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Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre

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Comme plusieurs, j'ouvre un petit sujet pour affiner la chronologie de mes personnages, voir si certains événements peuvent être conservés ainsi que plusieurs liens Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 3992757740 Du coup, n'hésitez pas à poster à la suite pour qu'on puisse discuter et voir comment imbriquer tout ça Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 1156090823

Pour Valena/Arianne :

Comme dit dans un autre topic, je préfère laisser Valena que j'ai mis trop de temps à construire en parallèle de la chronologie et du contexte d'avant. Je suis incapable de repartir de 0 avec elle puisque toutes ses actions ont été ou ont influencé le contexte. L'avantage, c'est que la famille Allyrion (ainsi que Ferboys) sera plus "clean" par rapport à La Garde de Nuit Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 802748295
Donc, je change de personnage pour prendre Arianne Martell Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 1364414519 Hop, on déroule la chrono que je m'imaginais pour le personnage et surtout voir si ça correspond bien aux nouvelles attentes du contexte :

An 277 - Naissance d'Arianne
An 281 - Naissance de Quentyn
An 288 - Naissance de Trystane
An 291 - Départ de Quentyn pour Ferboys et découverte de la lettre de Doran Martell mettant en doute l'héritage de sa fille
An 292 - Départ de Mellario pour Norvos
An 296 - Tentative de fuite vers Hautjardin pour rencontrer Willos Tyrell, implication grandissante à Lancehélion (organisation de fêtes et de divertissement)
An 298 - Rencontre avec Viserys ou du moins, fiançailles en cours de négociation

Je pense que la chrono du nouveau contexte s'arrête ici, n'est ce pas ?

Pour Lyra :

Je garde ma petite ourse puisque, je l'espère, certains des événements vécus peuvent être sauvés Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 1156090823

An 278 - Naissance de Lyra
An 285 - Première rencontre avec Euron Greyjoy, premier raid des fer-nés essuyé
An 289 - Révolte Greyjoy : Maege et Jorah partent en guerre
An 290 - Jorah est exilé après avoir versé dans la traite d'esclaves, sa femme s'enfuit en Essos
An 297 (début) - Lyra est enlevée par Euron Greyjoy et s'enfuit grâce à Asha Greyjoy. De retour à Winterfell, elle négocie le retour de Theon suite à un accord qu'elle a passé avec Asha
An 297 (milieu-fin) - Lyra devient l'émissaire des Mormont pendant la grossesse de Dacey
An 298 - Période de jeu

Pour Jeyne, je réfléchis encore, mais je pense la récupérer sans trop savoir si je conserve des éléments de sa chrono ou non. Du coup, j'invite Tyty, Alyx, Merlon, Lyle et Malvi à en discuter s'ils veulent Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 77722156

Voilà je pense que c'est assez clean, j'attends le passage du staff pour valider ou non les éléments ci-dessus et si les membres vous voulez papoter des liens qu'on peut déjà prévoir, n'hésitez pas Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 3992757740
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*roule sur la grosse*

MA COUSIIIIIIIIIIIIINE. ON VA REFAIRE LE MONDE.

Pour la chrono on en parlait avec Lyle du coup oui, voir à quelle lune ça reprend exactement du coup je poste histoire d'avoir une notif, pour savoir Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 1752952759 !
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En réfléchissant, je pense que oui Dacey au plus tard accoucherait en début lune 297. Donc ca collerait bien à la chrono, tu peux même dire après la grossesse pour le coup ^^

Et si tu as besoin pour Jeyne, on peut voir un lien avec Azilys aussi.
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Je t'ai répondu par rapport à Jeyne Wink
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Pour Jeyne, si tu veux garder l'épisode avec les Lefford, les fiançailles échoués et tout le tralala, y'a aucun soucis Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 1156090823 On peut bidouiller les dates sans aucun soucis Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 2462070376



┗ Like a raging sun  ┛
>Cunning is the art of concealing our own defects, and discovering other peaople's weaknesses
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Juste pour le coup pour Asha/Euron/Lyra/Theon, jpense que ça se serait joué au moment où Euron aurait été exilé et jpense que cette fois ci, comme Asha avait le "temps" c'est elle qui aurait accompagné Lyra jusqu'à Winterfell pour négocier le retour de Theon (avec l'aide de Lyra) du coup si ça te va et si ça va à Theon d'être revenu à cette période Smile
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Nym - Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 1194520710

Dacey - Du coup si on veut coller avec le départ d'Euron en exil, en 297, j'ai un peu modifié les dates Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 3960392123 Dis moi si ça te semble plausible ? Et merci pour Azi, je vais y réfléchir ! Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 2462070376

Tyty - Oui je viens de voir ! Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 3879302343 Il faut que je potasse tout ça Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 1411245795

Alyx - Super, idem que pour les autres, faut que je vois comment j'organise tout ça si je garde Jeyne Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 2414428499

Creigh - Pour que ça colle avec les dates, j'ai donc modifié pour début 277 l'enlèvement donc popine Asha pourra l'avoir accompagnée sans problème Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 2133385655
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Bah écoute, je pense que pour le coup tu dois te faire enlever juste après l'accouchement de Dacey. Mais prendre ton statut d'émissaire à ton retour en milieu an 297. Dacey à dû garder son rôle d'émissaire jusqu'à te demander se service ne voulant pas quitter autant l'ile aux ours pour voir sa fille grandir ^^
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Je lance le pavé dans la marre, mais si jamais les Mormont souhaitent avoir un quelconque lien avec les Bolton et mon Ramsay, qu'il / qu'elle se manifeste !!

Je viendrais avec la bonne tête tonight Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 865612402
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Dacey - Parfait ! Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 1156090823

Tyty - BIEN SÛR Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 3725701551 Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 3725701551 Avec le précédent Ramsay, à cause des événements (enlèvement de Dacey et de Sansa Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 2414428499 ) on peut pas dire que les Mormont et lui étaient bien potes Razz À voir comment tu vois les choses pour lui, mais je doute que ce soit très positif Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 308174499
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En effet, mais même si les événements que tu mentionnes n'ont pas eu lieu, vu le contexte de départ en 298 (les Bolton sont des vrais racailles quoi Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 4105143446 ), nos relations - encore moins avec Ramsay - seront plutôt très tendues je suppose.

Cependant, Ramsay se serait une ou deux fois rendu à Winterfell par le passé, suivant son paternel. Donc on s'y serait peut-être croisé ? En tout cas, il y a plus de chances que ce soit à Winterfell plutôt qu'à Fort-Terreur......... Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 865612402
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Alors, après vérification car prise d'un gros doute, Jorah a été banni en 293 de l'ile aux ours. Je me suis dit ca fait court 290 alors que la rébellion des Greyjoy est en 289 ^^
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Fifiche pour Arianne Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 3643113164

Arianne Martell

I am the sun. All beasts bow to the sun.




feat. Freida Pinto

Prénom Nom : : Arianne Martell Date et lieu de naissance : An 277, lune 2, semaine 2 à Lancehélion Statut de sang : Noble Statut social : Héritière du trône de Dorne Situation maritale : Fiancée au Prince Viserys Targaryen Allégeance : La famille Martell, plus largement Dorne Particularité : Libertine, elle a de nombreux amants

caractère

Aventureuse Calculatrice Fière Manipulatrice Séductrice Jalouse Stratège Bavarde Méticuleuse Tempétueuse


Question 1

200 mots minimum :At vero eos et accusamus et iusto odio dignissimos ducimus qui blanditiis praesentium voluptatum deleniti atque corrupti quos dolores et quas molestias excepturi sint occaecati cupiditate non provident, similique sunt in culpa qui officia deserunt mollitia animi, id est laborum et dolorum fuga. Nam libero tempore, cum soluta nobis est eligendi optio cumque nihil impedit quo minus id quod maxime placeat facere possimus, omnis voluptas assumenda est, omnis dolor repellendus. Temporibus autem quibusdam et aut officiis debitis aut rerum necessitatibus saepe eveniet ut et voluptates repudiandae sint et molestiae non recusandae. Itaque earum rerum hic tenetur a sapiente delectus, ut aut reiciendis voluptatibus maiores alias consequatur aut perferendis doloribus asperiores repellat.

Question 2

200 mots minimum : At vero eos et accusamus et iusto odio dignissimos ducimus qui blanditiis praesentium voluptatum deleniti atque corrupti quos dolores et quas molestias excepturi sint occaecati cupiditate non provident, similique sunt in culpa qui officia deserunt mollitia animi, id est laborum et dolorum fuga. Nam libero tempore, cum soluta nobis est eligendi optio cumque nihil impedit quo minus id quod maxime placeat facere possimus, omnis voluptas assumenda est, omnis dolor repellendus. Temporibus autem quibusdam et aut officiis debitis aut rerum necessitatibus saepe eveniet ut et voluptates repudiandae sint et molestiae non recusandae. Itaque earum rerum hic tenetur a sapiente delectus, ut aut reiciendis voluptatibus maiores alias consequatur aut perferendis doloribus asperiores repellat.

Derrière l'écran

Prénom/Pseudo Age Fréquence de connexion J'accepte le règlement et la mise en danger de mort de mon personnage


At vero eos et accusamus et iusto odio dignissimos ducimus qui blanditiis praesentium voluptatum deleniti atque corrupti quos dolores et quas molestias excepturi sint occaecati cupiditate non provident, similique sunt in culpa qui officia deserunt mollitia animi, id est laborum et dolorum fuga. Nam libero tempore, cum soluta nobis est eligendi optio cumque nihil impedit quo minus id quod maxime placeat facere possimus, omnis voluptas assumenda est, omnis dolor repellendus. Temporibus autem quibusdam et aut officiis debitis aut rerum necessitatibus saepe eveniet ut et voluptates repudiandae sint et molestiae non recusandae. Itaque earum rerum hic tenetur a sapiente delectus, ut aut reiciendis voluptatibus maiores alias consequatur aut perferendis doloribus asperiores repellat.

©️ DRACARYS, avatar par zuz', icone par spacewalker


Histoire

Unbowed, Unbent, Unbroken





Les Jardins Aquatiques, Dorne, an 281 lune 3

Elle volait.

Son petit corps s’élevait dans les airs. Les pans de sa robe orangée s’étalaient comme d’immenses ailes d’oiseaux, cousues de soieries et de satins chatoyants, tels un lever ou un coucher de soleil. Minuscule et ne voyant guère plus loin que le bout de son nez lorsque ses deux pieds foulaient le sol de sable et de graviers chauds, durant l’espace de quelques instants, elle était capable de voir l’ensemble des Jardins Aquatiques. En une fraction de seconde, elle pouvait voir et entendre l’eau s’écouler dans les immenses bassins translucides où riaient en se poussant ses cousines. Elle pouvait voir d’autres enfants s’éclabousser et courir le long des allées bordées d’arbres fruitiers. Elle pouvait voir sa mère, le ventre si gros qu’il semblait près à exploser, assise dans un coin d’ombre, à les surveiller tranquillement.

Ses aisselles retrouvèrent le contact des mains de son père. Il la teint à sa hauteur, ses yeux mordorés fixant les siens.

« Plus haut ! » demanda-t-elle en gigotant. « Plus haut ! »

Doran ria doucement, mais ne s’exécuta pas.

« Tu commences à grandir, » lui dit-il, le visage toujours bienveillant. « Je pourrais ne pas te rattraper la prochaine fois. »

Malgré son âge, il montrait déjà des signes de faiblesses. Se mouvoir devenait plus compliqué de jour en jour et s’occuper des affaires de la Principauté gangrénait toute son énergie. Aussi, lorsqu’il fallait distraire et amuser sa fille aînée, il était incapable d’obéir à ses envies. Il aurait aimé, cependant.
Il la reposa au sol et la fillette croisa les bras sur sa poitrine, en signe de protestation. Son père la rattrapait toujours. Tout le temps. Jamais il ne l’aurait laissée tomber.

Mais son air boudeur disparu lorsqu’il lui attrapa la main et se mit en marche vers son épouse Mellario. L’attention déjà versatile et l’émerveillement constant de la petite fille fit qu’elle ne pouvait pas rester contrariée bien longtemps. Et son esprit vif se focalisa sur le ventre rebondi de sa génitrice qu’elle apercevait déjà. Son visage renfrogné se dérida pour revêtir une expression troublée, presque inquiète.

« Quand le bébé naîtra… » commença-t-elle d’une voix mal assurée. « Vous voudrez toujours jouer avec moi, Père ? »

Un sourire ourla le coin de ses lèvres. Le Prince de Dorne s’accroupit pour arriver à sa hauteur et déposa un baiser sur sa joue potelée.

« Bien sûr. »

Elle trépignait. Comprenait-il vraiment ce qu’elle voulait dire. Elle passa les mains derrière son dos, ramenant contre elle sa robe avant de se dandiner, ne sachant trop comment aborder la chose. Elle même n’était pas vraiment sûre de ce qu’elle voulait exprimer.

« Vous m’aimerez moins ? Moitié moins ? »

Lorsqu’on lui offrait un nouveau jouet, elle avait tendance à délaisser l’ancien pour s’intéresser au nouveau venu qui accaparait généralement toute son attention. Il n’y avait plus alors que cette nouvelle poupée ou ce petit cheval sculpté. Le reste n’existait plus. Ses autres compagnons, pourtant de fidèles partenaires de jeu qui avaient autrefois été ses meilleurs amis, se trouvaient oubliés, au rebut dans un coin de sa chambre. Puis, le nouveau devenait ancien et finissait remplacé, lui aussi.
Arianne ne voulait définitivement pas être ce jouet mis de côté.

« Bien sûr que non. Je t’aimerai toujours autant. »

Il ne saisissait pas.

« Mais et le bébé ? Vous allez aimer le bébé, n’est ce pas ? »

Si l’enfant ne voulait pas perdre l’attention de son père, elle ne désirait pas non plus que son petit frère ou sa petite sœur n’en ai aucune. Pauvre bébé ! Et elle se souciait de ce petit être qui allait bientôt partager sa vie.

« Evidemment. Et je vous aimerais tous pareil. Tous les trois avec ta mère. »

La réponse sembla satisfaire la fillette qui acquiesça vivement avant de sautiller vers sa génitrice qui l’accueillit à bras ouverts.

Son petit frère naquit la lune suivante et son père insista pour le prénommer Quentyn.




Lancehélion, Dorne, an 291 lune 2

« S’il part, je pars également. »

La voix de Mellario avait claqué comme un fouet. Aura menaçante, debout devant le Prince assis, le visage penché sur des missives qu’il jugeait probablement plus importantes que les mots vindicatifs de son épouse, il ne lui accordait pas un regard.
Cachée derrière une trappe secrète qu’utilisait parfois les domestiques, Arianne écrasait son visage contre le bois pour que son œil gauche puisse voir par le maigre jour de la planche ses deux parents. Dans son dos, Tyerne la bousculait en protestant.

« Je veux voir, moi aussi ! » s’agaçait-elle en lui écrasant le pied.

La jeune adolescente se retourna vivement et lui aplatit la main droite sur la bouche tandis que de sa senestre, elle écrasait un index sur ses propres lèvres. Furibonde, elle lui fit signe de se taire et sa cousine ne put que froncer les sourcils avant de lui lécher la main, main que l’héritière de Dorne se dépêcha de retirer vivement, dégoutée.

« Chut ! » siffla-t-elle et s’essuyant dans la robe de la blonde. « Ils vont nous entendre ! »

Elle retourna à son poste d’observation. Heureusement pour elle, Mellario et Doran étaient si obnubilés par leur dispute qu’ils n’avaient pas perçu le vacarme des deux jeunes filles qui prétendaient jouer aux espionnes.

« Mellario, vous savez tout comme je le sais, que nous n’avons pas le choix. »

Dans un geste de pure colère, elle leva les mains en ciel et les longues manches noires de sa robe glissèrent sur sa peau mate.

« Pas le choix ?! Vous êtes le Prince de Dorne, Doran ! Le Prince de Dorne ! Si vous n’avez pas le choix, alors qui l’a ?! »

Enfin, il reposa sa plume dans l’encrier en prenant bien soin de l’avoir dégorgé auparavant. Puis, il plia son parchemin avant de le sceller du sceau qu’Arianne s’imaginait être celui de sa famille. Il leva les yeux vers elle et soupira, stoïque et fataliste.

« Après toutes ces années passées à mes côtés, vous n’avez toujours pas compris ? Plus que quiconque, le seul qui n’a pas le choix ici, est le Prince de Dorne. »

Malgré sa petite taille, l’épouse du sire de Lancehélion était charismatique et elle restait difficile à ignorer lorsqu’elle se mettait dans tous ses états. Ce n’était pas la première fois qu’elle se montrait venimeuse face à Doran. Leur fille ainée les avait entendus se disputer à plusieurs reprises déjà. Pourtant, si les tempêtes étaient violentes, elles n’en restaient pas moins passagères et l’adolescente avait fini par s’habituer aux sautes d’humeur de sa mère qui ne comprenait pas toujours les mœurs de Dorne.
Or, aujourd’hui, les choses semblaient différentes. Cela faisait des jours que le même sujet revenait dans la bouche de l’un et de l’autre. Des jours que Mellario hurlait à propos du même sujet et que son mari restait de marbres, malgré ses véhémentes protestations.

« Quentyn ira à Ferboys en tant que pupille, » réaffirma-t-il d’une voix blanche. « Mon frère a tué l’un des leurs et leur aigreur pourrait nous être fatale. »

« Alors notre famille devrait payer les pots cassés d’Oberyn Martell ?! Pourquoi n’enverrait-il pas une de ses filles ?! »

Contre son dos, Arianne sentit Tyerne frissonner. Il était évident qu’elle n’avait aucunement l’envie de devenir pupille, perdue dans les Montagnes Rouges. Et la brune n’avait pas non plus envie de voir disparaître sa meilleure amie et confidente. Même si elle se sentait horrible, elle préfèrerait que Quentyn y aille à la place de la Sand. Il lui manquerait peut-être moins. Peut-être.

« Il partira pour Ferboys la lune prochaine. »


La paire soupira presque de soulagement, mais Arianne se reprit et sa gorge se serra lorsqu’elle vit le regard noir que lança sa mère dans le dos de son père. Puis, elle partit à grandes enjambées et claqua violemment la porte. Le Prince ne frissonna même pas et se contenta de regarder pensivement par la fenêtre qu’il avait pris soin de fermer.

On tira brusquement sur sa manche.

« Tu viens, Arianne ? On se sent un peu à l’étroit ici… Allons retrouver Garin, Drey et Sylva. Ils doivent nous chercher. »

La petite brune encore rondelette d’enfance finit par hocher la tête, bien que le cœur n’y soit pas. Devant le regard interdit de la bâtarde, elle ne put cependant retenir un sourire encourageant.

« Oui, allons-y. »




Les Jardins Aquatiques, Dorne, an 291 lune 5

« Quarante-sept… »

Paniquée, Arianne se jetait à corps perdu dans les Jardins Aquatiques. Ses jambes, trop courtes, l’empêchaient de courir aussi vite que Garin et elle n’avait pas la ruse de Tyerne pour trouver les meilleures cachettes.

« Quarante-huit… »

Peu importait où elle regardait, il lui semblait qu’elle serait visible partout. Ah, si elle avait été plus fine ! Elle aurait pu se glisser, telle une vipère, entre deux murs et retenir son souffle. Pourquoi les Sept n’avaient-ils pas encore répondus à ses prières ? Pourquoi demeurait-elle si potelée et ridiculement petite ? Un coup d’œil circulaire lui apprit que Sylva n’avait pas encore trouver de coin où se dissimuler et elle vit la longue tresse noire de Nymeria disparaître dans les fourrées.

« Quarante-neuf… »

Oh et puis tant pis ! Elle se glissa dans le grand palais ouvert, derrière un long rideau beige flottant au vent. Les règles stipulaient bien qu’ils n’avaient pas le droit de se cacher à l’intérieur. Mais prise de court et n’ayant d’autre choix, elle préférait les enfreindre plutôt que d’être la première à perdre.

« Cinquante ! J’arrive ! »

La voix étouffée de Deziel Dalt lui parvint de l’extérieur. Pour plus de sécurité, elle trottina un peu plus loin dans les couloirs, à la recherche d’une salle où elle était certaine que personne n’oserait entrer. Ainsi, elle était certaine de gagner ! Elle n’aurait qu’à attendre suffisamment longtemps pour être sûre que tout le monde soit trouvé et elle ressortirait en catimini dans les jardins tout en prétendant être restée ici tout le long de la partie.
La porte du bureau personnel de son père semblait lui tendre les bras. Elle se précipita à l’intérieur avant de s’enfermer sans un bruit.

Elle n’était jamais vraiment rentrée ici. Bien sûr, elle l’avait vu sortir et entrer quelques fois et donc, aperçu rapidement l’intérieur de la pièce. Mais de là à y mettre un pied… Le sire de Lancehélion ne gardait pas jalousement son bureau, mais son autorité était telle que personne n’osait franchir le pas de la porte.
Curieuse, l’adolescente laissa donc son regard vagabonder sur les livres méticuleusement rangés dans les étagères de bois sombre avant de tomber sur une lettre abandonnée sur la table d’écriture, pas encore cachetée. De crainte d’être découverte ici, elle jeta un regard par les fenêtres et y aperçu Doran en train de cheminer tranquillement entre les bassins, jetant un regard vers la vitre.

Son aînée se jeta à terre en priant les Sept pour qu’il ne l’ait pas vue et elle s’enfuit en courant.
Elle perdit rapidement la partie de cache-cache.


*


La nuit était tombée. Dans la tiédeur du soir, déjà en tenue de nuit, Arianne cheminait dans le petit palais, en quête de son père pour lui souhaiter bonne nuit. Ses pas la menèrent jusque devant son petit bureau où la lumière sous la porte lui indiqua qu’il travaillait encore. Elle toqua, mais ne trouva aucune réponse. C’était-il endormi sur ses papiers ? L’adolescente ouvrit discrètement la porte et y glissa la tête.
Il n’y avait personne, mais la bougie brulait encore. Sur la table d’ébène, la lettre de l’après-midi était toujours là.

Féline, elle s’en approcha pour souffler sur la flamme, mais ses yeux tombèrent sur la missive. Son père la tenait si bien à l’écart de la gestion de la Principauté, ne s’attachant à lui donner que des conseils nébuleux dont elle ne saisissait pas toujours le sens qu’elle ne pouvait pas refuser une telle opportunité. Ainsi, elle en saurait plus sur les mystères du Prince et peut-être sur la froideur qu’il installait entre son aînée et lui même.

Les mots défilèrent, laissant Arianne muette. Sa bouche s’assécha et sa gorge nouée semblait vouloir l’étrangler. Comme pour être certaine, elle relut les mêmes lignes encore et encore jusqu’à ce que sa vision soit troublée par les larmes. Des larmes de colère, mais également de profonde tristesse. D’un revers de main, elle les essuya sauvagement, dissimulant un reniflement dans sa manche. Elle resta là, à contempler la lettre, hésitant entre la déchirer en centaines de petits morceaux ou à la laisser à sa place. Elle opta pour la dernière option.

Son père voulait offrir le trône de Dorne à Quentyn. Il voulait lui arracher son droit d’aînesse pour le donner à son cadet ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Qu’avait-elle fait de mal ? Ne la jugeait-il pas capable ? Pourquoi à Quentyn plutôt qu’à elle ? Qu’est ce qui n’allait pas chez elle pour que le Prince lui préfère son cadet ?
Le sentiment de trahison qu’elle ressentait l’étranglait presque. Doran était l’homme qu’elle admirait, qu’elle respectait le plus au monde. Il avait été la figure paternelle bienveillante, celui vers qui elle courrait en sanglotant lorsqu’elle s’écorchait les genoux en tombant, celui à qui elle déposait un baiser sur les joues, tous les soirs avant de s’endormir. Le mentor patient et juste. Et aujourd’hui, il la laissait à terre, les rotules en sang dans la terre. Il ne l’aidait pas à se relever. Il était même celui qui l’avait faite tomber.

Quentyn, tu dois faire tout ce que ton mestre et ton maître d’arme te demandent, à Ferboys. Car un jour, tu seras assis là où je suis assis et tu gouverneras Dorne. Et un suzerain doit avoir un esprit sain dans un corps sain.

Brule là. Brule là, Arianne. En la brulant, en brulant ces mots, elle espérait pouvoir aussi brûler les intentions de son père, faire comme si la missive n’avait jamais existé. La flamme brillait encore. C’était si facile. Une fois qu’un coin aurait pris feu, il serait trop tard. Il ne resterait que des cendres. Si elle avait trouvé cette lettre, il fallait d’ailleurs blâmer cette maudite bougie. Si elle avait été éteinte, si elle n’avait pas vu la lumière sous la porte… Rien n’aurait changé.

De rage, une rage similaire à celle de sa mère Mellario, elle ouvrit la porte à la volée et disparut dans les escaliers de marbres blancs, chaque pas pesant lourd sur la pierre.

Elle pleura dans son lit jusqu’au sommeil cette nuit-là et les cinq nuits d’après.




Lancehélion, Dorne, an 291 lune 8

Dans l’air moite du soir, les notes langoureuses des cithares s’élevaient dans l’air lourd de Dorne. Les premiers invités arrivaient à peine au Palais Vieux, mais déjà l’ambiance festive volait les corps et les cœurs.

Arianne organisait sa première réception. C’était l’unique chose que lui laissait faire son père lorsqu’il s’agissait de la gestion de Dorne. Il ne l’informait pas des mouvements diplomatiques ni de la politique de la région. Elle ne rencontrait pas personnellement les bannerets et ne transmettait aucune missive. Non, elle se contentait de distraire les hommes et les femmes en quête de détente. Elle se contentait de les nourrir et de les amuser. Elle en était vexée. Profondément vexée. Organiser une fête ? Cela convenait bien à la Reine des Sept Couronnes, mais certainement pas à l’héritière de Dorne. Son père se refusait-il à ce point de la former pour être sa successeuse ? Bien sûr, puisque dans son esprit, c’est Quentyn son héritier.
Mais malgré cela, son rôle lui tenait à cœur. Ainsi, elle montrerait à son père qu’elle était parfaitement capable de gérer, ne serait-ce qu’une soirée. Elle voulait qu’il soit fier d’elle. Qu’il la considère. Ne serait-ce qu’un peu.

En parfaite hôtesse, sous l’œil noir et sévère du sire de Lancehélion, l’adolescente tint son rôle. Tout sourire, charmante et enjouée, elle accueillit chacun de leur noble invité avant de prendre à son tour part à la fête.
Elle s’était habillée pour l’occasion. Les Sept avaient enfin répondu à ses prières et si elle n’était guère grande et encore moins élancée, elle n’était plus cette jeune fille pas encore femme rondelette. Sensuelle et voluptueuse, elle avait entendu certains la décrire comme étant une « délicieuse jeune femme ». C’était Tyerne qui l’avait aidée à se préparer ce soir là. Sa robe aux voiles transparents laissait apercevoir jusque ce qu’il fallait et la pâleur de sa robe laissait ressortir sa peau brune et ses longs cheveux noirs. Une beauté typiquement dornienne.

Dans la foule de danseurs et de personnes agglutinées autour du banquet son regard se posa sur un visage masculin, assis aux côtés de Ryon Allyrion. Le jeune homme n’était pas plus âgé qu’elle et arborait les mêmes cheveux noirs que le fils de la Lady de la Grâcedieu. Daemon Sand, le bâtard. Combien de temps l’avait-elle observé s’entrainer en compagnie du frère du Prince ? Il vivait à Lancehélion depuis de nombreuses années déjà et la paire s’était déjà parlée à de nombreuses reprises. Arianne ne savait pas s’ils étaient amis, mais elle appréciait sa compagnie. Il était beau. Subtile dans son art de sourire et mesuré dans chacun de ses gestes, il avait pourtant cette nonchalance et cette air de défi propre aux bâtards peints sur la figure.
Naturellement, l’héritière s’avança vers la petite assemblée, seulement pour être détournée de son objectif premier par une exclamation surprise.
Une domestique, assise sur les genoux d’un autre homme riait et minaudait. Son compagnon laissa Arianne ébahie. « Gerold Dayne, » pensa-t-elle. Elle était séduite par l’apparence du bâtard, mais celui-ci n’avait pourtant rien à voir avec le chevalier d’Haut-Hermitage. Sombre et mystérieux, il avait un goût d’interdit. Ses yeux améthystes, très sombres, ses cheveux argentés et son teint pâle attirait l’œil comme la lune perdue dans un ciel d’encre. Autour de lui, tous les autres hommes étaient banaux. Communs. Sans intérêt.

Elle voulait aller lui parler. Elle voulait prendre la place de cette fille, assise en travers de ses genoux. Elle se rappela l’avis de son père au sujet du jeune homme. « Il faudrait être fou pour faire confiance à Gerold Dayne. » Pourtant, cela ne suffit pas à la refroidir.

« Princesse Arianne. »

Sans qu’elle ne l’ait vue approcher, Daemon Sand s’était présenté à elle. Sur ses mains, il portait encore les cicatrices de ses nombreux entraînements en tant qu’écuyer de son oncle Oberyn. Devait-elle l’appeler « ser » ? Était-il déjà chevalier ? Elle n’en savait rien. Par peur de paraître stupide, elle ne fit qu’hocher la tête pour le saluer.

« Voulez-vous rencontrer mon père, Ryon Allyrion ? »

Elle hocha la tête.

« Avec plaisir ! » assura-t-elle.

Le bâtard lui présenta son bras et elle le prit volontiers. Elle avait tout oublié de Gerold Dayne et de ses yeux violets.

La rencontre avec le fils de Delonne fut cordiale et elle trouva l’écuyer d’Oberyn tout à fait charmant, bien que son sourire légèrement sarcastique lui fasse plisser les yeux.

Lorsque la soirée prit fin, les domestiques se dépêchèrent de ranger, sous l’œil fatigué, mais sévère de la jeune fille. Elle savait que son père regardait et elle voulait faire son travail jusqu’au bout.

« La Princesse désirerait-elle une escorte pour regagner ses appartements ? »

La voix langoureuse du Sand ne portait pas le poison de la séduction, mais la naïveté d’un espoir partagé par l’héritière.

« Vous proposez-vous, Ser Daemon ? »

Elle ne savait toujours pas s’il était réellement chevalier, mais la flatterie lui fit légèrement bomber le torse.

« Assurément. »

Cette nuit-là, elle lui offrit sa virginité. Il ne la lui prit pas, il ne la clama pas non plus. Non, elle la lui offrit ce qui, à ses yeux, avait un sens bien différent.

Encore jeunes, les premiers ébats furent certes maladroits, mais passionnels.




Les Jardins Aquatiques, an 292, lune 3

Lady Martell avait laissé trois tenues.

Une robe d’un rouge profond, semblable à du sang, qu’elle ne portait que très rarement. Une autre d’un rose pâle, presque transparente, qu’elle ne mettait que lorsqu’elle se baignait dans les piscines des jardins. Et enfin une dernière, aussi noire que la nuit. Très digne et aux manches si longues qu’elles trainaient par terre. Sa préférée.
En s’approchant, Arianne pouvait encore sentir son odeur imprégnée dans le tissu.

Mellario ne serait pas partie en laissant cette robe là.
Elle ne serait pas partie en les abandonnant, Trystane et elle. N’est-ce-pas ?

Son aînée n’était pas stupide et encore moins aveugle. Elle avait bien conscience que ses parents s’affrontaient plus qu’ils ne s’aimaient. Elle en avait été témoin à de nombreuses reprises. Mais malgré ses menaces de départ et ses cris, sa mère n’était jamais retournée dans sa ville natale. Elle avait à peine supporté le départ de Quentyn, comment pourrait-elle s’enfuir en laissant ses autres enfants derrière ?

Parce que Quentyn est l’héritier dans la tête de Père.

Elle ne pouvait pas s’empêcher d’y penser. Sa mère était-elle au courant ? Doran le lui avait-il dit ? Avait-elle appuyé sa décision ? Son fils aîné était si important pour elle qu’elle avait sérieusement envisager de naviguer jusqu’à Norvos. Mais maintenant qu’il s’en était allé pour Ferboys depuis plusieurs lunes déjà… Qui pouvait bien la retenir ?

Sa fille se trouvait là, piteuse dans ses appartements, à regarder ces trois robes abandonnées. Elle allait rentrer, assurément. Elle ne pouvait pas partir en abandonnant sa tenue noire.

En l’abandonnant, elle.
Sans Mellario, que lui restait-il ? Quentyn était parti, son père ne lui faisait pas confiance et Trystane n’était encore qu’un petit garçon.

Elle se rappelait encore nettement de son père, évoquant l’idée de l’envoyer en tant que pupille chez l’archonte de Tyrosh dont la fille séjournait à Lancehélion actuellement et suivait le Prince à chacun de ses déplacements. Elle se souvenait de la fureur de sa mère, lui assurant qu’elle se tuerait s’il faisait cela. Clairement, elle ne semblait pas pouvoir supporter d’être loin de sa fille. Du moins, c’était ce qu’Arianne croyait.
Mais maintenant, elle était partie. Loin de Quent, Trys et elle. N’était-ce pas pareil ? Elle ne comprenait pas.

Je mourrai Arianne, si je restais. Je deviendrais amère, acide, horrible. Tu me haïrais. Tu haïrais ce que je dirais à propos de ton père. Tu haïrais ce que je dirais à propos de Dorne, de vos coutumes barbares. Comment pourrais-je envoyer ma propre fille à un inconnu ? Pourquoi ? Comment pourrais-je accepter une seconde de plus la distance entre mon fils et moi, mon fils que son père considère comme une monnaie d’échange pour excuser la stupidité de son frère ?

Je ne vous trahirais pas en restant.

Mais Arianne ne comprenait pas. Une de ses plus grandes forces était de pouvoir comprendre les gens en tant que personne. Elle devait aucun mal à comprendre leurs désirs, leurs motivations et s’interrogeait souvent à leur sujet. Elle était une oreille attentive pour ses amis et aimait à comprendre les aspirations. Son père ne voyait peut-être pas les choses ainsi, préférant les considérer que comme de simples pions de cyvasse, sans but, sans désir, de simples pions dans ses grands plans secrets.

Et pourtant, elle n’avait pas réussi à comprendre sa propre mère.




Le Voi, an 296, lune 1

« Non. »

Ni virulente, ni agressive, la voix de son père avait pourtant résonnée d’autorité dans le petit bureau. Les bras croisés sur sa poitrine, Arianne était mécontente. En recevant la lettre des Terres de l’Orage, arborant fièrement l’emblème du cerf brun des Baratheon, elle savait pertinemment qu’il s’agissait d’une proposition de mariage. Et Stannis étant lui même suzerain et époux, il ne pouvait rester que Renly Baratheon, son flamboyant cadet. Elle avait entendu les meilleures choses à son propos. Bien fait de sa personne, galant et courtois, il était jeune et ambitieux. Un parfait Prince à ses côtés. Qui plus est, en raison des frontières partagées entre l’Orage et Dorne, les deux régions n’en seraient que plus rapprochées géopolitiquement. Les relations plutôt neutres jusqu’alors se trouveraient réchauffées et elle ne pouvait qu’imaginer les possibilités d’une telle union. Elle en avait assez d’organiser les fêtes en l’honneur des Martell. Elle en avait assez de n’être appelée que deux fois par an aux Jardins Aquatiques pour informer son père de son travail. Un travail qui faisait honte à l’héritière quand elle voyait son oncle, pourtant loin de devenir le futur Prince de Dorne, si proche de son géniteur.

« Renly Baratheon est un parfait chevalier, frère de l’actuel sir d’Accalmie, il… »

Doran leva une main pour la faire taire.

« Renly Baratheon a des mœurs dissolues. J’ai entendu les pires choses sur lui. Il n’est pas fait pour être le Prince consort de Dorne. »

Elle leva un sourcil interloqué. Elle même avait connu bien des hommes et bien des chevaliers avaient senti l’odeur de ses draps. Arianne était persuadée qu’il existait bien des chansons sur ses propres « mœurs dissolues » et si Renly et Stannis Baratheon n’en avait que faire, pourquoi son père devrait-il se soucier de la réputation du Jeune Cerf ?
Mais elle garda le silence et se replia dans ses quartiers.


*


« Willos Tyrell n’a pas de comportement répréhensible, Père. Il est cultivé, parfaitement capable et on le dit très savant. »

Cette fois, le Prince n’aurait rien à répliquer. Ses yeux couleur de sable parcoururent les lignes écrites de la main de Mace Tyrell. Son fils ainé était parfait. Aucune mauvaise langue ne disait quoique ce soit sur ses relations ni sur son comportement.

« Willos Tyrell est estropié. Tu auras besoin d’un héritier ou d’une héritière, Arianne. »

La jeune femme se mit à vivement protester. Intérieurement. Willos Tyrell était estropié, certes. Mais de la jambe ! Son oncle le lui avait dit. Il était même à l’origine d’une telle blessure. Et à quel point cela serait-il inconvenant si Mace Tyrell découvrait que sa proposition de mariage avait été refusée à cause d’une lésion, elle même provoqué par les Martell ? Les relations entre Dorne et le Bief n’avaient jamais été bonnes et dire cela restait un euphémisme. Un mariage n’était-il pas le meilleur moyen d’apaiser les tensions qui gangrénaient depuis toujours les deux régions ?

D’ailleurs, son père ne planifiait-il pas de lui arracher son droit d’aînesse pour l’offrir à Quentyn ? Les mots qu’elle avait lui brûlaient encore dans son esprit, toujours présents même après toutes ces années. Car un jour, tu seras assis là où je suis assis et tu gouverneras Dorne. Pourquoi se préoccupait-il des hypothétiques héritiers de sa fille si ceux-ci étaient éloignés, comme elle, du trône du désert ? Cette comédie et ces non-dits la remplissaient de frustration. Mais, sans la savoir, elle participait elle même à cette grande mascarade.
Willos n’a que sa jambe d’estropiée, pensa-t-elle.

« Vous ne pouvez pas refuser tous mes prétendants, Père ! » s’impatienta-t-elle.

Il soupira.

« Je te propose des prétendants, » protesta le vieux Prince. « Tu les refuses tous. »

« Walder Frey ! Eldon Estremont ! Gyles Rosby ! Hugh Grandison ! » explosa-t-elle, les mains sur les hanches.

« Des hommes rodés à l’exercice du pouvoir, capables de t’épauler et de te soutenir… »

« Des vieillards ! Vous avez même refusé ser Daemon ! »

Le sire de Lancehélion secoua la tête.

« La proposition de ser Daemon était une farce. »

Arianne se sentit rougir, à la fois de gêne et de colère. « Peut-être, mais je l’aime ! Je l’aimais. » Pourtant, les mots refusèrent de sortir, demeurant blottis au fond de sa gorge.

Depuis quelques temps, la jeune femme soupçonnait les manœuvres maritales de son père visant à ne lui présenter que des partis inintéressants et si vieux que l’Etranger se penchait tous les soirs au-dessus de leur lit, comme une manière de l’éloigner un peu plus du pouvoir. En ne se mariant pas, elle n’enfantait aucun héritier et la place restait libre pour Quentyn qu’Arianne avait entendu être plutôt proche des sœurs Ferboys. Comment peuvent-elles apprécier un garçon comme lui…

Humiliée, elle sortit sans dire un mot de plus.


*


Le plan était parfait.

Elle et Tyerne n’auraient qu’à sortir du Palais Vieux, très sobrement vêtues en se faisant passer pour des domestiques. Puis, elles longeraient Le Voi jusqu’à la demeure des Le Voi puis des Allyrion. Traverser le désert jusqu’à Ferboys serait un peu plus complexe et il lui faudrait éviter son frère, bien que la jeune femme doutait qu’il puisse la reconnaître. Enfin, elles traverseraient les Montagnes Rouges jusqu’au Bief. Leurs chevaux étaient chargés de nourriture et d’eau qui leur permettraient de tenir. Personne n’était au courant. Elles seraient arrivées à Hautjardin en une lune. Si son père tenait tant à la garder éloignée de son statut d’héritière et bien, elle allait devoir se débrouiller seule !

« Et si tu ne l’aimais pas ? Et si tu le détestais ? » chuchotait sa cousine dans la nuit. « J’ai entendu dire qu’il ne s’intéressait qu’à ses faucons et à ses livres. »

Par précaution, la brune se retourna, s’assurant que personne ne les suivait. Les rues de Lancehélion étaient loin d’être désertes malgré la nuit, mais la ville ne s’éveillait qu’au coucher du soleil. En revanche, personne ne semblait leur accorder la moindre attention.

« Tout ça n’a pas d’importance, » lui répondit-elle, sûre d’elle. « Willos deviendra Lord Tyrell. Il vivra à Hautjardin et je vivrai à Dorne. Nous ne nous verrons que quelques fois par an. »

Songeuse, l’aspic acquiesça.

Arianne ne lui avait jamais parlé de la découverte de la lettre, des années auparavant. Elle connaissait les tendances de sa cousine puisqu’elle avait les mêmes travers. Si elle n’avait aucun secret pour elle, Tyerne n’avait aucun secret ni pour Nym, ni pour Obara. Et l’une des trois aurait fini par parler à Oberyn qui se serait dépêché d’en informer Doran. Et sa fille ne voulait définitiviement pas qu’il le sache.
En épousant Willos, elle voulait s’assurer d’une chose. En devant Lady Tyrell d’Hautjardin, son père n’oserait jamais donner le trône à son frère. Car en faisant cela, il blesserait l’honneur des roses et les relations vindicatives entre les deux régions risquaient de ressortir. Et il y avait une chose que Doran Martell détestait. La guerre. En se mariant, elle jouait au même jeu que son géniteur. Et ce jeu, elle allait le gagner.

Le voyage jusqu’à Le Voi se déroula sans encombre. Néanmoins, les torches brillant le long des murs de la forteresse ainsi que l’escorte légère qui les encadrèrent bientôt risquait fort de compromettre la suite de leur traversé.

« Sorties se promener ? »

L’héritière aurait reconnu la voix de son oncle entre mille autre. Mortifiée, elle s’enfonça un peu plus dans sa capuche, capuche que le frère du Prince ne tarda pas à arracher. Il en fit de même avec Tyerne qui glapit de surprise.

« Une longue promenade que voilà depuis Lancehélion… Je vous raccompagne. »

Les yeux rivés sur ses doigts serrant les brides de son destrier, Arianne n’osait lever le nez. Comment avait-il su ? Elle avait été si prudente ! Durant des jours et des jours, elle avait à peine touché aux assiettes qu’on lui apportait pour en faire des réserves ! Les chevaux avaient été préparés par Garin en qui elle avait une confiance totale… Comment avait-il su ? Comment ?

« Hé bien, j’imagine que Tyerne n’aurait pas dû s’intéresser si soudainement à mes échanges avec Willos Tyrell… » éluda Oberyn en répondant aux questions muettes de sa nièce.




Lancehélion, an 298, lune 10

En attente du contexte exact

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Fifiche pour Lyra Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 2049027625

Lyra Mormont

This, I'll defend




feat. Jessica Brown-Findlay

Prénom Nom : : Lyra Mormont, autrefois Greyjoy Date et lieu de naissance : Lune 5, semaine 1 de l'an 278 à l'Île aux Ours Statut de sang : Noble Statut social : Lady de la maison Mormont, ancienne dame de la maison Greyjoy Situation maritale : Mariée avec Euron Greyjoy, l'union a été reconnue invalide. Elle est donc de nouveau libre. Allégeance : Les Mormont et les Stark Particularité : Excellente chasseresse, possède un oeuf de dragon fossilisé immaculé

caractère

Douce Mélancolique Secrète Fière Optimiste Calme Lunatique Manque d'ambition Brave Observatrice


Question 1

Blablabla


Question 2

Blablabla


Derrière l'écran

Cendre 22 ans tous les jours, RP le week-end le plus souvent ! J'accepte le règlement et la mise en danger de mort de mon personnage


 Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 2049027625

©️ DRACARYS, avatar par zuz', icone par spacewalker


Histoire

Here I'll Stand





« Il y a une gravure sur notre porte. Une femme drapée d’une peau d’ours, un enfant de lait sur son bras, accroché à son sein. Dans l’autre main, elle tient une hache de guerre. »


Les yeux creux de la sculpture la toisaient. Elle était bien peu hospitalière, cette dame, armée de sa grande hache. Peu avenante, elle ne souriait pas. Le bébé lui même paraissait brusque et affamé. Ses vêtements, un mélange de cuirasse, d’acier et de guenilles déchirées lui donnaient une allure sauvage, bien loin de la délicatesse des femmes du Sud. Drôle d’accueil que réservaient les Mormont à leurs visiteurs. En effet, voir pareille image avant de pénétrer dans l’antre des ours laissait à réfléchir. Que se trouvait-il, derrière la porte ? Un ours prêt à dévorer les importuns ? Une forêt d’épée prête à pourfendre les gêneurs ? Rien de tout cela. La réalité pouvait même décevoir les plus imaginatifs et les plus curieux. La demeure était bien humble. Faite de rondins de bois, meublée avec peu de goût et de manière très rustique. Une grande table, des bancs sombre, une tapisserie représentant un immense ours noir, rugissant sur un fond vert et surtout, surtout une immense cheminée. Et autour de cette cheminée, le soir, l’on pouvait trouver trois petites filles réchauffant leurs paumes sales prêt des flammes. À côté des enfants, une grande femme robuste et bourrue, semblable en tous points à la sculpture rencontrée précédemment nourrissait un bébé au sein. Maege avait les lèvres pleines, traversées par une fine cicatrice oblique, ce qui lui donnait l’air de souffrir un peu, alors qu’il n’en était rien. De son visage carré, ressortaient ses incroyables yeux verts et perçants ainsi que ses hautes pommettes souvent rouges. Une carrure imposante, faite pour protéger ses enfants. De long cheveux châtains, bien que ternes. Lyra se rappelait sa voix rauque et de ses dents mal alignées. 

C’était probablement la première image qui fut gravée à jamais dans sa mémoire. Le reflet des flammes dans les yeux de ses sœurs, Dacey et Alysane. Jorelle, toute petite, accrochée au sein de sa mère. Celle-ci les regardait bienveillante et rustre, surveillant que leurs doigts ne s’approchent pas trop des étincelles. « Essayez donc, ça vous fera une bonne leçon ! » grondait-elle souvent. La troisième ourse devait avoir deux ou trois ans. Les détails étaient flous, mais l’essentiel était là : la chaleur du foyer. La présence de sa famille. L’immense ours noir qui les observait, lui aussi, à la fois menaçant et protecteur.

Dans le coin de la pièce, un homme se tenait debout, droit et sévère. Ses souvenirs d’enfant de lui avaient jamais permis de voir nettement son visage et ses traits. Elle ne se rappelait que de cette aura préoccupée qu’il dégageait. Plus tard, Dacey lui avait appris, lorsque sa petite soeur lui avait posée la question lui permettant d’identifier ce mystérieux inconnu, qu’il s’agissait de leur cousin Jorah alors qu’il partait rejoindre Robert Baratheon. 

Aujourd’hui, alors que la petite ourse avait sept ans et qu'elle traçait encore et encore les contours de la gravure de leur porte avec son index, elle comprenait l’importance de ce souvenir qui lui était si précieux. Pourtant, si Maege, Dacey, Alysane et Jorelle apparaissaient clairement dans son esprit comme cette femme, enfantant et combattant à la fois, elle n’arrivait pas à se représenter en elle. Jusqu’à preuve du contraire, elle était bien une fille (à moins qu'on ne lui ait menti sur toute la ligne), mais c’était bien le seul point commun qu'elle trouvait existant entre la gravure et elle. La petite fille n’avait pas cet air féroce qu’elle portait et qu’Alysane avait sur les traits. Elle ne tenait pas fermement cette hache qui était comme l’extension de son bras et que Dacey empoignait souvent avec dextérité. Elle n’était pas sauvage comme l'étrange femme était et dont Jorelle avait si bien hérité. Et Lyra ne dégageait pas cette douce force, cet air protecteur qui allait si bien à sa génitrice. Non, de toutes les sœurs Mormont, elle était la plus menue et la plus gracile. Toujours souriante, jamais grognon, elle avait conservé cet air rêveur et naïf dont ses sœurs s’étaient si facilement débarrassé. 

La fillette souffla, morose. Sa mère disait qu'elle ressemblait à son père. Père qu'elle ne connaissait ni de nom ni d'apparence. D’ailleurs, elle avait jusqu’à tard cru les paroles de sa mère, lorsqu’elle répétait que toutes ses filles étaient les filles d’un ours. Elle avait aujourd'hui bien compris que c’était impossible, mais se plaisait à imaginer son paternel immense, recouvert de poils noirs, au museau court et sombre. Du moins, si elle n’était pas la fille d’un plantigrade, ses sœurs, elles, devaient l’être. Elle ne trouvait pas d’autres explications. 

Un grand cri l’arracha à ses pensées et lui fit lever le nez. Aucun doute, cela provenait du petit village de pêcheurs, juste en bas de la bute où était construite la demeure en rondins. Retroussant ses jupes crottées, elle dévala la pente en trottinant, plus curieuse qu’inquiète. Un nouveau hurlement fit dresser les petits cheveux noirs de sa nuque. Une odeur de brulé lui chatouilla les narines. Elle fronça le nez. L’inquiétude la gagna petit à petit, comme une ombre désagréable qui vous cachait le soleil. Un rougeoiement sournois s’échappait d’un toit de chaume et de paille. Heureusement, un petit crachin s’était mis à tomber. Aucun doute qu’il allait se transformer en pluies torrentielles d’ici peu. Le climat était peu agréable sur l’île aux Ours, mais elle avait toujours apprécié la pluie. L'enfant pressa le pas, salissant un peu plus sa robe.

Au détour du virage, elle vit ce qu'elle redoutait le plus. Une petite flotte se dressait entre les flots gris et glacés de la Baie des Glaces. Menaçants, les bateaux voyaient décharger des hommes et des femmes dont elle n’apercevait que les silhouettes se déplacer droit sur eux. La troisième ourse ouvrit la bouche comme un poisson mort, éberluée, sans qu’aucun son ne parvienne à franchir le seuil de ses lèvres. La peur coupe plus fort que les lames. Ses mains se trouvèrent soudain gelées, ses veines desséchées de leur sang. Une attaque. C’était une attaque. 

Les voix désespérées redoublèrent d’intensité et les flammes naissaient maintenant sur tous les toits. Fer-nés ? Sauvageons ? Fer-nés ? Sauvageons ? Fer-nés. Sans réfléchir, elle se précipitait en avant. Que devait-elle faire ? Rentrer chez elle ? Se terrer comme une taupe alors que des hommes et des femmes combattaient ? Si elle pouvait sauver, ne serait-ce qu’une personne… La petite fille se cacha dans un talus alors qu’un homme sentant la mer déambulait dans le village, l’épée couverte de sang. Sa gorge se serra si fort qu'elle crut étouffer. Que pouvait-elle faire ? Que pouvait-elle faire ? Les yeux rivés sur l’envahisseurs, elle vit sa lame pourfendre l’estomac d’une femme, une tisserande qu'elle connaissait bien. Elle glapit, révulsée. Les attaques étaient courantes. Ils en venaient toujours à bout. Elle se répétait cette phrase, dissimulée entre les feuilles, morte de peur. 

Puis, un vieillard qui devait avoir cent ans jaillit comme la foudre, masse en main, la visage déformé par la rage. Il tremblait comme une branche secouée par le vent. Il était évident qu’il ne parviendrait jamais à venir à bout de son ennemi, robuste et vigoureux. Elle bougeai toute seule, sans réfléchir. Elle attrapa une grosse pierre noire à pleine main et la balançait dans le visage du fer-né. Son tir fit mouche. La roche rencontra le nez du pillard dans un craquement sourd et lugubre. Il grogna de surprise et de douleur et se tourna vivement vers la source du jet, à savoir l'enfant. Leurs pupilles se croisèrent. Une cascade de sang se déversait de ses narines jusqu’à son menton, en passant par ses lèvres entrouvertes. Le vieux pêcheur en profitant pour enfoncer profondément sa masse dans le cou du marin. Sa nuque prit une torsion étrange, formant un angle droite parfait. Du sang jaillissant de sa bouche vint se mêler au rouge sortant de son nez. Il s’affala comme une poupée de chiffon dans le sable noir. Interdite, elle regardait le cadavre brisé et l’homme au visage ridé qui soufflait comme un bœuf. 

Une main puissante attrapa la fillette par le col, la soulevant de terre comme une poupée de chiffon. Elle lâcha un cri strident alors qu'elle se tortillait comme un vermisseau. L'homme qui la tenait avait la face couverte de rouge et arborait un bouclier défoncé. Elle se mit à frapper de ses petits poings sa cage thoracique, tout en criant comme une sauvage. Cela dû importuner son agresseur qui la frappa au visage sans vergogne. A moitié sonnée, elle entendit le rugissement maternel qui promettait la vengeance. 

Gesticulant avec la force du désespoir, elle ne vit jamais le dernier coup venir. 




*




« L’Île aux Ours a donné naissance à cinq filles, aussi sauvage et impitoyable que l'îlot qui les a fait jaillir de ses entrailles. Dacey l'héritière était la guerrière, aussi gracieuse et belliqueuse que les vents d'hiver; sa première sœur Alysane, était dangereux et maternelle comme une mère ourse. J’étais la rêveuse, douce et délicate comme les ciels d'été sur la baie; Jorelle était la sauvage, le garçon manqué intrépide. Lyanna était la plus jeune, celle que l’on protégeait farouchement, mais aussi audacieuse et dangereuse que les sœurs. Les ourses de l’Île aux Ours avaient tempéré leur rage et leur force pour marcher derrière le loup et le cerf, mais toute personne qui osait sous-estimer, même la plus calme d'entre elles est sûr de connaître exactement quel genre de filles élevait la maison Mormont. »


L’Île aux Ours n'était jamais aussi belle que lorsque le ciel se préparait, encore lumineux, à s’encombrer de nuages gonflés d’une neige estivale; les arbres emmêlaient leurs branches les unes autour des autres, s’étranglant presque, seulement pour être séparés par le vent rugissant, qui balayait tout sur son passage. La pluie menaçait, mais c’était la neige qui était promise; les vagues roulaient dans la Baie des Glaces, mordant contre la côte rocheuse, désireuses d'inonder les maisons et les habitants de la terre ferme. Elle était émerveillée par la résistance que petits bateaux de pêche en bois offraient contre la puissante mer; refusant de se soumettre leur disparition aqueuse sans un dernier combat. C’étaient les hommes qui les attachaient rapidement aux docks qui semblaient lutter et souffrir le plus. Comme une ombre, Lyra regardait derrière un amas de jeunes fougères, surveillant les villageois. Les enfants couraient à travers le rivage, récoltant pierres et coquillages avant que leurs mères respectives ne leur hurle de revenir. La plus petite du groupe, une fillette avec un tas de cheveux d'or ébouriffés autour de son visage, bousculait son frère aîné pour ramasser la plus belle coquille de la plage caillouteuse. Une vraie beauté de l’Île aux Ours; forte et agile. Elle sourit et s'’enveloppa dans mon manteau vert terne serré autour de ses épaules. Elle n'eut pas le temps de remarquer sa sœur, Alysane se glisser derrière elle. La petite femme robuste se déplaçait avec une incroyable finesse; un trait redoutable. 

« Allons chasser, » décréta-t-elle.

Sa cadette opina derechef, un grand sourire sur les lèvres avant de la suivre, cheminant à travers les bois qu'elles connaissaient par cœur. 

Après sa mésaventure lors d’une attaque de fer-nés, survenue six ans auparavant, elle s’était faite rabrouée par sa mère. Elle comprenait sa colère. Qu’avait-elle cru faire alors qu'elle ne savait pas encore manier ni épée ni masse ? Tous ses entrainements s’étaient révélés infructueux, augmentant son sentiment d’insécurité face à ses sœurs qui étaient des guerrières nées. Elle avait accepté cette différence avec un air bonhomme, un presque « tant pis ! » affligé. Mais, à sept ans, la petite fille avait enfin compris que ce n’était pas possible. Elle ne pouvait décidément pas se laisser vivre et s’appuyer sur ses sœurs et sur les villageois, si elle espérait survivre sur leur île si inhospitalière. Il fut décidé qu'elle ne serait pas une femme de mêlé. Jamais elle ne pourrait combattre en première ligne, en compagnie de Dacey, d’Alysane ou Jorelle. Elle n’était si la plus robuste, ni la plus forte. En revanche, elle était réfléchie, précise et calme. Elle ne s’emportait que très rarement et était d’une discrétion à toute épreuve. Aussi, il fut décidé qu'elle deviendrait une archère. Si elle était restée quelques temps dubitative, ses doutes s’étaient dissipés bien vite. Fine et rapide, ses flèches trouvaient toujours leurs cibles. 

Leurs pas silencieux foulaient la terre humide et gorgée d’eau. La chasseuse s’immobilisa, tendant l’oreille. Au loin, une ombre fugace, furetant entre les arbres alertèrent ses sens de trapeuse. Un regard échangé avec sa sœur ainée l’informa qu'elles avaient vu la même chose. Une biche bondissait, tranquille, remuant la boue de temps à autre avec ses sabots et son museau, pour trouver quelques brins d’herbe. Une proie en or, certainement. L'archère attrapa son arc qui jusque là barrait son dos et récupéra une flèche dans son vieux carquois de cuir usé. Elle ferma un œil et respira profondément. Il ne fallait pas s’agiter. Accroupie derrière un buisson, elle prit son temps avant de laisser filer sa flèche qui perça l’air dans un sifflement. La pointe d’acier s’enfonça dans le front de la bête qui n’eut même pas le temps de tourner la tête vers ses meurtrières avant de s’effondrer. La jeune fille n’éprouvait aucun trouble en son cœur. Elle aimait chasser, mais simplement pour la survie. Les Mormont avaient beaucoup de bouches à nourrir ces derniers temps. Alysane avait eu une fille, Marthe, et la jeune mère avait besoin de force. Leur petite-sœur Lyanna venait également de naitre. Elles accueillaient aussi la nouvelle épouse de leur cousin Jorah. 

Le couteau de sa sœur déchira avec habileté la peau de l’animal. Elle l’écorcha avec précision et découpa les bouts de viandes que sa cadette fourrait dans leurs sacs. La chasseuse remerciait mentalement les anciens dieux, Alysane récupéra la peau et elles laissèrent la carcasse là, pour les autres bêtes affamées. 

Une fois de retour, Lyra aida leur cuisinière à s’occuper de la venaison. Le foyer, toujours convivial et chaleureux était bruyant de voix, d’exclamations et de rires. Pourtant, la femme de Jorah, Lynce Hightower restait désespérément muette, toisant son assiette de viande d’un air dégouté. Assise à sa droite, la troisième fille de Maege s’inquiétait de ne pas la voir manger. 

« Tout va bien ? » lui demandait-elle d’une voix concernée.

Elle se tourna vers elle, comme piquée par une guêpe. La dame du sud était d’une incroyable beauté. Son visage blanc était encadré par de long cheveux blonds, relevés en une coiffure distinguée et élaborée. Elle avait toujours les plus belles robes et les plus beaux souliers, se parant des plus beaux vêtements. La jeune fille avait souvent entendu sa génitrice maugréer que tout leur argent finirait au cou de cette femme qu’elle ne portait guère dans son cœur. 

« Nous l’avons chassé nous même et notre cuisiniè- » 

« Êtes-vous vraiment des change-peaux ? Votre père est-il un ours ? » la coupa-t-elle, à la fois dédaigneuse, méprisante et effrayée.

Sa voisine haussa les sourcils, faussement surprise. 

« Bien sûr, » lui répondit-elle du tac au tac, aussi douce que possible. « Tout le monde est au courant ici, » lui assurait-elle avec un sourire.

Elle fronça le nez et pinça les lèvres, probablement dégoutée. Ses sœurs et moi adoraient raconter cette histoire. 

Le repas se termina sans que Lynce ne réouvre la bouche. Lorsque les jeunes ourses se  retrouvèrent seules, Jorelle raviva le feu avant de se lancer. 

« Je ne vois pas ce que Jorah lui trouve, à cette idiote. Elle est aussi bête qu’une pomme de pin. » 

L'archère s’esclaffa doucement. 

« L’amour est un ours vêtu comme une abeille. Tout va bien, à moins que tu ne sois un saumon nageant dans un rivière de miel. » 

Sa petite tentative pour détendre l’atmosphère ne rencontra pas le succès qu'elle espérait. 

« Cette femme ne nous apportera que des problèmes, » conclut Dacey. 

Et comme d’habitude, leur sœur ainée n’avait pas eu tord. L’appétit d’or de cette femme s’avéra titanesque et leur pauvre cousin, aveuglé par sa jolie épouse dépensa toutes leurs économies. Et il dépensa si bien qu’il dut rapidement trouver de l’argent et versa doucement dans la traite d’esclaves. Si sa famille avait bien vu que quelque chose clochait, les faits leur apparurent en pleine lumière lorsque lord Eddard Stark dénonça son vassal, apportant avec lui le déshonneur sur les Mormont. Si elles étaient tentées de protéger Jorah, leur fidélité à la famille suzeraine du Nord restait flamboyante. Les Stark leur avaient offert l’Île aux Ours et leur avaient fait confiance. Elles ne pouvaient pas faillir. 

Leur cousin échappa à la mort, cependant. Pas par clémence, mais par lâcheté. Il s’enfuit avant la sentence, à jamais banni de l'île. Maege devint la tête de la famille et Dacey l’héritière. 



*




« Un ours y avait, un ours, un ours ! Tout noir et tout brun, tout couvert de poils…
L'ours ! Oh, viens, dirent-ils, oh, viens à la foire ! La foire ? Dit-il, mais je suis un ours ! Tout noir et brun, tout couvert de poils !
Et de céans léans descendent la route. De céans ! De léans ! Trois gars, la chèvre, et l'ours dansant !
… Dansa, virevolta tout le long du chemin qui menait à la foire ! La foire ! La foire !
Oh, qu'elle était douce, et pure, et belle ! La fille aux cheveux de miel !
Ses cheveux ! Ses cheveux ! Ses cheveux de miel !
… En humant le parfum sur la brise d'été ! L'ours ! L'ours ! Tout noir et brun, tout couvert de poils ! »



« Vous allez me manquer. » 

Lyra s’était promise de ne pas pleurer et elle ne pleurait pas. Dacey et Jorelle s’en allaient. Elles allaient visiter le sud, arpenter le nord. Bref, elles partaient. L’émotions lui enserrait le cœur. Elle ne m’imaginait pas ici sans elles. Pour elle, elles étaient l’âme et l’esprit de l’Île aux Ours. Mais leur décision était prise et leur soeur ne pouvait leur souhaiter que bon vent avec bienveillance. Elle les étreignit toutes les deux étroitement avant qu’elles ne grimpent sur leur bateau. Le vent estival gonfla les voiles ternes, les marins prirent place sur le pont. Contre le coque de bois, les vagues rugissaient, encore et toujours, comme pour empêcher les deux ourses de partir. 

Pourtant, elles s’en furent. 

La maison était incroyablement vide sans elles. Autour de l’immense table de bois sombre, il ne restait que Maege, Alysane, sa fille Marthe, Lyanna et Lyra. Si peu de bras pour défendre l’île. Depuis la révolte des Greyjoy, il y avait de nombreuses années, les attaques se faisaient de plus en plus pressantes et insistantes. Souvent, la chasseuse guettait l’horizon aqueux, arc dans une main et flèche dans l’autre, prête à enfoncer leur pointe dans l’œil, même s’ils avaient été à des kilomètres d'elle. Les sauvageons également semblaient arriver de toutes parts, massacrant nos villageois et ravageant leurs côtes. Elle ne se plaignait pas. Elle constatait seulement que sans Dacey et Jorelle, les choses seraient plus difficiles. Plus difficiles certes, mais pas impossibles. 

Cependant, leur décision lui donna, à elle aussi, l’envie d’en voir plus. La troisième fille de l'Ourse était d’un naturel curieux et explorer ne lui faisait pas peur. Mais il fallait protéger leurs rivages et elle se rangea docilement à cette tâche qui incombait aux femmes de la maison Mormont. 

Comment aurait-elle pu imaginer que cette prière allait être exaucée de la pire des manières ? 



*



Nous nous tenons debout.

La peur.

Elle était toujours présente, grattant ses entrailles, serrant sa gorge et heurtant ses tempes. Elle la réveillait la nuit, moite de sueur. Dans l’obscurité, hébétée et terrorisée, elle mettait toujours de longues minutes à reconnaître sa chambre aux murs faits de bois sombres, recouverts de lourdes tapisseries vertes, tissées à la main. Sa chambre. Celle de l’Île aux Ours. Et alors, malgré tout, elle allumait une petite chandelle qui attendait toujours la flamme nocturne sur sa table basse. Il n’y avait qu’ainsi que Lyra parvenait à se rendormir.

Euron Greyjoy avait toujours hanté ses nuits. Depuis ses sept ans, lorsqu’une hache fer-née avaient failli fendre son crâne. Il était le monstre, le kraken personnifié. Et il était devenu bien plus que cela. Son époux. Son tortionnaire. Sa peur. Comment aurait-elle pu deviner que cela se déroulerait ainsi ? Comment aurait-elle pu deviner que ses bras l’arracheraient à sa demeure pour l’emporter chez lui, sur ces pierres abruptes et humides, pour faire d'elle sa femme ? La paix, lui avait-il promis. Une paix de bien courte durée. Elle s’était laissée bernée, aveuglée par une naïveté qu'elle ne se connaissait pas. Elle se haïssait pour cela. On lui avait tout pris pour des paroles perdues dans le vent. Oubliées de tous, même d'elle même.

Lors du soudain exil du Choucas, elle n’avait dû son salut qu’à sa nièce, Asha Greyjoy et à son oncle Harloi. Se furent eux qui la tirèrent du piège mortel dans lequel elle s’était laissée enfermée et qui la rendirent au Nord. Sa vie contre celle de Theon Greyjoy.

Et malgré la peur, elle était aujourd'hui prête à laisser son île, comme ses soeurs auparavant pour remplacer Dacey en tant qu'émissaire.

Les ourses se relevaient toujours.


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Jeyne Ouestrelin

Honor, not honors




feat. Astrid Bergès-Frisbey

Prénom Nom : : Jeyne Ouestrelin Date et lieu de naissance : Trentième jour, lune 5 de l'an 282 à Falaise Statut de sang : Noble Statut social : Lady de la maison Ouestrelin Situation maritale : Célibataire, fiançailles en cours de négociation avec Lancel Lannister Allégeance : Les Lannister Particularité : A délaissé ses rêves d'enfant pour plonger dans la vie réelle

caractère

Délicate Timorée Sensible Réservée Chaleureuse Emotive Optimiste Laconique Conciliante Secrète


Question 1

Blablabla


Question 2

Blablabla


Derrière l'écran

Cendre 22 ans RP les week-end principalement ! J'accepte le règlement et la mise en danger de mort de mon personnage


C'est encore moi  Petit ménage, chronologie et bordel en tout genre 3992757740

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Histoire

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Falaise, an 290, lune quatre.

La mer.

Elle avait toujours été fascinée par cette immensité bleue, étincelante et luisante sous le soleil. C’était étrange, enfant Jeyne l’avait toujours imaginé comme étant un animal monstrueux revêtissent une cape chatoyante et mouvant au gré des vents. Elle passait des heures à l’observer, à sentir la brise marine dans ses cheveux et les embruns salés sur sa peau. Perchée au sommet d’une des tours mal en point de Falaise, la jeune fille observait l’à-pic rocheux, raide et effrayant qui s’écrasaient plusieurs mètres plus bas, dans les flots tumultueux. L’écume, rageuse, s’écrasaient contre l’escarpement avec un bruit de tonnerre. Le château de la famille Ouestrelin, ou du moins ce qu’il en restait, avait été bâti de telle façon qu’on l’aurait cru flottant au-dessus de l’eau et perdu dans les nuages, si l’on s’asseyait près d’une fenêtre donnant sur l’ouest et sur Belle Île. Elle s'était souvent dit que la vue devait être encore plus belle si l’on montait plus haut dans les tourelles, mais celles-ci étaient tellement vieilles et bancales que jamais elle n’aurait osé s’aventurer plus haut que la partie encore habitable de la forteresse.

Une voix tonitruante hurla son nom depuis le couloir et elle sursauta. Quittant l’alcôve paisible à contre cœur, elle trottinait, manquant de trébucher dans sa robe, pour rejoindre Septa Melara qui devait s’impatienter. La grosse femme attendait, effectivement, les sourcils froncés, les bras croisés et le pied agacé, martelant les dalles. Instinctivement, la Ouestrelin se fit toute petite et baissa les yeux, murmurant un « pardon… » intimidé. Un souffle rageur passa ses lèvres et elle la sentit presque lever les yeux au ciel. La religieuse se plaignait souvent de son allure maladroite, de son air rêveur et tête en l’air qui, selon elle, n’était pas digne d’une lady. La jeune fille s'efforçait, tant bien que mal, de gommer ces traits de caractère si déplaisants.

« Votre mère souhaite s’entretenir avec vous, » grogna-t-elle.

Jeyne fut étonnée de ne pas l’entendre s’emporter et la suivit de bonne grâce, bien contente de ne pas avoir à subir son courroux. Pourtant, l’idée de voir sa mère ne l’enchantait pas vraiment. Sa colère à elle était bien pire que les remontrances de la septa qui, finalement, n’était pas plus méchante qu’une autre.

La religieuse la laissa seule avec sa génitrice, dans un petit salon encore chaleureux, dont les murs étaient recouverts de tapisseries chatoyantes. Elle reconnaissait sans mal le symbole de sa maison, des coquillages blancs et nacrés, étalés sur une étendue jaune pouvant s’apparenter à du sable fin. Son frère ainé s’était déjà lui même surnommé « le chevalier aux coquillages » et arborait cet air grave et solennel lorsque ses yeux croisaient leur blason. Des un coin de la pièce, brillait un feu rougeoyant, crépitant dans l’âtre devant lequel se tenait sa génitrice, droite et cambrée comme si une main invisible tirait sur ses longs cheveux bruns. Elle ne sourit pas à sa venue, mais elle se courbait tout de même pour la saluer. Ses yeux, de la même couleur que les siens la toisaient avec dureté et sévérité. Autour de son long cou de cygne, le même collier pendait, inlassablement. Six coquillages dorés, parfaitement ouvragés habillaient son décolleté. Malgré la naissance de son dernier enfant, Rollam, il y avait peu, elle ne semblait pas du tout fatiguée et affichait le même air de dédain.

« Ton père a proposé ta main aux Lannister. »

Sa fille restait muette, luttant contre la boule qui se formait dans sa gorge serrée tandis qu'elle la toisait comme une biche apeurée. Il ne faisait aucun doute que ce plan avait été prévu, non pas par son père, mais bel et bien par sa mère.

« Aux fils de Kevan Lannister, Willem et Martyn. »

Elle me disait les noms, mais aucun visage ne s’affichait devant elle. Les avait-elle seulement déjà rencontrés ? Étaient-ils jeunes et fougueux ? Vieux et endettés ? Elle n’arrivait pas à se souvenir. Ou plutôt, son cerveau encore naïf d’enfance n’arrivait pas à saisir la nouvelle que sa maternelle venait de lui annoncer.

« Aucun d’eux n’a voulu de toi. »

Un poids invisible s’enleva de ses épaules et il lui sembla soudain mieux respirer. Un éclair de soulagement dut se lire sur son visage puisque sa mère reprit de plus belle :

« C’est encore à cause de ton père ! Si cela avait été moi, les choses auraient été autrement ! »

Il était vrai que son géniteur n’était pas des plus doués pour mettre les formes. Profondément honnête, il n’y allait jamais pas quatre chemins et présentait les faits à vifs, bruts, sans dorure ni mensonge. Un trait de caractère que sa mère détestait. Encouragée par la volonté de défendre son père, la jeune fille serra ses petits poings et osait lui répondre franchement.

« Je… J’ai entendu des gens parler, » bafouilla-t-elle. « Des valets… Ils disent que votre grand-mère était une maegi et son époux un simple épicier… Que nous sommes de p-petite noblesse… »

Elle n’énonçait que la plus pure vérité. Elle ne saisissait pas encore l’importance de ces paroles et ne voyait pas vraiment ce qu’il y avait de mal à avoir des ancêtres maternels issus du commerce et d’Orient. Cependant, elle comprenait que cela ne plaisait pas à tout le monde. Elle sentait l’arrogance de ceux qui les toisaient, eux, les Ouestrelin, et le venin dans leur voix. Si elle ne s’en souciait pas outre mesure, cela n’était pas le cas de Sibylle Lépicier qui entra dans une colère noire. Elle s’approcha à grandes enjambées de son aînée et celle-ci ne vit jamais la claque venir. Seule une douleur cuisante sur la joue la laissa hébétée et les larmes aux yeux.

« Ou alors, c’est simplement à cause de toi. Une petite fille idiote aux pensées idiotes ! »

Elle se fit violence pour ne pas pleurer, mais déjà son menton tremblotait et les larmes s’échappaient de ses paupières.

« Sors d’ici ! »

L'enfant ne se le fis pas dire deux fois et s’enfuit, la tête basse, sans un regard de plus.



*



Falaise, an 296, lune dix.

« Attends moi Elenya ! »

Sa jeune sœur courrait à en prendre haleine devant elle. Le bas de sa robe était fouetté par les herbes folles entourant les prés à moitié cultivés autour de Falaise. Elle entendait son rire éclater à mesure qu’elle s’éloignait d'elle. Derrière elles, Jeyne entendait Rollam respirer à grandes goulées. Elle se retourna juste à temps pour le voir trébucher et s’effondrer, le nez dans la terre. Sa soeur ne réfléchit pas à deux fois avant de faire demi-tour aussi vite que possible pour le relever. Le pauvre avait ses cheveux châtains couverts de poussière et son nez devenait déjà rouge. Elle l’épousseta précautionneusement, mais il n’en fallut pas plus pour qu’il se mette à pleurer.

« Ne pleure pas ! Où donc as-tu mal ? »

Entre deux hoquets, il pointa le bout de son nez d’un index tremblant. Son aînée défit le mouchoir immaculé qu'elle nouait habituellement à son poignet et essuyait ses larmes et ses joues avant d’embrasser son front. Il renifla encore quelques secondes avant de se calmer.

« C’est mieux maintenant, non ? »

Il acquiesça avec un dernier hoquet et fourra le mouchoir dans sa poche. Jeyne grimaça lorsqu'elle remarqua qu’il avait troué son pantalon. Cela ne plairait probablement pas à leur mère et un frisson remontait déjà le long de son échine.

Elle s'apprêtait à se retourner pour appeler leur sœur et lui intimer de rentrer au château lorsqu'elle entendit distinctement des sabots marteler le sol. Les sens en alerte, la jeune fille leva la tête et tourna le regard vers l’étroit chemin de terre qui menait jusqu’aux portes de Falaise. Si un visiteur approchait, il viendrait naturellement de là. Et en effet, un cheval galopait sans freiner, se dirigeant vers eux sans avoir remarqué la petite troupe d'enfants. La plus âgée était trop loin pour distinguer le visage du cavalier, mais elle distinguait nettement sa silhouette, assise sur la selle. Silhouette qui bascula à terre, devant sa sœur, à quelques mètres de là où Rollam était tombé. Elenya poussa un cri aigüe, paniquée.

Sans une seconde de plus, Jeyne intima à son petit frère de rester là où il était pour accourir vers sa cadette, la peur au ventre.

« Elenya ! Viens ici tout de suite ! » lui cria-t-elle d’une voix tremblante.

Elle ne souhaitait pas m’approcher de l’homme, craignant un brigandage, un voleur ou un assassin. Mais Elenya était tétanisée et ne bougeait pas le petit doigt. Jeyne hurla son nom une nouvelle fois, mais elle paraissait ne pas l’entendre. Poussée par une volonté inconnue, l'aînée s’approcha donc craintivement de l’inconnu. Ses vêtements n’étaient pas ceux d’un vagabond et son visage, crispé de douleur, ne réagissait pas à leur présence. Sa sœur sanglotait tandis qu'elle restait là, hébétée, ne sachant que faire. Une tâche de sang poissait déjà la terre battue et les soeurs remarquèrent qu’il était blessé, expliquant probablement son manque de réactivité.

« I-Il faut faire quelque chose, » fut la seule chose qu'elle parvint à prononcer.

Terrorisée, la jeune fille demeurait pourtant surprise de constater que la vue du sang ne la faisait pas s’évanouir. Elle détestait tout ce qui s’approchait de près ou de loin à la violence et Raynald se moquait souvent gentiment de sa couardise. Elenya et Jeyne se regardaient, incapable de réagir correctement devant cette situation inédite et angoissante. La Ouestrelin voulait lui dire de ramener Rollam à l’intérieur et d’aller chercher de l’aide, mais le sentiment de devoir rester toute seule lui était insupportable. Pourtant, il lui fallut s’y résoudre si elle ne voulait pas voir l’homme mourir devant leurs yeux. Elle dut pousser sa cadette pour qu’elle revienne à elle et enfin, elle fila vers la forteresse en tenant la main de leur frère.

L’étranger, toujours à terre, gémissait et sa souffrance lui arracha un sanglot. Qu’était-elle sensée faire ? Prenant son courage à deux mains, elle s’approcha suffisamment près pour entendre sa respiration haletante et s’accroupis à ses côtés. De là, elle distinguait nettement l’entaille profonde barrant son manteau de cuir et gravée dans sa chair rougeoyante. Là, elle manqua d’avoir un haut le cœur, mais se contint. Jeyne avait déjà vu les domestiques soigner leurs genoux lorsqu'ils tombaient et se blessaient, mais elle n'avait jamais dû soigner elle même un homme avec ce type de blessure.

Timidement, elle souleva le pourpoint de l’homme et le bruit du tissu se détachant de la chair à vif la fit couiner en même temps que le visiteur grinçait des dents. La coupure était vilaine et provenait surement d’un coup d’épée violent. Lorsque l’homme respirait, un filet de sang fournit s’échappait de sa peau. La jeune fille dégagea donc la plaie en plissant les yeux et attrapa les plis de sa robe avant de les appuyer doucement sur l’entaille, sans oser lui faire mal, pour faire un point de compression. Elle avait vu les septa le faire. Cela devait donc fonctionner pour cela aussi, non ? Il grimaça de plus belle et elle balbutia des excuses, sans pourtant se retirer.

Il lui sembla qu'ils restèrent ainsi une éternité avant d’entendre la voix bourrue des gardes parvenir à ses oreilles. Ils l’éloignèrent rapidement et emportèrent l’homme à l’intérieur, avec une délicatesse digne d’ours mal léché. Elle manqua de s’indigner, mais n’en trouvait ni la force, ni le courage.

Elle apprit plus tard que c’était un de leurs soldats qui avait été attaqué par des brigands sur la route. Jeyne était restée dans les parages le temps de sa guérison et s’efforça de bien faire en lui apportant elle même des linges propres et ses dîners.

« Tu as le cœur bien tendre, ma chère fille, » avait alors murmuré son père. « Cela finira par te perdre. »



*



Falaise, an 298, lune dix.

Elle avait grandi.

De petite fille sanglotante et peureuse, errant dans la forteresse de Falaise comme une ombre, elle était peu à peu devenue une jeune femme. Jeyne s’en était premièrement rendue compte lors des premières discussions de mariage de sa génitrice à son sujet. Les choses bougeaient à Westeros. Et si elle ne suivait pas le mouvement, les Sept seuls savaient ce qu’il adviendrait d'elle. Ce sentiment s’était renforcé lors de l'annonce de ses possibles fiançailles avec Steffon Fléaufort par le biais d’Alyx Lefford. Elle allait être mariée. Il lui fallait donc abandonner la fillette qu'elle avait été. L’enterrer pour de bon. Sa rencontre avec Addam Marpheux et ses nombreux conseils lors de leur entrevue avaient fini de forger son opinion sur la personne qu’il lui fallait devenir. Le chemin serait long et elle savait qu'elle serait effrayée, voire réticente face à de nombreux obstacles. Mais il lui fallait les parcourir.

Contre toute attente, la loyauté sans faille des Ouestrelin fut reconnu par les Lannister et alors que les travaux de Falaise duraient depuis de nombreuses lunes déjà, son père entama les négociations pour la fiancer à Lancel Lannister alors qu'Elenya se trouvait fiancée à sa place à Steffon Fléaufort.

Jeyne ne savait si elle était prête. Si elle se sentait prête. Mais pour l'Honneur des siens, il lui fallait faire face.


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