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La Rose Jouvencelle et le Loup Chevalier ❀ Robb Stark

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La Rose Jouvencelle et le Loup Chevalier

An 298 | Lune 12



Robb & Margaery


Margaery, Daena et Abigaëlle profitaient du soir couchant autour de leur petite collation, lorsqu'un page en livrée verte et or s'approcha de leur table, les mains jointes et triturant ses ongles comme un enfant ne sachant pas par quel bout commencer. Margaery, qui ne l'avait pas remarqué, continuait d'esquisser ses plans pour le bal qu'elle souhaitait donner, quand la toux timide d'Abigaëlle et le regard moqueur de Daena l'avertirent de la présence du pauvre valet, qui peinait de savoir où se mettre, tentant ça et là de s'approcher de la demoiselle Tyrell par un curieux jeu de jambes consistant à mettre un pied devant et aussitôt, deux pas derrière. Tiré de son récit, Margaery suivi le comportement de ses dames, et enfin, son regard noisette croisa celui du jeune homme qui instantanément, se courba en une génuflexion malhabile, bredouillant entre deux lèvres tremblantes que lady Margaery était demandée. Septa Nysterica avait en effet envoyer chercher sa jeune protégée, ayant fait préparer son bain et sa toilette pour le souper du soir qui devait se tenir en grande compagnie. Sans doute Sa Majesté le Roi avait-elle convié les nouveaux arrivants à partager sa table, en marge des discussions qu'elle menait avec Garlan et qui expliquait le séjour de la Rose Dorée à Port-Réal. Margeary adressa alors un sourire plein de compassion au pauvre mandaté des ordres de la religieuse, qui pouvait se montrer particulièrement sèche et autoritaire avec le personnel servant. Aussi, elle rassura le jeune homme en posant délicatement sa main sur son bras trempé de sueur. « Veuillez dire à ma bonne Septa que j'arrive de ce pas ! Et ensuite, prenez ce dragon et allez vous rafraîchir dans quelque taverne de la ville : je crois qu'une bonne cruche de vin vous ferait le plus grand des bien ! » Le page sourit nerveusement, accepta la pièce d'or que lui tendait la jeune fille et, tournant des talons, se lança toute jambe dehors à la recherche de sa mandataire, sous les rires des trois jeunes filles qui suivaient sa pauvre silhouette des yeux. Le jour tombait et avec lui, les derniers rayons d'un soleil qui éclairait de couleurs ocres la Baie de la Nera, et jouant de reflets chauds dans les cheveux défaits. Prenant congé des deux jeunes filles, Margaery emprunta alors le petit chemin bordé de fleurs qui menait vers le Donjon, une main distraite caressant chaque corolle au fil de son passage.

Elle était toute à ses pensées lorsque, brusquement, sa main fut happée par une autre, l'arrêtant net dans sa marche. Elle laissa échapper un hoquet de surprise, voyant que la main qui avait agrippé la sienne était grande, un peu cassée sans doute par un maniement quotidien des armes, et qu'elle la reliait à une jeune homme qui ne devait pas être de beaucoup son aîné. Plus de six pieds de haut, des épaules de lutteur, et un corps qui aurait pu servir de modèle à une effigie divine mais recouvert d'une peau tannée par le soleil et les intempéries. Un visage rieur, portant comme un trophée un nez aquilin éclairé par une paire d'yeux d'un bleu transparent, de cette teinte particulière aux glaciers de très hautes montagnes, et par des dents de carnassier blanches à faire frémir. Il les découvrait sans doute dans l'effort d'un sourire charmeur, mais à sa vue, Margaery tressailli. « Messire...? » fit-elle, cherchant à savoir à qui elle avait à faire, et surtout, à masquer la désagréable sueur de peur qui commençait doucement à perler contre son cou. Il tenait fermement sa main dans la sienne, et justement, cette fermeté avait quelque chose de singulièrement effrayant. Elle n'essayait même pas de se détacher de lui, ayant compris dès la première seconde qu'elle ne serait pas de taille à batailler contre lui. Elle se rendit compte alors qu'il dégageait une puissante odeur de vin, et que ses cheveux d'un noir de jet, suintaient la mauvaise humidité. Pourtant, il y avait quelque chose dans son maintien qui trahissait sa haute naissance. La chemise qui dépassait de son habit était taillée dans une jolie dentelle, et le cuir qui maintenait à sa taille ses effets - une épée bien forgée - signait son statut de gentilhomme. Mais la manière qu'il avait de caresser sa main la mettait mal à l'aise. « Disons que je suis le poète de votre coeur, ma Dame... » murmura-t-il tout bas, en réchauffant sa main de sa mauvaise haleine, après quoi il en effleura la peau d'un baiser aux lèvres brûlantes. D'un coup sec mais d'homme qui sait ce qu'il fait, il la rapprocha alors de lui et Margaery su qu'il ne s'agissait pas là d'une simple approche galante. Manifestement, cet homme avait dû trop boire et son désir, peut-être trop longtemps réprimé, s'était enflammé à la vue d'une jeune fille seule dans les jardins royaux où, par elle ne savait quel miracle, il avait reçu entrée. A moins, bien entendu, qu'il n'ait escaladé les façades... Frissonnant à présent d'un effroi réel, Margaery cherchait à se défaire de l'impérieuse emprise, tournant la tête de côté pour ne pas à offrir au vilain le visage d'une biche affolée. « Je crains que mon cœur ne soit pas disposé à entendre poésie ce soir ! Du reste, on m'attend : le Roi m'attend ! » ajouta-t-elle, calme mais soudainement autoritaire. Après tout, elle était sous la protection royale, et tout homme, même aviné, avait à craindre de la fureur de Rhaegard Targaryen.

Malgré la menace - car c'en était une ! - il ne la lâchait pas, se contentant de ricanner un peu bêtement. « Le Roi est bien chanceux de connaitre vos faveurs, ma Dame... Peut-être me les ferez-vous goûter en premier ? » Le « Oh ! » d'indignation de la jeune fille, suivi d'une gifle rutilante qu'elle claqua sur sa face de sa main libre, tirèrent du même coup l'improvisé séducteur de ses premiers badinages. Son visage commençait d'ailleurs à prendre une jolie teinte rouge et avec elle, la lueur un rien lubrique qui allumait ses beaux yeux bleu se changea en éclairs de colère. « Ah ! On choisi ses amants alors ? Moi aussi, figurez-vous ! Venez donc par là, dans les bosquets, que je vous montre... » Margaeary fut prise de panique ; son geste de défense avait déclenché la fureur de son assaillant, et il ne lui restait qu'une seule issue : crier à l'aide ! « A moi ! A moi ! » Pourquoi personne ne venait ? Et comment les jardins pouvaient-ils être aussi vides ? Aucun promeneur, aucun garde ? Personne ?!


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La journée avait été très chaude, même pour Port-Réal. Ce fut seulement au moment où le soleil commençait à décliner que le Nordien finit par quitter le château, lui qui passait d'ordinaire tant de temps à l'extérieur, que ce soit pour s'entraîner, pour lire, ou simplement pour vagabonder dans les jardins comme s'il n'en connaissait pas la moindre fleur depuis des années maintenant. Vent Gris, très somnolant aujourd'hui, n'avait même pas daigné l'accompagner, restant simplement allongé près d'une bassine d'eau glacée placée là par les soins de son humain de compagnie. Vêtu simplement d'une chemise très légère sous une veste de tissu et d'un pantalon de cuir, il se promenait, profitant avec une certaine joie du vent du soir sur son visage et dans ses cheveux. Robb avait envie de se rendre au bois sacré ce soir, profiter de la brise qui montait de la Néra et prier des dieux du Nord qui ne pouvaient l'entendre en ces lieux.

Les lieux étaient étrangement déserts, comme si tous les promeneurs avaient choisi de préférer la fraîcheur des pierres du Donjon Rouge. Cela n'était pas pour déplaire au Jeune Loup, qui sentaient aussi sur lui moins de regards, qu'il fût plein de pitié ou de mépris ne faisant pour lui que peu de différence.
Cependant, le silence se faisait également plus présent, ce qui lui permit sans doute de percevoir une voix qui semblait en colère, suivie d'un son sec. Intrigué, le Nordien tenta de trouver la direction de laquelle cela semblait parvenir, et il fut aidé en cela par les cris lointains qu'il continuait de percevoir. De plus en plus intrigué et inquiet, le Jeune Loup pressa le pas, jusqu'à découvrir une scène surréaliste. Un colosse -qu'il reconnût comme un chevalier du Donjon Rouge, Ser Medrick- qui tentait d'entraîner contre sa volonté une jeune femme de dos qu'il ne reconnût pas tout de suite.

Le sang du Nordien ne fit qu'un tour. La chevalerie n'était pas nordienne, mais lui-même avait été élevé avec les récits de héros, de Aemon Chevalier-Dragon et de ces noms qui résonnaient encore à ses oreilles avec une musique particulière. Comment un tel rustre pouvait-il porter le titre de Ser, et oser se comporter ici avec les gentes dames?
Il avança rapidement dans la direction de l'affrontement, arrivant dans le dos de la damoiselle, et il invectiva sans crainte celui qui osait se prétendre chevalier:

-Ser Medrick, puis-je vous demander où vous avez l'intention d'emmener cette jeune dame qui ne semble pas du tout encline à vous suivre?

Le chevalier leva la tête, manifestement surpris de le voir. Il l'avait reconnu sans peine, mais sans doute n'avait-il pas conscience de ce qu'il risquait. Cela ne serait tenu qu'à Robb, aurait-il sans doute terminé les intestins à l'air à nourrir les corbeaux.

-Voyons Robb, elle était tout à fait ravie de mon intérêt pour elle, n'est-ce-pas chérie?

Le concerné tourna la tête vers la jeune dame, et son coeur rata un battement quand il se rendit compte qu'il ne s'agissait de nulle autre que de lady Margaery Tyrell, dame de Haujardin et proche amie de son presque frère le Prince héritir! Les yeux bleus de Robb s'écarquillèrent de surprise et de colère, avant de se reporter sur Ser Medrick.

-Je ne suis pas persuadé que lady Margaery Tyrell se flatte de la courtoisie pachydermique d'un immonde rustre comme vous, Ser Medrick.

Le Jeune Loup avait insisté aussi bien sur le nom de la Dame que sur le Ser, qu'il avait prononcé comme si cela le dégoûtait de le nommer ainsi. Ce dernier pâlit légèrement en comprenant l'erreur monumentale qu'il venait de faire, mais il était trop tard pour faire machine arrière. Il dégaina un poignard long comme l'avant bras de Robb avant de pérorer:

-Et qu'est-ce-que tu vas faire, l'otage?

Robb émit un léger soupir, et d'un seul geste, dégaina sa propre épée d'une main, de l'autre saissant le poignet de la dame pour la placer derrière lui. D'une voix presque effrayante par son calme et sa menace, il dit en pointant clairement son arme sur le chevalier.

-Je ne vais pas dire que si tu t'en vas sans faire d'histoire cet incident sera secret, car c'est à lady Margaery d'en décider. Ca ne tiendrait qu'à moi, sache que tu ne serais plus en possibilité d'engendrer quelque descendance que soit quand j'aurais eu fini avec toi. Ce que je peux te promettre en revanche, c'est que si tu quittes pas les lieux maintenant, on retrouveras sans doute ton corps ici demain matin.

Le Jeune Loup vit la lueur d'hésitation dans les yeux de Ser Medrick. Robb était un bon combattant, et de surcroît otage, soit soumis à une certaine surveillance, et en admettant que le chevalier le batte, il serait impossible d'étouffer l'affaire. Quant à tuer également la fille pour lui éviter de tout raconter, c'était impossible, elle pourrait quasiment déclencher une guerre à elle toute seule.
Finalement, au bout d'un affrontement immobile et silencieux qui dura un temps infini, le chevalier rangea son arme, et dans un grognement indéfinissable, tourna les talons et s'éloigna.

Robb émit un autre soupir, plus long, plus soulagé, avant de se tourner de nouveau vers dame Margaery et de -enfin- lâcher son poignet qui avait décidément été bien meurtri.

-Vous allez bien, ma dame? Je suis profondément navré de ce qui vient de se passer, cet homme est un rustre et un ignorant. J'espère qu'il ne vous pas fait de mal.
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La Rose Jouvencelle et le Loup Chevalier

An 298 | Lune 12



Robb & Margaery


« A moi ! A moi ! » Sa voix lui semblait plus fluette que jamais, cependant que l'homme, doté d'une force certaine malgré son état d'ébriété, la tirait déjà sans peine vers un bosquet. Il ricanait contre ses cheveux, et elle pouvait sentir que l'alcool ingurgité n'avait pas seulement été un mauvais vin. L'odeur était si repoussante qu'elle eut un haut le cœur, et menaçait déjà de régurgité les pâtisseries mangées quelques heures auparavant. Comment, en l'espace d'un instant, était-elle passée de plaisanteries féminines au bord d'une terrasse aux bras d'un malotrus tel qu'il ne faisait pas grand cas de ce que sa robe arborait fièrement la broche en forme de rose si distinctement des gens de sa maison ? Mais manifestement, elle faisait ce soir connaissance avec la vile espèce qui peuplait la Capitale : loin des chevaliers de chez elle, cette espèce là recherchait le plaisir et l'assouvissement de désirs personnels et pervers, qu'une jolie jeune fille éclatante de santé avait nul peine à éveiller. Une espèce qu'elle avait eu la chance de ne pas croiser encore, une chance qui l'avait certainement aidée à aimer autant Port-Réal et son Donjon, sans se préoccuper plus que nécessaire de ses pièges et de ses dangers. Jusqu'à cet instant. Alors qu'elle se sentait tirer dans l'alcôve menaçante des branchages voisins, Margaery se traita intérieurement de sotte ; à bien des égards, elle était encore trop naïve, et elle payait aujourd'hui son excès d'insouciance de la pire des manières qui soit... ! 

Cependant, elle n'était pas prête à baisser les armes aussi facilement ; il avait beau la tenir fermement à présent, et par les deux poignets pour l’empêcher de frapper à nouveau, mais la jeune femme pouvait encore se servir de bien d'autres membres de son corps. A commencer par sa bouche, qu'elle pinça puis convulser, pour lui cracher vigoureusement à la figure. A cet instant, elle ne ressemblait en rien à la jeune dame de haute noblesse qu'on avait l'habitude de citer en exemple, mais bien comme une petite furie poussé par un élan dont elle ne se serait pas crue capable elle-même. Le profond dégoût qu'elle éprouvait pour son ravisseur avait de quoi réveiller ses instincts de survie les plus primaires, et si personne ne daignait venir à son secours, il fallait bien sacrifier les bonnes manières sur l'autel des guerriers. Il y avait cependant fort à parier que sa juteuse attaque ne porterait pas beaucoup de fruits, ce pourquoi elle se préparait à lui donner un vigoureux coup dans les parties intimes avec son genoux, lorsqu'une voix tonitruante se fit entendre. L'autre, occupé à s'essuyer pour palper au mieux sa sauvageonne, leva la tête par dessus les boucles brillantes de la jeune femme, et Margaery pu sentir son corps entier se raidir. Visiblement, l'intrus avait de quoi le stopper net dans ses ardeurs, et son cœur manqua un battement de soulagement : enfin, quelqu'un l'avait entendue ! Hélas, cela n'était pas suffisant ; l'irruption de surprise passée, l'homme se contenta de rire et de reporter son attention sur sa captive, en la gratifiant d'un sobriquet qui eut raison de l'assurance de la jeune fille. Elle était à présent littéralement apeurée par cette fasse aux dents carnassières et de ce regard lubrique que la venu d'un impromptu semblait exciter d'avantage. Désemparée, elle tourna alors la tête en sa direction, l'imploration peinte sur le visage comme la pitié sur celui de la Mère. Et elle poussa un cri en reconnaissant Robb Stark.

« Robb ! » lâcha-t-elle, tout sens du protocole et des manières envolées dans les bras de celui qu'à présent, elle pouvait identifier comme un certain Ser Medrick. Ser ?! Lui, un chevalier ? Et suffisamment gradé pour que la propre pupille du Roi le connaisse ? Margaery n'eut pas le temps de s'offusquer d'avantage des manières peu galantes qui semblaient avoir monnaie courante entre les quatre murs de la forteresse royale car déjà, Stark mangeait en deux enjambées les mètres qui le séparaient de la jeune fille et du malappris. Alarmé par sa présence, Medrick laissa échapper un poignet de Margaery, et attrapa une arme tranchante pour la présenter à quelques centimètres de la jugulaire de celui qu'il appelait « l'Otage ». Durant une seconde et demi, le regard noisette allait de l'un à l'autre, l'interrogation faisant briller ses prunelles plus encore que si elle regardait une mauvaise farce. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Allaient-ils se battre en pleins jardins maintenant ? Pour toute réponse, le jeune nordien lâcha un soupir et dégaina sans peine sa propre arme, qui sortie de son fourreau, émit suffisamment de bruit pour faire tressaillir le brusque chevalier, ce qui du même coup, eut raison de son emprise sur la jeune fille. Robb en profita alors pour se saisir d'elle, la faisant passer derrière son dos et lui proposant ainsi toute la musculature de son corps comme bouclier. Ce dont Margaery ne se fit pas priver : son amour des chevaux et de la fauconnerie l'avait faite souple et agile et, dans un froissement de robe, elle glissa derrière son protecteur, les deux mains sur son dos mais la tête jaillissant par dessous ses aisselles pour ne rien manquer de ce qui allait suivre. Si l'on allait se battre, autant aiguiller son sauveur sur les gestes de son adversaire ! Elle esquissa cependant un sourire en entendant le menaçant grondement de sa voix, alors qu'il lui révélait tout ce qu'il aurait envie de lui faire subir si cela ne tenait qu'à lui. Quel homme ! A croire que dans ces jardins, de vrais gentilshommes pouvaient aussi se trouver ! « De grâce, ne versez pas le sang ici. Cette ordure n'en vaut pas la peine ! » 

Mais ses mots se perdaient déjà, cependant qu'après un court instant, où Ser Medrick pesait sans doute le pour et le contre d'un tel duel, le contre fini par l'emporter à en juger par le grognement perdant, l'arme rangée et les talons qui détallèrent bien vite du chemin, laissant Margaery et Robb à bout de souffle par ce qui venait de se produire.
En effet, pour sa part, elle réalisa combien elle avait du mal à respirer et, toujours recroquevillée derrière son sauveur, elle porta une main à son corsage pour tenter de happer un peu plus d'air ! De son côté, Stark, qui tenait toujours son poignet entre ses mains, lâcha la jeune fille non sans aussitôt s'enquérir de son bien être. Pour toute réponse, Margaery se laissa tomber contre son torse pour y nicher un instant ses yeux qui menaçaient d'exploser en un millier de larmes. « Plus de peur que de mal, Messire ! » murmura-t-elle enfin contre sa chemise, avant de lever vers lui un regard plein de gratitude. « Je vous dois tant ! Si vous n'aviez pas... Si vous n’étiez pas... Les Dieux seuls auraient su ce qu'il en serait advenu de moi ! » Un léger sanglot l'empêcha d'aller plus loin mais, reprenant doucement contenance, elle s'écarte de lui pour maintenir la décente distance qu'imposait le protocole. Ses cheveux étaient décoiffés, et elle pouvait sentir qu'un pan de sa robe s'était déchiré au niveau d'une de ses hanches, révélant un éclair de peau laiteuse sous le soleil couchant. Elle avait l'air d'une véritable rescapée, et ses joues colorées de son aventure la brûlaient. Mais le sourire qu'elle lui adressa en disant d'avantage que tous les remerciements de la terre. Dans d'autres circonstances, elle aurait tout autant apprécié la vue de l'élancée silhouette, des cheveux auburn et bouclés qu'il tenait sans doute de sa mère, et de la barbe naissante qui, comme son ossature bien formée, trahissaient sans peine qu'il était à présent d'avantage homme qu'adolescent.


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Le jeune Stark attendit seulement que le rustre soit hors de sa vue pour rengainer lentement son épée, frissonnant à la seule idée de ce qui aurait pu arriver s'il n'était pas arrivé à temps sur les lieux. Maegaery n'aurait qu'à dire un mot, et Robb se ferait un grand plaisir de lui apporter sa tête sur un plateau d'argent.
Il se tourna vers elle pour s'enquérir de sa santé, et alors qu'il la regardait, sa beauté et sa détresse lui sautaient presque à la gorge. Sa robe était abîmée, sa coiffure défaite et ses joues rouges, et pourtant elle restait resplendissante. Qu'il était peu surprenant que son ami le Prince soit soit tant attaché à la Rose de Haujardin! Les mèches échappées de sa mise tombaient sur ses joues et lui donnaient un air sauvage, et malgré sa robe en un triste état, elle restait plus digne et plus charismatique que nombre d'impératrices.

Quand il s'enquit de son état, la jeune femme se lova contre lui pour garder le contrôle de ses sanglots. Désemparé et profondément attristé, Robb passa ses bras autour d'elle pour la consoler, la compassion l'emportant sur tout sens du protocole. Lady Margaery, d'ordinaire si assurée et si rayonnante, venait de comprendre brusquement la fragilité de l'existence qui pesait sur chaque être humain, et plus encore sur les femmes.

-Rassérénez-vous ma Lady, jamais je n'aurais permis qu'il vous arrive quoi que ce soit. Vous n'avez qu'un mot à dire, et je vous obtiens son arrestation et son envoi à Haujardin pour châtiment. Souhaitez vous également que je demande à sa Majesté d'affecter un garde royale à votre protection le temps de votre séjour à Port-Réal? Vous pourrez avoir toute confiance en eux.

Robb était tout à fait sérieux. Il avait suffisamment l'oreille du Roi pour que son témoignage, ajouté à celui que la Dame, mène à son arrestation, et s'il y mêlait Aegon, qui jamais ne remettrait la parole de la Rose en doute, il n'était même pas certain que Ser Medrick vive encore un jour!
Quand la jeune femme s'écarta de lui, Robb l'invita d'un geste de la main à faire quelques pas pour se rapprocher du palais et lui permettre de prendre le temps de se calmer. Le Jeune Loup se rendit compte néanmoins que sa robe n'était décidément plus présentable. Il se défit donc de sa propre veste, faite d'un tissu très léger et brodée au fil d'argent du sombreloup Stark, avant de la poser délicatement sur les épaules de lady Margaery. Sur lui, elle n'arrivait qu'à la taille, mais leur différence de carrure serait suffisante pour couvrir les déchirures sur cette robe.

-Si cela ne vous importe pas de porter mes couleurs pour quelques instants ma Dame, voilà qui vous couvrira.

Apercevant -enfin!- un page au loin, Robb le héla et le somma sans ménagement de tout de suite apporter du vin à la dame de Haujardin. Peu habitué à entendre la pupille du Roi s'adresser à un serviteur de ce ton autoritaire, ce dernier détala sans demander son reste pour revenir avec une coupe de l'un des plus beaux crus de la Treille disponibles au Donjon Rouge. Le Nordien espérait que cela aiderait la jeune femme à se remettre d'aplomb. Il lui proposa de prendre place sur un banc pour que chacun puisse reprendre ses esprits, et tandis que la jeune lady s'essayait, Robb s'amusait en silence du sombreloup sur sa veste qui ne semblait pas à sa place au milieu des roses de cette robe.

-Je suis navré que nos retrouvailles se fassent autour de ce triste événement, lady Margaery. Cependant, c'est un plaisir pour moi de vous revoir ici au Donjon Rouge.

Robb et Margaery s'étaient après tout déjà rencontré, il y avait environ six lunes de cela, lors de la première visite à la Cour de cette dernière. Le palais avait par ailleurs été charmé par la jeune femme, et peut-être un Dragon en particulier plus encore que les autres. Le Nordien s'était amusé du clair intérêt du Prince Aegon pour la Rose, allant jusqu'à le taquiner gentiment à ce sujet. Il n'y avait aucun doute qu'il devait se réjouir de la présence à Port-Réal de la délégation Tyrell.
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La Rose Jouvencelle et le Loup Chevalier

An 298 | Lune 12



Robb & Margaery


Au fur et à mesure, elle arrivait à reprendre ses esprits, à réguler son souffle qui s'était fait erratique, et à maintenir le tremblement qui secouait son corps tout entier. Elle se perdait dans les yeux du jeune homme, dont émanait une si vive chaleur qu'elle voulait s'en nourrir et chasser définitivement le souvenir des mains froides et moites de son ravisseur. Il avait l'air sincèrement compatissant, si ce n'était pour un ou deux éclairs de colère qui faisaient ça et là briller ses prunelles noires, et qui traduisaient nettement ce qu'il avait envie de faire vivre à celui qui avait oser poser ses malheureuses pattes sur la damoiselle. D'ailleurs, il proposait déjà plusieurs mesures quant à sa protection, et d'envoyer chercher le misérable pour qu'il reçoive le châtiment mérité qu'on avait bien voulu reporter pour le bien de la jeune fille. Cette simple perspective la raidit cependant d'un seul coup : si ses frères apprenaient ce qu'il venait de se passer, elle ne donnait pas cher de la vie de son agresseur ! « Je... Je... » balbutia-t-elle un instant, une image affreuse d'un corps saigné à blanc par trois paires de mains suspendu aux grilles du Donjon.

Oh ce n'était pas qu'une fantaisie à faire peur ! Les Dieux témoins, il ne lui était jamais arrivé pareille scène, mais à en juger par les regards glacés que Garlan jetait souvent aux damoiseaux tournant trop souvent autour de sa sœur, Margaery pouvait aisément se représenter les conséquences d'une véritable colère fraternelle, que Loras et Willos, malgré sa mauvaise jambe, s'empresseraient de partager. Déglutissant péniblement, elle posa une main sur le bras de son sauveur. « Croyez-vous cela absolument nécessaire ? Après tout, il s'agit d'un cas isolé, et je ne voudrai pas que l'on fasse de moi une martyr ! » Ses mots lui permettaient de retrouver contenance et bientôt, la jeune fille retrouvait son maintien, sa voix et son sourire, qu'elle lui offrit avec un surplus de gratitude. Il était, décidément, exceptionnellement prévenant. Mais l'idée que deux colosses armés la suivent nui et jour, et lui rappellent l'affreux souvenir de ce qu'elle venait de vivre, lui était insupportable. Elle accepta sa camisole avec grâce, s'enveloppant dans les tissus comme dans une rassurante couverture et ferma les yeux. Elle dégageait une odeur mélangeant sueur et cuir, ainsi qu'un peu de crin de cheval mais fort heureusement, aucune odeur d'alcool et la jeune fille la resserra plus fermement encore contre ses épaules. Elle se laissa volontiers amenée jusqu'à un banc où il la fit assoir, et il était encore si visiblement préoccupé de son état que sa sollicitude la toucha au plus profond de son être. « Vous êtes un modèle de galanterie ! Moi aussi, j’eus préféré vous revoir en d'autres circonstances et une fois de plus, je vous remercie d'être venu à mon secours. J'ai cru que personne ne m'entendais, les jardins étaient si vides... !  » Sa voix se brisa à nouveau, et elle détourna la tête. Il y avait fort à parier que malgré tous les efforts qu'elle emploierait, il ne lui serait pas donné d'oublier de sitôt ce qui venait de se produire entre les fleurs. Et elle en ressentit soudain une profonde tristesse.

Elle réalisait qu'elle n'arriverait plus jamais à voir les jardins comme avant, et que par quelques gestes, l'inconnu venait de jeter une ombre noire et puante sur ses plus beaux souvenirs. C'était dans ces mêmes jardins que quelques Lunes auparavant, Aegon s'était promené avec elle, lui avait sourit, l'avait prise dans ses bras... A présent, ces fleurs, ces bosquets, ces branchages, étaient le théâtre de cris de détresse, de ricanements menaçants et de la supériorité du muscle sur de frêles courbes. Elle frissonna. La Cour était dangereuse, loin de ce qu'elle avait imaginé jusqu'à présent. Elle commençait à comprendre les mises en garde de ses frères, et de sa grand-mère aussi qui, bien que ravis de ses brillants débuts, n'avaient pas manqué de lui rappeler que les marches du pouvoirs étaient semées d'embuches, et que les obstacles pouvaient surgir de n'importe où. Même de là où on se pensait en sécurité. Margaery renifla, et essaya de remettre quelque peu d'ordre dans ses cheveux qui n'en avaient plus beaucoup. Et soudain, elle eut un petit rire. Un rire nerveux, qui trahissait encore l'état de choc sous lequel elle se trouvait, et qui ne la quitterait pas de sitôt. Mais néanmoins, elle riait. « Quand Septa Nysterica va me voir rentrer... Avec mes nipes et votre veste sur le dos... Je la vois déjà écarquiller des yeux, maudire les décadences de la Capitale et juré sur les Dieux que jamais, jamais elle ne remettra les pieds ici ! » Son rire s'accentuait, cependant que le page que Stark avait hélé quelques instants plus tôt, réapparaissait avec un pichet de vin et deux gobelets d'argent. La vue du breuvage la fit rire de plus belle. Elle ne buvait jamais de vin, si ce n'était pour les grandes occasions ou pour célébrer la fin des vendanges chez ses cousins Redwyne. Et pourtant, elle avala le liquide ambré d'une traite, comme on l'eut sans doute fait dans quelques taverne. Elle adressa alors un regard où brillait les premières effluves nées de l'alcool : « Et en plus, vous me faites boire ! De grâce, gardez-vous de vous présenter auprès d'elle, elle serait bien capable de vous rosser à grands coups de bâton ! »


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Robb continuait de se soucier de l'état de lady Margaery, tremblant bien plus qu'il ne voulait le lui montrer à l'idée qu'il ne soit pas arrivé à temps pour lui venir en aide. Il n'osait imaginer la jeune femme, amie de Aegon, entre les griffes d'un tel rustre! Des images lui venaient en tête, et il avait beau tenter de les chasser comme il pouvait, elles ne cessaient de revenir. La dame, dans un état bien pire que maintenant, l'immonde chevalier triomphant. Dans un monde injuste où l'honneur des femmes ne reposait que sur leur capacité à conserver leur "vertu", Ser Medrick aurait tout aussi bien pu pérorer que lady Margaery s'était donnée à lui volontairement, et sans doute l'aurait-on plus cru qu'elle, toute dame et toute noble qu'elle fût. Ces seules pensées faisaient bouillir le sang du Jeune Loup, et dès que ses yeux s'éloignaient d'elle, ils dardaient une colère qu'il avait le plus grand mal à dissimuler.

Lui qui avait passé tant de temps au Donjon Rouge à sentir les regards amusé ou méprisants dans son dos, à faire semblant d'ignorer les mots injurieux qu'on lançait sur son passage alors qu'il n'était qu'un enfant, avait travaillé jusqu'à la perfection ce qu'il appelait parfois sa "neutralité protocolaire", ce visage par lequel il semblait que rien au monde ne pouvait l'atteindre réellement. Mais là, son expression oscillait entre une sollicitude réelle pour la Rose et un bouillonnement de colère qu'il ne maîtrisait que pour empêcher ses membres de trembler sous l'envie de dégainer de nouveau et de planter sa lame dans le dos de Ser Medrick. Peut-être était-ce là seulement l'impétuosité nordienne qui s'exprimait.

Robb ne s'était certainement pas attendu que sa proposition de faire châtier l'impudent mette la jeune dame aussi mal à l'aise. Quand il sentit une main se poser sur son bras, il baissa de nouveau les yeux vers elle, tandis qu'elle semblait lui supplier du regard de n'en rien faire. Inclinant la tête dans sa direction, il répondit d'une voix douce pour la rassurer:

-Ma lady, je ne ferais rien que vous ne m'aurez pas demandé. Si vous souhaitez que tout cela reste entre nous, soyez certaine que j'en toucherai mot à personne de mon vivant, les Anciens Dieux m'en sont témoins. Cependant, vous faites preuve de bien trop d'indulgence envers cet rat.

Il finit par lui accorder un sourire, pour bien lui montrer qu'elle pouvait avoir confiance en lui. Le Loup et la Rose s'assirent ensemble sur le banc en attendant que le page revienne. Margaery le remerciait pour sa sollicitude, mais Robb lui faisait signe qu'il n'y avait rien dont elle doivent se sentir reconnaissante. Si l'altercation avait eu lieu avec n'importe quelle dame, qu'elle fût noble ou servante, sans doute serait-il intervenu dans la mesure où il jamais laissé un prétendu chevalier faire sa loi au Donjon Rouge. Mais il avait de plus été question de protéger la chère amie de son frère de l'été.

Une fois le page revenu,la jeune femme se saisit d'une coupe tandis que Robb en faisait de même. Il espérait que cela aiderait la dame de Haujardin à se remettre d'aplomb. Et elle eut un rire nerveux avant de moquer sa mise et imaginer sa septa la découvrant ainsi, avec les couleurs Stark sur elle de surcroît! Comme souvent quand il était question de se genre de choses, les yeux du Nordien restèrent quelques secondes dans le vide comme s'il ne comprenait pas. Ce n'est d'ailleurs pas tant qu'il ne comprenait pas qu'il n'y avait surtout pas pensé de lui-même. Il s'était beaucoup fait taquiner à ce sujet par son amie Boadicée Sand, par exemple. Une fois l'idée assimilée, le feu lui monta jusqu'aux joues, enflammant sa peau pâle de Nordien. Il bredouilla rapidement quelque chose qui ressembla à "Ma Lady, jamais je ne me permettrais une telle...", conscient que cela ne risquait que d'augmenter l'hilarité de Margaery. La dame à la Rose était certes d'une grande intelligence et d'une grande beauté, mais ses obligations et ses sentiments allaient à une autre Dame. Non pas une Rose, mais une Sirène. Et quand bien même il n'y aurait pas eu de négociations avec lady Wynafryd...jamais il ne se serait permis d'ainsi se comporter avec une jeune femme si chère à Aegon.

Cette dernière semblait se détendre avec l'aide du vin, et la tension semblait se défaire progressivement, du moins entre eux deux. Robb porta sa propre coupe à ses lèvres, appréciant le goût de la Treille dans sa gorge. Cela lui permis également de cacher sa confusion, tandis que ses joues reprenaient sa carnation nordienne habituelle.

-Ce...Ce regrettable incident mis à part ma Lady, j'espère que vous êtes contente de retrouver la capitale. Comme lors de votre première visite, vous évoluez sous les yeux ébahis de la Cour toute entière. Même si je suppose qu'il n'y a un regard en particulier qui trouve grâce au vôtre.

Portant de nouveau la coupe à ses lèvres, Robb lui adressa un petit sourire complice. Aegon ne lui cachait rien, et le Jeune Loup n'ignorait pas la sorte de béatitude dans laquelle il avait retrouvé son ami après le départ de la Rose. Il n'était pas certain de l'avoir déjà vu aussi troublé par une femme.
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La Rose Jouvencelle et le Loup Chevalier

An 298 | Lune 12



Robb & Margaery


L'alcool commençait à faire effet. Le cru qu'on leur avait apporté devait être né de grappes ayant longtemps mûri au soleil, car elle pouvait sentir la doucereuse chaleur, un rien brûlante, emplir sa gorge et lentement se déverser dans son corps. Une sensation qui lui faisait du bien, et qui lui fit comprendre combien elle avait froid. La nuit commençait à présent à tomber, et la brise qui arrivait de la mer se faisait plus fraiche. Autour d'eux, des serviteurs commençaient à allumer quelques torches, baignant les jardins dans une lumière douce et réconfortante. Assise là, sur ce banc, auprès de Robb qui la couvait de son regard et de son corps, elle se sentait vraiment en sécurité. Elle était rassurée. Mais pour combien de temps ? Même si la proposition d'être dorénavant escortée ne lui apportait aucun plaisir, il fallait bien reconnaitre qu'elle n'en avait pas le choix. Port-Réal n'était pas Hautjardin ; pour son bien, celui de sa famille et peut-être, de la réputation du Donjon toute entière, elle ne pouvait plus arpenter le palais comme bon lui semblait. Pour autant, elle tenait à ce que l'incident ne s'ébruite pas, et que si protection il devait y avoir, elle devrait officiellement être organisée comme mesure de prévention. 

Réfléchissant à voix basse, elle finit par porter sur Robb un regard résigné. « J'aimerais, en effet, que cette histoire reste aussi discrète que possible... » commença-t-elle. « Comme je vous l'ai dit, je ne veux pas paraitre en martyr, et être couvée comme le sucre au soleil. Ce n'est pas la façon dans laquelle j'ai été élevée, et ce n'est pas aujourd'hui que je me mettrai à trahir mes valeurs. » Elle était, en effet, déterminée. Sa fierté féminine, doublée de l'exemple donné par sa grand-mère, lui commandaient de ne pas céder à la panique à l'idée d'avoir échappé, de peu, au crime de chair. Elle n'y était pour rien, bien sûr, mais les rumeurs allaient bon train. Il y avait, entre les murs de la ville et de son palais, bien des langues avides de voir la Petite Rose chuter. Les Lunes écoulées n'avaient en rien entaché la sensation qu'elle avait déclenchée, et elle imaginait sans peine qu'une telle montée en réputation compromettait de forts nombreuses ambitions. Et si, à cet instant précis, elle n'avait que faire des intrigues, il ne fallait pas pour autant tout oublier. Bien que la venue des Tyrell s'expliquait par les affaires que Garlan entendait traiter en personne avec le Roi, il ne faisait aucun doute que la Rose Dorée entendait continuer faire bonne impression à la Cour, Margaery en tête de file. « ... Mais peut-être avez-vous raison. Je ne peux, ne fut-ce que dans les jours prochains, prendre le risque qu'à nouveau, Ser Medrick me débusque dans les jardins. D'ailleurs, » ajoutat-elle brusquement, une lueur de peur dans les yeux, « comment se fait-il qu'un rustre pareil ait pu être adoubé et, comble du déshonneur, ose se montrer au palais avec la mine dans laquelle il m'a accostée ? Je ne suis pas née hier, mais il me semble que la consommation abusive de l'alcool pour un chevalier n'est pas tolérée par Sa Majesté ! »

La jeune fille avait sciemment évité la remarque de Stark au sujet d'Aegon. Intérieurement, toute l’effervescence autour de son rapprochement avec le Prince tirait sur ses nerfs. Bien entendu, dès l'instant où les deux jeunes gens avaient partagé le plus clair de leur temps ensemble lors de son dernier séjour, on jaserait. Beaucoup. Elle s'y était préparée, drapée de son sourire mutin et de ses manières délicates. Mais elle avait l'impression que depuis plusieurs jours, la maîtrise des évènements lui échappait. Car non seulement, il fallait composer avec les regards envieux et les curiosités mais en plus, avec les sollicitudes de ceux qui lui étaient les plus proches. Loras, en premier, avait mis le doigt sur son dilemme. Qu'elle se l'avoue ou non, Margaery était bel et bien tombée amoureuse du Prince, un sentiment qui lui faisait peur et qui la relayait au rang de toutes ces femmes que lady Olenna lui avait appris à mépriser. Daena et Abigaëlle ensuite, qui l'avaient forcée à révéler le secret de leur correspondance, mettant en lumière à quel point elle n'était pas capable de garder son amour secret très longtemps. Et maintenant, Robb Stark ! La propre pupille du Roi et surtout, le meilleur ami, le confident de l'homme de ses pensées ! Son faible lui était-il donc si visiblement peint sur la figure qu'il en venait à faire sourire quelqu'un qu'elle l'avait rencontrée qu'à une seule occasion ? Et pourtant, tandis qu'elle reprenait une gorgée de vin pour se donner contenance, elle pouvait sentir son cœur battre lourdement dans sa poitrine. Bien sûr que les robes qu'elle portait, les coiffures qu'elle arborait, et tous les autres déploiements de trésors féminins qu'elle cultivaient, n'étaient dirigés qu'à l'égard d'un seul homme. Un homme qu'elle n'avait toujours pas revu, et ce malgré son arrivée à la Cour la veille...

« J'attendais mon retour à Port-Réal avec tant d'impatience... » finit-elle par lâcher. Elle eut un petit sourire triste, et leva les yeux vers Robb. Dans le fond, elle savait qu'il ne lui voulait pas de mal, et que parmi les crapules qui grouillaient dans les couloirs du Donjon, il sortait comme un véritable chevalier à la cape blanche, défendant la veuve et l'orphelin, sans doute pétri du même sens de l'honneur que tous ceux qui avaient fait l'histoire de sa légendaire famille. « Ne lui dites pas... Je ne veux pas passer pour n'importe qui à ses yeux... » souffla-t-elle, un léger sanglot dans la voix. C'était comme si on l'avait souillée, et qu'elle ne pourrait plus jamais paraitre devant ses yeux. Alors que tout ce qu'elle désirait depuis son arrivée, c'était de retrouver ses bras, son souffle sur ses cheveux et sa voix la berçant doucement...


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Le Jeune Loup sirotait doucement sa coupe de vin, plus pour tenir compagnie à lady Margaery qu'autre chose, même si la saveur sucrée de la boisson réchauffait doucement son corps, qui se débarassait lentement des tremblements de colère qui le prenaient un peu plus tôt. L'adrénaline retombait, même si au fond de son coeur, la haine du Nordien pour Ser Medrick n'était pas prête de se résorber. Tout d'abord car il s'en était pris d'une odieuse façon à la Rose, et que pour lui il méritait la mort en châtiment pour ce crime, et d'une façon presque plus profonde encore car il déshonorait la chevalerie qu'il avait toujours admirée. Lui-même ne se ferait jamais adouber, car il savait que les Nordiens verraient en cela la preuve qu'il était Dragon et non Loup. Cela n'empêchait pas Robb d'embrasser les valeurs de gloire et de sacrifice de la chevalerie. Il se souvenait encore de cette mémorable conversation qu'il avait eu avec le plus noble d'entre tous, le Capitaine de la Garde royale, Ser Barristan. Comment imaginer qu'un honorable homme lui et ce rat de Medrick partagent seulement le même titre de Ser?

Robb en était là de ses réflexions quand la belle Rose lui dit à voix basse qu'elle ne voulait pas que cet incident soit connu. Le Jeune Loup lui adressa un profond hochement de tête, signe qu'il comprenait parfaitement ce choix et qu'il le respecterait. Ses doigts se serrèrent cependant brièvement autour de sa coupe quand il pensa au fait qu'il continuerait à croiser régulièrement l'immonde personnage, même après le départ de la délégation Tyrell, et qu'il serait tenu de garder le secret. Ce n'était pas à lui de prendre cette décision, mais nul doute que son épée le démangerait encore un moment.

Lady Margaery partageait manifestement son incompréhension quant au fait qu'un rustre tel que lui ai pu accéder au titre de chevalier. Approuvant son point de vue avec une moue désabusée, il répondit:

-Je vous avoue que cela échappe autant à ma compréhension qu'à la votre, ma Dame. Je ne le connais pas suffisamment pour connaître les détails de son histoire, cependant cela me désole également. Les nobles filiations et les jeux de pouvoir semblent avoir remplacé l'honneur et la droiture dans la désignation des chevaliers, ce qui me semble bien regrettable.

Robb secoua légèrement la tête en signe de déception. Que les temps semblaient difficile pour ceux qui voulaient se réclamer de l'exigence d'esprit et de la droiture! Tant d'hommes étaient maintenant bien plus dignes de respect que ceux qui se réclamaient de la chevalerie! Les Nordiens, souvent considérés comme des rustres et des sauvages, n'avaient nul besoin du titre de Ser pour montrer leur bravoure, commr ils l'ont toujours fait depuis des siècles et des siècles, avant l'invention du concept même de chevalerie!

-Ce que je vous propose, ma Lady, si vous ne voulez pas apparaître comme une demoiselle en danger, c'est de faire appel à moi quand vous n'êtes pas avec vos dames de compagnie, votre famille ou les Targaryen. Nous n'apparaîtrons que comme des amis allant tranquillement, et je doute que Ser Medrick ai l'impudence de réapparaître en ma présence. Il est rustre, mais pas stupide. Bien sûr, ce serait seulement selon votre convenance ma dame.

Peut-être que la Rose de Haujardin n'apprécierait pas de se trouver aussi souvent en compagnie de l'otage de la Couronne. Robb avait proposé cela car il le considérait comme une bonne alternative à la compagnie de deux gardes royaux qui ne semblait pas ravir la jeune femme. Cela lui permettrait d'être protégée, sans que de l'extérieur cela ressemble à autre chose que deux nobles conversant ensemble.

Le Jeune Loup ne savait pas si c'était son allusion à Aegon qui eut cet effet, mais il vit bien vite la Rose déplorer ses retrouvailles avec le Donjon Rouge, et le supplier de n'en dire au Prince. Le sanglot qu'il entendait dans cette voix brisait le coeur du Nordien, qui se permit alors un geste peu protocolaire: Il se pencha vers Lady Margaery et posa délicatement sa main sur son épaule. La regardant dans les yeux, il lui dit tout doucement:

-Ma lady, je vous ai dit que je n'en parlerai à personne, cela s'applique également à lui. Vous pouvez compter sur moi je vous l'assure. Mais je vous en prie, ne pensez jamais que vous pourrez être un jour n'importe qui à ses yeux. Je dépasse sans doute les limites de la bienséance en vous disant cela et je vous demande de m'en pardonner, mais vous êtes tout sauf n'importe qui pour lui. Pardonnez-moi, je parle trop et outrepasse certainement ce qui me regarde.

Robb retira sa main et détourna le regard quand il se rendit compte qu'il allait sans doute vraiment trop loin avec la jeune femme. Son but n'était certainement pas de la mettre mal à l'aise après tout, c'était même le contraire. Mais ce qu'elle venait de vivre n’éclipserait jamais sa valeur, son intelligence et sa beauté. Et le Nordien aurait pu parier sa main sur le fait que même s'il avait tout raconté à Aegon, son intérêt pour la Rose n'aurait fait encore qu'augmenter. Une fois qu'il aurait obtenu la tête de Ser Medrick, bien sûr.
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La Rose Jouvencelle et le Loup Chevalier

An 298 | Lune 12



Robb & Margaery


Alors qu'elle laissait enfin ses mots rejoindre ses pensées, la jeune fille réalisait soudain à quel point elle était déçue. Déçue qu'après six lunes cousue d'une correspondance aussi assidue qu'enflammée, en parfaite continuité avec ce qui s'était passé dans cette chambre où elle se rêvait chaque nuit, Aegon n'était pas venu à sa rencontre. Ni lors de son arrivée en grande pompe aux portes de la ville, alors que les petites gens chantaient les louanges de cette gracieuse et noble famille qui leur apportait vivres et médecines, ni lors de cette après-midi qu'elle avait suffisamment organisée bruyante et voyante pour attirer son attention. En vain. A cette heure-ci, impossible de savoir s'il s'acquittait de ses devoirs en tant que Maître des Navires, ou s'il courrait le Bois du Roi pour la chasse royale. Mais il était absent. Une absence qu'elle ne supportait pas, et qui doucement mais sûrement, installait des doutes. Des doutes sur les mots échangés, sur les promesses faites, sur les assurances données. Et si elle avait ét remplacée ? Si le cœur princier, que l'on disait aussi impénétrable que volage, battait à présent sur un autre rythme qu'autrefois ? Elle serait alors ridiculisée, relayée au rang de conquête comme toutes les autres. Un titre dont elle se passait volontiers, et qui était bien loin de celui qu'elle était venue cherchée. Elle comprenait à présent mieux les mises en garde d'Olenna. À son retour, elle avait bien vu dans ses yeux un mélange de fierté et d'inquiétude. Fierté que sa petite fille ait rempli parfaitement sa mission - faire une entrée éclatante à la Cour et capturer les regards, dont celui du prince héritier, mais inquiétude de voir que si le charme de la jeune fille avait opéré, elle était loin d'être insensible au charme de celui qu'elle avait été chargée de séduire. Aussi, elle avait œuvré sans relâche pour remettre au clair les idées de sa protégée, et de lui faire entendre raison. Mais c'était plus fort qu'elle... Et voilà maintenant, au comble de tout, qu'elle compromettait malgré elle une vertu qui lui était précieuse ! Les assurances de Stark avaient beau quelque peu la rassurer, ne disait-on pas qu'au Donjon Rouge, rien ne passait inaperçu ?

« Je vous remercie... » murmura-t-elle néanmoins, soucieuse de ne pas offrir une mine trop déconfite à son sauveur. Après tout, il n'y était pour rien dans sa déception, et il lui avait évité le pire. Elle lui adressa d'ailleurs un sourire sincère lorsqu'il lui proposa d'assurer lui-même sa sécurité. D'un geste instinctif, elle prit sa main et la serra un instant dans la sienne. « Par les Dieux, Robb Stark, vous êtes fait de cette trempe d'hommes comme on n'en rencontre plus beaucoup. Je vous suis infiniment reconnaissante, et c'est avec plaisir que j'accepte votre protection ! Soyez assuré que le moment venu, une fois le temps coulé sur cette malheureuse affaire, j'aurai à cœur d'entretenir mon père et ma grand-mère, mes frères et ma mère de votre implication et vous serez toujours accueilli en ami à Hautjardin ! » Des paroles qu'il ne fallait pas prendre à la légère. Lorsque Margaery demandait quelque chose aux siens, elle était toujours certaine d'obtenir gain de cause. Et lorsque Mace apprendrait que l'héritier de Winterfell avait sauvé sa fille adorée, nul doute qu'il serait son invité particulier avec tous les honneurs. Pour elle qui avait eu la chance de grandir dans un environnement familial et chaleureux, elle n'osait pas imaginer la situation d'otage qu'il vivait depuis tant d'années, arraché à ses racines, condamné à vivre une existence étrangère mais toujours avec un sourire satisfait. Elle espérait qu'un séjour à Hautjardin pourrait égayer un quotidien qu'elle devinait beaucoup moins évident qu'il n'y paraissait, et comptait bien déployer des trésors d'hospitalités pour lui faire aimer un séjour qu'elle souhaitait prochain. « Ce sera un honneur pour moi de partager du temps en votre compagnie ! Ma grand-mère tient votre père en grande estime, et je la sais déjà fière de nous savoir amis. Car c'est bien ce que nous sommes, n'est-ce pas ? » ajouta-t-elle soudain, confuse. Pour elle, il ne faisait plus aucun doute qu'un lien particulier s'était tissé entre eux, comme seuls peuvent en connaitre ceux qui ont traversé des épreuves ensemble. Bien sûr, pour un guerrier aussi aguerri que lui, voler au secours de demoiselles en détresse répondait sans doute mal au caractère d'épreuve, mais pour elle qui avait cru assouvir les désirs de son rustre d'agresseur sans que personne ne lui vienne en aide, le qualificatif était bel et bien de mise. « Quant à "Ser" Medrick... disons qu'il risque de tomber entre les mains moins protectrices de mes frères... »

Son petit rire, de même que son témoignage d'affection à l'égard de son sauveur, ne parvenaient pas à recouvrir l'image de l'absence cruelle et béante d'Aegon, et dont Robb lui assurait des sentiments. Elle sentit une boule se former au creux de son ventre, et elle eut toutes les peines du monde à ne pas éclater en sanglots. Elle était connue pour sa maîtrise, mes ses nerfs tenaient à un fil bien trop mince depuis son agression, combinée à son attente quasi désespéré de le revoir, pour que sa sérénité légendaire n'en souffre pas un peu. Elle laissa donc échapper un petit soupir. « Je ne saurais présumer des élans intimes de son Altesse... » Prudence. De toute évidence, Aegon s'était confié ou du moins, avait laissé échapper quelques indices quant à la relation qui l'unissait à la jeune fille, indices que le jeune loup avait été suffisamment éveillé pour capter. Mais elle ne pouvait pas décemment s’épancher sur son trouble, et plus encore sur son agacement de ne pas le voir auprès d'elle. Ses sentiments étaient bien secondaires à la partie fine qu'Olenna, par le biais de Willos, jouait en coulisses de cette visite Tyrell ) Port-Réal. Néanmoins, la jeune fille eut pour son sauveur un sourire timide, qui donna à ses joues une jolie teinte rose. « J'espère ne pas devoir repartir trop tôt sans avoir pu le revoir. Mais j'imagine à quel point les... devoirs d'un Prince héritier, doublés de ceux d'un Maître des Navires, doivent retenir toute son attention. Il y a toujours plusieurs roses sur un rosier, et on a vu certaines fâner au lendemain de leur éclosion... »


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LA ROSE JOUVENCELLE ET LE LOUP CHEVALIER



Robb faisait de son mieux pour apaiser les craintes de la douce Rose, conscient cependant qu'il n'était nullement la bonne personne pour cela. Il aurait aimé pouvoir tout raconter à son cher ami Aegon, qui aurait sans doute été bienvenu auprès de Margaery pour la rassurer. Mais il avait promis à cette dernière de garder le secret, et tant que ce serment le lierait, nul mot à ce sujet franchirait jamais les lèvres du Jeune Loup. Il comprenait de plus le point de vue de la jeune femme, qui ne voulait pas apparaître comme faible au sein du nid de vipères de la capitale, même si rien de tout cela n'était arrivé par sa faute. C'était le fardeau des femmes en ce monde, porter pour elles la stupidité et la violence des hommes.

Lady Margaery reprit quelque peu contenance, et accepta la proposition du Nordien de lui servir de protection durant son séjour à Port-Réal. Cela tira un léger sourire au jeune homme, qui était rassuré de pouvoir garder un oeil sur la Rose. Ses joues s'empourprèrent légèrement quand la Rose parla de nouveau en lui en des termes élogieux qu'il ne lui semblait pas mérité, lui promettant de parler un jour de cette histoire au reste de la maison Tyrell. Le Jeune Loup se sentait très honoré à cette seule idée, conscient que la parole de la Dame était sincère et sérieuse. Il n'avait bien sûr nullement agi pour la gloire ou pour la reconnaissance -il n'avait même pas reconnue l'amie de son frère dans un premier temps-, mais l'idée d'être remercié et de recevoir des honneurs était touchante pour lui qui vivait dans le mépris et les railleries depuis si longtemps. De plus, il ressentait beaucoup d'admiration pour Ser Willos, l'héritier de Hautjardin, dont il avait fait la rencontre, et peut-être que ce dramatique incident allait se solder par un véritable rapprochement entre leurs deux familles.

-Vous m'honorez, ma Dame. Mais je vous en prie, n'évoquez cet évènement que si vous le souhaitez de votre plein gré, et non pour moi. Vous avez la certitude que je resterai à ce sujet silencieux aussi longtemps que vous le souhaiterez.

Robb pouvait parfaitement comprendre que la Rose n'évoque jamais la chose, même s'il était profondément regrettable que Ser Medrick s'en sorte indemne tandis que ce serait à la jeune femme de porter la culpabilité. Mais recevoir la gratitude de Haujardin était une idée bien douce pour le jeune Nordien, il fallait bien le reconnaître.

Lady Margaery sembla montrer de l'enthousiasme à l'idée de passer du temps en sa compagnie, et Robb s'en sentit honoré au delà du simple soulagement à l'idée de pouvoir constater par lui-même que la jeune femme serait en sécurité durant son séjour à la capitale. Il eut un doux sourire à l'attention de la Rose tandis qu'il répondait:

-Bien sûr que nous sommes amis, ma Dame. C'est moi qui serai honoré de votre compagnie.

Il ignorait le respect que la Reine des Epines avait pour le seigneur son père, et il trouvait même cela étonnant. Lady Olenna était un véritable génie politique, Robb n'avait aucune difficulté à le reconnaître, tandis que la maison Stark était bien plus connue pour sa droiture et son exigence d'esprit que pour que son intelligence face aux dangereuses manipulations au sein des Sept Couronnes après tout.

Mais toute l'attention de Robb se reporta tout de suite sur la jeune femme alors qu'elle évoquait de nouveau l'absence de d'Aegon, et le Nordien ressentit une bouffée de colère monter en lui à l'attention très claire de son frère de l'été, qu'il se promit de ramener manu militari à sa douce amie. Dans l'immédiat, il se pencha vers la Dame de Haujardin et tenta de son mieux de l'apaiser.

-Je vous en prie, ne pensez surtout pas que qui que ce soit ai pu vous remplacer dans l'esprit de notre Prince, lady Margaery. J'ignore ce qui le retient loin de vous en cet instant, ma Dame, mais je ne doute pas que ce soit d'une grande importance pour l'empêcher de vous rejoindre.

Robb esquissa un sourire rassurant à l'attention de la Rose, bien décidé à chasser ces tristes pensées:

-Oserais-je même vous raconter que depuis votre rencontre, je l'ai souvent vu tomber en contemplation devant les fleurs du jardin avec sur le visage le plus bel air d'imbécile heureux que je lui ai jamais vu?

Il rit légèrement en espérant tirer un peu de joie à la jeune femme. Robb ne doutait aucunement des sentiments de son ami pour la Dame, mais si Aegon, pour une raison ou une autre, avait tourné les yeux ailleurs que sur la Rose, alors il était un parfait idiot. Et le Jeune Loup ne se gênerait nullement pour le lui faire remarquer, Prince héritier des Sept Couronnes ou non.

-Nul ne peut encore savoir où les nécessités d'alliance de vos deux familles vous mèneront, lui et vous. Mais au delà des obligations liés à vos rangs respectifs, son coeur est vôtre ma Dame, n'en doutez nullement.



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