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[FB]"See our dreams all die" | pv.Ynis

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"See our dreams all die"

An 297, Lune 12, Semaine 3



Ynis & Ryon

 
La forte odeur de l’encens se mêlait à celles des différents onguents et substances d’embaumement. Le parfum des bâtonnets que l’on faisait brûler tout à côté de la table de travail s’élevait en lourdes volutes qui restaient comme en suspens dans l’air de la pièce. Plongé dans l’obscurité, l’endroit était baigné d’une fraicheur certaine qui rappelait, s’il en était besoin, que l’Etranger avait une nouvelle fois frappé la Grâcedieu de son oeuvre. Immobile devant l’établi, la main du Soleil Noir tenait le linceul pâle qui couvrait pudiquement le petit corps. Ses yeux noir étaient baissés vers ce nouveau coup porté par le destin. Une profonde tristesse les animait, bien que son visage restait de marbre face au macabre spectacle qu’il s’imposait à lui-même. Ses doigts ornés de bagues se resserrèrent sur le tissus. L’enfant était belle. Son corps potelé n’avait rien à voir avec celui qu’arboraient ses deux frères, le jour de leur naissance. Son visage doux malgré la mort était déjà encadré de quelques boucles sombres. Elle semblait presque dormir. Longtemps il contempla cette enfant qui n’avait jamais vécu, et qui pourtant était bel et bien là, devant lui, inanimée. A quelques pas derrière l’héritier se tenait le mestre seul, ses aides avaient quitté la pièce pour laisser à l’Allyrion l’intimité que l’étiquette exigeait dans ce genre de moments. “Lady Ynis était enceinte de…” La voix presque timide à cet instant du vieux disciple de la citadelle fût presque immédiatement interrompu par le ton cinglant du dornien “Six mois. Presque sept.” Pressentant la colère naissante dans la voix basse du brun, le vieil homme essaya tant bien que mal de trouver la façon adequate de s’adresser à lui. Comme peu de gens à la Grâcedieu, le mestre faisait parti de ceux qui connaissait les colères du Soleil Noir, et jusqu’où elles pouvaient le porter. “Ser, il n’y a pas eu de symptômes. L’enfant est né sans vie.” Les mots de l’homme à la chevelure grisonnante ne sembla pas faire le faire réagir, alors que ses prunelles noires étaient toujours baissées vers le visage de cette fille perdue. “Lady Ynis a commencé à ressentir des douleurs. Tout a été très vite. Lorsque je l’ai accouchée, l’enfant était déjà morte.” Ce n’était pas la première fois que cela arrivait. Depuis les presques dix années que duraient leur mariage, les fausses-couches avaient été nombreuses, sans que l’on en trouve l’explication. La lady de la Grâcedieu, plus dévote que les septons, y avait vu la punition divine de son propre orgueil d’autrefois, lorsque de son fait, elle avait provoqué la fin d’une alliance prometteuse avec les Dayne. Si les Dieux leur avait accordé deux fils, leur constitution était fragile, leur santé délicate. Ils étaient trop jeunes pour que l’on puisse dire si l’un des deux survivrait jusqu’à devenir un jour Lord de la Grâcedieu. Le plus âgé n’avait que quatre ans, pourtant Ryon se questionnait d’ores et déjà sur ses capacités à suivre l’enseignement classique d’un écuyage auprès d’un chevalier. Ces interrogations qui portaient avant tout sur la pérennité de la Maison Allyrion, tous ceux qui habitaient le domaine se les étaient déjà posées en voyant les silhouette maigrichonnes des enfants souvent souffrants du couple qui règnerait un jour sur la Sang-Vert et le désert. “Où est-elle?” “Dans vos appartements Ser. Mais à cette heure-ci elle doit se reposer. Ser! C’est le milieu de la nuit. Ser Ryon!” Mais déjà la silhouette de l’Allyrion avait disparu dans l’encadrement de la porte, pour s’enfoncer dans les couloirs plongé à cette heure tardive dans un totale obscurité.
La chambre était plongée dans le silence. Au travers des fins voiles qui pendaient aux larges arches de pierre sculptée, la lumière de l’astre nocturne venait couvrir le décors d’un éclat pâle et bleuté. Les pas feutrés de l’Allyrion le menèrent jusqu’au pied du grand lit. Allongée sur les draps son épouse paraissait dormir, la semi-obscurité ne lui permettant pas d’affirmer si elle était, à ce moment là, plongée dans les limbes du sommeil. Même dans les ténèbres de la nuit, sa jeunesse lui parut frappante. Mais elle faisait preuve de tant d’aplomb, de sagesse aussi, qu’il en oubliait souvent qu’elle avait l’âge de son fils bâtard. A ses yeux pourtant, elle ne serait jamais une enfant. Toutes les épreuves qu’ils avaient traversé pour enfin donner la vie, elle les avait payé de sa jeunesse. Une jeunesse passée à faire face à la mort, une culpabilité qui était devenue le fardeau de l’héritier. Si prendre pour épouse une femme si jeune avait été une idée difficile à accepter pour l’homme à la vie déjà faîte qu’il était lors de leur mariage, il se rendait compte désormais qu’à ses côtés elle n’aurait jamais de jeunesse semblable à celle dont pouvait jouir les filles de Dorne. Au lieu de cela, elle luttait pour donner la vie, pour la Grâcedieu. Pour lui. Son regard à l’éclat sombre glissa sur la chevelure blonde qui s’écoulait en cascade sur les épaules dont la peau avait eut tôt fait de faire sienne l’or du soleil du désert. Le cuir des bottes de l’Allyrion était encore tapissé par endroit de la poussière de la route, de même que ses vêtements. Il avait chevauché sans s’arrêter depuis Lancehélion, pour être aux côtés de son aimée le plus vite qu’il lui fût possible, à défaut d’avoir été là pour cette épreuve plus terrible encore que les précédentes. Il portait sur lui l’odeur des chevaux et du désert. Ses cheveux tombaient en boucles ébènes sur ses yeux tout aussi sombres. Baissant la tête, il contourna le lit pour aller au chevet de la née-Ferboys. S’appuyant de sa main sur le matelas, lentement il s’assit tout à côté d’elle, son regard baissé vers son visage. Pendant quelques instant il demeura immobile, savourant simplement d’entendre la respiration délicate de son épouse. Il était pourtant loin d’être serein. Son coeur endurci par la guerre et par le temps était incapable de comprendre pleinement ce que pouvait ressentir la jeune femme, de cela il en était conscient. De même que sa nature sévère et mutique n’apportait pas le réconfort que certains avait déjà cherché auprès de lui. “Ynis.” Sa voix vint briser le silence de la nuit. La porte laissée entrouverte de la chambre laissa entendre les pleurs lointains d’un enfant. Ryon reconnu ceux de leur plus jeune fils, pour autant il ne se leva pas. Les enfants avaient été laissés aux soins de nourrices pour laisser à leur mère le repos dont elle avait besoin.



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Lune 3, semaine 12 de l’an 297, Ynis Allyrion regardait ses fils jouer en silence. Doucement, elle caressait son ventre arrondi par une nouvelle grossesse. Une grossesse qui était prometteuse. Pour la troisième fois, la jeune femme n’avait pas perdu son futur enfant dans les tous premiers mois. Elle avait vu le mestre un peu plus tôt et tout semblait aller bien. C’était une belle journée, annonciatrice d’une future naissance. A 24 ans, la née Ferboys était sur le point de donner naissance pour la troisième fois. Alors son visage au teint hâlé par les doux rayons du soleil de Dorne affichait un sourire serein. Sa suivante de toujours, lady Boisleau et sa nourrice étaient aussi présente. Elles veillaient avec elle sur ses fils.

Mais en fin de journée, lorsque la future mère se leva pour rejoindre ses appartements, une violente douleur dans le bas du ventre manqua de la faire chuter. Sa suivante la retint in extrémiste et avec l’aide de sa nourrice, elle fut conduite immédiatement dans leurs appartements. La douleur était insoutenable, lancinante. La mère serra les dents mais déjà de son front commençait à perler de la sueur. Allongée sur son lit, elle agrippa le bras de lady Boisleau et lui demanda d’aller chercher le mestre. Son regard inquiet chercha le visage rassurant de sa nourrice. Elle avait toujours été là. Elle l’avait toujours soutenue. Elle cherchait dans ses yeux une explication à son mal. Elle ne pouvait donner naissance maintenant. C’était trop tôt, trop tôt. Elle était enceinte de presque sept mois, mais c’était trop tôt. Et pourtant elle avait mal, si mal. Et ses enfants, qui s’occupaient de ses enfants. Une nouvelle contraction lui arracha un cri alors que le mestre faisait irruption dans la pièce. Elle attrapa les draps et ses doigts se resserrèrent dessus à s’en faire mal. Lorsque l’homme aux cheveux grisonnant tenta de lui toucher le ventre, la dornienne le fusilla du regard. Elle ne voulait pas qu’il la touche. Elle voulait que ce cauchemar s’arrête. Elle voulait que tout cela soit fini. Le mestre se recula et d’un simple regard échangé avec Lady Boisleau, cette dernière su immédiatement ce qu’elle avait à faire. C’était suffisamment urgent et grave pour que Ryon revienne de Lancehélion sur le champ. Il devait rentrer parce que cette fois, les complications avaient lieu bien tard dans la grossesse augmentant par là-même le risque de perdre la mère.  La nourrice caressa les cheveux de celle qui pouvait être sa fille et s’éclipsa. Ynis n’avait rien dit mais elle se doutait que la blonde se préoccupait tout autant de ses enfants vivants que de celui à venir.

Pendant plusieurs heures, personne ne fut autorisée à venir dans la chambre. Les cris de la mère déchirait parfois le silence qui avait enveloppé La Grâcedieu. Tous se demandaient comment cela allait se terminer. Et au bout de plusieurs heures, la délivrance enfin, ou comment vivre le pire cauchemar de sa jeune vie de mère. L’enfant était une fille, une fille et si Ynis laissa un magnifique sourire illuminer son doux visage, ne pas entendre les cris de son nourrisson la plongea dans une inquiétude mortelle. Pourquoi elle ne criait pas ? pourquoi était-elle aussi inerte ? Pourquoi le mestre ne lui donnait pas ? Pourquoi ? Pourquoi ? Ynis Allyrion tenta de se relever mais la main ferme d’un assistant l’obligea à se rallonger. La mine défaite, le mestre ne prononça pas un mot d’empressa de quitter les lieux emportant avec lui l’enfant morte. « Non ! Rendez-la-moi ! Rendez-la-moi ! Je veux l'avoir ! » hurla la mère qui venait de comprendre. Morte, elle n’avait jamais vécu. Elle venait de donner naissance à un enfant mort. C’était pire que tout, pire que les saignements d’avant. C’était pire que de ls perdre si jeune. Finalement, ses fausses couches des premiers mois, elle avait appris à les gérer, à vivre avec. Mais cette fois c’était différent, il y avait eu l’espoir. A plusieurs reprise, Ynis Allyrion laissa sa détresse envahir la pièce. Le mestre ne revenait pas et la presque mère qu’elle était, utilisait ses dernières forces pour tenter qu’on le lui amène sa fille qu’elle aimait déjà. Les larmes roulaient sur ses joues et à force de pleurs et de cris, épuisée, la fatigue l’emporta.

Elle n’entendit pas son époux passer le seuil de sa porte. Elle ne l’avait d’ailleurs pas entendu l’ouvrir. Ce ne fut que lorsqu’il lui parla qu’elle quitta le domaine du rêve et ouvrit un peu les yeux. Elle fuit rapidement le regard sombre de son époux. Elle avait honte, si honte d’avoir perdue cette enfant. C’était de sa faute, de sa faute. C’était elle qui les portait. Mais son corps refusait encore de la lasser être mère. Elle tourna légèrement la tête de l’autre côté. Surtout ne pas le regarder. Elle ne voulait pas lui montrer sa détresse de toute façon il ne pouvait comprendre. Personne ne pouvait comprendre. Elle se sentait si…vide à l’intérieur. C’était comme il lui manquait une partie de son être. « Perdue, encore… » Ynis Allyrion ne souffla que ces quelques mots qui avait un goût amer. Perdue, elle l’avait perdue, la blonde serra les poings avant de se mettre à se frapper le ventre. Elle se détestait pour cela. Et malgré le fait qu’elle ait dormi un peu, la culpabilité d’avoir perdue cette enfant était toujours aussi insoutenable. Elle se frappait, encore et encore. Elle n’avait qu’une seule idée, se faire mal, mal et encore mal parce que la douleur et la tristesse était trop grande. Parce que pour oublier qu’elle avait si mal intérieurement, elle voulait souffrir physiquement. C’était sa punition, sa propre punition. « Je n’ai pas su la protéger. Elle était si petite. » articula péniblement la dornienne entre deux sanglots. Elle avait failli en tant que mère, en tant qu’épouse. Elle ne pensait pas pouvoir encore plus souffrir après tout ce qu’elle avait enduré, elle avait eu tort de sous-estimé la mesquinerie des Sept. Pourtant elle n’était pas en faute, si ?
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An 297, Lune 12, Semaine 3



Ynis & Ryon

 
Assis sur le grand lit couvert de draps brodés, il attendit qu’elle se réveille. Le son de sa voix l’avait bel et bien sortie d’un sommeil que l’obscurité lui avait seulement permis de deviner. Mais aussitôt que les yeux aux prunelles azuréennes s’ouvrirent ils se détournèrent de lui. Son visage tout entier était tourné de sorte à éviter ce contact qu’il était venu chercher, bien qu’il se doutait d’une telle réaction de la part de son épouse. Aux premières paroles qu’elles prononça, Ryon ne répondit rien. Nous en aurons d’autres. Voilà ce qu’il lui avait répété tant de fois par le passé, mais qu’il ne lui disait pas aujourd’hui. Le matin était encore loin, pourtant dans la nuit il ne sut prononcer l’une de ces phrases réconfortantes et qui lui paraissaient si banales. Infection, hémorragie, non viable, le mestre avait à chaque exposé son avis sur les nombreuses fausses-couche de la lady, mais pas cette fois-ci. Et le drame s’en trouvait doté d’un terrible goût de fatalité. Etait-ce donc vrai? Etait-il possible que les Sept se complaisent ainsi à punir les erreurs passées de la Maison Allyrion, qui les vénérait pourtant avec une ferveur peu commune? Ces Dieux qu’il priait chaque jour, se pouvait-il donc qu’ils continuent malgré ses prières à s’acharner sur eux? La lady de la Grâcedieu était en ce moment-même dans le Septuaire, le mestre Harian le lui avait dit. Elle y passerait la nuit, comme à chaque fois.
La silhouette de la jeune femme s’anima soudainement, alors qu’elle se mettait à frapper de ses poings fermés ce ventre qui avait porté l’enfant de longs mois durant. Devant la violence de son geste, l’héritier resta tout d’abord coi devant la détresse qui transpirait de cette colère qu’elle avait avant tout contre elle-même. Ne supportant pas de la voir se faire ainsi du mal jusqu’à peut-être s’en blesser, si cela n’était pas déjà fait, il la stoppa. Ses larges mains se saisirent des poignets fins qu’il plaqua avec force sur les draps. Restant de marbre devant le chagrin de son épouse, il n’avait toujours soufflé mot. Il se refusait à lui mentir, à la rassurer bêtement sur un avenir qu’il lui avait promis plus d’une fois les dix années passées. Les dames de compagnies, les nourrices, diraient ce que bon leur semblerait à leur lady, tous les plus beaux mensonges du monde pour la voir sourire de nouveau. Mais pas lui. “Je l’ai vue.” Il parlait doucement bien que les pleurs de la jeune mère devaient déjà avoir alertés tout l’étage qui ne dormait que d’un oeil pour elle et seulement elle. “Elle était belle.” Ryon soupçonnait qu’une des suivantes de son aimée se trouva déjà tout près de la porte de leurs appartements, mais n’osait rentrer à cause de lui. Ses yeux noirs se promenaient sur le visage de la dornienne sans trouver les mots qu’il aurait voulu être capable de lui dire à ce moment là. Mais il n’était pas idiot, et il n’était pas dans sa nature de s’appuyer sur de faux espoirs comme on en donne souvent trop aux enfants. Il n’avait pas été élevé comme cela, et il n’était pas comme cela.
Maintes fois il avait questionné les mestres de Lancehélion, de Denfert, du Grès, et tous lui avaient répondu la même chose. Quelque fût la nature du mal qui empêchait sa femme de mener à bien ses grossesses, sa jeunesse ne lui accorderait pas indéfiniment de survivre à ses épreuves avec la même force qu’elle avait manifesté jusqu’à maintenant. Il était encore trop tôt pour savoir si ce nouvel incident aurait des conséquences sur sa santé, et pour cette raison le mestre avait prévenu que son état serait surveillé de près dans les jours à venir. Il craignait sans doute une infection, ou un saignement qui aurait échappé à sa vigilance. “Ynis. Tu as espéré cette enfant autant si ce n’est plus que je l’ai espérée moi-même. Comment peux-tu t’accuser d’une telle chose?” Ses yeux cherchaient les siens, pour mieux l’en convaincre. “Ce n’était pas ta faute.” D’au dehors leur parvenait l’odeur de l’eau et des plantes que l’air chaud faisait remonter jusqu’aux hauteurs de leurs appartements. Les insectes de la nuit faisaient entendre leur chanson, sans que cela ne rende plus supportable le lourd silence qui pesait dans la chambre. Dans le couloir les cris avaient cessés, et l’on n’entendait plus que la rumeur lointaine  de gazouillis apaisés. “Altaï a arrêté de pleurer. Il te réclamait.” Sa main lacha celle de la jeune femme pour écarter de son front quelques boucles blondes, avant de carresser du dos de sa main le creux de sa joue. Son geste était tendre. “Tu sais ce que cela veut dire? Cela veut dire qu’il grandit.” Sa paume vint se glisser contre la joue de la lady, son pouce dessinant la ligne de sa pommette. “Mais il a encore besoin de toi. Et Silas aussi. Ils ont tous les deux besoin de leur mère.” Leur désir de voir un jour naître de leur union un enfant qui fût doté de la force et de la santé était une chose, la volonté des Septs en était une autre. Et pour la première fois, Ryon se résignait à accepter ce destin qui leur était de toute évidence imposé par une force contre laquelle ils ne pouvaient aller. Allez contre la fatalité était un chemin incertain et dangereux, et il ne l’imposerait pas à sa jeune épouse.


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La jeune femme frappait son ventre à s’en faire mal. Et pendant ce temps, son époux restait muet. Il n’avait pas dit un mot, il n’avait soufflé aucune phrase réconfortante. Et le plus terrible dans tout cela, c’était qu’elle ne savait si elle devait lui en vouloir pour cela ou au contraire le remercier. C’était si étrange. Elle avait besoin d’entendre que ce n’était juste pas le bon moment, qu’elle en aurait d’autres, qu’ils…en auront d’autres. Et en même temps, ses phrases devenaient de plus en plus insupportables face à la dure réalité. Ynis Allyrion était incapable de donner la vie à un être parfaitement normal. Elle aurait ses deux fils, mais leur santé trop fragile les empêcherait de devenir de grands chevaliers, elle le savait pertinemment.

Et puis finalement, l’Allyrion se décida à l’arrêter dans sa folie. Ses larges vinrent entourer les poings serrés de la mère les obligeant à rester immobiles. Mais il ne souffla pas un seul mot...encore. Ynis resta là, sans bouger, seules ses larmes amères dévalaient les ovales de ses pommettes. Et le silence fut brisé, enfin. La Blonde attendait cela comme une délivrance. Elle était belle qu’il avait dit. Elle ne savait pas. Elle n’avait pas eu le droit de la voir. On lui avait arraché cet être sorti de son corps trop vite. Elle n’avait pas pu la voir. Les paroles de son époux sonnaient comme un ultime coût de poignard qu’on venait enfoncé dans ses entrailles. Comment les mestres avaient-ils pu lui faire cela. C’était la chair de sa chair. Et à ces pensées, son regard devint noir, presque aussi noir que les prunelles de son époux. Jamais elle ne leur pardonnerait ce qu’elle percevait comme une trahison. Son regard lançant des éclairs, elle fit face à l’homme qu’elle avait appris à connaître et à aimer. « Je ne sais pas… je ne l’ai pas vue. » lâcha-t-elle. C’était entre le reproche d’avoir eu un privilège qu’on ne lui avait pas accordé et la tristesse de ne pas avoir pu prendre pleinement conscience de la mort de sa fille. Pourtant il n’était pas en tort. Il ne l’avait jamais été. Il avait toujours été présent dans ces épreuves. Mais personne sauf peut-être d’autres mères ne pouvaient pleinement comprendre la détresse qui submergeait en cet instant la dornienne. Il fallait le vivre pour le comprendre et elle remerciait les sept que seule elle en souffre autant.

Ryon Allyrion tenta de la convaincre que ce n’était pas de sa faute. Qu’elle voulait cet enfant plus que tout au monde, plus que lui-même. Elle le sentait, les yeux de l’héritier de La Grâcedieu cherchaient les siens alors que ceux de la jeune femme avait déjà à nouveau fuit au loin, se perdant dans l’obscurité de la pièce. L’odeur du dehors commençait à embaumer de son doux parfum la chambre du couple. Ynis se laissait apaiser par les effluves alors qu’au loin dans les couloirs, les pleures de son second fils ne se faisaient plus entendre. Oui, ses enfants grandissaient, pour le moment. Mais combien de temps ce bonheur allait-il duré ? Alors qu’elle venait blottit sa joue contre la paume de la main de son époux, une terrible angoisse s’empara de la mère et future Lady des lieux. « Tu… tu ne veux pas me quitter ? » demanda soudainement, inquiète Lady Ynis Allyrion. Tellement d’années s’étaient écoulées. Elle avait appris à aimer cette nouvelle ville. Elle commençait doucement à prendre quelques décisions et à s’impliquer davantage dans sa gestion sous la houlette de sa belle-mère. Elle faisait tout pour ses fils alors l’idée qu’elle puissent être répudier lui donnait des frissons. Pourtant si son incapacité à donner des enfants viables persistait, cela finirait bien par arriver.
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An 297, Lune 12, Semaine 3



Ynis & Ryon

 
Ses yeux noirs contemplaient le chagrin de la jeune lady, sans pouvoir rien faire d’autre que d’être là, auprès d’elle. Jamais aucun titre ne lui accorderait le pouvoir de lui ôter cette tristesse plus terrible encore que les précédentes. Résigné, il restait là, silencieux, assis sur le bord du lit tout à côté de son épouse. L’épreuve de cette nuit, aussi pénible et douloureuse était-elle, n’était rien comparé à ce qui l’attendrait à l’aube, lorsqu’il serait appelé par la lady de la Grâcedieu pour parler de ce nouveau coup porté par les Septs à la Maison Allyrion. Delonne Allyrion avait vécu une longue vie, et à l’approche du crépuscule de ses jours, son calme inébranlable se muait en une angoisse croissante de ses craintes quant à l’avenir qu’elle laissait pour ce blason auquel elle avait dédié son existence toute entière. La constitution fragile et la santé instable des futurs héritiers la laissait d’autant plus inquiète qu’elle y voyait la punition des Septs pour ses actions passées. Elle craignait que le dessein des divinités qu’elle vénérait et priait chaque soir ne soit pas terminé. Après tout, elle avait par son orgueil et son avarice, humilié une maison honorable, et anéanti l’avenir d’une jeune femme. L’union prestigieuse de son seul héritier avec la fille du Gardien de la Voie des Os ne donnait pas les fruits qu’elle en avait attendu. “C’est peut-être mieux ainsi.” Son regard se détacha un instant du visage de son aimée pour se poser sur la porte laissée à peine entrouverte. La présence qu’il avait devinée un peu plus tôt était partie, sans doute était-ce cette même personne qui avait calmé les pleurs de leur fils. “Mais si tu tiens vraiment à la voir. Si tu estimes que tu en as besoin. Alors je t’accompagnerai.” Au fond de lui, Ryon Allyrion espérait que la jeune femme se résoudrait à ne pas aller affronter ce que lui même avait vu avant de venir à son chevet. Elle l’ignorait, mais c’était lui qui avait ordonné qu’il en fût ainsi. Prévenant le drame tout en priant pour qu’il n’arrive pas, il était allé donner au mestre Harian ses instructions, pour le temps que durerait son séjour à Lancehélion. Si l’enfant venait au monde sans vie, elle ne devait pas le voir. Et le mestre avait respecté ses ordres. La petite fille défunte avait été emmenée loin de celle qui l’avait porté pendant plusieurs lunes aussitôt que l’on avait su qu’elle ne vivrait pas. Soudainement, entre deux sanglots, la question de la lady vint trancher l’air. Ses mots résonnaient en lui du goût amère laissé par les discussions qui avaient suivies les fausses couches répétitives de la jeune dornienne, au début de leur mariage. Nous ont-ils donc donné une fille stérile? C’est donc ainsi qu’ils veulent venger la mort de leur lord? La colère de la lady de la Grâcedieu lui avait en ce jour déjà lointain fait dire des choses d’une grande cruauté, que Ryon ne lui connaissait pas. Mais aussi insensible que cela pouvait l’être, la question se devait d’être posée. Après l’échec de l’alliance avec les Daynes, Delonne Allyrion avait choisit de mettre de côté l’idée de marier son fils, privilégiant la prospérité du commerce et de ses terres en attendant que retombent les vagues du scandale qu’elle avait elle-même causé. Elle avait trop attendu. Et la honte infligée aux chevaliers de Haut-Hermitage n’autorisaient pas les lords de la Grâcedieu à répudier une autre jeune femme. En plus de cette fatalité diplomatique, l’hériter de Delonne ne saurait renvoyer chez elle celle dont il avait partagé les souffrance depuis bientôt dix années. Aussi jeune qu’elle lui paraissait autrefois, aujourd’hui il l’aimait aussi sincèrement et tendrement qu’il ne l’avait espéré en voyant l’enfant qui l’attendait dans le Septuaire. “Je suis tien. Et tu es mienne. En ce jour, et jusqu’à la fin de mes jours.” De son pouce il caressait la pommette couverte de larmes de la jeune lady. S’abaissant vers elle, il déposa sur son front un baiser doux et court. “Les Sept ont été témoins de cette promesse. Et je tiendrai cette promesse. Jusqu’à ce que l’Etranger vienne me prendre.” L’entêtement du Soleil Noir et sa détermination étaient deux choses qui, depuis son enfance, avaient donné bien du fil à retordre à sa mère, dotée elle-même d’une semblable obstination. L’indépendance et la nature solitaire de l’héritier ne rendait pas la tâche facile à la lady de la Grâcedieu, qui aurait voulu user de lui moins difficilement. Se redressant, il se saisit de la main de son aimée, l’enserrant tendrement entre les siennes. “Veux-tu aller la voir?”



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Ynis guettait les réponses de son époux. Elle attendait chacun de ses mots. Elle voulait l’entendre. Elle voulait qu’il parle, qu’il rompt le silence. Qu’il exprime sa douleur tout comme elle le faisait elle-même. Mais il ne parlait que trop peu à son goût. Et lorsqu’elle avait dit qu’elle n’avait pas pu voir sa fille, il avait simplement répondu que c’était mieux ainsi. Ynis posa son regard clair dans les prunelles si sombres de son époux. Il avait parlé comme si cela était la meilleure des choses. Comme s’il avait été l’origine de tout cela. Son regard s’assombrit. « Tu n’as tout de même pas osé le faire. » avait-elle chuchoté. Ce ne pouvait être lui. Ce ne pouvait être que la décision du mestre et rien de plus ? Son époux n’avait pas pu donner l’ordre qu’on lui retire son enfant, certes mort, mais son enfant tout de même. Elle l’avait porté, elle, pendant tout ce temps. Elle l’avait senti grandir et bouger en son sein.

Et finalement, il finit par lui proposer de l’accompagner la voir si elle y tenait tant que cela. Ynis ne répondit rien. Elle réfléchissait aux dernières paroles de son tendre époux. Si elle estimait devoir la voir ? Elle ne savait elle-même si cela lui ferait plus de bien ou de mal. Par les Sept elle ne savait plus ce qu’elle voulait réellement. Et puis elle avait fini par poser la question fatidique. Cette question qui la taraudait depuis tant de temps déjà. Depuis ses toutes premières fausses couches et qu’elle avait fini par garder sienne après la naissance de ses deux fils. Seulement voilà, le nouveau drame avait ravivé la blessure d’une question et d’une crainte qu’elle estimait légitime. On l’avait privée de son titre d’héritière en la mariant à un futur Lord et voilà qu’elle n’était même pas capable de donner un héritier viable dont la santé ne risquait pas de l’emporter à tout instant. Ynis tressaillit en sentant ses lèvres se poser sur son front. Un geste si anodin et qui pourtant avait ce pouvoir étrange de calmer ses peurs les plus profondes. Un geste tendre qu’elle affectionnait tellement. Oui, devant les Sept ils s’étaient jurés fidélité et promis l’un à l’autre. Fidélité, un mot qui parfois restait encore en travers de la gorge de la jeune dornienne. Si son époux lui était fidèle depuis leurs épousailles, elle ne pouvait oublier l’ombre que représentait Daemon Sand, le premier né de son époux. Et bien que ce dernier soit né bâtard, il était en pleine forme, lui. Fait qu’elle ne pouvait occulter de sa mémoire.

Délicatement, la blonde se redressa et déposa furtivement un baiser sur la joue de celui qui avait volé son cœur. « Ne parle pas de malheur veux-tu » répliqua-t-elle presque furieuse qu’il amène dans la discussion son éventuel trépas. Il ne pouvait pas l’abandonner, la laisser livrer à elle-même. Il n’en avait pas le droit, pas le droit, pas après tout ce qu’ils avaient traversé. Puis elle déposa sa tête contre son torse. Ultime instant de tendresse et d’intimité avant qu’il ne se redresse et qu’il prenne sa main pour la serrer dans les siennes. « Tu penses que j’ai tort de vouloir la voir ? » demanda-t-elle preque timidement. Puis elle plongea son regard dans le sien avant de poursuivre. « Ce n’est pas que je veux, Ryon. J’en ai besoin. Je dois la voir, tu comprends ? Laisse-moi la voir juste un instant. Je ne peux me résoudre à la laisser aux sept comme cela. C’est ma fille. » La jeune mère s’interrompu et se dégagea doucement de la poigne de son homme. « Même morte elle reste ma fille, notre fille. » Elle pourrait même lui donner un nom. Et si cela était possible, elle l’appellerait sûrement Deria comme la princesse de Dorne.
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"See our dreams all die"

An 297, Lune 12, Semaine 3



Ynis & Ryon

 
Il ne lui avait pas répondu, car elle savait déjà la réponse. Ryon Allyrion avait donné l’ordre qu’on ôta l’enfant si l’Etranger venait encore à frapper son mariage. Et il ne regrettait pas de l’avoir fait. Pas après avoir vu l’enfant belle et parfaite qui gisait sur la table de pierre pâle. Pas après avoir contemplé le petit corps qui ne portait aucune trace ni de maladie, ni de malformation, qui aurait pu consoler leur deuil. Leur fille aurait pu vivre. Elle aurait du vivre. Pourtant le mestre lui-même, fort de tout le savoir de la Citadelle, n’avait su lui donner une explication rationnelle. C’était simplement, et seulement, la fatalité. Il ferma les yeux lorsqu’elle embrassa sa joue. Le contact de ses lèvres douces apaisant son coeur sans en guérir le chagrin. Il les rouvrit pour les poser de nouveau sur le visage aux traits fins de la née-Ferboys. L’écoutant en silence, l’Allyrion savait déjà qu’il ne pourrait pas l’empêcher de faire ce que son instinct de mère lui commandait. Et il dut, à regret, se résigner à l’idée qu’il ne pouvait la protéger de tout. Son regard s’abaissa un instant alors qu’il acquiesçait lentement.


Debout dans l’encadrement de la porte, il regardait sa jeune épouse s’avancer vers le centre de la pièce. C’était sans échanger la moindre parole qu’ils avaient ensemble parcouru les couloirs plongés dans une semi-obscurité de la demeure des Allyrions. Les murs blancs avaient vus leurs deux silhouettes traverser comme des ombres la quiétude de la nuit. “Lady Ynis.” Dans un murmure, le mestre avait salué l’arrivée qu’il n’attendait pas de la jeune femme. Précipitamment, il s’était écarté de la table de pierre froide, de même que ses aides qui l’aidaient à préparer le corps. D’un geste de la main, il les avait congédié, et les jeunes hommes n’avaient pas eu besoin de se faire prier pour quitter la salle. L’odeur de la mort et des onguents d’embaumement flottaient dans l’air pesant. Etait-ce la présence par la présence de l’Etranger, l’endroit paraissait froid. Le regard pâle et perçant du disciple de la Citadelle chercha celui de son futur lord, le questionnant en silence. Il n’obtint aucune réponse. Immobile, le Soleil Noir avait refermé derrière lui les lourds battants de la porte de bois. La pièce était éclairée par une unique lampe à huile, dont la flamme ondulante faisait danser les ombres sur les murs. “Ser Ryon, je croyais que vous..” “Taisez-vous.” Le mestre avait trainé jusqu’au dornien sa bure de lin clair et grossier, le cliquetis de sa chaîne répondant en écho à chacun de ses pas. “Elle voulait la voir.” Notre fille. La douleur du deuil qu’ils porteraient serait difficile à oublier. Cependant, l’esprit du brun était déjà tourné vers l’aube qui approchait. Il irait trouver sa mère, avant de se rendre dans la chambre de ses enfants. Les deux petits garçons avaient vu le ventre arrondi de leur mère. Cette fois-ci, on ne pourrait leur cacher qu’il avait perdu un frère ou, comme c’était le cas, une soeur. Il faudrait trouver les mots justes pour leur parler de cet Etranger qu’il ne connaissait pas encore, et dont ils n’appréhenderaient la véritable nature peut-être que des années plus tard. Ils avaient entendus les cris de leur mère, puis ses sanglots. Ils l’avaient entendu lui, leur père, revenir deux jours trop tôt d’un énième voyage à Lancehélion, au beau milieu de la nuit. Ryon Allyrion se tenait loin de l’enfant, bien qu’il n’avait aucun mal à distinguer ses petits bras et son crâne rond depuis le pas de la porte. Un linceul pâle recouvrait la moitié de l’enfant, que le disciple n’avait pas eut le temps de recouvrir devant l’arrivée impromptu du couple. Ses poings se resserraient, alors qu’il attendait la réaction qu’aurait son aimée devant ce nouveau malheur qui les frappait. Son regard sombre couvait le dos de sa jeune épouse. Il ne pouvait rien faire, sinon être là, avec elle, pendant qu’elle prenait tout la mesure de l’injustice dont ils avaient souffert. “Votre mère, Lady Delonne, a vu l’enfant.” Chuchotta l’homme à la chevelure grisonnante à l’oreille de l’Allyrion. “Je n’ai rien pu faire d’autre que de lui dire ce que je vous ai dit. Cette fois je n’ai pas pu lui offrir une explication.” “Qu’a-t-elle fait?” Le mestre jeta un rapide regard vers la table mortuaire, avant de se tourner de nouveau vers l’héritier. “Elle n’a rien fait, Ser. Mais elle a parlé.” Le regard du Soleil Noir quitta un instant la silhouette de la jeune femme pour se poser sur le visage ridé du disciple. Les Sept ont scellé le destin de la Grâcedieu depuis ce jour où j’ai commis pêché d’orgueil. C’étaient ses mots.” “Vous savez parfaitement que Lady Delonne est très pieuse..” “Elle a dit autre chose. Alors qu’elle partait. Elle l’a à peine murmuré, mais je l’ai entendue. Elle a dit : “Mais si l’Etranger se borne ainsi à la punir elle, c’est que les Sept accorderons à mon nom de survivre d’une autre façon. D’un sang qui ne soit pas maudit.””



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Il n’avait pas répondu à sa question. Il n’avait soufflé mot se murant une fois de plus dans le silence. Mais ce silence en disait long. A cet instant précis, Ynis sut que l’ordre émanait de lui et de lui-seul. Un instant elle voulut s’enfuir loin, loin très loin tellement loin de lui qu’il n’aurait jamais pu la revoir. Mais son corps avait refusé d’écouter son cœur. Peut-être parce qu’elle avait déjà pardonner une tentative maladroite de la protéger. Elle ne demandait rien pourtant, seulement de la voir. Et lorsque le regard sombre de son époux s’abaissa, Ynis Allyrion avait gagné la bataille. Il acceptait, mais avait-il réellement le choix ? La jeune femme se redressa et essuya une larme qui roulait encore le long de sa joue. Elle s’extirpa des draps qui la protégeait comme le cocon protège la chenille. Debout, elle arrangea négligemment ses cheveux et d’un pas lent, fantomatique, elle quitta la chambre maritale. Nul besoin de regarder e arrière qu’il la suivait, évidemment qu’il le faisait.

D’un pas étrangement aérien, la jeune mère avait pénétré la salle où reposait désormais sa fille. C’était comme si ses pieds ne touchaient plus terre, un étrange spectacle. Le mestre l’avait saluée, elle n’avait rien répondu. Son regard déjà était porté sur le petit corps inerte, si blanc, si parfait. Elle n’était pas difforme, elle n’était pas monstrueuse. Non, sa fille était belle, belle dans la mort qui l’avait frappée dès sa naissance. Elle n’osait la toucher, peut-être de peur de troubler ce sommeil éternel. Elle avait beau l’observer, elle ne trouvait aucune trace d’une quelconque raison au fait qu’elle soit partie si vite. Et c’était peut-être cela qui rendait sa aussi inacceptable. Et si l’esprit de la mère reconnaissait bien là l’œuvre de l’étranger, son cœur de mère refusait de voir encore la réalité en face. Lentement, ses doigts vinrent finalement effleurer la joue de sa fille. Et puis soudain, l’instinct de mère effaça toute raison. Ynis se saisie de sa fille comme si elle tenait dans ses bras son nouveau-né endormi. Doucement, elle se mit à entonner une berceuse. Folie ou seul moyen de prendre conscience du drame qui s’était joué en elle, nul n’aurait pu le dire. La souffrance d’une mère est une chose qui reste inaccessible aux autres. Même Ryon ne pouvait comprendre. Pourtant les Sept savaient à quel point il était affecté lui aussi. Mais il y avait un lien particulier entre la mère et l’enfant, un lien qui ne se partageait avec personne. Les femmes avaient se privilège sur les hommes. Là était aussi leur force. Pour eux, une mère était prête à déplacer des montagnes, pour l’amour d’un père, elle était aussi prête à tout.

Alors qu’elle s’approchait de son époux et du mestre, elle surprit la fin de leur conversation. Delonne, encore et toujours Deonne, Ynis aimait cette belle-mère qui lui avait tant appris. Mais en ce qui concernait ses enfants, Lady Allyrion était une femme sans cœur. Comme si de rien était, Ynis berça l’enfant et prit enfin la parole. « Nous pourrions l’appeler Elia, qu’en pense-tu mon aimé ? » demanda la née-Ferboys. Non elle n’était pas folle, non la mort de sa fille ne lui faisait par perdre la raison. Mais pour la laisser repartir, elle avait besoin de lui donner un nom. Elle ne pouvait pas faire comme si l’enfant n’avait jamais existé. Autant avec ces fausses couches, l’enfant n’avait jamais réellement vécu, autant cette fois-ci, elle avait été jusqu’à une tragique délivrance. Alors oui c’était peut-être insensé mais qu’importe. Ynis en avait besoin elle plongea son regard clair dans les ténèbres de son tendre époux. Il pouvait comprendre, n’est-ce pas ?

Ynis attendait la réaction de Ryon Allyrion. Elle espérait de la compréhension mais elle craignait aussi un refus. Mais une chose était certaine, elle ne voulait plus lire à nouveau cette tristesse de son regard. Elle la connaissait si bien, elle était si familière. Presque imperceptible pour les étrangers mais elle sautait au visage de la jeune femme aux cheveux couleur du soleil. Et alors qu’elle embrassait le front froid de sa fille, elle se promis de trouver une solution. Pour lui, mais pour elle aussi. Parce qu’avec le temps, elle se demandait si le problème ne venait pas d’elle. Lui, il avait eu un fils vigoureux par le passé. C’était cela avant tout autre chose qui faisait craindre à Ynis le souvenir de Daemon Sand. Le bâtard était la preuve que Ryon pouvait avoir des enfants en pleine forme. Alors qu’elle, elle, elle n’avait donné naissance qu’à des enfants chétifs, si faible que chaque jour elle priait les Sept pour que ce ne soit pas leur dernier. Et bien que l’ide la révulse, femme pieuse qu’elle était, une sombre idée lui traversait par moment l’esprit. Il n’y avait qu’une façon de savoir si tout venait d’elle ou non. Elle devrait aller voir ailleurs, une fois, rien qu’une fois et elle saurait, enfin. Elle pourrait enfin faire taire Lady Delonne Allyrion et ses conclusions trop rapides sur son infertilité. Mais avant de faire que ce soit, elle en parlerait en privé à Ryon. Il y avait trop d’enjeu entourant cette décision. Trop de conséquence aussi pour que la décision ne vienne que d’elle seule. Mais comme pour faire comprendre qu’elle n’approuvait point les paroles de la Lady de La GrâceDieu, Yis Allyrion finit par lâcher. « Le nom des Allyrion ne poursuivra par notre descendance, là est la seule chose à dire. » Elle avait parlé de descendance et non de leur sang. Là était bien toute la différence et amorçait ce qu’elle avait décidé et ce qu’elle allait demander à Ryon. Un énorme sacrifice qu’il ne serait peut-être pas près de faire. Mais s’il l’aimait, alors il accepterait. Il mettrait son orgueil de côté et laisserait sa femme faire bonne usage de ce corps de femme que les sept lui avaient donné. Oui elle en ferait un très bon usage, pour que le nom des Allyrion ne perdure dans le temps.
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