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Jeux Interdits | pv Wynafryd Manderly

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Jeux Interdits

An 298, Fin lune 10



Wynafryd Manderly & Gerold Dayne

La chaleur de l’après-midi rendait presque pesant le parfum suave des bosquets de fleurs envahis par les abeilles. Le beau temps, tout comme à Dorne, semblait ne jamais quitter Port-Réal, et en cette journée plus ensoleillée encore qu’à l’accoutumée, les jardins grouillaient de ladies en robes encombrantes et de lords suants. Ces promenades dans les jardins étaient autant de bon ton pour être vus que pour converser de sujets délicats tout en ne semblant parler que de futilités. C’était ici que naissaient des amitiés sincères ou intêressées, que se nouaient et se défaisaient les alliances. C’était un jardin plein d’araignées, et la seule qui importait réellement demeurait la plus discrète, aidée comme la rumeur le vantait par des “oiseaux” venant lui rapporter les indiscrétions dont ils étaient les témoins invisibles. Les yeux violets de l’homme qui se tenait debout à l’ombre d’un pin se baladait sur les visages de ceux qui passaient de temps à autre devant lui. Deux servantes. Un vieux lord. Une lady et son jeune fils. Un garçon portant un plateau de victuailles. Certains passaient sans lui prêter attention, quand d’autres jetaient vers lui un regard curieux et un brin dédaigneux à la vue de ses habits dorniens. L’exotisme de la mode dornienne était rarement délaissée par les ressortissants de la principauté lorsqu’ils venaient à la Capitale. C’était une provocation brandie devant tous ceux qui continuaient de voir les dorniens comme étrangers à ce Royaume dont ils faisaient tous partis, bon gré mal gré. Et au mépris que lui affichaient quelques uns, Sombrastre répondait par un sourire et un salut qui laissaient le goût d’une insulte à ceux qu’il gratifiait d’une telle réponse. Les journées passées au Donjon Rouge se suivaient et se ressemblaient, l’ennui avait plusieurs fois déjà menacé de lui faire abandonner cette attitude exemplaire qu’il présentait depuis son arrivée. Mais son ambition était plus forte que sa soif d’action, et l’arrivée récente d’une jeune lady avait changé la donne au moment même où il était prêt à créer le scandale qui aurait enrichi ce quotidien feutré et précieux dans lequel il se fondait pourtant parfaitement. Il n’avait pas hésité longtemps avant d’aller se présenter à elle, malgré l’évidente attention que porterait sur eux deux un tel geste de sa part. Dans les jardins et dans les couloirs du Donjon Rouge, les fois où on avait pu les apercevoir ensemble s’étaient faites nombreuses à mesures que les semaines passaient. Quelques habitudes avaient été prises, quand leurs pas les menaient à se retrouver presque toujours aux mêmes endroits. Parfois, ils ne faisaient que se saluer de loin, pour le paraître, afin de ne pas enflammer trop rapidement les esprits de ceux qui n’attendaient qu’un pas de travers de la part du Chevalier ou de la jeune Nordienne pour faire éclater le scandale. Le physique du dornien, si semblable à celui des dragons, avaient amené les courtisans à se montrer curieux à son égard, et bien vite la réputation de Sombrastre s’était faite connaître à Port-Réal. Aussi, lui qui s’était montré si indifférent à tout ce beau monde qui gravitait autours de lui si longtemps, avait par conséquent à son intérêt soudain et manifeste pour l’héritière Manderly amené sur la jeune fille une attention qui n’était pas sans valeur, surtout pour une lady à la recherche d’un époux. L’ombre des feuillages venait découper sur son visage et sa silhouette sombre des motifs qui se mouvaient au gré de la brise. Des bruits de pas lui firent tourner la tête, et au détours de l’allée apparue celle qu’il attendait. Se redressant, il lui offrit un sourire effronté tout en s’avançant vers la jeune lady. “Lady Wynafryd, quel heureux hasard.”  Lui disant cela il s’était incliné sans que son sourire ne quitta son visage. “Les dieux sont bien généreux de vous placer si souvent sur mon chemin.” Ils étaient observés, écoutés par ceux qui passaient tout à côtés d’eux. Aussi la jeune sirène serait sans doute la seule à percevoir le mensonge derrière les paroles mielleuses du dornien. Car de hasard il n’y en avait aucun, et c’était uniquement de son fait si sa route croisait si bienheureusement souvent celle de la dame de compagnie de la Princesse. Cette dernière l’avait bien compris, tout autant qu’il était certain qu’elle le laissait agir à sa guise par l’intérêt que cela amenait sur elle. Pour cette raison, la compagnie de la nordienne était loin d’être déplaisante. La brune n’était pas sotte, et leurs conversations s’étaient révélées infiniment plus distrayantes qu’il ne s’y attendait. S’il n’était que chevalier, son esprit acéré se plaisait plus au milieu des nobles à l’éducation pointue que dans les tavernes en compagnie des soldats et autres hommes d’arme. Tout en l’invitant à poursuivre la promenade, il lui présenta son bras, mais ces gestes n’avaient plus rien de cérémonieux, le temps passé ensemble avait laissé la place à une aisance qui était la preuve la plus insolente de la relation qui se nouait à la vue et au sus de tous. “J’ai failli croire que vous me feriez faux bond aujourd’hui. J’ai même pensé un instant que vous aviez pris un autre chemin afin de m’éviter.” Son regard violet s’était posé sur la jeune lady, alors que craquaient sous leurs pas les épines tombées des pins bordant l’allée. Le calme était seulement perturbé par le cri lointain des oiseaux marins, quand le vent chaud de cette fin de journée venait agiter les branchages. “Comment se porte le jeune Loup?” Si la question semblerait inopportune à quiconque l’entendrait, il n’en était rien. Il aurait été stupide de penser que Sombrastre cherchait par un tel rapprochement à forcer une mésalliance pour l’héritère Manderly. Le chevalier  n’était pas fou, et encore moins idiot. Mais les rumeurs circulaient vite, et il était délicieux de pouvoir en parler avec la principale intéressée. “Les chevaliers parlent beaucoup.” Le ton désinvolte avec lequel il lui parlait ne portait pas la moindre trace d’un effort pour justifier et excuser une question qui, au sein des murs du Donjon Rouge, pouvait rapidement porter préjudice.

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Comme presque tous les jours, Wynafryd avait noué son épaisse chevelure brune en une longue tresse. Si elle avait longtemps porté cette coiffure parce que sa mère la lui imposait le plus souvent, depuis son arrivée à Port-Real, c’était de sa propre volonté. Il n’y avait que comme ça qu’elle pouvait supporter ce qui lui servait de crinière. La jeune femme avait bien fait l’expérience des chaudes températures du Bief l'année précédente, mais le climat de Port-Real était différent. Tant qu’elle restait à l’ombre des couloirs, cela ne posait aucun problème, les murs épais conservaient la fraîcheur, mais dès qu’elle mettait un pied au dehors, c’était une toute autre histoire. Elle aurait donné cher pour ne plus avoir sa chevelure sombre de nordienne, mais plutôt des cheveux fins et clairs comme les Biefoises ou les Ouestiennes. Elle avait d’ailleurs donné cher déjà pour ses tenues. Elle avait emporté avec elle les plus légères qu’elle possédait déjà, mais elles étaient toutes finalement adaptées au climat de Blancport, elle avait donc dû revoir quelques pièces de sa garde de robe. Elle comprenait à présent pourquoi autant d’étoles transparentes leur parvenaient d’Essos à Blancport. Sa mère pouvait critiquer autant qu’elle voulait ces tissus, ils étaient bien plus confortable que l’épais coton qu’elle portait encore aujourd’hui.

Après avoir passé un moment au calme, seule, auprès de l’arbre-coeur, comme elle aimait déjà le faire dans la cour dissimulée de Chateauneuf, Wynafryd se décida finalement à rejoindre la cour de la princesse, en passant par les jardins. Ils n’étaient pas aussi somptueux que ceux qu’elle avait pu découvrir à Hautjardin l’année passée, mais ils demeuraient tout de même sublimes. Ce que la nordienne appréciait par dessus tout, c’était la vue qu’ils offraient sur la mer. Avec ses différents étages, on était plus ou moins au calme, plus ou moins proche du clapotis de l’eau et cela lui rappelait sa demeure familiale. Mais sans la bise qui vient rosir les joues de froid, et avec à la place une multitude de senteurs florales et plus d’oiseaux que de mouettes. Mais les jardins étaient bien loin d’être déserts, à moins d’en connaître les petits recoins, ce qu’elle commençait à apprendre progressivement. Elle avait noté qu’elle n’était pas la seule à être particulièrement observatrice en ces lieux, parmi tous les petits groupes qui s’y posaient ou s’y promenaient. Elle avait l’impression que le jardin était bien plus une scène de théâtre que les soirées organisées par la cour. Tout ne semblait être qu’apparence ici, beaucoup de sourires, mais tout autant de messes basses, échangées le plus discrètement possible pour ne pas susciter l’attention. Alors que finalement, tout le monde avait conscience de ce petit jeu… Si seulement les feuilles avaient des oreilles, Wynafryd se demandait bien ce qu’elles pourraient entendre. Elle était cependant prête à parier qu’elle ne serait pas déçue du voyage !

Alors que la jeune demoiselle de compagnie s’amusait de cette idée, l’esprit ailleurs, une silhouette l’accosta, la faisant légèrement sursauter. “Oh, Ser Dayne, c’est vous.” Wynafryd lui offrit un petit sourire gêné, et un hochement de tête,  tentant de regagner rapidement un peu de constance après s’être laissée surprendre de la sorte. Elle s’en voulu d’ailleurs de ne pas avoir prévu qu’il l’attendrait probablement. Depuis le temps, elle aurait dû s’en douter. Mais la jeune femme ne savait toujours pas sur quel pied danser avec le chevalier. Il était pour le moins charmant et flatteur et elle n’était ni aveugle ni idiote pour cela. Elle n’arrivait cependant pas vraiment à mettre le doigt sur l’intérêt qu’il avait à passer du temps avec elle. Wynafryd ne se flattait pas à penser qu’il agissait de la sorte simplement pour ses beaux yeux. Quand il évoqua alors les Dieux, elle ne put retenir un petit rire amusé. “Les Dieux ? Les Anciens ou les Sept à votre avis ?” Elle conserva un sourire amusé, attendant sa réponse. Puis elle jeta rapidement un œil autour d’eux. Comme elle s’y attendait, les gens autour observaient, faisant pourtant mine de ne rien voir. Mais comme d’habitude, ils ne comptaient pas en rater une miette. Wynafryd se redressa légèrement, voulant s’assurer d’avoir une tenue impeccable et une posture irréprochable. Elle avait rapidement compris qu’elle jouait avec le feu en compagnie de ce Dornien, mais c’était plus fort qu’elle. La jeune femme avait fini par se dire que sa présence aussi régulière à ses côtés attiserait peut-être une forme de jalousie chez le jeune loup, tant qu’elle ne faisait rien de mal, il y avait des limites qu’elle ne voulait pas franchir.

Wynafryd regarda un instant le bras qui lui était tendu et y accrocha élégamment le sien. “Vous éviter ?” dit-elle faussement étonnée en tournant un visage innocent vers lui. “Quelles raisons aurais-je d’éviter un chevalier à la réputation aussi glorieuse que la votre ?” Elle fronça légèrement les sourcils, le regardant d’un air interrogateur. “A moins que vous ne m’ayez menti sur certains sujets ?” Mais le dornien ne se laissa pas faire pour autant, la taquinant à son tour au sujet de Robb Stark. Touchée. Si Wynafryd savait maîtriser les différents muscles de son visage, il y avait des réflexes sur lesquels elle n’avait aucun pouvoir. Elle sentit alors le rouge lui monter aux joues et fit de son mieux pour ne rien laisser paraître à part la couleur cramoisie qui parlait déjà d’elle même. Elle se racla la gorge, puis sourit. “Robb Stark va très bien. Votre sollicitude envers les nordiens est décidément sans limite. C’est très touchant de votre part.” Elle lui offrit un sourire chaleureux avant de rire doucement, lorsque le chevalier ajouta que les hommes comme lui parlaient beaucoup. “Hmm” fit-elle d’un air entendu. “Oui c’est ce que je vois, pire que les dames de compagnie décidément. Il faudra que je m’en méfie à l’avenir !” Wynafryd affichait un sourire amusé, tentée de faire allusion à leur début de conversation, quant à savoir si elle ferait mieux de l’évitait ou non. Même si la jeune femme s’amusait, ses rires étaient modérés, pour ne pas attirer plus d’attention que nécessaire. Et à part ses sourires, il n’y avait rien de familier à vu d’œil entre les deux jeunes gens. Elle reprit son sérieux pour quelques minutes. “Que racontent-ils d’autre vos chevaliers ? Vous avez attisé ma curiosité à présent. Je pensais qu’ils ne discutaient que d’honneur et d’aventures ?” Wynafryd contrôla le sourire moqueur qui tentait d’étirer ses lèvres.


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An 298, Fin lune 10



Wynafryd Manderly & Gerold Dayne

Le Chevalier n’était pas pieu. Les Dieux n’avaient pas leur place dans la considération d’un homme comme lui, qui n’avait jamais eu foi en rien d’autre qu’en lui-même, se reposant sur l’estime débordante qu’il portait à sa propre personne. Alors qu’ils soient multiples ou végétaux, marins, ou même de lumière, si ces Dieux existaient bel et bien, il n’aurait à s’inquiéter de leur jugement sur sa personne qu’à l’heure de sa mort, pas avant. “Ma foi, je n’en sais rien. Mais au vu des douces attentions qu’ils m’envoient, c’est qu’ils ne doivent pas trop me détester.” Ses yeux s’attardèrent sans gène sur le sourire de la jeune fille, ainsi que sur ses traits qu’il commençait à bien connaître, pour les rencontrer presque quotidiennement. Sa pâleur, qui était si exotique au regard du dornien, avait par le soleil de la Capitale pris quelques couleurs au niveau des joues. Une coquetterie des plus charmantes, et qui ne le laissait pas insensible, quand elle évoquait seulement pour le Dayne la beauté dont se parait le visage d’une femme après l’amour. Bien qu’ils empruntèrent des allées moins fréquentées que les parties des jardins où les nobliots avaient pour habitude de se retrouver, il leur était difficile de ne pas croiser quelques lords et ladies. Et le Chevalier s’appliquait à adresser un léger signe de tête à chaque personne passant à côté d’eux, et qui parfois même les frôlait, lorsque leur promenade les menait sur des chemins en entonnoir. Il avait beau ne pas être de sang-bleu, son nom l’était, et Sombrastre s’amusait de ne pas se montrer dans son armure dornienne ainsi que le faisaient les autres chevaliers ayant accompagné l’ambassadrice, mais vêtu d’atours qui n’avaient rien de guerrier, et seule l’épée qu’il portait à sa ceinture rappelait que c’était avant tout pour ses talents aux armes qu’il se trouvait là. Exaltant l’arrogance, sa mince silhouette déambulait avec une élégante nonchalance dans les jardins et les couloirs, et si nombreux étaient ceux qui ici comme à Dorne prétendaient jouer avec lui comme on le ferait d’un fantoche, il savait pertinemment qu’il était le seul maître du rôle qu’on lui avait donné. Le Dayne était imprévisible, et si on lui on lui avait bel et bien confié une partition à jouer, il s’accordait le droit d’interpréter et d’appliquer comme bon lui semblait ces ordres dont il se servait avant tout pour se servir lui-même.
“Ma sollicitude n’est rien comparée au soin que vous mettez à panser la nostalgie du jeune loup.” La jeune Manderly était troublée par sa question, comme en témoignaient ses pommettes soudainement empourprées, et cela réveilla dans le regard du dornien une lueur née de la satisfaction de voir ses mots faire mouche. “ Je me demande bien sur quels mirages vous vous appuyez pour construire votre amitié avec Robb Stark. Une vie passée dans les jardins du Donjon Rouge ont du faire de lui un loup presque aussi féroce que ces petits chiens dont la compagnie ravie les vieilles ladies.” La langue du Chevalier était connue pour être aussi tranchante que la lame de son épée, et bien qu’il n’en eût ni les galons, ni l’éducation, il se savait doté d’une finesse d’esprit qui n’avait rien à envier aux lords et aux princes de quelque sorte qu’ils soient. Le temps passé en compagnie de l’héritière de Blancport l’avait décidé depuis quelques temps déjà à abandonner cette réserve qu’il était de bon ton d’user dès lors qu’un sujet dangereux arrivait sur la table d’une conversation. Le dornien se permettait d’autant plus de laisser libre cours à son parlé venimeux qu’il savait la brune capable de répondre, si bien que les piques qu’ils se renvoyaient l’un l’autre avaient tendance à se multiplier au fil des jours. Cela amusait Gerold, et loin de dégrader ce qui ressemblait à s’y méprendre à une amitiée naissante, les liens qu’ils tissaient s’en trouvaient renforcés. Chacun des ces moments volés à la nordienne était un jeu dont les règles définies par l’étiquette, mais surtout par leur dessein propre, semblaient pouvoir être brisées en un instant. Faire voler en éclats les bonnes manières, les formules pompeuses aux consonnes trop nombreuses, franchir l’interdit que l’ennui lui rendait chaque jour plus séduisant, quand il ne devait que se contenter de déshabiller du regard la silhouette de la jeune dame de compagnie. “Nous trompons l’ennui avec ce qu’il nous est permis de faire, lady Wynafryd. Commenter les faits et gestes de nos lords et ladies est extrèmement divertissant.” La discussion prenait une tournure bien moins convenable, et cela n’était pas pour déplaire au Dayne dont la préciosité ne faisait que cacher une âme forgée par la vie dans les Montagnes Rouges et le désert. Car au fond, il n’était qu’un éléphant capable de marcher sur de la porcelaine, ainsi qu’il avait entendu être décrit par des soldats de l’Orage. De sa voix suave et presque rugueuse, le dornien poursuivi, commençant tout juste à répondre à la question de la jeune fille. “Pas seulement les chevaliers. Les soldats, surtout, sont friands d’histoires et de ragots.” Alors qu’ils marchaient le long d’un bassin au milieu duquel somnolait un oiseau-spatule, le dornien se tourna vers sa compagne de promenade, répondant au sourire moqueur de cette dernière par une moue faussement désolée. “Je suis navré de briser l’image que vous aviez des hommes comme moi. Quelle déception! Et quelle honte pour moi de lire cette déception dans vos yeux.” Un sourire complice vînt gommer ce qui restait de mensonge sur son visage, ses yeux violet brillants d’impertinence. Aucune agrégation plaquettaire qui aurait pris la forme d’un chaperon ne viendrait barrer la véritable hémorragie à l’étiquette que serait le discours du dornien devant la jeune lady. Autour de lui flottait le parfum d’encens dont étaient imprégnés ses vêtements. Une essence qui indisposait ceux qui l’humaient en passant à côté de lui de par sa nature exotique. Une coquetterie qui n’avait guère d’autre but que la provocation, le chevalier l’admettait volontier. “Les seules personnes avec qui les chevaliers abordent des sujets aussi “chevaleresques”, c’est avec les jeunes filles qu’ils souhaitent dévergonder. Croyez bien que j’aurai été ravi de parler honneur et aventures avec vous, mais on me dit dépourvu du premier et le second n’est guère intéressant s’il faut l’adapter pour des oreilles chastes et innocentes. Je n’aurai pas l’impudence d’affirmer que vous-même ou même la Princesse seriaient friandes de tels récits, cela serait véritablement une insulte que je vous ferais.” Si le langage des chevaliers et les propos tenus dans les tavernes étaient loin de ressembler aux poèmes froufrouteux et suintants de bons sentiments du Roi Rhaegar, celui que l’on appelait Sombrastre avait suffisamment côtoyé les jeunes filles de bonne naissance pour savoir que le sexe faible n’était pas en reste lorsqu’il s’agissait de scandales et de récits salaces.


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Pour le moment, Wynafryd ne pouvait pas dire qu’elle connaissait vraiment bien le Dornien. Elle avait entendu quelques rumeurs de couloirs concernant sa réputation, bien évidemment, mais pour l’instant, il n’y avait rien eu dans son comportement vis à vis d’elle qui l’avait obligé à se méfier de lui et à douter pour sa sécurité ou sa vertue. Elle n’était pas idiote pour autant, elle avait bien saisi l’arrogance et la fierté qui habitaient le jeune homme, il ne manquait jamais de la provoquer gentiment avec ses propos, mais ça n’était rien qu’il ne lui semblait pas pouvoir gérer. Et il fallait bien qu’elle l’avoue, elle trouvait les moments passés en sa compagnie amusant. Depuis son arrivée au Donjon Rouge, Wynafryd était restée irréprochable et très en retrait de tout, comme une lady parfaite, mais sans vraiment avoir l’occasion d’en profiter, ça n’était plus un masque, c’était elle, et ce qu’il avait été nécessaire qu’elle devienne pour pouvoir commencer son travail auprès du Dragon Ensoleillé correctement. Avec Gerold, durant ces quelques échanges réguliers qu’ils partageaient, elle retrouvait un peu ce jeu qui commençait à lui manquer. Et finalement, elle s’était rendue compte qu’elle ne se sentait jamais aussi confiante que lorsqu’elle jouait à ce petit jeu. Elle se savait suffisamment douée, elle se sentait en sécurité, derrière son voile de comédie, derrière chacune de ses répliques épicées. Les choses étaient différentes lorsqu’il s’agissait de se dévoiler et de parler de réelles intentions, de réels sentiments. Elle redevenait la jeune femme de dix-sept années qu’elle était, peu importe l’éducation ou la famille d’origine. Et justement, avec Robb, elle avait déposé ce voile, elle avait compris l’importance de le faire. Avec la princesse Rhaenys, elle le gardait tout juste également. Alors avec Gerold, c’était l’occasion de le porter fièrement et de se sentir en confiance à nouveau, maîtresse des ses actions. Mais les interactions avec le fougueux dornien n’étaient pas pour autant de tout repos, le jeune homme avait l’esprit particulièrement vif et semblait prendre grand plaisir à pousser Wynafryd dans ses retranchements, tentant chaque fois une provocation plus forte que la précédentes. Mais la jeune femme n’allait pas se plaindre, il lui permettait de ne pas rouiller comme une vieille armure qu’on abandonnerait dans une vitrine, en souvenir du bon vieux temps. Mais elle n’avait pas la défaite facile, et le Sombrastre était un bon joueur, alors ça n’était pas toujours de tout repos.

Accrochée à son bras, Wynafryd suivait les pas du Dayne. Les deux jeunes gens, physiquement tout ce qu’il y avait de plus différents et de plus étrangement assortis, déambulaient dans les jardins, passant dans d’étroits sentiers, ou au contraire dans de vastes étendues, près de différents bassins. Peu à peu, la Manderly accordait de moins en moins d’importance aux gens qu’ils croisaient ou qui les dévisageaient avec plus ou moins de discrétion. Elle les saluait poliment d’un hochement de tête quand ils venaient à se croiser mais c’était bien tout. Pourtant, cela aurait pu être une bonne chose d’observer qui les observer, et même se servir de ce prétexte de promenade pour tenter d’écouter les conversations des autres, mais la jeune femme connaissait et reconnaissait ses limites. En présence du dornien, elle ne pouvait pas tout faire, et il fallait bien le dire, il accaparait toute sa concentration. Alors elle se concentrait sur ses propos, réfléchissant déjà par avance à ce qu’elle pourrait bien lui répondre, essayant de deviner la prochaine pique qu’il allait tenter de lui lancer. Il n’y avait que les bruits de la nature qu’elle entendait en plus du jeune homme, trouvant un doux réconfort à ce bruit redondant, à ces mélodies d’oiseaux. Après tout, c’était quand toute la nature se calmait subitement qu’il se préparait quelque chose de grave. Elle écouta donc Gerold conclure que les Dieux, peu importe qui ils étaient vraiment, devaient plutôt l’apprécier aux vues des attentions qu’ils plaçaient sur sa route. “Méfiez-vous à ce qu’ils ne changent pas d’avis sur votre compte alors.” conclut-elle, l’air léger.

Son sourire finit par la quitter quelques instants finalement, lorsque le Dayne pris plaisir à critiquer le loup qu’était Robb Stark en ayant grandit au Donjon Rouge. Il était si aisé de porter un jugement sur une personne qui n’avait guère eu son mot à dire sur sa propre vie. Et depuis le mois qui s’était écoulé, la jolie brune s’était prise d’une affection sincère pour le jeune homme, alors elle ne prenait guère aucun plaisir à entendre des gens qui ne savaient rien de lui, se moquer d’une situation dont il était littéralement prisonnier. Elle trouvait cela injuste. Que pouvait vraiment savoir un dornien finalement, des Stark et des loups ? Mais elle savait aussi que le dornien n’avait pas parlé en l’air, il savait quel genre de réaction ces propos pouvaient créer et c’était certainement ce qu’il voulait. Alors non, Wynafryd ne voulait pas sourire, ses paroles ne l’amusaient pas. Cependant, il ne s’agissait pas de créer un scandale. Étonnamment, elle eut la certitude que si elle venait à s’énerver à tenter de lui faire la leçon comme une mère pourrait le faire à son enfant, ou une septa à son élève, tout ce qu’elle obtiendrait du Sombrastre serait un sourire victorieux et insolent. Elle était prête à le parier. “Je crois que vous ne côtoyez guère de loups à Dorne mon cher Ser Gerold, ou bien je me trompe ? Ce sont des tigres que vous avez dans vos Montagnes Rouges si je ne m’abuse ? Ou bien des lions peut-être ?” Elle l’avait regardé avec un air sérieux, mais sans colère. “Et puis ce n’est pas à vous que je vais apprendre que 15 années ne sont pas ce que l’on peut appeler une vie, si ? Après tout, vous aviez 15 ans il y a une dizaine d’années et êtes vous exactement la même personne aujourd’hui qu’à l’époque ?” Elle se tourna à nouveau vers la route, regardant droit devant elle, le regard haut et digne. “Pas que j’ai à me justifier de quoi que ce soit à votre égard ser Dayne, sachez que mon amitié pour Robb n’a rien d’un mirage et que même parmi les dragons, il reste un Stark.” Elle fit une petite pause, puis pris une moue déçue. “Je retire ce que j’ai dit, votre sollicitude envers les nordiens ne vaut décidément rien Ser Gerold.”

Wynafryd se détendit à nouveau lorsque le sujet s’éloigna du futur suzerain du Nord. Le dornien venait de lui dire que les chevaliers et notamment les soldats, étaient pour le moins promptes à échanger des commérages et des racontars, au même titre que les servants et les dames de compagnie. La jolie brune fit mine de s’en offusquer pour amuser son comparse du moment et cherchant à en savoir plus sur ce qu’ils pouvaient bien se dire. Elle pouvait très bien comprendre que ce genre de discussions était ce qu’il y avait de mieux pour tromper l’ennui, c’était pour le moins divertissant, ça n’était pas elle qui pouvait le contredire sur ce point. Comme le Dayne s’excusait d’avoir brisé l’image qu’elle se faisait des chevaliers, Wynafryd saisit la perche. Elle s’arrêta net et posa sa main droite sur son coeur, l’air faussement essoufflée et déboussolée, son regard descendit vers ses pieds. “Je crois que j’ai besoin de m’asseoir Ser. Je ne me sens pas très bien… je… Toutes ces années de mensonges… et pour quoi ? Je n’en reviens pas. Quelle déception effectivement Ser Gerold, vous employez le mot exact.” Elle avait relevé le visage vers lui, poussant le vice jusqu’à faire monter quelques larmes au coin de ses yeux pour les rendre brillants. Elle secoua la tête, comme si elle n’arrivait toujours pas à se faire à la nouvelle, mais cette fois-ci avec le visage relevé vers lui. Elle fronça une nouvelle fois les sourcils, mettant encore en doute sa jugeote de se trouver en sa présence. Mais le sourire que lui fit le dornien l'empêcha de tenir son acte de tragédie plus longtemps et elle lui offrit un grand sourire en retour. D’après le jeune homme, seul les chevaliers qui tentaient de se glisser dans le lit des jeunes lady, se racontaient avec des vies et des pensées aussi nobles et chevaleresques qu’ils évoquaient quelques instants plus tôt. “Me voilà donc rassurée Ser Dayne, vous ne me mentez pas sur votre honneur, au moins je sais que vous n’essayez pas de dévergonder la petite-fille du seigneur de Blancport.” lui répondit-elle avec un air amusé. Lorsqu’il évoqua finalement la princesse dans ses propos, la jolie brune eut comme une sorte de déclic dans son esprit. De tous les moments qu’ils avaient passé ensemble, il n’avait pas mentionné Rhaenys et c’était probablement pour ça que la nordienne n’avait pas envisagé son rapprochement de ce point de vue. Mais il était vrai qu’en entrant dans le cercle de la princesse, elle devenait une cible pour ceux qui voulaient atteindre la fille du roi. Elle était soudainement curieuse de savoir de quoi il en retournait vraiment. “Vous vous doutez bien que malgré toute l’amitié que je vous porte ser Gerold, je ne vais tout de même pas vous rapporter les propos que nous nous échangeons en privé avec la princesse… Cela serait très malvenu… Tout comme vous vous doutez bien effectivement, que les propos que tiennent les jeunes ladys sont toujours corrects et chastes bien entendu.” Wynafryd retint un rire. Encore une fois, tous deux savaient très bien de quoi il en retournait vraiment.
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