Epitaphs for two Graves | ft. Cerseï
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« Lady Drox ? Lady Cerseï vous invite à vous joindre à elle. » Skarithra releva les yeux. La servante joignit les mains devant elle, et, respectueusement, lui offrit un sourire. elle n'était pas vilaine. Elle n'était pas belle non plus. La Femme de l'Ouest ne l'avait même pas remarquée, depuis qu'elle était entrée au service de la Lionne Rouge. Cerseï faisait occulté tout l'univers qui ployait autour d'elle. Pendant quelques instants, elle hésita. Cerseï était devenue une harpie infâme, depuis cela deux jours. Depuis cette fameuse... soirée, où tout avait basculé. Elle la punissait d'ordres qui ne lui étaient pas destinés, d'injures sous-entendues qu'elles seules comprenaient, et de tâches humiliantes qu'elle n'avait souhaitées. Elle se pâlissait en justifications monotones, et faisait preuve de beaucoup d'imagination, pour lui concocter des travaux de moins en moins réjouissants. Skarithra se demandait quand cela cesserait. En réalité, elle n'avait pas la patience d'attendre, ni même la bravoure nécessaire pour feindre l'indifférence. Elle était loin d'être dans cet état d'esprit. Au contraire, elle se voulait anéantie, lorsqu'elle constatait la virulence de sa Dame contre elle. Alors qu'elle l'avait prévenue. Alors qu'elle l'avait avertie. Et qu'elle lui avait répondu, en plus. « Faîtes-lui savoir que Mira est disponible. Je ne suis pas à son service, aujourd'hui. » Elles en avaient convenu ensembles, avant leur départ. Skarithra était sa Dame de Compagnie en toute circonstance, excepté le 13ème jour. C'était le seul présent que Cerseï lui offrait : une journée de liberté, loin d'elle, dont elle profitait langoureusement, ce jour-là. « Elle le sait, ma Lady. Elle dit, néanmoins, que c'est très urgent. » L'une de ses ruses, évidemment, pour l'incommoder davantage. Skarithra n'avait même pas le droit de trouver un peu de quiétude, ni de fuir ses actes. Elle sourit, doucement. Elle retrouvait là l'animosité de son amie. Et ensuite, elle soupira. « Très bien. Je te remercie. Je vais la voir de ce pas. »
Lorsque Skarithra entreprit son voyage, elle fut atteinte d'une tension sans nom. Cette anxiété lui broya la gorge, tant elle se voulait parasite de son petit corps fragile. Elle avait conscience de ce qui l'attendait encore là-bas : une Cerseï plus en colère que jamais, et prête à tout pour se satisfaire du déplaisir de Skarithra. Mais il en serait autrement. La Dame de Compagnie n'avait nullement l'intention de se faire piétiner. Elle avait besoin d'être loin d'elle, juste, seule, un moment, un court instant... Elle entra sans frapper. La servante se leva même en sursaut, mais Cerseï, elle, se contenta de relever les yeux. Assise confortablement à sa terrasse, elle sirotait, comme à son habitude, un grand verre de vin. Skarithra avait passé la moitié de sa vie à désapprouver, mais Cerseï avait une obstination qui dépassait l'entendement. « Lady Cerseï. » Skarithra ploya devant elle, alors que la servante quittait rapidement les lieux. A son simple ton, la Dame de Compagnie comprenait que sa colère était toujours présente. Et qu'elle était loin de lui être totalement destinée. Cerseï avait l'art de s'en prendre à l'ensemble des habitants de Westeros, lorsqu'elle avait la moindre contrariété.
A peine la servante fut-elle dehors, que Skarithra se redressa. Elle n'avait plus aucun lien qui l'enserrait, à cet instant précis. Elle était simplement en colère. Dans une colère noire, qui pouvait aisément se lire en son regard expressif. « Puis-je savoir ce que signifie tout ceci ?! » Elle haussa le ton, sans s'en rendre compte. C'était viscéral. Cette femme la rendait folle. Encore davantage, lorsqu'elle constata son absence totale de réaction. « Nous avions convenu qu'aujourd'hui, je ne serais pas à ton service, et que je serais libre de faire ce que je désire. As-tu donc oublié ce que signifie de tenir ses engagements ? Ou es-tu simplement incapable de témoigner ta fureur autrement que sur moi ?! » Elle rangea son épée acérée. Elle ne la blesserait nullement de ses paroles. Ou du moins, ce fut ce qu'elle crut. Elle se détourna, une seconde, et soupira, tout en se servant un verre de vin. « Je n'ai même plus le loisir d'être une Lady. » Elle but une gorgée, admirant Cerseï dans la pâleur de son miroir. Elle aurait tant souhaité que cette journée soit gage de tranquillité. Mais Cerseï en décidait toujours autrement. « Soit. Vas-y, mets-toi en colère, fais-moi vider ton pot de chambre ou lécher tes souliers, continues donc de faire la lâche ! » Elle se tourna finalement vers elle, et s'approcha de sa table, y déposant son verre comme si elle fut égale à sa personne. Elle ne l'était pas, mais elle s'en fichait. « Tu me blâmais pour ma sottise, et voilà que tu te caches à ton tour, me prenant pour une bête, plutôt qu'une femme. Tu devrais te regarder dans ton miroir, et voir que tu n'es pas moins coupable que moi. » Elle la ferait sortir de ses gongs, s'il le fallait. Elle se ferait giflée, encore, frappée, plus fort, mais elle le ferait si cela pouvait changer les choses. Elle posa ses paumes sur le meuble, encrée, là, en face d'elle, les yeux, dans ses yeux, sans ciller, sans fuir. « Il ne me semble pourtant pas avoir été celle qui gémissait sous mes doigts, il y a de cela quelques jours. Ou peut-être ne t'en souviens-tu pas non plus ? Vois m'en désolée, si je t'ai prise pour un lion, et non une biche effarouchée. »
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Elle contemplait son reflet à travers le miroir. Elle le scindait, comme si ce dernier pouvait lui offrir la réponse qu'elle quémandait silencieusement. Mais, il ne lui renvoyait que son propre dégoût. Qu'avait-elle fais ? Le souvenir était intense. Cependant, elle n'en assimilait toujours pas la cause. Alors, Cersei s'irritait pour la moindre contrariété. Et ses servantes ne savaient que baisser les yeux, craignant sans doute de l'agacer davantage en croisant les siens. Elle inspira profondément lorsque le peigne vint lisser sa chevelure d'or. Ce qu'elle appréciait avant cela lui paraissait bien moins plaisant aujourd'hui. Elle n'était plus qu'une boule de fureur qui ne savait vers qui se porter. Cela aurait été plus simple d'appeler Skarithra. Mais, Cersei n'avait pas le courage de lui faire face. Les rares fois où elle l'avait entrevu ces derniers temps n'avaient fais qu'accentuer le mépris qu'elle se vouait secrètement. Alors, elle lui avait confié quelques services ingrats, espérant que cela annihilerait ne serait-ce qu'un peu son mal être. Mais en vain. Elle bouillonnait d'une colère froide qui s'évertuait à ne pas s'exprimer. Avait-elle seulement le droit de la laisser imploser ? Si sa conscience lui signifiait le contraire, Cersei s'obstinait à penser autrement. Il était plus confortable de blâmer Skarithra, que d'assumer sa propre culpabilité. « Cessez », soupira-t-elle en chassant l'air d'une main agacée. La jeune fille joignit ses doigts aussi secs et, dans un hochement de tête fébrile, se retira dans un recoin de la chambrée. Cersei releva une seconde fois son regard en direction du psyché. Elle eut envie de le briser pour l'image qu'il lui retournait. Mais elle s'en détourna simplement, la mâchoire crispée sur une réalité répugnante.
« Amenez-moi Lady Skarithra. » La jeune fille sembla hésiter. Et, Cersei la fustigea d'un regard criminel. Elle se souvenait du compromis qu'elle avait conclu avec son amie d'enfance. Ce jour devait être un moment d'accalmie où Skarithra n'avait pas à la satisfaire. Cependant, la Dame n'en avait cure présentement. Pour quelles raisons désirait-elle la rencontrer ? Elle n'était pas certaine de le savoir. Sans doute avait-elle besoin de se confronter à elle. Ou, peut-être était-ce là l'occasion de l'humilier davantage. Quoi qu'il en soit, Cersei ne tolérerait pas une insubordination. « Je sais », trancha-t-elle alors, « et cela m'importe peu. J'exige qu'elle vienne. » La jeune fille acquiesça et, sans l'ombre d'un regard pour sa Maîtresse, accourut à sa demande. Cersei déglutit péniblement. Que ferait-elle une fois qu'elle se retrouverait devant elle ? Elle papillonna des cils. De toute évidence, il était trop tard pour s'en inquiéter. Alors, elle prit place sur la courette qui donnait sur les jardins de la Cité. D'ici, l'horizon lui semblait incertain. Il l'était probablement. Elle se servit un grand verre de vin, comme elle se plaisait à le faire souvent. Depuis la disparition de Jaime, son réconfort se trouvait dans ce liquide pourpre dont elle en vénérait les vertus. Cersei ne s'en masquait pas. A dire vrai, tout monde connaissait son inclination pour la boisson. Elle leva sa coupe en direction d'un ailleurs chimérique, puis le porta à ses lèvres. Il lui faudrait bien cela pour ne pas définitivement perdre l'esprit lorsque Skarithra passerait enfin le seuil de la porte.
Cersei sentit ses muscles se tordre d'appréhension alors que son amie d'enfance faisait irruption dans ses appartements. Elle releva simplement les yeux, sans daigner répondre à la politesse qu'elle s'efforçait de garder en présence de sa servante. Elle percevait déjà les prémices d'une tempête trembler dans l'ombre. Alors, lorsque la jeune fille s'éclipsa de son propre chef, Cersei eut envie de la rappeler. Se retrouver seule avec cette femme lui provoquait quelques tressaillements qu'elle n'était pas certaine d'assimiler. Elle n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche. Déjà, Skarithra déversait toute l'amertume qui l'habitait. Néanmoins, Cersei ne cilla pas une seule fois. L'indifférence était une défense qu'elle affectionnait particulièrement. Puis elle savait ce que cela produisait chez son interlocutrice. Cependant, lorsqu'elle évoqua leur étreinte passée, Cersei ne put empêcher son corps de se redresser promptement. Le calme factice laissa alors place à une profonde indignation qu'elle ne chercha pas à dissimuler. La réminiscence de cet échange anima un soubresaut désarmant dans son abdomen. Elle eut envie de l'étrangler, là, sur le perron de son unique refuge. Ce qui germait en elle à ce souvenir l'euphorisait d'un trouble voluptueux. « Je t'interdis de parler de cela. » Elle n'en était pas prête. Pire encore, elle ne souhaitait pas l'être. Alors, et comme pour illustrer son propos, Cersei leva une seconde fois sa main dans l'espoir de l'abattre sur sa joue et de battre avec elle l'émotion qui lui nouait le ventre.
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Interdire. Quel stupide mot. Cette simple phrase faisait résonance. Elle se pavanait derrière son masque, comme une autruche s'enlisait dans le sable. Une fuite inexorable et furieuse, que Skarithra haïssait au plus haut point. Aujourd'hui, il n'y avait nulle Dame de Compagnie en elle. Aujourd'hui, elle avait assez. Alors, lorsque Cerseï leva la main, Skarithra la rattrapa. Elle lui empoigna le poignet et le serra sous ses doigts de femme. « Tu comptais me frapper ? » Elle jubila. Un rire indécent, insolent. Un rire de Lady. Mais c'était bel et bien ce qu'elle était, au-delà de Hautjardin. C'était ce qu'elle avait toujours été, même réduite aux tâches les plus ingrates. Elle était noble, et c'était noblement qu'elle se moquait d'elle. Skarithra ignorait alors si la situation l'amusait réellement. Avec du recul, elle se rendit compte, plus tard, qu'elle riait davantage par anxiété. La nervosité de devoir, elle aussi, faire face à Cerseï. Comme si celle-ci était la seule à avoir peur. Elle en oubliait le reste du monde. Elle en oubliait son amie, aussi. « C'est tout ? » Skarithra cessa finalement de rire. Et lorsqu'elle se reporta à sa Dame, elle n'était plus qu'un faciès de marbre et d'acier. Invincible, en apparence. « Je m'attendais à bien mieux de la part de Cerseï Lannister. » Elle eut un rictus ironique. « Je te prenais pour une femme dangereuse. Ce n'est là qu’apparats. En vérité, tu n'es qu'une petite peureuse. » Skarithra voulait le briser, ce petit masque mesquin qui se prenait pour les Sept Dieux réunis. Et elle le sentait, doucement vibrer sous l'implosion prédite.
Skarithra la lâcha, puis, l'approcha, plus près qu'elle n'aurait du. En retour, elle obtint deux pas en arrière, et elle se mit à sourire davantage. C'était tellement évident. A présent, c'est elle qui avait le pouvoir. Du pouvoir, par la crainte. Elle en jouait. C'était inévitable, de sa part. Skarithra avait toujours apprécié le pouvoir. Qui ne l'aime pas, au-delà de cette chambre ? Personne. Et comme eux, elle s'en délectait. « Et ce n'est pas moi que tu devrais jouter. C'est toi-même. » Elle la gifla. Si fort, qu'elle crut serrer le point. Une deuxième gifle pour Cerseï, mais, de cela, elle ne s'en délecta pas. Skarithra sentit l'idée de lui rendre son affront germer en son âme. Et pour avorter son geste, elle la poussa contre le pilier de la terrasse. Au-delà des toiles jaunâtres, on pouvait sentir le soleil de Hautjardin réchauffer le monde. Mais le soleil n'était rien, face à la chaleur qui se confortait au coeur de Skarithra. Cet astre qui, malgré sa violence, grossissait dans son ventre. « Cesses de me combattre. » Skarithra lova sa main contre son cou. Menace implicite, dans un geste explicite. Son pouce flirta, un instant, avec son menton, avec ses lèvres. Elle les aimait tant, ces lèvres. Elle les aurait embrassé milles fois, sans en trouver de fin, sans en être délivrée.
« Tu sais que c'est inévitable. » Skarithra se fit une place contre elle, retenant chacun de ses gestes d'une poigne mal assurée. Elle pensa, un moment, que Cerseï n'avait peut-être, en elle, aucune envie de la fuir. Seule sa raison était un frein à cette étreinte. « Tu sais que tu ne peux pas lutter. » Ce n'était qu'un murmure, qui tomba à leurs pieds. Et la Femme de l'Ouest s'approcha encore de son visage, si bien qu'elle crut, un instant, l'embrasser. Mais ce n'était qu'un geste mêlé de haine et de tendresse. Un paradoxe qui l'obligeait à frôler son amie, du bout des lèvres. Et plus elle se rapprochait d'elle, plus elle resserrait ses doigts autour d'elle. « Tu ne peux pas me fuir. » Elle secoua doucement la tête en signe d'une négation évasive. Et son regard chercha à s'accrocher quelque part, dans l'horizon de ses pupilles. « Tu ne veux pas me fuir... » Son murmure se voulait plus tendre, plus sensuel. Elle jouait avec le feu. Elle jouait avec le lion. « Tu ne peux pas m'échapper. » Son myocarde se gonfla d'affection, de tendresse, de colère, et d'envie. Il était chargé de milles émotions qu'il ne pouvait traduire. Et, elle, la belle Skarithra, elle, ne savait comment les ressentir. « Voudrais-tu que je m'en aille.. ? » Elle déposa un baiser au coin de ses lèvres. Elle voulut l'embrasser plus encore plus, toujours plus. « Voudrais-tu que j'arrête de te faire plaisir.. ? » Et sa bouche se faufila, serpent venimeux, jusqu'à son oreille. Et elle sentit le visage de Cerseï, collé au sien. L'odeur de sa peau, de ses cheveux, lui lécher les reins. « Ta bouche dit non... » Sa main, contre sa taille, contourna ses courbes, pour se saisir de sa robe. « Le reste, dit oui. »
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Et la lutte reprenait. C'était à celle qui surplomberait l'autre. C'était à celle qui ferait enfin ployer la seconde comme un roseau sous une brise gelée. Cersei entendait le glas annoncer la fin de leur joute. L'univers s'ouvrait en deux pour les engloutir. Elles ne seraient bientôt plus. Sa main voulut balayer cette fin qu'elle percevait au loin. Mais, Skarithra l'intercepta et, fit dégringoler ces dernières espérances. Elle hasarda un mouvement brusque afin de lui échapper. Elle secoua son bras à plusieurs reprises pour qu'elle la relâche enfin. Mais, Cersei n'était qu'une malheureuse brebis. Et elle était incapable d'agir lorsqu'elle se trouvait confronter à son amie. Sans doute était-ce cela qui la désarçonnait le plus. Skarithra faisait croître en elle un sentiment d'insécurité, de danger et d'exaltation. Cela n'avait aucun sens. Et, elle n'appréciait guère cette vulnérabilité étrangère qui la maintenait à elle. Elle fut incapable de s'affranchir. La poigne était ferme autour de son poignet de femme. Alors, elle fronça ses sourcils, le regard à la fois menaçant et craintif. « Lâche. Moi. » Elle prit soin de détacher chaque syllabe, se dissimulant derrière une autorité feinte, qui tremblait pourtant dans le creux de sa gorge. Elle serra le poing entravé, prête à bondir s'il fallait. Ou, prête à se laisser choir vulgairement sur le sol. Cersei n'entendait plus les mots que Skarithra se pressait à lui cracher au visage. Son unique préoccupation résidait à travers cette nouvelle proximité qu'elle sentait se réduire de seconde en seconde.
Cersei massa son poignet endolori lorsqu'il lui fut rendu. Les mains plaquées contre sa poitrine en un bouclier illusoire, elle recula précipitamment à l'approche de la Dame qui lui faisait face. C'était la peur qui la guidait. Elle aurait pu hurler, certes, avertir les gardes qui n'étaient pas loin. Mais qu'aurait-elle à leur expliquer ? Que pourrait-elle leur dire qui ne serait pas suspect ? Ou, peut-être ne voulait-elle simplement pas les impliquer. Le trouble était grand. Et, Cersei ne savait pas ce qui la poussait à fuir de la sorte, comme le ferait une adolescente esseulée. « Ne t'approche pas de moi », tenta-t-elle dans un souffle autocratique. Mais, sa seule réponse fut une gifle qui lui fit tourner brusquement la tête. Elle porta d'abord une main tremblante à l'endroit où la brûlure s'étendait puis, se surprit à lever la seconde pour atteindre, à son tour, la jeune femme. Cependant, ce fut un échec de plus. Son dos rencontra une colonne qui se trouvait non loin d'elle dans un froissement de tissu. Cette fois, il n'y avait plus d'échappatoire. Cette fois, elle n'aurait d'autre choix que se heurter à ce qu'elles avaient fais quelques jours plus tôt. Cersei soutint alors le regard qui se posa sur elle. Elle était fière, malgré cette main crapuleuse qui s'appropriait sa peau. Du moins, elle essayait de l'être. « Tu n'en as pas eu assez ? » Elle voulut se jouer d'elle également. Elle voulut reprendre le dessus sur cette femme qui s'insinuait dans le cercle restreint de son espace vital. Mais, son retour n'eut comme rugissement que le feulement d'un chat.
Les mots devenaient pernicieux. Ils trouvaient en elle une résonance lubrique qu'elle s'évertua, cependant, à ne pas écouter. Alors, elle ferma les paupières, espérant naïvement que cela la couperait du monde, ne serait-ce qu'un instant. Skarithra se fit pressante contre son corsage dont les lacets parfaitement ajustés l'empêchaient de respirer. Son souffle n'était plus qu'un sifflement alerte. Elle n'était plus en mesure de réfléchir. Pourtant, une petite voix égaré lui rappelait encore qu'elles étaient, ici, offertes à la vue de tous. Cersei voulut se débattre. Mais l'étau qui l’entraînait présentement dans un univers voluptueux lui laissait que très peu d'opportunité. « Laisse-moi partir... » Seulement, Skarithra prenait sa revanche. Sans doute était-elle dans son droit. Sans doute l'avait-elle mérité. Néanmoins, Cersei ne pouvait se résoudre l'accepter. Elle bataillait contre un ennemi qu'elle ne parvenait pas à saisir. Elle le savait. Mais un Lannister n'abandonnait pas aussi facilement. Du moins, c'est ce qu'elle ne cessait de se répéter. Skarithra était intrusive. Elle cajolait ses lèvres sans réellement s'y contraindre, effleurait ses courbes sans réellement s'y attarder. C'était un supplice. Et, lorsque les doigts vinrent agripper sa robe, c'est un soupir équivoque qui lui échappa.« Stop », siffla-t-elle, alors que ses poings vinrent marteler ses épaules. Skarithra était trop proche. Elle réanimait cette flamme tentatrice qui ne cessait de la hanter depuis ce fameux jour. « Qu'est-ce que tu veux de moi ? », s'égosilla-t-elle dans son hystérie, « Qu'est-ce que tu veux m'entendre dire ? » Le désir était là, lui aussi. Et c'est justement lui qu'elle redoutait le plus.
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