La force de l'air et du feu ϟ Rosalya
Invité
Informations
Personnage
Badges
« La force de l'air et du feu. »
Rosalya & Viserys
Mes journées sont devenu longues depuis mon coup d'état. Être roi, et qui plus est nouveau roi, n'est pas une tâche facile. Il faut instaurer les nouvelles règles. Se faire des alliés. Marchander avec ces alliés. Tenir à l'écart les ennemies. Ou les briser.
Malheureusement pour moi, mes ennemies ne se trouvent pas qu'à l'extérieur de ma maison. Certain sont proches de moi, plus que jamais. Mon entrevu avec Daenerys fut un véritable calvaire, pour elle et pour moi. Je me suis laissé emporté par le désir qui s'était ardemment ancré en moi depuis des années, et qui s'était nourrit chaque jours au supplice de ma pauvre sœur. S'il n'y avait eu aucun plaisir, le souhait de voir pousser en elle un héritier voguer brillamment dans mon esprit. Quand à Rhaenys, ma tâche n'était pas terminé et elle ne le sera pas d'aussi tôt. Son arrogance est à son apothéose. Elle s'écroule pour se relever plus violemment. A la fois plus forte et plus faible. Elle me pousse à utiliser les méthodes les plus cruels. Mais un jour je sais, elle ploiera. Et ce jour là, elle sera enfin a moi.
Tout ça pour dire que mes moments de paix et de calme se font rare. En cette fin d'après midi, j'ai la chance de ne pas avoir d'audience ou de conseil a mener. Je me réfugie alors dans mes appartements, la mine fatiguée. Aussi silencieux qu'une ombre. Je souffle avant de fermer la porte derrière moi. Enfin un peu de calme. En avançant dans la pièce principale, je dégrafe mes manchettes et retire ma veste. Je la jette vulgairement sur la table. Ainsi, je me retrouve avec une élégante chemise blanche que je déboutonne sur ma poitrine. Mon pantalon est noir, de même que les bottes en cuirs. J'avance encore en direction de la fenêtre, m'apprêtant a fermer les épais rideaux. Cependant, mon attention est attirée par autre chose.
S'est en posant mes yeux d'améthystes sur ce miroir que je vois s'ouvrir cette autre dimension. Que je vois cet homme semblant être entièrement différent de moi. Ses traits tirés. Ses yeux sombres. Aujourd'hui suzerain, il ne fait que pénétrer plus profondément dans mon esprit, dans mon cœur, dans mon âme. Il fait pourrir la moelle de mes os et suppurer mes organes. Il empoisonne mon sang et celui des miens. Je ferme un instant les yeux, parfaitement silencieux, immobile. L'enfant blond dans ma poitrine pleure face au désarrois. Sa tristesse s'exclame dans ma tête. Puis, vigoureusement vient la colère. Il est toujours bien présent cet enfant, il est retenu par une raison soignant son cœur. La plus belle des raisons. La plus sensuel des obsessions. L'éternel essentiel. Rosalya. Et dans un élan de fougue, il me fait ouvrir les yeux et éclatent en milles morceaux la face désastreuse de cet homme maléfique.
C'est une légère douleur qui me fait reprendre mes esprits. Sortir de ce duel cruel contre moi même. Ma main est ensanglantée et partiellement recouvert de bout de verre. Le miroir face à moi n'est plus qu'un amas de fissures désordonnées sur un visage méconnaissable. Qui ai je brisé en réalité? Le démon ou l'enfant? A mes pieds s'étend les morceaux de miroirs. Un cimetière d'âme irrécupérable, condamner a vivre dans l'oublie, recouvert de gouttelettes de sang qui tombe. Tombe. Et tombe encore.
Je souffle doucement tandis que je me retourne et attrape un vulgaire chiffon de soie blanc sur le bureau. Je couvre ma main pour éviter d'éparpiller le liquide rougeâtre et vitale dans toute la pièce. Je m'assoie ensuite sur le confortable fauteuil royal, devant la cheminée royale embrasée d'un feu des plus royal également. Suis je seulement destiné a être à cette place? Je m'obstine à me faire aimé de tous par la crainte, par la peur, car je ne peux faire autrement. Qui accepterait le vile frère de Rhaegar Targaryen comme monarque autrement ? Ce fébrile être ayant vécu toute sa sombre existence dans l'ombre de sa famille. Si j'ai hérité d'une grande partie du physique Targaryen, j'ai également hérité de sa folie... En revanche, je n'ai pas eu la chance d'obtenir la grandeur de l'amour. Je n'ai pas eu la chance d'obtenir une famille. Je n'en fais plus partie, je n'en ai jamais fait partie.
Un bruit discret attire mon attention. Le léger grincement de la porte secrète qui se trouve camouflée derrière une grande toile représentant l'icône de la maison Targaryen. Je reste cependant fixe. Les yeux rivés sur la danse ardente des flammes de la cheminée. Je n'ai aucun doute sur l'origine de la présence qui s'est faufilé dans la pièce. Je sens son parfum envouté d'épice. Sa présence réconfortante. Son aura apaisant et chaleureux. Je ne sursaute pas lorsque sa main se pose sur mon épaule. Je l'accueil seulement en la recouvrant de la mienne, celle qui n'est pas meurtrie par ma colère. Si je sais faire du mal aux autres, je suis bien plus doué pour le faire à moi même.
Je ne doute pas une seule seconde que s'est le bruit des éclats de verres qui l'ai attiré ici. Peut être était elle occupé à autre chose? Peut être se reposait elle? Je l'ai dérangé dans ses tâches, et la voilà. Accouru à mon secour. Comme à chaque fois. Jouant de ses tours de magie sur moi pour m'apaiser. Pour dissiper la colère. Pour libérer cet enfant de sa prison dorée, aussi ténébreuse que les entrailles de l'enfer.
Malheureusement pour moi, mes ennemies ne se trouvent pas qu'à l'extérieur de ma maison. Certain sont proches de moi, plus que jamais. Mon entrevu avec Daenerys fut un véritable calvaire, pour elle et pour moi. Je me suis laissé emporté par le désir qui s'était ardemment ancré en moi depuis des années, et qui s'était nourrit chaque jours au supplice de ma pauvre sœur. S'il n'y avait eu aucun plaisir, le souhait de voir pousser en elle un héritier voguer brillamment dans mon esprit. Quand à Rhaenys, ma tâche n'était pas terminé et elle ne le sera pas d'aussi tôt. Son arrogance est à son apothéose. Elle s'écroule pour se relever plus violemment. A la fois plus forte et plus faible. Elle me pousse à utiliser les méthodes les plus cruels. Mais un jour je sais, elle ploiera. Et ce jour là, elle sera enfin a moi.
Tout ça pour dire que mes moments de paix et de calme se font rare. En cette fin d'après midi, j'ai la chance de ne pas avoir d'audience ou de conseil a mener. Je me réfugie alors dans mes appartements, la mine fatiguée. Aussi silencieux qu'une ombre. Je souffle avant de fermer la porte derrière moi. Enfin un peu de calme. En avançant dans la pièce principale, je dégrafe mes manchettes et retire ma veste. Je la jette vulgairement sur la table. Ainsi, je me retrouve avec une élégante chemise blanche que je déboutonne sur ma poitrine. Mon pantalon est noir, de même que les bottes en cuirs. J'avance encore en direction de la fenêtre, m'apprêtant a fermer les épais rideaux. Cependant, mon attention est attirée par autre chose.
S'est en posant mes yeux d'améthystes sur ce miroir que je vois s'ouvrir cette autre dimension. Que je vois cet homme semblant être entièrement différent de moi. Ses traits tirés. Ses yeux sombres. Aujourd'hui suzerain, il ne fait que pénétrer plus profondément dans mon esprit, dans mon cœur, dans mon âme. Il fait pourrir la moelle de mes os et suppurer mes organes. Il empoisonne mon sang et celui des miens. Je ferme un instant les yeux, parfaitement silencieux, immobile. L'enfant blond dans ma poitrine pleure face au désarrois. Sa tristesse s'exclame dans ma tête. Puis, vigoureusement vient la colère. Il est toujours bien présent cet enfant, il est retenu par une raison soignant son cœur. La plus belle des raisons. La plus sensuel des obsessions. L'éternel essentiel. Rosalya. Et dans un élan de fougue, il me fait ouvrir les yeux et éclatent en milles morceaux la face désastreuse de cet homme maléfique.
C'est une légère douleur qui me fait reprendre mes esprits. Sortir de ce duel cruel contre moi même. Ma main est ensanglantée et partiellement recouvert de bout de verre. Le miroir face à moi n'est plus qu'un amas de fissures désordonnées sur un visage méconnaissable. Qui ai je brisé en réalité? Le démon ou l'enfant? A mes pieds s'étend les morceaux de miroirs. Un cimetière d'âme irrécupérable, condamner a vivre dans l'oublie, recouvert de gouttelettes de sang qui tombe. Tombe. Et tombe encore.
Je souffle doucement tandis que je me retourne et attrape un vulgaire chiffon de soie blanc sur le bureau. Je couvre ma main pour éviter d'éparpiller le liquide rougeâtre et vitale dans toute la pièce. Je m'assoie ensuite sur le confortable fauteuil royal, devant la cheminée royale embrasée d'un feu des plus royal également. Suis je seulement destiné a être à cette place? Je m'obstine à me faire aimé de tous par la crainte, par la peur, car je ne peux faire autrement. Qui accepterait le vile frère de Rhaegar Targaryen comme monarque autrement ? Ce fébrile être ayant vécu toute sa sombre existence dans l'ombre de sa famille. Si j'ai hérité d'une grande partie du physique Targaryen, j'ai également hérité de sa folie... En revanche, je n'ai pas eu la chance d'obtenir la grandeur de l'amour. Je n'ai pas eu la chance d'obtenir une famille. Je n'en fais plus partie, je n'en ai jamais fait partie.
Un bruit discret attire mon attention. Le léger grincement de la porte secrète qui se trouve camouflée derrière une grande toile représentant l'icône de la maison Targaryen. Je reste cependant fixe. Les yeux rivés sur la danse ardente des flammes de la cheminée. Je n'ai aucun doute sur l'origine de la présence qui s'est faufilé dans la pièce. Je sens son parfum envouté d'épice. Sa présence réconfortante. Son aura apaisant et chaleureux. Je ne sursaute pas lorsque sa main se pose sur mon épaule. Je l'accueil seulement en la recouvrant de la mienne, celle qui n'est pas meurtrie par ma colère. Si je sais faire du mal aux autres, je suis bien plus doué pour le faire à moi même.
- « Pardonne moi... » Murmurais je.
Je ne doute pas une seule seconde que s'est le bruit des éclats de verres qui l'ai attiré ici. Peut être était elle occupé à autre chose? Peut être se reposait elle? Je l'ai dérangé dans ses tâches, et la voilà. Accouru à mon secour. Comme à chaque fois. Jouant de ses tours de magie sur moi pour m'apaiser. Pour dissiper la colère. Pour libérer cet enfant de sa prison dorée, aussi ténébreuse que les entrailles de l'enfer.
Invité
Informations
Personnage
Badges
« La force de l'air et du feu. »
Rosalya & Viserys
Le cœur en fête, Rosalya ne pouvait se départir d'un fin sourire trahissant son euphorie. Il en avait toujours été ainsi, la demoiselle ne savait pas cacher ce qu'elle ressentait. Qui voudrait d'ailleurs enterrer un tel sentiment ? En ces temps troubles où chacun se demandait encore de quoi demain serait fait, la belle brune ne manquait pas d'attirer sur sa personne des regards bien moins sympathiques qu'à son habitude. Qu'importe ! Elle ne rêvait que de leur crier à tous le bonheur qui était le sien. Mais qu'ils jasent, qu'ils l'envient, qu'ils désapprouvent, Rosalya était bien loin d'avoir à se préoccuper de l'opinion d'autrui sur ses actes.
La porte claqua derrière la servante et elle esquissa quelques pas de danse en pénétrant en ce territoire qui était le leur. La porte de son âme ouverte sur des joies inoffensives, la courbe de sa bouche charmée par un amant invisible, il se dégageait de la belle une sensualité attractive à laquelle il aurait été bien difficile de se dérober. C'était son roi qui lui avait appris à danser et il avait jalousement gardé ses talents pour l'intimité de ces murs. Qui ne l'aurait pas fait ? Du jeu de ses hanches au discret soulèvement de sa poitrine, sa robe légère ne suffisait clairement pas à dissimuler un physique destiné aux plus douces voluptés. Viserys n'était pas le seul à le voir, encore moins le seul à désirer saisir cette pure invitation au plaisir, mais il n'avait nulle crainte à avoir. Rosalya n'appartenait et n'appartiendrait qu'à lui, personne d'autre ne saurait faire battre son cœur comme le roi Targaryen qui y régnait. On pourrait en douter à la vue de ce cavalier imaginaire qui prenait vie entre les bras de l'amante, mais Viserys n'en aurait été jaloux que s'il n'avait pas été évident que la belle s'imaginait tenue par la force de ses bras.
Changeant de pied dans un demi-piqué plein de panache, Rosalya salua son cavalier de cœur et se glissa derrière la tapisserie cachant l'entrée de sa chambre. En son antre à elle, son regard prit une teinte plus apaisée. La fatigue des derniers jours s'accumulait à une angoisse grandissante et toutes ses pensées étaient dirigées vers le nouveau roi de Westeros. Que pouvait-elle faire pour lui ? Il avait l'air si las et pourtant...non, elle renonça à cette pensée. Rosalya apercevait rarement de la joie dans les yeux de son aimé depuis son coup d’État. De la satisfaction, oui, mais nul bonheur ne venait illuminer ses traits comme lorsqu'ils étaient tous les deux. Quelle ombre venait obscurcir le tableau si longtemps recherché ? Elle ne savait pas. Il était souvent méfiant et sur la défensive, même dans l'intimité de leurs appartements il semblait vouloir taire quelque chose en lui.
Bras croisés en faisant face à l'horizon, Rosalya regardait le jour décliner entre les rideaux à moitié tirés. Ressassant ses pensées, elle s'était machinalement installée là comme souvent à cette heure-ci. On lui avait dit une fois que lorsque le soleil disparaissait à la faveur du crépuscule, sa dernière seconde d'apparition donnait naissance à un rayonnement vert. Aussi souvent qu'elle le pouvait, la métisse guettait cette étrange lumière qu'elle n'avait jamais vue comme un « Je t'aime » dans la bouche de son amant.
Sa mère la traitait d'idiote, Rosalya esquissa un sourire en rectifiant cette désagréable pensée par son propre jugement sur la question. La brune se savait plutôt intelligente et surtout lucide, mais elle se permettait quelques fantasmes qu'elle savait irréalisable. En cela, elle se qualifiait parfois de rêveuse et elle aimait bien ce terme.
Le regard dans le vague, contemplant l'astre du jour dans son déclin, quelque chose au fond d'elle lui donnait l'assurance qu'il n'y avait rien de mal à rêver. Son père l'aurait compris, lui, mais la servante ne pouvait en vouloir à ses proches de ne rien entendre à sa situation. Comme beaucoup au Donjon-Rouge, personne ne soupçonnait le véritable fond du Viserys qu'elle avait découvert en lui offrant son cœur. On croyait volontiers qu'elle subissait ses foudres et en ce cas, les craintes de sa famille étaient compréhensibles, mais ne pouvaient-ils réfléchir un peu plus loin ? Serait-elle seulement restée si son amant avait été aussi odieux qu'on voulait bien le décrire ?
Un bâillement interrompit sa contemplation méditative. Un bruit également. Se dirigeant vers la porte dérobée, la servante se fit discrète. L'oreille collée au panneau de bois, elle reconnut avec délice le pas de son roi et cela fit bondir son cœur d'une joie somme toute normal pour une femme amoureuse. Depuis combien de temps n'avait-elle pu profiter de sa présence pour elle seule ? Rosalya demeura ainsi un instant, devinant ses actions par la force de l'habitude, mais troublée par un silence soudain. Aurait-elle dérangé quelque chose ? Un serviteur aurait-il laissé traîné un objet qu'elle n'aurait pas vu ? La main sur la poignée, la tension qui électrisa son cœur fit grincer le mécanisme dans un sursaut. La métisse mit quelques minutes à pousser la porte, hébétée par le bruit de verre brisée et affolée par ce qui pouvait secouer Viserys.
Tirant la tapisserie couvrant sa cachette, étrange mise en garde pour les ignorants des secrets du Donjon-Rouge, Rosalya s'approcha doucement. Un regard circulaire lui permit de prendre la mesure de ce qu'il s'était passé et la servante ramassa précautionneusement les bouts du miroir brisé. La chose faite et le plus gros du danger remisé dans un coin, la belle se dirigea vers l'âtre. Elle fit courir sa main sur le dos du siège, effleurant la chevelure d'argent, dessinant à peine le contour du visage masculin, tout cela pour laisser sa douce caresse s'achever sur une épaule encore trop couverte à son goût.
Le linge blanc s'imbibait et Viserys restait là, absorbé par des pensées qui échappaient pour un temps éphémère à son amante. Il couvrit sa main de la sienne et un soupir d'aise échappa à la jolie brune. Il avait besoin d'elle. Elle le sentait. Avec douceur, elle s'empara de la main pâle pour la porter à ses lèvres, puis elle fit lentement le tour du siège pour s'agenouiller entre son roi et la vision de l'ardent foyer. Ainsi placée, elle savait que la rougeur des flammes se perdait dans le brun brûlé de sa chevelure, auréolant sa peau d'une lumière faisant ressortir les origines dorniennes de la demoiselle. Cela attira son regard d'améthyste, ça et son silence qu'elle cultiva encore quelques instants en s'occupant de la main blessée de son amant.
« Qu'aurais-tu à te faire pardonner ? répondit-elle enfin en ôtant un à un les bouts de verre pour les poser sur le tissu de soie stratégiquement placé sur ses genoux.
La question n'en était pas vraiment une. Rosalya avisa quelques pincements de lèvres au fil de son opération et un voile de tristesse couvrit son regard bronze. Elle n'aimait pas le voir souffrir et cela la prenait aux tripes.
- Je me fiche des objets que tu peux briser, ils n'ont pas d'importance à mes yeux, reprit-elle en continuant son ouvrage. Ce qui me fait mal, c'est de te voir ressentir pareille douleur, mon amour.
Elle leva alors son regard vers celui de son roi qui semblait partagé entre la peine infligé à son amante et le désir de contenir une quelconque idée de douleur. Tout le monde pouvait avoir mal, même un roi. Aussi Rosalya s'appliqua tendrement, hésitant malgré tout à aller quérir un mestre. Cependant, il y avait quelque chose, dans la voix et le regard de Viserys, qui la suppliait de rester. C'était discret et informulé, mais elle avait la certitude qu'il ne la laisserait pas quitter son champ de vision, encore moins si c'était pour introduire quelqu'un au milieu d'une intimité à laquelle il semblait ardemment attaché.
Nouant le linge sur ses genoux et contemplant les tâches sur sa robe lui rappelant de biens sombres souvenirs, Rosalya se leva. Sans rien dire elle commença même à s'éloigner pour chercher de l'eau afin de rincer le sang des plaies, mais une main des plus agiles et ferme la retint, la ramenant même où elle était. Face à ce débordement de force, un sourire éclaira le doux visage de l'amante qui se saisit du menton de son aimé.
- Si tu ne me lâches pas, je ne pourrais pas continuer à soigner ta main, argua la servante avec une pointe de malice dans la voix.
Rosalya avait dit cela en ayant aperçu dans les yeux de Viserys une étincelle soufflant un tout autre désir. Elle s'approcha, laissant le souffle tiède caresser ses lèvres entrouvertes. Une main déterminée s'accrochait à elle comme un désespéré à la coque d'un navire en pleine tempête. Il y avait quelque chose de sûr, son roi souffrait d'un bien plus gros mal que ce qu'elle aurait cru, un mal dépassant la douleur de quelques coupures.
- Parle, mon roi, murmura-t-elle d'une voix douce. Tu n'as rien à craindre, je suis là pour toi... »
Caressant les cheveux de son aimé, témoignant d'une sincérité touchante, Rosalya guettait le moindre signe que Viserys voudrait lui faire parvenir ; un mot, un regard, un geste. Qu'il demande et elle obéirait, dévouée corps et âme à son royale amant.
La porte claqua derrière la servante et elle esquissa quelques pas de danse en pénétrant en ce territoire qui était le leur. La porte de son âme ouverte sur des joies inoffensives, la courbe de sa bouche charmée par un amant invisible, il se dégageait de la belle une sensualité attractive à laquelle il aurait été bien difficile de se dérober. C'était son roi qui lui avait appris à danser et il avait jalousement gardé ses talents pour l'intimité de ces murs. Qui ne l'aurait pas fait ? Du jeu de ses hanches au discret soulèvement de sa poitrine, sa robe légère ne suffisait clairement pas à dissimuler un physique destiné aux plus douces voluptés. Viserys n'était pas le seul à le voir, encore moins le seul à désirer saisir cette pure invitation au plaisir, mais il n'avait nulle crainte à avoir. Rosalya n'appartenait et n'appartiendrait qu'à lui, personne d'autre ne saurait faire battre son cœur comme le roi Targaryen qui y régnait. On pourrait en douter à la vue de ce cavalier imaginaire qui prenait vie entre les bras de l'amante, mais Viserys n'en aurait été jaloux que s'il n'avait pas été évident que la belle s'imaginait tenue par la force de ses bras.
Changeant de pied dans un demi-piqué plein de panache, Rosalya salua son cavalier de cœur et se glissa derrière la tapisserie cachant l'entrée de sa chambre. En son antre à elle, son regard prit une teinte plus apaisée. La fatigue des derniers jours s'accumulait à une angoisse grandissante et toutes ses pensées étaient dirigées vers le nouveau roi de Westeros. Que pouvait-elle faire pour lui ? Il avait l'air si las et pourtant...non, elle renonça à cette pensée. Rosalya apercevait rarement de la joie dans les yeux de son aimé depuis son coup d’État. De la satisfaction, oui, mais nul bonheur ne venait illuminer ses traits comme lorsqu'ils étaient tous les deux. Quelle ombre venait obscurcir le tableau si longtemps recherché ? Elle ne savait pas. Il était souvent méfiant et sur la défensive, même dans l'intimité de leurs appartements il semblait vouloir taire quelque chose en lui.
Bras croisés en faisant face à l'horizon, Rosalya regardait le jour décliner entre les rideaux à moitié tirés. Ressassant ses pensées, elle s'était machinalement installée là comme souvent à cette heure-ci. On lui avait dit une fois que lorsque le soleil disparaissait à la faveur du crépuscule, sa dernière seconde d'apparition donnait naissance à un rayonnement vert. Aussi souvent qu'elle le pouvait, la métisse guettait cette étrange lumière qu'elle n'avait jamais vue comme un « Je t'aime » dans la bouche de son amant.
Sa mère la traitait d'idiote, Rosalya esquissa un sourire en rectifiant cette désagréable pensée par son propre jugement sur la question. La brune se savait plutôt intelligente et surtout lucide, mais elle se permettait quelques fantasmes qu'elle savait irréalisable. En cela, elle se qualifiait parfois de rêveuse et elle aimait bien ce terme.
Le regard dans le vague, contemplant l'astre du jour dans son déclin, quelque chose au fond d'elle lui donnait l'assurance qu'il n'y avait rien de mal à rêver. Son père l'aurait compris, lui, mais la servante ne pouvait en vouloir à ses proches de ne rien entendre à sa situation. Comme beaucoup au Donjon-Rouge, personne ne soupçonnait le véritable fond du Viserys qu'elle avait découvert en lui offrant son cœur. On croyait volontiers qu'elle subissait ses foudres et en ce cas, les craintes de sa famille étaient compréhensibles, mais ne pouvaient-ils réfléchir un peu plus loin ? Serait-elle seulement restée si son amant avait été aussi odieux qu'on voulait bien le décrire ?
Un bâillement interrompit sa contemplation méditative. Un bruit également. Se dirigeant vers la porte dérobée, la servante se fit discrète. L'oreille collée au panneau de bois, elle reconnut avec délice le pas de son roi et cela fit bondir son cœur d'une joie somme toute normal pour une femme amoureuse. Depuis combien de temps n'avait-elle pu profiter de sa présence pour elle seule ? Rosalya demeura ainsi un instant, devinant ses actions par la force de l'habitude, mais troublée par un silence soudain. Aurait-elle dérangé quelque chose ? Un serviteur aurait-il laissé traîné un objet qu'elle n'aurait pas vu ? La main sur la poignée, la tension qui électrisa son cœur fit grincer le mécanisme dans un sursaut. La métisse mit quelques minutes à pousser la porte, hébétée par le bruit de verre brisée et affolée par ce qui pouvait secouer Viserys.
Tirant la tapisserie couvrant sa cachette, étrange mise en garde pour les ignorants des secrets du Donjon-Rouge, Rosalya s'approcha doucement. Un regard circulaire lui permit de prendre la mesure de ce qu'il s'était passé et la servante ramassa précautionneusement les bouts du miroir brisé. La chose faite et le plus gros du danger remisé dans un coin, la belle se dirigea vers l'âtre. Elle fit courir sa main sur le dos du siège, effleurant la chevelure d'argent, dessinant à peine le contour du visage masculin, tout cela pour laisser sa douce caresse s'achever sur une épaule encore trop couverte à son goût.
Le linge blanc s'imbibait et Viserys restait là, absorbé par des pensées qui échappaient pour un temps éphémère à son amante. Il couvrit sa main de la sienne et un soupir d'aise échappa à la jolie brune. Il avait besoin d'elle. Elle le sentait. Avec douceur, elle s'empara de la main pâle pour la porter à ses lèvres, puis elle fit lentement le tour du siège pour s'agenouiller entre son roi et la vision de l'ardent foyer. Ainsi placée, elle savait que la rougeur des flammes se perdait dans le brun brûlé de sa chevelure, auréolant sa peau d'une lumière faisant ressortir les origines dorniennes de la demoiselle. Cela attira son regard d'améthyste, ça et son silence qu'elle cultiva encore quelques instants en s'occupant de la main blessée de son amant.
« Qu'aurais-tu à te faire pardonner ? répondit-elle enfin en ôtant un à un les bouts de verre pour les poser sur le tissu de soie stratégiquement placé sur ses genoux.
La question n'en était pas vraiment une. Rosalya avisa quelques pincements de lèvres au fil de son opération et un voile de tristesse couvrit son regard bronze. Elle n'aimait pas le voir souffrir et cela la prenait aux tripes.
- Je me fiche des objets que tu peux briser, ils n'ont pas d'importance à mes yeux, reprit-elle en continuant son ouvrage. Ce qui me fait mal, c'est de te voir ressentir pareille douleur, mon amour.
Elle leva alors son regard vers celui de son roi qui semblait partagé entre la peine infligé à son amante et le désir de contenir une quelconque idée de douleur. Tout le monde pouvait avoir mal, même un roi. Aussi Rosalya s'appliqua tendrement, hésitant malgré tout à aller quérir un mestre. Cependant, il y avait quelque chose, dans la voix et le regard de Viserys, qui la suppliait de rester. C'était discret et informulé, mais elle avait la certitude qu'il ne la laisserait pas quitter son champ de vision, encore moins si c'était pour introduire quelqu'un au milieu d'une intimité à laquelle il semblait ardemment attaché.
Nouant le linge sur ses genoux et contemplant les tâches sur sa robe lui rappelant de biens sombres souvenirs, Rosalya se leva. Sans rien dire elle commença même à s'éloigner pour chercher de l'eau afin de rincer le sang des plaies, mais une main des plus agiles et ferme la retint, la ramenant même où elle était. Face à ce débordement de force, un sourire éclaira le doux visage de l'amante qui se saisit du menton de son aimé.
- Si tu ne me lâches pas, je ne pourrais pas continuer à soigner ta main, argua la servante avec une pointe de malice dans la voix.
Rosalya avait dit cela en ayant aperçu dans les yeux de Viserys une étincelle soufflant un tout autre désir. Elle s'approcha, laissant le souffle tiède caresser ses lèvres entrouvertes. Une main déterminée s'accrochait à elle comme un désespéré à la coque d'un navire en pleine tempête. Il y avait quelque chose de sûr, son roi souffrait d'un bien plus gros mal que ce qu'elle aurait cru, un mal dépassant la douleur de quelques coupures.
- Parle, mon roi, murmura-t-elle d'une voix douce. Tu n'as rien à craindre, je suis là pour toi... »
Caressant les cheveux de son aimé, témoignant d'une sincérité touchante, Rosalya guettait le moindre signe que Viserys voudrait lui faire parvenir ; un mot, un regard, un geste. Qu'il demande et elle obéirait, dévouée corps et âme à son royale amant.