pourquoi pas d’embarquer son amie Bonfrère dans ses quêtes exubérantes. Il lui semblait avoir entendu un proverbe sur le continent un jour, “Plus on est de fous, plus on rit.” S’il y avait bien des personnes avec qui elle voulait pouvoir s’amuser dans une telle expédition, Gysella en faisait partie, sans aucun doute. Mais pour autant elle ne comptait pas non plus lui forcer la main, la belle blonde avait peut-être déjà des projets qu’elle souhaitait réaliser, des choses moins illusoires que ses propres quêtes. Elle ne voulait pas la forcer à s’engager dans ce qui pourrait être un échec, non, elle n’accepterait la combattante à ses côtés, que si c’était réellement ce qu’elle voulait.

Une fois arrimer à bon port, après quelques heures de navigation, Asha remercia les fer-nés qui avaient mené le Vent Noir jusqu’aux côtes de Vieux Wyk puis leur donna quartier libre autour du port, avec l’instruction d’être prêt à repartir au coucher du soleil. Puis Asha se rendit dans la demeure qui abritait une branche des Bonfrère. C’était différent de ce qu’elle connaissait à Pyk ou à Dix-Tours, mais Gysella lui avait toujours semblée assez heureuse aux côtés de son oncle. Avec sa démarche assurée, comme toujours, Asha se présenta, un sourire malicieux au coin des lèvres. “La fille de Balon voudrait voir Gysella.” Elle se cala sur une jambe, posant une main sur le bout d’un poignards accroché au niveau de sa taille, attendant de voir la tête blonde qui lui était si familière.
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Même si le temps osait s’affirmer à la clémence, la tempête, elle, restait dans le maussade. A croire que tout était à même de vouloir mettre à mal sa patience puisque tout allait à l’encontre de ses projets. En avait-elle un plausible seulement ? La Fer-Née ne savait plus sur quel pied danser, vers quel horizon ses voiles devaient faire front ? La fatalité lui donnait raison de croire que sa liberté était mise à mal et ce en raison des évènements récents qui la frappaient. L’absence de Norne l’agaçait à un point qu’elle n’aurait jamais soupçonné seulement. Pourquoi ne rentrait-il pas ? Quelles intentions insolites avaient eu raison des plans qu’il lui avait confiés avant son départ ? Un pressentiment, quant à un changement soudain, ne cessait de tambouriner les ardeurs de la jeune femme. Elle connaissait l’homme qui l’avait élevé et savait pertinemment que seules les femmes étaient à même de retarder ses intentions. Voire même d’envisager des plans à sa place et le manipuler pour qu’il songe que les idées lui soient propres. Maudits soient les hommes et leur fierté, maudits soient les femmes et leur fourberie dès lors qu’elles se mettaient en tête de vouloir avoir le contrôle sur quelque chose. Gysella était l’exemple même de ce dessein. Son éducation, aussi difficile avait-elle pu se présenter, reposait entièrement sur le venin craché à tout va d’une femme qui avait étendu son emprise sur l’austérité et la froideur de cet homme. Les années n’avaient pas été suffisantes pour que cela lui ouvre les yeux, jusqu’au jour où finalement, l’homme lui donna à croire en un changement radical. L’exécution de cette femme était un signe d’un renouveau. L’établissement d’une nouvelle relation qui veillerait enfin à accorder ne serait-ce qu’une once de confiance entre l’oncle et sa nièce. En vain… Voilà que tout était à remettre en question alors que cette absence pesait de plus en plus sur le domaine. Gysella devait revêtir la cape de ce maître qu’elle détestait pour ainsi assurer une pérennité qu’elle ne désirait pas. Sa place n’était pas entre les murs de ce château, ni même sur les chemins de cette île, non. Sa place se situait là devant elle, sur cet horizon qui se perdait au-delà, sur les flots irréguliers dont la cadence était éternelle, suivant ce vent insouciant et indomptable. C’était là bas que Gysella Bonfrère désirait se situer et non pas dans cet espace trop étroit et lugubre. De-même que depuis son retour, son humeur fluctuait de la même manière que le vent tournait les voiles pour changer d’avirons. Par le Dieu Noyé que ce sentiment ne lui plaisait guère et participait à cette mauvaise humeur qu’elle ne quittait plus depuis. Son incertitude ne cessait de lui renvoyait des images d’un passé pourtant révolu, mais enclin à vouloir la hanter telle la brume dissimulant les rochers. Que dire de plus ? Que faire de plus ? Pardonner lui était un fait compliqué dans la mesure où l’incompréhension avait été mise en exergue dans chacun des deux partis. Voilà pourquoi le large était un havre de paix pour elle. Personne n’était à même de la tourmenter ou même d’éveiller des scrupules quant à un ressenti qui l’avait guidé pendant plus de dix ans. Personne n’était à même de remettre en question sa condition de fer-née et la juger par la même occasion. Seuls ses actes pour assurer la survie de son équipage comptait, rien de plus. Et qu’importent les routes maritimes empruntées, qu’importent les rames déployées, seul le résultat comptait, celui d’une évidence certaine quand à une corne d’abondance suffisamment pleine pour contenter tout le monde. Une nouvelle jarre fut la victime de cette impatience. Brisée en plusieurs morceaux, la terre cuite reflétait bien là le fort intérieur de la blonde. Un appel grave et d’autant plus sévère s’émana d’entre ses poumons, ordonnant pour cette occasion que ce trépas s’efface à jamais de sa mémoire. Si seulement ses pensées pouvaient être éradiquées avec ce même coup de balais.

Les bras croisés contre son torse, Gysella se tenait aussi droite que le mât de son boutre alors que son regard se perdait une fois de plus par delà l’horizon. Sa respiration, elle, était bruyante, signe de son agacement et sa colère quant à ses tourments qui ne cessaient jamais de la hanter. Cet énervement aurait-il raison d’elle un jour ? L’incertitude quant à  une réponse l’habitait de plus belle alors qu’on lui rapportait encore une fois que les fanions de son oncle étaient toujours absents. « Tu me le paieras ! » siffla t-elle entre ses dents alors que ses yeux se fronçaient pour signaler de cette revanche à venir. Il lui donnait l’impression de l’emprisonner dans ces remparts, de lui assigner le rôle d’un vulgaire prisonnier, comme de celles qu’il ramenait quand le cœur lui en disait. Et autant l’avouer, ce traitement ne lui plaisait pas. Tant bien même qu’elle ne donnait pas cher de son sang froid face à son oncle dès lors que sa silhouette réapparaîtrait à Shatterstone. Un nouveau soupir las cette fois vint à s’échapper du gonflement de ses poumons. A quoi bon rester ici et contempler la mer ? A quoi bon attendre en une clémence alors que visiblement le Dieu Noyé en avait décidé autrement ? La lourdeur de ses pas accompagnait à merveille celle qui prévalait de son esprit. Désarmée, la Fer-Née gardait néanmoins ses postures habituelles, lui donnant ainsi une prestance plus masculine que féminine. L’étude des cartes serait certainement plus bénéfique que cette remise en question continuelle. Aussi, c’est avec ce regard empli de hargne qu’elle rejoignit la salle contenant ces dernières. La pièce donnait tout bonnement l’air d’un débarras, victime de la main de Norne et de ses lubies quant à vouloir pallier des manques par des juxtapositions diverses et variées. Gysella levait bien souvent les yeux au ciel lorsqu’elle le voyait agir de la sorte. A quoi bon s’entêter de vouloir créer ce que l’on avait jamais vu ? La meilleure des solutions pour le faire était de s’y rendre. Voilà son désir le plus cher, sauf qu’il ne l’entendait jamais de cette même oreille. Quoi qu’il en soit, elle repoussa les cartes qui mettaient en évidence des contrées d’Essos. Ce n’était pas ce qui l’intéressait, tout comme elle ne voulait pas non plus voir et encore moins entendre parler du Nord. Ce qui lui importait se trouvaient dans les autres antipodes, cet Ouest qu’ils ne connaissaient pas et cet Est qui était aussi mystérieux que le ventre du Kraken. Gysella aurait plus que tout, voulue partir dans cette aventure. Seule ou accompagnée. Mais la réalité l’en empêchait à moindre escient. Aussi, finit-elle par dégager ce rêve perdu pour retourner vers cette carte qu’elle dessinait depuis plusieurs lunes à présent. Cette dernière ne représentait aucune terre, ni même aucune contrée, mais bien plus des courbes dont les points de convergences donnaient l’illusion de créer une forme plus ou moins connue. Les étoiles étaient devenues sa nouvelle passion. Tant bien même, qu’elle essayait d’en apprendre un peu plus à chaque nuit tombée pour ainsi se diriger grâce à ces dernières. Lubie ou découverte ? On lui avait rapporté que beaucoup de navigateurs les utilisaient pour établir leur itinéraire et pour l’heure, elles lui avaient été de bons conseils. Ainsi occupée, la Bonfrère ne vit pas le temps passé et ce ne fut que lorsqu’une voie lui indiqua que la fille de Balon désirait la voir qu’elle sortit de sa torpeur. « Asha ? Vraiment ? » s’amusa t-elle avec son ton à mi enjoué et son sourire espiègle qui s’étirait doucement sur ses lèvres. Ce dernier n’en devenait que plus marqué alors qu’on lui confirmait cette présence, enfin le Dieu Noyé donnait l’impression d’être avec elle.

Le chemin pour rejoindre son amie de longue date fut plus ou moins rapide et le sourire qui naissait sur ses lèvres à la vue de sa silhouette ne faisait que confirmer ce contentement qui l’habitait à mesure qu’elle arrivait à sa hauteur. « Et qu’est-ce que la fille de Balon me veut ? » Sa voix se joignait volontiers à la bonne humeur, du moins pour l’instant. Dans le même temps qu’elle veillait à prendre l’avant-bras de son amie et lui assigner une tape amicale sur l’épaule en guise de respect. « Quelle surprise que d’te voir. T’en as eu marre d’tes oncles ? » Sa curiosité et sa spontanéité lui revenait petit à petit dans le même temps que cette amitié qui les réunissait toujours toutes les deux. Combien de fois s’étaient-elles lancées sur des chemins aventureux et dangereux toutes les deux ? Combien de fois avaient-elles pu se faire prendre pendant leurs exploits avant de se faire punir ? Gysella était prête à mettre sa vie entre les mains d’Asha et elle savait que l’inverse était semblable. « T’as faim ? Viens par là pour t’poser, tu s’ras plus à ton aise pour causer. » Lui intima t-elle avant de montrer la salle dans laquelle elles allaient se rendre pour ainsi se ressourcer. « Norne est absent, donc on s’ra pas dérangées. » continua t-elle tout en prenant les devants et en allant s’asseoir la première à table avant de claquer des doigts en direction des servants pour qu’ils exécutent les ordres quant à une bonne restauration pour la fille de Balon. Elle attendit qu’on leur mène le pichet de vin et servit une coupe à son amie avant de s’en servir à son tour et lever son verre dans sa direction. « A nos r’trouvailles. J’suis contente que tu sois venue. J’ai l’impression de d’venir folle ici… » lui avoua t-elle avant de boire une gorgée du breuvage. Néanmoins, elle se doutait très bien que cette visite n’était pas uniquement de courtoisie, généralement lorsque Asha venait, quelque chose se tramait dans son esprit aussi vaste que le monde tout entier.
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Le sourire d’Asha s’étira, laissant apparaître quelques dents lorsque la tête blonde portant le nom de Gysella fit son apparition aux portes. La fille du Kraken fut ravie de voir que sa propre vision à la Bonfrère la faisait réagir de la même manière. Elle lui enserra le bras, l’accompagnant elle aussi d’une tape amicale. En cet instant, elle avait la certitude d’avoir fait le bon choix. Oui, le Dieu Noyé avait bien fait de la pousser grâce à ses courants jusqu’à Shatterstone. Dix-Tours était sa maison, elle aimait son oncle Rodrik et son cousin Harras de tout son coeur, mais c’était la famille, c’était différent. Son amitié et la relation qu’elle entretenait avec la belle blonde n’avait rien de comparable avec ce qu’elle avait à Dix-Tours. Et il n’y avait aucun intérêt à tenter de comparer cela à ce qu’il y avait à Pyk. Son sang au plus proche avait beau résider là-bas, c’était encore tout autre chose. Elle suivrait probablement n’importe quel ordre de son père sans le questionner, elle avait tout fait pour sauver son frère et pourtant. Non, elle ne ressentait pas ces choses là, il n’y avait pas cette confiance et cette complicité, cela relevait d’un tout autre domaine lorsqu’il s’agissait des Greyjoy, l’amour tel qu’il était conté dans les douces histoires du continent n’avait pas sa place dans la maison du Kraken.

Malgré le sourire qu’affichait son amie, Asha avait l’impression que quelque chose la tracassait. Elle fut tentée de piquer dans le vif du sujet, comme elle aimait si souvent le faire, mais elle se ravisa. Elle avait elle même pris la mer parce qu’elle s’agaçait sur la moindre chose à peine quelques heures plus tôt et ce depuis plusieurs jours. Puis même si la capitaine comptait bien rentrer dormir à Dix-Tours, elles avaient plusieurs heures devant elles pour aborder ces sujets. Asha n’en doutait pas, elle aurait tout le loisir de taquiner son amie. Elle ne doutait pas non plus que la fille adoptive du Rascasse pourrait en faire autant avec elle. “Elle a envie d’kidnapper une belle blonde et elle savait qu’elle trouverait la meilleure à Shatterstone.” dit-elle avec un air moqueur sur le visage, haussant les épaules comme si cela était tout ce qu’il y avait de plus banal. Elle finit par faire un clin d’oeil à son amie, pas peu fière de sa taquinerie qui n’avait pourtant rien d’originale. Mais l’idée qu’un homme, ou bien même une femme, cherche à kidnapper Gysella ne pouvait que lui tirer un large sourire, cette personne était certaine de s’attirer des problèmes ! Et sûrement même de devoir en payer de sa vie !
Puis Gysella évoqua ses oncles et Asha ne pu retenir un geste de la main, comme si elle venait de chasser une bestiole gênante. Elle grimaça légèrement. “Bah ! M’en parle même pas ! Mais j’pense qu’ils ont tout autant à se plaindre de moi !” Elle éclata d’un rire tonitruant que son équipage trouvait toujours contagieux. “J’pourrais me plaindre d’avoir trop d’onc’ et pas assez de tantes mais quand t’vois la soeur de ma mère à Dix-Tours… j’vais m’abstenir.” Elle hocha la tête, comme si elle venait de se convaincre elle-même avec un argument de poids. Non Asha n’était pas particulièrement gâtée, que ça soit du côté Greyjoy ou du côté Harloi finalement. Sa mère avait sombré dans une dépression après la rébellion de Balon, bien que le retour de Theon ait doucement arrangé les choses. Mais toutes les Harloi n’avaient pas eu la chance de voir retourner des morts, Gwynesse en était la preuve vivante. Asha chassa finalement ces sombres pensées, elle n’avait aucune volonté d’assombrir l’atmosphère.

La capitaine du Vent Noir finit par suivre la fer-née qui s’enfonçait dans les couloirs de la demeure de Vieux Wyk. Elle apprit alors que son oncle à elle était absent. Cette nouvelle lui tira une petite grimace, elle haussa un sourcil aussi haut qu’il lui était possible physiquement, non sans écraser l’autre. Norne était un homme pour le moins mystérieux qui semblait toujours défendre ses propres desseins assez sombres il lui semblait. Elle se demandait bien quelle était sa nouvelle lubie à présent. “‘l’est où encore c’lui la ?” demanda-t-elle à son ami, toujours l’air interrogateur sur son visage, alors qu’elle prenait place en face d’elle, de l’autre côté de la table. Elle remercia d’un bref signe de tête la servante qui venait de leur apporter de quoi s’hydrater et ne tarda pas à faire couler le liquide dans sa gorge, satisfaite. Elle regarda ensuite Gysella avec un air curieux, cette dernière venait de lui dire qu’elle était contente de la voir puisqu’elle commençait à devenir folle. “Un problème avec Shatterstone ?” Asha se redressa légèrement sur sa chaise, toute ouïe, prête à entendre les doléances de la Bonfrère. “Le paradis c’est plus c’que c’était de toute manière…” ajouta-t-elle, une fois retrouvé son air taquin. “En tout cas merci d’m’avoir ouvert les portes… je sais que je débarque comme ça sans prévenir… mais j’dev’nais folle moi-même alors…” Asha bu une autre gorgée. Finalement, Gysella était peut-être dans le meilleur état d’esprit pour accepter de vouloir partir à l’aventure avec elle ! Au delà de l’amitié qu’elle avait pour elle, Asha aurait aussi été contente de pouvoir compter Gysella comme sa partenaire dans cette expédition pour des raisons très pragmatiques. La jeune femme était une bonne combattante, elle avait fait ses preuves plus d’une fois aux commandes d’un navire. La Greyjoy avait remarqué qu’en matière de navigation, elle avait de très bons instincts et cela leur serait plus qu’utile pour là où elle voulait aller. Si elle avait voulu aller discuter avec quelques Lords et les provoquer dans une joute verbale, non, Gysella n’aurait probablement pas était son premier choix, beaucoup trop franche et premier degré pour ça, ce genre d’exercice l’ennuyait et l’agaçait même fortement. Mais pour mener des hommes vers l’inconnu avec elle, c’était celle qui lui fallait.
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Son impatience venait enfin de trouver un peu de repos. Du moins c’est ce qu’elle osait espérer en se rendant auprès de son amie de longue date. Sa silhouette lui donnait l’impression de se projeter à des années en arrière, à ces aventures qu’elles avaient partagées et qui avaient eu raison que les femmes qu’elles étaient devenues aujourd’hui. Une expédition n’aurait jamais pu être plus excitante que lorsque la fille de Balon criait haut et fort des ordres que tous devaient remplir. Son ambition n’avait de raison que de ce courage qu’elle ne cessait de renvoyer. Un exemple à suivre à part entière, mais surtout une amie dont la fidélité et la dévotion n’avait d’aucune égale, si ce n’était peut être ce côté téméraire qu’elles mettaient en évidence dès lors que les expéditions les ramenaient l’une à l’autre. C’est donc dans ce possible moment de détente à venir, que la Bonfrère se plaisait à rejoindre la Greyjoy. Elle était la seule capable de comprendre ce qu’elle endurait en cette heure et sa venue dans les couloirs sombres et venteux de Shatterstone n’était peut être pas si anodin que cela. Après tout, combien de fois s’étaient-elles persuadées qu’elles étaient capables de bien plus que de ces rôles qu’on leur infligeait ? Maître d’un lieu… Gysella en avait la nausée rien que d’y songer, surtout lorsqu’elle savait que son oncle était aux abords d’une nouvelle conquête ou d’une mouche qui l’avait piqué. C’était à lui de tenir ce rang et de se prévaloir comme étant le seigneur de Shattertsone, pas à elle. Surtout pas à elle, sinon elle ne donnait pas cher des personnes qui résidaient sur cette île. La diplomatie n’était pas son fort, voire même pas du tout. Gysella en avait parfaitement conscience et ne revendiquait en rien le droit d’y prétendre. Bien au contraire, seuls son épée et son bouclier avaient raison sur tout le reste selon elle. Et il n’y avait surtout que ce langage là qu’elle comprenait. Conversation qui trouvait d’ailleurs oreille attentive et échange des plus enrichissants avec cette amie qui lui faisait face et qui lui rendait ce même sourire et ce geste qui témoignait de leur amitié. « Fais gaffe, pour une fois j’serai bien tentée d’me laisser prendre au piège par l’grande Asha Greyjoy. » Son rire guttural venait de résonner contre les parois suintantes de ce couloir, alors que sa main tapait une fois de plus amicalement contre l’échine de son amie. Gysella ressentait son besoin et sa nécessité en cette heure. Dans le même temps qu’elle laissait sa revanche pour son oncle de côté pour pouvoir profiter de ce qu’elles pouvaient s’offrir. Un peu de légèreté, de rire et de bonnes blagues seraient enclines à lui permettre d’avancer ou du moins à détendre ses muscles, qui se trouvaient en permanence crispés à cause de sa colère. Ainsi cette remarque leur permirent à toutes les deux de jauger de l’humeur de l’autre. Gysella en conclut rapidement, surtout avec les détails laissés de son amie, qu’Asha était probablement dans le même état d’esprit qu’elle. Cela leur permettait ainsi de mettre en évidence à quel point elles se ressemblaient. Toutes les deux aspiraient à la liberté, à cette soif de revanche mais surtout à cette grande aventure qui veillait à faire couler leurs sangs dans leurs veines. Elles n’étaient peut être pas sœurs de sang, mais elles se dévoilaient comme étant de véritables sœurs de cœurs. « J’te reconnais bien là ! » laissa t-elle échapper en guise de réponse à ce côté téméraire que la fille de Balon n’hésitait jamais à mettre en avant devant tous. Etrangement, une vision mettant en avant le côté enflammé de son amie contre les aspirations massives et contraignantes de ses pairs germait instinctivement dans son esprit et lui arrachait ce même sourire moqueur qu’Asha lui donnait. Une part d’elle savait qu’elle avait compris un tel agissement, et c’est d’ailleurs dans cette même optique qu’elle accompagna le rire de son amie. « La famille c’la famille hein… » Ses épaules se haussèrent exagérément avant de s’affaisser tel du plomb qui s’abattait sur ces dernières. Les Fer-Nés n’avaient pas le même rapport avec les leurs que les autres continentaux. Selon eux, tout était édicté selon les préceptes du Dieu Noyé, mœurs qui se transmettaient de génération en génération, ralliant donc les liens familiaux vers une cause qui aurait du être noble. Malheureusement les vanités étaient telles que toutes les deux étaient des exemples de ce que la famille pouvait apporter pour certains : des instants de colère, d’injustice, de trahisons, en somme une véritable vie de pirates.

Toutes deux finirent par rejoindre la salle dans laquelle restauration et breuvage amèneraient un véritable havre de paix en ces lieux. Les attitudes de la Bonfrère ne tardèrent pas à retrouver des effets qu’on lui connaissait comme étant naturels. Sa confidence, par exemple, en était l’une de ses principales. Ce fut d’ailleurs l’occasion de présenter à son amie à quel point cette position lui était inconfortable pour ne pas dire une épreuve à part entière. Et quoi de mieux pour le faire que de charger son ton de reproches sur la personne qui lui avait infligé cette torpeur. «J’sais rien. Il est tellement pleins de lubies qu’il change de cap comm’ une envie d’pisser. » Sa tête se secouait d’une manière grave et rustre alors qu’un long soupir chargé de dédain vint à gonfler ses poumons. Son oncle était un idiot. Du moins, il s’agissait là de ce que la colère lui infligeait, puisqu’il était encore une fois absent. « Norm’l’ment il d’vait tourner autour d’l’île du Vin. » Du vin, des femmes… Généralement Norne était toujours partant pour se ranger vers ce genre d’expéditions, même si le Nord lui était un défi qu’il désirait relever depuis au moins dix ans. Une peine perdue selon la Bonfrère. Car si le Nord leur avait échappé par le passé et ce à plusieurs reprises, il fallait bien se rendre à l’évidence qu’il s’agissait là d’un signe du Dieu Noyé. Jamais, ils ne parviendraient à reprendre ne serait-ce qu’une once de crédibilité auprès de ce peuple. D’autant plus que leur code d’honneur était plus à mettre en rapport avec la vanité profonde qu’autre chose. Laissant cela de côté, la guerrière épia le visage de sa capitaine au moment où la servante s’affaira à remplir la bonne tenue de ses fonctions. Ce fut ainsi une autre occasion de se confier ou plutôt de prouver à Asha à quel point sa venue lui était agréable et salvatrice. « Problème… J’dirai pas ça com’ ça. » répondit-elle de son ton nonchalant alors qu’elle servait de quoi se ressourcer dans l’écuelle de son amie. Elle lui tendit cette dernière et chargea la sienne de cet alcool qui était bien plus sain que l’eau de manière générale. « J’déteste être une lady… J’me sens com’ la pucelle qui va s’faire culbuter. C’d’un ennui mortel qu’d’rester là entre ses foutus murs. J’ai envie d’prendre une masse et d’les fair’tomber. » Son regard d’azur se perdit quelques instants dans le liquide d’un rouge noir qui tournoyait dans sa coupe. La Greyjoy n’avait pas idée sur la vérité de ses paroles. Cela devait probablement se lire sur son visage. « M’en parle pas… On dirait qu’ça fait une éternité que j’ai pas pris l’large. » Et comme pour accompagner ses dires, la Bonfrère entreprit de boire un premier jet de vin. Elle redressa cependant son regard et se confronta à l’air taquin de son amie qui n’eut d’autre effet que de lui faire arquer un sourcil. Le reste de ses dires n’en devinrent que plus équivoques. « Un problème avec Pyke ? » répéta la blonde sur le même air que son amie quelques secondes plus tôt. Elles s’amusaient de cette manière, Gysella en prenait en conscience alors que ses lèvres s’étiraient doucement pour ainsi former un rictus complice.

Elle finit par se détendre et adopta une position visant à lui permettre de sur élever ses jambes sur la table qui lui faisait face, appuyant ainsi son dos d’une manière désinvolte contre le bois de sa chaise. « T’as trouvé des trucs qui vont nous rendre moins timbrées ? » Gysella lorgnait à nouveau de ce même air taquin, sur le visage de son amie alors qu’elle s’efforçait de garder son sourire intact. Quelque chose lui disait que si Asha était ici devant elle, il y avait forcément une raison. La Bonfrère lui faisait confiance pour ainsi trouver de quoi sustenter son impatience voire même les satisfaire toutes les deux pour ainsi leur permettre un meilleur avenir que celui-ci. Asha s’était toujours révélée comme très intelligente, mais surtout douée dans l’élaboration de plans à monter et à mener à bien. Une véritable expéditrice se tenait ici, celle qui éveillait des intérêts ainsi que de l’admiration de la part de la blonde. « Donc… qu’est-c’qu’Asha Greyjoy m’veut ? » Cette fois-ci, la silhouette de la guerrière se redressa de manière à prouver qu’elle disposait de toute son attention. Déjà ses yeux donnaient l’impression de briller, alors qu’aucun mot n’avaient été énoncé. Il n’y en avait pas besoin à vrai dire, il ne suffisait que de voir l’attitude de son amie pour comprendre qu’elle avait un plan et qu’elle comptait bien lui en parler.

Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
La complicité qui était née et qui avait grandie entre les deux fer-nées n’étaient plus à démontrer. Elle était là, elle était vive, et probablement que les deux étaient capable à la soumettre à tout et n’importe quoi, persuadées qu’elle triompherait, quoi qu’il arrive. Asha avait donc taquiné son amie, prétexté qu’elle souhaiter kidnapper une belle blonde, critère que Gysella remplissait parfaitement. Mais Asha ne s’était pas attendue à ce que la Bonfrère lui réponde sur le ton de la provocation. La fille de Balon s’arrêta l’espace de quelques secondes, sous l’effet de surprise. “‘tention à ce que tu dis Gysella, faudra pas m'le redire deux fois, tu d'vrais l’savoir depuis le temps !” Asha était connue pour collectionner les amants, mais ceux qui la connaissaient bien savaient qu’elle ne s’arrêtait pas aux hommes. Pour elle les plaisirs du corps ne dépendaient pas du sexe mais bien de la personne avec qui ils étaient partagés. Jusqu’à présent, elle n’avait jamais envisagée son amie sous ce jour, pas parce qu’elle ne l’attirait aucunement, mais tout simplement parce qu’il n’avait jamais été question de ça entre elles. Elle était avant tout son amie, pas une personne qu’elle cherchait à mettre dans son lit. Et puis Gysella ne l’avait jamais cherchée non plus. Le dossier avait été clos. Mais la blonde était une belle femme, appétissante même, si l’on prenait le temps de la regarder de la sorte. La fille du Kraken n’était pas du genre à se poser une centaine de questions à savoir si cela pouvait entacher leur amitié, si cela changerait les choses entre elles. Pour ces sujets elle vivait au jour le jour. Il y avait le blanc et il y avait le noir, jamais de gris pour ses conquêtes. Ou elle avait partagé sa couche avec la personne ou non. Ou elle avait apprécié le moment ou non. C’était aussi simple que ça. Son coeur n’était pas à prendre. Il ne s’agissait pas de sentiments, seulement de plaisir et de bien-être, de la vie à l’état pure. Mais ça n’était pas sérieux entre les deux jeunes femmes et leurs rires résonnèrent dans les sombres couloir de la demeure du Rascasse.

Asha ne trouva rien à redire à la réflexion de son amie sur la famille. Toutes deux étaient très bien placées pour en savoir les tenants et les aboutissants. A quel point une famille pouvait être divisée, compliquée mais vouloir rester unie dans le même temps. C’était à s’en tirer les cheveux jusqu’à en devenir chauve. Elle se contenta de lui offrir une moue compatissante. Si la capitaine du Vent Noir avait eu une jolie plume, elle était persuadée qu’il y aurait de quoi rédiger des histoires palpitantes, qui feraient soupirer d’angoisse et de suspens les jeunes lecteurs du continent, avec tous les drames familiaux auxquels elle avait assisté. Mais écrire des histoires, voilà bien encore une occupation pour un homme des contrées vertes, elle n’avait ni le talent, ni la patience, ni même le temps pour une telle entreprise. La seule chose qu’elle voulait de ses livres, était des réponses à ses questions, des informations sur cet ouest qui ne demandait qu’à être découvert. Asha avait demandé à Gysella des nouvelles de son oncle, dont la réputation concernant ses expéditions et son caractère n’était plus à faire. Et la réponse de la Bonfrère ne la surprit guère, il fallait bien le dire. Elle ne savait pas où il était, ni même ce qu’il lui passait par la tête, bien consciente que cet élément pouvait changer du tout au tout, au grès du vent, de la pluie et du beau temps. “Les hommes et leurs lubies ! Incroyable… Et après ça ose dénigrer les femmes… Heureusement qu’ils ont quelques utilités hein ?” Asha fit jouer son doigt sur le pourtour de sa coupe. Elle se sentait parfois s’amplir d’une frustration froide et sombre, de ces envies de faire couler le sang à force de faire face à des imbéciles, qui simplement parce qu’ils avaient quelque chose qui pendait entre les jambes, se pensaient au dessus de tout, aussi stupide soit-il. Elle avait d’ailleurs remarqué que plus ils étaient stupides et arrogants, plus ils se pensaient supérieurs aux femmes. Et malheureusement des hommes comme ça, il y en avait aussi bien sur les Îles de Fer que sur le continent. Mais Asha ne préféra pas y accorder trop d’attention, de peur de s’énerver à nouveau toute seule.

Alors que la Greyjoy buvait une nouvelle gorgée, le propos de Gysella la fit s’étouffer. Elle toussa, cracha le vin qui l’empêchait de respirer puis une fois son souffle retrouvé elle éclata de rire. Ne s’arrêtant que pour s’essuyer la bouche d’un revers de main. “Ahah ! Gysella en noble lady de la maison Bonfrère ! Qu’est-ce qu’i’ faut pas entendre j’te jure !” Elle éclata de nouveau de rire. “T’veux que j’demande à Theon de te rapporter de beaux tissus en soie de sa prochaine expédition en Essos ? Pour avoir la tenue qui va avec le rôle ?” Asha finit par retrouver son sérieux. Enfin stopper son hilarité, pour le sérieux, c’était encore autre chose. Elle se tourna vers un des murs de la pièce et écarta grands les bras, pour illustrer sa vision. “Ah mon avis, tu d’vrais commencer par là… une belle ouverture avec une vue imprenable.” Elle rit encore, avant de recommencer à boire, cette fois-ci en espérant ne pas avoir à gaspiller le breuvage. Non, les femmes comme Gysella et elle n’étaient pas faites pour rester entre quatre murs, à élever de la marmaille et à faire plaisir à un mari. La position d’Asha était peut-être légèrement différente, de par son statut d’héritière des Îles, mais elle en avait conscience et ne le renierait jamais. Mais c’était l’action et l’aventure qui la faisait vibrer, elle savait qu’il en était de même pour la guerrière qui siégeait face à elle.

Et puis les choses sérieuses débutèrent enfin entre les deux jeunes femmes avides d’océan. Gysella avait affiché un sourire qui en disait long sur son état d’esprit et sa curiosité. Il était temps pour Asha de lui dévoiler ses derniers plans, de lui proposer de rejoindre le pont instable d’un boutre. “A vrai dire, j’viens de Dix-Tours. Ça fait des semaines, des lunes que je vis dans la bibliothèque d’mon Onc’. Les quelques raids sur le continent c’est pas mal.” Elle haussa les épaules, exprimant bien par la même occasion ce qu’elle pensait de ces opérations trop faciles à son goût. “Les expéditions en Essos sont biens, c’est grand, c’est diversifié, on emmerde bien les esclavagistes… bref c’est pas mal tout ça.” Elle s’avança sur la table, prenant appui sur ses coudes et réduisant l’espace qu’il y avait entre elles deux de moitié. “Mais tout ça j’m’en fous maintenant. Y a pas que les fer-nés qui y vont et qui y trouvent leurs prix. Moi j’veux renouer avec notre passé d’explorateurs, j’veux de la conquête, j’veux voir ce qu’il y a par là-bas, à l’ouest.” Elle ôta son coude de la table pour pointer son doigt en direction de côte ouest de Shatterstone. Ça ne servait à rien d’aborder les aspects stratégiques d’une telle découverte pour le moment avec Gysella, elle se doutait  qu’elle trouverait cela barbant, les histoires de terres et de fermiers qui les rendraient indépendants, pour l’instant, elle rêvait simplement d’évasion et c’était ce qu’elle lui offrait. La gloire, la découverte et l’aventure. “Et j’voulais savoir si tu m’accompagnerais dans une telle expédition la Bonfrère ?”
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Le sens du risque revêtait cet arrière goût de désir. De cette sorte de délectation selon laquelle il était difficile de se défaire, mais qui, au contraire appeler à en redemander encore et encore. L’amitié faisait partie intégrante de cet état de fait, surtout lorsque cette dernière mettait en exergue des caractères d’autant plus semblables qu’aspirants à de grandes choses. Des découvertes, de l’évasion, des richesses, de l’audace et de la témérité, voilà ce qui avait su rapprocher la fille du Kraken de celle du Rascasse au fil des années. Un temps durant lequel leur complicité n’avait eu de cesse de grandir envers et contre tout, de braver les interdits pour enfin se révéler telle un lien aussi fort que celui qui unissait deux sœurs. Les hommes pouvaient se vanter de combattre aux ôtés de leurs frères d’armes, Gysella, elle, pouvait clamer haut et fort sa joie concernant sa navigation aux côtés de sa sœur d’âme. Nulle trahison ne viendrait à bout de cette union, d’aucun ne serait même à même de mettre en péril une once de cette amitié, car c’était le lien du Sel qui les unissait avant tout le reste. Celui-là même qui avait su les faire renaître au moment où la mort menaçait leurs bronches, où l’eau brûlait leur fort intérieur de manière à bannir à tout jamais leurs craintes les plus profondes. Le duo s’avérait être trop parfait pour qu’une tierce personne n’en vienne à semer son grain de malice, cela ne lui en serait que trop dangereux surtout lorsque toutes les deux étaient en colère. Voilà comment, la joie avait su prendre le dessus sur la colère. La manière dont la liberté l’emportait sur cet état d’isolement qu’elle ressentait entre les murs épais et rocailleux de ce domaine. Grâce à cette tête brune qui s’amusait à la chambrer par des mots crus, qui ne les effrayaient jamais, mais qui au contraire faisait sonner en canon leurs rires biens forts. Ne pipant mot devant la remarque de son amie, la Bonfrère se contenta de hocher la tête de manière négative, désireuse de transmettre ce message non audible visant à lui témoigner à quel point elle la reconnaissait bien là. L’union qui les rapprochait n’avait rien d’ambigu, non, il dépassait ce stade visant à faire du charnel un pan tout entier d’une relation. Il en était plus avisé, voire même beaucoup plus à même de les rapprocher sur le plan de leurs impulsions. Non pas que Gysella n’appréciait pas ce genre de relation, mais elle préférait de loin garder ce qu’elles avaient pour elles plutôt que devoir la mettre en péril pour une histoire de sexe. Car tôt ou tard les altercations viendraient à semer la terreur au sein même des bases qui avaient contribué à figer leur amitié et la blonde n’avait pas envie de laisser l’opportunité se présenter. Bien au contraire, Asha était la seule véritable amie qu’elle pouvait connaître. Celle grâce à laquelle toutes les douleurs et tous les apprentissages aussi difficiles pouvaient-ils se présenter s’apaisaient un peu. Aussi, la préserver n’en devenait qu’un but de plus en plus affûté, comme la lame qu’elle s’évertuait à limer tous les jours afin de la renforcer et la chérir. Partie intégrante de son existence, ses pas se rythmaient au-delà du dessein qu’on voulait bien lui accorder, mais foulaient à l’unisson devant cette génération qu’elles formaient. Celle devant laquelle les contrées vertes finiraient par trembler car le Dieu Noyé les avait réunis pour toujours. Aussi, l’entrevue ne pouvait qu’être qu’à placer sous le signe de retrouvailles enjouées alors que les deux amis se toisaient du regard et osaient émettre des raccourcis pour ainsi éloigner au plus vite le sujet délicat qu’elles connaissaient par cœur. Des familles plongées dans la tourmente, éveillée selon ce désir constant d’émettre des trahisons les uns les plus houleuses que les autres, veillant ainsi à plonger chacun des membres de cette étendue dans un mutisme dans lequel ils n’osaient en envisager un autre sort que celui de la méfiance. Bref, les choix les concernant étaient déjà tout tracés, tant l’évocation n’en devenait qu’un sujet de plus. Un parmi tant d’autres à vrai dire. L’un de ceux devant lesquels, elles ne pouvaient que partager leurs ressentis sans même élaborer des solutions, tant la cause était déjà perdue. A croire que le but primaire des fer-nés se résumait à ce dédale d’antan : celui veillant à mettre en avant les relations conflictuelles des familles. Celui selon lequel, la jalousie était primordiale au détriment du reste. La Bonfrère n’aimait pas cet état d’âme, même si elle ne pouvait pas se vanter d’échapper à ce défaut. Son éducation l’avait forcé de manière à défendre ses intérêts, à se battre pour préserver sa dévotion mais surtout à accaparer ce qui lui était dû. Bien vite, elle comprit que le matériel se présentait sous cet ordre alors que les personnes, elles, n’étaient pas si manipulables qu’on voulait bien lui faire croire. Son oncle s’était trompé sur toute la ligne et il en avait payé le Fer-Prix par le passé. A cause de cette femme qui avait réussi à le manipuler à son tour et qui aurait pu avoir la vie de la blonde, si seulement elle n’avait pas riposté. Le Rascasse se devait de tirer des leçons de cette étape, mais en serait-il seulement capable ?

« C’qu’ils se croient au d’sssus du reste alors qu’ils n’agissent qu’avec le bout d’leur queues ! » Un nouveau hochement de tête prouva à Asha à quel point Gysella n’en menait pas large concernant les aspirations de son oncle. Repartir en direction du Bief n’était pas une bonne idée. Enfin, du moins pas selon la Bonfrère, pas maintenant alors qu’il parlait d’aller ver le Nord. Les intentions du vieux lui donnaient plus de fil à retordre que le reste, tant est si bien que sa hargne le concernant ne faisait que l’enivrer plus que de raison. Il l’avait bloqué ici, l’avait assigné à remplir une tâche qu’elle n’appréciait pas, aussi, les critiques qu’elle pouvait émettre le concernant ne lui feraient aucun mal. Après tout, les absents ont toujours tort. « Pour foncer tête la première et s’faire avoir, ouais j’avoue qu’pour ça sont biens utiles. » Un regard entendu vint à croiser les yeux noirs de son amie avant qu’un rire au timbre fort et épais vienne agrémenter le reste. Visiblement le jeu était de mise, puisque la Greyjoy donnait tout l’air de s’imprégner de ses expériences personnelles pour trouver des prétextes aux hommes. Mais là encore, le sujet s’en vint à passer outre les bienfaisances d’un homme pour se porter sur le présent de la Bonfrère. Bien sûr, sa témérité parla pour elle, plaçant ainsi ses intentions honnêtes au profit d’un amusement à venir la concernant. Chose qui ne tarda pas d’ailleurs, puisque déjà Asha manquait de s’étouffer et recrachait le contenu de son brevage avant de se mettre à rire. Cette scène eut raison de la Bronfrère qui l’accompagna jusqu’à arquer ses sourcils d’une façon exagérée devant la scène qui paraissait émerveiller l’esprit de son amie. « Même dans un rêve ç’paraît complètement idiot c’t’idée. » Et comme pour répondre au comportement de la fille du Kraken, Gysella se mit à rire à son tour devant des étoffes de soie qui lui donnaient déjà de l’urticaire. « Non ç’va j’te remercie, j’aurai trop peur de choper des poux avec ces truc. » Et lorsque l’évocation d’une ouverture pour ainsi assouvir la colère de la Bonfrère fut entreprise, le rire de la Bonfrère s’accentua de plus belle devant la proposition qu’elle entendait. « J’avoue qu’ça f’rait pas moche. » Elle but une gorgée de son vin et s’en délecta pendant quelques secondes en prenant pleine mesure du fait que la présence de son amie parvenait enfin à l’apaiser. Le repos était là, enfin, depuis toutes ces journées durant lesquelles elle n’avait eu de cesse que de tourner en rond et s’énerver contre ceux qui cherchaient à vouloir discourir d’un sujet ou d’un autre. L’océan l’appelait, et la voix de son amie lui paraissait être telle celle d’une sirène qui l’envoutait pour l’inciter à reprendre le large.

Les scènes défilaient sous ses yeux, la transportant vers les tumultes d’une mer déchaînée, le visage dans le vent, profitant des perles d’eau qui ruisselaient sur son visage. L’absence de liberté grandissait encore prouvant ainsi à la brune à quel point la blonde était dans un état de manque. Mais bien heureusement, les raisons principales concernant sa venue eurent l’occasion de s’immiscer dans la conversation. Tel le trésor à peine découvert, les pierres précieuses qui en jaillissaient donnaient l’impression à Gysella de percevoir les plus belles choses de toute son existence. « Pas mal ? Comment ça pas mal ? » Si il y avait bien une chose que la Bonfrère repérait du premier coup d’œil, c’était bien l’étincelle de malice qui brillait dans le fond du regard de son amie lorsque cette dernière avait une idée bien précise en tête. D’ailleurs, il lui tardait déjà d’entendre le plan qui en découlerait, parce qu’elle en avait un, elle le savait pertinemment. Et quelque chose lui disait qu’elle l’apprécierait à sa juste valeur, voire même qu’il éveillerait en elle des regains nouveaux. Son silence laissait bien sous entendre qu’elle attendait la suite des révélations. Asha adorait la faire attendre parce qu’elle la savait impatiente. Se pinçant la lèvre pour se retenir de dire le fond de sa pensée, la Bonfrère arqua un sourcil en guise de curiosité bien marquée au moment où la fille du Kraken se plaçait ainsi sur la table. Et comme pour l’accompagner, la blonde s’enquit de rapprocher son visage du sien, de manière à prouver que la proximité ne l’effrayer pas mais qu’elle favorisait bien là la délivrance de son secret. D’abord dubitative devant les informations concernant Essos, Gysella finit par adopter un sourire entendu et enclin à délivrer des séductions les plus profondes et dissimulées à son amie au moment où l’Ouest fut entendu. Asha savait très bien qu’elle pouvait compter sur la présence de son amie, surtout quand cela concernait une aventure nouvelle devant laquelle elle ne reculerait devant rien. Surtout lorsque cela mettait en exergue le fait que personne n’était revenu et qu’il y avait tout à découvrir. Surtout lorsque la liberté lui tendait les bras de cette façon. « Plutôt deux fois qu’une qu’j’te suis ! T’as même pas b’soin de d’mander, mon boutre est l’tien. » Sa voix tonitruait dans l’espace confiné rappelant ainsi les bonnes augures qui alimentaient toujours son caractère volontaire devant une nouvelle expérience. Enfin le Dieu Noyé avait eu un regain d’activité la concernant et quelle aventure d’ailleurs. D’une geste franc et déterminé, elle empoigna la nuque de son amie et posa son front contre le sien. « On va leur faire bouffer du Kraken. » Sa voix était bien déterminée alors qu’elle relâchait son emprise et qu’elle se reculait le cœur plus léger mais surtout le visage beaucoup plus apaisé. « V’la une nouvelle qui m’remonte le moral. » Elle s’affaissa contre le dossier de sa chaise et en profita pour mettre ses pieds au niveau de la table avant de sourire en direction de la capitaine. « On part quand ? » S’impatienta t-elle tout buvant une nouvelle gorgée de son vin dans l’espoir que le délai n’en serait pas trop éloigné. Autant l’avouer, Gysella n’en pouvait plus du tout de cette situation et prendre le large serait enfin l’opportunité rêvée pour retrouver un semblant de vie normal, celui qui l’animait au quotidien, celui qui faisait d’elle qui elle était.


Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Un peu comme tout un chacun, Asha et Gysella avaient commencé par échanger quelques banalités. Même si la fille du Kraken s’était rendue sur Shatterstone pour faire une proposition toute particulière à son amie Bonfrère, elle n’en avait moins pris la mer pour se changer les idées, alors elle n’avait pas été toute pressée de remettre un doigt dans l’engrenage de ses recherches et de sa frustration une nouvelle fois. Et puis l’air maussade de la belle blonde ne lui avait certainement pas échappé, alors elle avait pris le temps de prendre de ses nouvelles. Mais finalement, du côté de Gysella également, tout ne semblait qu’être sombre répétition. Voilà qu’elle se trouvait coincée à Shatterstone tant que son oncle était absent. Et comme à son habitude, il n’y avait probablement que le Dieu Noyé, et encore, qui savait quand cela pourrait bien être. Aucune des deux jeunes femmes ne pouvaient se targuer d’une famille parfaite, unie et solidaire. D’un côté comme de l’autre il y avait de sombres histoires d’ambitions, de concurrence et de rancoeurs inoubliables. Cela n’allait jamais jusqu’à faire couler le sang de l’autre, malédiction pour tout fer-né qui oserait, mais cela entachait bien des choses pour les deux guerrières. Au-delà de leur famille et des fer-nés, la conversation dévia alors sur les hommes en général et leur exaspérante condescendance vis à vis de ce qu’ils appelaient le “sexe inférieur”. Asha s’était contenté d’effleurer le sujet du bout des lèvres, ne jettant que quelques mots acides au milieu de la conversation, faisant de son mieux pour ne pas succomber à cette colère qui l’habitait sombrement. Et puis Gysella savait déjà bien assez ce qu’elle pensait de la situation, il ne servait à rien de tenter de refaire le monde et de punir les hommes avec quelques mots, alors qu’elles n’étaient que toutes les deux, assises l’une en face de l’autre, en train de siroter leur vin. Sortir certaines choses à haute voix pouvait certes les soulager sur l’instant, mais concrètement elles n’auraient rien fait, le monde ne serait pas refait et lorsqu’elles sortiraient de cette pièce, rien n’aurait changé, alors la capitaine du Vent Noir ne voulait pas dépenser son énergie pour ces arrogants. Alors prenant une nouvelle gorgée du sombre liquide, Asha se contenta de hocher la tête pour signifier à Gysella qu’elle était absolument d’accord avec elle. “Bah, heureusement qu’i’sont pas tous pareil hein ! Mais les gars bien, ça manque, c’est certain !” Elle avait l’impression que dès qu’ils s’agissaient de leur queue, on pouvait bien faire des généralités, elle voyait bien le pouvoir qu’elle pouvait avoir aussi bien sur Qarl que sur Tristifer malgré leur caractère diamétralement opposé. Même le penchant de Theon pour les femmes et le bien-être de sa queue lui avait sauté au yeux, et pourtant, cela n’était qu’un nouvel exemple de tempérament qui n’avait rien avoir avec les deux précédents. Elle pensa alors à son oncle favori, le Bouquineur. En voilà un qu’elle n’imaginait pas se mettre dans de sale drap juste dans l’espoir de trousser une belle demoiselle. Et pourtant, elle n’était pas prête à parier sur le sujet, après tout, il avait été jeune dans une autre vie, alors qui sait ce qu’il faisait avant de se consacrer à son amour des ouvrages. Le ton se détendit un instant alors que Asha taquinait son amie sur sa stature de dame digne de ce nom, lui proposant des tissus exotiques pour se composer une belle tenue. La vision de la jolie blonde, mais à l’imposante carrure dans une telle tenue lui tira un sourire persistant. Si la fille du Kraken ne s’imaginait jamais porter de robes, elle imaginait parfaitement qu’il en était de même pour son amie. Rien de tel qu’un fuseau confortable qui leur permettait de faire tous les mouvements qu’elles voulaient et surtout d’accrocher lames, épées et haches à la taille.

Puis le moment fut venu pour Asha de raconter ce pour quoi elle était là à Shatterstone, devant la Bonfrère, pourquoi elle venait de Dix-Tours et pourquoi elle avait eu besoin de s’éloigner de la bibliothèque de Rodrik Harloi pour un moment. Elle commença alors par faire un petit bilan de la situation actuelle des fer-nés pour ensuite introduire son plan à elle, sa vision plus large. Evidemment elle présentait les choses sous un aspect qui pouvait être dénigré. Pour elle ça n’était pas assez, là où bien des populations qui subissaient leurs expéditions trouvaient cela largement suffisant. Gysella l’interrompit, surprise par ses mots choisis avec soin. “Pas mal, parce qu’on mieux faire Gys’ !” Au fur et à mesure que la capitaine continuait d’expliquer son plan et ses ambitions, son timbre montait en puissance, son ton se faisait enjoué et captivant, elle était convaincue et passionnée par son idée, elle voulait que Gysella le devienne tout autant qu’elle à présent. Et la réponse de la féroce blonde ne se fit pas attendre, de même qu’elle ne fut pas décevante. Évidemment qu’elle voulait l’accompagner et vivre cela à ses côtés. Le visage d’Asha se détendit un peu, elle afficha un large sourire satisfait et ses yeux brillèrent plus que jamais. Soudainement, avec sa meilleure alliée à ses côtés, elle se sentait invincible, rien ne pourrait leur résister, pas avec une passion et une ardeur comme la leur. Si ça n’avait tenu qu’à elle, elle aurait été capable de prendre la mer à ses côtés le soir même. La Greyjoy était tout aussi satisfaite d’avoir ravivé la joie sur le visage de son amie, elle avait retrouvé cette flamme qui la servait si bien. Et dans un élan pragmatique, la Bonfrère la questionna sur la date de départ. Le sourire d’Asha se transforma en une petite grimace. Elle n’aimait pas s’avouer vaincue, mais elle était pourtant capable d’assumer ses échecs lorsqu’elle les rencontrait. Elle se laissa retomber dans le fauteuil, une mine contrariée ouvertement affichée sur son visage. “C’est bien là l’problème.” Avoua-t-elle sans concession. “Si ça t’nait qu’à moi, je s’rais d’jà partie d’puis belle lurette, t’peux l’croire !” Elle soupira, bu une nouvelle gorgée de vin avant de reprendre. “J’mise beaucoup d’espoirs sur cette expédition Gys’, beaucoup de choses pour l’avenir des Îles reposent sur sa réussite, j’peux pas échouer tu comprends ?” Elle baissa la tête et fit tourner son verre sous ses yeux, fixant le tourbillon que le liquide pourpre formait dans la coupe. “Sans compter que j’amène des gens avec moi, c’est d’ma responsabilité de les ramener à bon port ensuite. ‘fin du moins de pas les faire naviguer vers leur mort parce que je s’rais partie tête baissée.” Elle releva alors le visage vers Gysella, un petit sourire avait réussi à percer à nouveau sur ses lèvres. “C’est pour ça que j’suis coincée dans la bibliothèque du bouquineur d’puis des lunes maintenant. C’sont des eaux inexplorées, ou en tout cas ceux qui les ont explorés, bah ils s’en sont pas vantés. J’ai besoin que cette expédition soit préparée au maximum, mais j’crois qu’j’ai lu tout ce que je pouvais lire sur l’ouest, je stagne maintenant.” Elle lâcha un nouveau soupire. “Ton oncle fou là, tu crois pas qu’il aurait que’ques cartes, que’ques livres qui pourraient m’aider ?” Le Rascasse n’était pas le plus net des fer-nés, il lui rappelait son oncle Euron par certains aspects, alors s’il avait des éléments il faudrait les prendre avec des pincettes, mais ça pourrait toujours être une avancée supplémentaire, une avancée dont Asha ne pouvait pas vraiment se dispenser.
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
L’ombre parvenait à s’apaiser alors que les retrouvailles accentuaient de plus belles les colères passées. Définissant ainsi le temps comme étant l’aube d’une ère nouvelle : le passé appartenant au passé, seul le présent était à même de pouvoir compter dans les aspirations de la blonde. Un présent dans lequel, elle désirait s’enfermer de plus belle, juste pour pouvoir ainsi profiter de cette présence inouïe et d’autant plus inattendue. Cela prouvait bien à quel point Asha Greyjoy pouvait s’avérer être d’une personnalité imprévisible, à même de surprendre n’importe qui, n’importe quand, et ceci toujours suivant une prestance charismatique et d’autant plus forte qu’elle ne cessait de renvoyer des images respectueuses et pragmatiques à son égard. Les fer-nées se retrouvaient, mettaient en exergue quelques uns des détails qui avaient pu façonner cette complicité grâce à laquelle Kraken et Cors avaient pu se lier. Une relation, qui, aurait pu en faire jaser beaucoup, mais qui témoignait bien de l’importance de la mer. Berceau de leurs existences, mère de toute vie, cette dernière avait su ramener les deux âmes curieuses l’une vers l’autre pour ainsi permettre une amitié qui n’était pas prête de se tarir. Leurs goûts de l’aventure en était bien trop prononcé pour qu’elles osent imaginer une vie capable de les enfermer entre quatre murs. Non, cela s’avérait être impossible, tant l’une comme l’autre était capable de se saisir d’une masse pour briser pierre après pierre la geôle qui aurait raison d’elles. Le Dieu Noyé le savait. Personne n’était capable de les retenir, pas mêmes ceux dont la conversation laissait penser à des critiques. Les hommes. Des êtres dénués de toute vraisemblance dès lors que leur désir montait en puissance et veillait à leur mettre en tête qu’ils étaient supérieurs à elles. L’étaient-ils vraiment ? Certes, quelques unes de leurs caractéristiques étaient bien équivoques quant à cette facilité pour obtenir une masse plus imposante que la leur et par conséquent une force beaucoup plus avisée, mais qu’en était-il réelle de leur finesse ? A moins d’être un gringalet, ils n’étaient même pas capables de pouvoir se faufiler entre les mailles d’un filet comme elles pouvaient prétendre à le réaliser à bien. Seules leurs forces comptaient et leur faculté à bien savoir s’engouffrer entre les cuisses de celles qu’ils croisaient. Des vantardises qui exaspéraient au plus au point la blonde, qui n’y voyait là que des frustrations qu’ils n’étaient même pas à même de combler. Elle-même ayant été victime de ce rapt par le passé. Sa conception du plaisir était probablement bien différente de celle des autres puisqu’elle n’en ressentait pas le besoin. L’orgasme lui était inconnu à moins qu’il ne s’agisse de cette simulation qu’elle égosillait vaillamment dès lors qu’un ébat était à effectuer. La chair n’était pas de son ressort, non, seule la bataille prévalait sur tout le reste et la liberté qui en découlait ne faisait qu’augmenter le plaisir qu’elle ressentait. Celui là même capable de la déstabiliser pendant un temps, pour sa délivrance, pour ses découvertes mais surtout pour cette soif de sang qu’elle avait acquise avec les années. Le commentaire de son amie lui arracha un sourire en coin, moqueur quant à cette révélation dont elles partageaient le point de vue ensemble. Des gars biens… Ils étaient rares. Même, elle, n’avait pas la prétention d’en avoir croisé un, à moins qu’elle n’ait été trop aveugle pour le percevoir. Car tous songeaient toujours de la même manière à savoir étendre leur domination pour ensuite jouir d’une renommée sans nom. Rien de moins. « J’crois pas en c’nnaître un seul pour t’dire… » Instinctivement, ses pensées s’en déclinèrent vers ce meilleur ami perdu à jamais, vers cette absence qu’elle n’avait jamais pu combler alors que ce n’était pas faute d’avoir essayé. Même lui n’était pas à même de lui prouver que les hommes pouvaient être différents, parce qu’elle ne le connaissait pas. Du moins, elle ne savait pas ce qu’il était devenu, seuls les faits comptaient et son absence encore en ce jour veillait à lui prouver que sa remarque n’était pas si éloignée de la réalité que cela. La gorgée du vin qu’elle était en train de boire fut à même de chasser ses interrogations intérieures, éradiquant alors le visage du petit garçon qui n’avait pas sa place dans cette conversation. Le sujet se devait d’être arrêté et il le fut alors que les deux amies s’emportaient l’une et l’autre vers des boutades à même de ramener un meilleur dans l’espace. Les rires s’échangeaient, donnaient même l’air de raviver les lieux, comme si le fantôme de Norne avait complètement disparu. A moins qu’il n’ait décidé de les laisser pour quelques heures. Rien que l’idée de ce dernier eut raison de la colère de la Bonfrère, qui mima une grimace bien visible devant la fille du Kraken. Son oncle l’énervait tellement. A croire que si il avait été présent en cette heure, la nièce n’aurait probablement pu retenir bien longtemps ses agissements et lui aurait collé une bonne baffe. Chose qu’elle aurait très certainement regrettée par la suite, tant il lui aurait fait payer ce geste par diverses tortures. Les unes plus douloureuses que les autres… Ses poings se serraient à cette idée, révélateurs de cette impatience qui la guettait encore et toujours et qu’elle ne pouvait contenir. Le Cors hurlaient dans son cœur et ne cessait d’envoyer une menace à l’encontre de son oncle, cependant, le heurt face à l’impuissance était tel, qu’elle n’eut d’autres choix que de soupirer d’agacement.

Bien heureusement, ce soupir se tarit à mesure que les sujets dérivaient doucement vers des horizons beaucoup plus éloignés et exotiques. Les rires se confondirent encore, dévoilant des images qui étaient une véritable hantise pour les femmes de leur genre. Les tissus soyeux n’auraient jamais raison de leur tempérament de feu et brûleraient probablement sur leurs peaux échaudées. A moins qu’ils ne servent d’appâts pour ainsi mieux dérober. L’amusement continuait à battre de son plein jusqu’à ce que le sérieux n’en vienne à l’effacer complètement. Ravivant la flamme dans le fond du regard aux reflets océans de la blonde, Asha avait réussi à capter l’intégralité de son attention en l’espace de quelques secondes. Et déjà les souvenirs se juxtaposaient les uns sur les autres, lui prouvant à quel point leur collaboration était souvent soldé d’aventures les plus exquises. La stupeur la saisit néanmoins au moment où la réflexion sur le passé en vint à chambouler légèrement les aspirations de la Bonfrère. Pas mal. Si Asha Greyjoy qualifiait les expéditions passées de la sorte, cela ne pouvait prétendre qu’à une élaboration encore plus à même de les satisfaire aussi bien l’une que l’autre. Et sa curiosité lui échappa d’ailleurs pour venir trouver refuge dans le regard amusé de son amie. Amusé ou plutôt ambitieux ? Elle ne savait le décrire, mais rien que par ce dernier, Gysella savait déjà qu’elle la suivrait jusqu’au bout du monde si il le fallait. Parce qu’elles étaient en train de renaître de leurs cendres et que la mer les appelait à nouveau. D’une voix doucereuse, aux travers des flots qui se voulaient aussi imprévisibles que le caractère de son amie, parfois aussi brutaux que celui de la blonde, voilà qu’elle désirait les réunir à nouveau pour découvrir un nouveau monde, peut être même leur monde à elles. Leurs yeux brillèrent en communion parfaite devant les détails énoncés. Gysella pouvait déjà ressentir la bise battre de plein fouet son visage alors que les divers craquements du bois dû aux mouvements navals renchérissaient ce plaisir naissant. Ainsi le départ serait imminent, ou peut être pas. Il suffisait de remarquer le regard assombrit de la belle brune pour comprendre que tout n’était pas encore décidé. Les sourcils de la blonde se froncèrent doucement alors que son attention ne se détournait pas des paroles échangées. Ainsi devaient-elles attendre. Encore et toujours. Pour le bien de tous ou pour mieux anticiper les fracas à venir. Un souffle nasal échappa à la Bonfrère alors qu’elle guettait chacun des traits du visage de son amie. « J’comprends ouais… C’sûr qu’il vaut mieux tout antic’per, mais t’sais comme moi qu’on peut pas tout savoir non plus. » Elle tentait de la rassurer sur ce point, pour au moins lui prouver qu’elle ne la perdrait pas à cause d’une histoire de temps. Ses yeux suivirent le mouvement entreprit par les doigts affinés de son amie sur la coupe et alors qu’elle évoquait une éventuelle responsabilité en raison de la vie des hommes de son expédition, Gysella jugea bon de la couper. « Wow wow wow, t’es en train d’nous la faire c’mme le Bouquineur là ? T’sais qu’si on t’suit, on est aussi conscient d’la part de danger. On n’sait jamais si on r’viendra pourtant ça n’nous empêch ‘ pas d’partir non plus. » Elle marqua un temps d’arrêt avant de finalement redresser son regard pour le détourner vers les murs qui les entouraient. « J’sais qu’t’as la vie d’gens entre les mains, mais faut pas qu’tu te taraudes des lunes là d’ssus. Vaut mieux mourir en mer plutôt qu’le faire paisiblement chez soi. »

La suite de son discours eut tendance à faire réfléchir un peu plus la Bonfrère. Asha stagnait dans les rapprochements de ses informations, de quoi raviver sa flamme d’aventure. « S’tu stagnes c’est p’têt parce qu’il est temps d’se lancer, c’sera toi qui écrira la suite. » Un sourire encourageant venait tout juste de franchir la barrière de ses lèvres alors qu’elle haussait cette fois-ci ses sourcils pour lui prouver du bon dire de ses propos. Si il y avait bien une personne capable d’entreprendre de tels desseins, il s’agissait bien de cette fille qui était assise juste en face d’elle en cet instant, et qui ne cessait de lui renvoyer l’image d’une terrible conquérante dont les chants et les livres rendraient hommage. « Justement j’allais t’proposer d’aller les voir ! » répondit –elle sur ce même ton enjoué et fier de pouvoir participer à cette aide à même d’apporter un semblant de nouveaux espoirs à la fille du Kraken. Gysella se redressa sans attendre sur ses deux jambes et attendit que son amie en fasse de même pour commencer à prendre la route du bureau de fortune de son oncle. « J’suis en train d’me faire une carte avec les étoiles, j’suis pas sûre que ça t’aide mais s’y t’la faut, j’te la laisse. » continua t-elle à lui expliquer jusqu’à l’instant où elles pénétrèrent dans l’espace clos, chargé de cette odeur particulière à l’encre et aux pages, lourdeur pesante parfois étouffante d’ailleurs. « Y a tout c’que tu veux j’crois. Par contre me d’mande pas d’lire, j’te serai pas utile pour ça… » Un soupir lui échappa alors qu’elle haussait brutalement ses épaules comme pour marquer cette évidence qu’elle n’avait jamais appris à combler. Enfin, si, elle commençait à le faire grâce aux lettres qu’elle reconnaissait quand elle dessinait les constellations, néanmoins elle n’était pas encore à même de pouvoir lire les lignes d’un ouvrage.

Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
Quand Gysella finit par lui dire qu’il ne lui semblait pas connaître un seul homme bien, Asha hésita à rétorquer. De tous les amants et les hommes qu’elle avait connu, elle s’était rendue à l’évidence qu’il n’y avait pas forcément un seul modèle d’homme bien, c’était celui qui était bien pour elle. Son homme à elle, le seul dont elle se voyait un jour devenir la femme, c’était Qarl. Et pourtant, elle ne connaissait pas de femmes, à part elle, qui pourrait dire que c’était un homme bien, il était violent, il était colérique, impulsif, il était une tempête à lui seul sous forme humaine. Et pourtant, il était celui qu’elle voulait, celui qui était bien pour elle, qui la comprenait comme personne, sans parler, l’essence même de qui elle était. Mais que pouvait-elle répondre à son amie sur le sujet ? Si elle estimait ne jamais avoir croisé la route d’un gars qui faisait vaciller ses peurs et ses certitudes comme Qarl le faisait avec elle, qui était-elle pour lui dire que c’était faux. Mais elles étaient encore jeunes, Asha lui souhaitait de trouver quelqu’un lui ferait dire le contraire un jour. Néanmoins, ça n’était pas une necessité en soit. Qarl lui apportait beaucoup, mais elle existait à part entière et sa vie lui était propre, ses décisions, ses expéditions, ses frissons d’aventure et de combats l’étaient tout autant. Elle n’avait pas besoin de Qarl pour vivre, mais il rendait le tout plus intéressant.

Et puis Asha s’était laissée entraîner par son propre conte. Elle avait estimé qu’il était tant que la Bonfrère soit mise dans la confidence de ses recherches et de ses ambitions pour l’avenir. Même si elle avait eu peur qu’elles semblent trop irréalistes pour la féroce blonde dans un premier temps, elle fut ravie de constater que Gysella se laissait emporter par ses propos. Finalement, après autant de mois de silence et de recherches secrètes, la Greyjoy était contente de laisser entendre ses plans à haute voix. Elle qui la veille encore se pensait foutue, prête à abandonner, retrouver quelques courages et motivations dans son propre discours. La déception lui avait fait perdre de vue tout ce qui l’avait motivé à se lancer dans de telles recherches à l’origine. Et voilà qu’elle avait l’occasion de se rappeler de tout ce qui dirigeait ses actions depuis plus d’un an. Elle ne doutait pas que les réponses de son amie finirait de lui redonner du baume au coeur et l’énergie nécessaire pour entreprendre ce qui était nécessaire. Elle tenta de la rassurer, après tout, on ne pouvait jamais tout savoir, n’était-ce pas là le principe même d’une expédition et d’une exploration ? Si tout était joué d’avance, quel était le plaisir de se lancer dans la partie. Asha entendait cet argument, mais elle le rationnalisait également. Qui se lançait dans une guerre sans connaître un minimum son ennemi et ses chances de survie ? Quel marin prenait la mer par un jour de ciel noir ? Non, pour Asha, l’information était la clé de beaucoup de choses et il était hors de question que cela se transforme en mission suicide. Pas qu’elle ait peur de mourir, voilà bien longtemps que ça n’était plus une de ses peurs, mais il lui semblait qu’elle avait encore pas mal de choses à faire sur cette terre, sur la mer, alors elle n’était pas pressée de porter un toast au fond des océans.

Un sourire légèrement amer s’afficha sur les lèvres de la fille du Kraken lorsque Gysella évoqua la responsabilité de chacun. Qu’aucun fer-né n’était obligé de la suivre et qu’ils le feraient en ayant connaissance des possibles conséquences. Gysella avait raison dans les faits. Elle ne forcerait personne et elle se doutait que beaucoup de fer-nés seraient ravis de la suivre. Et pourtant, si elle revenait sans eux, le son de cloche ne serait plus le même. Asha le savait pour l’avoir vécu, pour le vivre encore aujourd’hui. “T’oublie l’hypocrisie des gens Gysella. Pas plus tard qu’y a neuf ans d’ça… mon père est parti en guerre contre les contrées vertes. J’crois pas que beaucoup d’entre nous étaient mécontents d’la chose ! Enfin l’Antique Voie rétablie ! Enfin une chance de r’trouver notre indépendance !” Asha fit tourner sa coupe et fixa le liquide qui tournoyait à l’intérieur. Son air amer ne l’avait pas quitté et s’entendait dans sa voix. Elle n’était pas d’accord avec la politique de son père, ça ne l’empêchait pas de lui obéir, mais surtout de constater qu’elle était appréciée et vantée par la majorité des capitaines. “Et pourtant, parce qu’il a échoué, parce qu’on a tous échoué dans c’te guerre, aujourd’hui encore il s’fait appeler le faiseur d’veuves. Un Greyjoy faiseur d’veuves ça suffit pour l’moment, j’veux pas récupérer ce titre là.” Elle en récupérerait d’autres avec plaisir et fierté, mais pas celui là. Gysella pouvait la trouver trop prudente, trop comme son oncle justement, qu’on accusait régulièrement de trop lire et de ne plus assez naviguer, mais on en revenait toujours à l’impulsivité si prompt aux fer-nés, à leur mode de vie au quotidien, au jour le jour, parce qu’il s’agit de survivre et non pas de vivre. Elle ne pouvait guère le leur reprocher, mais elle voulait être un peu plus sage, un peu plus maligne que l’ordinaire. Même si elle n’aimait pas l’Antique Voie telle qu’elle était dictée, cela ne voulait pas dire que ses ambitions pour ses terres étaient basses, bien au contraire. Elle voulait les voir survivre et prospérer années après années, générations après générations et que des décénnies plus tard, ils soient toujours sur la carte. “Beaucoup d’choses dépendent du résultat de cette expédition Gysella. T’en as pas encore conscience, jt’ai pas encore tout dit, faudra voir de tes propres yeux, mais j’peux pas me permettre d’échouer. Ou alors, autant mourir tout de suite. Mais tu me manquerais trop.” Son ton s’était adoucie et elle confia un petit sourire amusé à son amie.

“Mais t’as sûrement raison. Au bout d’un moment, faudra bien que j’me lance, surtout si y a plus de nouvelles informations. Mais j’voudrais tenter une dernière chose.” Il y avait bien un endroit qui renfermait tous les savoirs, du moins c’était ce qu’on disait. Asha se leva alors, prête à suivre Gysella jusque dans les bureaux de son oncle. Elle ne doutait pas que le seigneur de Shatterstone possédait des écrits en tout genre qu’elle ne trouverait jamais dans la bibliothèque de son oncle. Même si Rodrik s’intéressait à toute sorte de choses, il lui semblait que Norne était bien plus mystique, un peu comme le Choucas. Gysella lui apprit alors qu’elle travaillait sur une carte des étoiles et la lui proposa. “Merci, j’y jett’rais un oeil, ça peut toujours servir, comme tu dis.” Après une courte pause elle ajouta. “T’sais, si tu veux apprendre à lire, t’as juste à aller à Dix-Tours, Rodrik s’rait ravi de t’apprendre, j’en suis certaine.” Asha avait quitté Dix-Tours parce qu’elle avait l’impression de tourner en rond dans les livres, et voilà qu’elle se trouvait dans un nouveau bureau, avec de nouveaux ouvrages à explorer. “Faudrait que je reste des jours.” dit-elle en rigolant. Elle ne pourrait certainement pas tout lire, et il fallait bien l’avouer, Gysella aurait pu lui être d’une grande aide si elle avait su lire, ne serait-ce que pour retrouver des livres qu’elle aurait pu voir dans les mains de Norne et qui lui auraient semblé correspondre à ce qu’elle recherchait. Instinctivement, elle se dirigea vers les cartes et les examina rapidement. Certaines étaient plus avancées sur l’Ouest que d’autres, mais rapidement elle reconnut les conclusions qu’elle avait elle-même tirées. Elle releva alors le visage vers Gysella, presque l’air dépitée. “J’envisageais de faire un tour par la Citadelle ? J’me disais que j’aurais certainement plus de chances de trouver que’que chose là-bas. Mais pas sûre qu’un raid là-bas soit une bonne idée…” Comment se rendre dans le Bief sans faire trop de remous ? Comment pénétrer dans la Citadelle lorsque on était un fer-né et pire encore, une femme ?
Invité
Invité

Anonymous

Informations
Personnage
Badges


   
# 
La vie des femmes sur les îles de fer n’étaient jamais semblables les unes aux autres. Si certaines pouvaient prétendre connaître une existence paisible, prévalant des journées où l’éducation des enfants et s’occuper de la chaudièrede la maisonnée se présentaient sous forme d’une fierté sans pareille. D’autres, elles étaient à amener à devoir remplir des fonctions visant à développer un peu plus les superstitions quant aux croyances du Dieu-Noyé. Fières de leurs appartenances, ces dernières remplissaient aussi bien les rôles encourus par les codes médiévaux de l’époque dans le même temps qu’elles savaient satisfaire leur désir du moindre instant. En étaient-elles des exemples pour autant ? Elles devaient se présenter sous cette forme pour les femmes de cette première strate. Et pourtant, ni Asha Greyjoy, ni Gysella Bonfrère n’appartenaient à l’une des deux images. Intrépides, indépendantes, inconstantes, impatientes, les deux jeunes femmes se révélaient être des beautés que la mer avait relâché tout droits de ses bas-fonds. Des sirènes inaccessibles dont le but premier n’était pas de dévorer les hommes, comme à l’accoutumée, mais bel et bien d’être leur semblable. Des créatures, grâce auxquelles, le monde se devait de prendre garde de manière à ne pas subir les foudres de l’une d’entre elles. Des fantaisies dont le Dieu-Noyé avait pu doter de crocs bien acérés de manière à leur permettre de mordre le poignet de celui qui oserait croire les dominer. L’image de l’Homme n’en ressortissait que plus néfaste, du moins pour la blonde, tant ce dernier se pourrissait de l’intérieur par son ambition et sa possessivité. Jongleur avéré entre les sentiments à même de dévaloriser au plus bas l’image de la Femme et fin manipulateur pour séduire cette dernière, Gysella avait pu apprendre de ce dernier au fil des années. Vil, brutal, égoïste, la Bonfrère n’avait pu échapper aux bras violents qui l’avaient bloqué plus d’une fois. Elle n’était pas de celles non plus, qui, avait été épargné de cette obligation et cela l’avait probablement changé à jamais. Augmentant sa rage, dégageant un peu plus ses intentions quand à sa volonté de prendre le large pour ainsi trouver sa liberté. La jeune femme n’aspirait qu’à devenir cet oiseau insaisissable qu’aucun homme ne pourrait prétendre détenir. La sirène oserait se délivrer de ses chaînes pour ainsi prouver aux femmes qu’elles détenaient la clé de leur succès. Non par pour elles, mais pour les générations à venir. Afin d’alimenter les rêves et prétendre à cette liberté dont elles n’osaient même pas en envisager l’idée. Néanmoins, le chemin n’en serait que plus ardu, prompt aux embuches, coups bas, maltraitances, elles deviendraient probablement ses objets de contrebande, telles des esclaves… L’esprit de la Bonfrère fluctuait entre ses aspirations et les réalités, les souvenirs ne faisant qu’enrichir les instants où la maltraitance avait eu raison de ses ambitions. Les violences en étaient brutales, avaient laissé des marques sur sa peau mais également dans son comportement, révélant enfin son véritable caractère aux yeux de tous en un temps record. Colérique, impatiente, imprévisible, mais surtout impulsive, les hommes avaient rendu l’anguille aussi difficile à comprendre qu’inaccessible et ce malgré son âge. Ses dévotions n’allaient que vers ses aspirations les plus profondes, vers ce dessein de liberté qu’elle mettait sur une piédestal et qu’elle ne saurait probablement jamais comblé. Loin des séductions humaines, elle avait su se forger des barrières mettant ainsi en exergue le silence de ses instincts primaires. A quoi bon les enrichir ? Si pour beaucoup le fruit était exquis, pour elle, il n’était que pourriture et malaise. Et qui pourrait comprendre ce fait ? Gysella connaissait les rumeurs concernant son amie à ce sujet et savait, de fait, que leurs avis divergeraient. Peut-être même que la fille du Kraken en viendrait à se moquer de ses ressentis. Alors pourquoi se lancer sur ce sujet, alors que d’autres étaient bien plus intéressants et importants.

D’ailleurs les plans s’échangèrent sous la bonne entente du Dieu Noyé. Laissant éclater des intentions autour desquelles l’émerveillement et l’impatience gagnaient déjà le cœur de la Bonfrère. Son désir d’aventure renaissait de ses cendres dans le même temps que son sang lui donnait l’impression de courir à nouveau dans ses veines. Elle en oubliait même l’absence de son oncle, sa rancœur se taisait en son fort intérieur de manière à pouvoir encourager un peu plus les intentions de son amie. Asha Greyjoy était la digne héritière du trône de Sel. Celle qui amènerait son peuple à retrouver cette même renommée que jadis. Celle qui les conduirait tout droit vers le royaume de la Mer et qui obtiendrait tout ce qu’elle désirait par un simple claquement de doigts. Une lueur de malice brillait déjà dans le regard océan de la Bonfrère, celle là même qui était capable de l’inciter à prendre son boutre et partir en mer sans qu’un cap ne soit donné. Celle qui la rappelait toujours vers cette mère qui se connaissait pour être terrible. La fille du Kraken avait le mérite d’avoir réussi son entreprise la concernant et ce même si son sourire amer et ses propos vinrent s’immiscer dans cette conversation comme une betterave dans un champ de pommes de terre. « La grande Asha Greyjoy qui s’laisse abattr’ par les « on dira que » ! Des cons t’en trouv’ra toujours où qu’t’ailles et quoi qu’tu fasses. Y a neuf ans on était trop jeunes pour faire parti d’cette guerre, c’était un autr’ temps avec d’autr’ guerriers. » Elle arqua doucement son sourcil et compris bien à quel point son amie avait besoin d’assurance pour reprendre confiance en elle. Gysella était peut être bête, mais sa fidélité demeurait toujours à même de vouloir apporter du réconfort et de l’enivrement auprès des siens. « J’dis pas qu’on doit oublier le passé hein. J’dis juste qu’tu t’en fous du retour. C’qui compte là c’est l’départ, y a qu’le Dieu Noyé à qui on doit rendr’ des comptes. Pas les autres. » Cette fois-ci, la Bonfrère afficha un sourire empli d’encouragement en direction de la Greyjoy. Désireuse avant tout de fixer à nouveau les diverses formes d’attrait que la Capitaine savait retrouver dès lors que son objectif n’en redevenait que plus précis. Mais là encore, elle se heurtait tout droit devant les reproches qui avaient pu assigner le père de son amie. Leur roi n’était peut être pas tout rose dans cette histoire, mais malgré l’échec, il pouvait prétendre à cet essai. Lui au moins, avait voulu aller de l’avant à sa manière, lui avait appelé ses hommes à défendre leur cause, lui avait endossé ce mauvais rôle alors que d’autres n’avaient rien fait. La jeune femme releva sa main et balaya l’air pour accentuer le fait que ce qu’elle entendait n’étaient autres que des balivernes ou plutôt qu’elle ne s’y intéressait pas. « Et puis quoi ? F’seur d’veuve… Au moins il a essayé quelqu’chose. On est pas réputé pour êtr’ fins ça c’est pas à r’faire… Mais j’sais qu’son surnom n’est pas non plus qu’une mauvais’ chos’… Tout d’pend de l’interprétation qu’on veut en fair’. » Ses épaules se haussèrent comme si il s’agissait là d’une évidence qu’elle mettait en avant, parce qu’elle y croyait aussi fermement que la faïence du bidet. Son regard ne dévia pas de celui de son amie, espérant intimement que ses encouragements sauraient raviver la flamme de son cœur. Il fallait qu’elle y croit, si elle désirait les mener vers ce nouvel horizon. Il le fallait pour que ses troupes répondent en chœur à son appel. Et si Gysella devait revêtir le rôle d’être celle qui lui insufflerait toujours les bonnes augures pour permettre une telle aventure, Asha avait frappé à la bonne porte. Bien entendu, le discours se faisait de plus en plus sage et courtois. Une tournure qui laissait nettement prévaloir que la fille du Kraken doutait d’innombrables choses, mais surtout d’elle. Machinalement, la Bonfrère se mit à hocher négativement de la tête. « On a l’temps pour mourir. Même si j’sais pas tout, j’en sais assez pour t’suivre parce qu’j’sais qu’tu nous mèneras vers un mieux. » Son sourire malicieux s’échangea avec celui de son amie, à même de réveler cette complicité qui les habitait et qui faisaient d’elles ce duo qu’elles formaient toujours. « D’tout’ façon, on peut pas être pires ! » Un rire franc, sincère et grave échappa d’entre ses lèvres pour peut être permettre à son amie de trouver un écho à cette bonne volonté qu’elle défendrait coûte que coûte.

Et puis la lueur sembla se transmettre d’un regard à un autre, attisant ainsi le renouveau et par ce biais l’aventure. Les dires de la Capitaine eurent le mérite de rassurer la Bonfrère alors qu’un nouveau sourire empli de cette complicité qui savait les définir vint à prendre forme sur leurs lèvres respectives. « Voilà c’que j’aime entendre chez toi. » commenta la blonde avant d’inviter la fille du Kraken jusque dans la bibliothèque du Racasse. Les livres jonchaient l’espace, rappelant à quel point le savoir était une chose que l’oncle prévalait sur tout le reste. Un apprentissage, qu’il n’avait pas voulu inculqué à sa nièce afin de probablement lui accorder ce contrôle sur elle. Néanmoins la fer-née n’y voyait pas d’inconvénient, tant ce fait revêtait des attraits d’une fonction qu’elle repoussait encore et encore. Les livres ne lui apprendraient pas à naviguer, ni à se battre. Selon elle, seule l’expérience qu’elle désirait plus que tout acquérir en devenait le seul remède pour une meilleure pratique. Tout comme son caractère inné pour la bagarre et le dépassement de soi, Gysella ne s’injuriait pas concernant ses lacunes. Au contraire, elle en tirait une force dominante, et une fierté de plus alors que son intérêt pour les étoiles grandissait à vue d’œil. Elle acquiesça d’un signe de tête au moment où la Greyjoy lui confirma désiré étudier ses plans. Et un rire lui échappa presqu’aussitôt devant cette invitation. « J’te rem’rcie d’la proposition mais j’crois qu’j’préfère rester comme j’suis. » Oui, elle le préférait à devenir érudite et donc changer. « Y en a assez avec le Racasse ici, j’veux pas d’venir com’lui. » Un autre rire lui échappa singulièrement, même si celui-ci laissait nettement sous entendre le malaise naissant. Devenir l’égale d’un homme tel que lui n’était pas vraiment dans ses intentions, lui prouver qu’elle était bien meilleure que ce qu’il voulait croire oui, mais delà à passer par les étapes veillant à les rapprocher, Gysella préférait s’en référer au Dieu Noyé. D’un geste vif de tête, la Bonfrère revint dans cette pièce et se mit à rire de bon cœur avec son amie devant la conclusion qu’elle émit. « Ma foi, t’sais que t’peux rester autant qu’tu l’veux. » l’encouragea t-elle avant de finalement suivre son mouvement et se diriger vers les cartes. Son sourire n’en devint que plus explicite au moment où elle laissait son amie vagabonder par delà ses travaux. Peut être qu’elle lui serait d’une quelconque utilité ? Instinctivement, son regard se porta dans ses yeux sombres au moment où ses doutes semblèrent jaillir et l’invitèrent à comprendre les raisons pour lesquelles, Asha avait été aussi sur la réserve toute à l’heure. Ainsi donc, le Bief était source de problème ou du moins leur possible accostage pour le futur. L’évocation de cette région la ramena alors jusque vers une autre personne. « Si c’est c’que ton instinct te dit, alors j’crois qu’tu dois le suivre. » Ses pensées s’en allèrent indubitablement vers son ancien meilleur ami. « Pis y a peut-êtr’ pas b’soin d’raid… Le Noirmarée peu p’t’être t’aider à t’faufiler là d’dans ? » Après tout, qui était mieux placer que Baelor pour connaître les intentions des Biefois mais également leur coutumes. Gysella n’était surement pas la plus futée de tous les fer-nés, mais le lien lui paraissait comme évident. « Tout cas, quoi qu’tu décides, j’serai là et j’taiderai. » Conclut-elle sur un ton qui laissait nettement entendre à quel point sa confiance allait en direction de son amie. Jusqu’au bout Gysella Bonfrère suivrait Asha Greyjoy.


FIN

Contenu sponsorisé


Informations
Personnage
Badges


   
#